Disparu l'été dernier, le 16 juillet
à Zürich, quelques jours à peine après avoir foulé une dernière
fois une scène française (au festival de jazz de Vienne), Johnny Winter n'aura même pas vécu assez longtemps pour voir la sortie
officielle (le 10 septembre dernier) de son ultime album studio.
Johnny est mort sur la route, loin, si loin de son village natal de
Beaumont au Texas. Forcément, réecouter ledit album après les
faits prend une tournure particulière. Comme un baroud d'honneur, un
dernier banquet avec une foultitude d'invités. Les amis de la
première heure ont répondu présent, Eric Clapton, Joe Perry
(Aerosmith), Brian Setzer (Stray Cats), les copains du sud, Billy
Gibbons (ZZ Top), Texan comme lui, ou Dr John, le voisin de
Louisiane. Et puis la jeune génération est venu rendre visite à un
mentor, Ben Harper, l'harmoniciste Jason Ricci. S'attaquant à un
répertoire de reprises classiques (« Killing Floor »,
« Unchain my heart », « My Babe », « Who
do you love »...) Johnny rends ici un ultime hommage au blues
et au vieux rock n'roll avec lesquels il a grandi. Au final cela
donne un disque avec une grande variété d'ambiances, des 1950s aux
1970s, où l'harmonica, les cuivres et les joutes guitaristiques au
cordeau entre guitar heroes de bonne compagnie (« Okie Dokie
Stomp » avec Brian Setzer) tiennent le haut du pavé. Pas
foncièrement original certes mais d'excellente tenue, Johnny aura
réussi sa sortie... RIP.
mercredi 31 décembre 2014
mardi 30 décembre 2014
The Love Me Nots : « Sucker »
La parenthèse Zero Zero
(provisoirement ?) refermée, le duo Nicole Laurenne
(voix/orgue) / Michael Johnny Walker (guitare) revient à ses
premières amours, le garage rock tendance sixties sous l'alias The Love Me Nots. Autre grand événement, le groupe revient dans sa
composition originelle, celle qui avait enregistré « In black
and white » en 2006 (Jay Lien à la batterie, Christina Nunez à
la basse). Et oui, c'était il y a (presque) neuf ans déjà... Le
quatuor de Phoenix (Arizona) rocke comme à la plus belle époque.
Faut-il y voir une relation de cause à effet ? Le track listing
ressemble à une suite d'injonctions : « Don't let him »,
« You gotta go », « You're not giving me enough »,
« I blame you »... L'accompagnement musical est à
l'avenant, la bande des quatre mise sur l'urgence, les chansons sont
vite emballées par une guitare prise de folie (sacré Michael)
contrecarrée par un orgue groove vintage apportant une once de
distanciation. A son meilleur le groupe délivre des pépites
excitantes dès la première écoute (« No myth », « The
Fixer », « Wrong »). A la guitare, Michael Johnny
Walker, fait preuve d'un registre large allant du punk au rockabilly
en passant par mille nuances entre deux : hard rock 70s voire blues
déglingué en passant par le western (cf. "Slip into the black"). La voix, grave, de Nicole, toujours aussi sexy,
représente l'atout charme de la musique, la pêcheresse que l'on
suivrait les yeux fermés. Enfin, preuve que l'expérience Zero Zero
a laissé quelques traces, « Jet » chanson midtempo
mâtiné de pop, assez inhabituel pour le groupe prouve l'ouverture
d'esprit du quatuor, loin de ranger tous ses œufs dans le même
panier.
En concert le 2 avril 2015 à la Clef (Saint-Germain-En-Laye)
En concert le 2 avril 2015 à la Clef (Saint-Germain-En-Laye)
lundi 29 décembre 2014
Zero Zero + 1
Projet parallèle du couple Nicole
Laurenne/Michael Johnny Walker (The love me nots), Zero Zero, donne
l'occasion au couple de s'éloigner des sonorités garage rock qui
ont fait leur réputation pour une musique plus proche de la new wave
des années 1980. Concrètement, concernant la chanteuse claviériste
Nicole Laurenne, le passage d'une formation à l'autre signifie
l'abandon de l'orgue vintage au profit de synthés. Après un premier
album « Mayday », le couple est déjà de retour avec une
nouvelle livraison, un mini-album (étonnament) live de 8 titres. Le
disque commence avec une double version de « You know what to
do », un morceau inédit présentée dans sa version studio
suivie d'une version live. Ce titre aux sonorités space-rock est
marqué par une opposition entre une guitare farouchement rock et un
synthé SF. S'en suit alors sept titres que l'on avait déjà
découvert sur le premier effort du groupe. Le rendu live de
l'ensemble est assez intéressant et apporte un éclairage neuf sur
le travail de la formation. Malgré l'intégration de nouvelles
sonorités, le cœur du groupe reste intrinsèquement attaché au
rock n'roll inventant à l'occasion un style nouveau, hybride, entre
new-wave et garage. Une guitare cradingue n'hésitant pas à
s'envoler dans des solis lyriques en opposition frontale avec un
synthé, parfois cheap (« Drug », « You know what
to do ») ou atmosphérique (« I'll wait » ;
« Red Light » la meilleure du lot). Un live énergique.
vendredi 26 décembre 2014
CharlElie, NCY-NYC
La France l'ignore un peu, mais
CharlElie Couture n'est pas uniquement musicien (son 19ème et
excellent album Immortel est sorti il y a peu). Installé depuis le
début des années 2000 à New York City, où il est le propriétaire
de la galerie The RE, CharlElie est également peintre, photographe
et plasticien. Pour la première fois en France, la galerie Poirel,
sise dans sa ville natale de Nancy (NCY), organise une grande
exposition retrospective de l'artiste « multiste » selon
sa propre définition. L'exposition fermera ses portes le 1er
mars 2015.
Plus d'infos cliquez ici
http://info.arte.tv/fr/charlelie-artiste-multiste
jeudi 25 décembre 2014
America : « Holiday Harmony »
Véritable maronnier de saison et
classique du showbiz étasunien, il était inévitable que ces vieux
bardes folk d'America se mettent un jour à l'album de Noël. Tache
dont ils se sont acquittés en 2002 avec un album à leur image, à
base de guitares folk et de percussions tentant d'émuler leur grand
hit « An horse with no name ». Trois originaux émaillent
cette collection de titres traditionnels « Let it snow »
(notre chanson de Noël préférée), « White Christmas »
et autres « Silver Bells ». Lisse, sans aspérité ni
grande passion, l'album sera parfait en fond sonore pour quiconque
rêve d'un « Christmas in California ».
mercredi 24 décembre 2014
Venera 4 : « Velveteen »
Pour tout ceux que les chants de Noël
épuisent, les français de Venera 4 ont la riche idée d'offrir en
téléchargement gratuit leur nouveau single « Velveteen »,
histoire de fêter Noël dignement. Sorte de mélange de shoegaze et
de rock psyché, « Velveteen » est portée par des voix
éthérées sur un fond de guitares distordues mais étrangement
planantes. Le titre est inédit et ne figurera pas sur le premier
album du groupe prévu pour février 2015. Il n'est pas trop tard
pour aller chercher son cadeau sous le sapin ! Joyeux Noël à
tous !
mardi 23 décembre 2014
Black Strobe + San Carol, Fuzz'yon (La Roche-Sur-Yon), 20/12/2014
On commence par un petit mot pour San
Carol, groupe Angevin que l'on a découvert en première partie. Le
groupe a besoin de quelques morceaux pour se caler avant de lâcher
la cavalerie pour de bon. Un tourbillon de synthés new wave, attaque
quasiment métal de la guitare et beat disco mené tambour battant,
pas de doute San Carol emporte l'adhésion. Belle découverte pour
démarrer la soirée.
22h00, 104 décibels au compteur, Black Strobe entre en scène. Par ordre d'apparition Benjamin Beaulieu,
Mathys Dubois et Mathieu Zub, tirés à quatre épingles costumes et
cravates, prennent possession de leurs instruments. Charge à eux de
faire monter l'ambiance, reprenant à leur compte une vieille
tradition héritée des concerts de blues et de soul, avant que le
crooner 2.0 Arnaud Rebotini ne fasse son apparition. Alors que le
groupe entame les premières mesures de « Boogie in zero
gravity », la paisible cité Vendéenne de La Roche-Sur-Yon
s'apprête à vivre un déferlement sonore sans commune mesure. Le
volume est étourdissant, dominé par le beat implacable hérité de
passé techno de Rebotini (« Shining black star »). Black
Strobe c'est un peu comme redécouvrir la route 66 en soucoupe
volante. Un pied dans le passé et l'autre solidement ancré dans le
présent, le quatuor revisite des idiomes vieux comme le monde,
blues, country, rockabilly (« House of good lovin »,
superbe), sur un mode inédit entre synthés et guitares
quasi-métalliques (le boogie « I'm a man » chipé chez
Bo Diddley). Johnny Cash n'est pas mort, son fantôme est venu hanter
la reprise habitée, entièrement synthétique de « Folsom
prison blues ». Gavée d'énergie sexuelle (« Monkey
Glands »), la musique est parfaite pour la danse à l'image du
colosse Rebotini (deux mètres sous la toise, au bas mot) qui s'agite
le popotin en claquant des doigts devant son clavier. Quel showman !
Un concert démentiel.
Interview with Malted Milk and Toni Green (English edition)
(c) Benoit Boute |
(c) Benoit Boute |
Teaming up Malted Milk,
one of the best soul music outfit in France, with Toni Green, a
veteran singer from the Memphis scene, was probably the best musical
idea this year in France. By far. The duet seems pretty excited by
the cd recorded together. Here's an interview with Arnaud Fradin,
guitar player for Malted Milk and Toni Green.
Mr Sebastian Danchin
was an important part of the project. How would you describe his
input regarding the making of the album ?
Arnaud Fradin
(guitar/voice) : We were talking with our tour manager thinking
about doing something different with Malted Milk and bring somebody
else to the project. A vocalist. Some idea. Jean-Hervé, our tour
manager, called Sebastian. They're good friends. Sebastian knows his
way around Memphis, he went there several times to meet people. He
had Toni in his mind for a long time. I think they met 15 years ago
when he saw Toni on stage. Sebastian liked the band and send Toni a
cd.
Toni Green : He
gave me some Malted Milk cds before he left Memphis. 4 or 5. When i
listenned i was fascinated because they were so talented. I hadn't
heard that sound in a long time. Being from Memphis, the way we put
music together passed with the musicians. Isaac Hayes, Willie
Mitchell they were gone. And those were the people who could really
put the music together. And make the hits for Stax records and Hi
Recording. Giving me the cds Sebastian also gave me the opportunity
to listen to something i wanted to hear for a long time. We couldn't
get it in the studio because nobody knew how to put it together. Of
all the cds i've done nobody knew how to do it, they were all gone to
synthetized sounds.
AF : By the end of
the eighties they've lost the way of recording.
TG : Everybody was
dead...
It's somehow
fascinating that this knowledge of music came back from a bunch of
french guys...
AF (laughs).
TG : That's
exactly my point. When i listenned to the cds. I can't even remember
which one i put in because my girlfriend stole it (laughs) !
She has good taste !
TG (laughs) :
Yeah, she said he's bad, meaning he's really good ! That was
like WOW, BAM in my face ! If somebody really knew how to play
this music... Don't get me wrong i've been to other places, countries
and they were really good and talented. But that was really about
knowing how to put that thing together. Sebastian knew something that
Malted Milk and Toni Green together was fascinating. And that was the
whole point.
Arnaud what was your
first reaction when you've heard Toni's voice...
AF : Ah ah !
The first time was when i've listenned to her nineties cds. I didn't
like the production, i guess they were on a budget. I just focussed
on the voice and the songs and they were both perfect.
Malted Milk went from
blues to more soulful music. Working with a singer like Toni was
another step further?
AF : Yeah, sure. I
used to work with other singers before. The first one to put me in a
soul mood was, Carl W. Davis before that i was mostly playing blues.
I met him in Nantes, he came for a festival. He was from Jacksonville
which is Nantes's sister city. That was in 2001. We did a cd together
in 2006. That was more soul. We wrote songs together. That was the
first i paid more attention to a vocalist instead of a musician. That
was another way of singing. After that i've discovered the Memphis
scene, Al Green, O.V Wright, The Hi Records artists i was like WOW. I
think of it as some sort of blues music. Syl Johnson, he's also
coming from the blues but he did a lot of soul music sessions in
Memphis or Muscle Shoals. Something is connecting blues and soul
music. To me, a soul singer gave more emotions than blues. Songs,
lyrics, power it's really close to gospel. It's a powerful music.
You're a singer
yourself, was it hard to step back on that album ?
AF : No, no, no !
I had to put back a little. Usually i'm the lead singer on every
song. I'm putting back but i'm connecting Toni to the band. That is
my part. I still sing songs with Toni on stage. But she's got the
main part. It's normal. We did a cd together as Milk and Green. So
it's a 50/50 partnership. That is why it was important to me to have
one song by myself on the cd and to sing with Toni on stage. We
really did a cd together it's not Malted Milk featuring Toni Green.
The energy i usually put in vocals, i put it on guitar this time. On
stage when i sing and play guitar, i'm talking with Toni. When you're
in the front row, as a singer, on stage you've got to face the crowd.
It's really cool for me to focus on the band, talk to the other
musicians for a change. I like it. I'm learning a lot just listenning
to Toni. It's different from what i usually do and that is why i like
it.
Toni, how meaningful is
the song « I'd really like to know » to you ?
TG : Actually, in
the beginning, i was fear for love it. Because it has so many things.
I was afraid because i didn't knew how it would be received. But i
was very proud that the song was written by Tommy Tate, one of my
dear friends. One of the best vocalist ever. To just approach it was
really exciting to me. I was really honored, to make sure that his
family legacy goes on. On another level i was a little timid about
it. The audience response had been outstanding so far. Malted Milk
has recreated what Tommy laid down. He really would be proud. They
took it to the next step.
AF : The song laid
down by Tommy Tate was a demo. The lyrics came from another time.
People won't imagine the song was written right now.
TG : At that time
there was a struggle at Stax, at Hi Records, in Memphis, in America
about race, identity, knowing who you are. In your job, in your daily
life... Who Am I ? Can i really handle this power that was given
to me ?
Do you think that
struggle is still going on, nowadays ?
TG : Things didn't
change for the African-American people nowadays. The song is not
about the past, it's also about the future. On the musical stand
point, I think that for the first time in over 40 or 50 years
awarness has resurfaced. Now the music have a basic fondation. Not
doing all the other silly things. Going back to the basic of it.
That's what is happening now. The world is evolving to that point. As
a female i'm like the rough edge of Rn'B. I'm not like the normal
girl. I hear different things because i grew up with jazz, gospel. He
(Tommy Tate) got that fever, he knew who i was. Me stepping out, i
was little timid about it.
Tell me a few words
about « That wiggle » which was also on Malted Milk's
live album...
AF : Syl Johnson
is one of my favourite singer because he crossed over blues and funk
and soul. We played the song live, we wanted to do a studio version.
Everytime we put out a cd, we have to cover a Syl Johnson song. It's
like that ! There is some notes of Albert King on the guitar. I
like it, it's the core of the stax records sound. We have different
influences, even on production terms. Hi Records and Stax Records are
two different sounds. We like to use both. The reverb is coming from
Stax. But we also like thing that are more « dry »,
harder. Take « The weather is still fine » for instance.
In the beginning i thought we should not have some reverb on the
voice. We add some to make the voice sound bigger. But not that much.
Because we try to find the good mix on each song. We take ingredients
from everywhere.
So Toni, a few words
about Europe. How do you find the audiences to be like ?
TG : Very
exciting, very overwhelming, very appreciative. I think the audiences
here have more historical factor about what music is all about. They
embrace it a little bit more. They have been so supportive ! The
place we've gone this week end, it was like WOW, they have been right
there for us. It's been exciting for me.
Is it different from
back home ?
TG : Very
different. Because back home, which is good to me now, back home was
good to learn what to do on stage. You've got to learn, you've got to
have a forum to work on, to build on. That was my forum to prepare me
for overseas and Europe.
Half of the songs on
the album are originals. How did you wrote it together ?
AF : There was
different steps. I wrote few songs by myself, keeping in mind the
fact that the songs will be sung by Toni. We've made some demos with
a friend of mine, a female singer, to show Toni what i had in mind
for melodies. It was very open. We could have change everything. Do
anything with that. The songs did change little by little. And we
spent some time with Sebastian, listenning to the demos and make
choices for the songs. In january we had our first rehersal together
and we put all the material we got, just to try and see what was
going on. It lasted 5 days it was very spontaneous. We had a gig at
the end. There was two kinds of songs. Songs that i wrote and we
finished together, with an input from Sebastian and Toni on words, to
make it sound more Afro-American. And there was the covers. « Party
girl » was written long ago. I had it somewhere and found it
back. Toni just found lyrics on the spot. That was the same thing for
« Just call me ».
TG : They revamp
it. It's like when your Grandma is about to bake a cake. She puts a
mixture of everything in the pot. From the old tapes and from the new
tapes. And that's what we did. When we came up with everything, in
the end it was like WOW a brand new sound. The freshness of it, that
was very good. Their lyrics writing, my lyrics writing we put it all
together in the pot. And make a cake out of it.
Toni you've changed the
words to make them sounds more from the streets ?
TG : More from
reality. The frame, the connotation of the songs. Instead of making
them so upthere in the sky i wanted to bring them back down. So you
and me can understand what it was all about.
Is that album the
beginning of a side project or is it just a one time thing ?
AF : We don't know
that yet. We don't know what's going to happen, how long we're gonna
tour... In France it could last for a year in a half, but if we go to
other countries it might last longer. The fact that Toni is here
right now is pushing up the project to the next level.
TG : It is gonna
depend on you guys (laughs)!
AF : I don't know
what the next album will be : Malted Milk or Milk and Green ?
I hope we'll share a lot with all kind of audiences in Europe. A few
distributors in other countries like England are really interested in
the project. We did things with Malted Milk before but this is a
bigger scale. We hope it's gonna be something big and helpful for us.
Did working with
singers like Toni put some extra pressure on the band ?
AF : Not so much.
The pressure didn't came from Toni. But there is a lot of
expectations from different people working with us, like the tour
manager, and from people who put some money in the project. They like
the cd, so it's exciting for us and really cool, even perfect. But we
do feel we have to step up but it's really nice and cool.
Like a good challenge ?
TG : It really is
a challenge. Because in the very beginning they didn't really know me
and i didn't know them. We established ourselves but we didn't know
what it's gonna be about. We knew who we were individually. But when
we got together they looked at me and i looked back at them and then
we said : « ok let's see what this is going to be » !
All the sudden it was like a chemistry. When we got on the stage it
was like WOW and after that in the studio. It was like something that
hadn't been felt in the long time. And on stage it's even more
magical because we worked it out. If something wasn't there we put it
there or under ! That's what is missing in the industry now with
everything being so mechanical. I'm pretty excited about what's going
on so far. I'm just waiting to hit somebody (laughs) ! I'm
kidding they're great guys, they behave. They believe in the project
and you feel you can do great things.
AF : All this guys
working with us, have the same passion as us for this music.
Sebastian was here like an angel. He gave us the time to let us do
what we wanted to do. He was confindent with the music. He was aware
that we knew this music and how to play it.
Libellés :
English,
Interview,
Malted Milk,
Malted Milk and Toni Green
jeudi 18 décembre 2014
Interview avec Malted Milk et Toni Green
(c) Benoit Boute |
Quelle riche idée
d'associer Malted Milk, le haut du panier de la soul en France, et
Toni Green, une figure de la scène de Memphis ! L'album en
résultant a été un petit coup de cœur de l'année de ce blog.
Assis en face de nous, dans une cave parisienne, le duo Arnaud Fradin
(guitare/voix) et Toni Green (Chant) est particulièrement excité, voire au taquet, à
l'idée de retracer avec nous cette aventure. Rencontre...
(c) Benoît Boute |
M. Sebastian Danchin a
joué un rôle important dans la réalisation de ce projet. Comment
décririez-vous sa participation ?
Arnaud Fradin
(guitare/voix) : On discutait avec notre tour manager,
Jean-Hervé de la possibilité de faire quelque chose de différent
avec le groupe. Notament de travailler avec quelqu'un de l'extérieur.
Une chanteuse. C'était une idée comme ça. Jean-Hervé a appelé
Sebastian. Ils se connaissent bien depuis longtemps. Sebastian
connaît bien la scène de Memphis. Ca fait longtemps qu'il voulait
faire quelque chose avec Toni. Il l'a rencontré il y a 15 ans après
l'avoir vue sur scène. Sebastian aime bien notre groupe il lui a
fait parvenir un cd.
Toni Green (chant) :
Bon en fait il m'a donné quelques cds, quatre ou cinq, avant de
quitter Memphis. Quand je les ai écouté, j'ai été fascinée par
autant de talent. Ca faisait tellement longtemps que je n'avais pas
entendu ce son... Tu sais, à Memphis, une grande partie de notre
musique est morte avec les musiciens... Isaac Hayes, Willie Mitchell,
tous décédés... Et ça c'était des gens qui savaient vraiment
faire de la musique. Tous ces hits pour Stax ou Hi Records... En me
donnant les cds Sebastian m'a aussi donné l'opportunité d'écouter
quelque chose que je voulais réécouter depuis longtemps... Ce
savoir faire s'était perdu. Tout le monde bidouillait des synthés...
AF : L'art de
l'enregistrement s'est perdu vers la fin des années 1980.
TG : Tout le monde
était mort...
Toni, c'est quelque
part fascinant que ce savoir faire revienne par l'entremise d'un
groupe français...
AF (rires).
TG : Mais c'est
exactement ce que j'étais en train de dire ! Quand j'ai écouté
le cd... Je ne sais même plus lequel c'était, ma copine me l'a
volé ! (rires).
Elle a bon goût !
TG : Ah oui. Elle
a dit, ce mec est BAD ! Ce qui signifie qu'il est très bon.
C'était comme WOW, BOUM dans ta figure ! Si quelqu'un savait
réellement jouer cette musique... Mais attention, j'ai voyagé et
j'ai rencontré des gens talentueux partout dans le monde. Mais c'est
vraiment une question de savoir faire. Sebastian savait quelque part
que Malted Milk et Toni Green, le résultat pouvait être fascinant.
C'était ça le but.
Arnaud quelle a été
ta première réaction quand tu as entendu Toni chanter ?
AF : Ah ah !!!
La première fois c'était un album des années 1990. Je n'ai pas
trop aimé la production, on sentait qu'ils avaient un budget limité.
Je me suis concentré sur la voix et les chansons et les deux étaient
parfaits.
Malted Milk est passé
d'un style très blues à une musique plus soul. Travailler avec une
chanteuse comme Toni, c'était un pas de plus dans cette direction ?
AF : Oui, bien
sur. J'ai travaillé avec plusieurs autres chanteurs auparavant. Le
premier à me faire entrer dans la soul a été Carl W. Davis. Avant
cela je jouais surtout du blues. On s'est rencontré à Nantes, il
était venu pour un festival. Il était de Jacksonville, une ville
jumelée avec Nantes. C'était en 2001. On a fait un cd ensemble en
2006. C'était beaucoup plus soul. On avait écrit les chansons
ensemble. C'était la première fois que je portais plus d'attention
sur le chant plutôt que sur la musique. J'ai découvert une autre
façon de chanter. Après, j'ai découvert la scène de Memphis :
Al Green, O.V Wright, le label Hi Recordings, c'était WOW !
Pour moi, c'est un dérivé du blues. Tu prends Syl Johnson, lui
aussi viens du blues et pourtant il a fait beaucoup de soul à
Memphis ou chez Muscle Shoals. Il y a une connection entre le blues
et la soul. A mon avis, il y a plus d'émotions dans la soul par
rapport au blues. Les chansons, les paroles, tout cela est très
proche du gospel. C'est puissant comme musique.
Arnaud tu chantes
également. Y avait-il une difficulté à se retrouver un peu retrait
ce coup ci ?
AF : Ah oui
(rires) ! Non pas du tout. Je suis un peu plus en retrait.
D'habitude, j'assure le chant lead sur tous les titres. Là, je fais
le lien entre Toni et le reste du groupe. C'est mon rôle. Je chante
quelques chansons avec Toni sur scène mais c'est elle qui a le rôle
principal. C'est normal. On a fait un cd ensemble sous l'intitulé
Milk and Green. C'est un partenariat à 50/50. C'est pour cela qu'il
était important d'avoir une chanson à moi sur le disque et de
chanter en duo avec Toni en live. On a vraiment fait un cd ensemble
ça n'est pas Malted Milk featuring Toni Green. L'énergie que
j'emploie habituellement à chanter, cette fois je l'ai mise dans la
guitare. Pendant les concerts lorsque je chante et que je joue de la
guitare, je communique avec Toni. Quand tu es chanteur, tu es en
première ligne, façe à la foule. Pour moi, c'est vraiment cool de
pouvoir me concentrer sur le groupe. Pouvoir parler aux autres
musiciens, ça me change ! J'aime bien. Et puis j'apprends
beaucoup, juste en écoutant Toni chanter. C'est très différent de
ce que je fais d'ordinaire mais j'aime bien.
(c) Benoît Boute |
Toni, est-ce que la
chanson « I'd really like to know » est personnelle à
tes yeux ?
TG : En fait, au
début, j'avais très peur de ce titre. Elle veut dire tellement.
J'avais peur parce que je ne savais pas comment la chanson allait
être accueillie. Mais j'étais aussi très fière parce qu'elle
signée Tommy Tate, un ami très cher. Un des meilleurs chanteurs de
tous les temps aussi. Approcher ce titre, c'était terriblement
excitant ! J'étais très fière d'assurer son héritage.
J'étais aussi assez timide. Jusqu'ici l'accueil a été incroyable.
Malted Milk a totalement recrée ce qui avait été laissé en plan
par Tommy. Il aurait été vraiment très fier (Toujours vivant,
Tommy Tate vit actuellement dans un institut spécialisé, ndlr). Ils
l'ont portée à un autre niveau.
AF : Tommy Tate
avait laissé un morceau à l'état de démo. Les paroles viennent
d'un autre temps. Il est impossible de croire qu'elles ont été
écrites hier.
TG : C'était une
période de lutte. Il y avait une lutte chez Stax, chez Hi Records, à
Memphis dans tous les Etats-Unis. Une lutte à propos de la race, de
l'identité. Savoir qui on est. Il fallait se battre, au boulot, dans
la vie de tous les jours. Qui suis-je ? Comment utiliser le
pouvoir qui m'a été donné ?
Qu'en est-il de cette
lutte de nos jours ?
TG : Rien n'a
changé pour les Afro-Américains de nos jours. Cette chanson ne
parle pas seulement du passé mais aussi du futur. D'un point de vue
musical je pense que pour la première fois depuis 40 ou 50 ans, les
gens ont repris conscience. La musique a retrouvée ses racines. On
en a terminé avec les idioties. Retour à la base ! C'est ce
qui se passe en ce moment, ce vers quoi on évolue. Moi, en tant que
femme, j'aime le côté dur du Rhythm n' Blues. Je ne suis pas une
fille ordinaire. J'entends différentes choses parce que j'ai grandi
avec le jazz et le gospel. Tommy avait cette fièvre, il me
connaissait ! J'étais un peu timide à l'idée de me mettre en
avant !
Quelques mots à propos
de « That Wiggle » qui était également sur l'album live
de Malted Milk ?
AF : Syl Johnson
est vraiment l'un de mes préférés, lui a vraiment croisé blues,
funk et soul music. On jouait cette chanson en live, on en a fait une
version studio. Chaque disque, il faut qu'il y ait une reprise de Syl
Johnson, c'est comme ça ! Il y a un peu d'Albert King dans les
parties de guitare. J'aime bien, c'est vraiment le cœur du son de la
Stax. On a vraiment beaucoup d'influences, même en termes de
production. Stax et Hi Records c'est vraiment deux choses
différentes. On aime les deux. La reverb vient de Stax. Mais on
aime aussi les choses plus sèches, plus dûres. Prends « The
weather is still fine » par exemple. Au début je pensais qu'il
ne fallait pas de reverb sur la voix. Après on en a rajouté pour
que la voix porte plus. Pas tant que ça d'ailleurs. Sur chaque
chanson il faut trouver le bon mix. Les ingrédients viennent d'un
peu partout.
Toni, quel est ton avis
sur le public européen ?
TG : C'est très
excitant, très émouvant. Le public nous apprécie ! Il connaît
mieux la musique maintenant, d'un point de vue historique. Il
l'embrasse encore plus fort. Les gens sont tellement encourageants !
Le concert du week end dernier, ils étaient vraiment là !
C'était WOW ! C'est très excitant pour moi !
C'est différent du
public à la maison ?
TG : Très
différent. A la maison, c'était très bien pour apprendre à se
comporter sur scène, c'était très bien pour moi. Il faut apprendre
et pour ça on a besoin du public. Pour construire. Et à la maison,
c'était ma préparation pour l'étranger et l'Europe.
La moitié de l'album
est composée de chansons originales, comment avez-vous composé
ensemble ?
AF : Il y a eu
différentes étapes. J'ai écrit quelques chansons tout seul, en
gardant à l'esprit que ces titres allaient être chantés par Toni.
On a fait quelques démos avec une amie chanteuse, pour montrer à
Toni ce que j'avais à l'esprit en termes de mélodies. C'était très
ouvert de toute manière. On aurait aussi bien tout changer. Et dans
les faits, le chansons ont effectivement changées petit à petit. Et
après on a tout écouté avec Sebastian (Danchin, le producteur du
disque, ndlr) pour faire des choix de production. En janvier on a
fait notre première répétition, on a utilisé toutes nos
compositions, histoire de voir ce que cela donnait. Ca a duré cinq
jours, c'était très spontané. Et à la fin on a fait un concert.
Il y avait deux types de chansons celles que j'ai écrites avec un
apport de Sebastian et de Toni pour les paroles puisqu'il fallait
vraiment sonner Afro-Américain. Et puis il y a les reprises. « Party
Girl » a été écrite il y a longtemps. Elle était là,
quelque part et je l'ai retrouvée. Toni a trouvé les paroles
spontanément. C'était la même chose pour « Just call me ».
TG : Ils l'ont
« réorganisée ». Imagine ta Grand Mère en train de
faire un gateau. Elle met tout dans sa recette. C'est ce que l'on a
fait avec les anciennes et les nouvelles compositions. Et à la fin
quand on a fini c'était comme WOW, un son tout neuf ! La
fraicheur de l'ensemble, c'était très très bon. On a mélangé mon
écriture avec celle du groupe et à la fin ça fait un bon gateau.
Toni tu as retravaillé
les paroles ?
TG : Il fallait
que cela sonne plus réel. Le cadre, les connotations des chansons,
il fallait plus de réalité. Elles étaient tout là-haut dans le
ciel, je les ai ramenées sur terre. Que tout le monde puisse
comprendre.
Cet album, c'est le
début d'un projet parallèle ou un coup unique ?
TG : Ca, ça
dépend de vous les gars (rires) !
AF : On en sait
rien pour l'instant. Ca dépend de beaucoup de choses, de la durée
de la tournée... On va voir comment ça se passe. En France, on peut
tourner pendant un an et demi. Après il y a des propositions venant
d'autres pays comme L'Angleterre. Ca peut durer plus longtemps. Mais
le fait d'avoir Toni avec nous, projette le groupe dans une nouvelle
dimension. Concernant le prochain album, je ne sais pas encore si ça
sera Malted Milk ou Milk and Green. Quoi qu'il en soit, j'espère que
cette collaboration va beaucoup nous servir.
Travailler avec une
chanteuse comme Toni, c'est une pression supplémentaire pour le
groupe ?
AF : Pas vraiment.
En tout cas ce n'est pas Toni qui nous met la pression. Mais c'est
clair qu'il y a beaucoup d'attentes autour du projet. En particulier
venant des gens qui travaillent avec nous, notre tour manager etc...
Il y a des gens qui ont misé de l'argent sur nous... Jusqu'à
présent, tout le monde aime le cd. Pour nous c'est parfait, cool et
excitant ! On a quand même le sentiment qu'il va falloir passer
à la vitesse supérieure. Mais bon c'est cool, c'est sympa.
C'est un bon
challenge ?
TG : C'est
vraiment ça, un challenge. Au début on ne se connaissait pas, il a
fallu trouver nos marques. On ne savait vraiment pas du tout ce que
cela allait donner. On s'est regardé mutuellement et on s'est dit :
« Ok on va voir ce que cela donne ». Et soudainement il y
a eu comme une réaction chimique. Sur scène et en studio c'était
WOW ! Une émotion que l'on avait pas ressenti depuis longtemps.
Sur scène, c'était encore plus magique parce que ça a marché. Si
il manquait quelque chose, on le rajoutait en haut ou en bas
(rires) ! C'est ce qui manque aujourd'hui dans ce business, tout
est devenu tellement mécanique. Je suis très excitée par tout ce
qui est arrivé jusqu'à présent. J'ai envie de frapper quelqu'un
(rires) ! Non je rigole, ils sont super ces mecs ! Ils se
comportent bien.Tout le monde croit
dans le projet. On a le sentiment que l'on peut accomplir de grandes
choses.
AF : Tous les gens
qui travaillent avec nous on la même passion que nous pour cette
musique. Sebastian a été là, comme un ange. Il nous a donné le
temps, nous a laissé faire les choses comme on le voulait. Il y
croyait. On savait ce qu'on faisait, on savait comment jouer.
Sebastian en était conscient.
Propos recueillis le 5
novembre 2014
En concert le
14/02/2015 (Festival Sons d'hiver – MAC Créteil).
Libellés :
Interview,
Malted Milk,
Malted Milk and Toni Green
Myles Sanko : « Forever Dreaming »
Sur la pochette de ce nouvel album, le
deuxième, Myles Sanko pose, de profil, barbu et tiré à quatre
épingles. La posture n'est pas sans rappeler Marvin Gaye sur la
pochette de « What's going on ». Hélas les comparaisons
s'arrêtent là, point de constat social içi. En ce sens, ce nouvel
effort souffre d'un écueil récurrent de la scène soul
britannique : la vampirisation par la pop music (Nick Pryde, The
Impellers). Plein de bonne volonté, l'accompagnement musical est
plus que décent mais bien loin de provoquer la même ferveur que
chez les collègues d'outre-Atlantique (de Brooklyn en particulier).
On aimerait entendre les musiciens transpirer, on se contentera du
ronronnement doux et confortable de climatisation. Une bonne moitié
de cet album n'attend qu'une seule chose : qu'un réalisateur côté
d'Hollywood ou agence de publicité lui mette le grappin dessus pour synchroniser le tout et
décrocher un tube (« So much indeed » vraiment trop FM).
Propre, calibré, sans aspérité ou presque (« Shooting
Star » ou la jazzy « To my surprise » méritent
quand même le détour) cet album se révèle agréable mais guère
plus.
mercredi 17 décembre 2014
St. Lô : « Room 415 »
Découvert lors de l'édition 2013 de
Rock en Seine, le quatuor St. Lô sort son premier album intitulé
« Room 415 ». Alors que les premières notes s'échappent
des enceintes, l'univers complexe de St. Lô intrigue. St. Lô, c'est
avant tout une rencontre, celle de la chanteuse étasunienne
(Brooklyn) Hanifah Walidah avec trois électroniciens Bretons, iOta,
Ton's et DocMau, originaires de la ville dont le groupe a emprunté
le patronyme. Ainsi constitué le quatuor se distingue par un
mouvement de va et viens entre électro et musiques traditionnelles
blues et soul. Point d'orgue : « In the Pines »,
blues traditionel signé Leadbelly et popularisé en son temps par
Nirvana sur l'album « MTV Unplugged in New York City »
(sous le titre « Where did you sleep last night »). Titre
ici complétement réinventé et totalement méconnaissable.
L'ambiance froide et noire comme la suie de la musique est contrebalancée par
le chant. La voix, extraordinaire, d'Hanifah humanise l'ensemble.
Tour à tour sage ou agressive, Hanifah convoque les fantômes de la
soul, du gospel ou la fureur du hip hop. L'environnement musical est
à l'avenant, entre plages apaisées, avec toujours ce fond
d'angoisse lancinant, et brusques accélérations du volume et du
beat. C'est le blues dans son ensemble qui prends de nouvelles
couleurs. Bienvenue dans le 21ème siècle.
http://wearestlo.tumblr.com/jeudi 11 décembre 2014
Emma Donovan and The Putbacks : « Dawn »
Venus d'Australie, les Putbacks sont au
nombre de six : voix, guitare, clavier, basse, percussions et
batterie ; une formation plutôt typée rock, voire garage, au
service d'une soul music racée et sans fioriture. L'album débute de
façon spectaculaire avec « Black Woman » et sa
dégoulinade psychédélique de guitare wha-wha, c'est Jimi Hendrix
réssucité en un croisement avec nos BellRays bien aimés. Quel
pied ! Tout aussi excellent, le reste de l'album se révèle
moins rock n'roll et chasse plutôt sur les terres revivalistes de la
soul downtempo seventies. Avec brio, le groupe s'approprie des styles
plus tendres (la très belle « Dawn ») l'émotion à
fleur de peau (« Mother », un des sommets du disque).
Quant aux percussions délurées de « Daddy », ces
dernières constituent une ouverture intéressante vers le funk
psychédélique. S'il fallait chercher un cousinage récent se serait
probablement vers les BellRays, le timbre profond et éraillé de la
voix de la chanteuse Emma Donovan n'étant pas sans rappeler Lisa
Kekaula, les influences punk en moins. Voici un excellent album qui
n'aurait pas dépareillé dans le catalogue des labels tendance de
Brooklyn. A découvrir séance tenante.
https://www.facebook.com/theputbacksmercredi 10 décembre 2014
Cléo T. : « Songs of Gold and Shadow »
C'est avec émotion que l'on a écouté
le premier album de Cléo T, une jeune artiste que l'on suit depuis
des années. Passé la déception première, lorsque l'on découvre
qu'une moitié de disque -sept titres sur treize- avait déjà été
dévoilée sur les Eps précédents, on se replonge, avec délice,
une fois de plus, dans le charmant univers de Cléo T. Féminine au
possible, Cléo excelle dans ces ambiances en clair-obscur, ces
chansons qui commencent comme un murmure soutenu par un piano délicat
(cf. « I love me, i love me not » ; « We
all ») et son chant qui monte assez haut dans les aïgus. Le
violoncelle ajoute une note mélancolique à l'ensemble alors que le
swing omniprésent emporte l'auditeur dans une douce euphorie
(« Little girl lost », quasiment a cappella). On note
également une certaine proximité avec la nature, le chant des
oiseaux et des loups enluminent les compositions avec originalité.
L'inspiration est multiple, est-ce du folk (« Columbine »),
du cabaret (« Song to the moon ») du jazz ou de la pop ?
C'est un peu tout à la fois et pourtant Cléo évite habilement les
clichés pour finalement ne ressembler à rien sinon à elle-même.
La remarque vaut également pour les langues, car si l'anglais est
omniprésent, Cléo ne s'interdit pas quelques pas du côté de
l'italien (« Trista Stella ») ou du français sur « Comme
vient la nuit » (bien qu'absent de l'album, l'allemand fait
aussi parti de son répertoire). Les fans de rock sixties auront des
frissons à l'écoute de « So long ago yesterday », dont
les paroles sont signées du légendaire Robert Wyatt (Soft Machine),
qui clôt l'album avec classe.
https://www.facebook.com/cleotmusicThe Hot Sardines : « Wake up in Paris »
Dans la catégorie jazz hot, années
1920, on pourrait bien avoir tiré le gros lot avec les Hot Sardines,
groupe new yorkais à la présentation impeccable (la pochette,
magnifique, est très évocatrice). Parmi les atouts du groupe, la
chanteuse Elizabeth en impose. Française exilée dans la grosse
pomme, Elizabeth, outre son timbre de gorge chaud et profond, est
aussi à l'aise dans les langues de Molière (« Zazou »,
« Petite Fleur ») que de Shakespeare, ce qui ne peut
laisser insensible de ce côté-ci de l'Atlantique. Musicalement le
groupe récite ses classiques avec classe. Swing impeccable de la
contrebasse et de la batterie, piano virevoltant et trompette
enivrante. Le violon (« Wake up in Paris ») ajoute une
petite touche manouche à l'ensemble. Pas foncièrement original mais
excellent dans un registre entraînant. Ce premier EP de quatre
titres à un goût de trop peu assez frustrant dans le fond. Affaire
à suivre en attendant un premier album en bonne et due forme...
mardi 9 décembre 2014
Bosco Rogers : « Googoo EP »
Contrairement à la majorité des duos,
formule particulièrement en vogue s'il en est, les Anglais de Bosco
Rogers mâtinent leur garage rock, d'influences pop tendances
sixties. Imaginez les Stooges s'attaquant au répertoire des Beatles
et voilà, Bosco Rogers c'est ça. L'amateur de guitares âpres
(« Googoo », « The Middle ») et de vocaux sur
le fil (« Corner to corner ») sera aux anges. Mais Bosco
Rogers c'est aussi du rock psychédélique aux arrangements audacieux
(les sifflements sur « The Middle »), des nappes d'orgues
millésimés et un art du songwriting façon Ray Davies (cf. « In
Stereo » la meilleure de cette livrée) à se damner. C'est
bizarre, mais quelque chose nous dit que le futur album pourrait
faire très mal...
https://www.facebook.com/BoscoRogersjeudi 4 décembre 2014
CLEO T, Le Paris Paris, 03 décembre 2014.
Après de multiples changements de
dénomination (Le Scopitone, Le Scop club etc...) le Paris Paris a
récemment repris son appelation originale. Sis dans le peu excitant
quartier de l'Opéra (composé en gros de bureaux) l'endroit,
restreint et intime, à la déco plutôt kitsch bloquée dans les
années 1980 : des facettes (avec ou sans boules) un peu
partout, murs recouverts de papier peint faux marbré noir et une
prédominance du rouge dans l'éclairage et sur les fauteuils
capitonnés. Un décor gentiment suranné dans lequel se fond à
merveille le « cabaret d'or et d'ombre » de Cléo T
puisque c'est d'elle dont il est question aujourd'hui. Première
bonne surprise, Cléo chante désormais beaucoup plus souvent en
Français et commence son set par deux titres dans la langue de
Molière « Comme vient la nuit », présente sur l'album
(chronique à venir) et « Les histoires d'amour »,
chanson pour l'instant encore inédite. Parmi les autres inédits du
soir citons « Kiss or kill me » (en dépit de son titre
une autre chanson en français), « The Devil by our side »
et « Where did you go ». Autre nouveauté la tonalité
est généralement plus rock n'roll grâce au nouveau guitariste (ah
cette accélération finale sur « We all »...) et à
l'apport d'une basse électrique, instrument jusqu'ici peu usité par
la chanteuse. Mais comme on ne se refait jamais totalement, une
trompette tantôt jazzy, tantôt mexicaine, vient contrebalancer ce
côté rock. La basse électrique mise de côté, le violoncelle (qui
se transforme en contrebasse à l'occasion) apporte également une
note exotique/mélancolique à la musique (« I love me I love
me not »). Soulignons également l'incroyable scansion du
batteur, très à l'aise en termes de swing. Même sur une scène
aussi petite que celle du Paris Paris, Cléo trouve l'espace
nécessaire pour ses chorégraphies en duo avec le trompettiste. Le
show y gagne beaucoup, débordant d'enthousiasme et d'énergie, Cléo
révèle en sus un charisme à toute épreuve. L'aspect visuel, via
les costumes, est également très travaillé, chaussures pailletées
pour tout le monde, chemises blanches et nœud papillons de rigueur
pour les garçons. Entre jazz, cabaret, rock n'roll, swing, vieille
Europe, nouvelle vague et belle époque, l'univers de Cléo T se
révèle très personnel et relativement inclassable. Autant de
raisons de tomber sous le charme...
mercredi 3 décembre 2014
SOMA + THE DEDICATED NOTHING, Le Point Ephémère, 02/12/2014.
Finalement, des plages de l'Atlantique
aux rives du canal Saint-Martin, le quatuor Biarrot The Dedicated
Nothing n'est jamais très loin de l'eau... Le concert des quatre
surfeurs commence plutôt calmement avec le guitariste Clément seul
à la manœuvre et chargé à lui seul de remplir l'espace avant que
les trois autres membres du groupe se mettent en route, attaquant
« Take it or leave it » et son art consommé de la
tension/détente. Un peu comme une vague qui prend le temps de se
former avant de déferler, les quatres musiciens semblent un peu
tendus en début de concert avant de se laisser porter par la musique
et de se déchaîner totalement. Greg, le chanteur, saute dans tous
les sens porté par l'euphorie alors que Mathieu le bassiste plane
totalement, les yeux fermés, perdu dans un océan de sons. Franck le
batteur imprime le tempo avec autorité, l'interconnection entre les
musiciens, au détour de quelques regards échangés à la dérobée,
semble être très forte. Le contraste est saisissant entre le
plaisir scènique et les thématiques plutôt dark qui sont la marque
de fabrique du groupe. Une prestation solide mais malheureusement
trop courte, une grosse demi-heure, en dépit d'un Greg un peu limité
vocalement par une mauvaise angine. On devrait les revoir très
bientôt, dès vendredi prochain (le 5/12/2014) au Quicksilver
Boardrider club de Bercy. Allez-y c'est gratuit !
Il y avait bien longtemps que l'on ne
vous avait pas parlé des Marseillais de SOMA. Le groupe suit son
bonhomme de chemin et prépare actuellement son troisième album dont
ils rodent quelques titres sur scène. Le groupe attaque son concert
avec son efficacité habituelle. Entre mélodies pop et puissance
d'exécution le groupe nous scotche littéralement. La section
rythmique connait bien son affaire et va jusqu'à flirter avec des
rythmes discoïdes alors que les guitares se dechaînent dans un
torrent de décibels. Visuellement saissisant, le quatuor pratique
une étrange chanson de gestes avec ces manches de guitares qui
bougent en cadence. Le show est rondement mené alternant les
morceaux calmes et enlevés. Une excellente formation.
http://www.somamusic.fr/
http://thededicatednothing.com/
mardi 2 décembre 2014
Tweedy : « Sukierae »
Intéressant parcours que celui de Jeff
Tweedy parti de la sphère indie (il est le leader de Wilco) pour
finalement côtoyer de très près le patrimoine musical de son pays,
les Etats-Unis d'Amérique, et finir par produire, avec un brio
certain, le dernier effort en date de Mavis Staples, une légende
vivante de la soul music. Tweedy, le nouveau projet de Jeff, est un
duo composé avec son fils, Spencer Tweedy, 18 ans seulement et déjà
un excellent batteur. « Sukierae » est le premier disque
du duo, enregistré en petit comité, dans des circonstances
familiales assez difficiles entre le décès du frère ainé de Jeff
(Greg) et la maladie de sa femme (et mère de Spencer) Susan. Malgré
ce contexte assez lourd, le duo s'échappe et jamais le disque ne
sombre dans la neurasthénie. La musique envisagée comme une
thérapie contre le sort. « Sukierae » est un peu la
somme des différentes expériences musicales de Jeff jusque là. Le
jeu de batterie, un peu en sourdine et assuré, de Spencer est pour
beaucoup dans le charme de l'album. L'alliance avec le songwriting,
naturel et organique de Jeff fait des merveilles : « High
as hello », « Wait for love », « Low key »,
« Nobody dies anymore », "I'll sing it"... Par ailleurs, Jeff parsème
ses compositions de ponts complexes et expérimentaux apportant un
angle progressif à la musique (« Slow love »). Hélas,
le disque se révèle (trop) roboratif, 20 titres, et aurait gagné à
être plus court. Mais le charme agit efficacement sur une bonne
moitié de ce double album. Le chef d'oeuvre n'était pas loin.
lundi 1 décembre 2014
Johann Berby : « Metisse Maloya »
C'était l'été dernier, pendant les
Eurockéennes de Belfort, au détour d'une scène, nous découvrions
le Maloya, sorte de dérivé réunionnais du blues et de la soul
music, grâce à l'excellente Nathalie Natiembé... Les mois sont
passés et nous voilà presque en hiver lorsque l'on découvre dans
la boîte aux lettres « Metisse Maloya », l'album solo du
bassiste Johann Berby. L'occasion de se replonger en rêvassant dans
quelques souvenirs estivaux bercé par la musique...
Excellent bassiste, Johann Berby se
lance dans la grande aventure du solo après avoir mis ses quatre
cordes aux services des autres pendant de longues années. Du Maloya,
Johann en a gardé l'esprit, c'est à dire cette façon d'entrevoir
la musique comme une source de force et d'espoir. A ce titre ne pas
pouvoir toujours comprendre les paroles, chantées pour la plupart en
langue vernaculaire, relève d'une frustration terrible. Après avoir
bourlingué sur les scènes de la planète entière le maloya de
Johann s'est métissé avec les musiques du monde : des
percussions africaines, un soupçon de groove chaud venu de
l'Amérique latine et une approche pop du songwriting (cf.
« Polission ») parsèment la musique pour la rendre
accessible voire irresistible. Les rythmes ternaires évoquants le
blues et la soul sont mis au service d'une sublime acoustique (« Ebu
Twende Ungudia », "Mimine"). Certaines mélodies transpirent la
mélancolie, « Sèl » et son tapis de cordes
neurasthéniques. Ailleurs, c'est la joie et l'allégresse qui
l'emporte dans le souffle vibrant des cuivres. Un magnifique voyage
musical à travers les sons et les émotions.
dimanche 30 novembre 2014
Exposition Music is my life
Sous le titre évocateur "Music is my life" le photographe Xavier Alberghini exposera différents clichés pris lors de concerts.
Du 3 au 17 décembre 2014 à La Feline, 6 rue Victor Letalle, 75020 Paris.
vendredi 28 novembre 2014
Jesus Volt : « Vaya con dildo »
Presque 15 printemps d'existence pour
Jesus Volt et dix ans déjà que le groupe nous avait estomaqué avec
l'album « In Stereo », un chef d'oeuvre méconnu du rock
d'ici. Habitué des collaborations prestigieuses avec de grands noms
anglo-saxons (Tony Cohen, producteur de Nick Cave), Jesus Volt a,
cette fois, mis en boîte cet album sous la houlette de Mark Opitz,
personnage au CV long comme le bras (AC/DC, Kiss, INXS, Bob Dylan,
Alice Cooper). Collaboration toute indiquée pour nos quatre
parisiens, adeptes d'un rock raçé et puissant, aux guitares
tranchantes d'inspiration 70s. Et cela commence bien avec « Give
Hate/Get Love », morceau d'ouverture tout en crescendo, au
gimmick de guitare addictif dès la première écoute, quel pied !!!
Mais on aurait tort de ne voir en Jesus Volt qu'une bande de
bucherons, fonçant la tête baissée dans le guidon et l'ampli
invariablement reglé au maximum. Car Jesus Volt n'a jamais perdu de
vue son amour originel pour le blues et le groupe se révèle
également très convaincant sur ce terrain roots, « Have a
cookie », « All abroad » ou la très touchante
« Devil out of me ». De la même façon, si les racines
de cœur du groupe se trouvent dans le rock heavy des années 1970
(cf. « Kilmister » hommage au leader de Motörhead),
Jesus Volt ne rechigne pas sur les effets de productions plus
contemporains à l'occasion, histoire d'apporter une nouvelle
dynamique dans le groove (cf. « Sweet Smell of summer »).
Effets toujours utilisés à bon escient et avec parcimonie pour ne
pas dénaturer le son, très organique, du groupe. Tout le génie de
l'affaire repose sur cette balance, cet équilibre délicat pas
forcément évident à maintenir. Voici en tout cas une nouvelle
pièce maîtresse dans la riche discographie du groupe qui ne
manquera pas de ravir tous les amateurs de bon vieux rock and
blues...
En concert le 4 décembre à Paris (Bus
Palladium, avec Blues Power Band).
jeudi 27 novembre 2014
Les Akouphènes
Avec ce premier EP, le duo féminin les
Akouphènes fait souffler un vent frais sur la chanson française. En
effet, les cinq titres, tous chantés dans la langue de Molière sans
exception, sont matinés de pop voire d'électro légère (« Tic
Tac », « Machine ») ou de world music (« Monde »)
et le résultat est assez rafraîchissant. Derrière les airs un peu
légers et décalés, les paroles font parfois apparaître un petit
désenchantement doux amer (« Dormir debout »). Malory
(chant/guitare) et Mispad (percussions) trouvent souvent la note
juste, celle qui émeut. Tout est affaire d'équilibre entre joie et
peine pour les textes ; entre orchestration classique (« Je
parle trop ») ou plus audacieuse pour ce qui est de la partie
musicale. Plutôt une bonne surprise dont on attends la validation
par un album en bonne et due forme.
En concert le 29/11 à Paris (Trois
Baudets).
mercredi 26 novembre 2014
Kuku : « Open your eyes while you pray »
Né aux Etats-Unis mais ayant grandi au
Nigéria, la musique de Kuku est fidèle à son chemin de vie. Comme
un fil invisible tendu entre l'Afrique et l'Amérique. La base reste
folk et acoustique mais les rythmes sont purement africains. Il est
vrai que Kuku est plutôt bien accompagné en la matière par les
batteurs Cyril Atef où Tony Allen que l'on ne présente plus. Le
résultat fait parfois penser au Staff Benda Bilili, surtout au
niveau de l'intensité. Le blues et la soul ne sont jamais très
loins comme sur la magnifique « Iwa Rere » ou le
truculent « Gospel of defecation » (cf. « I'm
taking a real good sh** »!!!) aux sonorités plus américaines.
Composé de cinq titres (plus quelques surprises cachées en bonus),
ce nouvel EP sort en amont du prochain album, dont la sortie est
prévue pour le printemps 2015. On attendra donc patiemment le
prochain départ de ce voyage en musique...
lundi 24 novembre 2014
Alexx and The Mooonshiners
Cela faisait un petit moment que l'on
ne vous avait pas entretenu d'Alexx & The Mooonshiners, un groupe
de blues que nous suivons depuis le début sur ce blog. Aussi, le
moment était venu de faire un petit point sur leurs dernières
activités.
MOONSET/MOONRISE
Courant 2013 est sorti « Moonset
/ Moonrise », leur troisième effort. Copieux double album de
21 titres, « Moonset/Moonrise » est la sortie la plus
ambitieuse de la formation à ce jour. Se décomposant en deux
volumes, un premier cd calme à dominante acoustique (Moonset le
disque du soir) et d'un deuxième cd plus électrique (Moonrise le
disque du matin) « Moonset/Moonrise » est la synthèse
parfaite de la musique d'Alexx & The Mooonshiners comme une
illustration des parcours contraires d'Alexx, la punkette tombée en
amour avec la note bleue, et du guitariste Lionel, le bluesman qui
n'a pas peur des décibels. On y retrouve à la fois des titres
acoustiques, dans la lignée de ceux sortis en 2012 sur l'EP de reprises (« Not the best », « All this to you »,
« Come on ») et des blues ou le jeu de guitare, délicat
et bien senti de Lionel fait des merveilles (les deux parties de
« I'm going fishing » débordantes de feeling,
« Woofriii », « Rhum eau à Cuba »). Le son
des Mooonshiners a encore gagné en épaisseur en s'agrémentant
désormais d'influences venus de la soul (« L.I.T.O.L.M »)
ou bien encore la guitare wha-wha très seventies de « I'm
going fishing part 1 ». L'impressionnant « We
Float », intro acoustique suivi de six minutes où la tension
va crescendo, conclut ce premier disque sur une note épique.
Le deuxième volume « Moonrise »,
le disque du matin, plus énervé mais néanmoins blues tendance
électrique ("Alisona"), est plus convenu pour qui connaît déjà le groupe. On
les retrouve, en forme olympique, s'adonnant à leur petit jeu
favori, retrouver le feeling blues sur les morceaux le plus rocks et,
inversement, dynamiter la sage structure à douze mesures avec
violence, cf. « Strange » au pont quasiment heavy metal ;
le riff de guitare particulièrement addictif de « Memories of
a dark island », l'inspirée « Emperor's Boogie ».
Et un groupe de blues qui s'amuse avec « Should i stay or
should i go » des Clash enquillé avec un bout de « Mannish
boy » (Muddy Waters) cela ne cours pas les rues. Une reprise
qui fait écho à celle, acoustique, du « Confortably numb »
(Pink Floyd), présente sur le premier disque, comme les deux
facettes du groupe. L'occasion de vérifier, une fois de plus,
qu'Alex Wokenschroll est une sacrée chanteuse, à l'aise dans
plusieurs registres. Les Mooonshiners surprennent sur ce disque,
adepte des compositions à tiroirs, multipliant les pistes et les
changements de direction. Seulement onze titres mais, au bas mot, au
moins le double d'idées musicales (cf. « Witless ») !
EN ANIMATION !
Non sorti dans le commerce, « En
Animation ! » est un DVD promotionnel, offert pour tout
achat d'un album d'Alexx & The Mooonshiners (au hasard, celui
chroniqué plus haut) et représentant le groupe en concert sur la
scène du festival Grésiblues le 5 juillet 2013. Lumière de fin de
journée juste avant la tombée de la nuit et vue sur la chaîne des
Alpes depuis la scène : le cadre est tout bonnement idyllique.
Sur scène Alexx & The Mooonshiners est une créature bicéphale.
Le contraste est saissisant entre Alexx, une petite boule d'énergie,
couverte de tatouages, les cheveux oranges, prête à exploser, et
Lionel guitariste au toucher délicat et empreint de feeling. Et si
la musique ne marche pas, ce que l'on ne souhaite évidemment pas,
Alexx a une reconversion toute trouvée dans l'athlétisme, le 100
mètres ou le saut en hauteur ! La bonne humeur règne au sein
du groupe (notons la participation remarquée de la poupée gonflable
qui restera dans les annales) et Alexx pique son guitariste « en
petite forme et dont le solo ne durera que 17 minutes » !
La complicité musicale entre le bassiste Eric Litaudon et le nouveau
batteur Pascal Raphard est déjà très marquante. Une fois de plus,
le groupe s'adonne au plaisir de la reprise attendue « Whole
lotta Rosie », « You shook me » ou plus surprenante
(pour un groupe de blues, s'entends) « Anarchy in the UK ».
Une seule conclusion s'impose : ne ratez pas le prochain concert près de
chez vous...
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