mardi 31 octobre 2023

Alamo Race Track : « Greetings from Tear Valley and the Diamond Ale »

 


Groupe américain plus vrai que nature, ils sont en réalité Hollandais, Alamo Race Track est de retour dans les bacs après 17 ans d’absence ! Un événement d’importance donc signant un retour sous les meilleurs auspices. Ainsi, dès le titre d’ouverture, la magnifique « Sally H », c’est toute une foule de souvenirs qui saisit l’auditeur, quelque part entre la pureté mélodique de Big Star et des harmonies vocales à se damner dignes des Beach Boys. Ainsi sans chercher particulièrement à s’inscrire dans une esthétique retro ou nostalgique, le groupe mené par Ralph Mulder y arrive le plus naturellement du monde, s’appuyant sur la force de ses compositions. Une pop pratiquant une ligne claire mélodique, s’appuyant sur des guitares cristallines (« Got to get home » ; « Romney Shed 1 »), tout en sachant faire monter la pression sans ostentation aucune (« Fight » dont la ligne de basse dégage une tension sous-jacente contrastant avec le chant aérien), Alamo Race Track atteint une forme intemporelle propre à égaler ses prestigieux modèles. Il se dégage de ces compositions quelque chose d’éthéré, une sensation calme et apaisée. « Wish I Was a Bird » chante Ralph Mulder sur ce nouveau disque. À défaut de voler lui-même, ses compositions s’envolent et planent comme dégagées des contingences terrestres. Un chef d’œuvre et un retour réussi au-delà de toutes les espérances !

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lundi 30 octobre 2023

Karkwa : « Dans la seconde »

 


Vingt ans après leurs débuts (« Le Pensionnat des Établis », 2003) et après treize années de silence discographique (« Les Chemins de Verre », 2010), le groupe montréalais est de retour et c’est une merveilleuse nouvelle ! Bien que l’on ne les ait jamais vraiment perdus de vue, le chanteur/guitariste Louis-Jean Cormier est devenue dans l’intervalle une superstar dans son Québec natal, grâce à ses disques en solo et en qualité de membre du jury de « La Voix » (« The Voice », chez nous), mais c’est une dynamique unique et bien particulière qui se met en marche lorsque le quintet se réunit et que l’on retrouve aujourd’hui avec plaisir. Amateur d’ambiances planantes et autres artefacts progressifs, le groupe n’a pas son pareil pour mettre en sons la bande originale imaginaire d’un rêve musical éveillé (cf. « Miroir de John Wayne » ; « Dans la seconde »). Une sensation que l’on retrouve dans cette « Ouverture » majestueuse qui débute l’album. La nouveauté réside dans l’appropriation par le groupe des sons psychédéliques (cf. « A bout portant » ; « Gravité »), chose inédite jusqu’ici. Mais Karkwa ne serait pas Karkwa s’ils se contentaient bêtement de suivre un modèle (l’occasion nous est ici donnée de tordre le cou à cette réputation ridicule de Radiohead francophone qu’ils traînent depuis des années, ce groupe vaut bien plus et mieux que ça!) Ainsi le psychédélisme de Karkwa se veut dénué de guitares garage ou du moindre aspect nostalgique rappelant les années 60. Non Karkwa s’enferme, cherche et se perd dans un labyrinthe sonore bien à eux et en livre le résultat à nos oreilles émerveillées. C’est émotionnellement très fort, une sorte de manège la tête à l’envers, bruitiste à l’occasion (« Nouvelle Vague »). Cela valait le coup d’attendre !

En concert le 3/11 à La Maroquinerie

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samedi 28 octobre 2023

Dylan LeBlanc : « Coyote »

 


Depuis 2019 et la réussite exceptionnelle de son précédent album « Renegade », on avait un peu perdu du vue le chanteur. Et à l’écoute de ce nouvel effort, le cinquième, on reste pantois devant l’écart entre la maturité affichée sur ce nouveau disque et le jeune age (33 ans) de son auteur. Si dans un premier temps une forme de déception se fait jour à l’écoute de ce nouvel album, le sentiment s’efface aussitôt. Comparativement à l’album précédent, ce « Coyote » souffre de s’écouter dans une dimension unique. En effet, l’album voit Dylan LeBlanc renouer avec ses racines folk et country. Le disque se conçoit donc comme une formidable collection d’arpèges délicats et de nappes de cordes rêveuses, assez loin donc des tentatives pop/rock et des riffs de guitares survoltés du disque précédent. Le présent album se veut beaucoup plus rêveur, voire planant dans une certaine mesure, c’est un peu les grands espaces qui s’ouvrent à son écoute, la bande originale d’un voyage imaginaire dans l’ouest américain. Quoi qu’il en soit, il constitue une preuve supplémentaire du talent de LeBlanc en termes acoustiques, qui s’impose, un disque après l’autre, comme une valeur sûre du songwriting.

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vendredi 27 octobre 2023

Black Box Revelation, La Maroquinerie, 25 octobre 2023

Comme tant d’autres groupes en noir (Black Keys) ou blanc (White Stripes), la formation belge a débuté comme un duo guitare/batterie hybridant habilement influences blues aux sons rock garage. Comme tant d’autres (Dirty Deep), le groupe s’est adjoint les services d’un musicien additionnel. Et c’est dans cette configuration que l’on retrouve les Bruxellois sur la scène de La Maroquinerie, après une longue absence. Le troisième larron alterne entre plusieurs instruments, des synthés vintage à la basse voire une deuxième guitare. L’effet se fait immédiatement sentir et ouvre de nouveaux horizons au groupe, plus pop (les claviers) ou groove (la basse), suivant l’instrument utilisé par le troisième membre du groupe. Une démarche qui les éloigne de leur son originel, une évolution qui se fait sentir chez Jan (le chanteur / guitariste) aux longues improvisations psychédéliques et blues. Ce n’est finalement que lorsque le troisième musicien se contente d’un tambourin que l’on retrouve le sel qui faisait le groupe auparavant, ce son lourd et massif, plus violent aussi, qui fait immédiatement partir la fosse en pogo. Voilà néanmoins un retour qui fait du bien !

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mardi 24 octobre 2023

Israel Nash : « Ozarker »

 


A bien des égards, Israel Nash appartient à cette catégorie de songwriters, typiquement étasunienne, dont les influences raciniennes, country, se fondent dans un format teinté de rock, voire pop dans une certaine mesure, propre à séduire le grand public : le heartland rock. Chant à la virilité assumée autant que nuancée, nappes synthétiques dans le fond assurant le lit sur lequel se posent les mélodies, batteries propres et carrées, pour le groove on repassera, et saillies millimétrées à la guitare en constituent les principaux éléments ; fournissant autant de points de comparaisons avec Bruce Springsteen ou John Mellencamp, un compagnonnage prestigieux auprès duquel Israel Nash fait bonne figure. Dans cette collection d’hymnes fédérateurs, faîte pour résonner dans les stades et autres arénas de grande ampleur, on a tendance a surtout apprécier les intros. C’est à dire ce moment crucial où l’intimité transperce, juste avant que la machinerie lourde ne se mette en marche. C’est au travers de ces interstices que l’on aperçoit la trempe de l’artiste qu’est Israel Nash, le songwriter précieux, le guitariste inspiré. Ces mêmes interstices qui laissent deviner le grand album qu’aurait pu être « Ozarker », si seulement quelqu’un avait mis la pédale douce sur les effets et tempéré l’artillerie lourde. Ah si tout l’album avait pu sonner comme « Lost in America », « Midnight Hour », "Travel On" voire « Firedance » (nos préférées) ! On rêverait d’une version acoustique dépouillée. Navré, mais en l’espèce la chose sonne à nos oreilles comme datée et figée dans le temps. Et c’est bien dommage…

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lundi 23 octobre 2023

Thomas Kahn : « This is real »

 


Thomas Kahn, après une première tentative indie-rock, s’est métamorphosé en soulman plus vrai que nature. Son premier véritable album dans ce style s’intitule « This is real », un titre pour le moins indiqué tant le chanteur clermontois a véritablement chopé le truc. Son grain de voix un peu rocailleux, un peu cassé dans le fond de la gorge, typiquement soul, incarne à merveille le genre. D’autant plus que, musicalement, l’album se nourrit aux meilleures sources. Groove incendiaire, les cuivres pêchus bien en avant et coup de gorge à l’avenant (« More than sunshine », « Don’t look at me ») ou plus langoureux (le funky sexy « Stay Away », la sublime « Try to see Further »), tentatives acoustiques émouvantes (« Hope ») ou chaloupement reggae (« Flying Around ») l’album fait mouche à tous les coups mettant en valeur le feeling, le moment, l’émotion, transformant chaque chanson en pur moment de bonheur soul. Sorti il y a un peu plus d’un an maintenant, la qualité de l’album méritait bien qu’on s’y arrête même avec retard. D’autant plus que l’artiste défend encore actuellement son disque sur scène, avec un certain succès. Un passage à la Maroquinerie est annoncé pour le 2 février prochain. On s’y retrouve ?

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dimanche 22 octobre 2023

The Silencers : « Silent Highway »

 


La parenthèse Celtic Social Club refermée, Jimme O’Neill est retourné à ses premières amours (et en famille cette fois-ci), The Silencers, groupe phare des années 80 et 90. Un retour fidèle aux canons du rock et de la new-wave FM des années 1980 particulièrement efficace et accrocheur dans la première partie de l’album, notamment par son adaptation au sonorités blues et rock’n’roll (la guitare twang de « Western Swing » ; la rythmique ternaire de « Whistleblower » et sa ligne d’harmonica inspirée). Dans ce registre, le timbre devenu légèrement rocailleux avec les années de Jimme, comme nourri aux gravillons, fait des merveilles. Cependant, on assiste à une rupture de ton de l’album dans sa deuxième moitié, plus émotive et plus lente. Une forme de nostalgie s’installe ainsi après des retrouvailles vigoureuses. Un album d’excellente facture qui se clôture sur la superbe « Torchsong ». Un retour réussi.

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samedi 21 octobre 2023

Cash Savage and The Last Drinks + Kim Salmon, Petit Bain, 20 octobre 2023.

On commence cette belle soirée placée sous les bons auspices du rock australien avec le vétéran Kim Salmon, un ex-Scientists au début des années 80, qui n’a de cesse d’arpenter les couloirs obscurs du punk et du rock garage depuis la fin des années 1970. Un musicien expérimenté donc qui a toujours de beaux restes à savoir un grain de voix à cracher du gravier, trahissant le vécu du personnage, et une guitare à l’avenant, saturée à point. Le set part sur des bases élevées grâce à une section rythmique qui mène la danse sur les chapeaux de roues et des guitares abrasives. Le répertoire trahit les influences power-pop vitriolées au punk et se révèle riche en chansons fédératrices, entraînantes à écouter en concert. Une petite heure et un très bon moment marqué par la présence du légendaire Warren Ellis en guest sur deux titres.

Nous l’avions, à titre personnel, découvert en 2018 avec son fabuleux album « Good Citizens », une claque à l’époque, mais l’Australienne Cash Savage, en compagnie de son groupe The Last Drinks, est active depuis 13 ans, et est forte d’une discographie de cinq albums (+ un album live) dont le dernier est sorti il y a quelques mois. Aussi, la rumeur enfle autour des prestations scéniques de la chanteuse depuis quelques temps et nombreuses sont les connaissances à nous avoir averti de sa puissance en concert. Les aléas de l’existence ont fait qu’il nous avait été impossible de le vérifier de visu avant hier soir et on ne peut que souscrire à sa réputation après une heure et demie sous (très haute) tension. Cash Savage est avant toute chose une présence assez impressionnante sur scène, qui occupe l’espace et focalise les regards grâce à un langage corporel trahissant l’intensité du moment. Elle cherche souvent le public du regard, cherche à nouer le contact, pour elle le plus important est le moment passé ensemble. Musicalement la chose se révèle hybride, intensément rock’n’roll, mais pas dans le sens où on pourrait l’imaginer, c’est à dire sous un déluge de décibels. Certes les guitares sont saturées, mais dans une juste mesure, c’est à dire sans assommer le spectateur. A ce titre, la présence d’un violon et du clavier ajoute une note mélodique et mélancolique qui participe de la fascination exercée par le groupe. Le truc viendrait plutôt de la dynamique et du rythme, tantôt extrêmement élevé, tantôt ralenti, le tout créant une sorte de grand huit, fait de brusques montées en tension et d’accélérations subites, dont on ressort sonné. Enfin l’intensité mise par tous les musiciens dans la moindre note jouée crée énormément de feeling et fait ressortir les émotions. Dans le contexte tragique qui est le notre depuis deux semaines, Cash Savage and The Last Drinks nous redonne foi en l’humanité.

https://cashsavage.com.au/

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jeudi 19 octobre 2023

Emma Sand Group : « Beautiful Boy »

 


L’attachante formation parisienne sort son premier album et, ne boudons pas notre plaisir, c’est une excellente nouvelle, tant cet effort inaugural confirme les qualités perçues sur les deux premiers Eps du groupe. Faîte d’aplats et de déliés, de creux et de reliefs, la musique du groupe respire. Les compositions s’imaginent comme autant de cartes postales envoyées depuis des horizons lointains dépeints en musique. Ménageant une place au silence, comme si la note retenue était finalement aussi importante que celle sortie des instruments, la musique d’Emma Sand respire les grands espaces, il s’y dégage une impression de soleil qui cogne et une odeur de poussière, entre folk et rock, entretenant un cousinage lointain avec le blues voire la country. Une musique mue par une batterie en sourdine, sonnant comme une menace flottante, fiévreuse et animée par une tension sous-jacente. Autant d’influences d’outre-Atlantique que le groupe a su faire siennes et au-delà puisque, et c’est une première, la chanteuse s’exprime en français sur deux titres. On applaudit des deux mains !

En showcase acoustique les 3/11 chez GIBERT DISC et 7/12 aux BALLADES SONORES

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mercredi 18 octobre 2023

Marc O et Christophe Deschamps : « The sound of 60’s garage rock »

 


Au commencement on retrouve deux potes, deux partenaires dans le crime, animés par la même passion du rock’n’roll. A la guitare, Marc O, le Franglais, déjà auteur du remarquable « L’homme de l’ombre ». Derrière le kit, Christophe Deschamps, batteur que tout le monde connaît pour avoir joué avec toutes les immenses stars de la variété, un chemin de traverse, pour le musicien qui reste viscéralement attaché au rock, également virtuose de son instrument (pour l’avoir vu sur scène derrière Bill Pritchard et Frédéric Lo, on vous l’assure ce type dépote comme pas deux!) Leur album commun s’intitule « The sound of 60’s garage rock », et c’est ainsi qu’il faut l’entendre, le terme le plus important ici étant « sound », tout indiqué pour un disque instrumental. Pas de grand discours sur la mondialisation ici, l’opus est un festival de groove à base de guitares fuzz déchaînées, un exercice de haute voltige allant du rock garage au psychédélique agrémenté d’un arrière goût blues (« Blue Thunder ») et surf, mené tambour battant. Sans prétention autre que celle de se faire plaisir, et celle d’en donner à quiconque les écoutera, les deux potes s’en donnent à cœur joie ! Une joie communicative et contagieuse qui transcende les enceintes. Et ça fait du bien ! Vivement une version physique et des concerts, on en a besoin par les temps qui courent !

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lundi 16 octobre 2023

Dope Lemon : « Kimosabè »

 


Derrière l’alias super citronné, on retrouve Angus Stone (la moitié du duo folk formé avec sa sœur Julia), le présent album étant la quatrième escapade en solo du fantasque Australien. Un disque rare évoluant sur un subtile ligne de crête entre passé et présent. Du groove chaloupé qui enrubanne « Kimosabè », le titre d’ouverture, s’échappe une sensation délicate et sucrée, une sorte de bien-être, les bonnes vibrations s’échappant des enceintes, un sentiment qui accompagnera finalement l’auditeur du début à la fin de cet album en forme de road-trip initiatique et imaginaire, le long des plages de l’Australie natale du chanteur. Pour accompagner notre errance, Angus nous a concocté un album aux petits oignons à la fois classique et moderne. On y trouve du rock et des guitares dans un échantillon alliant subtilement les classiques des années 70 (« Miami Baby » au solo stonien en diable) à l’attaque power-pop des années 90 (« Derby Raceway »), quelques résidus arpégés rappelant le folk fondateur de la fratrie (« Golden God ») le tout nimbé dans un groove légèrement hip-hop à base de boucles répétitives à vocation hypnotique (« Slinging Dimes »). Et bien d’autres surprises psychédéliques 80s encore (« Blue Moon Fox » ; « Give me that fire » ; "Lemon Tree") ! Un sacré cocktail donc qui aurait tout de la décoction peu ragoûtante chez les autres mais qui se transforme en merveille d’album grâce au savoir-faire expert de l’Australien. Drapé d’un feeling nostalgique, voici la bande-son idéale pour rêvasser à l’été finissant, de quoi prolonger, rattraper un peu de cette bonhomie estivale qui s’échappe aussi lentement que sûrement.

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dimanche 15 octobre 2023

Grant Haua : « Mana Blues »

 


Depuis la reprise du mythique label Dixiefrog par de nouveaux propriétaires, il est probablement l’un des artistes les plus attachants qu’il nous ait été donné de découvrir. Virtuose de la guitare acoustique, ses compositions sont proprement impossibles à reprendre, le Néo-Zélandais Grant Haua, puisque c’est de lui qu’il s’agît, prend des risques avec ce nouvel effort s’appropriant un instrument qui n’est pas vraiment naturel pour lui, la guitare électrique (à ce titre les photos ornant la pochette ainsi que le livret sont trompeuses). Une électrification générale qui drape sa musique d’une aura seventies (« Embers » ; « Time of dying »), encore plus prégnante lorsque le duo The Inspector Cluzo, invité sur le premier titre, se charge de rajouter une dose supplémentaire de décibels rapprochant Haua d’une scène garage à l’évidence assez éloignée de sa zone de confort. Paradoxalement, ce contexte sous haute tension, les amplis à fond, fait ressortir quelque chose d’inattendu chez l’artiste, une sorte de fragilité dans la voix contrastant avec l’ambiance virile, une faille musicale sur laquelle se tient le musicien. Il y a du Calvin Russell en lui, le visage autant cabossé que la voix, ce qui lui sied à ravir quand il est question de cœur brisé (« Jealousy », « To be loved ») ou d’évoquer son inspiratrice « Billie Holiday » sur une note étrangement rock et saturée. L’attachement à sa culture maori (« Pukehinahina ») constitue un autre angle saillant de sa musique. Attachant jusque dans ses rythmes funky, « Good Stuff », une ode aux plaisirs simples et une bouffée d’optimisme salutaire, voici un excellent album qui, gageons-le, vieillira bien.

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samedi 14 octobre 2023

Belle Scar : « Atoms »

 


Dotée d’un grain de voix expressif d’où les émotions découlent à l’envi, la chanteuse, Canadienne installée à Londres, a trouvé l’écrin idéal en cet album pour mettre en valeur sa voix. Pas vraiment rock, les guitares occupant ici un rôle secondaire, Belle Scar évolue dans un genre hybride, entre pop orchestrale et trip hop, parfois dark, mettant en valeur l’étendue de ses capacités vocales aux accents maniérés voire classiques. Derrière les manettes, son compagnon Marc O, a sorti les grands moyens et s’en donne à cœur joie s’adonnant à son sens de la production épique. Envolées de cordes, auxquelles répondent le chant de Belle Scar, chœurs grandioses et pianos mélancoliques transforment chaque titre en un générique potentiel pour un prochain James Bond. Du grand spectacle à savourer en stéréo !

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vendredi 13 octobre 2023

Population II : « Electrons libres du Québec »

 


L’auteur de ces lignes en est persuadé depuis bien longtemps, mais les Québecois, probablement parce qu’ils sont situés dans le cœur même du nœud gordien, l’Amérique du Nord, ont une bonne longueur d’avance musicale sur nous autres Français. Qu’il s’agisse de rock garage/pysché (Le Nombre, Chocolat, Les Hôtesses d’Hilaires, même si ces derniers sont Acadiens) ou d’americana folk countrysante (Jean Leloup), nos cousins d’outre-Atlantiques sont capables de miracles lorsqu’il s’agît d’adapter dans la langue de Molière tous ces idiomes typiquement étasuniens quand nous autres Français pataugeons dans une maîtrise laborieuse de la langue anglaise. Le tout dernier exemple vivant du raisonnement nous vient du groupe méconnu au nom abscons, Population II, dont le dernier effort en date relève du petit miracle. Disque aussi génial que barré, « Electrons libres du Québec », qui porte décidément bien son nom, ravive le fantôme de Soft Machine, et le tout en Français, svp. Excusez du peu ! Disque loufoque et complètement dingue ce nouvel album est un exercice de style de haute voltige psychédélique entre guitares acides, saturées à la limite de l’expérimentation punk/garage d’une agressivité folle (« Tô Kébec »), rythmique menée tambour battant (c’est le cas de le dire) au sens du groove acéré (« Beau Baptême ») tout en ruptures brusques et coupes franches. Un grand huit entre accalmie et tempête qui donne le tournis. La déclinaison scénique s’annonce dantesque !

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dimanche 1 octobre 2023

Dirty Deep : « Trompe L’œil »

 


Après un album acoustique (« Foreshots », 2020), Dirty Deep fête son retour « électrique » comme le proclame le dossier de presse. Certes les guitares sont de sorties pour ce nouvel effort, produit par François « Shanka » Maigret (ex-The Dukes, No One is Innocent) mais sur un mode différent. Evoluer sans trahir le son qui les a défini jusqu’à maintenant, telle est la problématique au cœur de cet album qui l’art d’évoluer en « Trompe L’œil ». Ainsi si on retrouve les fondamentaux du groupe, le blues (« Hipbreak III »), le folk (« Don’t Be Cruel ») et le rock garage, ces différentes influences parsèment l’album plus qu’elle le définisse. En d’autres termes il s’agît là de l’effort le plus pop du groupe (« From Tears », enluminée d’un surprenant arrangement de cordes sortant de l’ordinaire), flirtant avec le psyché ("Donoma") qui reste à l’occasion une bombe à décibels (« Shoot First », « Hold on Me »). Une réussite.

En concert le 2/10 à La Maroquinerie.

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