jeudi 30 novembre 2017

La Féline : « Royaume EP »



Dans la foulée de son magnifique « Triomphe », La Féline est (déjà) de retour avec cette nouvelle livraison de quatre titres. Un disque scindé en deux, marqué par des collaborations avec Lætitia Sadier (la française ancienne chanteuse de Stereolab dans les 90s) et le compositeur « électronicien » Mondkopf. Des rencontres judicieuses qui ont fait sortir l'artiste de sa zone de confort. Ainsi, le résultat est sensiblement différent du dernier album tout en sonnant familier. Avec ce nouvel EP, plus que jamais, l'univers artistique de La Féline est marqué par l'entre-deux. Entre français et anglais, par le biais de la présence de Lætitia, entre électrique (« Le Royaume ») et électronique (« Comme un guerrier »), entre douceur mélodique et charge puissante, voire violente de l'électronique (cf. la reprise en deux parties de « Comme un guerrier » de Gérard Manset, qui caresse l'oreille avant de la fouetter). La Féline produit une musique mouvante, toujours en mutation, qui n'a certainement pas fini de nous surprendre et dont cet EP n'est que l'amuse-bouche.

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mercredi 29 novembre 2017

The Last Shadow Puppets : « The dream synopsis EP »



Synopsis de rêve : dans la foulée de leur dernier album, The Last Shadow Puppets nous gratifient d'un EP bonus surprise qui s'ouvre et se referme sur deux titres dudit album : « Aviation » et « The Dream Synopsis » en mode torch song jazzy. Les quatre autres titres voient le groupe renouer avec ses racines rock psychédéliques avec une bonne dose de guitares et de batteries frénétiques. Un pur jet de rock n'roll, parfois au bord de l’hystérie (« Totally Wired »), on n'en attendait plus autant d'un groupe n'ayant pas toujours bien maîtrisé les embardées, et les arrangements, de son précédent album. Un EP de seulement six titres certes mais à ne pas négliger pour autant, car il voit le groupe atteindre un point d'équilibre entre fureur rock n'roll et arrangements ambitieux, à la fois classieux (« Is this what you wanted », « The dream synopsis ») et complètement barrés (« This is your life »). A noter la reprise baroque des « Cactousse » (cf. les « Cactus » de Jacques Dutronc) par un groupe ne parlant absolument pas français (et ça s'entend) et la classe toute britannique et un peu inquiétante de « Is this what you wanted ». Court mais excellent.

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mardi 28 novembre 2017

Amone



Composé de la chanteuse Olivia et du batteur (et compositeur) Sam, le duo Amone sort son premier EP. Frais et enlevé, à l'image de sa pochette estivale, cette première livraison marque la rencontre, forcément pop, entre le timbre mélodique d'Olivia et les compositions, marquées par les années 80, sans que cela soit rédhibitoire, de Sam. Egalement batteur, ce dernier impulse un groove bienvenu à la musique. Ainsi les années 80 ne sont qu'une influence parmi d'autres, faisant son apparition à travers une ligne de synthé kitsch mais craquante quand-même. La formule fonctionne particulièrement bien sur le, très entraînant, premier titre « All the same ». La ligne de basse énorme d' « Hello Sunshine » fait son petit effet aussi. A découvrir…


lundi 27 novembre 2017

ICONOW du 1/12 au 31/01/2018



L'espace Sunlee Howard du bon marché rive gauche accueille une nouvelle exposition mêlant op art et musique (en détournant des pochettes de disques) de l'artiste Christophe Lavergne (Restez vivants !)

Vernissage le 30/11 de 18h30 à 20h00.

Sunlee Howard
Le Bon Marché
24 rue de Sèvres 75007 PARIS




samedi 25 novembre 2017

Dhani Harrison : « In///Parallel »



Reprendre à son compte l'héritage des Beatles ? Très peu pour lui… Après de multiples participations dans des groupes et quelques hommages rendus à son illustre père, le copieux George Fest notamment, Dhani Harrison (le fils de George) s'émancipe. Dhani flirte maintenant avec les sonorités électro dont la stridence nous étonne parfois (« #WarOnFalse », « Ulfur Resurrection »). Ainsi Dhani trouve son propre chemin en évitant le recours systématique aux guitares, dont le rôle est ici réduit à la portion congrue, celle des arrangements. Et pourtant le lien avec l’œuvre de son Père existe, on pense notamment au triple album « All things must pass » du paternel, dans ce lien avec les sonorités moyen-orientale (les percussions entre autres) qui parsèment l'album. Ambitieux, l'album séduit par sa volonté de moderniser les concepts psychédélique et progressif en les éloignant du rock pour en arriver à cet objet mélangeant les instruments classiques (les cordes) et l'électro, tout en faisant le lien avec la musique de film (un peu comme sur le dernier disque, post apocalyptique de Gary Numan). Les fans des Beatles en seront pour leurs frais, les autres pourront se délecter de cet excellent effort à la démarche courageuse.

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jeudi 23 novembre 2017

Valparaìso, le café de la danse, 21 novembre 2017.


Le nom du groupe est à lui seul une invitation au voyage. Mardi soir dernier, sur la scène du café de la danse, Valparaìso a ravi nos oreilles et nous a fait voyager, une heure et demie durant, sans quitter la petite salle intime du café de la danse. L'influence de base de la musique reste le folk teinté de rock mais un folk minutieux et précis, passé par le tamis de mille influences qui prennent la forme d'arrangements baroques : scie musicale, banjo, violon, ukulélé. Une démarche qui redonne tout son sens au geste musical, des cordes de guitare délicatement brossées au pinceau, triturées au bottelneck d'une manière tout à fait inédite ou caressée, avec stridence, à l'archer. Plutôt calme et propice à la rêverie, les paysages musicaux du groupe sont parfois traversés d'éclairs à la limite du punk/noise, une influence particulièrement perceptible dans le jeu du batteur qui est également, à contrario, très à l'aise balais en mains. Ainsi la musique est sujette à de brèves poussées de fièvres, très intenses. Enfin, la démarche du groupe est essentiellement instrumentale, la présence de différents vocalistes (la ravissante Phoebe Killdeer, Sammy Decoster, Dominique A sur deux titres) accréditant cette thèse de l'utilisation de la voix comme un instrument à part entière en fonction du timbre et des capacités de tout à chacun. Voix de gorge, grave et profonde pour Sammy Decoster, gracile et sexy pour Phoebe Killdeer, quant à Dominique A il représente la facette francophone et chanson de la musique de Valparaìso. Cette dernière reste en dépit de tout imprégnée d'Amérique, de blues et de country (plus une question de feeling général que d'interprétation au sens strict de ces idiomes). Un concert magnifique en forme de voyage imaginaire à travers des routes poussiéreuses…

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lundi 20 novembre 2017

Nuits Blondes



Premier EP pour Nuits Blondes, groupe parisien dont le patronyme, à lui seul, sonne comme une promesse, celle d'une virée nocturne ou le romantisme côtoie le danger et le mystère, autant de notions parfaitement incarnées par la voix grave, tabagique, du chanteur Hubert. Ce disque inaugural ouvre une brèche dans le rock français : mené par une guitare finalement beaucoup plus véloce que bruyante. Certes, quelques fantômes bien connus viennent hanter la musique (Bashung, Noir Désir pour ce mélange entre poésie, noirceur et rock) mais à ces influences très françaises vient s'ajouter une note rock indé, plus anglaise qu'américaine, incarnée par une guitare intrépide, des constructions audacieuses et une production soignée dans les moindres détails créant une ambiance et apportant ce petit supplément d'âme à la musique qui fait toute la différence. Autant de raisons pour l'auditeur de s'aventurer hors des chemins battus, au cœur de la nuit blonde.

En concert le 04/11 à Paris (Péniche Antipode)
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dimanche 19 novembre 2017

Jo Wedin & Jean Felzine : « Pique-Nique »



Plume alerte, crooner né et guitariste incisif, Jean Felzine est un talent caché de France, comme on a pu s'en rendre compte au sein de son groupe Mustang. Le voici de retour avec ce nouveau projet en duo avec Jo Wedin, une chanteuse suédoise croisée il y a une dizaine d'années et avec laquelle il avait déjà sorti un EP en 2015. Visiblement inspiré par le rock n'roll, Jean Felzine a gardé des années 50/60 une certaine idée de la classe et de l'élégance. Pourtant, aucunement question pour l'artiste de refaire ce qui existe déjà (en mieux) ou de se lancer dans la course au « vintage ». Chez lui, les roucoulades surf de la guitare (« Femme de chambre ») sont mises au service d'un répertoire pop, intemporel et chanté en français (« Idiot »). Le duo formé avec la chanteuse Jo Wedin tourne à plein régime sur ce premier disque, chacun incarnant la face opposée des relations amoureuses. Ainsi, derrière son aspect bravache de prime abord (« Chanter, baiser, boire et manger »), la plume tenue par le duo se révèle assez sombre (« Nez, lèvres et menton », "Un jour de plus, un jour de moins"). Un album luxuriant, varié, rempli de chœurs, d'accroches irrésistibles de guitares, de mélodies et de refrains à reprendre à tue-tête (« Je t'aurai »), dressant un catalogue pop idéal du ska, de la disco, du rock ou de la blue-eyed soul (magnifique reprise du « After laughter » de la regrettée Wendy René).
En concert le 13/12 à Paris (le divan du monde)


samedi 18 novembre 2017

Zombie Zombie : « Livity »



Halte là ! Arrêtez tout, Zombie Zombie est de retour ! Et, logiquement, cela devrait faire du boucan. Les choses ont bien changé depuis que l'on avait quitté le double Zombie, un duo à l'époque, l'été 2016. Le groupe est devenu un trio avec l'adjonction d'une batterie qui leur apporte cette dynamique live, voire même rock, qui leur faisait un peu défaut jusqu'ici. Leur expérience sur la BO d' « Irréprochable », sorti l'été 2016, a visiblement laissé des traces sur ce nouvel album, particulièrement cinématographique. Ainsi, ce nouveau disque est alambiqué au possible : les structures sont complexes, les titres s'étirent largement au-delà des cinq minutes, dans cet espace crucial, où les groupes partent à l'aventure s'éloignant des diktats imposés par les radios. Pourtant, mené par le nouveau batteur, le groupe évite tout risque de dispersion. Les couches de sons, de synthés, se rajoutent les unes aux autres, atteignant une espèce de transe, où la tension va crescendo, évoquant la bande-originale, complètement barrée, d'un film imaginaire entre science-fiction, horreur et fantastique (normal avec un patronyme pareil!) On pense au beaucoup au grand écran à l'écoute de ce nouveau disque qui évoque à la fois les BO de John Carpenter (« Livity ») ou le mélange électro/cold wave (« Loose ») tel que le pratique Arnaud Rebotini sur ses multiples projets. Enfin, un petit mot pour finir sur la magnifique pochette, la touche finale de cette éclatante réussite.
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Dirty Work of Soul Brothers : « Girls' Ashes »



Sur cette page, nous avons souvent l'occasion de nous enthousiasmer pour un énième groupe garage rock n'roll, et le merveilleux grain 60s des guitares parfaitement reproduit. Mais depuis combien de temps n'avons-nous pas écouté un groupe vraiment innovant à l'écart des sentiers battus ? Force est de constater que, si, en bons fans du genre, nous avons été plutôt gâtés, ces derniers temps, beaucoup de groupes sont loin d'égaler les standards du genre gravés il y a fort longtemps dans les sixties par les Seeds et autres Sonics. Les membres des Dirty Works of Soul Brothers sont-ils arrivés à la même conclusion que nous ? En tout cas leur réponse se tient dans cet impensable et complètement fou deuxième album : un disque de pur garage rock sans la moindre note de guitare ! Il faut tenter d'imaginer la chose : deux claviers et une batterie courent l'échalote pour un résultat à la fois fidèle à la tradition, le groupe n'utilise que du matériel analogique des années 70 et 80 (synthés, orgues, claviers) et qui n'hésite pourtant pas à trahir les canons de cette dernière pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Le résultat sonne comme du Kraftwerk électrocuté, les deux mains coincées dans la prise électrique. Une sorte de rock progressif et psychédélique dynamité par une énergie venue du punk. L'écho porté sur la voix drape l'ensemble d'un voile mystérieux et spatial à l'avenant des structures alambiquées venues du rock progressif (« I don't », la très dark « Mesmerize », "Toxicide") avant que la machine ne s'emballe dans une jouissive explosion de décibels (« So long », « All the days », « Maria Station ») ; finalement pas très loin dans l'esprit de Suicide s'appropriant le rockabilly. Un trio de cuivres (trombone, cor et trompettes) intervient sur deux titres, histoire de renforcer le groove de la chose. De quoi nous faire craquer encore un peu plus sur cet album, le plus dingue de cet automne. Quelle magnifique trouvaille que ce groupe !

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mardi 14 novembre 2017

Ëda



Deux grains de beauté symétriques, qui prennent la forme d'un tréma rajouté sur la première lettre de ses initiales, comme un symbole de la dualité culturelle. Deux petits points qui résume la trajectoire artistique d'Ëda, aka Eléonore Diaz Arbelaez, qui a grandi entre deux cultures, la France d'un côté, la Colombie de l'autre. Dès lors, rien d'étonnant à ce que l'artiste navigue constamment entre deux eaux. Sur ce premier EP, on retrouve à la fois la chaleur organique de la contrebasse (cf. « Paso, paso »), le swing exotique des percussions (« Manicomio »), mélangées à des sonorités électro-pop concoctées par Anthony Winzenrieth (Flawd). Chanté en espagnol, le disque réinvente ainsi la musique latine, lui donnant des airs psychédéliques modernes à l'image de sa pochette bigarée. Un beau voyage en sons.
En concert (Release Party) le 14/12 à Paris (FGO-Barbara)
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lundi 13 novembre 2017

We are the line : « Through The Crack »



L'autre jour, lors d'une de mes pérégrinations nocturnes, en route vers un concert tardif, on me présente un mec et la discussion s'engage :

- Tu aimes Nine Inch Nails ?

- Moi : Oui, beaucoup

- Depeche Mode ?

- Beaucoup également. Depuis longtemps.

- Bon je te passe le cd de mon groupe alors…

We are the line…

Il semblerait donc que nous soyons en présence d'une ligne. Celle, imaginaire, reliant les années 80 et le futur, l'ombre et la lumière. Passée l'intro instrumentale vaporeuse de « Through the crack », la machine s'emballe brutalement, dans une magnifique transition, et les choses sérieuses débutent avec « A Cold Place » qui, effectivement, rappelle DM. En particulier cette électro sombre et minimale telle que les Anglais la pratiquait à l'époque d' « Exciter », il y a une bonne quinzaine d'années de cela. Mais réduire le groupe parisien a une succédané depeche modesque serait bien trop réducteur. La ligne excelle dans ces ambiances froides, teintées de mystère (« Our last sight ») et ménage ses effets avec ingéniosité. Le disque est particulièrement bien équilibré. Chaque élément est à sa place ni plus, ni moins. La chose peut paraître paradoxale, mais en évitant de trop charger la production, le groupe redonne toute sa place au silence. « Through the crack » est donc un disque où on respire et où l'imagination de l'auditeur travaille parce qu'il y a justement de l'espace pour. Et ça fait du bien. L'EP est suffisamment soigné pour penser que le disque est le fruit d'une longue maturation. Pourtant la proposition musicale manque encore un peu de personnalité et l'influence de DM plane un peu trop au-dessus de ces cinq titres (au niveau du chant notamment). Ne manque plus qu'au groupe de s'éloigner de cette ombre envahissante pour exploiter pleinement son potentiel. Néanmoins, ces 20 minutes inaugurales sont une belle promesse pour l'avenir. On attend la suite avec curiosité et impatience…

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dimanche 12 novembre 2017

Tania Stavreva : « Rhythmic Movement »



Une musicienne et son piano. Sur le papier l'équation paraît simple et pourtant… Plus encore que son piano, c'est sa personnalité que nous donne à écouter Tania Stavreva sur cet ébouriffant album. Et cette dernière est beaucoup plus riche que le simple postulat de départ pouvait le laisser imaginer. Sur les 14 plages composant le disque, la musicienne fait véritablement corps avec son instrument en tirant des sons parfois incroyablement puissants mais aussi, à l'inverse, d'une infinie délicatesse. Il faut ainsi, en plusieurs occasions, véritablement tendre l'oreille pour saisir toute la richesse de la musique. On se prend ainsi à rêver, imaginant la musicienne effleurant les touches d'ivoire dans un geste délicatement féminin (« White Lies for Lomax »). Comme le titre l'indique, tout est ici affaire de rythme, échevelé ou alangui, mais toujours juste et qui redonne sa juste place au silence qui semble habiller les compositions leur donnant ainsi une profondeur faisant bien souvent défaut aux productions contemporaines (l'inquiétante « The Dark Side of the Sun »). Piochant dans le répertoire de trois continents différents, notre vieille Europe (centrale ou de l'est), l'Amérique Latine ou du Nord, la New-Yorkaise nous livre un disque extrêmement riche, inventif, fort d'une multitude de dimensions différentes à la fois classique et légèrement rétro mais aussi mu par une dynamique tout à fait contemporaine. Existe-t-il une touche du piano qui n'ai été jouée par la musicienne sur ce disque ? On n'ose imaginer les heures de dur labeur et de répétitions pour arriver à un tel résultat. On espère la voir un jour sur scène…

Disponible sur le site de l'artiste et sur cd baby


samedi 11 novembre 2017

The Amazing Keystone Big Band : « Django extended »



Big Band, à géométrie variable, composé de 17 musiciens, The Amazing Keystone Big Band fait régulièrement le lien entre classique et jazz ce qui a donné ces dernières d'étonnantes relectures des œuvres de Prokofiev (« Pierre et le loup et le jazz ») ou Camille Saint-Saens (« Le carnaval jazz des animaux »). C'est d'ailleurs lors d'une représentation de ce dernier projet, au Parc Floral en Août 2016, que l'on avait eu vent pour la première fois de ce nouveau projet autour de l’œuvre de Django Reinhardt. Le grand mérite de ce nouvel album est de propulser la musique du guitariste manouche dans une autre dimension, celle du big band et des cuivres. Qui dit jazz manouche dit guitare (forcément!), violon, contrebasse ; un jazz sec et nerveux, souvent ultra-rapide. Bien loin de la luxuriance d'un groupe étendu et de la puissance dégagée par ses vents. Ainsi l'album se révèle très varié, nous réserve quelques belles parties d'une guitare virtuose (cf. « Djangology ») Thomas Dutronc est de la partie, et quelques moments down-tempo (« Troublant Boléro ») ; la version proposée du tube « Nuages » proposant une belle synthèse de la démarche du groupe, des cuivres totalement free prenant le relais d'un violon attendu (et joué pour l'occasion par Didier Lockwood). Et puis, sur une grande partie du disque, les instruments à cordes typiques du jazz manouche sont totalement absents propulsant les compositions archi-connues et rabâchées (« Minor Swing ») dans un territoire totalement inconnu. A noter enfin « Rythme Futur », une composition assez obscure du guitariste exhumée pour l'occasion et livrée dans une version abstraite et baroque. 

En concert à Paris (Salle Pleyel) le 10 mars 2018.
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lundi 6 novembre 2017

Lonny Montem et Guillaume Charret : « Tara »



Pour le nouvel épisode de ses aventures Lonny Montem s'est accoquinée avec Guillaume Charret (Yules). Le duo s'est échappé à Tara, une maison de campagne pour y enregistrer les sept titres de ce copieux EP, quasiment un album. En totale communion avec la Nature (cf. « Woman now ») le duo accouche d'un disque délicat, mélodique et boisé, entretenant un climat propice à la rêverie. On se laisse bercer par les arpèges délicats de la guitare et on se prend à rêver. On imagine un coin, un peu paumé, encadré par les arbres et les herbes hautes, de la rocaille blanche poussiéreuse et beaucoup de verdure. Dans ce contexte, la voix de Lonny trouve son habitat naturel, légère comme une plume (cf. les chuchotements de « Burning bridges »), où pointe une note gutturale, utilisée à bon escient lorsque l'intensité monte (cf. « Please, look after me ») et que les cordes de la guitare folk se font marteler un peu plus violemment. Pensés avec soin, les arrangements baroques (glockenspiel, melodica, body rhythm, les mystérieuses « furniture from the house ») entretiennent cette sensation de légèreté onirique alors que le banjo et le violon apportent un contrepoint country mélancolique beaucoup plus terre à terre, permettant à l'ensemble de trouver son délicat équilibre. Enfin les deux reprises chipées chez James Taylor (« You can close your eyes ») et Paul Simon (« Old friends ») rappellent l'ancrage seventies de la chose, où les voix de deux protagonistes s'emboîtent merveilleusement, touchant du bout des doigts une sorte de perfection vocale. L'auditeur est touché en plein cœur. 

En concert à Paris le 29/11 (L'International).


dimanche 5 novembre 2017

Gary Numan : « Savage : songs from a broken world»



Vingt-deuxième album pour Gary Numan ! Le vétéran de la scène industrielle est de retour avec un nouvel effort écrit au moment où Donald Trump était élu. Le Président des Etats-Unis et, surtout, son discours climato-sceptique a eu une grande influence sur l'artiste. Visiblement tourneboulé, Numan en a sorti un album dystopique, décrivant une planète devenue un désert de sable, où, sans la technologie tombée en désuétude, l'homme revient à sa nature primale, l'eau devenant dans ce contexte apocalyptique le bien le plus précieux. Force est de constater que Numan a parfaitement mis ses angoisses en musiques en un album nerveux et tendu évoluant sur le fil du rasoir. Les synthés traduisant parfaitement cette sensation de fin du monde («The end of things », « And it all began with you », "Mercy") alors que les guitares laissent exploser toute la violence sous-jacente et contenue en de brusques montées de décibels (cf « When the world comes apart »). Nine Inch Nails n'est jamais bien loin (comme d'habitude). Mais le plus impressionnant reste la voix étranglée de Numan qui laisse transparaître tout le désarroi qui est le sien (cf. « My name is ruin »). Ainsi, l'album ressemble à une crise d'angoisse qui va crescendo jusqu'à l'explosion finale. George Miller (« Mad Max ») tirerait probablement un chef d’œuvre de cet album particulièrement cinématographique. Numan est comme le bon vin, il vieillit plutôt (très) bien. Cette nouvelle réussite en est la preuve éclatante.
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samedi 4 novembre 2017

JD McPherson : « Undivided heart and soul »



Apparu sur les radars en 2010, JD McPherson, s'impose, album après album, comme un des plus précieux songwriter de son époque. Ce nouveau disque, le troisième, voit le natif de l'Oklahoma franchir un nouveau cap. Cet album a été enregistré dans des conditions particulières à Nashville (son nouveau lieu de résidence) au légendaire Studio B de RCA, fréquenté jadis par Dolly Parton ou Elvis en personne. Le lieu étant un musée durant la journée, l'intégralité de l'album a été enregistré de nuit et cela s'entend. Dès les premières notes de « Desperate love », l'auditeur tombe dans une faille temporelle, là où brillent les phares d'énormes Cadillacs chromées, toutes droites sorties des années 50. Nashville oblige, le disque respire le terroir et la tradition country et rock n'roll des années 50 matinées d'influences pop (« Hunting for sugar », « On the lips ») que l'on jurerait inédites depuis l'époque. Mais réduire le disque à une série de clichés sortis des années 1950 serait une profonde erreur tant la dynamique qui anime l'ensemble semble contemporaine. Ainsi la rugosité des guitares est mise au service d'un répertoire influencé par des choses beaucoup plus récentes (« On the lips », « Style (is a loosing game ) »). En enregistrant à Nashville, McPherson a probablement réalisé un rêve de gosse. Mais le plus beau est qu'il ait réussi a élever son niveau d'écriture à ce cadre exceptionnel. Résultat le disque aligne les perles les unes après les autres (« Lucky penny », « Undivided heart and soul », « Bloodhound rock »…) comme à la parade. Ni rétro, ni passéiste, juste intemporel et c'est énorme. Le changement d'air lui a fait du bien. On attend avec impatience la déclinaison scénique de l'album ! 



mercredi 1 novembre 2017

Date with Elvis, Silencio, 31 octobre 2017.


Pour sa première date parisienne de la tournée, dans le cadre intime du Silencio (de moins en moins à la hauteur de sa réputation (cf. le plafond qui se casse la gueule, les marches qui s'effritent, le sol tout abîmé) les Marseillais Date with Elvis ont laissé une impression plutôt mitigée. On avait adoré l'album (cf. la chronique) on est plus circonspect sur la déclinaison scénique de ce dernier. Le duo a donné l'impression tout le set de se débattre avec son répertoire. Erreurs de manipulation du clavier, accélération subite du tempo entraînant un décalage, chant pas toujours maîtrisé, le duo a semblé improviser avec les difficultés toute la soirée sans jamais donner l'impression de se départir de cette sensation de sourdine qui a enrobé la musique. Et pourtant le potentiel est là, l'univers du groupe et cette confrontation entre claviers cold wave et guitare blues et roots est passionnante à écouter. Aussi, le concert fût brillant mais par intermittence seulement. Le tout dans le cadre relativement froid du fameux club privé où se croise la hype venue de tous les horizons.

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