jeudi 9 mars 2023

Nico Wayne Toussaint : « Burning Light »

 


Peut-être, avec le recul des années, arrivera-t-on peut-être à se dire que, finalement, les confinements ont eu du bon. Une nouvelle preuve nous en est faîte avec Nico Wayne Toussaint, un artiste qui s’est totalement réinventé pendant la pandémie. Pendant 25 ans, nous l’avons écouté comme harmoniciste et comme chanteur. En secret, Nico rêvait des six cordes de sa guitare, qui traînait toujours dans un coin de la pièce et qu’il n’osait exposer en public. Puis, vint l’enfermement généralisé pendant lequel Nico s’est enfin laissé aller à son fantasme de guitare électrique. La dernière étape est la sortie de ce nouvel album guitare/voix, enregistré en solo absolu et en à peine trois jours, avec tout de même un peu d’harmonica, on ne se refait jamais totalement. Toujours fidèle au blues, Nico Wayne Toussaint en donne une version intime et lancinante (« Remembering John Campbell »), brute et sans fioriture, proche de l’os, où l’émotion l’emporte sur toute autre forme de considération (« One More Day »). Mais on aime surtout cet album pour les images mentales qu’il convoque, celle d’un musicien que l’on imagine aisément ne jouer rien que pour nous dans un coin de la pièce, celle d’un album enregistré en toute discrétion au cœur de la nuit, et cette sensation d’intimité immédiate avec l’artiste et sa musique.

https://www.nicowaynetoussaint.com/

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mardi 7 mars 2023

Théo Lawrence : « Chérie »

 


De sortie en sortie, la carrière de Théo prend de la consistance. Leader successif des Velvet Veins puis de Théo Lawrence & The Hearts, on l’a connu pratiquant le rock garage ou la blue-eyed soul. En solo depuis deux disques, Théo donne libre cours à son fantasme country et à son territoire de prédilection : le sud des Etats-Unis. Un parcours qui le mène aujourd’hui à cet improbable petit miracle, un album de country pur-sucre, enregistré (en prises live) sur les lieux même ou s’est écrite la légende, au Texas, par des musiciens français ! Un style qui lui sied à ravir. Songwriter fin et précis, Théo se double d’un chanteur/crooner au charme indéniable dont la voix, profonde et riche de mille nuances d’émotions, se niche parfaitement dans cet écrin idéal que l’on jurerait sorti tout droit des années 1950. Point de passéisme ici mais un Texas swing constant, raffiné et élégant, à visée intemporelle, enluminé du twang de la guitare, de basse ronde, de pedal-steel et de violons. Une réussite éclatante à tous points de vue.

En concert les 12, 13 et 14 avril à La Boule Noire

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dimanche 5 mars 2023

Tio Manuel : « ¡Ocho ! »

 


Parsemant son blues d’influences latines, lui dont les origines familiales se trouvent au-delà des Pyrénées, Tio Manuel s’impose, album après album, comme un musicien de plus en plus attachant. La chose ne déroge pas avec ce huitième album (« ocho » !) qui voit, comme d’habitude, l’artiste déployer une palette assez large allant du folk/americana (la bien nommée « Le Voyage ») au rock’n’roll (« The Moment » ; « Heading to Sorbas ») en passant par le blues (« Bad cloud blues ») ou la soul (« Box of pictures » . "Assassination Machine"). Manuel possède ce don rare, celui d’incarner pleinement le genre dans lequel il s’inscrit, grâce à son chant, sa voix légèrement éraillée, laissant passer les émotions au travers d’une petite cassure dans le fond de la gorge. Tio Manuel c’est le genre d’artiste qui vous emporte avec lui tant l’imaginaire et son univers sont prégnants. Les influences latines, qu’il affectionne tant, font le reste. L’écouter c’est partir avec lui en road-trip sur des routes que l’on imagine poussiéreuses. Un excellent album de plus !

Sortie le 24 mars.

https://tio-manuel.com/

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samedi 4 mars 2023

Quintana Dead Blues Experience : « One of us »

 


Et si finalement tout était expliqué dans le titre ? On pense plus particulièrement au mot « expérience ». Car effectivement tout dans ce disque, de sa conception du blues à son écoute relève de l’expérience. Seul avec sa guitare et son antique GrooveBox Roland MC909 (à la fois sampler et boîte à rythme), Piero Quintana donne de l’idiome bleu une version toute personnelle à la fois marqué par les guitares puissantes entre (hard) rock et métal. Une charge sonique impressionnante prête à tout emporter sur son passage (« Crazy »). Mais les sons synthétiques du sampler apportent et une dimension, quelque chose qui sonne, curieusement, comme du Depeche Mode à nos oreilles, du moins quand ces derniers s’essayaient au blues et au rock (« I wish you’d never been here »). Radical, intense, et sans concession, certes, mais émouvant aussi.

https://www.pieroquintana.com/fr/

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vendredi 3 mars 2023

Patrick Coutin : « L’homme invisible »

 


Les choses les plus simples sont souvent les meilleures. C’est fort de cette certitude que Patrick Coutin, le légendaire auteur du cultissime « J’aime regarder les filles » (1981), s’est envoler pour Austin, Texas, sa guitare et un paquet de chansons composées entre deux confinements, sous le bras. Il n’a fallu que quelques jours sur place, et quelques musiciens pointures locales, pour que l’affaire soit emballée. Au final, le meilleur album de Coutin depuis des lustres ! Coutin, au plus proche de ses inspirations rock’n’roll, touche ici à la formule magique : des guitares échevelées (« La nuit est là » ; « La star du comptoir » ; « Rien que pour ses yeux »), brutes, mais pas dénuées de groove, tant que le blues (« Quand je suis loin de vous ») et l’americana à la française (« Mon bébé par la main ») traînent toujours dans les parages. C’est aussi un formidable appel à la vie, un regard lucide posé sur le destin, et un cri libérateur au beau milieu de la folie ambiante entre guerre et virus. Simple et inspiré, enregistré à l’ancienne, ce nouvel effort possède tous les attributs du classique immédiat. Rock on !

En concert le 21 mars 2023 (La Bellevilloise)

https://coutin.net/

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mercredi 1 mars 2023

North Mississippi Allstars + Vicious Steel, Les Nuits de l’Alligator, La Maroquinerie 27 février 2023.


Dans quelques heures il en sera fini de l’édition 2023 des Nuits de l’Alligator, le temps passe trop vite ! On commence par un trio français, Vicious Steel qui pratique un hybride blues rock garage particulièrement énergique et efficace. Une prestation hélas en partie obérée par de nombreux problèmes d’ampli qui font que l’on perd la guitare (fabriquée avec un bidon d’essence) au fur et à mesure que l’on avance dans le set. Fâcheux, certes, mais pas de quoi doucher l’enthousiasme du groupe qui se donne à fond qu’importe les circonstances. Mention particulière au tracteur / lap steel guitare qui, tout phares allumés, a foncé dans la nuit du rock. Un clin d’œil amusant et efficace aux racines terriennes du groupe.

Entendons-nous bien, il n’est point question ici de remettre en question les compétences de ces deux formidables musiciens que sont Luther (guitare) et Cody (batterie) Dickinson, dont le dernier album nous avait charmé, qui à eux deux forment l’ossature des North Mississippi Allstars. Simplement, en se présentant sur scène dans une formation réduite à l’essentiel (une guitare et une batterie), probablement pour une question de budget, la fratrie ne s’est pas mise dans une position idéale pour défendre l’excellence de son dernier effort, particulièrement arrangé et ouvragé. Le répertoire ne colle donc pas vraiment avec une formation réduite au minimum. Une situation encore aggravée par l’appétence de Luther pour le solo de guitare à rallonge dont on finit par perdre le fil. On décroche ainsi progressivement et nous ne sommes visiblement pas les seuls si on tient compte des discussions entre spectateurs qui reprennent dès que le groupe baisse en intensité. Et pourtant les deux frères se donnent de la peine et mettent du cœur à l’ouvrage. Ainsi le set est traversé de fulgurances, trop rares, scotchant le public sur place, porté par la batterie au groove diabolique. Le temps d’un morceau, le guitariste Luther se révèle un formidable batteur, et son frère Cody un merveilleux guitariste. Comme quoi, même un concert moyen ne nous fera pas remettre en question la haute estime que l’on porte à ces musiciens.