mardi 29 avril 2008

The BellRays, la maroquinerie, 27 avril 2008.




En première partie, on a pu découvrir l’excellent trio (une batterie et deux guitares) Power Solo. Un groupe de rockabilly déjanté et surtout une sacrée bande de malades. Le chanteur a une tête de psychopathe, en fait, c’est le sosie de mon pote Steph qui est juste un peu moins tatoué que lui.

Ensuite, pour leur retour sur une scène parisienne, les BellRays ont plutôt surpris. Certes, le groupe est toujours aussi efficace. Le batteur Craig Waters a été exceptionnel toute la soirée, Robert Vennum, désormais guitariste, s’en est sorti avec les honneurs quant à Lisa, c’est une véritable prêcheuse soul au milieu d’un torrent de guitare. Elle n’a pas peur d’aller traverser la fosse, transformée en ring de boxe, les bras en l’air, le tambourin à la main. Le petit nouveau, le bassiste Billy Mohler est très expansif sur scène et rebondit dans tous les coins et surtout est à l’aise dans tous les styles, ce qui est la condition sine qua none pour jouer avec ce groupe. Si depuis quelque temps, les BellRays ont (un peu) levé le pied en studio, sur scène ils restent un groupe de rock n’roll sauvage et plutôt extrême. Si vous vous apprêtez à les découvrir en concert, les boules Quiès sont obligatoires (conseil d’ami), ils jouent très très fort.

Maintenant, la surprise est venue de la tracklisting qui a été joué dimanche soir, essentiellement basée sur le dernier album en date (« Infection », « Blue against the sky », « Footprints on the water » toutes magnifiques) avec quelques inédits. Il semble en effet que le guitariste démissionnaire Tony Fate soit parti en emportant ses chansons avec lui. Où sont passées les « Zero PM », « Have a little faith in me », « They glued your head on upside down » et surtout « Tell the lie » (une des meilleures chansons jamais enregistrée par les BellRays) qui ont tant de fois fait le bonheur de nos oreilles en live ? Savoir que ces trésors resteront peut être à jamais enfermés me brise le cœur, vous n’avez même pas idée… Des anciens BellRays, seules subsistent « Too many houses in here » et « Blues for Godzilla ». Dans le même ordre d’idée, le set a été expédié en une heure chrono, les BellRays ne nous avait pas habitués à une telle célérité. Enfin, on ne va pas faire la fine bouche, ils ont joué en rappel « Hard, Sweet & Sticky » qui, hélas, ne figure pas sur l’album du même nom, une petite bombe soul/funk qui groove comme pas possible, la voix de Lisa fait des merveilles sur ce titre, petite lueur d’espoir au milieu d’un ciel brusquement assombri…

lundi 28 avril 2008

Robin Trower, Le Plan, Ris-Orangis, 26 avril 2008.




Même s’il n’a jamais bénéficié du même crédit que ses collègues et contemporains, Eric Clapton, Jeff Beck et Jimmy Page, Robin Trower est l’un des guitaristes les plus intéressant issus de la scène rock anglaise de la fin des années 60. Entre 1967 et 1971, Robin Trower fut le guitariste du groupe Procol Harum, mondialement connu grâce au hit « A whiter shade of pale ». Bluesman dans l’âme, Robin Trower, se sentit vite à l’étroit dans ce groupe, se reconnaissant à peine dans le mélange psychédélique/progressif pratiqué par le sextet. En 1973, Robin publie son premier album solo, sous son nom propre, alors qu’il n’a jamais, ou si peu, chanté de sa vie. Une image vient immédiatement à l’esprit à l’écoute de la guitare de Robin Trower, celle de Jimi Hendrix, auquel il a souvent été comparé. Si l’influence d’Hendrix est évidente chez Robin, ce dernier a néanmoins sa propre personnalité. Il est quoi qu’il en soit (avec les Black Keys), l’un des plus dignes des héritiers d’Hendrix, la folie et la flamboyance en moins. Mais quelqu’un est-il seulement capable d’égaler l’immense Jimi dans ce domaine là ?

Le fait que le concert de ce soir ait lieu non pas à Paris mais à Ris-Orangis, une banlieue perdue au milieu des champs, est quelque part symptomatique du manque de crédit accordé à Robin Trower. Je dis ça, mais il ne faut surtout pas le prendre comme une insulte faite au Plan, par ailleurs une belle salle noire et rouge qui me rappelle un peu le New Morning et dans laquelle on a été très bien accueilli, qui se bat pour exister à côté de Paris et propose régulièrement des concerts de qualité et dans laquelle plusieurs pointures internationales se sont déjà produit. La rue où est située le Plan a d’ailleurs été rebaptisée rue Rory Gallagher, en hommage au grand bluesman irlandais qui avait ses habitudes ici. C’est sur, j’adorerai avoir un endroit comme celui-là à Créteil… C’est juste que c’est un peu une aventure pour aller jusqu’à là-bas, et je ne vous parle même pas du retour (laborieux, c’est le moins que l’on puisse dire !) en pleine nuit !

Bref, fin de la parenthèse, parlons musique maintenant ! Et sur ce plan là, Robin Trower n’a rien à envier à personne et en remontre même aux jeunes turcs de la scène rock actuelle. Extrêmement bien entouré par un groupe de vieux de la vieille qui connaît toutes les ficelles par cœur, Robin a donné une prestation avec l’enthousiasme d’un jouvenceau ! Comptant avec gourmandise, « one two three four », entre chaque chanson et se contorsionnant de plaisir derrière sa Fender. Sa wha-wha infernale m’a envoyé au paradis plus d’une fois au cours de cette soirée ! Ca c’est du rock n’roll Baby ! J’aimerais pour finir rendre hommage au chanteur, valeureux, une bonne voix mais qui manque cruellement de charisme et s’est effacé plusieurs fois derrière la guitare de Trower au point même de quitter la scène à plusieurs reprises.

http://www.trowerpower.com/


Robin Trower : "Too rolling stoned" (live)


Robin Trower : "Day of the eagle" (live)

samedi 26 avril 2008

Shake Your Hips !

Comment peut-on être à la fois l'un des meilleurs groupe de blues en France et dans le même temps complètement anonyme ? Tentative de réponse avec le groupe Shake Your Hips ! (voir mes messages des 18 février et 30 mars)
1) Comment est-né le groupe ?
Olivier Raymond (Guitare et choeurs) : Jean Marc HENAUX (Harmonica) et moi, on se connaît depuis longtemps car nous avons eu l’occasion de jouer dans différents groupes de Blues, sans être vraiment pleinement satisfait des différentes formules. Nous avons les mêmes influences (Blues de Chicago mais aussi des Blues plus actuels tels que Tomy Castro ou Mason Casey par exemple). Puis un jour, la formule SYH est née et là on a senti que ce serait différent, on avait fait les bonnes rencontres qui allaient permettre de réaliser cette aventure. C’est d’abord Frédéric MILLER au chant qui nous a rejoint, puis Daniel BOISSINOT à la basse et enfin Olivier FERRIE à la batterie. Nous avons depuis 2005 fait de nombreux concerts et enregistré un album (Caroline’s Smile). Aujourd’hui le groupe prend un nouvel élan avec de nouveaux objectifs (dont l’enregistrement du 2ème album) aidé par l’arrivée de Jérôme FERRIE qui remplace Daniel à la basse.

2) Est-ce que tu peux, en quelques mots, nous présenter les membres du groupe ?
Jean-Marc Henaux (harmonica) : Nous avons Freddy au chant. Ce qui est incroyable avec lui c’est qu’avant il chantait avec des potes pour s’éclater ! C’est vraiment avec l’aventure SYH qu’il a commencé à chanter du blues !
Olivier c’est le guitariste mais aussi l’homme qui s’occupe de la partie sonorisation du groupe ! Un peu l’homme à tout faire…
Notre batteur Bobi (Olivier Ferrié de son vrai nom), discret et calme, c’est un vrai métronome !
Puis le dernier arrivé dans l’aventure c’est Jéjé (Jérôme Ferrié, oui ! oui ! c’est bien le frère du batteur !) qui remplace notre vieux bassiste Daniel qui a pris sa retraite musicale après plusieurs années au service de la musique ! Jérôme nous apporte une touche de modernité et de tradition par son jeu de basse.
Et enfin moi, l’harmoniciste du groupe. Je m’occupe également de gérer les informations vis-à-vis du « monde du blues »….
Mais c’est vraiment l’alchimie de ces 5 personnes réunies, qui donne la pleine mesure du groupe SYH !

3) Est-il possible de vivre du Blues en France ? Avez-vous tous des boulots à côté ?
O.R : Vivre du Blues en France...la question est difficile, très difficile. Cette musique, pourtant si fédératrice, si universelle, est cependant loin de soulever les foules dans nos contrées. Quelques irréductibles tentent de faire garder la tête haute à cette musique en France en organisant des concerts, festivals ou encore en dédiant des lieux bien trop rare à cette musique. Nous les remercions d'ailleurs chaleureusement (ils se reconnaîtront...). Pourtant il y a plein de musiciens de Blues talentueux en France, mais qui, pour s'assurer des revenus suffisants, doivent lier leur plaisir à d'autres activités comme par exemple donner des cours. En ce qui nous concerne, nous sommes tous obligé de travailler à côté !
4) Comment le groupe choisit-il ses reprises ?
J-M.H :
C’est très simple, c’est Olivier et moi qui apportons en général une liste de morceaux à reprendre, mais après une étude minutieuse d’artistes et de morceaux différents ! Puis on les propose au groupe et c’est tous ensemble qu’on écoute les morceaux de cette liste et qu’on fait le choix final en studio de répétition !
On ne reprend que des morceaux peu connus, d’artistes qui nous touchent et nous influencent, mais on y rajoute notre son, notre style à nous. On reprend parfois quelques titres plus connus mais on s’efforce à chaque fois d’en faire une version différente, une version SYH.
Sur notre premier album on voulait enregistrer en prise live pour retrouver le son brut de fonderie de nos concerts, avec les imperfections et le charme. On a enregistré en 3 jours nos versions de différentes reprises, mais il nous semblait aussi important d'y joindre notre première composition originale, Caroline’Smile qui a donné le titre à l'album... Notre disque est sorti en Octobre 2006 et aujourd’hui on en a vendu environ 850 !
Nous sommes en train de préparer notre deuxième album qui sera essentiellement composé de compositions originales toujours dans le style SYH ! Nous avons déjà enregistré un des titres pour une « Compilation Blues » qui sortira après l’été, mais il nous arrive déjà de jouer 3 de ces nouveaux morceaux en concert…
5) A ton avis, le Blues chanté en français est-il trop proche de la variété ?
Freddy Miller (chant)
: Le Blues en français est vraiment un exercice délicat. Rares sont ceux qui arrivent à trouver les bons mots, le bon rythme de phrase, la bonne histoire, tous ces ingrédients qui font « un bon blues en français ». Actuellement dans la variété française, on retrouve les mêmes défauts et c’est pourquoi, oui le blues en français se retrouve souvent proche de la variété. Malgré tout, tendez parfois l’oreille vers la langue (Bleue !) de Voltaire, et vous découvrirez, j’en suis sur, de purs moments de bonheur !!!


Un grand merci au groupe pour sa gentillesse et sa disponibilité.

Propos recueillis par email le 25 avril 2008.

vendredi 25 avril 2008

Nada Surf, le Bataclan, 22 avril 2008.


Le rocker ne vieillit pas. Regardez Nada Surf (voir mes messages des 11 et 22 février) par exemple, 12 ans après leur débuts, le trio new yorkais nous a délivré pour son retour au Bataclan une prestation aussi fougueuse et excitante qu’au premier soir. Trois musiciens (renforcé ce soir par la présence d’un clavier) en grande forme, Ira Elliott (le batteur) exceptionnel du début à la fin, Daniel Lorca (le bassiste), un peu bougon, mais qui saute dans tous les sens et Matthew Caws (guitare/voix) qui assure la connexion avec le public dans son français parfait. Beaucoup de titres du nouvel album « Lucky » furent joués : « See these bones », « Whose Authority », « Beautiful Beat », « Weightless », « I like what you say », « Ice on the wing » et enfin, la très intrigante « The Fox », dédicacée à la chaîne de télévision Fox News « qui n’arrête pas de dire des mensonges » dixit Matthew. Mon passage préféré fut la chanson « Inside of Love » (de l’album « Let go ») que Matthew a décrit comme une « soul song d’inspiration Motown ». Une influence pas si évidente que cela à déceler, mais cette remarque ne pouvait que me plaire, j’adore quand les extrémités musicales se rejoignent.

Il y eu à la fois de l’énergie (« Popular » / « Hi speed soul »), de l’émotion (« Inside of Love » / « Always Love » formidable pulsation de la batterie sur ce dernier titre), de l’intime (« Blizzard of 77 ») et au final une gentillesse et une générosité énorme avec le public. Merci.

http://www.nadasurf.com/
www.myspace.com/nadasurf


Nada Surf : "Hi Speed Soul" (vidéo extraite de l'album "let go") :


"Blizzard of 77" (let go) :

jeudi 24 avril 2008

Weezer : « Beverly Hills » (2005)

En attendant la sortie du nouvel album prévue pour juin (patience…), voici un petit souvenir, extrait de l’album « make believe ».

N’être qu’un « outcast », laissé pour compte, originaire d’une banlieue pourrie (Créteil, dans le Val de Marne), l’oublié du bout du banc au moment des cours de sport, ne provoquer que dédain et/ou rires chez la gente féminine… Voila les thématiques abordées par le chanteur/guitariste Rivers Cuomo dans ce titre :



« …I didn’t go to boarding schools
Preppy girls never looked at me
Why Should they ? I ain’t nobody
Got nothing in my pocket

Beverly Hills
That’s where i want to be… »

« …Je ne suis pas allé à l’école maternelle
Les jolies filles apprêtées ne m’ont jamais regardé
Pourquoi le feraient-elles, je ne suis personne
Mes poches sont vides

Beverly Hills
C’est là que je veux vivre… »

« …I’m just a
No class beat-down fool
And i will always be that way… »

« … Je ne suis qu’un
Imbécile sans classe et rabat-joie
Et ça sera toujours le cas… »

Au nom de tous les geeks/freaks/nerds du monde THANK YOU RIVERS !!! RIVERS CUOMO RULES !!!!!

http://www.weezer.com/

samedi 19 avril 2008

Thomas VDB, Théâtre le temple, 18 avril 2008.






Thomas « VDB » Vandenberghe, sa vie, son œuvre.

Ancien journaliste, à rock sound (dont il fut le rédacteur en chef) et à rock n’folk, Thomas Vandenberghe a, tout comme votre serviteur, laissé tomber le journalisme. Plutôt que de monter un groupe, ce qui est un plan de reconversion communément admis dans le milieu, Thomas a décidé de brûler les planches à sa façon. Pratiquant le théâtre en amateur, Thomas a écrit un one man show sur ce qui reste sa passion, le rock n’roll. Son show commence par un simulacre d’air guitar, puis Thomas embraye sur une petite histoire du rock, et notamment sur rôle vital qu’a joué le vomi dans l’histoire de cette musique (à ce propos Thomas, Jimi Hendrix est mort le 18 septembre 1970, c’est donc un guitar-hero des années 60 et non des années 70. Je sais, ça fait tatasse, mais j’y tiens !). Ensuite, Thomas nous conte, par le menu, toutes les vicissitudes de l’intervieweur en galère, toutes plus hilarantes les unes que les autres…

Bonne plume, pratiquant avec bonheur l’autodérision, ce qui était déjà la marque de fabrique de ses articles, Thomas se révèle être un excellent comédien et même un imitateur. Le show est bien rythmé, sans temps mort, et Thomas est très dynamique sur scène (il saute dans tous les sens, le bougre !). Précisons qu’il n’est aucunement utile d’être un érudit de la chose rock pour apprécier le spectacle, moi-même, je ne connaissais que vaguement la moitié des groupes que Thomas a pris pour sujet. Mais ce n’est pas un problème puisque le spectacle est très ludique. Enfin dans la belle salle du théâtre du temple aux murs en brique, très New-Yorkais, Thomas VDB a trouvé l’écrin qu’il lui fallait pour son euphorisant one-man show. Euphorisant, comme un bon concert de rock.

http://www.thomasvdb.com/
www.myspace.com/tomvdb

Le rock par Thomas VDB :

lundi 14 avril 2008

The Brian Jonestown Massacre : My Bloody Underground






En 2005, dans une salle obscure, j’ai assisté à un des plus gros chocs musicaux de ces dernières années. Pour une fois il ce n’était pas dans une salle de concert mais dans un cinéma. Il s’agissait du film « Dig ! », documentaire rock, filmé par Ondi Timoner sur une période de sept ans, mettant en scène deux groupes amis puis rivaux : The Dandy Warhols de Portland et le Brian Jonestown Massacre de San Francisco. J’ai tout de suite était frappé par la folie du leader du BJM, Anton Newcombe, mais aussi par son immense talent de songwriter. Son talent unique pour mélanger folk, rock psychédélique, country tout en mélangeant les guitares à tout un tas d’instruments exotiques (sitar, flûte…) et de percussions issues de la world music. L’ensemble pastichait les années 60 avec beaucoup de talent. C’était un sacré groupe que je venais de découvrir.

Et en ce printemps 2008, l’histoire se continue avec la sortie du premier vrai album du Brian Jonestown Massacre (voir mon message du 4 février 2007) depuis « And this is our music » sorti en 2003 ; « We are the radio » (2005) n’était qu’un EP d’un petit quart d’heure. Pour un groupe qui dans ses grandes heures tournait au rythme insensé de trois albums par an, le temps commençait à être long ! Newcombe a pour l’occasion mis les petits plats dans les grands : 13 titres, en grande partie instrumentaux, et 78 minutes de musique. Et au final c’est un sentiment de confusion qui prédomine. Bon c’est vrai, BJM n’a jamais été connu comme un groupe « concis » balançant des singles de trois minutes. « My Bloody Underground », le titre du nouvel opus, mélange avec un bonheur inégal psychédélisme contemporain « shoegaze », ce qu’ils n’avaient plus fait depuis « Methodrone » leur premier disque, et titres plus 60s. Le meilleur du lot étant « Yeah-Yeah », qui rappelle les meilleures heures du groupe. Enfin, l’album se termine sur une plage totalement inutile « black hole symphony », pas de paroles ni même de mélodie, juste un larsen interminable de plusieurs minutes. Cet album mérite certainement de nombreuses écoutes attentives avant d’en saisir tout le sel. A moins qu’il faille être complètement défoncé.

Brian Jonestown Massacre : "Yeah Yeah"


Brian Jonestown Massacre : "Dropping bombs on the White House"


Brian Jonestown Massacre : "Who fucking pissed in my well"

http://www.brianjonestownmassacre.com/
www.cargorecords.co.uk/bjm
http://www.myspace.com/brianjonestownmassacre

dimanche 13 avril 2008

The Black Keys : Attack & Release


C’est l’histoire de deux groupes jumeaux. Deux duos batterie et guitare apparus à l’orée du 21ème siècle. L’un, en s’adoucissant jusqu’à en devenir pop, deviendra l’une des stars de la sono mondiale et repliera les Zenith de France et de Navarre. L’autre, en poursuivant une recherche « bluesistique » basée sur la sauvagerie matinée de groove, se taillera aussi un joli succès, mais plus confidentiel. Deux groupes jumeaux donc, à ma droite The White Stripes, de Detroit, à ma gauche The Black Keys, d’Akron, Ohio.

Pour ce nouvel album, le sixième, les clefs noires sont passées sous les fourches caudines du producteur Danger Mouse (oui, je sais Gorillaz pff….). L’effet de surprise passé, ce sont des nouveaux horizons qui s’ouvrent pour ce groupe. Plus « produit », plus riche en termes d’arrangements, The Black Keys, ne sonnent plus comme un groupe sauvage, enregistré à l’arrache dans une cave. Ce qui est un mal pour un bien. Les Black Keys n’ont jamais sonné aussi « soul ». Piano, basse, orgue, moog, flûte, clarinette… Jamais auparavant les Black Keys n’avaient joué sur un registre aussi large. Il y a de cela un an à peine, un titre comme « Psychotic Girl » aurait semblé complètement incongru. Autre grande nouveauté, les Black Keys font également appel à des musiciens extérieurs. Marc Ribot, génial guitariste de Tom Waits, vient éclairer de sa guitare dyslexique les compositions du duo. Ce qui donne à cet opus, un petit lien de parenté avec l’œuvre barrée du grand Tom. Mais les Black Keys sont restés fidèles à leur envolées dignes de Led Zeppelin la guitare de Dan Auerbach est toujours aussi tranchante « All you ever wanted », « Remember when » (side B) sonnent comme du pur Black Keys, portées par une dynamique impeccable. D’autant que le batteur Patrick Carney, n’est pas non plus devenu manchot du jour au lendemain. Finalement de ce nouvel album, c’est le titre « Same old thing » qui résume le mieux ces Black Keys nouvelle mouture. Riff de guitare incisif, pas de doute on est bien chez les Black Keys, jusqu’à ce qu’un solo de flûte, plutôt hip hop, vienne nous désarçonner. Je n’irai pas jusqu’à dire que ce nouvel opus est le meilleur des Black Keys, il est cependant leur plus intriguant.

http://www.theblackkeys.com/
P.S : J'aurai bien aimé içi vous présenter quelques nouvelles vidéos, mais ces dernières ayant mystérieusement disparues de Youtube ou alors "n'étant pas disponible" dans mon pays (la France ; mes amis francophones d'autres contrées auront-ils plus de chance ?) il faudra se contenter de quelques anciennes :

"Just got to be" (extrait de l'album "Magic Potion" )

"Your Touch" (extrait de l'album "Magic Potion" )

samedi 12 avril 2008

« Mon Cadavre sera piégé », Théâtre du Splendid, 11 avril 2008.


De scène, il en est souvent question sur ce blog. Aujourd’hui, j’aimerais faire une petite digression, délaisser la musique un (court) instant, pour vous entretenir d’une autre scène, celle d’un théâtre.

Afin de rendre hommage à Pierre Desproges, le jeune comédien Emmanuel Matte, joue les textes de Desproges sur la scène du Splendid. Matte, excellent, a saisi son sujet à corps perdu. Il impressionne et tient, avec beaucoup de dignité, la scène a lui tout seul, enfermé dans une cabine. Mais, sans lui faire injure, c’est au grand Pierre Desproges que l’on pense tout le long de ce one man show. Desproges pratiquait un humour fin et intelligent quoique complètement absurde. Extrêmement littéraire, probablement trop pour être pleinement apprécié à l’oral, ce type était un véritable écrivain, ce dont il se défendait pourtant avec force. Derrière son flot de provocations en tout genre et ses insanités diverses, une manière comme une autre de juguler ses angoisses, Desproges était dans le fond humaniste (étonnant, non ?). Et un vilipendeur acharné de toutes les hypocrisies possibles et imaginables. Deux décennies après sa disparition, ses textes n’ont pas pris une ride et restent d’une brûlante actualité. Faut-il saluer le talent d’un visionnaire ou se désoler de ce consensus. Quoiqu’il en soit, ce spectacle fait un bien fou. Une véritable bouffée d’air frais dans notre époque où la crétinerie, assumée et revendiquée, est érigée en modèle.



http://www.desproges.fr/

jeudi 10 avril 2008

Sharon Jones & The Dap-Kings

Aujourd'hui, les enfants, je vous gâte ! Un énorme cadeau, je vous propose de visionner l'intégralité d'un show-case donné par la sublime Sharon Jones et son groupe les Dap-Kings (voir mes messages des 4 février et 16 octobre 2007) au magasin Amoeba Music d'Hollywood (voir mon message du 18 avril 2007). Une petite demi-heure de pur bonheur. It's funky Baby !

dimanche 6 avril 2008

Marie Queenie Lyons : « Soul Fever »




Comme une résurrection, un petit miracle, le premier album de Marie Queenie Lyons, sort pour la première fois en CD, 38 ans après sa sortie originale en vinyle. Marie Queenie Lyons, native de Louisiane a débuté en 1963 et a chanté avec Jerry Lee Lewis, James Brown, Fats Domino… Son premier album à elle, « Soul Fever » sort en 1970. La production soul de l’époque était tellement dense, les talents tellement nombreux, que celui de Queenie est passé complètement inaperçu. Pourtant cet album, très marqué par les origines sudistes de Marie, ne manque pas de qualités. « Soul Fever », c’est son titre, et c’est tout de même bien trouvé car ce disque est aussi moite qu’un après-midi d’été en Louisiane. Le disque commence avec « See and don’t see », cuivres chauds, chant inspiré, rythme, tout y est et on se retrouve d’emblée en terrain connu. « You used me », plus gospel, laisse peu de doute quant à l’endroit ou Marie a appris à chanter. « Your thing ain’t no good without my thing » attaque l’auditeur avec un angle plus funky. « Snake in the grass » évoque des influences plus Motown.

Avouons-le, la petite demi-heure que dure ce CD passe bien trop vite. C’est alors que l’on se prend à se demander, mais qu’est devenu Marie Queenie Lyons ? Nul ne le sait vraiment. Elle a disparue, telle une étoile filante une nuit d’été dans le ciel sudiste. Ce premier album est également l’unique de Queenie. Maintenant, Bettye LaVette et Candi Staton ont vu leurs carrières redémarrer après de semblables rééditions. Sexagénaires, elles sont devenues des icônes branchées et la jeunesse se presse à chacun de leur concert. Alors pourquoi pas au tour de Marie Queenie Lyons ?

Quoiqu’il advienne, un grand merci à Vampisoul, l’excellent label barcelonais, spécialisé dans ce genre de réédition, pour avoir réussi à déterrer ce trésor caché et confidentiel.

http://www.vampisoul.com/
www.myspace.com/vampisoul


En Ecoute : "Your thing ain't no good without my thing"


"See and don't see"

samedi 5 avril 2008

The BellRays : Hard, Sweet and Sticky


Le nouvel album des BellRays (voir mon message du 4 février 2007) marque le début d’un printemps à la fois dense et très excitant au niveau des sorties.

Pourtant avant même d’avoir entendu la première note de ce nouveau disque, j’ai été inquiet. Inquiet à cause de départ du guitariste Tony Fate (qui pourtant était encore membre du groupe lors de leur passage à la Maroquinerie en juillet dernier). Tony Fate était un des rouages essentiels du groupe, auteur/compositeur prolixe, guitariste incisif et parfois producteur du groupe. Pourtant à l’écoute de ce nouveau disque, il n’en est rien, les BellRays ont crée une identité musicale tellement forte, que tout sonne comme si ce bon vieux Tony s’arc-boutait toujours derrière sa Gibson SG…

Petit rappel, pour les non initiés. Les BellRays, sont un groupe fabuleux. Enfin, un de mes préférés en tout cas. Un sacré mélange quelque part entre fureur punk et sensibilité soul. Oui, vous avez bien lu, et non, ce n’est pas incompatible. Au départ, en 1992, les BellRays était un duo plutôt jazz (cf. le premier album « In the light of the sun ») composé de la chanteuse Lisa Kekaula, qui n’a rien à envier à la crème des chanteuses soul actuelle, et du bassiste Robert Vennum. Puis le fameux Tony Fate (producteur du premier disque) fait son entrée dans le périmètre et là, c’est une véritable boucherie qui commence, une véritable furie sonore, digne des meilleurs Stooges et MC5, qui durera trois albums : « Let it Blast », « Grand Fury » (qui porte assez bien son nom) et « The Red, White and Black ». Et enfin depuis l’album « Have a little faith », les BellRays ont un peu levé le pied et sont retournés avec bonheur vers leur premières amours cuivrées qu’ils se mettent parfois en tête de lacérer à grands coups de guitares électriques. L’autre atout du groupe, c’est son batteur, l’excellent Craig Waters, qui avant faisait partie du groupe de Cody Chesnutt (un jour, il faudra que je vous parle de ce cas là). Des batteurs, les BellRays ont en usé un certain nombre, quasiment un par album, avant de tomber sur la perle rare en la personne de Craig Waters. On ne le dira jamais assez, mais il est assez difficile d’être le batteur des BellRays. Le registre du groupe est tellement large (de la pop au punk en passant par la soul voir le jazz) qu’il faut savoir tout faire, tout jouer. Et la le Craig, il est excellent, net et précis. J’adore son jeu.

Passons maintenant aux choses sérieuses, le nouvel album. « Hard, Sweet and Sticky », ainsi qu’il s’intitule, met en valeur des BellRays régénérés et en forme olympique. Robert Vennum est passé de la basse à la guitare (dont il jouait au début du groupe) et ils se sont adjugés les services d’un nouveau bassiste, Billy Mohler. Le départ de Tony Fate semble avoir désinhibé les autres membres du groupe, le songwriting est bien réparti entre Robert et Lisa. La batterie de Craig tourne à la perfection et Lisa nous offre encore une fois des prouesses vocales digne des plus grandes. Dans la lignée de l’album précédent, les compositions se font plus calmes. Une fois n’est pas coutume, l’album s’ouvre sur une ballade plutôt pop, une nouveauté, « The same way ». On retrouve ensuite les BellRays comme on les aime, soul, « Footprints on the Water », « The Fire next time » où jazz « Wedding Bells». Mais attention, le feu qui anime les BellRays brûle encore. Ils sont toujours capable de balancer une avoine type « Psychotic hate man » qui va vous calmer direct. Au final un album excellent et inspiré.

P.S : On en avait eu un petit aperçu en première partie de leur dernier concert parisien à la Maroquinerie et c’est désormais officiel, le couple Robert Vennum et Lisa Kekaula a désormais un projet parallèle. Très justement intitulé Bob & Lisa, la paire se lance dans un duo folk/soul. On peut d’ores et déjà entendre quelques chansons sur le nouveau myspace et, grande nouvelle, un album serait en préparation… Affaire à suivre…
The BellRays (Feat. Tony Fate) : "Tell the lie" (extrait de l'album "Have a little faith")

mercredi 2 avril 2008

Blues Power Band : « Shoot, Shoot, Don’t Talk ! »


La scène blues hexagonale est décidément bouillonnante ces temps-ci. On connaissait Jean-Jacques Milteau, Patrick Verbeke, Nina Van Horn, Jesus Volt (et j’en oublie) et voilà que débarque coup sur coup Shake Your Hips ! et Blues Power Band (voir mon message du 16 mars), le groupe qui nous occupe aujourd’hui.

« Shoot Shoot Don’t Talk ! », c’est le cri de guerre du quintet. Et non seulement BPB « shoote » mais défarouille dans le mille à quasiment tous les coups tout le long des 14 plages de ce deuxième album. Misant sur une écriture soignée (une écoute suffit pour se surprendre à chantonner les morceaux), un savoir-faire évident (les cinq musiciens sont tous excellents) et un esprit de corps à toute épreuve, Blues Power Band frappe très, mais vraiment très fort sur ce disque, extrêmement bien produit. Le panel est très varié, plusieurs styles (Texas, Chicago…) sont couvert par ce groupe avec, toujours, au cœur cette fameuse note bleue. Le morceau titre, irrésistible, découpé en deux parties l’une ouvre et l’autre ferme l’album, vous met tout de suite dans l’ambiance. Dans ses meilleurs moments, (« let’s rock ! » par exemple) BPB est tel une muscle car américaine lancée à fond sur la highway, les guitares rugissent comme un moteur surgonflé. Avec une bonne touche de groove (que j’apprécie particulièrement) dans le plein d’essence. « B man » et «www.bluespower-band.com» swinguent à fond, cuivres à l’appui. Il ne faut pas cependant croire que cet opus n’est que bruit et fureur, la deuxième partie du disque (« askin for more », « darkside of the sun », « apologies to Freddie and Billy ») met plus en valeur les guitares acoustiques. Sur des titres lents comme «Reverse side Blues » et « Troublemaker », les BPB sont encore capable de faire des merveilles qui vous prennent aux tripes. Le tout baigne dans une ambiance de série B, film noir à l’américaine. Excellent.

http://www.bluespower-band.com/