Premier album pour ce groupe norvégien
au nom à rallonge et un tantinet provocateur. Et quel étrange objet
que voici ! Car sur ce premier effort, les Norvégiens donnent
leur version à eux du blues. Alors certes, le groupe n'évite pas
certains passages obligés du genre et d'ailleurs ils s'en accomodent
très bien. Mais plutôt que de sombrer dans le redite et de nous
livrer une énième relecture de « Sweet home Chicago »,
The Devil and The Almighty s'empare du blues à bras le corps,
l'étreint jusqu'à en obtenir la substantifique moelle et en ressort
avec cette chose pour le moins étonnante et non conventionnelle.
Chez The Devil and The Almighty, le blues est lourd, lent, et
menaçant comme un ciel noir de suie avant l'orage. Les chansons sont
longues, la musique fonctionne sur des riffs de guitare puissants qui
tournent en boucle jusqu'à l'hypnose. Une deuxième guitare se
charge des soli explorant des gammes inattendues dans une longue
dérive psychédélique sans fin. Tout cela n'est pas sans rappeler
la scène doom ou stoner, cf. la frappe lourde de la batterie, mais
le groupe se garde bien de franchir le Rubicon. Au final on obtient
ce disque un peu bizarre, dans l'entre deux, pas tout à fait metal
mais trop heavy pour les thuriféraires de la note bleue. Un objet
qui n'a pas fini d'intriguer mais que l'on aime sans retenue aucune.
mercredi 30 septembre 2015
dimanche 27 septembre 2015
The Wooden Sky : « Let's be ready »
Si il est devenu coutumier de
mentionner les années 1970 en évoquant la plupart des groupes de
rock actuels, The Wooden Sky déplace le curseur une vingtaine
d'années plus loin et fait plutôt référence à la scène
indépendante des années 1990 ; on pense beaucoup à REM à
l'écoute de l'album. A l'image de sa pochette très réussie, le
disque s'avère assez naturel, il se dégage quelque chose de
profondément américain dans la musique de ces Canadiens. Quelque
chose comme du folk infusé de pop indé. Maintenant d'une main de
fer les watts à un niveau raisonnable (« When the day is fresh
and the light is new », « Maybe it's no secret »),
le groupe prend le soin d'affiner les climats, les ambiances, pour
atteindre un résultat aérien. C'est dans ce style mélodique que le
groupe excelle à l'image de la très belle « Baby, hold on ».
Abattant une carte mélancolique à l'occasion, « Kansas
City », le groupe fait mouche avec le dépouillement
accoustique de « Let's be ready ». Un album plutôt
classique de très bonne facture en dépit de quelques baisses de
tension dommageables (« Write them down »). A
découvrir...
http://www.thewoodenskymusic.com/
https://www.facebook.com/thewoodenskyfb
samedi 26 septembre 2015
Horisont : « Odyssey »
Champions scandinaves d'un garage rock
fleurant bon le boogie et les influences seventies, Horisont évolue
en douceur sur son troisième effort, le plus consistant à ce jour.
Intitulé « Odyssey », ce dernier porte particulièrement
bien son titre et débute sur un épique morceau titre dépassant les
dix minutes. Eux qui naguère balançait des chansons de trois
minutes comme autant de poings dans la gueule ne boxent clairement
plus dans la même catégorie. L'efficacité règne toujours (« Blind
leder blind », « Bad news ») mais le groupe évoque
désormais plus volontiers le hair metal des années 1980 mâtiné
d'influences progressives (Yes), comme si le groupe s'était mis en
tête de remonter le fil de l'histoire du rock pour mieux s'inscrire
dans cette dernière. Musicalement, la nouveauté vient des
guitares ; en effet, Horisont n'a désormais plus peur des
démonstrations de dextérité à la six cordes, les soli fleuves
abondent dans ce disque. A nouveau son, nouvelle approche, cet album
a un concept inspiré de la science-fiction : « Une raçe
suprême d'êtres étranges qui expérimentent sur la création de la
vie et commence à peupler les planètes qui l'entoure »
(Magnus Delborg, basse). On décolle quand ?
www.horisontmusic.com
vendredi 25 septembre 2015
J.C. Satàn
Formation
Italo-Bordelaise, J.C. Satàn s'est dans un premier temps fait
remarquer, avant même de jouer une seule note de musique, par son
patronyme entre Jesus-Christ et Satan. Ca commence plutôt bien.
Musicalement le groupe s'est installé dans le paysage comme l'une
des formation garage les plus solides d'ici. Ce nouvel opus,
particulièrement consistant, les voit évoluer, intelligemment, vers
des nouveaux horizons. Certes, le groupe n'a pas tout à fait renoncé
à l'hystérie musicale qui les caractérise et ce nouveau disque
regorge de chansons intenses dont l'écoute est fortement déconseillé
aux cardiaques, cf. « I could have died », littéralement !
Mais au fil des écoutes J.C Satàn impose un univers au confin du
punk et du métal qui brille par son songwriting pop et psychédélique
(« Don't joke with the people you don't know » ;
« Waiting for you », superbe). Car le groupe a un
talent : celui de rebondir exactement là où on ne l'attendait
pas (cf. « I will
kill you tonight »).
Les compositions sont tortueuses, prennent des virages soniques
inattendus et des allures franchement inédites. Au calme succéde la
tempête et vice-versa. Finalement l'auditeur est littéralement pris
dans un déluge sonore vertigineux qui donne le tournis. Ce disque
vous monte à la tête ! Vous voilà prévenus. Fascinant
et passionnant !
jeudi 24 septembre 2015
Thundermother : « Road Fever »
Gros son, guitares saturées dans le
style des années 1970, batterie frénétique... On écoute les
premières mesures du nouvel album de Thundermother et les images
(clichés) affluent, on imagine des musiciens tatoués, arborant de
longues barbes et répétant dans un garage. Erreur grossière. La
vérité est beaucoup plus jolie, les Thundermother sont en fait un
groupe de cinq jeunes filles, une rareté dans le paysage métal.
Bon, dans le fond cela ne change pas grand chose, les musiciennes
envoient les watts et se révèlent aussi efficaces dans le genre que
n'importe quel groupe masculin. La grosse différence vient du chant.
Placée derrière le micro, l'Irlandaise Clare Cunningham intrigue.
Son interprétation est réellement étonnante, car même si la
chanteuse pousse sa voix dans les graves, pour mieux coller au gros
son déployé par le groupe, son timbre ne perd jamais de sa
féminité. Le tout sonne étrangement sexy, d'une manière assez peu
conventionnnelle. Pour le reste, le quintet balance un rock au son
gras, foutrement bien foutu et diablement efficace, aggrémenté de
quelques touches de blues bienvenues et de soli inspirés, dans la
lignée des meilleurs formations actuelles. La guitare accroche
l'oreille (« Thundermachine »), le chant si particulier
évoqué plus haut fait tout la différence et finit par rendre la
formation réellement attachante. Comme l'indique son titre, l'album
est tout indiqué pour accompagner un road trip, direction l'enfer.
Belle découverte.
https://www.facebook.com/thundermothermardi 22 septembre 2015
Victorine : « La rentrée »
Voici une petite
chronique bien de saison. En effet la jeune Victorine fête la
rentrée (sic) avec cette charmante petite ritournelle aux guitares
surf bien inspirées. Quelque part entre les yéyés et Etienne Daho,
de quoi être nostalgique du primaire. Victorine est une chouette
maîtresse (d'école) !
https://www.facebook.com/victorinemusiclundi 21 septembre 2015
Un samedi après-midi avec Chuck Sperry
Quelle chouette après-midi passée en
compagnie de Chuck Sperry ! Mais pour ceux qui ignorent tout du
personnage, un petit rappel s'impose. On a fait la connaissance de
Chuck en 2013 lorsque la galerie l'oeil ouvert a, pour la première
fois, exposé ses œuvres. Et ce fut une véritable révélation !
Travaillant exclusivement en sérigraphie, utilisant une palette
chromatique particulièrement élaborée et excercant ses talents
dans le domaine musical, au moyen de sublime affiches de concerts,
Chuck s'avére être le digne héritier de la scène psychédélique
des années 1960 mais aussi de l'art nouveau dans le sillage d'Alfons
Mucha.
Donc, pour reprendre le fil de notre
histoire, samedi dernier Chuck est venu nous faire un petit coucou et
animer un atelier d'initiation à la sérigraphie dans les locaux de
la galerie l'oeil ouvert. Ne pouvant déménager ses machines depuis
San Francisco, Chuck nous a fait une démonstration old school,
entièrement manuelle, à l'aide d'encre et de films photosensibles
pré-imprimés. Etaler l'encre dans ces conditions se révèle
particulièrement physique, notre ami a fini en nage, et ce par trois
fois comme autant de couleur. Au fil de l'après-midi chaque
participant est passé derrière la presse dans une ambiance bonne
enfant. You want to print Man ? Pardi, pour sur qu'on veut !
Avec les conseils avisés et l'aide bienveillante de Chuck. Pour sur,
que livré à lui-même l'auteur de ces lignes n'aurait été capable
que de livre un brouillon du plus mauvais aloi ! Charismatique
et comédien né, Chuck nous a régalé tout l'après-midi de ses
anecdotes hilarantes, comme celle de la livraison par la Global
Overnight Delivery (God = Dieu) ! Intrigués par l'animation à
l'intérieur de la galerie, de nombreux passants se sont invités à
la fête, transformant le workshop en happening improvisé. Et à la
fin, tout le monde est reparti, fiers comme Artaban, avec sa
sérigraphie personnelle sous le bras, tout emerveillé d'avoir pu
assister à la naissance d'une œuvre.
Exposition Chuck Sperry, Muses in
Paris.
Du 17 septembre au 11 octobre
Galerie l'Oeil Ouvert
1, rue Lucien Sampaix (œuvres sur
papier)
75010 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h
et le dimanche de 10h à 13h.
75, rue François Miron (œuvres sur
bois)
75004 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h
et le dimanche de 14h à 19h.
Sam M : « Oa na mba »
Après des débuts dans son Cameroun
natal, le guitariste et chanteur Sam M (Samuel Mbappe) sort un effort
aux couleurs jazzy. A ce titre, la photo de la pochette est assez
trompeuse, à la fulgurance de la guitare électrique, Sam préfère
les cordes acoustiques délicatement arpégées. Le vocable est
peut-être éculé mais le premier mot qui vient à l'esprit à
l'écoute du disque est le voyage. Voyage au milieu du son et de la
musique. En effet, l'album se trouve au croisement de plusieurs
cultures entre chant en langue vernaculaire (le Douala du nom de la
capitale du Cameroun) et arrangements aux couleurs latines. Les
percussions nous ramènent du côté du Brésil, et à ce titre
l'album n'est pas sans rappeler les efforts de Stan Getz avec
Gilberto, alors que l'accordéon semble tout droit échappé du tango
argentin (« Abela »). Le résultat est chaud et délicat
à l'oreille, le timbre de gorge, profond, de Sam trouve ainsi
l'écrin idéal. La musique s'épanouit ici lentement, posément.
L'album s'impose ainsi comme le compagnon idéal des soirées à
venir, idéal pour prolonger encore un l'été finissant.
En concert le 22 septembre 2015 à
Paris (New Morning)
mercredi 2 septembre 2015
Mujeres : « Marathon »
Après deux albums sortis dans leur
Espagne natale, les Catalans de Mujeres voient, enfin, leurs efforts
récompensés sur le sol français par l'entremise du label Bordelais
Platinum. L'album a beau, faussement, s'appeler « Marathon »,
tout chez Mujeres évoque le sprint et les guitares qui dépotent à
toute berzingue (« Night Bloom »). Et c'est d'ailleurs
comme ceci que commence cet excellent opus avec un « Lose
Control » particulièrement bien nommé. Jouissif. Donc Mujeres
pratique un garage rock nerveux et incisif, sale et mâtiné de
psychédélisme déglingué et débarrassé de toute influence venu
du blues. Ca vous rappelle quelque chose ? Les Black Lips ne
sont jamais bien loin. Mais les Catalans ont leur personnalité bien
à eux. Les influences surf de « Perpetual motion » sont
chouettes alors que « Radiant brother » joue l'attaque
frontale la basse bien avant. « Uncertain glory » et
« She brought the darkness » (peut-être bien la
meilleure du lot) étonnent par leurs approche pop (légèrement)
plus calme et mélodique. Mais on apprécie surtout les deux titres
en espagnol, « Vivir sin ti » et « Galgo
Diamante », même si on ne comprends que vaguement le sens des
paroles, l'utilisation de la langue de Cervantès permet au groupe de
se distinguer du tout venant étasunien et fait souffler un vent de
fraîcheur exotique sur le disque.
mardi 1 septembre 2015
Rock en Seine 2015
Ghost (c) Olivier Hoffschir |
Ghost (c) Olivier Hoffschir |
Vendredi 28 Août :
On commence fort dés le début cette année avec Ghost. Grimés,
masqués, détournant les symboles religieux, les Suédois proposent
un show grandiloquant. Musicalement parlant, le heavy-metal de Ghost
n'est finalement pas si violent que cela mais rudement efficace et
bien troussé, à grands coups de refrains fédérateurs. Quelque
part entre le grand-guignol de Kiss et la noirceur de Black Sabbath.
Bons débuts.
John Butler (c) Olivier Hoffschir |
Arrivés à ce point, il est peut-être de temps de se
faire une petite parenthèse roots. On continue donc sur la grande
scène avec John Butler. Si l'Australien est toujours resté fidèle
au trio, les membres de ce dernier changent régulièrement ce qui
permet au groupe de se renouveler. Le trio a bien évolué accentuant
le côté roots de Butler (banjo, bottleneck et pédale wha-wha) une
contrebasse et un mini synthé moog faisant leur apparition. Puisant
son inspiration dans le rock, bien sur, mais aussi le blues et la
country/folk le guitariste virtuose et écolo nous enchante sous le
soleil. Onze ans après sa sortie « Zebra » reste un tube
imparable.
Benjamin Clementine (c) Olivier Hoffschir |
Direction ensuite la scène de la cascade où il est
question de soul music et de piano, cet instrument plutôt rare sur
les festivals d'été, en compagnie de Benjamin Clementine. Un moment
délicat, doux et mélodieux, un pause toujours appréciable en
pleine débauche de décibels. Pieds nus, assis très haut, presque
debout, derrière son clavier, Clementine est un virtuose des touches
d'ivoire et un remarquable chanteur dont la voix véhicule les
émotions par wagons entiers. Un violoncelle renforce les aspirations
classiques du musicien. Hélas, le public a l'air de s'ennuyer un
peu, invectivant l'artiste : « Réveille-toi » !
Dommage mais il est vrai que la musique de Clementine doit
s'apprécier encore plus dans l'intimité d'un petit club.
Jacco Gardner (c) Nicolas Joubard |
Vient
ensuite le premier épisode de notre saga psychédélique du
week-end : Jacco Gardner sur la scène de l'industrie. En deux
albums remarquables, le musicien Hollandais a réussi à ressuciter
toute une imaginerie héritée des années 1960 à base de folk et de
rock psyché. C'est doux et mélodique, planant mais toutefois
entraînant car lui réussit à rendre les extrêmes compatibles. Les
arpèges de guitares acoustiques se mélangent à l'oreille alors
qu'un orgue, vintage forcément, souligne la cohésion de l'ensemble.
Un batteur véloce et efficace apporte un peu de piment à la chose,
rendant sa scansion hypnotique : magnifique ! Le premier
grand moment du week end.
FFS (c) Olivier Hoffschir |
On parcours ensuite les quelques mètres
qui nous séparent de la scène de la cascade pour assister à la
naissance scénique d'un mythe : FFS soit la collaboration entre
Franz Ferdinand et les Sparks déjà auteurs d'un excellent album
sorti un peu plus tôt cette année. L'efficacité rythmique des
premiers alliée à la théatralité un peu barge des seconds :
le mariage est explosif ! Sur scène, le rapport entre les
guitares et les synthés s'inverse, ce qui contribue à rendre la
musique particulièrement entraînante. Les guitares sont funky à
souhait et apportent une bonne dose de rock à la chose. C'est
dansant et addictif. Derrière son synthé, Ron Mael, affiche un air
pincé et contrit, l'homme le moins souriant de l'histoire de la pop
qui se lâche finalement le temps d'une chorégraphie solo
improbable. La combinaison des voix entre Russel Mael et Alex
Kapranos fonctionne plutôt bien même si le premier accuse le poids
des ans et a bien du mal à suivre le plus jeune dans ses
chorégraphies. Il ne reste plus qu'à revisiter le patrimoine
respectif des deux formations : « This town ain't big
enough for the both of us » (1974) : énorme, « Take
me out », incisif. Un de ces moment dont plus tard on pourra
dire : j'y étais !
Miossec (c) Nicolas Joubard |
On termine cette première journée
très dense avec un petit peu de chanson française en compagnie de
Miossec. Vétû tel un hobo avec son chapeau, Miossec, la voix
ravagée, n'a rien perdu de sa légendaire faconde. Ainsi à
l'adresse de The Offspring, qui joue en même temps sur la grande
scène et que l'on entends jusqu'ici, ce dernier affirme : « Les
vieux punks il faudrait les piquer » ! Succès garanti !
Musicalement, Miossec donne maintenant dans la torch song plutôt
bien arrangée à base de claviers et de violoncelle. De temps à
autre une contrebasse apporte une touche baroque pas désagréable.
Un artiste qui vieillit plutôt bien.
Forever Pavot (c) Olivier Hoffschir |
The Maccabees (c) Victor Picon |
Samedi 29 Août :
La journée commence avec une déception toute relative, The
Maccabees, dont on nous avait pourtant dit le plus grand bien.
Téléphoné, calibré pour les grandes scènes des festivals
(comprendre FM), le groupe peine à retenir l'attention. On préfère
pour notre part filer pour suivre sur la scène de l'industrie le
deuxième épisode de notre saga psychédélique du week end en
compagnie de Forever Pavot. Le temps de constater qu'Emile et sa
bande sont en grande forme. Avec moult claviers vintage ce dernier
crée des ambiances cinématographiques, dignes des polars des années
1970, avec une bonne dose de psychédélie sixties, un batteur funky
et une guitare insicive : excellent !
Balthazar (c) Victor Picon |
Ah, Balthazar, on les
attendait de pied ferme après avoir adoré leur album « Thin
Walls » et on n'a pas été déçu ! Alors que résonnent
les premiers accords de « Decency », un frisson parcours
la foule, hypnotique et à la fois complétement dingue, les Belges
font mouche grâce à des petites merveilles de rock déglingué,
« Then what », « I looked for you ». Les
guitares sont entraînantes (« Nightclub ») et le violon,
omniprésent dans les arrangements, fait de nombreux appels du pied
en direction du Velvet Underground. Quand la cold wave rejoint le
Velvet, cela donne Balthazar, sombre et lumineux en même temps, on
tient ce groupe en très haute estime et cette prestation live ne
fait que confirmer tout le bien que l'on pense d'eux.
Etienne Daho (c) Victor Picon |
Au fil du temps
et des écoutes, la musique se charge de souvenirs et d'émotions que
l'on revisite après comme on retrouve un vieil ami perdu de vue.
Est-ce pour cela que l'on aime autant le rock ? C'est l'esprit
lourd de questions hautement philosophiques que l'on rejoint la scène
de la cascade en direction du moment nostalgique du week-end en
compagnie d'Etienne Daho. On ne soulignera jamais assez l'importance
de ce dernier sur la scène française et l'impact de son incroyable
série de tubes sur le public. Chaque titre, « Epaule Tattoo »,
« Tombé pour la France », « Week end à Rome »
charrie son lot de souvenirs auprès de la foule qui reprend les
refrains en cœur dans un grand élan collectif. Une prestation bon
enfant et il y a quelque chose d'émouvant à réécouter ces vieux
tubes après toutes ces années. D'autant que Daho est en grande
forme musicale entre rock et new wave. A souligner une très bonne
reprise de « Comme un boomerang » chipée chez Gainsbourg
et Dani. La madeleine de Proust du week-end.
Interpol (c) Victor Picon |
Interpol (c) Victor Picon |
Et puisqu'il est
question de nostalgie on continue dans la même veine avec Interpol
(intéressant cet enchaînement dans la programmation soit dit en
passant) groupe qui nous scotche régulièrement depuis treize ans
maintenant. Si la grande majorité des fans ne s'est jamais remise du
départ, il y a cinq ans, du flamboyant bassiste Carlos D. force est
de constater que son remplaçant assure le taf sans sourciller. Pour
le reste on retrouve ce mélange de mélancolie et de cold wave qui
fait le charme du groupe depuis le début. Les guitares sont
envoûtantes, Daniel Kessler, visiblement possédé, assurant le show
avec son jeu de jambes spectaculaire et la voix grave de Paul Banks
semble un peu triste. Derrière son kit, Samuel Fogarino assure le
tempo avec autorité et une pointe de vitesse qui dynamite
l'ensemble. Au niveau du répertoire, le groupe pioche largement dans
les deux premiers albums donnant une coloration nostalgique a leur
set (deux exceptions la magnifique « Rest my chemistery »
et « All the rage back home » extraite du dernier
disque). En tout cas ça marche du tonnerre auprès du public qui
connaît les paroles par cœur.
Pond (c) Victor Picon |
Dimanche 30 Août :
Ca commence mal, une panne de métro nous a fait râter We are match,
dommage. Donc on se console sur la scène Pression Live avec le
troisième épisode de notre saga psychédélique du week-end, les
Australiens de Pond. Alors, comment dire et par où commencer ? C'est
complètement dingue. On dirait du Pink Floyd déglingué à grandes
lampées de synthé kitsch et de guitares garage et rentre dedans.
Funky et planant en même temps, excellent ! Et le charisme des
membres du groupe ne fait qu'ajouter à la séduction exercée par
les Australiens. Un grand moment.
Last Train (c) Victor Picon |
Last Train (c) Victor Picon |
Alors qu'une chaleur caniculaire
s'abat sur le parc de Saint-Cloud, les membres de Last Train se
présentent eux en cuir noir et même capuche sur la tête en ce qui
concerne le guitariste ! Des vrais de vrais, on vous le dit !
Excellent quatuor venu de Mulhouse, Last Train joue (assez fort) un
rock simple mais efficace, teinté d'influences 70s, une sorte de
BRMC version stoner avec ce que cela suppose de blues. Le groupe est
bien aidé dans sa tâche par un chanteur, au bord de la crise
d'apoplexie et une section rythmique à la fois heavy mais précise
faisant preuve d'un touché délicat à l'occasion. Emouvant et
charismatique, le quatuor entretient un rapport privilégié avec son
public grâce à une grande proximité. Très très bon. On annonce
une tournée de 70 dates pour cet automne, ne les ratez pas ! Et
on attends le premier album avec impatience.
Natalie Prass (c) Victor Picon |
Après un tel déluge de
décibels il nous faut bien un peu de douceur, une calinothérapie
musicale en quelque sorte, en résumé on a besoin de la délicate
Natalie Prass et ça tombe bien puisqu'elle est sur la scène
Pression Live. On avait dit beaucoup de bien du premier album, plutôt
soulful, de la jeune américaine que l'on était impatient de
découvrir sur scène. En concert, Natalie privilégie une approche
plutôt rock de la chose, mettant les guitares en avant. Les chansons
prennent une nouvelle direction, plus naturaliste, sans les
arrangements de cordes et autres. C'est beau mais différent. La
reprise de Carole King se chargeant de rappeler l'ancrage classic
rock de Natalie. Le groove de « Bird of prey » est
impeccable avec ou sans cordes ; c'est une pause mélodique qui
fait du bien. Et en plus elle est mimi comme un cœur. Un excellent
moment. Continuons si vous le voulez bien notre feuilleton
psychédélique du week end avec Marietta, un jeune talent français,
sur la petite scène Ile-de-France. Vêtu d'un tee-shirt Nirvana
garanti d'époque, Marietta pratique un rock teinté de psychédélisme
60s avec une guitare déliée mélangée avec de chauds claviers
vintage. Bien écrit et agréable. Marietta n'est pas insensible non
plus au punk 60s et renversera l'assistance avec un dernier titre en
forme d'irresistible tornade musicale. Le batteur se révèle
impressionnant dans ce contexte. Un jeune talent à suivre.
Tame Impala (c) Nicolas Joubard |
Il est
alors temps de mettre un point final à notre saga psychédélique du
week-end avec un dernier chapitre consacré à Tame Impala. Le single
« Elephant » de ces derniers porte à confusion en nous
faisant croire que Tame Impala est un groupe de rock. C'est bien
évidemment érroné, un cerveau bouillonnant comme celui de Kevin
Parker pouvant difficilemment se contenter d'une étiquette aussi
simpliste. Le dernier disque en date « Currents » voit
Parker virer du côté obscur du disco pratiquant une musique où les
synthés prennent le pas sur les guitares. Illustration en est donnée
avec la magnifique, dans son rendu live, « Let it happen »
qui ouvre la prestation du soir. Sur scène, les compositions
prennnent un joli coup de fouet grâce au batteur, français, Julien
Barbagallo. Les aspirations psyché de Kevin Parker évoluent et
changent de forme et le public à l'air de suivre. Il y a quand même
quelque chose d'intrinsèquement bizarre à voir Parker chanter « Why
don't they talk to me » devant la foule immense rassemblée
devant la grande scène...
Alt J (c) Olivier Hoffschir |
Un petit mot pour finir avec la pop
rêveuse d'Alt-J qui se distingue par ses ambiances éthérées et un
excellent batteur. Le groupe s'efface presque devant le light-show
magnifique et démentiel et n'apparaît plus qu'en ombre chinoise.
Toutes ces lumières qui scintillent, tournent dans tous les sens et
se reflètent sur les feuilles des marronniers à la nuit tombée,
c'est beau ! Et c'est ainsi que se termine pour nous le festival
de cette année.
Inscription à :
Articles (Atom)