samedi 30 septembre 2017

Benjamin de Roubaix : « Chansons d'Amour ! »



Fils de l'illustre François de Roubaix, un grand nom de la musique de film des années 1960/1970, Benjamin partage avec son Père un goût pour les voyages et l'exotisme et un don certain pour mettre ces derniers en musique. Mais là s'arrêtent les comparaisons. Car après un premier album instrumental («L'homme des Sables ») dans les pas du paternel, Benjamin s'essaye à la chanson sur son deuxième disque et ces dernières sont forcément « d'amour ». Ainsi donc « Chansons d'Amour !» est un disque qui voyage, de Nouméa à l'Afrique en passant par l'Amérique Latine, au gré des arpèges délicat des guitares acoustiques et des percussions exotiques. S'il fallait qualifier le musicien (multi-instrumentiste guitare, trombone), on dirait de lui qu'il est cool, tranquille (il suffit de le rencontrer pour s'en persuader), un sorte de JJ Cale, qui gratouille sa guitare alanguie, chante tranquillement pas vite de sa voix mélodique et parfume ses chansons d'effluves jazz exotiques. Sa musique est à son image et on écoutera son disque tout l'hiver en rêvant aux prochaines vacances.

http://www.benjaminderoubaix.fr/
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vendredi 29 septembre 2017

Hotel : « Express Checkout »



Le titre de disque nous invite à quitter les lieux au plus vite. Pas sur cependant que l'on ait envie de se séparer tout de suite. Premier EP donc pour cette formation formée autour du duo Anne et Victor. Cinq chansons, assez variées, sont au menu entre titres chaloupés, (« Silence Turner ») et ambiances plus feutrées, alanguies (« Macadame », l'atmosphérique « Ma Rivière », peut-être la plus belle du lot). Bilingue, aussi bien à l'aise en français qu'en anglais, Hotel produit un pop ouvragée, un peu psyché (« Blue Bamboo Rocketship » sous influence Tame Impala), parfois progressive (« Ma Rivière » qui sonne comme un inédit d'Air) et un peu rétro, tendance 80s. Le genre de disque à écouter dans un bar (d'hôtel, pardi!) sous un néon rose fluo (« Makin the rules », « Blue Bamboo Rocketship »). Mais on retient surtout cette habileté à mixer et guitares et claviers, à faire cohabiter électricité et électronique. Belle ouvrage.
https://www.facebook.com/hotel.band

jeudi 28 septembre 2017

Fleurs de Paris de France de Griessen


Artiste pluri-disciplinaire (musicienne, actrice, aquarelliste...) France de Griessen ajoute une corde supplémentaire à son arc et publie, le 25 octobre prochain, son premier livre. Partie à la rencontre de plusieurs fleuristes parisiens (17), l'auteure tend à porter un autre regard, plus artistique, sur la profession. Richement illustré (d'après les extraits que l'on a pu lire, ce beau livre s'annonce magnifique) par l'artiste (photos et aquarelles) et truffé de références culturelles à la musique ou au cinéma, l'ouvrage illustre, en creux, le lien que France de Griessen a toujours entretenu avec la nature.

"Fleurs de Paris" de France de Griessen
Editions AAM, Collection "L'âme romantique d'une ville"

Par ailleurs la dernière exposition de l'artiste, "Aux rêveurs les mains pleines", est visible jusqu'au 11 octobre prochain à l'Arrosoir (80, rue Oberkampf, 75011).

Chapelier Fou : « ! »



En attendant son nouvel album (sortie prévue le 20/10) et histoire de fêter dignement ses dix ans, le Messin revisite sa propre histoire le temps de cette compilation fleuve (18 titres, 80 minutes) regroupant ses trois premiers Eps, enregistrés en 2007 (à l'exception de « Al Abama » et « Hahahahaha ? ») et sortis entre 2009 et 2012. Pour l'occasion, Chapelier Fou a totalement repensé son travail, en termes de tracklisting et d'artwork ; les titres ayant également été remixés et remastérisés. L'occasion pour nous de constater que, depuis ses débuts, l'univers onirique de Chapelier Fou a toujours été extrêmement abouti et qu'il n'a pas son pareil pour délivrer des petites pièces addictives avec la juste dose d'expérimentation (« Le grand n'importe quoi » qui rappelle Kraftwerk). En effet, la balance est délicate entre électronique, légèrement froide, entêtante et répétitive (« Trèfle », « Right place and time left »), et chaleur acoustique (la rêveuse magnifique « Horse ») comme le souligne le violon mélancolique qui orne parfois ses compositions (« Darling, darling, darling... », « Doodling hands », « Postlude ») et fait le lien avec la musique de film des années 1970. Et si le digne héritier, fils illégitime, de François de Roubaix c'était lui ?

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mercredi 27 septembre 2017

DAAU : « Hineininterpretierung »



Relativement méconnu dans nos contrées, ce groupe belge au patronyme allemand absolument imprononçable fête ses 25 ans d'une manière assez originale, réenregistrant 20 pièces marquantes de son répertoire sur ce nouvel album, certains anciens membres faisant même leur retour pour l'occasion. Habitués que nous sommes au rock et aux grosses guitares, la proposition musicale, sophistiquée, complexe et expérimentale de DAAU peut, de prime abord, désarçonner l'auditeur. Car, point d'amplis en surchauffe ici, mais du violoncelle, de la clarinette et de l'accordéon, entre autres, au service d'un répertoire n'évoquant rien de vraiment connu, ni de franchement défini, mais plutôt une myriade d'influences diverses discrètement évoquées ici et là. Le geste et l'intensité dégagée peut rappeler celle d'un groupe punk-rock («Drieslagstelsel 1 et 2», « Voodoo Sim », « Waltz Delire ») ; l'acoustique chaleureuse de la contrebasse, présente de loin en loin, nous ramène du côté du free jazz (« Berlin-Deventer-Antwerpen », « Lounja la gazelle ») mais l'intention générale reste orientée vers une sorte de musique classique délocalisée dans les Balkans (cf. l'accordéon d' « Orange »). Sans oublier une paire de « chansons » rudement bien troussées (« Gin & Tonic ») servies à merveille par une voix rocailleuse à la Tom Waits (« Highway Tiger »). C'est donc à un corpus particulièrement riche et complexe que se frotte l'auditeur et il ne fait nul doute qu'un temps d'adaptation est nécessaire et une écoute répétée requise. Mais, difficile de ne pas succomber au charme de cette musique, pour le coup franchement originale, et, surtout, voyageuse. C'est ainsi mille images mentales qui se bousculent à l'écoute de cet album qui n'a pas fini de faire travailler l'imagination. Pour les rêveurs de tout bords…

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lundi 25 septembre 2017

Expo après la répète du 6 au 21/10


Et après la répète, que se passe-t-il, les groupes une fois rendus à la "vie civile" ? Epineuse question à laquelle le photographe Alexandre Bré tente d'apporter une réponse tout au long de 12 portraits, saisis sur le vif, en noir et blanc. Textes rédigés par la rédaction de Songazine (plus votre serviteur) et vernissage le 6 octobre prochain avec les excellents The Saintcyr en showcase. Début des hostilités à 19 heures.

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Exposition "Après la répète"
Du 6 au 21 octobre 2017
Galerie Stardust
37, rue de Stalingrad, 93310 LE-PRE-SAINT-GERVAIS
Métro Hoche, ligne 5

vendredi 22 septembre 2017

Beauty and the Beast, Théâtre Clavel, 21 septembre 2017.

(c) Régis Gaudin

(c) Régis Gaudin

Une fois n'est pas coutume, c'est sur une scène de théâtre, et non dans une salle de concert à proprement parler, que l'on a retrouvé Beauty and the Beast. Un choix particulièrement pertinent en l'espèce tant le duo cultive l'art de la comédie par le biais de petites mise en scènes notamment sur leur chanson d'amour (intitulée « J'me casse »!) où les musiciens s'échangent leurs instruments au cours de la même chanson. Car si ils ne sont que deux, Roxane et Michel, multiplient les différentes formules : contrebasse, guitares, ukulélé, mandoline, kazoo et un mini kit de batterie. Tout un attirail propre à mettre en valeur la diversité de leurs influences, du blues au jazz, en passant par une note rétro frenchy chic, évoquant la chanson française à base de textes décalés et inspirés par les petits tracas du quotidien. Le tout dans une ambiance fraîche, légère et humoristique. Tous les ingrédients sont ainsi réunis pour une soirée réussie. Comme ils l'avaient promis, le concert s'achève avec une pointe de hard rock : une reprise d'AC/DC (« Highway to hell) à la mandoline, dans la lignée des Hayseed Dixie !

mercredi 20 septembre 2017

Lukas Nelson and Promise of the Real



Fils de la légende Willie Nelson, on avait repéré Lukas Nelson et son groupe Promise of the Real l'an dernier en backing band du grand Neil Young. On a largement fait pire comme parrainage. Et c'est bien dans les pas de ces deux grands de la musique, et plus généralement dans la lignée des songwriters des années 1960/1970, que s'inscrit Lukas et son groupe, produisant un délicat mélange au mitan du folk, de la country et du rock. Mais ce disque est un véritable effort de groupe et rappelle l'approche jam de certains groupes de ces mêmes années. Ainsi, la musicalité et la précision du geste des musiciens est assez impressionnante et, surtout, mise au service d'un répertoire de haute volée, finalement bien plus intemporel que nostalgique. Au fil des plages, Lukas dévoile aussi un séduisant grain de voix, riche et tout en nuances, avec une petite brisure dans le fond de la gorge, débordante de feeling, laissant transpirer le vécu et les émotions, qui sert à merveille ses textes ancrés dans le quotidien. Si vous avez aimés récemment les Magpie Salute ou le Tedeschi Trucks Band, il y a de fortes chances que vous succombiez également au charme de ce sublime album...
En concert le 19 octobre à Paris (Café de la Danse)

Otherkin, bientôt en France...

(c) Gregory Nolan
Grande nouvelle ! Ils nous avaient séchés sur place l'an dernier aux Eurockéennes de Belfort, les Irlandais d'Otherkin seront bientôt de retour en France pour deux dates, le 1er décembre au Cargo (Arles) et le lendemain, 2 décembre à la Mécanique Ondulatoire (Paris). Le premier album du groupe, "Ok" sortira quant à lui le 29 septembre prochain.

dimanche 3 septembre 2017

Grit : « Shred of tales »



Dans la foulée de deux excellents Eps (chroniques ici), Grit continue sur son excellente lancée. On retrouve donc, avec bonheur, ce rock racé, mâtiné de power pop, qui pour une fois ne se revendique pas des années 70 mais trace sa propre voix, en équilibre entre décibels envoyés avec conviction et des petites audaces sonores dans les arrangements qui suffisent à élever le tout au-dessus de la moyenne (cf. « Sister », "Divided by two"). Une batterie solide (« Ready or not ») et une voix manquant de s'étrangler sur chaque titre complètent le tableau. Mais le quatuor impressionne surtout par son entregent, son énergie dévastatrice et cette tension sous-jacente qui habite les morceaux et semble sur le point d'éclater à tout moment. Un album d'excellente facture et un groupe à découvrir.

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samedi 2 septembre 2017

Carousel Vertigo, Dr Feelgood les Halles, 01/09/2017


Hier soir, dans la petite salle surchauffée au sous-sol du bar rock des Halles, le bien nommé Dr Feelgood, les franco-américains Carousel Vertigo présentaient, en live, leur nouvel album (chronique ici) à paraître le 29 septembre prochain et tant pis pour les grincheux qui réclament, toute la soirée durant, « le troisième titre du premier album ! ». Car avec ce nouvel effort, Carousel Vertigo s'impose comme une terrible machine à rock n'roll, le terme est choisi avec soin, en l'espèce, le roll à toute son importance, comme ils le prouvent en reprenant avec maestria Chuck Berry. Le fond reste très marqué par le hard rock des années 70, Led Zeppelin (le guitariste Jansen arbore un magnifique tee shirt millésimé 1977 du groupe) et Deep Purple (cf. l'orgue). Pourtant sans rien renier de son appétence pour les décibels qui font tâche, le quartet fait preuve d'une ouverture intéressante vers la musique noire américaine, l'harmonica endiablé nous ramène vers le blues alors qu'une mini section de cuivres, sax et trompette (sept musiciens sur la minuscule scène, ça se bouscule!) viennent apporter un supplément de swing et de soul. Les titres s'enchaînent comme des perles énergie et bonne humeur sont au rendez-vous, on passe une bonne soirée et suivant les mots du guitariste Jansen : « On transpire ensemble, c'est cool ». A la guitare, Vince, le chanteur, et Jansen s'échangent les positions rythmiques et solistes lorsque le groupe attaque « Don't take it to the heart », le moment émouvant de la soirée comme l'explique, en anglais, Jansen : « On pensait en avoir fini avec le nouvel album et puis il y a eu la fusillade au Bataclan. J'ai tourné autour du riff, puis Vince et les autres gars sont venus et en une journée on avait fini la chanson ». Un moment extrêmement émouvant en fin de cette très belle soirée de rock et de roll.

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Peter Perrett : « How the west was won »



Déjà, en 1978, à la tête de son groupe The Only Ones, Peter Perrett, en bon fan de Bob Dylan et du Velvet Underground, faisait figure d'exception au sein de la scène punk anglaise. L'âge aidant, Peter laisse maintenant libre cours à ses obsessions musicales avec ce deuxième album solo qui paraît vingt ans après le premier (« Woke up sticky », 1996) et un long combat contre les addictions diverses qui ont grandement parasité sa carrière et sa vie personnelle : c'est le come-back surprise de l'année ! Et il est réussi haut la main ! Le temps a ceci de formidable, il nous débarrasse du superflu et nous invite à ne retenir que l'essentiel. Dans le cas de Peter, il s'agît de la musique. Ce nouvel album est formidable, les titres s'enchaînent comme autant de classiques instantanés, sans ostentation aucune, articulés autour des guitares, basse et batterie, petites perles pop qui attendaient sagement de voir le jour. Intemporelles, les chansons sortent aujourd'hui comme elles auraient pu être enregistrées à la fin des années 1960 dans le sillage de celles de ses idoles dont l'influence est particulièrement prégnante sur ce disque. Un merveilleux sens de l'épure qui n'est pas sans rappeler deux autres come-backs récents (et très réussis aussi), ceux de Bill Pritchard et de John Cunningham. A (re)découvrir.

Peter Perrett, live sur le plateau de Nulle Part Ailleurs, en septembre 1996 : 

vendredi 1 septembre 2017

Cory Seznec : « Backroad Carnival »



Globe trotteur infatigable et bien décidé à ne rentrer dans aucune case prédéfinie, Cory Seznec est de retour, avec un deuxième album sous le bras, enregistré après un séjour de trois ans et demi en Ethiopie. Pour autant, notre homme ne s'est pas jeté à corps perdu dans la musique africaine mais a plutôt décidé d'inclure cette dernière (au sens large) dans ses influences au même titre que le blues, le folk, la soul ou la country. Un agrégat musical somptueux que l'on retrouve ici dans toute sa splendeur et servi avec passion. Le risque d'un album patchwork, décousu a été intelligemment évité par l'artiste grâce à sa qualité d'écriture et une interprétation hautement personnelle des différents idiomes précités, mélangés avec une maestria rare. Peu importe, en effet, la diversité des styles abordés, l'essentiel étant que le disque possède une véritable âme, une personnalité qui s'exprime soit à travers les cordes d'un banjo (« Hawk on a haystack », « Let it all go ») ou d'une guitare congolaise (« Tattered Flag »). Ainsi, c'est toute son humanité que l'artiste nous donne à écouter le long de ces dix plages, son expérience (« Colette bar & restaurant ») et ses voyages aussi (« Zanzibar (Ebb & Flow) »). Et lorsque cette dernière est servie par une telle qualité d'écriture, d'interprétation (« Sell you my soul », « Pigeon man ») et une production privilégiant un son intime et chaleureux, la proposition musicale ne peut être que de très haute tenue. A écouter d'urgence.

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