jeudi 20 mars 2008

La musicale en tournée : Pete & The Pirates + The Blakes + The Kills + Gossip, L’Olympia, 18 mars 2008.


L’émission La Musicale de Canal + s’exporte ces jours-ci sur nos routes, après avoir modifié le concept de la version télé pour se rapprocher de celui du festival des Inrockuptibles, chaque groupe se succédant sur scène avec entre chaque set un entracte de vingt minutes. On commence donc avec la nouvelle révélation anglaise Pete and The Pirates, dont j’avais déjà entendu le plus grand bien. Pour faire simple, c’est sympa mais bon pas franchement de quoi sauter au plafond non plus. Serais-je blasé ? Autre révélation, le trio américain The Blakes, là on attaque dans le vif. Superbe découverte que ce trio qui nous a délivré une prestation fougueuse, rock n’rollesque à l’extrême. Plutôt qu’un long discours, je vous propose de les découvrir dans une version live de "two times", ça se passe de commentaires :



Pourquoi, diable, pourquoi, tout le monde crie au génie à l’évocation de The Kills ? Quelqu’un pourrait-il m’expliquer ? Non, sérieusement parce que je n’arrive pas à comprendre. Certes je leur trouve quelques qualités à ce duo, une chanteuse classe, un son garage rock que j’affectionne, un certain charme lo-fi. Mais, pour une raison que j’ignore la sauce ne prend pas vraiment avec moi. Je ne saisi pas « le truc ». Je trouve la boîte à rythme vraiment trop « cheap » et cela leur donne un côté par trop monolithique pour mon goût personnel. Il n’y a guère que sur le dernier titre, joué en duo à deux guitares que le groupe retrouve un peu de la magie du Velvet Underground mais à part ça… Je les avais déjà vu il y a quelques années au festival des Inrockuptibles et je n’en garde pas un souvenir impérissable. Et ce n’est pas leur prestation de ce soir qui risque de me réconcilier avec eux mais bon puisque tous les goûts sont dans la nature…

Et on termine enfin avec la grosse affaire de la soirée le set de Gossip (voir mon message du 24 septembre 2007). Depuis le début des années 90, Gossip végétait dans une sorte de garage rock sympa, certes, mais assez anecdotique. L’arrivée de la nouvelle batteuse Hannah a complètement changé la donne, Gossip ne boxe plus dans la même catégorie. Quelle est la grande qualité d’un batteur ? Cette faculté de se mettre au service des chansons. La batterie n’est pas un instrument mélodique, bien savoir s’en servir, c’est savoir soutenir les autres musiciens sans tirer la couverture à soi. Et c’est exactement ce que fait Hannah, la batteuse de Gossip. Son jeu n’a rien de superflu, de spectaculaire ni de technique. Mais c’est exactement ce dont a besoin ce groupe. Dans ce contexte, elle est super efficace, booste les deux autres. Ca colle parfaitement et c’est ce que j’adore chez elle. Depuis ce changement, Gossip a littéralement explosé. Beth Ditto, l’incroyable chanteuse, lesbienne assumée et revendiquée est depuis devenu une icône gay. Elle aussi est impressionnante, malgré sa corpulence, 1m60 et une centaine de kilos, elle saute dans tous les sens. Et puis il y a cette voix… Pourtant, j’ai quand même été un peu déçu par le trio, accompagné ce soir par un renfort bassiste sur certains morceaux, qui, à mon avis, n’a pas joué la setlist que son immense talent mérite, piochant beaucoup trop dans son vieux répertoire. Il y a eu quand même de longs moments de flottement. Bon je dis ça mais en même temps je fais la fine bouche, « Yr mangled heart » et « Jealousy » sont rageurs. « Coal to diamonds » apporte une touche plus émotionnelle, qu’à mon avis ils devraient explorer plus avant. Et puis ils ont fini par retourner complètement la salle avec un « listen up » explosif. La scène est alors envahie par le public et transformée en dancefloor, la sécurité est complètement débordée. Et il y eu enfin ce « Standing in the way of control », joué en rappel, d’anthologie électrique. Le public est alors complètement survolté. Beth est alors revenue seule sur scène pour entonner l’air de « la vie en rose », il est vrai que l’on est à l’Olympia, histoire de calmer un peu l’audience… Encore une belle soirée malgré tout, et un réveil difficile ce matin et des tasses de café noir pour se réveiller…

Gossip : Listen Up (live big weekend 2007) :

Gossip : Standing in the way of control (live eurockéenes 2006)

lundi 17 mars 2008

MORPHINE

N’ayant rien de particulier à raconter aujourd’hui, j’ai décidé de vous faire partager un petit souvenir.


Originaire de Boston, véritable terreau du rock indépendant US (et ville d’où sont issus les Pixies), le trio Morphine à de suite fait forte impression. En France, ils seront la grande révélation des transmusicales de Rennes en 1993. C’est que le trio est atypique, batterie (alternativement jouée par Jerome Deupree et Billy Conway), saxophone (Dana Colley) et une basse pour le moins originale, composée de deux cordes uniquement et joué à l’aide d’un bottelneck. Les deux premiers albums, « Good » et « Cure for pain » sortiront coup sur coup en 1993. Même si ils entretenaient des liens étroits avec le jazz (le sax, le swing de la batterie) et le blues (le bottelneck) c’est bel et bien à un authentique groupe de rock n’roll que l’on affaire. Morphine, ou l’art de développer un son (aujourd’hui encore) frais et novateur tout en restant d’une certaine manière fidèle à la tradition binaire. Un authentique grand groupe. Le plus excitant et original des années 90. Morphine développait un charme vénéneux, dans un univers de clubs obscurs et enfumés à la Tom Waits. Un cadre de film noir pluvieux, traversé par de nombreuses femmes fatales. En déshabillant sa musique au maximum, Morphine dégageait quelque chose d’essentiel. Le personnage central du trio c’était Mark Sandman, homme aux talents multiples : auteur, compositeur, interprète, multi-instrumentiste (bassiste, beaucoup, guitariste, un peu, pianiste et spécialiste des instruments bizarres type tritar, chamberlin…) et luthier. Et oui, sa basse bizarroïde à deux cordes, Mark l’avait fabriqué lui-même. Le groupe a continué sur sa lancée publiant en 1995 l’excellent album « yes » puis en 1997, « like swimming », ou hélas, la lassitude commençait à poindre. Puis ce fut le drame. Le 3 juillet 1999, à Rome, quelques jours avant une date prévue au New Morning, Mark Sandman s’effondre, tel un Molière rock, sur scène en plein concert. Les sources divergent quant à la nature du décès, aussi soudain que tragique, de Mark Sandman, certaines évoquent une crise cardiaque fulgurante, d’autre une rupture d’anévrisme. Il avait 47 ans. Quoiqu’il en soit le rock n’roll a perdu bien plus qu’un chanteur, le 3 juillet 1999, Mark c’était un iconoclaste de grande classe. Sur scène, l’unique fois où j’ai eu la chance de les voir en live, à l’Elysée-Montmartre le 2 avril 1994, Mark était passé maître dans l’art d’emballer le public en moins de deux. Du charisme, de l’humour, un sens de l’autodérision ravageur… En 2000, le groupe publie l’album posthume « The Night », que Morphine était en train de présenter au public lors de cette funeste tournée européenne. Suivront un live « Bootleg Detroit » enregistré par un fan dans le public et un best of, incluant quatre inédits, sorti en 2003. Pour être tout à fait complet, la discographie de Morphine est complétée par une compilation de faces B sortie en 1997 et d’un coffret (deux cds et un DVD) consacré aux enregistrements solo et inédits de Mark Sandman.

La vidéo de "Buena" (Cure for pain), c'était une autre époque et en ce temps là, même un trio quasi secret comme Morphine avait les faveurs de MTV:

Cure for pain live (de l'album du même nom) :

"Honey White" live (extrait de l'album "yes") :

dimanche 16 mars 2008

Blues Power Band, Fnac Montparnasse, 14 mars 2008.


La FNAC Montparnasse serait-elle devenue une annexe du blues Chicagoan ? Quoi qu’il en soit, un mois après les Shake Your Hips ! (voir mon message du 18 février) on a eu de nouveau droit, vendredi en fin d’après-midi, à un nouvel excellent showcase d’un autre très bon groupe français, Blues Power Band. Ce qui prouve bien la vigueur actuelle de la scène blues hexagonale, bien loin de se résumer au seul « cœur d’un homme », dont, avouons-le, on se bat, euh, comment dire, eh bien un autre organe que le cœur !


Bref, trêve de plaisanteries, par ce que sur scène, mes enfants, ça bouge sec. Blues Power Band, dit comme ça, ça à l’air tout con, mais c’est bigrement bien trouvé. Car « puissance » est bien le premier qualificatif qui vient à l’esprit pour décrire la musique de ce groupe. Laquelle est un subtil mélange entre gros son et groove. C’est à la fois lourd et funky, un peu comme si Led Zeppelin avait avalé les Meters. Ce concert respire la convivialité. Les BPB prennent beaucoup de plaisir sur scène et nous en donne autant en retour. On se fait des petites mimiques entre potes, on rigole, on saute en cadence. Musicalement, on affaire à des sacrés artilleurs. Une rythmique solide, Nicolas Paullin à la basse et Olivier Picard à la batterie, un chanteur, Hervé Joachim à peine moins impressionnant que Freddy Miller des Shake your hips, et surtout deux fines lames aux guitares Pascal Guégan et Régis (tiens, tiens le même prénom que l’auteur de ces lignes) Lavisse qui alternent les solos. Et surtout une belle générosité avec le public puisque les BPB tiendront la scène plus d’une heure. Vers la fin les deux guitaristes et le bassiste prendront le public d’assaut et finiront dans le public debout sur les tables. Une véritable course poursuite au milieu du public médusé. Une attaque en règle. C’est frais, euphorisant. Parfait pour débuter le week-end. Ou en toute autre circonstance…
http://www.bluespower-band.com/

samedi 15 mars 2008

The Cure, Palais Omnisport de Paris-Bercy, 12 mars 2008.



Ces dernières années, les Cure se sont fait assez rares. A l’exception d’un mini concert acoustique à l’Olympia en réponse à l’invitation d’une radio (impossible d’avoir des places) et d’une apparition au Live 8 à Versailles (idem), The Cure n’avait plus donné de vrai concert à Paris depuis l’an 2000, autant dire le siècle dernier. Côté disque, ce n’est pas mieux. A l’exception de (l’excellente) reprise du Love de John Lennon, sur l’album tribute, on ne les entend plus guère. Leur nouvel album (le premier depuis 2004) a tout de l’arlésienne qui commence à tourner à la mauvaise blague sans cesse repoussé à « une date ultérieure ». Aux dernières nouvelles il serait double et disponible à l’automne. Du coup, les Cure se retrouvent coincés dans une drôle de situation. Embarqué depuis un an dans une tournée mondiale afin de promouvoir un album pas encore sorti, et paraît-il, même pas fini. Cocasse. La composition du groupe a également évoluée depuis 2000, le guitariste Perry Bamonte et le clavier Roger O’Donnell sont partis, seul Bamonte a été remplacé par le revenant Porl Thompson. Ce changement de line up traduit une nouvelle orientation pour le groupe plus axé que jamais sur les guitares.

Le lien qui unit The Cure à son public est à la fois unique et très fort. Les concerts à Paris sont toujours une expérience particulière. Robert Smith adore autant les disques que les livres et se réfère autant à Nick Drake qu’à « l’étranger » de Camus ou au « fleurs du mal » de Baudelaire. De ce fait, Robert adore la France qui elle-même l’adore en retour. Le groupe est immensément populaire ici, probablement encore plus qu’au Royaume-Uni.

Ayant vu quatre fois les Cure auparavant, je pensais être prêt à tout et avoir tout vu. J’avais tort et c’était une profonde erreur de ma part. Démarré aux alentours de huit heures et quart, le concert s’est terminé un peu avant minuit. Oui, vous avez bien lu, ils ont joués pendant plus de trois heures et demi. Je n’en reviens toujours pas. Je n’arrive pas à croire que le temps ait passé si vite tellement j’ai adoré chaque seconde, chaque instant de cette soirée. Dès les premières notes de « plainsong », qui ouvre le show, la salle est plongée dans une ambiance à la fois irréelle et magique. Le light-show est particulièrement impressionnant, les lumières multicolores tourbillonnent dans tous les sens. Les Cure ont frappés très fort, grâce à une setlist particulièrement audacieuse : « Kyoto Song », « Jumpin’ someone else’s train », « Grinding Halt », « How beautiful you are » et j’en oublie certainement sont autant de titres pratiquement jamais joués en public. Et puis il y eut aussi les tubes : « Just like heaven », « Close to me », « In-between days ». J’ai eu un gros gros coup de cœur pour « a strange day » et sa guitare qui tourbillonne les oreilles, « Lovesong » et « From the edge of the deep green sea » trois de mes chansons préférées particulièrement puissantes ce soir. Le bassiste Simon Gallup est impressionnant et sautille comme un boxeur dans tous les sens. Porl Thompson qui ne joue pratiquement plus que sur des guitares demi-caisse est inspiré. Quant à Robert, et bien il est toujours le même, avec ses mimiques si particulières, son français parfois approximatif mais oh combien touchant et cette capacité à toucher le public, à créer une symbiose unique (rappelons que nous sommes quand même dans une salle de 15000 places). Et j’aimerais aussi rendre hommage au batteur Jason Cooper. En 2000, il me donnait encore un peu l’impression de « flinguer » les chansons à force de cogner comme un dingue. Ce n’est plus du tout le cas maintenant, le garçon a beaucoup bossé et ça s’entend. Puissant mais félin, il joue mieux que jamais. Et ce pendant trois heures trente. Je me répète mais quiconque s’est déjà assis derrière une batterie ou pris un jour une guitare entre ses mains ne peut qu’être admiratif d’une telle performance. Les rappels nous ramène en 1980 : « A forest » (Gallup énorme finit la chanson en solo avec le battement de mains du public pour seul accompagnement), « Play for today », « Three imaginary boys », « M ». Des retours sur scène il y en eut trois, quatre, je ne sais plus et je ne suis plus en état de compter de toute manière. On est sortis de Bercy comme des loques, plus de pieds, plus de mains à force d’applaudir à s’en choper des cloques, la tête à l’envers. On s’est fait retourner le cerveau mais d’une force, d’une violence, t’imagines même pas. Plus qu’un concert un putain de trip. C’est le plus gros groupe du monde, voilà c’est dit et c’est tout. Et notre petit groupe de potes a le cœur gros quand il faut se séparer sur le quai du RER.

Setlist : Plainsong, Prayers For Rain, A Strange Day, alt.end, The Walk, The End of the World, Lovesong, To Wish Impossible Things, Pictures of You, Lullaby, From the Edge of the Deep Green Sea, Kyoto Song, Please Project, Push, How Beautiful You Are, Friday I'm In Love, Inbetween Days, Just Like Heaven, Primary, A Boy I Never Knew, Shake Dog Shake, Never Enough, Wrong Number, One Hundred Years, Disintegration 1st encore: At Night, M, Play For Today, A Forest 2nd encore: Lovecats, Let's Go To Bed, Freak Show, Close To Me, Why Can't I Be You 3rd encore: Three Imaginary Boys, Fire In Cairo, Boys Don't Cry, Jumping Someone Else's Train, Grinding Halt, 10:15 Saturday Night, Killing an Arab 4th encore: Faith. Show was 3 hours and 30 minutes. (12/03 10:30)
http://www.thecure.com/

Quelques souvenirs :

The Cure : Lovesong (live 2001)


The Cure : From the edge of the deep green sea (live 1992 - Show)

dimanche 2 mars 2008

Eric Bibb : Spirit I am




Eric Bibb a plusieurs atouts dans sa manche. Tout d’abord son incroyable charisme et une passion évidente pour la musique. Qu’on lui demande quels sont ses disques ou instruments préférés et un sourire immense, d’une oreille à l’autre, apparaît sur son visage. Qu’il s’attarde chez un luthier pour admirer quelques guitares et il ne peut s’empêcher de soupirer des « uumm !» remplis de gourmandises. En pleine interview, assis à une terrasse, alors qu’un groupe joue à l’arrière plan, Eric ne peut empêcher son pied de battre la mesure. Cet homme est musique !

Fils du chanteur, plutôt underground, folk New-Yorkais Leon Bibb, Eric a débuté sur le tard, à la fin des années 90, à quarante ans biens tassés. Comme mu par une irrépressible envie de rattraper le temps perdu, il a sorti depuis une dizaine d’albums au rythme effréné d’une ou deux sorties annuelles. Son nouvel opus « Spirit I am » est disponible depuis quelques jours. Situé au confluent du folk, du blues et du gospel, cet album témoigne d’une inspiration qui ne se tarit pas. Double album, « Spirit I am » se compose de deux CDs. Le premier disque, « Get onboard » se veut plus produit. Les arrangements sont nombreux : cuivres sur « New Beal Street Blues » d’inspiration néo orléanaise. « Get Onboard » est une superbe chanson avec harmonica et orgue Wurlitzer. La magnifique « Spirit I am » est un gospel légèrement plus électrique qu’à l’accoutumée. Le premier titre est acoustique « Stayed on Freedom » est un hymne à la gloire des droits civiques, un traditionnel adapté par Eric. « Pocket » est l’occasion pour Eric de déployer tout son talent à la guitare folk dans un très joli arpège.

Comme son titre l’indique, le deuxième volet de cet album, « Field recordings » se veut plus dépouillé. Composé de sept titres, interprétés en solo à la guitare acoustique par Eric et pioché dans le répertoire traditionnel (« Stagolee », « I shall not be moved », « No more cane in the brazos ») et chez Huddie Ledbetter (« Goodnight Irene », « Bourgeois blues »). « Water » est la seule chanson originale composée par Eric sur ce deuxième disque.

Saluons enfin pour finir, le superbe travail effectué par le label (français !) Dixiefrog. Digipack luxueux, livret bien illustré, le deuxième CD propose en bonus une vidéo (comme toujours sur les productions Dixiefrog) d’une vingtaine de minutes (à regarder sur l’ordinateur) où Eric, en virée à la Nouvelle-Orléans, s’explique sur sa musique avec enthousiasme et passion. Du beau travail d’artisan, fait par des passionnés, voila de quoi a besoin la musique. Ouh Eric, comme j’ai hâte de te voir sur scène (à la Cigale, le 19 mai prochain).
http://www.ericbibb.com/
http://www.dixiefrog.com/
"In my father's house" (extrait de l'album précédent "Diamond Days"), live at Later with Jools Holland :

samedi 1 mars 2008

Pamela Hute : Three


Comme Pamela nous l’avait confié lors de l’interview de septembre dernier, les sessions de l’été dernier ont donné naissance à ce nouveau single. Le menu est cette fois assez court, trois chansons seulement en moins de dix minutes pour le désormais power trio. Au programme donc « Don’t help me » qui est LA nouvelle composition de Pam. Même si la miss a complètement abandonné la telecaster qui était, il y a peu encore sa marque de fabrique, Pam sait toujours comment faire bouger une chanson, « Don’t help me » en est la preuve, le tout légèrement parsemé d’un discret « effet Placebo ». Déjà présente sur la toute première démo de Pamela (enregistrée en 2005/2006), vient ensuite « Parachute » dans une nouvelle version (la précédente était déjà très bien aussi). J’ai un peu de mal à être totalement objectif, puisque ce titre a toujours été l’un de mes préférés de la demoiselle depuis que je l’ai entendu pour la première fois à l’OPA. Comptine légèrement désuète, « Parachute » est un petit bijou pop/cabaret d’à peine deux minutes. Sans guitares, mais avec piano, on est ici quelque part entre les Dresden Dolls et Ben Folds. La mélodie est imparable, les Beatles ne sont pas bien loin. Ce nouveau single se termine enfin avec une nouvelle version de « Chocolate Soup », titre phare du précédent maxi. On sent ici toute l’évolution du groupe et ce nouveau son un peu plus électro mais subtilement rock dans la même foulée. On reste donc un peu sur notre faim, trois titres c’est assez court, mais l’objectif principal étant de démarcher les labels, il me semble que Pamela est désormais suffisamment bien armée (enfin c’était déjà le cas auparavant) pour séduire une maison de disques. Best of luck, Miss.
En écoute : Parachute

dimanche 24 février 2008

Festival Sons d’Hiver #2, Tamar-Kali + Black Rock Coalition Orchestra, Maison des Arts de Créteil, 23 février 2008.

Je me répète peut-être, mais je suis cette année encore, épaté par l’organisation du festival sons d’hiver, qui a, de nouveau, réussi un coup fumant pour cette soirée de clôture de l’édition 2008. La soirée new-yorkaise de samedi a tout simplement été exceptionnelle avec par ordre d’apparition la chanteuse Tamar-Kali puis The Black Rock Coalition Orchestra dans un concert « Salutes to James Brown ». Vraiment, réussir à attirer dans cette banlieue de Créteil des musiciens américains de classe internationale, cela relève de l’exploit. Exploit qui rend malgré tout, criant le manque d’actualité dans cette belle salle de la maison des arts le reste de l’année.

Donc, Tamar-Kali accompagnée de son groupe les « 5ive-Pieces » a assurée une première partie rageuse et franchement emballante. Chanteuse Noire, Tamar-Kali a une voix superbe soul. Ceci pour le fond. La forme, elle déroute, car son groupe est très rock voire même franchement métal. C’est assez étonnant, mais on accroche facilement, car les musiciens sont excellents. Ce mélange est issu d’un mouvement typiquement new-yorkais que l’on appelle l’afropunk. On pense aux BellRays (voir mes messages des 4 février et 4 juillet 2007) ou aux Noisettes (voir mes posts des 19 mars et 12 novembre 2007) mais en version encore plus rentre dedans. Pourtant, sous le déluge de décibels, c’est pourtant de la soul music que l’on entend, le batteur en particulier possède le sens du groove.


Groove, le mot est lâché et la transition toute trouvée pour évoquer la suite de la soirée et le concert hommage au soul brother number one. Derrière son clavier, Gene Williams donne le ton : « Nous sommes tous là pour la même raison, on adore James Brown ». Collectif à géométrie variable fondé en 1985 par Vernon Reid (le guitariste de Fishbone, absent ce soir) The Black Rock Coalition Orchestra est en mission pour remettre le rock n’roll à la place qui lui revient de droit, au sein de la communauté Noire, car sans le peuple Noir, il n’y aurait pas de rock n’roll aujourd’hui. Après avoir rendu hommage à Jimi Hendrix, Sly Stone et Stevie Wonder, le nouveau projet de la Coalition est consacré à James Brown. Et c’est un véritable big band qui a fait le déplacement jusqu’à Créteil. Trompette (Wayne Cobham), saxophone (Roger Byam), batterie (Fred Alias, à la frappe aussi impressionnante que celle de Buddy Miles), clavier, basse (Ron Munroe) et deux guitares. Bien évidemment, pour n’importe quel chanteur, il n’est pas aisé de se glisser dans les mocassins de Mr Dynamite. En sus des deux guitaristes (Michael Hill et Kelvyn Bell), il seront deux (Manchild Black et George Thomas O’Bryant aka GTO) plus une chanteuse (Queen Aminah) a tenter de relever le défi à tour de rôle. Des cinq vocalistes que l’on a entendu, GTO, qui possède une voix qui rugit autant que le moteur de la voiture du même nom, a le timbre qui se rapproche le plus de celui de James. Il est également le plus expansif sur scène et paye de sa personne pour assurer le show : roulades, grands écarts, sprints dans le public, l’athlète a probablement fini la soirée sur les rotules. Queen Aminah est la plus jolie du lot, talons haut et petites robes sexy comme tout, elle est aussi une chanteuse remarquable. Manchild Black a lui eu la faveur de la gente féminine, sa voix évolue plus dans un registre crooner, très émouvante par exemple sur « Try Me ». Musicalement le rendu brownien est impeccable, funky et rageur, aussi bon que les concerts de Fred Wesley (voir mes messages des 14 mai et 1er septembre 2007) auxquels j’ai assisté. J’ai particulièrement aimé « Payback », « Cold Sweat », « It’s a man’s world » (dans une version à tirer les larmes), « I feel good », « Get on the good foot »… Il ne faut cependant pas croire que l’on a assisté à un simple copié/collé. Le groupe s’est vraiment approprié la musique de James et s’est lancé dans des jams impressionnantes, chaque musicien aura ainsi droit à son solo. Cette impressionnante prestation s’est terminée dans la liesse avec « Sex Machine ». Plus personne n’est assis, le concert se termine à cappella et même le batteur s’est emparé du micro, avec pour seul accompagnement les battements de mains du public. Ouah, quelle soirée…

samedi 23 février 2008

Festival Sons d’hiver #1, Massacre, Maison des arts de Créteil, 22 février 2008.


Déjà, ça commence mal ! A peine arrivé à la Maison des Arts, une affichette nous informe que Joe Henry, victime d’une grippe, ne peut assurer le concert prévu ce soir. Aïe ! Il faudra donc se contenter du trio Massacre. Peu connu du grand public, Joe Henry c’est un sacré client qui va nous faire défaut. Comme producteur, Henry a travaillé avec Elvis Costello et Allen Toussaint, sur le sublime album « River in Reverse », Salomon Burke et la magnifique Bettye Lavette sur l’album de son remarquable come-back «I’ve got my own hell to raise ». Saluons tout de même la gentillesse de l’équipe de la maisons des arts qui, aussitôt, nous propose un remboursement voire une invitation pour la soirée du lendemain. Toutes les salles sont loin d’avoir ce genre d’attention pour leur public. Certaines salles parisiennes, bien plus prestigieuses, feraient bien de s’en inspirer.

Donc, le trio Massacre est un peu esseulé ce soir. Massacre a été formé au début des années 80 par le guitariste anglais Fred Firth accompagné par le bassiste américain Bill Laswell et le batteur, étasunien également Fred Maher. Leur premier album « Killing Times » deviendra culte, car pendant longtemps il sera le seul du groupe. Ce n’est que depuis 1998 que Laswell et Firth, accompagné d’un nouveau batteur Charles Hayward, ont décidé de réactiver Massacre.

C’est dans l’obscurité et dans un silence quasi religieux, tranchant avec l’ambiance habituelle des salles de concert, que le trio fait son entrée sur scène. Des ronds de lumière crue délimitent la place réservée à chacun. Maintenant, que faut-il retenir de cette heure et demie instrumentale et expérimentale. D’abord des moments de pure mélodie avant que le groupe ne s’engage dans un tunnel sans fin, malstrom sonore indescriptible. Dans une réminiscence zeppelinienne, Firth, les pieds nus, triture ses cordes de guitare à l’aide d’un archer. Bill Laswell, le bonnet sur la tête, donne aussi dans l’expérimentation, j’ai rarement entendu une basse aussi peu orthodoxe. Les trois musiciens sont virtuoses mais le batteur Charles Hayward, m’a réellement impressionné. Il a un jeu très fin et pose des fondations bien utiles aux deux autres qui me semblent un peu barrés. Musicalement Massacre se situe dans des eaux troubles entre finesse jazzy, groove funk et un torrent de guitare noise. J’avoue avoir un peu décroché par moment, tellement ce groupe demande une attention de tout les instants. Ce fut néanmoins une soirée intéressante.

vendredi 22 février 2008

La Leçon de Rock

Je ne sais pas qui est cet huluberlu, mais à mon avis il mérite un oscar, direct ! Enfin à supposer que ce type soit acteur. Quoi qu'il en soit, à force d'énormités, cette leçon toute personnelle sur le rock est hilarante. Un véritable moment d'anthologie (à regarder avec le son).

Et un grand merci à Isa pour m'avoir envoyé cette perle !

Nada Surf, Le Showcase, 20 février 2008.


Quinze jours après la sortie de leur nouvel album « lucky », le trio new-yorkais Nada Surf, est déjà sur le pied de guerre prêt à défendre ce nouvel opus sur les scènes européennes. Le premier concert français de cette nouvelle tournée a donc eu lieu mercredi soir au Showcase.

Situé dans le huitième arrondissement, le Showcase est une salle chic et classe, une des plus belles de la capitale. Dès la sortie du métro on est en pleine carte postale, l’hôtel des Invalides, le Grand Palais, la Tour Eiffel qui à la nuit tombée scintille de mille feux et le pont Alexandre III, sous lequel se trouve le Showcase. En effet, le Showcase est située sous le pont, sur les quais. La salle est toute en longueur séparée en deux par des arcades. Les murs sont en pierre blanche. A gauche des arcades se trouve le bar, un espace lounge agrémenté de tables basses, de fauteuils et de canapés noirs et d’un baby-foot. La vue sur la Seine est époustouflante (pendant le concert, les lumières des bateaux mouches, se reflètent sur les murs) grâce à l’immense baie vitrée, décorée avec de lourds rideaux en velours rouge/bordeaux. A droite des arcades, on trouve la salle de concert à proprement parler, la scène et une fosse, de forme rectangulaire, un peu comme un grand couloir. Comme vous pouvez le voir, pour leur retour sur une scène française, les Nada Surf ont de la chance de pouvoir jouer dans un endroit aussi beau. En fait le problème du Showcase, c’est surtout l’état d’esprit qui y règne. Situé dans les beaux quartiers, l’endroit est majoritairement fréquenté par une clientèle plus bourgeoise que bohème. Le week-end, l’endroit devient une boite de nuit tendance bobo/chic dans laquelle il n’est pas aisé de rentrer, physionomiste à l’appui. Mais ce soir il s’agit d’un concert donc on devrait pouvoir éviter ces désagréments, même si quelques spécimens bobo sont tout de même présents, on se demande bien pourquoi (ils n’en ont rien à battre du groupe) ?

Bref, voilà pour l'ambiance, parlons maintenant de musique. Et sur ce point là, les Nada Surf, n’ont rien à craindre de personne. J’estime personnellement qu’il s’agit d’un des tout meilleurs groupes de rock sur scène à l’heure actuelle. Avec l’aide ce soir d’un clavier d’appoint, un texan dénommé Louis, le trio a démarré sur les chapeaux de roues avec l’excellent disco/pop/rock « Hi Speed soul ». Daniel, le bassiste casquette Gavroche et dreadlocks en vrac, et Ira, le batteur, donnent une assise rythmique impeccable très rock mais tendant parfois vers la disco. En résumé, solide et donnant des fourmis dans les jambes. Matthew, le chanteur guitariste, se colle là-dessus avec une grande maîtrise mélodique. Quand au clavier, son apport est essentiel et apporte une touche plus mélancolique, bienvenue sur les titres les plus lents. L’album « Let go », à mon avis leur meilleur disque, est particulièrement bien représenté (« hi-speed soul », « fruit fly », « killian’s red », « paper boats », « blonde on blonde », « inside of love »…). Quant au dernier album seront joués « See these bones », « Whose authority », « I like what you say » et « Ice on the wing ». Sinon j’ai beaucoup aimé « 80 windows », « What is your secret ?» et le medley « Stalemate/Love will tear us apart » (reprise de la Joy Division). Ajoutez à cela le fait que Matthew et Daniel, s’adressent à la foule dans un français parfait, sans aucun accent, ce qui crée un lien unique entre le groupe et son public et il n’en faut guère plus pour passer une excellente soirée pop/rock.

http://www.nadasurf.com/

lundi 18 février 2008

Shake Your Hips ! FNAC Montparnasse, 16 février 2008.







Oui, je sais, la FNAC, c’est des magasins de baltringues. Ca vaut pourtant parfois le coup d’y faire un petit détour. Samedi dernier par exemple, j’ai découvert un excellent groupe de blues-rock français, Shake Your Hips !, qui se donnait en showcase au magasin de Montparnasse. Ce fut une véritable révélation que ce quintet francilien. Le groupe se compose du guitariste Olivier Raymond, de l’harmoniciste Jean-Marc Hénaux, du bassiste Daniel Boissinot, du batteur Olivier Ferrié et enfin du chanteur Freddy Miller. Un personnage celui-là, un physique de pilier du quinze de France, sapé comme un porte-flingue tout droit sorti des Sopranos et le regard « le premier qui déconne, c’est une tarte dans la gueule » ; aussi je fais attention à ce que j’écris, car j’ai peur de m’en prendre une. Mais Freddy Miller, c’est aussi, et avant tout, une Voix, un extraordinaire blues-shouter. Les musiciens sont tous excellents et le groupe joue soudé, compact. Daniel, le bassiste, à l’air un peu rognon mais connaît son affaire et a visiblement roulé sa bosse. Olivier le batteur, joue puissant mais possède une certaine finesse et un sens du groove certain. Jean-Marc à l’harmonica se lance dans des solos inspirés et le deuxième Olivier le guitariste, tient la baraque avec brio et joue avec un gros son (Les Paul, Stratocaster ou un superbe dobro électrique), Chicago-style. Les Shake Your Hips ne sont pas des chiens, généreux avec le public, leur showcase dure une heure et demie (jamais vu ça avant dans une Fnac) et c’est donc un véritable concert. Je surveille du coin de l’œil la pile de CD qui baisse dangereusement (en même temps tant mieux pour eux qui le méritent bien), car il est bien évidemment hors de question que je rentre chez moi sans cette pépite. Des sacrés clients que ces Shake Your Hips ! à surveiller de près et surtout à découvrir de toute urgence.

dimanche 17 février 2008

Neil Young, le grand rex, 15 février 2008.






Le retour d’une idole. Ex fans des sixties, Neil Young, survivant de Woodstock est de retour en ville pour deux soirs (archi-complets) au Grand Rex. Sa carrière a débutée dans le folk hippie du groupe Buffalo Springfield à la fin des années 60 puis s’est continuée en solo et avec Crosby, Stills & Nash. Au mitan des années 70, Neil a retrouvé une forme d’inspiration chez les punks et a donné dans la sauvagerie électrique avec son groupe Crazy Horse. Il est l’un des papes spirituels du mouvement grunge des 90s et a probablement inspiré Nirvana lorsque ces derniers ont enregistré leur concert MTV unplugged. Enfin, Neil a retrouvé la forme ces derniers temps, en l’espace de 12 mois, il a sorti trois albums remarquables, un live avec Crazy Horse enregistré au Fillmore East en 1970, un autre album live at Massey Hall en solo acoustique de 1971 et enfin un nouvel album studio « Chrome Dreams II » qui résonne aussi bien que ses chefs d’œuvres des années 1970. J’avais raté le dernier passage parisien de Neil (au palais des congrès), aussi, c’est la première fois que le vois depuis 2001. Le world trade center était encore debout, c’est dire si il s’est passé des choses depuis… C’est dire aussi mon impatience…



Moi qui avais vu Neil Young deux fois à Bercy, je suis particulièrement heureux de le voir ce soir dans le cadre plus intimiste du Grand Rex. La première partie est assurée par son épouse Pegi Young, excellente dans un registre country-folk. Avant son arrivée sur scène, une voix off nous met dans l’ambiance : « Les chansons interprétées ce soir ayant déjà été choisies par Neil Young, aucune demande ne sera accordée ». Voilà qui a le mérite d’être clair, voilà aussi de quoi alimenter sa réputation légendaire, il est paraît-il aussi aimable qu’une porte de prison et a un caractère de cochon. Bref. Vêtu d’un costume crème et d’une chemise blanche, le Maître fait son entrée sur scène et s’installe sur une chaise au milieu de ses guitares folk et banjos disposées en arc de cercle. Et c’est parti pour un premier set acoustique d’une heure faisant la part belle aux albums « Harvest » et « After the goldrush » (deux des chefs-d’œuvres des années 1970 susmentionnés). « The Needle and the damage done », « From Hank to Hendrix », « Heart of Gold »… L’auteur de ces lignes en a des frissons le long de la colonne vertébrale… Entre les morceaux, Neil semble un peu perdu sur scène, ne sachant quoi faire (il me semble pourtant que les chansons étaient déjà choisies) avant de se déplacer lentement vers l’un des deux pianos et de jouer «A man needs a maid ». Au bout d’une heure, Neil se lève et salue la foule. Mon cœur s’arrête de battre. C’est déjà fini ? Non ce n’est pas possible ! Notre amie la voix-off nous rassure aussitôt, il s’agit d’un entracte de vingt minutes.

A son retour sur scène Neil est accompagné de Rick Rosas à la basse, Ben Keith à la guitare et la lap-steel et du batteur du Crazy Horse, Ralph Molina. La Gretsh prête pour la bataille Neil se lance alors dans un set électrique et sauvage sur les accords de « Mr Soul » et d’enchainer sur « Don’t cry no tears ». J’ai également beaucoup aimé « Oh Lonesome me » et la très rare « Bad fog of Loneliness ». Très bel hommage également a été rendu au guitariste Danny Whitten avec "Winterlong" (qui a été en son temps magnifiquement reprise par les Pixies). Le son est énorme, et Neil semble galvanisé par l’électricité qui lui donne un bon coup de fouet. Ah la riff rageur de « Dirty Old Man ». J’ai par contre été un peu déçu par « No hidden path », extraite du nouvel album, dans une version interminable et, osons le mot, chiante comme la pluie d’environ 20 minutes. Une version fleuve, beaucoup, beaucoup trop longue. Heureusement les rappels nous réconcilient aussitôt avec le Maître, « Cinnamon Girl » et « Rockin in the free world ». La foule est en liesse, hurle à tout rompre et refuse de quitter la salle. Neil revient une dernière fois pour un instrumental. Et voilà, nous sommes dans un monde libre et nous écoutons du rock. Et moi sur ces bonnes paroles, je vais me coucher. Bonne nuit mes biens chers frères, mes biens chères sœurs.

http://www.neilyoung.com/

lundi 11 février 2008

Nada Surf : Lucky


Vous vous souvenez, la « chanson sarcastique » ? C’était en 1996 et Nada Surf commençait son parcours avec son plus gros tube « Popular ». Depuis, le trio New Yorkais, s’est débattu dans d’interminables batailles avec son label et a un peu été oublié des radios. C’est bien dommage car ils ont sortis depuis 4 excellents albums (plus un disque live à Bruxelles). Et puis Nada Surf, c’est aussi une relation particulière avec la France (à Paris, les concerts sont toujours complets), Daniel, le bassiste et Matthew, le chanteur/guitariste, sont tous deux francophones et parlent français aussi bien que vous et moi. Nada Surf, c’est quelque part le plus français des groupes américains qui a, de plus, la gentillesse de régulièrement nous gratifier d’une chanson dans la langue de Molière (« là pour ça », « je t’attendais »). C’est aussi un terrible groupe de rock sur scène. Généreux avec le public. J’ai eu la chance de les voir quatre fois (la cinquième est pour bientôt au Showcase) et je n’ai jamais été déçu.

C’est donc avec plaisir que j’ai acheté, la semaine dernière, « Lucky » le nouvel opus du groupe qui vient de sortir. Comme d’habitude, la galette est de qualité, le savoir-faire mélodique du groupe est évident. Les arrangements sont très travaillés avec des cuivres (c’est une première), les cordes et les claviers me semblent avoir pris un peu plus d’importance cette fois-ci. Et toujours cette note subtile entre mélancolie et joie qui sied si bien à la voix de Matthew. Les deux facettes du groupe sont bien présentes tantôt pop/rock à coup de riffs de guitares imparables et parfois sur un registre plus acoustique, plus intime. Nada Surf, c’est un groupe d’artisans au sens noble du terme. Qui, patiemment, taille la pierre et confectionne de parfaits petits bijoux pop. De la belle ouvrage. Félicitations Messieurs.

N.B. : Comme d’habitude, l’album est proposé avec un disque bonus et quatre titres, deux inédits et deux versions acoustiques.
http://www.nadasurf.com/

vendredi 8 février 2008

The Smashing Pumpkins, Palais Omnisport de Paris Bercy, 6 février 2008.



C’était le jeudi 19 octobre 2000 sur cette même scène du palais omnisport de Paris-Bercy. Après un concert particulièrement calamiteux qui avait déçu beaucoup de monde, les Smashing Pumpkins de Chicago faisaient leurs adieux au public français. Depuis l’an 2000, Billy Corgan, le leader du groupe, a beaucoup tâtonné. Il y eu tout d’abord son nouveau groupe Zwan, projet quasi mort-né, auteur d’un unique album pas forcément désagréable mais dispensable car parfois indigeste. Il y eu ensuite « The future embrace », le premier (et à ce jour unique) album solo de Corgan, album sympathique mais assez ampoulé. Tout ceci pour en arriver à ce postulat tout simple : le temps passe. Les modes aussi. Débordé par toute une nouvelle génération de groupes, plus rock n’roll et moins métal, le son Smashing Pumpkins a vieilli. Et Corgan de se retrouver, fort marri, en voie de ringardisation avancée. A défaut de pouvoir reformer son groupe, Corgan n’a jamais été réputé pour son bon caractère, il est, d’après la légende, complètement taré, poursuit une analyse, même en tournée, qui dure depuis des années, il paraît que sa psy ne le quitte jamais d’une semelle (bien entendu, il ne faut pas prendre tout ceci pour argent comptant, et je suis bien incapable de démêler le vrai du faux). Bref à défaut de reformer le groupe, il est paraît-il fâché à mort avec le guitariste James Iha et la bassiste D’Arcy Wretzky, il a repris le nom Smashing Pumpkins à son compte et avec l’aide du batteur original Jimmy Chamberlin a enregistré le nouvel album, Zeitgeist (l’air du temps en allemand), à quatre mains. Le son Pumpkins doit beaucoup à ce batteur. C’est bien simple, quand ce bon vieux Jimmy est derrière les fûts, Corgan rocke. Sans lui, il a tendance à se perdre en programmation de boîtes à rythmes. Ce qui ne m’empêche pas de penser que le meilleur album des Pumpkins, « Adore », a été enregistré sans Chamberlin (alors en pleine cure de désintox). Je ne suis pas particulièrement fan de Jimmy Chamberlin, il est certes très technique et même impressionnant, mais je trouve qu’il joue trop en puissance brute sans vrai feeling. Enfin bon, pour résumer, j’estime que une demi-citrouille (pumpkin) ce n’est pas vraiment les Smashing Pumpkins.


Vu des gradins, la vue est étonnante, une litanie de crânes qui se dégarnissent, comme on l’a vu plus tôt, le temps passe… Entouré par trois inconnus, le guitariste Jeff Schroeder, la bassiste Ginger Reyes et la clavieriste Lisa, le duo a donc égrené pendant plus de deux heures et demi, son répertoire, les vieux tubes et d’autres titres plus obscurs (« My blue heaven », une face B). Le premier titre joué ce soir, Porcelina, nous rappelle cette vérité fondamentale, que le dernier album a tendance à nous faire oublier, les Smashing sont aussi un formidable groupe psychédélique. Le concert fût, à l’image des Pumpkins, des plus variés. J’ai beaucoup apprécié les versions acoustiques de « 1979 » (Billy seul à la guitare folk) et de « Perfect » (Billy à l’acoustique et Jimmy au tambourin). Ce fût un vrai plaisir de réentendre « Try, try, try » ; « Stand inside your love » ; « Today » ; « Bullet with butterfly wings » (aussi rageur qu’au premier jour). Il y eu aussi des surprises et des titres inédits. Par contre, je trouve que les deux compères ont un peu forcé la dose sur « United States », ce titre qui entretien une parenté lointaine avec le « Whole Lotta Love » de Led Zeppelin, dans une version trop longue et un solo de guitare interminable, la version du disque est nettement meilleure. Au final, ce fut un très bon concert, et il y a une bonne raison pour cela, contrairement à celui de 2000, Billy n’expérimente plus à tort et à travers avec ses chansons. Toute la différence est là.

http://www.smashingpumpkins.com/

mardi 5 février 2008

Steve Earle, la Java, 5 février 2008.


Steve Earle est un sacré personnage. Il a commencé son parcours musical par la country avant d’électrifier ses guitares et de hausser sérieusement le ton vers des sonorités plus rock. Sur un autre registre, il a longtemps été accro à différentes drogues et au cœur d’histoires sordides d’adultère qui lui ont valu une balle dans la poitrine. Au début des années 90, son addiction prend de telles proportions qu’il a été viré de sa maison de disques et est devenu sans domicile fixe errant dans Nashville. C’est à ce moment qu’il a été arrêté par la police en possession de stupéfiants et embastillé. C’est peut-être ce qui lui a sauvé la vie. Sevré en prison, « Cold Turkey » de force, jeté « on the wagon » que cela lui plaise ou non. A sa sortie, Earle est un homme neuf, concentré sur la musique qui remet les pendules à l’heure avec un album remarquable « I feel alright ». Croyez le, ce type là quand il chante « My old friend the blues » où « Cocaine cannot kill my pain » il sait de quoi il parle. Depuis sa sortie de prison, il est aussi un militant acharné contre la peine de mort, la guerre en Irak et plus généralement contre la politique de Monsieur George Walker Bush.

Ce soir, Steve Earle est en concert à la Java, une salle en sous-sol et lieu mythique s’il en est, qui a vu débuté Edith Piaf et Django Reinhardt. De fait, le lieu respire le vieux Paris tel qu’il peint sur les murs de la salle. Un vieux bar avec un comptoir en bois, des colonnes sur la gauche. Le sigle « la java » écrit en carrelage rouge sur le sol quand on arrive. La Java, c’est la survivance d’un Paris qui, hélas, n’existe plus. Steve Earle est accompagné ce soir de sa nouvelle femme (c’est la sixième paraît-il) la chanteuse country Allison Moorer qui assure, en solo, une agréable première partie. Vers les 22 heures, Steve Earle commence son set acoustique avec son harmonica autour du cou. Excellent concert folk, tantôt blues à la guitare Nationale, j’adore le son de cette guitare en métal, tantôt country au banjo et à la mandoline. Vers le milieu du show, un DJ fait son apparition et donne une note plus urbaine (est-ce un effet secondaire de sa récente installation à New York ?) à l’aide de boîtes à rythmes et de scratches pour rythmer l’ensemble. L’amalgame détonne un peu, sans être forcément désagréable, mais il me semble qu’un percussionniste aurait aussi bien fait l’affaire. Mais bon c’est quand même un chance d’avoir pu voir en live Steve Earle (pour moi c’est la deuxième fois) qui, au lieu d’être un mythe vivant, aurait facilement pu rajouter son nom à la longue litanie des trop tôt disparus. Respect.

dimanche 3 février 2008

Paris 70’s


Une photo en noir et blanc, certifiée d’époque, d’un jeune chevelu jouant de la guitare folk sur les quais de la Seine. Vous me connaissez suffisamment assez maintenant pour savoir qu’il n’en faut guère plus pour retenir mon attention. La couverture que je viens de vous décrire, c’est celle du livre Paris 70’s. Les deux auteurs, Pierre Cavillon et Jean-Louis Celati, ont compilé dans ce livre, année par année, des articles d’époque de différents quotidiens. Un travail de fourmi. Si l’accent n’est pas particulièrement mis sur la musique, plusieurs textes traitent du sujet qui nous intéresse. On commence par l’installation des hippies sur les quais de la Seine et sur le parvis de Notre-Dame et on termine par les différents lieux de la punkomania parisienne. Et entre-temps, on s’arrête sur les fesses de Michel Polnareff, le passage des Rolling Stones au Palais des Sports en 1970 et aux abattoirs (l’emplacement actuel du Zénith) en 1976. A noter également la déclaration d’amour d’Alain Pacadis au Palace, haut lieu de la nuit parisienne, boîte et salle de concert, aujourd’hui fermé. Richement illustré de photos d’époque, cet ouvrage vous replonge immédiatement dans le Paris de l’époque. Peace, Brothers & Sisters !

Editions parigramme, 252 pages, 29 euros.
http://www.parigramme.com/

dimanche 27 janvier 2008

Intrigo + Stevans, l’O.P.A, 25 janvier 2008.

Le fan de musique, qu’il soit musicien ou simple auditeur, vit le soir. La journée, on travaille. La nuit, on « vit ». Les enfants, les affaires reprennent ! Premier concert 2008 et c’est à l’OPA que cela se passe. C’est donc aux italiens d’Intrigo que revient l’honneur de commencer cette nouvelle saison. Le trio, mené par la chanteuse Chicca, un peu maniérée mais mimi comme tout, nous a emmené en ballade dans son univers délicieusement sixties. Ballade plutôt jazzy avec au programme un orgue soulful à souhait sous les doigts habiles d’Oscar Marchioni (qui joue également la basse au clavier) et la batterie très efficace et redoutable de précision de Paolo Mappa. Une fois l’ambiance bien installée, Chicca emprunte le tome basse de la batterie et se lance, munie d’une unique baguette, dans un infernal concours de rimshots (joués sur le cerclage en métal de la caisse) avec le batteur Paolo. On atteint alors une sorte de transe rythmique, c’est bien agréable…

Ce fut ensuite au tour de nos amis de Genève, Stevans (voir mes messages des 11 mars et 8 avril 2007 ainsi que l’interview du 13 novembre) de prendre la scène d’assaut, il va de soi. Quel excellent groupe que Stevans qui, une fois encore, a livré une performance remarquable et carrée.

www.myspace.com/chiccaandriollo
www.myspace.com/stevansgroup
http://www.stevans.net/

vendredi 25 janvier 2008

Heath Ledger (1979-2008)






Skip, skateborder, surfeur et shaper, tire une longue taf sur sa clope. Il est dans son atelier, il travaille sur une planche de surf. La fin d’une journée de travail. Skip s’étire en fumant et monte le son de sa radio d’où s’échappe la voix rocailleuse de Rod Stewart chantant « Maggie May ». La scène dégage une étrange sérénité, l’impression diffuse que tout ira bien, qu’il n’y a plus de raisons de s’en faire. Et le film se termine…

Ce que je viens de vous décrire, c’est la fin du film « Lords of Dogtown » (en aparté, la bande originale est exceptionnelle) et le personnage de Skip est joué par l’acteur australien Heath Ledger. L’acteur qui fut aussi l’un des six Bob Dylan (sous le nom de Robbie Clark) de Todd Haynes dans « I’m not there », le dernier film sorti de son vivant, a été retrouvé sans vie à son domicile de Manhattan mardi dernier. Dernière victime de ce qui semble être une tragique coïncidence à Hollywood. Son décès intervient une semaine après celui de Brad Renfro (Bully, Sleepers, Ghost World) un autre jeune acteur plein d’avenir. Heath Ledger avait 28 ans. Cette petite digression cinématographique avait pour but de lui rendre un dernier hommage. R.I.P.

vendredi 18 janvier 2008

Elvis Perkins : Ash Wednesday



Evidemment, compte tenu de ses antécédents familiaux, de la mort de ses parents notamment, sur laquelle on ne s’attardera pas ici, il aurait été facile pour le jeune Elvis Perkins (voir mon message du 12 novembre) de faire un album sombre et dépressif. Même si son folk ouaté ne le transformera jamais en « King of the night » qui fait fureur sur les dancefloors du samedi soir, son premier album « Ash Wednesday » est remarquable. Cet album ne pouvait mieux commencer qu’avec « While you were sleeping », l’une des chansons les plus fortes du disque, une sorte de mélancolie acoustique éclaircie par quelques par des chœurs « uh oh » pop, le tout piloté par la guitare folk entraînante d’Elvis. A l’écoute du reste de disque on pense d’emblée à un croisement entre Bob Dylan et les arrangements baroques à la Tom Waits. L’album lorgne parfois vers la world music (le violon tsigane d’All night without love), parfois vers la pop façon Nada Surf, Weezer light, « May day I », qui est aussi le titre le plus électrique du disque. « Moon Woman II » nous fait penser qu’il y a un peu d’Elliott Smith et un soupçon de la voix de Jeff Buckley chez cet homme là. « It’s only me », titre folk en solo intégral est le sommet du disque, triste et mélancolique, l’ombre de Nick Drake plane au dessus de cette chanson. Remercions enfin pour finir Elvis Perkins qui nous a gratifié de quelques chœurs en français au milieu d’ « Emile’s Vietnam in the Sky ». Surveillez Elvis Perkins, grand talent en devenir, après des débuts pareils, qui sait ce que cet homme nous réserve pour la suite…
Pour avoir un petit aperçu vidéo d'un passage parisien d'Elvis Perkins cliquez içi.

lundi 14 janvier 2008

Big John Hamilton : How much can a man take


Ce qui est assez impressionnant avec la soul music, c’est l’impression que l’on a de n’en avoir jamais fait le tour. Un véritable tonneau des Danaïdes musical. Un puit sans fond. Je viens encore de découvrir, tout à fait récemment, une nouvelle Voix incroyable, celle de Big John Hamilton. « How much can a man take », c’est le titre d’une compilation, sortie fin 2007, qui lui est consacrée et qui regroupe ses enregistrements pour les labels Minaret et SSS. Ce disque à tout du « coup parfait », enregistré « right time, right place » à savoir à Muscle Shoals (Alabama) entre 1967 et 1971. On nage donc ici en pleine soul sudiste. La voix est soulful, chaude et pleine d’émotion, ses intonations me rappellent un peu Otis Redding. Les cuivres sont chaleureux, la rythmique pulse à plein régime… Le premier titre « Big Bad John » vous met tout de suite à l’aise, dans l’ambiance. « The train » a un pur feeling bluesy. La basse de « Big Fanny » groove comme pas possible. « Breaking up is hard to do » mélange country et soul. « I have no one » est plus mélancolique. Et voilà, il y a 18 titres comme ça… Amateurs du genre précipitez-vous avant que ces pépites ne disparaissent à nouveau…

dimanche 13 janvier 2008

Catherine Howe : What a beautiful place.




C’est en arrivant dans la petite ville de Swanage, au sud de l’Angleterre, que l’anglaise Catherine Howe s’est écriée : « What a beautiful place » (quelle bel endroit) ! L’histoire se déroule en 1967, quand la jeune Catherine et ses parents quittent la ville d’Halifax, dans le nord de l’Angleterre et se termine en 1970 avec la sortie du premier album de Catherine Howe : « What a beautiful place ». Dans l’intervalle, Catherine a beaucoup voyagé, fait l’actrice à la BBC et surtout s’est mise au piano et à la composition. Avec l’aide du jeune producteur américain Bobby Scott elle enregistre ce premier disque délicat. Cet album se découpe autour de trois pièces parlées : « Prologue », « Interlude », et « Epilogue ». Et il commence, comme le voyage initiatique, de Catherine : « Up North ». Outre les trois morceaux précédemment cité, le disque n’est pas avare de bons moments, « Nothing more than strangers » est dans la lignée de Nick Drake. « My Child » et ses arrangements de cordes un peu grandiloquents est plus proche de Scott Walker. L’influence de l’orfèvre pop Burt Bacharach est également palpable tout au long de la grosse demi-heure que dure l’album et en particulier sur l’excellent jazzy et enlevé morceau-titre. Album qui nous entraîne dans le sillage de Catherine Howe les long de routes tourmentées et pluvieuses anglaises, filant au milieu de verts pâturages.

Hélas, les choses se passant rarement comme elles le devraient, cet album sombrera corps et âme. Le premier album de Catherine Howe sera également le dernier du label Reflection qui avait eu le bon goût de la signer. De ce fait ce disque sera indisponible durant de longues décennies avant sa réédition en CD en 2007. Ce faux départ caractérisé aura une influence plutôt néfaste sur la suite de la carrière de Catherine Howe. Trois autres albums tout au long des années 70 puis plus rien jusqu’en 2005.

samedi 12 janvier 2008

Evie Sands : Any way that you want me




Dans le registre des chanteuses oubliées, je vous propose aujourd’hui de découvrir l’américaine Evie Sands. Née à Brooklyn, la guitariste/chanteuse Evie Sands, entre dans la carrière en 1965, l’année où elle enregistre son premier 45 tours « Take me for a little while ». Avant même sa sortie, le disque fait un petit détour par Chicago où la voix d’Evie impressionne favorablement les responsables du label Chess ainsi que la chanteuse soul Jackie Ross, qui, sur le champ, décide d’enregistrer sa propre version du titre. Une série de 45 tours se suit alors avant d’attaquer l’année 1969 et l’enregistrement de son premier album « Any way that you want me » qui sortira dans le commerce une année plus tard. Si le disque, lancé avec une grosse campagne de promotion, ne percera pas auprès du grand public, il n’en est pas moins remarquable. Si à l’origine Evie est plutôt une chanteuse folk, son premier album varie les plaisirs. Le CD commence avec une « Crazy Annie », chanson plutôt pop expérimentale un petit peu déroutante. Le reste est plus classique et joue tantôt sur le registre de la pop orchestrée avec arrangements de cordes (« Any way that you want me », « It’s this i am », composée par Evie) ; tantôt sur un registre plus Motown / r&b comme l’excellent « close your eyes, cross your fingers » avec une section de cuivres terrible et sur la reprise de « Take me for a little while » (ici présente dans une version différente de celle de 1965). Mais la grande affaire de l’album c’est certainement « Shadow of the evening », chanson folk dans la lignée de Joni Mitchell. Dusty Springfield était une grande fan d’Evie Sands et il est probable que ce disque a durablement influencé Rickie Lee Jones. La pochette de l’album représente Evie à vélo et on s’imagine, dans une métaphore un peu poussée, qu’Evie fonce vers le succès forte d’un excellent premier opus. Il n’en sera rien puisqu’il faudra attendre 1979 pour réentendre Evie (l’album Suspended animation, très difficile à trouver). Entre 1980 et 1999 Evie Sands se retire totalement du monde de la musique. Elle refait surface à la fin du 20ème siècle avec l’album « Woman in Prison ». Elle a, paraît-il, depuis tourné avec Belle & Sebastian. Quant à son formidable premier album il est sorti pour la première fois en Europe en 2005. Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour bien faire.

lundi 7 janvier 2008

Karen Dalton (1938-1993)







Ce n’est hélas que depuis un an et demi que l’on redécouvre Karen Dalton, chanteuse, guitariste (sur guitare 12 cordes) et joueuse de banjo. Karen est une figure culte de la scène folk du greenwich village (New York City) des années 60. Elle hante les clubs, copine avec Fred Neil et un débutant nommé Bob Dylan. On compare sa voix à celle de la chanteuse de jazz Billie Holiday.

Née dans l’Oklahoma en 1938, Karen Dalton est arrivée à New York en 1960. Contrairement à ses contemporains de la scène folk, elle n’est ni auteur, ni compositeur. Son répertoire est exclusivement composé de reprises. Elle est, par ailleurs, mal à l’aise en studio. Aussi, Karen a bien du mal à convaincre une maison de disque de la signer et vit un temps dans une communauté hippie du Colorado. Il faudra toute la force de persuasion du producteur Nikolas Venet pour la convaincre d’entrer en studio. Après plusieurs tentatives et autant d’échecs, son premier album « It’s so hard to tell you who’s going to love you the best » sort en 1969, neuf longues années après son arrivée à New York alors que ses copains des débuts sont déjà des stars confirmées. L’album a été, selon la légende, enregistré en une seule session d’une journée. Ceci explique certainement « l’aridité » (ceci n’est pas une critique) du disque. Guitare acoustique, basse, quelques guitares électriques et percussions discrètes. Et c’est tout. Pourtant il n’en faut pas plus pour que la magie opère. Le timbre habité de Karen et les arpèges de guitare font le reste. L’album est court et dépasse à peine la demi-heure, cependant cette dernière laisse une empreinte durable. L’album, accompagné d’un DVD regroupant quelques courts reportages que lui ont consacré l’ORTF ressort au milieu de l’été 2006 (l’auteur de ces lignes à appris l’existence de Karen Dalton en lisant Rock & Folk à la plage). C’est alors un succès aussi tardif qu’insoupçonné. Les sorties se sont succédées depuis. Son deuxième album « In my own time » (1971) est réédité dans la foulée suivi au milieu 2007 d’un concert inédit des années 60 (pas encore écouté).

Le deuxième album de Karen Dalton, « In my own time » sort en 1971. C’est aussi son dernier disque. Comparativement à son précédent effort, « In my own time » est un album plus « produit ». Les guitares sont toujours acoustiques mais cette fois il y a des batteries, de l’orgue, du violon et même des cuivres. Cette fois-ci Karen, qui ne compose toujours pas, pioche à la fois dans les répertoires country traditionnel (« Katie Cruel », « Same old man »), blues et même soul. L’album comprend deux belles reprises des classiques « When a man loves a woman » et de « How sweet it is », le standard de la Motown. Le digipack assez luxueux du CD est accompagné d’un livret dans lequel Lenny Kaye (le guitariste de Patti Smith), Nick Cave et Devendra Banhart se répandent en louanges. C’est bien mais c’est un peu tard. Karen Dalton est morte en 1993 à 55 ans dans la rue New Yorkaise, complètement démunie et sans domicile fixe…

dimanche 6 janvier 2008

Alela Diane : The Pirate’s Gospel


Alela Diane Menig, fille de hippie, la vingtaine à peine déflorée, se distingue avec ce premier album, qu’elle a entièrement écrit et composé seule, étonnant de maturité. Un disque intégralement acoustique, enregistré, avec peu de moyens, chez ses parents à Nevada City, Californie, par son papa, Tom Menig. Délicats arpèges de guitare acoustique, sifflements, chants harmonieux, ce premier opus va chercher sa source au fin fond des musiques typiquement américaines. Le disque a été enregistré sans batterie avec quelques notes de basses, de piano, de mandoline et de banjo pour accompagner la guitare folk. Intime et soyeux, au coin du feu.

samedi 5 janvier 2008

Patti Scialfa : Play it as it lays


Patti Scialfa, Madame Bruce Springsteen à la ville, est surtout membre du E-Street Band (voir mon message du 18 décembre 2007) et une auteure/compositeur/interprète de talent qui nous donne de temps en temps de ses nouvelles via un album solo. Et puisque l’on parle de nouvelles, cela tombe bien Madame Scialfa nous en a donné à la fin de l’année 2007. Son nouvel effort, il s’agit du troisième, intitulé Play it as it lays, est fortement ancré dans le blues et peut s’enorgueillir des participations de ses camarades du E-Street Band Soozie Tyrell, Nils Lofgren (le guitar-hero anonyme) et de son mari. Le premier titre « Looking for Elvis » vous met tout de suite dans l’ambiance, guitare poisseuse, harmonica paresseux et le grain de voix particulier de Patti. En s’appuyant sur des instruments tels que le lap-steel, le dobro, les orgues hammond B3 et Wurlitzer ainsi que sur des chœurs gospel, Patti et ses acolytes ont crée ce que l’on pourrait qualifier de « Driving album » à écouter en voiture en regardant les néons défiler… Bonne route…

http://www.pattiscialfa.net/

mercredi 2 janvier 2008

Après le Déluge de Robert Polidori.


Aujourd’hui pour la deuxième étape de notre voyage inaugural 2008, direction la Nouvelle-Orléans, autre grande destination musicale. Le photographe franco-canadien, Robert Polidori a passé une partie de son adolescence à la Nouvelle-Orléans. Après le passage de l’ouragan katrina (le 29 août 2005), Polidori a séjourné à quatre reprises dans la ville de son adolescence. Il en résulte ce livre mi-hommage, mi-testament sur la catastrophe. Somme de 336 pages. L’eau, la pluie apparaît telle le poison qui se répand pour la première fois dans les veines, laissant des dommages irréparables. Il en reste ces photos désolées, de paysages dévastés. Des carcasses de voitures, des pianos éventrés, des intérieurs démolis, voilà tout ce qui reste de la présence humaine, les signes qu’autrefois il y a eu de la vie à la Nouvelle-Orléans. Car il n’y a pas un seul être vivant représenté sur les photos de Polidori.

Pour quiconque a un jour connu la folle euphorie d’un samedi soir sur Bourbon Street, ce livre serre le cœur. Car, plus de deux ans après la tragédie, la Nouvelle-Orléans souffre toujours et à toujours besoin de nous (entre autres), les lointains cousins français. Plus de la moitié des habitants de la ville sont toujours en exil et, vraisemblablement, 200 000 personnes ne retrouveront pas leur domicile. Certes l’ouvrage est dispendieux (environ 72 €) mais une partie des revenus est reversée à l’association Tipitina’s Foundation, destinée à réhabiliter le vie musicale à la Nouvelle-Orléans ainsi qu’à la radio WWOZ afin de sauver toutes ces formidables musiques issues de Louisiane.

mardi 1 janvier 2008

LOVE IS THE SONG WE SING – San Francisco Nuggets 1965-1970


Si vous lisez régulièrement cette page, vous savez à quel point la ville de San Francisco et sa scène musicale est importante dans mon imaginaire personnel. Ville qui m’est chère pour tout un tas de raisons, bonnes ou mauvaises, et avant tout pour un certain idéal hippie qui y règne encore de nos jours. Aussi comment mieux commencer cette année 2008 (et fêter le premier anniversaire de ce blog) qu’en évoquant cette merveilleuse ville. Et ça tombe bien la sortie du coffret de quatre CDs « Love is the song we sing » nous en donne une occasion rêvée.

Tout est résumé dans le sous-titre « San Francisco Nuggets 1965-1970 ». C’est à une exploration en profondeur de la scène musicale que l’on nous invite. Une « time-capsule » à savoir un lieu et une époque donnée. Alors évidemment toutes les stars que vous connaissez sont là : Janis Joplin (en solo ou avec Big Brother), Santana, Steve Miller band, Sly Stone, Quicksilver, le Grateful Dead ou bien encore le Jefferson Airplane et Country Joe & the Fish. Mais pas seulement. Les 77 titres compilés ici nous ouvrent bien des perspectives et permettent d’élargir largement le spectre. On y trouve d’abord quelques curiosités, The Great Society dont la chanteuse, une certaine Grace Slick trouvera la gloire avec Jefferson Airplane ou bien encore The Warlocks qui n’est autre que la première mouture du Grateful Dead. Il y a ensuite les incongruités comme Blue Cheer qui ont inventé le heavy-metal (qui s’en souvient ?), les flamin’groovies qui ont fait la même chose avec le punk ou bien encore The Bells qui apportent une touche jazzy franchement inattendue (la remarque vaut également pour le groupe Mother Earth). Ce qui au passage permet de démonter bien des idées reçues sur la scène de San Francisco de l’époque et témoigne surtout du bouillonnant bain de créativité qui régnait sur la baie dans ces années-là.

Et il y a enfin les véritables surprises, les groupes qui auraient bien mérités de percer. Moby Grape et son excellent folk-rock psychédélique. Les Sons of Champlin et leur étonnant rythm & blues psychédélique. Les survoltés Count Five, les très intéressants Chocolate Watchband, It’s a Beautiful day et Youngbloods…

Ecoutez les disques, faîtes brûler un bâtonnet d’encens et feuilletez les 120 pages du livret regroupant une bonne centaine de photos vintage. Et voilà vous y êtes San Francisco est à vous ou presque. Plus qu'un coffret, un voyage, un trip ultime. Peace, Love, Respect, Unity. Happy new year & best wishes for 2008.

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