Premier album pour
le jeune chanteur Jacko accompagné de son groupe Bambool. Personnage
charismatique, excellent chanteur doté d'une belle voix dont le
timbre chaud dépasse très largement le cadre du reggae pour rentrer
dans le cercle fermé des grands soulmen, Jacko est aussi un être
conscient dont les textes débordent d'humanité. Ainsi ce premier
album le voit s'interroger sur ce qui peut bien pousser les gens à
dormir dans les rues (cf. « Sleeping in the streets »)
d'une « City so shitty », tout comme s'inquiéter du sort
de la communauté des gens du voyage (« Gypsies »). Mais
le chanteur est loin d'être le seul atout de cet album attachant.
Accompagner une telle voix demande une bonne dose de talent et
d'imagination. En cela, l'association avec Bambool s'avère parfaite.
Loin de se cantonner au roots reggae old school, Bambool prouve qu'il
est avant tout un groupe de talentueux musiciens n'ayant pas peur de
sortir de son pré carré pour s'attaquer à des rivages funky
(« Sleeping in the street », « City so shitty »)
voire même jazzy manouche le temps de l'excellente (« Gypsies »).
Ailleurs, le groupe parsème son reggae d'arrangements soul ou
d'effets de guitare rock ("No one"). Plus qu'un simple album, le groupe nous
sert sur un plateau tout un assortiment de musiques ensoleillées
dont on ne demande qu'à se repaître. Cool ! Un seul regret,
l'album est un peu long (16 titres) et les remixes dub clôturant
l'affaire semblent dispensables à nos oreilles. Un bien moindre
défaut au regard des qualités déployées plus avant.
http://jackowithbambool.com/lundi 30 novembre 2015
dimanche 29 novembre 2015
The Slow Show : « White water »
Venu tout droit de
Manchester, The Slow Show fait figure d'extra terrestre sur notre
planète rock. Le disque débute par un étonnant cérémonial, comme
un chœur épiscopal. L'ambiance est sérieuse voire grave. Et puis
la voix du chanteur Rob Goodwin résonne et c'est le choc. Tel un Tom
Waits ténébreux, un incroyable crooner d'outre tombe, Rob Goodwin
possède un timbre rare. Grave, profond, absolument hypnotisant.
Autour de cette voix unique en son genre, le quintet tisse une toile
indie pop à la fois mélodique, planante, nocturne et légèrement sombre avec
piano, cordes et guitares délicatement arpégées (« Testing »,
magnifique). Écouter The Slow Show, c'est une expérience
mélancolique quasi-sensorielle. On n'avait pas été autant
chamboulé depuis l'album « No Song, no spell, no madrigal »
de The Apartments.
En concert le 1er
décembre à Paris (Le Point Ephémère).
https://twitter.com/theslowshowsamedi 28 novembre 2015
Leela James : « Fall for you »
Sur la scène soul
actuelle, Leela James se distingue de ses collègues par son approche
contemporaine. Son quatrième album, « Fall for you » ne
se limite pas à la catégorie vintage type Daptone (par exemple).
Pourtant tous les éléments classiques du songwriting soul sont là
mais adaptés, dopés par une production bien de notre temps. L'album
évoque ainsi pèle-mêle le son des années 1970 (« Do me
right »), mais aussi un soupçon de hip-hop ou de RnB à la
mode des années 1990 (« Set me free »). C'est ainsi, en
faisant le grand écart entre les époques et mélangeant le tout dans
une sorte de grand mix géant que Leela James trouve son identité
artistique, cette dernière étant, par définition, toujours en
perpétuel renouvellement. On peut apprécier, ou non, l'approche. La
variété ainsi pratiquée fait que tout le monde peut y trouver,
plus ou moins, son compte. Quoiqu'il en soit, les impressionnantes
prestations vocales de Leela devraient (dans un monde parfait)
remporter l'adhésion générale. On ne prendra pas beaucoup de
risques en affirmant que cette dernière est bien l'une des
chanteuses les plus marquantes de notre époque. Du feulement sexy de
« Do me right » à l'incroyable puissance d'exécution
(presque rock dans l'esprit) du « Who's gonna love you more »
d'ouverture, Leela s'accapare les chansons à la manière d'un acteur
changeant de peau à chaque nouveau rôle. Les émotions affluent
ainsi à l'écoute du disque. Entre autres réussites citons « Say
That » (en duo avec Anthony Hamilton) ou la jolie ballade
intimiste au piano « Fall for you». Un disque fort agréable.
En concert le 30
novembre à Paris (Le Bizz'art)
https://twitter.com/leelajamesvendredi 27 novembre 2015
Clara Néville : « Après-minuit »
Deuxième EP solo
pour la jeune artiste Clara Néville. Entièrement chanté en
français, le disque laisse paradoxalement apparaître de nombreuses
influences anglo-saxonnes. En effet, l'univers de Clara est pop,
gentiment rock, et plutôt d'obédience FM. Quoiqu'il en soit, ces
cinq titres ont été produits avec le plus grand soin. Les chansons
débordent de détails, des sirènes en intro (« La fuite »),
des touches de claviers aussi discrètes qu'indispensables et des
sons de guitares choisis avec soin. Le tout constitue un écrin
élégant sur lequel l'ex chanteuse de l'herbe rouge pose sa voix
avec assurance. Les fans de rock pur et dur auront certainement un
peu de mal à trouver leur compte dans cet univers. Tout est question
de goût, pour notre part, on apprécie particulièrement « Black
Star », le morceau le plus rock de cette nouvelle livrée qui
n'est pas sans rappeler les regrettés Daisybox.
jeudi 26 novembre 2015
Nothing But Thieves
Rien que des
voleurs. Ce n'est pas nous qui l'affirmons mais le groupe lui-même
qui a choisi ce drôle d'aveu en guise de patronyme. Nothing but
thieves, donc, un jeune quintet anglais qui sort ces jours-ci son
très copieux premier album (16 titres) aux emprunts divers. Ce qui
frappe en premier lieu chez Nothing but thieves c'est l'ambition dont
fait montre le quintet pour un premier disque, conçu tel un diamant
longuement poli. La production est claire et nette, les ambiances
variées. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y a du monde qui
se bouscule au portillon et on pourrait citer les influences par
wagons entiers (Arcade Fire, Muse, Radiohead, Jeff Buckley et même
un soupçon de Led Zeppelin dans les guitares) mais à quoi bon...
La chose est à la fois complexe et épique. Les guitares partent
dans des envolées, savamment contrôlées, allant de l'agressivité
(« Painkiller ») aux digressions dark et planantes,
fouettées par une section rythmique précise (« Drawing
pins ») et même funky (« Ban all the music »). Et
puis il y a la voix pleine d'allant, revisitant des cimes autrefois
fréquentées par le regretté Jeff Buckley (« Lover please
stay », « Tempt you »). Les claviers enrobent le
tout et apportent une légère touche électro planante. Il n'y a pas
à dire, l'album séduit au fil de l'écoute et on en arrive à la
conclusion que le groupe a réussi ses débuts. On ne se plaint même
pas de sa longueur (16 titres rappelons-le) ! Et puis on se
rappelle qu'en leurs temps, Muse et Radiohead (deux influences
prégnantes en l'espèce) avaient été considérées comme des
révélations majeures avant de constituer de sévères déceptions.
On se gardera donc bien d'affirmer que l'avenir appartient à Nothing
but thieves. Espérons que, à la différence des deux aînés
précédemment cités, le groupe saura digérer la réussite de ce
premier effort pour mieux inventer l'avenir.
https://www.facebook.com/NothingButThieves/mercredi 25 novembre 2015
Luke : « Pornographie »
Intitulé
« Pornographie », le cinquième album de Luke n'a
absolument rien à voir avec le classique (1982) des Cure du même
titre. Si Pornographie il y a, c'est celle qui émane du narcissisme
indécent qui, de selfie en selfie, se propage sur la toile. Car
Thomas Boulard, chanteur de Luke de son état, est en colère. Contre
la société actuelle et l'évolution du monde. Comme il le chante
lui-même : « C'est la guerre » (prophétique) !
Ce n'est plus un album, c'est un uppercut. Les guitares sont urgentes
donnant aux chansons des allures de déflagrations (« Warrior »)
sur batteries martiales. Les mots pèsent lourds, l'album se révèle
autant engagé qu'enragé. Et tant pis si il faut une fois de plus
assumer les comparaisons (totalement justifiées par ailleurs) avec
Noir Désir. « Rêver tue » et c'est bien triste tout ça.
En concert le 9
décembre prochain à Paris (La Cigale)
https://www.luke.com.fr/mardi 24 novembre 2015
Bantam Lyons
Jeune quatuor Breton
exilé dans la belle ville de Nantes, Bantam Lyons acouche d'un EP
que l'on écoute comme on feuillette un vieil album photo.
S'inspirant du passé sans pour autant être passéiste, Bantam Lyons
revisite, avec bonheur le plus souvent, tout un pan de la musique
mélancolique, à cheval entre les années 1980 et 1990. On y entends
un tiers de cold wave, « Mamad » qui évoque Joy
Division, un tiers de pop rêveuse (cf le « Glow »
d'ouverture) et un dernier tiers pour finir de post rock noise
(« Wednesdays »). Autant de choses qui nous parlent et
réveille l'ado solitaire qui sommeille en nous. Un disque de
circonstance, à écouter un jour de pluie…
lundi 23 novembre 2015
Bruit Noir I / III
Après cinq albums
et plus de quinze ans de fidélité absolue à Mendelson, Pascal
Bouaziz se lance dans le premier projet parallèle de sa carrière
(ce qui ne signifie en rien la fin de Mendelson). Bruit Noir est né
de deux contraintes. Les textes ont été improvisé, face au micro,
par Bouaziz dans une sorte de poésie intime, instantanée, comme un
monologue. Concernant les musiques, Jean-Michel Pires, le batteur de
Mendelson à l'origine du projet, s'est imposé une contrainte :
n'utiliser que des percussions et des cuivres. D'où ce disque
étrange ne ressemblant à rien de vraiment connu. L'album commence
sur une note bizarrement malsaine : « Requiem » soit
le requiem de Pascal Bouaziz, écrit et récité par ses propres
soins (« c'était un requiem comme il les aimait avec beaucoup
de batterie »…) suggérant un suicide. Ambiance... Au fil de
l'écoute Bruit Noir s'impose comme une masse sonore sombre et
oppressante, plus vraiment des chansons, du bruit… Noir… (comme
quoi tout est dans le titre). Véritable brûlot, Bruit Noir s'impose
comme un exutoire pour Pascal Bouaziz qui n'a de cesse d'exprimer ses
sentiments ambivalents envers l'humanité, comme autant de vérités cruelles : « Tu veux
détester ton prochain, voyage avec easy jet » cf. « Low
Cost » ! Mais ce n'est rien à côté de la « Sécurité
sociale » : « C'est fait exprès si tout est
compliqué, c'est fait exprès si le questionnaire est
incompréhensible ». Au delà de la musique, le titre s'impose
comme une expérience sensorielle, la véritable mise en son du
cauchemar administratif. Kafkaïen. Seule « Joy Division »
dévoile un semblant de sentiment positif dévoilant un amour sincère
pour la musique des Mancuniens. L'album se termine sur une note émouvante avec "Adieu", évocation sensible de l'enfance qui se termine et qu'il faut quitter. Âmes sensibles, s'abstenir…
https://www.facebook.com/bruitnoirgroupe/
dimanche 22 novembre 2015
Fredrika Stahl : « Demain »
Autrefois chanteuse
de jazz, Fredrika Stahl continue sa mue entamée depuis deux albums.
Cette nouvelle mini livrée de six titres, composant la bande
originale du film « Demain », réalisé par Cyril Dion et
Mélanie Laurent, voit la Suédoise naviguer vers de nouveaux rivages
musicaux. Cette dernière n'en n'oublie cependant pas le jazz,
qu'elle revisite sur un mode pop le temps d'un « Tomorrow »
assez réjouissant. Et elle est loin de s'arrêter là. Chaque titre,
où presque, lui donne l'occasion de toucher un nouveau genre. « The
World to come », placé en ouverture, évoque la bande
originale d'un film (normal!) richement orchestrée. Mais notre
préférence va plutôt au folk mélancolique (« Everything »)
ou à la pop primesautière servie sur un clavier sautillant (« Make
a change »). Cet agrégat de musique aurait pu donner un disque
bancal, passant du coq à l'âne sans raison. Il n'en est rien ici,
petit exploit rendu possible grâce au grain de voix unique de
Fredrika. Les paroles s'inspirent directement du film, prônant un
message positif et exhortant au changement (« Pull up your
sleeves »). La suite est à découvrir dans les salles obscures
à partir du 2 décembre prochain.
Sortie le 27
novembre.
Sortie du film
demain le 2 décembre.
samedi 21 novembre 2015
Léopoldine : « Adieu Canopée »
Deuxième EP pour
cette jeune pianiste formée à l'école classique. Entre acoustique
et électronique, Léopoldine a choisi de ne pas choisir, mélangeant
les notes de son instrument de prédilection à moult boucles,
synthés et autres boîtes à rythmes. Dotée d'une plume élégante
et féminine, Léopoldine chante, en français, c'est devenu (hélas)
assez rare pour être souligné, d'une voix diaphane, à fleur de
peau. A la fois classique et pourtant contemporaine, n'hésitant pas
à prendre des chemins de traverse expérimentaux à l'occasion, la
pop, particulièrement ouvragée, de Léopoldine emporte l'auditeur
dans un entre-deux à la fois moelleux et confortable où les
émotions affluent (cf. la très belle « Demain dès l'aube »).
Sortie le 25 novembre.
https://www.facebook.com/Leopoldine-273440219374613/vendredi 20 novembre 2015
Cannibales & Vahinés : « Songs for a free body »
Originaire de
Toulouse, Cannibales & Vahinés, sort son troisième album. Quel
étrange objet que voici, situé au croisement de différentes
cultures. Le son est brut, sans fioritures, entre batterie pulsant au
millimètre et guitares abrasives. Si la base n'est pas sans rappeler
de nombreux groupes, Cannibales & Vahinés a décidé d'épicer
la recette à sa façon ajoutant d'autres ingrédients aussi
originaux qu'excitants. Il y a tout d'abord le saxophone qui
régulièrement déchire l'air de notes exsangues, autant crachées
que soufflées. Et puis il y a la voix. Pas n'importe laquelle,
celle, mythique, de G.W Sok, qui a été pendant plus de trente ans
le chanteur des Hollandais de The Ex. Ceci étant posé, le
chroniqueur se retrouve devant un dilemme. Est-ce du rock ? Du
punk ? Du free jazz ? Le groupe ne rentre dans aucun
critère particulier. Trop facile. C'est bien plus amusant d'en
remplir plusieurs à lui tout seul. La forme est expérimentale. La
bande des quatre aime prendre son temps, étirer ses titres dans la
longueur, tricotant des thèmes aussi répétitifs qu'envoûtants
(« Old oak tree ») et inventant en cours de route un
curieux mélange de psychédélisme/noise/jazzy, passant d'un état
contemplatif apaisant (cf. la très belle « Goghsuckers »)
à un déluge de notes. Sok, qui déclame plus qu'il ne chante,
apporte une note poétique à l'ensemble et se retrouve parfaitement
à son aise dans ce contexte, lui dont l' « ex »
groupe a souvent collaboré avec Tortoise. Si il fallait chercher un
cousinage à ce disque il se situerait certainement vers le groupe
Chicagoan mâtiné avec un soupçon de Sonic Youth. Une réussite.
lundi 16 novembre 2015
Dilly Dally : « Sore »
Il est de ces
groupes, dont l'aura résiste au temps et se transmet de génération
en génération. A l'écoute du premier effort de Dilly Dally,
impossible de ne pas penser aux années 1990 aux Pixies, Hole et
Nirvana en particulier. Avec ce premier disque, le quatuor de Toronto
tente de remettre au goût du jour la dynamique calme/agressivité et
le mélange pop/noise, typique des années 1990 en y ajoutant une
touche féminine, par le biais de la chanteuse Katie Monks et de la
guitare de Liz Ball (un duo de Courtney Love modernes), et un soupçon
d'ambiance dark (la torch song au piano « Burned by the
cold »). Sur certains titres la formule fonctionne comme à la
belle époque (cf. la très chargée sexuellement « Desire »
qui exhale un fort parfum de « Where is my mind »). Dans
l'instant, le groupe offre un petit voyage dans le temps sympathique
entre guitares nostalgiques et production moderne. Reste à voir
comment tout cela va vieillir.
vendredi 13 novembre 2015
Parkway Drive : « Ire »
Lorsqu'ils ne sont
pas occupés à maltraiter guitares, basse et batterie, les membres
de Parkway Drive tuent le temps en faisant du saut en parachute, du
skate ou du surf. Une bande de casse-cous, donc. En conséquence, il
est normal que les trompe la mort Australiens nous ponde un disque
kamikaze poussant l'implication physique assez loin (cf. « Dying
to believe »). Riche de refrains fédérateurs (« Vice
Grip », « Fractures ») et d'ambiances flirtant avec
le dark (l'excellente « Crushed ») ou le psyché
(« Vicious » et sa sitar), la déclinaison live de l'album s'annonce particulièrement excitante. Et pourtant tout n'est pas que violence à
plein volume chez Parkway Drive. Élevant le niveau de ses ambitions
musicales, le groupe convoque des cordes, sort la guitare folk et
tente un audacieux mélange entre heavy métal et acoustique qui
fonctionne plutôt bien (« Writings on the wall », « A
deathless song »). Un album particulièrement abouti.
En concert à Paris
(Bataclan) 11 février 2016.
https://twitter.com/parkwayofficialjeudi 12 novembre 2015
Sound sweet sound : « Sinner songs on movie scenes »
Dans le panorama
psychédélique actuel, les français de Sound sweet sound occupent
un place particulière et bien à eux. Déjà, il y a la présence
d'une flûte, instrument qui fait figure d'incongruité dans un
groupe de rock, mais dont l'utilisation apporte une note originale et
orientalisante. Ensuite, ce n'est pas parce que leur patronyme
contient le mot « sweet » que tout est doux et délicat
chez eux. Les guitares sont lancinantes et lourdes, comme du heavy
metal adouci (« Death on the way », « Justice »).
L'écoute de l'album procure une drôle de sensation chez l'auditeur.
Les titres sont très longs (l'album ne contient que six plages)
comme si le groupe se souciait autant de dépeindre un climat, une
ambiance, allant du calme à la tempête, que d'écrire des chansons.
Et il traîne comme un fond de noirceur dans le psychédélisme
hypnotique dégagé par le sextet. Dans ce contexte, la voix apparaît
comme incantatrice (cf. « Grace »). L'album entretient
une sorte de cousinage lointain avec Wall of Death, ce qui n'est pas
si étonnant puisque les deux formations ont utilisé le même studio
d'enregistrement. Excellent.
https://fr-fr.facebook.com/soundsweetsoundmercredi 11 novembre 2015
TRAAMS : « Modern Dancing »
Longtemps,
l'Angleterre du rock fut placée sous le joug des années 1960, et
plus particulièrement des Beatles, une influence aussi encombrante
qu'indépassable. Déplaçant le curseur de ses influences vers les
Etats-Unis des années 1990, Traams ouvre ainsi une brèche dans la
scène rock Britannique. Chez Traams, la musique repose sur un
équilibre précaire du trio, où tout est affaire de dynamique.
Celle de la batterie tout d'abord, précise, d'une régularité
métronomique mais aussi rapide qu'un chronomètre détraqué
tournant à toute allure (cf. « Succulent Thunder Anthem »).
La basse, énorme, soutient le tout sur un rythme sautillant (cf.
« AnB », « Silver Lining »). Le terrain est
ainsi pleinement dégagé pour la guitare qui explore à l'envie
entre garage rock, dépouillé de ses influences venues du blues, et
le rock noise (cf. « Sister »). La voix, comme maltraitée
et poussée dans ses ultimes retranchements évoque également cette
influence typique des années 90. On trouve même une dimension
expérimentale chez Traams. Car le trio aime se taire pour mieux
laisser parler ses instruments, entraînant la musique dans une
longue spirale de guitares au larsen bruyamment psychédélique
(« Modern Dancing »). Régulièrement, les chansons sont
ainsi parsemées de ces dérives instrumentales (« Silver
Lining ») contrôlées afin d'éviter les dérapages. Quand
cette démarche est appliquée à une écriture pop soignée (« Neck
Brace ») Traams touche du bout des doigts le nirvana musical.
Comme quoi, le DIY a toujours de beaux jours devant lui…
mardi 10 novembre 2015
Iron Bastards : « Boogie Woogie violence »
Cela
commence avec un cri. Suivi d'un riff de guitare, façon Chuck Berry
survolté, complètement déglingué. Puis viens la voix, gutturale,
au-dessus de laquelle plane le sceptre de Lemmy. Bienvenue chez Iron
Bastards ! Speedé, agressif, brutal, le rock façon Iron
Bastards est placé sous le patronnage des années 1970 parfois
mâtiné de métal contemporain, un écart temporel notamment perceptible dans les patterns de batterie à la double pédale (« I am the lizard »).
C'est peu dire que le power trio Strasbourgeois joue vite et fort, à
s'en crever les tympans (écoutez l'intro de « Breaking the
past »). Même les plus endurcis risquent de plier sous les
coups de boutoir répétés du groupe, véritables fils illégitimes
et mal élevés de Motörhead. Un seul bémol, la longueur du disque,
18 titres (15 chansons et 3 titres live en bonus), c'est long et
parfois un peu répétitif. Hautement appréciable néanmoins pour
qui n'a pas froid ni aux yeux ni aux oreilles...
http://ironbastards.com/fr/dimanche 8 novembre 2015
Arielle Dombasle & The Hillbilly Moon Explosion, La Cigale, 04/11/2015
C'est
une soirée particulière pour les Hillbilly Moon Explosion.
L'excellent groupe rockabilly (renforcé pour l'occasion par un
pianiste) se retrouve ce soir sur la magnifique scène de La Cigale,
une salle beaucoup plus grande que les petits clubs où ils jouent
habituellement, en backing band d'Arielle Dombasle, inattendue dans
le rôle de la rockeuse. Au programme du rock n'roll et des murders
ballades (la superbe "My love for Evermore" en duo avec Nicolas Ker), le tout évoquant la nostalgie des années 1950. Après les
deux premiers titres assurés par le groupe, Arielle Dombasle fait
son entrée en scène sous les vivas de son public. Même si son
chant ne semble pas toujours naturel, Arielle Dombasle possède une
voix pleine de possibilités intéressantes, pouvant monter très
haut dans les aigus dans d'impressionnantes vocalises. Le groupe
quant à lui assure avec sa classe habituelle entre swing élastique
de la section rythmique, ah cette contrebasse excellemment soutenue
par la batterie, et la guitare d'inspiration western. Compte tenu du
statut d'icône tenu par Arielle Dombasle au sein de la communauté
gay, de nombreux couples de garçons sont dans la salle, « Johnny
are you gay ? », titre de circonstance, a résonné de
façon particulière auprès du public, attirant de nombreux « Yes
he is ! ». Après quelques titres Arielle s'est éclipsée
laissant les Hillbilly Moon seuls pour assurer le show. La dernière
partie du concert a été consacrée au répertoire des albums
précédents d'Arielle Dombasle. D'humeur généreuse toute la troupe
est revenue à plusieurs reprises pour les rappels et, à court de
chansons, s'est lancée dans des reprises de « Chick Habit »
et de l'excellente « Ouh la la » (un inédit composé
spécialement pour l'album) déjà jouées précédemment.
Libellés :
Arielle Dombasle,
The Hillbilly Moon Explosion
samedi 7 novembre 2015
Les Soucoupes Violentes : « Fort Intérieur »
Leader historique
des Soucoupes Violentes depuis les fort lointaines années 1980,
Stéphane Guichard garde toujours la foi. Récemment, on le croisait
encore devant le new morning, avant un concert de Little Bob,
tractant vaillamment, le sourire aux lèvres, pour promouvoir le
nouvel album de son groupe, relancé il y a quelques temps. Après
des années de pause prolongée, les soucoupes reviennent survoler
notre paysage rock. Et leur garage rock, chanté en anglais ou en
français, n'a pas pris une ride ! Le nouvel album a ce petit
quelque chose de rare, comme une allure de classique instantané. Pas
uniquement grâce à des compositions de haute volée où la guitare
se taille la part du lion (cf. « Lost weekend », « Ta
légende », nerveuse et tendue) mais aussi grâce à des
apports extérieurs bien trouvés et complétant idéalement
l'univers musical du groupe. Désertant l'électricité rageuse, les
Soucoupes Violentes explorent ainsi, avec succès, des territoires
acoustiques. « Always Up » et « Johnny Tonnerre »
(que l'on imagine dédiée à qui vous savez) sont deux magnifiques
ballades folk agrémentées d'une lap-steel country, faisant voyager
le trio et l'auditeur par la même occasion. Ailleurs, c'est un
ukulélé qui fait une apparition inattendue (« le mec le plus
cool de la terre ») ou des percussions fofolles qui donnent une
nouvelle orientation à la musique, loin de se cantonner à un énième
revival garage. Tout ceci n'empêchant cependant pas le trio de faire
un petit clin d’œil discret au passé (cf. « I won't
survive », « Ma tête sur un plateau »). Enfin
impossible de terminer cette chronique sans souligner le succulent
« Trop méchante » en duo avec un Didier Wampas en pleine
forme. Une belle réussite.
https://fr-fr.facebook.com/Les.Soucoupes.Violentes/
Inscription à :
Articles (Atom)