dimanche 30 mars 2014

We are scientists : « TV en français »



2006. Le trio We are scientists déboule avec un premier album « With love and Squalor » à la diabolique efficacité rock n'roll, provoquant une véritable fièvre électrique sur son passage. Las, le départ du batteur Michael Tapper, dès 2007, a réduit à néant la belle urgence des débuts. Réduit au duo Keith Murray (voix/guitare) / Chris Cain (basse), le groupe se cherche un peu depuis. Une constante néanmoins, le duo a depuis considérablement réduit le volume et la vitesse d'exécution pour creuser l'aspect mélodique. Toujours pop mais avec moins de power. Sur ce nouvel effort, le cinquième, le groupe donne l'impression de chiper les idées partout où il peut, en gros du métal à la new wave. Si le disque est solide et n'est pas avare de bons moments (« Courage » et « Return the favor » pour la mélodie, « Make it easy » et « Slow down » pour l'efficacité) pas évident toutefois de distinguer une ligne directrice forte et une personnalité musicale. Résultat We are scientists vivote. Il va en falloir un peu plus pour se distinguer dans la masse...
www.wearescientists.com
En concert le 31 mars à Paris (Maroquinerie)




samedi 29 mars 2014

Chloe Charles, Le Nouveau Casino, 24/03/2014



Artiste prometteuse, la jeune Canadienne était de passage lundi soir dernier sur la scène du Nouveau Casino. L'occasion pour nous de vérifier l'excellente impression que nous avait laissée le premier album de Chloe sorti il y a quelques semaines. En concert, Chloe se produit en formation serrée et acoustique : un piano, un violon et Chloe au chant et à la guitare sèche. Le résultat est beaucoup plus linéaire qu'en studio, plus axé sur des sonorités folk/classique et un peu moins soul/jazz ; le fantôme de Nick Drake passe... Chloé Charles, sur scène c'est avant tout une présence. Elégante et féminine, la Belle en impose. Son chant trahit une véritable implication physique, pour aller chercher des notes parfois assez hautes et surtout les tenir pendant de longues secondes aux cours de vocalises, pleines d'emphases, à couper le souffle. Paradoxalement, malgré une prestation assez statique, Chloe bouge beaucoup, les bras surtout, au rythme de la musique, lentement donnant l'impression visuelle d'un ralenti avec beaucoup de grâce et de sensualité. Le concert est dans l'ensemble assez émouvant et, plus d'une fois, le spectateur est littéralement transporté dans un torrent d'émotions diverses grâce au charisme de l’interprète. Chloe attire immédiatement la sympathie, n'hésitant pas à discuter avec le public entre deux chansons avec un humour froid et pince sans rire (« le personnage de la chanson se fait couper les mains. Normal ! »). Beaucoup de compositions inédites, ne figurant pas sur l'album furent jouées. On retiendra principalement la magnifique relecture, lente et sensuelle, du « Wicked game » de Chris Isaak. L'occasion de quitter Chloe sur une dernière pirouette, « la vidéo était vraiment érotique ! ».
www.chloecharles.com


dimanche 23 mars 2014

Blues Power Band, le divan du monde, 21 mars 2014.



Blues Power Band, BPB pour les intimes, était de retour sur une scène parisienne vendredi soir au Divan du Monde, dans la foulée de leur excellent nouvel album « Invasion ». Pour ces retrouvailles, à titre personnel c'était mon premier concert du groupe depuis quelques années, la formation était en forme olympique. Sur la route depuis quelques années, BPB est devenu un ensemble soudé et compact, où règne la bonne humeur, comme en témoigne le concours de grimaces entre les différents membres du groupe ou la petite escapade du duo Régis (guitare) / Nico (basse) au milieu de la fosse. Car BPB sur scène, c'est du sport de haut niveau et le groupe mouille le maillot (au sens propre) à l'instar des athlètes ! Musiciens aguerris, la bande des six n'hésite pas à s'aventurer sur des terrains plus rock/pop, multipliant à l'envie les longues escapades instrumentales (cf. le petit clin d’œil aux Who) à force soli, d'orgue ou de guitares, autour d'une section rythmique aussi solide que le béton. Mais qu'importe si le groupe s'éloigne parfois de plus en plus du blues pur et dur, quitte à faire mentir leur patronyme, le feeling, s'il prend différentes formes reste toujours intact (« A woman of action » impeccable). Le genre de concert qui ravit tous les fans de classic rock.




Sunday Wilde : « He digs me »



Relativement méconnue dans nos contrées, Sunday Wilde est une chanteuse canadienne avec déjà, mine de rien, quatre albums à son actif. « He digs me » est son cinquième disque. Alors que l'on débute l'écoute de ce dernier, une figure s'impose de suite à notre souvenir, celle de Janis Joplin. Un grain de voix similaire, un chant profond et éraillé, son timbre est taillé pour le blues. Et cela tombe bien car de blues, il est largement question le long des treize plages composant l'album. Mais pas seulement. Car Sunday n'est pas un simple clone de la grande Janis (inimitable quoi qu'il en soit) et son disque est loin d'être une énième resucée des sixties. « He digs me » est un album qui va bien au-delà des années 1960, piochant dans le jazz (superbe « Nobody's fault ») ou le bluegrass. Peu importe la forme que prends la musique de Sunday Wilde au fil des titres, le feeling, qui prends au tripes, reste le même. Majoritairement acoustique, mettant en valeur des instruments tel que le piano, guitares acoustiques parfois slidée, contrebasse ou cuivres, le disque dégage une atmosphère. Une ambiance, une âme, un charme rétro indéniable. Le compagnon idéal d'une énième nuit en solitaire dans un bar enfumé. Un grand voyage, remontant le temps, dont l'écoute est fortement recommandée.





samedi 22 mars 2014

Bill Pritchard : « A trip to the coast »



Perdu de vue depuis 2005, Bill Pritchard est de retour. Et quel retour ! Songwriter originaire de Lichfield (Grande-Bretagne), Bill Pritchard, lorsqu'il ne chante pas, ce qui fût assez souvent le cas ces dernières années, exerce la vénérable profession de prof de français dans sa région natale. Ce qui lui vaut une certaine popularité par chez nous, Bill chantant régulièrement dans notre langue. Las, sa discographie, débutée dans les années 1980, a souvent mal vieillie, les excès de productions de l'époque ayant du mal à passer l'épreuve du temps (à l'image de son « Parce que » enregistré avec Daniel Darc en 1988). Et il est rageant de voir des compositions de cette qualité gâchées par une production datée abusant des effets de manche. Fort heureusement, rien de tel ici. Pour son retour, Bill Pritchard signe enfin le grand album que l'on attendait depuis des lunes. Clarté des lignes, orchestrations organiques autour de la guitare folk, les dix titres composant ce « Trip to the coast » prennent des allures de classiques instantanés ; dégageant cette étrange impression de familiarité avec un disque que l'on écoute pourtant pour la première fois. A cheval entre folk et pop, Bill Pritchard tisse l'écrin idéal pour sa voix de crooner chaude et profonde. Soulignons pour finir la belle mélancolie de « Truly blue » (piano et cordes, classique mais intemporel), le rock plus musclé et l'accroche de guitare assez efficace de « In June » et « Tout seul », le seul titre en français de cette nouvelle livraison. Jolie carte postale envoyée depuis la côte, ce nouvel album de Bill Pritchard n'est pas sans rappeler celle d'un autre anglophone épris de culture française, que l'on adore également, Elliott Murphy.

mercredi 19 mars 2014

Bosco Delrey : « Egyptian Holed Up EP »


 
Originaire du New Jersey, Bosco Delrey fait partie de cette diaspora étasunienne installée dans l'hexagone pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Personnage fantasque et halluciné (cf. la photo ornant la pochette de l'ep) Bosco voyage entre les styles et les époques sur les quatre plages de cette livraison inaugurale. Bien plus qu'une simple resucée, Delrey s'approprie chaque genre abordé, se créant ainsi une identité musicale échappant à toute école, une sacrée personnalité artistique en devenir. L'EP commence donc avec la petite merveille exotico-sixties « Egyptian Holed Up », un titre étonnant et franchement adictif dominé par des cuivres latino. Vient ensuite « I wonder so », ligne de basse énorme, qui, pour une raison étrange, nous rappelle les Cure et les années 1980 sans tomber pour autant dans le plagiat. Un peu plus loin, on retrouve notre préférée « Skippin like a 45 » morceau d'inspiration surf sixties : un pur moment de rock n'roll déjanté. Enfin, l'EP se termine par un ultime contre-pied, « Lie on the L.I.E », composition pop dominée par le piano, un exercice de songwriting à l'ancienne bien servi par une dynamique et une production moderne. Reste une interrogation : quelle autres surprises va bien pouvoir nous réserver Bosco Delrey sur son premier album « The green tiger's alibi » dont la sortie est prévue pour le 14 avril prochain ????
Facebook
 

BOSCO DELREY - EGYPTIAN HOLED UP from Belleville Music on Vimeo.

lundi 17 mars 2014

Lady Linn : "High"



Troisième album pour cette jeune artiste Belge et changement d'orientation pour celle qui, jusqu'à présent, nous avait charmé avec son mélange de jazz/pop baignant dans une ambiance vintage à la séduction indéniable. Passé l'intro acoustique de « Regret » qui ouvre le disque, place à la nouvelle Lady Linn : arrangements aux synthés, rythmiques disco (« High », « Sassy »), si l'ambiance est toujours plus où moins rétro, celle ci évoque dorénavant plus les années 1980 (« The beat ») que les sixties. Le changement est tel que son groupe, les Magnificent Seven, qui pourtant l'accompagne toujours sur scène, n'est même plus crédité sur la pochette. Il y a cependant quelques ingrédients qui n'ont pas bougé : l'impeccable sens du groove, du placement de la magnifique voix de Miss Linn, qui n'a pas complètement tout chamboulé non plus. Placé a mi-parcours l’enchaînement du blues lent « Remember » avec « Drive », qui comptent parmi les meilleurs titres de cette nouvelle livrée, est là pour le prouver. En fin de programme, l'émotive « Feeling me », sobre et dépouillée au piano, permet de renouer avec « l'ancienne » Lady. Un album surprenant, déstabilisant même, mais cependant pas dénué de qualités. Dont au moins une essentielle, la volonté de renouvellement et la prise de risque inhérente à cette dernière.



Blues Power Band : « Invasion »



Cela peut paraître anecdotique mais pour son cinquième album, Blues Power Band ose pour la première fois affubler son patronyme d'un point d'interrogation après le mot Blues. Signe d'un éloignement progressif du blues pur et dur. Le Blues tel qu'il est pratiqué par BPB est écartelé entre plusieurs influences à l'image du reggae pop du premier single « Gooo ! » ou du rock puissant « Seek and you'll find », « Out of sight ». Qu'il s'agisse de s'attaquer à la note bleue ou non, BPB a toujours placé l'efficacité en première ligne. Ce nouvel album ne fait pas exception à la règle. Les guitares sont surpuissantes, jusqu'à flirter avec le métal sur certains passages, la rythmique dépote à faire se lever les morts. Le clavier apporte une note groovy très agréable. En résumé le groupe est au sommet de sa forme. Et le blues reste toujours au cœur de leur préoccupations comme le prouve les très réussies « The harder the fall » ou « Miss Grim Reaper ». Plus loin, le temps de quelques respirations acoustiques (les intros de « Somebody at the door », « Rain », l'instrumental « Desert »), le groupe trouve la nécessaire touche émotionnelle qui se prolonge sur la dernière plage « And now » (un morceau assez sombre pour ce groupe plutôt typé fun). Encore un grand cru à mettre au crédit de ce groupe qui jusqu'à présent ne nous a jamais déçu.

En concert le 21 mars au Divan du Monde (Paris).

 

dimanche 16 mars 2014

The Craftmen Club + Red Goes Black, Nouveau Casino, 12 mars 2014.


(c) Christophe Sergent
Sur le mur du fond de la salle s'affiche l'acronyme TCC (The Craftmen Club) suivi de numéros de série qui défilent le tout accompagné d'une musique sourde et angoissante avant que le quatuor n'entre en scène. Comme un fait exprès le concert débute avec « Face to face » symbolisant le nouveau Craftmen Club épris d'ambiances froides et robotiques, inspirées par la coldwave des années 1980 (sans les synthés) mais qui n'a pas renoncé pour autant aux guitares et au rock n'roll. Dans le grand ordonnancement des choses, c'est un peu le chaînon manquant (et rêvé aussi) entre The Cure et The La's (au hasard). Le groupe est vêtu de nouvelles tenues de scène, des chemises bleu marine type armée avec un écusson TCC suivi d'un numéro de série. Kafkaïen au possible. Sur scène le groupe fait preuve d'une efficacité rythmique à toute épreuve, le chanteur Steeve maintenant le cap ponctuant le show de « let's go » annonçant l'explosion imminente des guitares à plein volume. Il est étonnant de constater à quel point ce type, plutôt réservé dans la vie de tous les jours, se transforme une fois sur scène. Le show se termine dans un quasi chaos, Yann démonte sa batterie, balance la caisse claire avant de vider une bière sur scène. Steeve éructe dans tout les sens. Marc reste stoïque et garde le tempo à la basse. Grand moment. Grand groupe.
 
En première partie on a pu apprécier les bretons (Douarnenez) de The Red Goes Black. Moins sauvages mais tout autant rock n'roll, le groupe rappelle autant les Mods et le Mersey beat anglais que le rock garage et le blues étasunien. Très belle découverte.
http://theredgoesblack.com/


Brad Mehldau, Maison des Arts de Créteil, 11 mars 2014


 
Pianiste de classe internationale et un des jazzmen les plus populaires de ces dernières années, Brad Mehldau était de passage à la Maison des Arts de Créteil mardi soir. Le pianiste se produit en trio acoustique accompagné par sa section rythmique batterie/contrebasse. Si l'attention se focalise principalement sur le piano, on reste pour notre part frappé par la maîtrise de la section rythmique. Écouter un concert de Mehldau, c'est quelque part accepter de se perdre. Sa musique réclame une part d'abandon. Les compositions sont longues, très longues, les possibilités mélodiques sont infinies et explorées à l'envie. On reste scotché par le batteur Jeff Ballard et son sens du swing pour le moins personnel, cette capacité à utiliser le rebond et à creuser le temps au maximum, rapide mais toujours fluide, ses baguettes ne faisant qu'effleurer les peaux. La sensation est d'autant plus saisissante lorsque Ballard se met à battre réellement. Chaque coup est alors reçu d'un presque sursaut. Quelque soit la durée des pièces jouées (parfois jusqu'à 15 minutes) toujours les musiciens retombent sur le temps. Au delà de l'aspect technique, on retient surtout la musicalité pure de l'instant. Au piano Mehldau dégage un lyrisme évocateur. L'impression générale est étonnante, Brad Mehldau semble se contorsionner d'un bloc derrière son clavier, les coudes près du corps. Les émotions se bousculent, c'est assez difficile à décrire. Seul petit regret, la contrebasse manque d'amplification, on a parfois un peu de mal à entendre et à profiter de ce son si particulier... Ce fût quoi qu'il en soit un excellent moment.
http://www.bradmehldau.com/

lundi 10 mars 2014

Yucca Velux : « Love »


Dans cet espèce de tonneau des Danaïdes qu'est l'actualité musicale, il est, de temps en temps, des groupes qui sortent du lot. Des disques dont on n'espérait rien et qui d'un coup deviennent indispensables. Il ne s'agit que de quelques bribes de réflexion venues à l'écoute de « love », un EP signé Yucca Velux, groupe inconnu jusqu'alors. Yucca Velux, donc, groupe vraisemblablement biberonné à la pop anglaise, sort un EP remarquable en dépit d'une apparente modestie et un petit air de ne pas y toucher. Sous un aspect des plus classiques, les cinq titres ici compilés font figure de modèle du genre. Jolies mélodies à base de guitare à son clair, arrangements soignés (les cordes en particulier), rythmique toute en souplesse, le disque s'écoule avec douceur et plaisir. La voix féminine apporte une petite touche soul pas désagréable à l'univers très sixties/hippie/pop du groupe. Une belle découverte pour finir la journée en douceur...

www.facebook.com/yuccavelux


dimanche 9 mars 2014

Liz McComb : « Brassland »



Née à Cleveland (Ohio), Liz McComb mène depuis trois décennies une carrière remarquable entre jazz, gospel et soul music. Une voix, rauque et sexy, qui compte. Aussi incroyable que cela puisse paraître, jusqu'ici, Liz McComb avait toujours refusé la présence des cuivres dans son groupe, prétextant qu'elle était elle-même « a horn ». Il a fallu attendre son dixième album pour enfin la voir changer d'avis. Direction, le Brassland, pays imaginaire où les brass band règnent en maîtres. Pour ce nouvel album, Liz a vu grand. Monumental, le disque comporte 21 pistes, soit plus d'une heure et quart de musique, sans aucun déchet, la marque des plus grands. Ce nouvel effort a nécessité de nombreux voyages, Liz récupérant des inspirations diverses au fil des routes. De Paris à La Nouvelle-Orléans, de Detroit à Kingston en passant par New York. Chaque session est marquée par une couleur particulière, les morceaux « parisiens » sont plus urbains dégageant une aggressivité presque rock (« I need you », « Labours in the Vineyard »), les sessions « jamaïcaines » ont des teintes à la fois reggae (« Give it up ») mais aussi caribéennes (« The blessing »). Detroit symbolise la soul jazzy et langoureuse (« What a wonderful world ») alors que New Orleans incarne une facette funky et accrocheuse (on s'en serait douté). Chaque étape est marquée par des collaborations avec des musiciens légendaires et plusieurs fantômes planent au-dessus de ce disque de Bob Marley (des membres de son ancien groupe ont participé aux sessions) aux Meters (à noter les participations de George Porter et Ivan Neville). On aurait pu tomber dans l'écueil de l'album patchwork et il n'en n'est rien, la forte personnalité et le chant tellement puissant de Liz McComb sert de lien et l'album s'écoute dans un flot harmonieux. C'est finalement à un panorama géant de la « great Black American music » qui nous convie Liz McComb. Direction le Brassland, pays imaginaire et rêvé où les brass band règnent en maîtres...
www.lizmccomb.com
www.facebook.com/liz.mccomb.official

En concert les 13 et 14 mars 2014 au Casino de Paris (Paris)


samedi 8 mars 2014

Paris Combo : « 5 »



On aurait bien tort de croire que la chanson française soit systématiquement synonyme de misère et de commisération. Bien au contraire, lorsqu'elle prend soin de rester à l'écart des dérives commerciales typiques de la variété, la chanson peut être belle. On en veut pour preuve le nouvel album de Paris Combo. Frais et léger, sans être dénué de profondeur, Paris Combo remet au goût du jour un swing désuet mais charmant qui est sa marque de fabrique depuis le milieu des années 1990. Trompette, contrebasse, guitare c'est un peu comme si le fantôme de Django s'invitait à la table tant l'influence du jazz est prégnante. Ajoutez à cela la voix cuivrée et sexy en diable de Belle du Berry, une chanteuse téléportée depuis les guinguettes du bord de Marne des années 1920, un soupçon d'exotisme (l'arabisante « Lux ») des textes tour à tour gouailleurs, rigolos ou romantiques... Couche après couche, Paris Combo se compose un univers des plus séduisant. Suffisamment en tout cas pour que l'on attende le printemps en compagnie de son nouveau disque. Et même plus si affinités.

Pour acheter le disque https://itunes.apple.com/fr/album//id797557309


My Little Cheap Dictaphone : « The smoke behind the sound »



Parce que la volonté se dépasser et le refus de la redite sont des qualités indispensables, on s'interdira de dire du mal de My Little Cheap Dictaphone (par ailleurs un des meilleurs groupes actuellement en activité sur notre vieux continent). Trois ans après le magnifique « Tragic tale of a genius », MLCD est de retour avec un nouvel effort, résolument moderne et aux accents planants, soit l'exact opposé du disque précédent. Et force est de constater que le résultat est bien en deçà du niveau de qualité auquel le groupe nous avait habitué jusqu'à présent. Hormis quelques titres, le single d'ouverture « Fire », « Rabbit holes », « Out of the storm », « Feather Smile » la sauce ne prends jamais vraiment. L'écoute se déroule, provoquant une sensation vaporeuse chez l'auditeur (« Bitter taste of life », « Change in my heart », « Summer in the dark » aux claviers limite kitsch). Autrefois lyrique et pleine d'emphase la musique de MLCD semble aujourd'hui désincarnée. Plate et sans relief. Comme si au cours des longs mois passés à polir ce nouveau disque dans les moindres détails, à la recherche d'un absolu pop impossible, le groupe en avait fini par oublier l'essentiel : les chansons. Grosse déception.



jeudi 6 mars 2014

The Psychotic Monks : « Another Man EP »


Le patronyme du groupe a de quoi inquiéter... Pourtant, seule la concurrence doit se faire un sang d'encre. Après écoute des quatre titres (quelle frustration) de cet EP, on en arrive à une conclusion toute simple : The Psychotic Monks est le genre de groupe qui se pose là et à tout pour rapidement devenir l'un de nos préférés. Clair, carré et efficace, le rock n'roll vu par les Psychotic Monks puise sa source dans les années 1970. Rythmiques d'enfer, guitares qui dégoulinent, on navigue à vue, quelque part entre hard rock, stoner et relents blues. Le groupe place l'urgence et l'efficacité en valeurs cardinales, tant dans le traitement des batteries que des guitares, ça frappe fort, ça fait du bien... Science du riff alliée à la puissance de frappe, le groupe impressionne par sa précision rythmique et sa capacité à tout emporter sur son passage mais, toujours, avec justesse et la bonne dose d’agressivité, sans jamais verser dans l'excès. La bien nommée « Tremolo song » (le fameux relent blues dont on parlait plus tôt) met en avant une autre facette du groupe, mélodique et délicate, pleine de feeling. Ces types sont également capable de la plus belle des retenues. Où s'arrêteront-ils ? On attend un album pour le savoir...
https://soundcloud.com/psychotic-monks
https://www.facebook.com/ThePsychoticMonks


lundi 3 mars 2014

Klô Pelgag : « L'alchimie des Monstres »



Découverte à l'automne dernier, la jeune (24 ans) Québecoise Klô Pelgag est, déjà, de retour avec un premier album qui s'écoute comme une invitation au voyage. Et c'est un étrange pays, celui issu de son imagination fertile, qu'il nous est proposé de visiter. Teinté de surréalisme (« La fièvre des fleurs », « Les mariages d'oiseaux », « Le silence épouvantail »), Klô chante des personnages atypiques, des situations étranges et les animaux (« Taxidermie », « Les corbeaux ») ; son univers relève d'une alchimie rare, parfois grave et pourtant étrangement teinté de légèreté. Avec en prime ce petit grain de folie onirique, typique des artistes Québecois, qui fait souffler un vent frais et décalé sur la chanson chantée dans la langue de Molière. Pianiste et guitariste remarquable, Klô Pelgag se moque des étiquettes musicales, normal pour une artiste qui se réclame à la fois de Frank Zappa, Jacques Brel, King Crimson, Debussy ou son compatriote Gilles Vigneault. Son album est majoritairement acoustique, le swing jazzy se marie avec des cordes classiques. Parfois un souffle épique s'empare des compositions de Klô (« Rayon X ») qui rappelle, dans une moindre mesure, les voisins Montréalais d'Arcade Fire. Cet univers étonnant trouve son plein épanouissement sur scène où l'humour pince sans rire de Klô le dispute aux tours de magie effectué par les musiciens. Elle est en tournée européenne jusqu'à la fin avril, profitez-en.



dimanche 2 mars 2014

Ndidi : « Dark swing »


 
Autrefois connu sous le nom de Ndidi O, la Canadienne Ndidi est de retour avec ce nouvel album, « Dark Swing », qui, d'après elle, est la chronique d'une relation qui n'aura duré qu'un an jusqu'à la rupture finale. Ce qui explique la doucereuse mélancolie qui enrobe les onze titres composant le disque, qui est probablement le plus personnel jamais publié par Ndidi jusqu'à présent. Et une fois encore la magie opère. La voix de Ndidi est magnifique, certainement l'une des plus belle sur le marché à ce jour. Ce chant est mis au service de solides compositions prenant leur source dans les musiques terriennes d'Amérique du Nord. On pense bien sur en premier lieu au jazz vocal ("Why can't you be mine" superbe) et en particulier à Norah Jones, sauf que contrairement à elle, Ndidi ne s'est jamais perdu en route. Plutôt que de céder à la facilité d'une approche pop trop commerciale pour être complètement honnête, Ndidi préfère se rapprocher du folk (« Love and laughter », « Don't come around here ») ou du blues pour un résultat organique et majoritairement acoustique. La pop et le rock ne sont pas cependant oubliés aux détours de reprises (un peu convenue) de « Sugarman » (Rodriguez) ou « Yer so bad » (Tom Petty). Un magnifique album, nocturne et automnal.

samedi 1 mars 2014

Anna Calvi : « One Breath »



Apparue en 2011 avec un premier album rock et baroque, l'anglaise Anna Calvi avait frappé les esprits. La voici de retour avec un nouvel effort et une nouvelle déflagration en perspective. L'univers musical d'Anna Calvi est tel un gâteau où différentes couches d'ingrédients se superposent en un mélange harmonieux. On connaît l’appétence de la britannique pour les ambiances à la fois classiques et baroques, l'album regorge d'arrangements de cordes somptueux et délicats (le morceau titre « One breath ») qui se marient à merveille avec son timbre de voix mélodieux. « Sing to me » est ainsi une petite perle de rêverie musicale. Mais Anna Calvi sait également se faire violence et faire monter les décibels au moyen d'une guitare surprenante voire inattendue. « Eliza » et « Love of my life » sont les parfaits exemples de chansons fiévreuses qu'Anna peut produire lorsqu'elle s'attaque au rock n'roll. « Cry », morceau schizophrénique, résumant parfaitement le tout en une alternance de délicatesse et de violence expérimentale au moyen d'une guitare vraiment surprenante. Enfin « Piece by piece » offre encore une autre facette à l'électro parfaitement assumée et digérée. Si elle continue sur cette lancée, il ne fait aucun doute que cette jeune Anglaise ira très loin...