Chez Sulfur City
tout respire le bon goût, celui d'un rock aux fortes effluves
sixties, trempé dans le (rhythm n') blues (cf. « Sold »)
où un orgue de bon aloi contrebalance une guitare sauvageonne.
Derrière le micro on retrouve Lori Paradis, un sacré personnage qui
fût entre autres, chauffeur de poids lourds, peintre en bâtiment ou
barmaid. Autant d'expériences qui nourrissent sa musique et
apportent un petit supplément d'âme perceptible dans son chant
évoquant Janis Joplin (cf. la pochette) sans toutefois l'égaler,
faut pas abuser non plus. Simple, efficace et surtout bien envoyé
par le biais d'un excellent bassiste dénommé Steve Smith (quel sens
du swing dans ces quatre cordes!), alternant les mid tempos blues
jazzy pleins de charme (« Ride with me ») et le rock
n'roll basique mais redoutable (« Whispers ») teinté de
soul (l'excellente « War going on ») ces revivalistes
Canadiens nous balancent un album aux allures de classique immédiat
qui, s'il ne changera pas la face du monde, est bien parti pour nous
faire groover tout l'été.
samedi 30 juillet 2016
jeudi 28 juillet 2016
Leyla McCalla, le duc des lombards, 27 juillet 2016.
(c) Sarrah Danziger |
J'espère que vous allez chanter avec moi… En même temps, comment dire non à un si joli sourire ? Pieds nus, entouré de ses deux musiciens, Daniel et Free, Leyla McCalla nous a offert un joli moment de musique en ce mercredi soir. On a été ému, on a rigolé, on a surtout voyagé le long de la partition. Situé au confluent du jazz et du folklore cajun, Leyla a, une grosse heure durant, inventé la musique d'un pays imaginaire, à forte connotation créole, entre ses racines haïtiennes et la Nouvelle-Orléans où elle a élu domicile, usant d'instruments hors d'age -violon, banjo, violoncelle, triangle et une antique guitare- s'exprimant en trois langues différentes (anglais, français, créole). La musique redevient alors ce qu'elle ne devrait jamais cesser d'être, un cocon festif et convivial, un refuge à l'écart de la violence folle qui s'empare du monde. Qu'elle en soit ici remerciée.
http://leylamccalla.com/
https://www.facebook.com/leylamccallamusichttp://leylamccalla.com/
mercredi 27 juillet 2016
Bosco Rogers : « Post Exotic »
Apparu sur nos
radars le temps de deux très bons Eps, les Anglais de Bosco Rogers
sont de retour avec un premier album en bonne et due forme. Et vu
l'excellence jusqu'ici affichée par le duo, c'est peu dire que la
chose était attendue avec impatience. Plongé dans un univers rétro,
fasciné par les sixties, Bosco Rogers excelle dans des petites
chansons dépassant rarement les trois minutes où se bousculent les
influences venues de la pop psyché (« The Middle »), le
western (« The Million ») ou la surf music (« Anvers »).
En cela, Bosco Rogers se démarque de nombre de duos blancs (White
Stripes) ou noirs (Black Keys) apparus depuis le début des années
2000. Bien que marqué par le garage rock, comme ses prédécesseurs
(cf. « Post Exotic »), Bosco Rogers se charge d'emmener
le genre plus loin, y ajoutant une note pop personnelle créant ainsi
une sorte de pendant miniature, ascétique et moderne de la pop made
in Beach Boys ; contrecarrant la puissance de la guitare par des
arrangements ambitieux (« French Kiss », « Beach
Beach Beach », « Buttercup »). La barre est ainsi
placée assez haut et en dépit d'une petite baisse de forme en fin
de programme, le disque est suffisamment ensoleillé et charmant pour
devenir notre compagnon de l'été.
lundi 11 juillet 2016
BD Harrington : « The Diver's Curse »
De son Irlande
natale à Londres, ville où il a posé son baluchon en passant par
Toronto où il a grandi, c'est peu dire que BD Harrington a roulé sa
bosse sur différents continents. Un parcours initiatique qui se lit
sur son visage buriné par les vicissitudes de l'existence. Barbe et
chapeau sur la tête, ce dernier se présente tel un hobo, le genre
de type que l'on croise sans le voir, gratonnant ses chansons dans un
couloir anonyme du métro ou sur n'importe quel bout de trottoir.
« The Diver's curse » est son troisième disque. Au
départ, ce dernier était conçu comme un album intégralement solo
avant qu'un groupe de musiciens anglais ne viennent mettre la main à
la pâte pour réinterpréter la chose. L'album gagne ainsi en
profondeur. Le feeling général reste folk, intime, délicatement
arpégé, les doigts du guitariste effleurant les cordes avec douceur
(cf. « Boxers hit harder »). Mais l'apport du groupe
se fait sentir dans les arrangements lorgnant du côté de la musique
celtique (« Ressuci-Anne ») ou faisant évoluer la
musique d'Harrington dans une ambiance évoquant le blues (« Sleepy
John ») ou le jazz lent. Un album nocturne où le talent de
conteur d'Harrington fait merveille, à écouter le soir…
mercredi 6 juillet 2016
Eurockéennes de Belfort 2016.
Vendredi 1er
juillet :
Ah la belle saison
des festivals qui recommence et on retrouve notre site préféré,
celui du Malsaucy, bordé de deux étangs et de la magnifique scène
de la plage…
Une première belle
découverte pour commencer le week-end, avec Pumarosa groupe
d'obédience plutôt cold mais pourtant traversé par une guitare
dansante et funky. Pumarosa donne envie de danser à l'image de sa
magnifique chanteuse. Vint ensuite la première grosse affaire du
week-end, The Last Shadow Puppets. Après un premier album sorti en
2008, le duo formé de Miles Kane et d'Alex Turner (Artic monkeys)
s'était fait plus discret, chacun vaquant à ses occupations
personnelles. Les occasions de les voir en concert se font donc assez
rares. Le duo se présente en version enrichie avec section
rythmique, clavier et quatuor à cordes pour une cavalcade pop
acoustique mais transpercée de fuzz psyché, l'occasion pour Kane
d'assouvir ses fantasmes de guitar-hero. Turner, l'air faussement
cool et détaché dodeline du postérieur à l'attention des groupies
du premier rang. Tout cela semble un peu trop forcé pour être
honnête. Musicalement, le rendu live alterne le bon et le moins bon,
perturbé par un son assez moyen. Dommage… Que serait un festival
sans coup de cœurs ? On ne le sait toujours pas et on ne le
devinera pas cette année puisque, alors que déboule Chocolat sur la
scène du club loggia, on vient de trouver notre premier de l'année.
Entre garage et rock stoner, les Canadiens pratiquent un
bourdonnement heavy, hypnotique et psychédélique fortement inspiré
par les 70s : on adore ! Amplis Vox et guitare
Rickenbacker, ces Québécois ont du goût ! Un petit tour par
la grande scène nous confirme qu'en dépit de la machine à tubes,
on ne saisira jamais tout à fait l'hystérie collective qui s'empare
du Malsaucy pendant le passage des Insus (ex-Téléphone). Une petite
visite nostalgique de ce morceau du patrimoine rock hexagonal,
l'heure nostalgique de la fin de semaine. On termine la soirée avec
deux sacrés morceaux : la soul moite de Nathaniel Rateliff qui
fidèle au patronyme de son groupe les Night Sweats nous aura bien
fait transpirer au cœur de la nuit. Sur la scène de la plage Ty
Segall nous aura délivré un show hallucinant, survolté, entre
garage et grunge, dont le volume sonore démesuré nous a laissé KO.
Sur ce, il est trois heures du matin et on va se coucher…
Samedi 2 juillet :
Mais que se
passe-t-il sur la scène de la plage ? L'endroit est toujours
aussi magnifique, quel dommage que le son soit aussi mauvais.
D'autant plus que c'est l'excellent trio garage Yak, dont le chanteur
est le sosie de Mick Jagger, qui en fait les frais… Un peu plus
tard on retrouve Last Train, une vieille connaissance jouant
quasiment à domicile. Si le groupe dispose d'un potentiel certain,
encore faudrait-il sortir de l'ombre envahissante de BRMC pour
l'exploiter totalement. Le quatuor peut également améliorer sa
gestion des passages instrumentaux parfois au bord du chaos et trop
brouillon. Pas mal cependant. Forte personnalité, Elle King illumine
la scène de la green room. Tatouée, le timbre puissant, cette
dernière évolue dans un registre teinté de blues et de country,
n'hésitant pas à sortir le banjo (le genre de détail qui ne peut
que nous plaire) à l'occasion, parsemant ces idiomes d'un soupçon
de pop ou de reggae pour mieux les faire accepter d'un public
incapable de saisir la finesse de la country. Belle découverte.
Cruel dilemme ensuite faut-il aller voir les Allah las ou Pokey
Lafarge programmés exactement en même temps ? Quel dommage. On
optera finalement, avec bonheur, pour la deuxième option. Chapeau de
travers, salopette en jean, Pokey Lafarge décroche haut la main la
palme du musicien le plus élégant du week-end. Mais chez Lafarge
l'élégance n'est pas uniquement vestimentaire mais également
musicale. Contrebasse, banjo (décidément), clarinette, Lafarge
évolue dans un style rétro, entre country, blues et jazz au swing
délicat. A noter une belle reprise de « You never can tell »
pour finir. D'une pâleur digne de Pee-Wee Herman, Lafarge a
déclenché une belle hystérie dans le public qui danse façon
country. Malheureusement les cris et autres discussions couvrent la
musique, largement acoustique, qui gâchent l'écoute du moment le
plus musical de cette fin de semaine. A revoir en intérieur. Un
détour par le jardin des souvenirs plus tard, on retrouve Beck,
héros de notre adolescence. Chouette set, on remercie l'inventeur de
l'écran géant sans qui on n'aurait pas vu grand-chose… On
retourne ensuite dans le cadre intime de la scène du club loggia
pour la belle découverte du jour, les Irlandais d'Otherkin qui
retournent le public pour leur premier concert français. Dans le
genre indie, teinté de punk, le tout jeune quatuor fait preuve d'une
belle énergie à défaut d'être fondamentalement original. Mais
comment ne pas succomber à une telle fraîcheur ? Changement de
registre radical ensuite en compagnie de l'électro cotonneuse,
planante et teintée d'influences 70s d'Air. Chouette moment musical
pour redescendre en douceur. On termine la soirée en compagnie de
Foals sur la green room. Se jouant des clichés, Foals provoque la
même excitation qu'un bon vieux groupe de rock n'roll tout en
privilégiant une approche originale et créative ne ressemblant à
rien de connu. Il ne fait point de doute que les Londoniens possèdent
une patte bien à eux, un son de guitare cristallin et un batteur
toujours au point de rupture. Un grand groupe.
Dimanche 3 juillet :
Nouvelle déception
sur la scène de la plage en compagnie de la pourtant talentueuse
Courtney Barnett dont le son catastrophique a complètement gâché
la performance. Trop de basse, on n'entends rien, fait impensable, on
part avant la fin… Le banjo serait-il l'instrument star de cette
année ? On se pose la question alors que l'excellent songwriter
Kurt Vile sort le sien sur la scène du club loggia. Entre
délicatesse acoustique et fulgurance électrique et un soupçon de
modernité par le biais d'une boîte à rythme utilisée avec
parcimonie, Kurt Vile ressemble à l'enfant naturel que Bruce
Springsteen et Neil Young n'auront jamais ensemble. Très chouette.
Dommage cependant que son set chevauche celui de Mac Demarco dont on
a raté le début. Toujours aussi cool, le Canadien invite les
spectateurs à venir le rejoindre pour assister au show depuis le
côté de la scène, offrant même sa tournée de bière. Sa copine
Courtney Barnett en profite pour venir festoyer avec le groupe. Entre
pop et garage, avec une guitare cristalline bien à lui, toujours
aussi décontracté, Demarco nous a offert le moment le plus
convivial et débonnaire de ces trois jours. Dieu sait si on
vilipendé The Kills sur cette page… Le retour du groupe
s'accompagne d'une petite révolution culturelle puisque le duo se
produit maintenant en groupe avec section rythmique et clavier. Il en
résulte une énergie nouvelle pour le groupe et pour la première
fois on apprécie… Belle (re)découverte. Il y a un an à Rock en
Seine, Tame Impala nous avait déçu. Si le groupe navigue toujours
entre pop et psyché, la nouvelle orientation que Kevin Parker a
donné à sa musique, plus électro, axée sur les synthés plutôt
que sur la guitare nous avait quelque peu dérouté. Il a finalement
fallu un an pour que le groupe s'approprie ces nouveaux sons. Le
rendu live du soir est méconnaissable, le concert est une véritable
explosion de joie à l'image féerique des confettis projetés dans
le ciel, un moment festif ! Signalons l'excellente prestation de
Julien, le batteur français du groupe, aussi efficace sur un kit
électronique qu'acoustique. Il s'agît d'un retour en grâce pour le
groupe. Que serait un festival sans une dose de métal ? Sur la
scène du club loggia Sleep occupe le créneau avec grâce. Groupe
mythique formé il y a 26 ans qui a préféré splitter plutôt que
compromettre sa vision, Sleep fraîchement reformé est de retour.
Pionnier du doom/stoner, Sleep pratique une musique virtuose,
bourdonnante, répétitive et hautement addictive. On termine notre
week end en compagnie des mythiques ZZ TOP et de leur boogie
imparable. Toujours aussi blues et heavy, le trio nous étonne
lorsque Dusty délaisse sa basse au profit d'un synthé qu'on entend
à peine. Pour le reste, dans un décorum évoquant l'univers
mécanique et la bagnole, le trio a balancé ses tubes avec une belle
maîtrise. A noter une belle reprise d'Hendrix. A l'année prochaine.
Inscription à :
Articles (Atom)