mercredi 31 octobre 2007

Puscifer : V is for Vagina






Maynard James Keenan est, avec Anton Newcombe leader du Brian Jonestown Massacre, l’un des personnages les plus intriguants du rock US. L’homme donne de très rares interviews, n’apparaît jamais en photo sur les pochettes de ses disques, très rarement dans les clips et, en concert, chante parfois en tournant le dos au public. Disons qu’il fait partie de ces artistes qui préfèrent être écouté plutôt que vu. Ce qui dans le fond, n’est peut-être pas plus mal. Maynard James Keenan se divise en trois, le premier est chauve et depuis 1992 est le leader de TOOL, le groupe métal le plus intéressant de sa génération.

Tool débute donc à l’orée des années 1990, son premier EP Opiate, sorti en 92, est dans la lignée « grunge » de l’époque. Rapidement Tool sort de la masse, leur batteur Danny Carey part en Inde où il apprend à jouer des tablas, ces percussions locales, qui deviennent l’un des éléments marquants du « son TOOL ». Les compositions de Tool sont assez denses, avec de longs passages instrumentaux plutôt planants et assez complexes qui alternent avec des déflagrations d’agressivité pure. Un groupe assez difficile d’accès mélangeant des influences psychédéliques, rock progressif et métal gothique. Et puis il y a la voix de Keenan, dotée d’indéniables qualités mélodiques, capable de hurler, fort bien au demeurant, dans le mic mais aussi de chanter avec une palette très large des aigus aux graves.

Le deuxième Maynard est affublé d’une perruque postiche à la Nosferatu et chante dans le groupe A Perfect Circle. APC sort son premier album en 1999 alors que Tool, bloqué dans une impasse juridique avec sa maison de disque, ne peut sortir d’album. A Perfect Circle est beaucoup plus accessible que Tool, distille une imagerie moins malsaine. Hybride métal/new wave assez proche des Smashing Pumpkins (le guitariste James Iha a joué avec les deux groupes). Les deux premiers albums d’APC, « Mer de noms » et « Thirteen Step » sont superbes de colère rentrée avec une tension qui va crescendo. Malheureusement les choses se sont quelque peu gâtées avec « eMOTIVe » le troisième album bâclé, composé de reprises autour des thèmes de la paix et de la guerre où le groupe réussi l’exploit (vain) de rendre cohérent un agrégat d’auteurs compositeurs qui va de Marvin Gaye à John Lennon en passant par Martin Gore (Depeche Mode). Il semble que ce disque (le dernier en date) soit sorti à la va vite, pour se débarrasser d’un contrat avec un label…

Enfin le troisième Maynard est l’unique membre clairement identifié du collectif Pusicfer qui vient de sortir son premier disque « V is for Vagina » (est-il vraiment besoin de traduire ?). Plutôt du genre hyper actif, Keenan, car aucun de ses deux précédents groupes n’est officiellement séparé. Ou trouve-t-il le temps d’enregistrer tous ces disques, sachant qu’en plus il est propriétaire de vignes, producteur de vin et qu’il possède plusieurs galeries d’art contemporain à Los Angeles. Maynard délaisse ici les guitares pour des sonorités plus électro parsemées ici et là de décharges électriques qui nous replacent en terrain connu. Une fois encore sa voix est l’élément qui nous frappe le plus à l’écoute du disque, mélodique sur le très beau « Rev 22 :20 » dans une version au piano assez différente de celle entendue en avant première sur les BO des films « Underworld » et « Saw II », et méconnaissable, très basse dans les graves sur l’excellent premier single « Queen B » et sa rythmique efficace ainsi que sur le très bel acoustique « Momma Sed ». Un album de saison, sorte de bande originale sortie tout droit d’un nanar horrifique. Happy Halloween à tous.

dimanche 28 octobre 2007

PAUL COLLINS’ BEAT







Au Royaumes des Losers, Paul Collins est le champion du monde. Comme beaucoup de belles histoires musicales, la sienne commence dans la belle ville de San Francisco où Paul Collins, alors âgé de 18 ans fonde son premier groupe, le power trio, The Nerves. Aujourd’hui il faut une patience de philatéliste pour retrouver la trace des Nerves, le groupe n’a jamais été signé, n’a jamais enregistré d’album, seulement deux EPs qu’ils vendront après les concerts. Pourtant The Nerves trouvera un petit bout de gloire sous le soleil lorsque leur titre « Hanging on the telephone » deviendra un tube…. Repris par Blondie. Sauf qu’Hanging on the telephone n’a pas été écrite par Paul Collins mais par Jack Lee. Loser vous avez dit loser ? Paul Collins n’aura pas plus de chance avec son groupe suivant The Beat rebaptisé plus tard Paul Collins’Beat. Les débuts furent pourtant encourageant, le premier album éponyme sort en 1979 sur la major Columbia et est produit par Bruce Botnick, connu pour son travail avec les Doors. On a connu pire. L’album se vend très mal. Et pourtant, Collins met au point un son extrêmement novateur pour l’époque. C’est lui qui a inventé ce son « power pop » à base de guitares sur vitaminées au service d’un talent certain pour la composition de standards de moins de trois minutes. Lorsque l’on écoute le Paul Collins’ Beat on ressent une étrange impression de familiarité sans pourtant connaître les chansons. Normal des tonnes de groupes ont décroché la timbale en pompant tous ses plans. The Knack par exemple fera un tube avec « My Sharona » que Paul Collins aurait pu composer par dizaine. Plus proche de nous, on est en droit de penser que Weezer ou American Hi-Fi doivent une fière chandelle à Paul Collins. Lequel n’en a pas fini avec ses ennuis puisque le deuxième album de son groupe « The kids are the same » n’aura pas plus de succès que le premier. S’en est trop pour la major Columbia qui fout Collins dehors. S’en est trop également pour Collins lui-même qui quitte Los Angeles pour s’installer en Europe, en France dans un premier temps, qui l’abrite le temps de deux maxis de son groupe, les derniers du Beat.


Aujourd’hui Paul Collins s’est fixé définitivement en Espagne, pays ou il jouit d’une côte de popularité inédite, après les attentats du 11 septembre 2001. Il enregistre en solo des albums plutôt folk-country et tourne avec une nouvelle mouture du Beat entièrement composée de musiciens espagnols (un passage en février dernier à la flèche d’or, je m’en mords encore les doigts de l’avoir raté). Paul Collins est également particulièrement actif sur la toile et crée de nombreuses pages pour promouvoir son œuvre, trois myspace différents, des pages entières sur youtube, daily motion et même amazon. En sus d’un site internet particulièrement fourni.

http://www.paulcollinsbeat.com/

mardi 23 octobre 2007

Jesus « Sixto » Rodriguez, génie oublié des sixties.







L’histoire est injuste. Le succès mal foutu. Comment expliquer que certains accèdent à une célébrité superfétatoire en s’agitant le popotin sur des plateaux télé scabreux du samedi soir alors que d’authentiques talents restent dans l’ombre des décennies durant. La reconnaissance. Certains courent après toute une vie. Pour d’autres, elle tombe toute cuite. Sixto Rodriguez est originaire de Detroit dans le Michigan où il est né le 10 juillet 1942. Rodriguez a enregistré en tout deux albums studio « Cold Fact » sorti en 1970 et « Coming from reality » publié un an plus tard. Devant l’absence totale de succès sa maison de disque l’a jeté comme un malpropre. Sixto n’a jamais tourné aux Etats-Unis, n’a pas participé aux agapes des différents festivals hippies (Monterrey, Woodstock, Isle de Wight…), il est largement méprisé sur sa terre natale et complètement inconnu en Europe. Peut-être était-il trop en avance sur son temps. On pense qu’une décennie n’a plus rien à offrir, que l’on a tout entendu, que tout a été réédité en double voire triple bonus, et là l’air de rien un Sixto Rodriguez vous tombe dessus, tombé du ciel. Sa musique est indéfinissable. Prenez à la base un songwriter folk, ajoutez-y la grandiloquence typiquement Beatles des arrangements psychédéliques (époque Sgt Pepper), une dose de free-jazz à la soft machine / sweet smoke (album « just a poke ») et une petite touche rythm n’blues pour la bonne note groove. Et voilà vous obtenez Sixto Rodriguez. Les échos de « Sugar Man », la ligne de basse d’ « I Wonder » n’ont pas fini de vous hanter. Comment ce type a-t-il pu à ce point passer à côté du succès ? Enfin pas tout à fait puisqu’il est une authentique star en… Afrique du Sud et en Australie ! D’ailleurs il s’agit des seuls pays où son œuvre en disponible en CD. Et encore pas complètement seul son premier album « Cold Fact » a été réédité. Il existe également un best of (pour un artiste qui n’a enregistré que deux albums !!!) qui malgré les doublons (6 titres sont sur les deux CD) est indispensable, les 5 titres restants sont de vrais pépites. Plutôt que de publier une compilation, le label aurait plus inspiré de rééditer son deuxième album « Coming from reality » qui a ma connaissance est inédit en format CD. Mais enfin que voulez-vous, l’industrie du disque marche sur la tête et bien souvent au détriment des authentiques passionnés, mais il ne s’agit ici que du premier chapitre d’une interminable diatribe, alors arrêtons-nous là et écoutons Jesus Sixto Rodriguez, génie oublié des sixties.

http://www.sugarman.org/

dimanche 21 octobre 2007

Foo Fighters : Echoes, Silence, Patience & Grace.



Douze ans de rock avec les Foo Fighters (les soucoupes volantes). Douze années se sont écoulées depuis que Dave Grohl a fondé le groupe sur les cendres de Nirvana, dont il fût le batteur. Dix ans après leur deuxième album « The color and the shape », que beaucoup considèrent comme leur meilleur, les foos retrouvent le producteur Gil Norton (Pixies) qui leur a fait un son tranchant comme jamais. Ce nouvel opus est leur album le plus équilibré. Sans rien renier de leurs influences punk/métal/pop, ce qui est déjà un sacré cocktail en soi, les fighters agrémentent le tout de guitares acoustiques et de piano. Ce qui est finalement dans la continuité du double album précédent « In your honor », divisé en deux disques, l’un acoustique, l’autre électrique. « Come alive » est assez représentative de ce style, le titre commence comme une ballade acoustique avant de déraper dans un final metal. Autres grandes réussites du disque l’agressive « Let it die » et la délicate « Stranger things have happened ». Mention particulière pour « Cheer up, boys » pop et entraînante ainsi que pour « Summer’s end », leur titre le plus roots à ce jour. Douze ans de rock dans la vie des Foo Fighters, douze ans de rock dans votre existence et dans la mienne.

http://www.foofighters.com/home

samedi 20 octobre 2007

Bettye LaVette : The scene of the crime.


Le retour sur les lieux du crime. La scène du crime c’est le studio Fame à Muscle Shoals en Alabama. C’est là, il y a 35 ans (en 1972) que la native de Detroit a enregistré son premier album « Children of the seventies ». L’album n’est officiellement sorti qu’en l’an …. 2000 grâce au français Gilles Pétard. Dans l’intervalle, la vie, la carrière de LaVette a pris une tournure incroyablement compliquée. Des années à chanter dans l’anonymat de pizzerias et autres bouges. Une carrière brisée qui n’a repris son élan que depuis l’an 2000. Et enfin un début de reconnaissance. C’est dans ces épreuves que Bettye a trouvé sa Voix, son chant incroyable de sincérité et d’émotion. Une voix qui remet à sa place, et de beaucoup, toutes les jeunettes de 20 ans, qu’elles se nomment Amy Winehouse ou Joss Stone, dont on fait grand cas à l’heure actuelle. L’authentique soul elle se trouve dans le chant de Bettye LaVette. Sur ce nouvel album, Bettye est accompagné par le groupe de rock sudiste Drive-by truckers. D’où cette tonalité country et blues plus accentuée (encore que) que d’habitude typiquement sudiste. Autre joueur majeur sur l’album le légendaire pianiste Spooner Oldham un habitué des lieux qui a joué pour des gens aussi divers que Candi Staton, Bob Dylan, Neil Young. Et qui a sorti, avec son compère Dan Penn, un admirable album « moments from this theatre » qui est également son seul disque. La paire Penn/Oldham est d’ailleurs responsable du « A woman left lonely » chanté par Janis Joplin et de la fameuse « dark end of the street » (James Carr). Une sacrée pointure donc. Et l’alchimie fonctionne à merveille…

mardi 16 octobre 2007

Sharon Jones & The Dap-Kings : 100 DAYS 100 NIGHTS.



Enfin le grand retour de Sharon Jones ! Sharon est à la soul music et au rythm’n’blues ce qu’Oasis, Lenny Kravitz ou bien encore les Black Crowes furent au rock. A savoir une plongée dans les années 60 une recréation d’un groove « à l’ancienne » que l’on croyait perdu à tout jamais. Sauf que Sharon, désormais quinquagénaire, aurait, dans un monde parfait, déjà fait une longue carrière. Il n’en est rien puisque les aléas de l’existence ont fait que « 100 days 100 nights » n’est que le troisième album de la soul sister #1. Enfin le quatrième si l’on tient compte de son premier disque « Let’s Get a Groove On » introuvable et véritable éden des collectionneurs (même moi je ne l’ai pas, c’est dire !). Bref, notre soul sister #1, tient son surnom de la ville d’Augusta en Georgia, son lieu de naissance, qu’elle a en commun avec le soul brother #1, Mister James Brown. Très vite elle déménage à New York avec ses parents et chante le gospel à l’église le dimanche matin. Puis s’engage dans une vie faite de petits boulots, entre autres à la prison de Rikers dont elle fut gardienne et chante lorsqu’elle en a le loisir. Et réussi finalement a se faire embaucher comme choriste de Lee Fields puis à se lancer en solo. Musicalement, les dap-kings sont toujours aussi impeccables et distillent ce groove que l’on jurerait d’époque. Les grandes influences de Sharon sont Tina Turner, Otis Redding et James Brown. Après un premier morceau plutôt gospel, c’est une nouveauté chez elle, les pépites funk s’enchaînent sans temps mort. Inutile d’entrer dans une énumération vaine, tout est impeccable, ce disque est fait d’une matière rare, celle qui s’attache aux oreilles et refuse de quitter la platine. Achetez-le c’est plus simple.
http://www.daptonerecords.com/
http://www.teraterre.com/

lundi 15 octobre 2007

Pura Fé + Mighty Mo Rodgers, Le New Morning, 14 Octobre 2007.



Ce week end, dans le cadre du JVC jazz festival, c’est la chanteuse Indienne Tuscarora Pura Fé accompagnée du bluesman de Memphis Mighty Mo Rodgers qui sont venus nous rendre visite.

C’est dans un silence respectueux, quasi religieux, que Pura Fé est venue s’asseoir derrière sa guitare lap steel acoustique. Contrairement à son concert de l’année dernière au Sunset, elle est cette fois accompagnée par le guitariste Danny Godinez qui a joué sur son sublime dernier album « Hold the rain » sorti un peu plus tôt cette année. Les deux musiciens ont commencé leur set avec « Follow your heart’s desire ». Je suis d’emblée un peu surpris par les solos et sonorités quasi rock, très électriques, de Danny Godinez qui tranchent avec l’esprit acoustique qui prédomine sur disque. Sinon Godinez est un excellent guitariste bien aidé malgré tout par toute une profusion de pédales d’effets et autres séquenceurs, ce qui explique que la musique continue alors que lui s’est arrêté de jouer pour transformer sa gratte en djembé ! Et puisqu’on parle de guitare signalons que Pura est elle aussi plutôt virtuose dans son domaine (la lap-steel). Pura Fé, c’est aussi une VOIX qui n’a pas fini de vous hanter. Très mélodieuse, mélodique mais aussi d’une puissance redoutable. Ce petit bout de femme est dotée d’un sacré coffre, elle en fera d’ailleurs la preuve sur un impitoyable duel guitare (Godinez) / voix (Pura Fé) qui a emmaillé « If i was your guitar ». Le set se terminera avec une émouvante reprise de « Summertime » qui fut autrefois chantée par Janis Joplin mais aussi surtout, par la maman de Pura (avec l’orchestre de Duke Ellington) qui explique que bien qu’elle adore Janis (moi aussi) sa reprise est avant tout un hommage à sa maman. Ce fut en tout cas une excellente performance mais ce n’est pas tout car la soirée est loin d’être finie.

En effet, après cette première partie des plus plaisante, ce fût au tour de Mighty Mo Rodgers, dans un style beaucoup plus groove, d’attaquer la scène. Ils sont quatre sur scène Mighty Mo à la voix et aux claviers (piano et orgue), le guitariste Steve et nos deux frenchies, qui forment la section rythmique André Charlier et Jean-Michel Charbonnel (deux anciens du groupe de JJ Milteau). Le set de Mo fut marqué par une violente diatribe envers l’administration de Mr Bush, une déclaration d’amour à la France (qui forme un couple en amour avec les Etats-Unis et avec qui il arrive de se fâcher comme dans tous les couples) et une autre à la ville de Chicago que Mo a fini à cappella debout au milieu de la scène et près du public. Et puisque l’on parle de ce grand Monsieur qu’est Jean-Jacques Milteau (voir mes messages des 25 février et 30 août), précisons que ce dernier n’a pas pu s’empêcher, pour le plus grand plaisir de nos oreilles, de venir partager la scène avec son pote Mo, les deux hommes ayant collaboré par le passé sur l’album « Memphis » de JJ. Et c’est ainsi que l’harmonica de Jean-Jacques est venu une fois de plus embellir ce qui était déjà une fort belle soirée. Soirée qui se terminera sur une note assez forte, la reprise de « Dock on the Bay » d’Otis Redding, avec le public qui sifflera à l’unisson (sauf votre serviteur incapable de siffler). Ce fut, mes amis, une bien belle soirée. Et comme l’avait prévu Mo, la nuit fut courte et la journée du lundi (Monday blues) d’autant plus pénible. J’ai le blues tient…

samedi 13 octobre 2007

The John Butler Trio, L’Olympia, 10 octobre 2007.


Il a fait du chemin John Butler, depuis ses débuts comme musicien dans les rues de Fremantle, Western Australia. Et aujourd’hui, une bonne dizaine d’années plus tard, il a fondé son trio, sorti quatre albums studio et maintenant le voila en tête d’affiche à l’Olympia pour trois soirées sold out. Vous avez déjà vu un homme heureux ? Moi oui et il s’appelle John Butler. Tout dans sa musique respire le bonheur et la joie de vivre. L’artiste sait trop d’où il vient, la rue rappelons-le, pour ne pas apprécier aujourd’hui son statut de musicien vivant de son art. Et son trio, Michael Barker à la batterie et Shannon Birchall à la basse, n’a jamais été aussi soudé. Ils sont au taquet dans leur trip. Compact et serré. Leur métissage folk/reggae/blues avec un soupçon de jazz a fait un triomphe mercredi soir dernier. Les trois hommes sont tous virtuose. Et ils ont envie de jouer. Vous auriez du vivre ce « Peaches & Cream » repris en cappella et en chœur par la foule pendant dix bonnes minutes. Un truc à vous donner des frissons le long de la colonne vertébrale. Vous auriez du les voir jammer avec l’aide de Nicky Bomba, guitariste et batteur et beau-frère de Butler, « funky tonight » n’a jamais aussi bien porté son nom. Et ce « gov did nothing » dédié aux victimes de Katrina et terminé par un exercice collectif de percussions. Autre moment fort, l’instrumental « Valley » une prière « peace & love & unity ». Et l’ovation qui a suivi au bout de ce marathon de plus de deux heures et demi de concert. Un grand merci à John Butler pour son humanité, sa générosité. En fait vous auriez du être là tout simplement…

mardi 9 octobre 2007

THE LAST SHOW de Robert Altman


Le film commence, tel un roman noir, par une nuit pluvieuse à Saint Paul, bled perdu du Minnesota. C’est ce soir, la dernière de « Prairie home Companion », un show radio à l’ancienne mélangeant chansons et comédie, diffusé en direct devant public depuis un vieux théâtre local voué à une destruction prochaine et qui sera bientôt remplacé par un parking. Le film n’a pas vraiment de scénario à proprement parler et dure le temps de ladite émission. Le montage alterne les scènes backstage et les numéros sur scène. Les musiques sont jouées live, les comédiens poussent vraiment la chansonnette, notons à ce propos la très belle voix de la comédienne Jearlyn Steele. Les acteurs jouent même en direct les monologues de publicités imaginaires. « Prairie home companion » est un authentique show radio (qui a ma connaissance existe toujours aux USA) animé par Garrison KEILLOR qui joue son propre rôle à l’écran. Le film est aussi l’occasion d’une formidable plongée aux sources de la musique américaine de la country à la soul. Et la mort, sous les traits de l’actrice Virginia Madsen, plane au dessus du métrage, celle imaginaire de l’émission de radio relatée dans le film, et celle bien réelle du réalisateur Robert Altman décédé avant même la sortie française de ce formidable film, au titre hélas prémonitoire, et qui sera bientôt l’un de vos préférés.
Pour voir la bande annonce cliquez ici.

lundi 8 octobre 2007

Joe Barr + Joanna Connor, Live at Kingston Mines, Chicago, 2 Octobre 2007.

Situé dans le quartier de Lakeview, ou je réside ces jours-ci, le Kingston Mines, baptisé en hommage à une ville de l’Illinois, est une institution du Blues de Chicago qui a ouvert en 1972. La programmation blues de Chicago fonctionne en circuit fermé. Les bluesman sortent peu de la ville où ils ont chacun leurs résidences dans les nombreux clubs de la ville. Parfois ils arrivent jusqu’à nous par le biais des festivals d’été. Autant dire qu’ils sont plutôt underground.

Le Kingston Mines c’est un peu deux clubs en un seul. Il y a deux salles distinctes, séparées par un bar qui court dans le sens de la longueur. Chaque salle présente peu ou prou le même décor boisé du juke joint du vieux sud. L’assistance est plutôt clairsemée, après tout on est un mardi soir, en pleine semaine, et plutôt composée de touristes, oui mais qui s’intéressent à la chose bleue, venus principalement du Canada, d’Angleterre et d’autres Etats des Etats-Unis d’Amérique. Pourtant il ne s’agit pas de se tromper, le Kingston Mines a du cachet, de l’authenticité et on est loin de Disney. Les concerts ne commençant qu’à 21h30, je patiente en sirotant une bière et en jouant sur des jeux vidéos aussi vintage, pacman et space invaders, que l’endroit lui-même. Je constate avec dépit que les années ont fait leur œuvre et que je ne suis plus aussi diligent que par le passé…

Bref sur ces entrefaites, un sacré personnage fait son entrée en scène sous la forme du MC venu présenter le premier groupe Joe Barr and the Soul Purpose. Ce mec donne l’impression d’avoir vécu toute sa vie dans ce genre d’endroit, la casquette kangol visée sur le crâne il explique la législation anti-tabac en vigueur tout en fumant tranquillement sa clope. Sa voix graveleuse trahit les années, les mégots et les fonds de bouteilles, sur qu’il en aurait de belles à raconter…

Puis la musique commence et on se sent immédiatement à l’aise. Joe Barr et son quartet commencent leur set, composé à 90 % de matériel original à l’exception de la reprise du classique « Cheaper to keep her ». La musique est pleine de feeling, en particulier le clavier et Joe a un organe « soulful ». Il ne tarde d’ailleurs pas à en faire la preuve allant se balader parmi le public pour aller chanter la sérénade à toute l’assistance féminine présente ce soir là. Après une heure de bon soul/blues, l’assistance est invitée à passer dans la salle d’à côté ou nous attend le Joanna Connor Band.

Cette dernière et son quartet, deux guitares, basse et batterie évolue dans un registre nettement plus rock, plus électrique, proche de Led Zeppelin ou de l’AC/DC des débuts qui n’oublie cependant pas les classiques de la soul comme le prouvera la reprise de Sex Machine (James Brown) sur la fin du set. Evidemment ça change, y compris parmi le public beaucoup plus dansant que dans la chambre d’à côté. Comme l’avait prédit le fameux MC c’est du blues with attitude, la nénette en a dans le pantalon. Après une heure de show tout le monde finira en nage sous les vivats de la foule et on passe d’une salle à l’autre jusqu’à quatre heures du matin…
http://joannaconnorband.com/
Contact Joe Barr : joebar1952@yahoo.com