Premier opus pour cette jeune artiste Rennaise. Depuis son
premier EP intimiste en solo, Ladylike Lily a évoluée jusqu’à devenir
aujourd’hui un véritable groupe. Sans rien renier de son attirance pour le
folk, Ladylike Lily orne aujourd’hui sa musique d’arrangements soignés tirant
du côté de l’électro hypnotique (« Periods ») et qui se mélange à
merveille avec les arpèges de guitare acoustique. Jamais très loin de la pop,
Ladylike Lily offre un disque d’ambiance sombre, propice au recueillement,
poignant et obsédant à certains égards. Naviguant sur des rythmes lents, le
groupe compose patiemment l’écrin parfait pour sa voix cristalline. Un bel
album très bien produit.
lundi 30 avril 2012
dimanche 29 avril 2012
Interview with Electric Empire (English Edition)
Hailing from Australia, Electric Empire sounds like an unreleased act from the 70s Motown. Guitarist Dennis Dowlut answers here few questions…
I have an hunch that tells me that you must have an hell of a record collection from the 70s Motown. True ?
Dennis Dowlut (guitar) : I used to have a record collection but I have it all on my Laptop now. Lots of Motown and Soul from the 60’s and 70’s.
When it comes to groove, bass is usually important. Electric Empire is not using one. Why ?
DD : We do have a bass player that performs with us in the live shows, Electric Empire started as a three piece.On stage we are four.
If i tell you that your album sounds like an unreleased Motown one, what would you say?
DD : I’d feel flattered , because the intention of the album was to write and produce songs that could have been released around the golden days of Motown. We are really happy with this Album.
The band is doing well in the UK. What about the US ?
DD : Our focus is on the UK and rest of Europe at the moment. We feel that we should work each territory at a time. I think that once the band is successful in other territories, the US follows.
Do you used a lot of vintage equipment (keyboards especially) ? Where do you find those ? Are you instruments geeks ?
DD : I wouldn’t say that we are instrument geeks, but we do use a lot of vintage gear, wurli’s, Rhodes, clavs and Moogs on the record.
Dennis, who are your favourites guitar players ?
DD : I really love Robert Willie White who was the guitarist for the Funk Brothers, the in house Motown Band. Stylistically I’m more rhythm so I love his approach in creating hooks and melody in his playing.
Some critics might say that the album doesn’t sound like anything we haven’t heard before. What would you say to them ?
DD : We’re proud that the album doesn’t really sound like anything being created at the moment but we are always being compared to Motown also.Each person critic or not is entitled to their opinion, we are a band just doing what we love, that’s all that counts.
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Interview
Interview avec Electric Empire
Venu d’Australie, le trio Electric Empire fait revivre les
grandes heures de la Motown sur son premier album. Le guitariste Dennis Dowlut
nous fait le plaisir de répondre à quelques questions…
Une intuition me dit que vous devez avoir une sacrée
collection de disques de la Motown des années 70. Est-ce vrai ?
Dennis Dowlut (guitare) : J’avais une collection de
disques mais tout est dans mon ordinateur portable maintenant. Beaucoup de
Motown, beaucoup de soul des années 60 et 70.
Pourquoi le groupe n’a-t-il pas de bassiste ? C’est
important la basse pour le groove…
DD : On a un bassiste avec nous pour les concerts.
Electric Empire a commencé en trio mais sur scène on est quatre.
Si je te dis que l’album sonne comme un disque inédit de la
Motown…
DD : Je serais flatté parce que notre intention était
d’écrire et de produire des chansons qui auraient pu sortir pendant l’age d’or
de la Motown. On est très content de notre album.
Le groupe marche bien en Grande-Bretagne qu’en est-il des
Etats-Unis ?
DD : On se concentre sur la Grande-Bretagne et l’Europe
pour le moment. On pense qu’il faut sur un territoire à la fois. Je pense que
si le groupe marche bien un peu partout, les Etats-Unis suivront.
Est-ce que le groupe utilise beaucoup d’instruments vintage
(les claviers particulièrement) ?
DD : Sans être des geeks, on utilise beaucoup de
matériel vintage. Sur l’album il y a Wurlitzer, du Rhodes, du clavinet et du
moog.
Quels sont tes guitaristes préférés ?
DD : J’adore Robert Willie White, qui était le
guitariste des Funk Brothers, le groupe maison de la Motown. J’ai un jeu très
rythmique, j’adore son approche de la mélodie et des accroches dans sa façon de
jouer.
Certains critiques peuvent vous reprocher de ne rien
inventer. Que répondriez-vous ?
DD : On est justement fier que l’album ne sonne comme
rien de contemporain mais nous sommes toujours comparé à la Motown. Chaque
personne ou critique a le droit d’avoir sa propre opinion. Nous sommes juste un
groupe qui fait ce qu’il adore et c’est tout ce qui compte.
En concert le 16 mai à la Bellevilloise.
Charles Bradley, La Cigale, 26 avril 2012.
Chanteur à la vie ponctuée par les drames, il a connu la
rue, l’assassinat de son frère par son propre neveu, Charles Bradley chante la
soul comme personne. Et personne n’en aurait jamais rien su si l’excellent label
Daptone (dont on ne cessera jamais de vanter les mérites) n’avait eu l’idée de
génie de lui faire enregistrer un premier album (le chef d’œuvre « No time
for dreaming » sorti l’an dernier) alors qu’il a déjà dépassé les soixante
ans. Son registre dramatique rend ses prestations particulièrement poignantes
d’un point de vue émotionnel. Mais en même temps Charles Bradley irradie tout
heureux qu’il est de se retrouver sur scène devant des salles combles (la
cigale est ce soir bien remplie). Par ce qu’il a vécu, Charles Bradley sait de
quoi il parle quand il chante « Heartaches and Pain » ou « The
world (is coming up in flames) ». Et croyez-moi ce cri vaut la peine
d’être entendu. Charles est entouré par un groupe aux petits oignons :
orgue hammond, cuivres, un excellent batteur (qui tape avec une telle célérité
que son kit s’effondre au cours du concert), basse et le fidèle Tommy Brenneck
à la guitare. L’ensemble produit un étonnant contraste entre la musique
fiévreusement funky et les paroles dramatiques de Charles qui tire les émotions
du fond de sa gorge. Superbe artiste, superbe concert.
samedi 28 avril 2012
The Minutes + Wankin’Noodles, La Maroquinerie, 25 avril 2012.
Pas de doute, pour l’amateur de décibels en manque d’action
et de sensations fortes, c’était bel et bien à la maroquinerie qu’il fallait
être ce mercredi soir…
The Minutes |
On commence avec The Minutes en provenance d’Irlande. Mêlant
habilement heavy metal et rock garage, le trio construit un mur du son énorme
(et quand je dis énorme il faut bien comprendre ENORME). C’est ahurissant,
limite effrayant. Mené par un chanteur complètement possédé (à peine un moitié
de chanson jouée et il est déjà dans la fosse, c’est dire) qui toise le public
en lui jetant des regards exorbités et visant les spectateurs avec sa guitare
(belle collection de guitares demi caisse soit dit en passant) tel un sniper
rock n’roll le groupe fait grosse impression. Mais la grande force des Minutes
c’est d’apporter distance et recul par rapport au bruit brut grâce à des
rythmiques swing (le batteur assure quand il faut jouer du chabada). Le
chanteur réclame souvent au public une petite danse, c’est donc possible. Belle
découverte en tout cas.
On continue ensuite avec les Rennais de Wankin’ Noodles
(dont on reparlera très bientôt) qui débarquent précédés d’une réputation
scénique absolument pas usurpée. Comparé au déferlement de décibels qui a
précédé les Wankin’ Noodles semblent presque modeste. C’est pourtant un groupe
qui en live joue un rock garage particulièrement énergique. Elégants et stylés
(cravates blues brothers de rigueur) le quatuor est mené par Régis, un showman
né. Charismatique ce dernier défie le public dès le premier titre en sautant
dans la fosse, cela doit être sa manière de dire bonsoir. Les autres ne sont
pas en reste, mention spéciale pour le guitariste qui grimpe sur les enceintes
avant de sauter, et en particulier Romain, le mini Brutus derrière la batterie,
sosie de Michael Chiklis (la chose dans les quatre fantastiques). Enlevé et
très en verve (ah « Tu dormiras seule ce soir », « L’amour dans
le noir »…) le groupe rivalise sans problème avec la scène anglo-saxonne, les
champions du rock garage. Les Wankin Noodles jouent avec un tel enthousiasme
que n’importe quelle scène leur est gagnée d’avance, barrière de la langue ou
pas. Il se dégage de leur prestation quelque chose de primal comme une
étincelle rock n’roll. Si tout se passe bien, ils iront loin, c’est tout le mal
qu’on leur souhaite…
mercredi 25 avril 2012
Quantic & Alice Russell with the Combo Barbado, Le Trabendo, 24 avril 2012.
Changement d’horizon pour Alice Russell. Dans la foulée dans
son dernier album, enregistré en Colombie, la soul woman britannique est
revenue dans un Trabendo, refait à neuf avec une très belle fresque murale
nostalgique des eighties, entouré de son nouveau groupe. Ils sont donc six sur
scène : piano, batterie, percussion, batterie, basse (ou contrebasse),
guitare (ou accordéon) et violon. Si le son est différent, et beaucoup plus latin,
le rythme, sous-entendu le groove et le swing, restent intacts. L’ambiance est
toutefois différente, plus détendu, relax peut-être un peu moins dansante et
funky. Plus lente aussi. Le violon amène parfois une ambiance un peu
mélancolique. La voix, superbe, d’Alice est toujours là, rappelant qu’elle est
une des plus grande chanteuse à l’heure actuelle, et profite de ce contexte
inédit pour briller de mille et nouveaux feux. Lorsque Alice s’éclipse pour
laisser la vedette à son groupe et que le guitariste troque son instrument pour
un accordéon, l’ambiance n’est définitivement plus la même. La fin du concert
et les rappels qui ont suivi, ont marqué le retour vers un funk plus brute de
décoffrage et le groupe entier semble porté par l’énergie du percussionniste
particulièrement enthousiaste et d’un bassiste énorme. Le pianiste, que l’on a
bien failli ne pas voir, victime de problèmes de visa, assure aussi et amène
une note plus jazzy derrière son clavier électrique vintage. Ce fut au final
une belle soirée placée sous le signe du swing et de l’exotisme.
lundi 23 avril 2012
Electric Empire
Electric Empire, trio venu d’Australie, excelle dans le
registre soul funk. Tirant son inspiration des années 70, l’age d’or du genre,
le trio offre un album confondant de réalisme. On croit écouter Marvin Gaye
(« Baby your lovin »), Stevie Wonder (« Brother » et une
bonne moitié de l’album) ou Curtis Mayfield (« Have you Around » ;
les percussions d’« Everything i am »). Et bien non, triple non,
c’est Electric Empire, c’est Australien et le disque est sorti cette année. Cas
de conscience : le groupe n’invente rien. Bah oui, mais il le fait
tellement bien. Appelons ça un péché mignon, c’est le genre de disque que l’on
a écouté des dizaines de fois, il est même probable que l’on l’ait déjà dans sa
discothèque sous un autre titre avec un logo M en bas à droite. Oui c’est vrai,
mais on aime ça. D’autant que l’album est varié, et pioche également dans le
registre plus sixties du rythm’n blues (« Yes i will »). Et puis les
musiciens sont doués, très doué. Le guitariste Dennis Dowlut maîtrise à la perfection
l’art de la wha-wha tel un digne héritier de Dennis Coffey ou de Curtis
Mayfield. La batterie groove à point, les claviers sont délicieusement vintage
et le chant passionné. De la vraie soul en somme. Simple, direct, brut sans
production alambiquée, il ne fait pas de doute que l’album vieillira bien, tel
un bon cru. Son seul défaut véritable est d’être un peu trop long. Un groupe à
classer dans la lignée des productions du label Daptone, d’Eli« Paperboy » Reed, de Mayer Hawthorne ou bien encore de Nick Waterhouse. A suivre…
En concert le 16 mai à la Bellevilloise.
dimanche 22 avril 2012
Thea Hjelmeland : « Oh the third »
Jeune artiste d’origine Norvégienne, chanteuse et multi
instrumentiste, Thea Hjelmeland a débuté la musique très jeune dès l’enfance
avec le piano. Thea Hjelmeland a la particularité de faire beaucoup de choses
par elle-même avec parfois l’aide de quelques amis musiciens ou de sa famille
(Papa à l’harmonica, son frère à la batterie) ce qui donne à sa musique des
airs artisanaux et bricolo. Sa maîtrise des différents instruments à cordes
(guitares, banjo, mandoline, ukulélé) confère à son folk un côté roots tendant
parfois vers la country ou le jazz sans que ces influences étouffent sa
personnalité musicale singulière. Thea ne copie personne, ne cherche pas à
recréer une époque révolue, mais cherche, invente sa personnalité musicale. Composant
des morceaux plutôt courts, les chansons de Thea ressemblent à des petites
vignettes, comme autant de cartes postales, envoyées depuis les différentes
étapes de son exil (Cuba, la France). Chanteuse au registre assez étendu, Thea
Hjelmeland incarne véritablement ses paroles ce qui donne un corps
particulièrement consistant à son chant passionné. Avec en plus une
prédisposition pour le songwriting et le talent pour signer des compositions
pop qui n’ont rien de classique mais qui accrochent bien l’oreille. Un album
plein de charme et un talent à suivre. Rafraîchissant.
samedi 21 avril 2012
Botibol : « The Wild Cruises »
Botibol continue tranquillement son chemin tranquillement
installé dans son sud-ouest natal. Ce nouvel EP de quatre titres constitue une
nouvelle étape dans l’évolution du projet qui a mué en un quatuor de quatre
musiciens avec dorénavant trombone, trompette et synthétiseurs. Conséquence,
Botibol s’éloigne de l’aspect folk-bricolo du premier album pour aller vers
plus de pop. L’adjonction des cuivres constitue une avancée vers son plus
coloré, ensoleillé parfois proche de la musique brésilienne (« The
Islands ») même si on est assez loin de la pure bossa nova. Plus
aventureux, Botibol se rapproche également des sons psychédéliques
(« let’s go riding »). Enfin « Blue » conclut cette
nouvelle mini livraison avec une approche dépouillée renouant avec l’acoustique
du premier album. Un excellent EP en forme de trait d’union en attendant que
l’aventure se poursuive avec le deuxième album du groupe prévu pour 2013.
Interview avec Marshmallow
Faire de la pop anglo-saxonne tout en chantant en français
n’est pas impossible. La preuve avec les quatre garçons de Marshmallow.
Rencontre…
Comment vous avez commencé le groupe ?
Marshmallow : On est des amis d’enfance. Quand on a
commencé au départ c’était pour s’amuser. C’est vraiment devenu sérieux il y a
quatre ans quand on a rencontré Pierre (le batteur, ndlr). Il nous manquait le
batteur, véritable. Quand Pierre est arrivé, paf, c’était parti.
C’est à ce moment là que vous avez commencé à
composer ?
M. : On avait commencé avant…
J’ai lu dans votre bio que vous avez donné environ 300
concerts…
M. : 300 cette année (rires). Non, 300 depuis que
Pierre est arrivé.
Ca fait une belle petite expérience de la scène…
M. : Oui mais il y a de tout là-dedans, des salles, des
cafés concerts et même des bars miteux. De tout !
La scène c’est un exercice que vous abordez comment ?
Fred (chant) : Au départ ça me stressait beaucoup. Une
semaine avant j’étais chez moi à me demander comment j’allais faire et pourquoi
jouer en public. Et finalement à force d’en faire beaucoup, c’est l’effet
inverse. Ca me stimule et j’ai envie d’y aller !
Pierre (batterie) : C’est un peu les deux. Il y a
toujours une appréhension pour la première note, après le plaisir reprend le
dessus.
On pense beaucoup aux Beatles à l’écoute de l’EP. Vous avez
d’autres influences ?
M. : Beaucoup les années 60, les Kinks, les Zombies… Sinon
pour les groupes récents, Supergrass mais eux aussi viennent des Kinks et des
sixties. Donc, en fait, c’est toujours pareil !
A votre avis elle vient d’où cette fascination que tout le
monde a pour les sixties (et moi le premier d’ailleurs) ?
M. : On vient d’Egletons, une petite ville de Corrèze.
On n’avait pas internet alors on écoutait la radio, nostalgie. Et sur nostalgie
c’était les Beatles ou Jean-Jacques Goldman. On a préféré les Beatles. Les
groupes qui sont arrivés dans les années 60 avaient tout à inventer, aucune
barrière. C’était génial ! De nos jours, c’est super difficile d’inventer
quelque chose. Les sixties étaient très riches.
Et quand on fait de la musique, cette idée que tout a déjà
été fait avant, ce n’est pas un peu frustrant ?
M. : Tout n’a pas été fait. Nous on fait de la pop
anglaise chantée en français. Les professionnels n’arrêtent pas de nous mettre
dans une case, c’est donc que notre cocktail n’a jamais été proposé avant.
Préserver la mélodie, c’est le challenge de Marshmallow. Pendant très longtemps
on a composé des mélodies sympas. Mais le manque de savoir-faire au niveau des
paroles, parce qu’on tenait à chanter en français, rendait les choses bancales.
Ca nécessite un apprentissage. C’est pas mal de travail. Au départ on écrivait
des paroles et puis on chantait le truc et on ne retrouvait pas la mélodie initiale.
On s’est aperçu qu’il fallait une pratique de l’écriture pour arriver à faire
sonner les mots et préserver l’aspect mélodique. Si on n’y prends pas garde, le
français à tendance à donner une couleur chanson française ou éventuellement
rock français mais on arrivait pas à garder ce côté anglais des mélodies.
Téléphone y arrivait bien mais dans un autre registre, c’était plus rock. On
voulait aussi faire un vrai groupe à l’anglo-saxonne. Pas un chanteur et ses
musiciens. On voudrait que tout le monde sache que nous sommes quatre.
Le chant en français c’était un peu perdu ces dernières
années. Comment les textes vous viennent ?
M. : C’est un long chemin, savoir pourquoi tu écrit tel
truc et tout ça… Au départ, on se basait sur le sens du texte. Et ce peut être
pour ça que l’on n’arrivait pas à préserver nos mélodies. Et au fil du temps ça
évolue. Le sens est moins apparent, il faut plus fouiller, parfois je ne
pourrais même pas dire comme ça de mémoire de quoi j’ai voulu parler.
Maintenant on veut surtout créer des climats, une ambiance un peu
cinématographique. Mettre des sentiments en paroles plutôt que de faire passer
un message ou d’expliquer de manière très pédagogique.
Et votre ambiance alors elle serait plutôt estivale (cf. «A
l’heure d’été » ; « Des palmiers sur ton uniforme ») ?
L’été c’est votre saison préférée ?
M. : Printemps/été on va dire… Mais la météo influence
beaucoup nos chansons, soit il y a beaucoup de soleil, soit de la neige comme
dans « le réveillon ». La tonalité générale de l’album va assez « soleil, été et bonne
humeur ». On aimerait qu’il soit reçu comme 35 minutes de bonne humeur.
Pour en revenir à ta question, on faisait tout à l’heure le parallèle avec les
Kinks qui vivaient dans le brouillard anglais et qui composaient des mélodies
super ensoleillées peut-être pour sortir de leur environnement. Nous on était à
Clermont, dans les usines Michelin… C’est peut-être ça, va savoir. Je crois
qu’on chante ce qui nous fait envie, les palmiers, la plage. On n’est pas
originaires de Clermont, où nous sommes arrivés pour les études, mais de Haute
Corrèze, il faisait très froid, c’est encore pire que Clermont-Ferrand.
L’EP a été enregistré en une journée comme une session live.
C’est pour ça que toutes les rythmiques sont à la guitare acoustique, ce qui
donne un petit côté démo ?
M. : On a fait une tournée des Parcs entre juin et
septembre. On jouait dans tous les squares de Paris. Sous le kiosque. Et avec
un matériel très léger : deux enceintes, un micro, une cymbale, une caisse
claire et basta ! Et en fait on voulait retranscrire sur cet EP ce qu’on a
fait pendant deux mois dans les squares. On arrive au studio, on s’installe et
trois-quatre on y va. On met l’accent sur la guitare acoustique, la rythmique
un peu en arrière plan. Mais ça va changer sur l’album à venir, il y aura du
clavier, du piano…
Et les harmonies vocales ? C’est un aspect qui m’a
frappé à l’écoute de l’ep…
M. : Les beach boys font parti des groupes qu’on a
écoutés. Mais on ne s’est pas dit : « tiens on va faire des harmonies
vocales pour copier les beach boys… C’est venu assez naturellement sans poser
vraiment de questions. Eux avaient aussi des voix qui s’y prêtaient bien, ils
pouvaient monter très haut et avaient des timbres qui se mariaient bien
ensemble. C’est à la base une volonté de faire une musique avec des chœurs et
il se trouve que c’est possible avec les voix de chacun. C’est pour ça que l’on
a mis en avant.
Vous avez d’ailleurs fait la première partie des Beach Boys
au Grand Rex l’été dernier…
M. : On leur a mis la pâtée (rires) ! Ils nous
appelé pour une tournée mondiale (rires) ! En tout cas sur l’affiche
c’était rigolo. D’avoir jouer avec les Beach Boys, symboliquement, ça nous
faisait plaisir. Même si ce n’est pas non plus le truc du siècle. La Corrèze
des années 1990/2000 avec la Californie des années 60.
De toute façon ce n’est plus vraiment les vrais Beach
Boys !
M. : Apparemment, ils se relancent en ce moment avec
Brian Wilson.
Le titre « La réalité », reprise d’Amadou &
Mariam, tranche un peu avec le reste…
M. : L’originale avait été enregistrée avec Manu Chao.
A la base la chanson ne ressemble pas du tout à ce qu’on en a fait. On avait
envie de faire une reprise en français. On voulait éviter ceux qu’on admire à
mort genre Gainsbourg. On a essayé bien sur, mais on a vite vu que ce n’était
pas très intéressant pour un groupe comme nous. Ca été entendu mille fois. On a
plutôt essayé de trouver un truc qui était moins évident mais que l’on pouvait
s’approprier. C’est notre éditeur chez Sony qui a pensé à « La
Réalité ». Sur le coup on s’est dit oui effectivement ça tranche, on n’y
aurait pas pensé tout seuls. Et puis on a essayé avec nos guitares. Et on a
réussi tout de suite à vraiment se l’approprier.
Quand je l’ai écouté j’ai vraiment senti le contraste entre
la mélodie, assez joyeuse comme les autres d’ailleurs, et les paroles plus
sombres…
Fred (chant) : Ce qui me plaisait aussi, c’est que je
pouvais chanter tous les mots sans me poser de questions. Ce qui n’était pas
forcément le cas avant. Sur les autres reprises qu’on a essayé il y avait
parfois des tournures qui me gênaient… Par pudeur. Des mots que je n’aurais pas
écris moi-même et que je n’aurais pas oser chanter. Genre : « Oh mon
Amour… » à tue-tête. J’ai du mal à déclarer mon amour dans un micro. Sur
l’ep il n’y a que trois chansons à nous et c’est vraiment le soleil, le soleil,
le soleil. Mais sur l’album il y aura quelques chansons un peu moins joyeuses.
Plus sombres mais sans aller chercher la torture mentale non plus.
C’est aussi peut-être un inhibant de reprendre quelqu’un
dont on est très fan. On n’ose pas trop modifier…
M. : Ca c’est sur. C’est moins bloquant de déstructurer
une chanson que l’on connaît moins bien. Avant de la jouer, je n’étais pas chez
moi en train d’écouter « la réalité » tous les jours. Même si
l’original est vachement bien. Je la connaissais vaguement de la radio. On se
lâche plus facilement.
Est-ce qu’il y a une forme de pression quand on est un jeune
groupe qui sort son premier disque ?
M. : C’est quand même la crise du disque et nous on a
envie que ça marche et la pression se situe là. On ne veut pas louper le coche.
On n’est plus dans les années 60 où t’as des mecs que te disent :
« on vous produit 14 albums ! ». On ne veut pas foirer notre
entrée. C’est ça la pression. On est conscient que le consensus n’est pas
possible et ce n’est pas forcément très bon de rassembler tout le monde.
Diviser ça peut être pas mal aussi. On s’affirme dans un style et on sait que
cela ne peut pas plaire à tout le monde. Malgré tout on a très envie qu’un
maximum de monde se joigne à nous.
C’est quand même dur un premier album. D’un côté il faut que
ça marche mais de l’autre tu n’as pas encore la maturité pour faire un chef
d’œuvre du premier coup…
M. : C’est sur. Néanmoins, on est content de ce qu’on a
fait et des gens avec qui on l’a fait. C’est un processus qui s’est bien passé
du début jusqu’à la fin. C’est encourageant. Certaines séances de studio
peuvent être très compliquées si les gens avec qui tu travailles n’ont pas la
même façon de fonctionner. Les journées peuvent très longues. Tu commences à te
prendre la tête et tout. Alors que des fois en cinq minutes tu as une chanson.
Là, tout s’est passé naturellement. On a réussi à garder de la fraîcheur. J’ai
réussi à tout chanter en une ou deux prises. Ce qui n’est pas forcément
évident. On a travaillé avec Yarol Poupaud et Fred Jimenez. Yarol sentait très
bien que si l’un d’entre nous était prêt à faire un truc, il ne passait pas
quatre heures à brancher un micro. C’était, vas-y et on verra après. Il a
vraiment préservé la fraîcheur du groupe. C’était vraiment très bien. Le studio
c’est plus un photo finish de ce qui existe déjà. C’est plus comme dans les
années 90 où tu pouvais booker un studio quatre mois pour composer en studio. Nous
on était prêt avant. Pour en revenir à la pression, on essaye de ne pas se
poser trop de questions, ça ne fera pas avancer les choses de toute façon.
Restons de bonne humeur. De toute façon nous on est à fond dedans, on a tout
donné pour que ça marche.
Propos recueillis le 2 février 2012.
Sortie de l’album « A l’heure d’été » le 4 juin
2012.
En concert à Paris le 30 avril (le lautrec) et le 18 juin
(nouveau casino), à Clermont-Ferrand le 6 juin (Coopérative de mai) et aux
francofolies de la Rochelle les 13 et 14 juillet.
vendredi 20 avril 2012
The Popopopops : « A quick remedy »
Premier EP de quatre titres pour ce jeune quatuor Rennais au
nom impossible à orthographier mais prédestiné. Point de
« popopopops » à la NTM ici mais une appétence particulière pour la
new wave et la pop (british, of course) des années 80 en général. Branché sur
courant alternatif, entre phases hypnotiques (l’incantatoire « My mind is
old », « Wavelenght ») et brusques emballements rythmiques
(« R n’R »), les Popopopops dessinent les contours d’un univers
singulier, en noir et blanc incorporant toutes les nuances de gris. On y trouve
des guitares répétitives, des beats obsédants et quelques claviers vintage
millésimés. Et il est aussi possible d’y danser (« Halcyon Days »).
Dans le genre c’est assez réussi, à condition toutefois d’aimer les années 80.
A voir sur la durée d’un album…
www.thepopopopops.com
jeudi 19 avril 2012
The Enjoys
Jeune formation originaire d’Ile de France, les Enjoys sortent leur premier album. Derrière des atours pop, parfois teinté d’électro dansante, les Enjoys sont traversés par une foudre authentiquement rock n’roll. Quelles guitares !!!! Aussi efficace en anglais qu’en français ces quatre là ont en plus le sens de l’accroche qui fait que chaque composition prend des airs de tube en attente. Pratiquant le grand écart temporel, cet album trouve naturellement sa place entre les 60s fondatrices et le vingt et unième siècle pour ce qui est de la production. Transporté par une euphorie contagieuse, une énergie qui ne l’est pas moins, ce quatuor ne demande qu’à prendre vos oreilles d’assault. Laissez-vous faire, The Enjoys un groupe qui porte bien son nom !
http://www.dailymotion.com/swf/video/xdgohc?theme=none
http://www.facebook.com/#!/pages/The-Enjoys/124996255110
http://www.facebook.com/#!/pages/The-Enjoys/124996255110
Wheat : "Don't i hold you"
Et une autre petite perle pour vous, "Don't i hold you" extrait de "Hope and Adams", premier (et à ma connaissance seul) album des Américains de Wheat sorti en 1999. Groupe, originaire du Massachusetts, complètement oublié de nos jours et c'est bien dommage... Magnifique chanson, tout simplement. Enjoy !
Spain : "Untitled #1"
Puisque le groupe se reforme (enfin presque) et qu'un nouvel album est annoncé, le premier depuis 2001, il est certainement temps de se faire un petit revival. Voici le groupe en live à Nulle Part Ailleurs en février 1996. Toujours aussi magique...
www.spaintheband.com
mercredi 18 avril 2012
Bo : « Schyzopolis »
Question : faut-il confiance à un type qui vous
proclame, tout de go, je suis Dieu ? Réponse : Oui ! Enfin,
surtout si le type en question, s’appelle Bo et qu’il sort ces jours-ci son
troisième album, Schyzopolis. « Dandy parisien », la formule donne
généralement envie de fuir (souvent à raison) mais pourtant sur ce coup-là on a
tort. Doté d’une belle plume et d’un sens de la formule qui fait mouche
(« I’ve got the blues, des idées noires qui partouzent… »), l’univers
de Bo n’en finit pas de séduire (« Je suis Dieu », « No more Mr
Nice Guy ») en français comme en anglais. Classique dans sa forme,
s’appuyant sur des guitares et des pianos, Bo puise son inspiration dans le
glam rock et la pop des années 70, styles auxquels il rend un hommage appuyé
(« Lou Reed »). Ce classicisme est renforcé par la richesse des
arrangements, cordes, cuivres voire même un soupçon d’électronique (« Saké
»), car notre Bo est un jeune homme de notre temps. C’est aussi un crooner
pop-rock complètement barré des temps modernes avec une belle voix au registre
assez large (le frappadingue « Tokyo »). A noter également la
participation de la sublime Brisa Roché le temps d’un « Chemical
Kick » qui met dans le mille dans un registre plus intime et dépouillé. Un
très bel album à la folie dévastatrice.
mardi 17 avril 2012
Bumpkin Island : « Perfect Life EP »
Nouveau venu sur la scène francophone, Bumpkin Island se
distingue par des arrangements assez élaborés entre acoustique et dream pop. En
dépit de leur attirance certaine pour les guitares folk, l’électronique n’est
pas un gros mot pour ce collectif de huit membres et apporte une couleur
parfois pop un peu kitsch mais sympa (« Perfect life ») ou carrément
rêveuse (les nappes de claviers de « CI »). Dernier titre de cette
mini livraison de trois chansons, la reprise de « Sunday Morning »
(Velvet Underground) montre que les Bumpkin Island ne sont pas perméables aux
sixties. Etonnante reprise d’ailleurs ou le groupe prend, avec bonheur, ses
distances avec l’original parsemant le titre de trompette. Une belle petite
surprise.
Bumpkin Island sera en concert gratuit à l’occasion du
Disquaire Day le 21 avril prochain. Concert en plein air, Place Ste Marthe
(Paris 10ème) à 16h.
Perfect Life - Bumpkin Island from bumpkin island on Vimeo.
Alexx and Lio : « The Mooonshine tracks »
Changement provisoire de direction pour Alexx et Lio, la
cheville ouvrière des Mooonshiners dont ils sont respectivement chanteuse et
guitariste. Si les Mooonshiners se distinguent sur la scène blues hexagonale par
leur attaque frontale de la note bleue apportant une énergie rock aux douze
mesures, la nouvelle livraison du duo est acoustique. Ce mini album composé de
six reprises (inédites) péchées dans le répertoire classique des années 50 et
60 est un retour aux sources, pour le duo qui accouche d’un résultat pour le
moins tellurique. Mais la grande révélation, si on peut dire, c’est bien Alexx,
l’ancienne punkette devenue blueswoman sur le tard, qui assure ici comme un
chef, sans décibels ni effet de manche. On ne l’avait jamais entendu comme
cela (enfin on ne se refait jamais tout à fait écoutez là dans "Caroline"). L’absence d’électricité lui fait du bien et met en valeur sa voix.
Terrien et apaisé, cet EP est la bande son idéale pour les après midi au soleil
allongé sur l’herbe.
lundi 16 avril 2012
April : Sunderlands
Troisième album pour ce duo aquitain composé de la chanteuse
Flora et du multi-instrumentiste Jibé. Avant de se consacrer à April, ce
dernier a été chanteur-guitariste dans un groupe de métal (« Silence is
crime »). Pour son nouveau projet, Jibé a décidé de prendre, un peu, le
contre-pied de ce qu’il faisait avant et ce sera April, un duo mélancolique,
mélange de pop sombre où prédominent le piano, les arrangements de cordes et la
voix féminine de Flora (même si il lui arrive de chanter également). Comme le
veut l’adage populaire, on ne se refait pas, et Jibé incorpore de nombreux
éléments venus du rock et du métal dans ce nouvel opus (les guitares de
« One hundred years with you », « Frame by frame » et la
rythmique typiquement métal du morceau d’ouverture « Breaking
bones ») accouchant d’un disque à la tonalité assez sombre mais péchu
quand le besoin s’en fait sentir. Le tout est chanté en deux langues :
anglais et français. Ni tout a fait rock ni franchement électro (en dépit de
quelques boîtes à rythmes et autres traitements sonores), April navigue entre
différentes eaux car le duo revendique également l’influence de la musique
classique. Son dernier album est à la fois mélancolique, mélodique et tendu
comme un ciel orageux.
dimanche 15 avril 2012
Yossi Sassi : « Melting Clocks »
Guitariste particulièrement côté dans le milieu du heavy
metal, co-fondateur du groupe Orphaned Land, l’Israélien Yossi Sassi sort son
premier album solo « Melting Clocks ». A l’instar de son compatriote,
le contrebassiste de jazz Avishai Cohen, Yossi Sassi opère un retour vers ses
sources orientales. Comme une manière pour l’orient de rencontrer l’occident,
les accents métal de la guitare et de la batterie sont contrebalancés par
l’utilisation d’instruments traditionnels tels que le bouzouki, l’oud, le saz,
le chumbush… Véritable tête chercheuse, Yossi Sassi est un multi-instrumentiste
inspiré (il pratique 17 instruments différents) qui a soigné son album. Loin
d’être un simple concept mi-world, mi-métal, « Melting Clocks », est
avant tout un album riche, aux ambiances variées, arrangé, composé et produit
avec méticulosité. Si les guitares sont omniprésentes et les riffs d’une
puissance dévastatrice, le disque est loin d’être uniquement un simple album de
métal, Yossi Sassi n’ayant pas peur de sortir de sa zone de confort, cf.
« Fields of Sunrise » dont le piano évoque un peu le jazz.
Majoritairement instrumental cet effort s’offre également quelques
interventions lumineuses au chant ("Melting Thoughts"). Doté d’un toucher fin et précis, Yossi Sassi
a également su trouver la note juste en matière de six-cordes évitant les
démonstrations par trop ostentatoires et les soli à rallonge. Efficace comme
tout bon disque de rock qui se respecte, à la fois mélodique et dépaysant,
« Melting clocks » est avant tout un voyage musical en forme de rêve
éveillé.
samedi 14 avril 2012
Interview avec Anna Aaron.
Toute timide et cachée derrière son piano, l’avant bras
couvert d’un gros tatouage, Anna Aaron nous a accordé une interview. Originaire
de Bâle, la jeune Suissesse a frappé un grand coup avec son album « Dog inSpirit », sorti en début d'année, accouchant d’une œuvre à la fois
accessible et difficile d’accès. D’un abord un peu timide et réservé Anna Aaron
a bien voulu répondre à quelques questions en français, langue qu’elle parle
relativement bien mais ne maîtrise pas complètement. De fait, ses réponses sont
parfois lapidaires et émaillés de longs silences, qui lui sont nécessaires pour
trouver les mots justes. Rencontre.
Tu sors ton premier album, dans quel état d’esprit
es-tu ?
Anna Aaron : Le disque est déjà sorti l’été dernier en
Suisse. Cette sortie en France, c’est un peu comme un nouveau début. Personne
ne me connaît ici. On part d’une feuille blanche. C’est un recommencement, pas
comme une première sortie, j’ai déjà vécu tout ça en Suisse.
J’ai été surpris par l’album. Il est à la fois mélodique
(Sea monsters) et il y a aussi un côté plus sombre, plus expérimental (Elijah’s
chant). Comment décrirais-tu ton univers artistique ?
A.A. : Je pense que les morceaux qui sont les plus
importants pour moi sont ceux comme « Elijah’s Chant » ou « Fire
over the forbidden mountain », avec une rythmique assez forte. Les
chansons mélodiques font aussi partie de moi, mais c’est une autre facette.
J’aime bien écrire de jolies mélodies, mais j’ai toujours l’impression après
coup de ne rien dire. Au final c’est juste une jolie mélodie sans plus.
Et donc en fait tu cherches à en dire plus dans les morceaux
plus sombres ?
A.A. : Ouais avec les rythmiques fortes et les sons un
peu bizarres, j’ai l’impression de pouvoir aller plus loin.
Et vers quoi ?
A.A. (rires) : Créer plus d’atmosphère, créer un espace
où on peut regarder à l’intérieur et trouver de nouveaux (elle cherche ses
mots) trucs ! C’est plus dans la confrontation que l’on trouve.
Dans ta biographie tu dis « c’est une forme de violence
psychologique que je chante ». Est-ce que tu peux nous en dire un peu
plus…
A.A. (rires) : Ce n’est pas vraiment la vérité, c’est
une expression que j’ai utilisé une fois. Et bon ils aiment la répéter. J’ai
parlé un peu de la conception de Dieu, et ce qui m’intéresse c’est de savoir
comment un être aussi puissant et grand peut faire peur. Souvent dans notre
culture on a rapport amical avec la religion. Comme si Dieu était un ami, le
père. Moi je me suis posé la question, et si Dieu était un monstre, comment ça
se passerait ? Quelque chose de très puissant qui fait peur. Et qui n’est
pas toujours proche, qui peut être loin et caché. Le mystère… Ca me manque des
fois dans les églises, personnellement.
A l’opposé il y a ton morceau « Where are you David »,
qui sonne très Californie 60s, Crosby Stills and Nash…
A.A. : La chanson est très très simple avec peu de
changements d’accords. Un peu dans cette tradition. En même temps les cœurs,
les harmonies vocales sont assez élaborées. Le producteur du disque est aussi
très fan de Crosby Stills and Nash ça vient peut-être de la production du
morceau.
C’est un peu à l’opposé de ce qui t’intéresse le plus
finalement ?
A.A. : Oui. Je ne sais pas si « Where are you
David » est un morceau très profond (rires).
Erik Truffaz est invité sur l’album…
A.A. : Le producteur est le bassiste du quartet d’Erik.
C’est lui qui l’a appelé : « Quand est-ce que tu viens jouer sur le
disque ? ». C’était facile en fait.
C’est un peu étonnant de l’écouter dans un contexte plus
pop…
A.A. : Ca c’est bien passé avec lui. En même temps Erik
n’est pas limité au jazz. Et son approche du jazz est déjà assez particulière.
Même si ma musique n’est absolument pas jazz, lui il comprend très bien ce que
je fais et il s’intègre très bien dedans.
Et ça a été facile de mélanger les deux univers ?
A.A. : Ouais, moi je trouve ça naturel.
Et il y aurait d’autres musiciens que tu voudrais
inviter ?
A.A. : Pour l’instant je ne sais pas…
Comment composes-tu, quelles sont tes sources
d’inspirations ?
A.A : Pour moi c’est très important de sentir le
morceau. Je le sens dans l’endroit où je suis comme s’il s’agissait d’un corps.
C’est physique. Un morceau je dois le sentir avec tout mon corps, les oreilles,
les yeux… Mais ce n’est pas toujours comme ça. Des fois c’est dur de suivre le
morceau…
Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais ?
A.A. : Pour moi la question ne s’est jamais posée. J’ai
appris l’anglais à 5 ans. Ca toujours été ma « langue poétique ».
Quand j’écris pour moi, c’est toujours en anglais.
Tu aimerais essayer dans d’autres langues ? L’allemand
par exemple, c’est ta langue natale…
A.A : Non je n’ai jamais essayé. C’est peut être la
peur de sortir de ma zone de confort.
Comment as-tu commencé la musique ?
A.A. : A 12 ans par des cours de piano. J’ai commencé à
écrire chez moi, un peu. Il n’y a pas vraiment de début. C’est un processus qui
se développe pendant des années.
Et l’idée d’en faire ton métier…
A.A : Je pense que la musique est arrivée chez moi et
c’était évidemment que je devais en faire. Je n’ai pas vraiment choisi, ce
n’était pas exprès. C’est plus une réalisation. C’est ma vie.
Il y a d’autres formes d’art qui tu aimerais essayer ?
A.A. : J’ai envie ouais mais je sais que je ne suis pas
forcément douée…
Et comment ça se passe sur scène ?
A.A : On est quatre : un batteur, un bassiste qui
fait aussi un peu de guitare et Emilie Zoé qui fait les chœurs et la guitare.
Il y a du sampler aussi de temps en temps…
Tu aimerais faire du piano solo ?
A.A : Des fois je le fais. Il y a des intermèdes solos.
Mais je préfère le groupe. C’est bien qu’il y ait quelques morceaux solos dans
le set mais ce n’est pas le premier truc que j’aimerai faire.
Ce qui te plait dans le groupe c’est la dynamique, le fait
d’être à plusieurs ?
A.A : Oui. J’adore ça. Avec le groupe ça se passe
vraiment très bien. On s’entend très bien aussi personnellement. La rencontre
avec le batteur et le bassiste, Emilie Zoé est arrivée un peu après, m’a
marquée. Vraiment. Je n’avais jamais eu une telle expérience avant. Jouer avec
d’autres personnes et que cela marche aussi bien. J’étais euphorique. J’ai ri
et j’ai pleuré pendant deux semaines. C’était vraiment de la folie. Quand ça se
passe comme ça, tu sais que cela va marcher. Ca semble naturel. Ca te donnes de
l’énergie. C’est facile de jouer ensemble, on ne doit pas se forcer, ça ne
ressemble pas à du travail. Ca vient naturellement. C’est de l’énergie qui se
développe dans le groupe. Et quand Emilie Zoé nous a rejoint, on ne s’est même
pas posé la question si cela allait marcher où non. C’était évident depuis le
premier jour. On a vraiment de la chance. C’est rare, il faut apprécier.
Tu as étudié la philosophie et la littérature…
A.A : Oui mais j’ai pas fini mes études. J’ai fait
quelques semestres. Je pense que je n’aurais pas autant pris la mythologie
comme base d’écriture si je n’avais pas étudié la philosophie. Mais en même
temps, je ne pense pas que la philosophie ne m’inspire pas tant que ça. C’est
plutôt ton mode de pensée qui change. C’est très difficile à expliquer. C’est
la structure de ta pensée qui change. Pas vraiment les thèmes concrets. La
littérature, ça c’est autre chose. La lecture élargit ton horizon. C’est très
utile pour l’écriture.
Propos recueillis le 24 novembre 2011.
vendredi 13 avril 2012
Polock : « Fireworks »
Premier EP pour ce groupe espagnol et déjà une bonne petite
(première ?) claque à son écoute. Elevé au son de la pop indé, Polock fait
honneur à ce style avec une classe qui n’a rien à envier au modèle anglo-saxon.
Mélodiques, riches en atmosphères, subtil mélange entre guitares et claviers et voix séduisante du chanteur, et bien produits, ces quatre premiers titres sont pour le moins enivrants. Bien
trop tôt pour en arriver à une quelconque conclusion sauf que l’on tient là une
affaire à suivre d’assez près… 17 minutes de bonheur, en attendant plus ?
mercredi 11 avril 2012
Pamela Hute : "Just like this"
En attendant son nouvel album, "Bandit", prévu pour le 27 août prochain, voici la nouvelle vidéo de Pamela Hute : "Just like this".
This year’s girl : « Personal Ghosts »
Les lecteurs fidèles de ce blog le savent, Besançon est
l’une des places fortes du rock dans notre hexagone, même si la scène bisontine
est assez injustement ignorée à l’échelle nationale. Nouveau venu, le quatuor
This year’s girl possède toutes les qualités nécessaires pour confirmer cette
tendance de fond. Biberonné à la scène indé des années 90 et début 2000, This
year’s girl propose un album que renierait pas ses illustres
prédécesseurs : power pop mais avec un son ample et riche en climats
éthérés grâce à l’apport de précieux claviers : «The Half floor »,
« Love & Rocket ». Pourtant dans power pop, il y a power, ce
qu’il ne faut surtout pas négliger au risque de paraître abêtissant en moins de
temps qu’il ne faut pour le dire. Concept parfaitement intégré par This year’s
girl qui, sous les fameux climats évoqués plus avant, brûle d’un feu rock
n’roll pas piqué des hannetons. Ce qui se sent particulièrement dans les
parties de batteries qui régulièrement explosent les compositions, dans les
voix parfois un peu à l’arrache (qui rappellent un peu Clap your hands say yeah
mais en moins saoulant) et dans les guitares qui, entre deux arpèges
atmosphériques, claquent avec sécheresse ("Personnal Ghost", "In the wind"). De la belle ouvrage.
lundi 9 avril 2012
Sadd : « Lovers High Week End »
Doté d’une plume intéressante, Sadd sort ce premier album
riche en mélodies pop. Même si il ne s’interdit pas à l’occasion quelques
incursions en territoire plus rock (« J’ai pas envie » ;
« Ma Londonienne ») où psychédélique (l’amusant instrumental
« High » ; « On vaut mieux que ça ») la base de son
écriture reste la guitare folk, « Pardonne moi », ou le piano,
« Cette main qui tend la mienne ». Faisant honneur à son patronyme,
Sadd œuvre dans une pop riche en climats qui laisse parfois poindre un soupçon
de mélancolie au détour de quelques textes un peu désenchantés. Dans ses
meilleurs moments « Lovers High Week end » prends des allures de
classique pop immédiat, les mélodies sont travaillées et le tout est très bien
produit sous influence 60s. Malheureusement pour son premier effort Sadd a été
un peu trop gourmand avec un album de 16 titres dépassant l’heure. Certains
titres un peu plus faiblards procurent un sentiment de lassitude et l’attention
baisse un peu parfois. L’album, aussi bon soit-il, n’aurait pas souffert d’être
un peu plus court.
dimanche 8 avril 2012
Ginkgoa
Premier EP et donc première trace discographique pour cette
sympathique formation qui jusqu’à présent était essentiellement concentrée sur
la scène (voir les live reports par ici). Ginkgoa, projet mené par le
guitariste/auteur/compositeur Antoine Chatenet était à l’origine un groupe
porté sur la chanson française tendance acoustique (« Qu’est-ce que je
peux faire », « Moi pas du tout »). La donne a radicalement
changée avec l’arrivée de la chanteuse Nicolle Rochelle, Américaine exilée à
Paris, qui apporte au groupe une note jazzy et swing (cf. « Queen of
swing » ; « De New York à Paris »). Il en résulte cet
excellent EP de cinq titres et chanté en trois langues différentes (français,
anglais et espagnol) écrit avec beaucoup de soin tant au niveau des musiques
que des paroles. Au terme d’un va et vient constant entre les deux cultures
évoquées précédemment Ginkgoa finit par trouver son identité quelque part au
milieu de l’océan Atlantique. Et c’est un bien beau voyage qui commence ici.
samedi 7 avril 2012
Festival Cool Soul #2 : The Dustaphonics + Wraygunn + Barrence Whitfield and the Savages, La flèche d’Or, 4 avril 2012.
Deuxième édition pour cet excellent festival mettant en
valeur le rock garage, subtil mélange entre rock n’roll avec une dose de groove
directement hérité des musiques Noires. Suite au déménagement du Bataclan vers
la flèche d’or (une salle nettement plus petite), les groupes se produisant sur
les petites scènes annexes ont disparus. Trois groupes seulement (contre le
double l’an dernier) mais une soirée qui gagne en lisibilité et qui ne perd
rien en musicalité vu la forme affichée par chacune des formations à l’affiche.
On commence donc avec les londoniens Dustaphonics mené par
le guitariste Français Yvan Serrano, exilé depuis 20 ans en Angleterre, et la
chanteuse Kay. L’alliance entre grosses guitares et voix féminine typée soul
n’est pas nouvelle et la formule n’est pas sans rappeler nos Bellrays adorés.
Cependant les Dustaphonics ont leur personnalité propre et un son plus orienté
sixties entre surf music et rockabilly dans lequel les guitares qui font
« twang » d’Yvan s’épanouissent pleinement. C’est également un groupe
remarquable capable de passer dans la même foulée du rock brut à une
sensibilité jazz swing. D’excellents musiciens dont le feeling n’est pas pollué
par une technique par trop ostentatoire. Une formation attachante à découvrir
au plus vite si cela n’est pas déjà fait.
Déjà présent l’an dernier avec son projet solo Legendary Tiger Man, Paulo Furtado est de retour sur la scène de festival Cool Soul avec
son groupe Wraygunn. Et la soirée monte soudainement en intensité. Groupe
formidable que ces Wraygunn que l’on avait un peu perdu de vue ces dernières
années. Les Wraygunn sont sept : deux chanteuses, deux guitares, basse, batterie
et percussions. Un Wraygunn nouvelle formule avec moins de claviers mais plus
axé sur les guitares. Et c’est un subtil alliage de musiciens, deux chanteuses
complémentaires dont les voix se marient à
merveille : Selma au timbre soul et grave et la brunette Raquel qui
a plus d’ampleur. La section rythmique groove sacrement grâce aux percussions
qui amènent plus de pêche et une note latine qui sied à merveille à ce groupe
originaire de Coimbra (Portugal). Percussions qui d’ailleurs rappellent un peu
le grand Curtis Mayfield. Et enfin, last but not least, les guitares sont
l’élément rock du groupe qui nous a gratifié de beaux duels de six cordes. Du
rock donc mais aussi du blues, Paulo (qui chante également) étant loin d’être
maladroit avec un bottleneck. Et enfin ce qui ne gâche rien ce sont des bêtes
de scènes à l’image de Paulo qui traverse toute la salle et finit en chantant
debout sur le bar. Et les deux chanteuses apportent incontestablement une
touche sexy… Le groove de Wraygunn fait du bien et on peut bien l’avouer ils
nous ont manqué. On attend vivement le nouvel album « Art Brut » dont
la sortie est prévue pour septembre.
Enfin la soirée se termine avec ce qui restera pour moi la
grande révélation de la soirée, le vétéran New-Yorkais, Barrence Whitfield et
ses Savages, chantre d’une soul/rock nerveux et particulièrement bien sentie et
doté qui plus est d’un organe impressionnant.
www.myspace.com/wraygunn
www.myspace.com/thedustaphonics
www.barrencewhitfield.com
www.myspace.com/barrencewhitfield
www.myspace.com/thedustaphonics
www.barrencewhitfield.com
www.myspace.com/barrencewhitfield
dimanche 1 avril 2012
Lee Fields and the Expressions, La Maroquinerie, 31 mars 2012.
Lee Fields, chanteur de soul devenu célèbre sur le tard la
soixantaine entamée, était de retour sur une scène parisienne, celle de la
maroquinerie. Un concert de Lee Fields se déroule à l’ancienne, le groupe fait
tout d’abord son entrée en scène. Ils sont six musiciens, un clavier (vintage
of course), trompette, saxophone et la formation classique : batterie,
basse et guitare. Charge à eux de faire chauffer la salle, monter l’ambiance. Tâche
dont ils se sortent avec les honneurs grâce à deux thèmes instrumentaux funky à
souhait. C’est donc sous un tonnerre d’applaudissement d’un public bien chaud
que Lee Fields, un mini James Brown, à fait son entrée sur scène, impeccable
dans son costume trois pièces, une entrée de star à l’ancienne. Showman inné,
Fields nous a gratifié de ses quelques pas de danses, un peu maladroits certes
mais touchants. Mais ce qui impressionne le plus chez lui c’est sa voix. Un
timbre unique, un peu cassé mais dans lequel on sent le poids des années et si
c’était ça la vraie soul music. Les morceaux au romantisme exacerbé
(« Honey Dove », sublime ; « You’re the kind of
girl ») alternent avec des tempi plus élevés. Son groupe, The Expressions
est impeccable. Complètement emporté, le public, nombreux, a réservé une
ovation rare à Lee Fields juste après « Faithful man » qui a obligé
ce dernier à mettre le concert en pause quelques minutes. Parfaitement calibré
pour un petit club en sous-sol avec briques rouges comme la maroquinerie, Lee
Fields nous a transporté. Pour un peu on se serait cru à New York. Grand
moment.
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