Pourquoi se
contenter de formules toutes faîtes quand tant de formes restent à
inventer ? S'amuser et expérimenter, de ce constat est né Yuma
Sun, formation atypique œuvrant dans le Dommesdagrock.
Dommesdagrock, kesako ? Un ovni musical ! Tout part de la
base, la country, le rock n'roll et un soupçon de blues. Rien que du
très classique. Ce qui change ? L'interprétation, inspirée
par le punk, le métal, le stoner et une bonne dose de noirceur. A
l'écoute cela donne un bon paquet de guitares détraquées
réinterprétant les idiomes précités sur un mode gothique inédit
soutenu par un banjo et une lap-steel apportant l'indispensable
caution roots. Le chant inspiré de Jaran Hereid apporte la touche
finale, une émotion perceptible dans sa voix faisant chavirer
l'auditeur. Le tout est mis au service d'une écriture fédératrice
(« Violets to Stone », « St Louise »,
« Judas Tree » soit autant de tubes dans un monde
parfait). Une bonne surprise venue de Bergen, Norvège !
samedi 31 décembre 2016
mercredi 28 décembre 2016
Bebo Best And The Super Lounge Orchestra : « Jazz Mamba »
Alors que pour bon
nombre de groupes, la quête d'un « son vintage » prend
des airs de graal absolu, Bebo Best et son groupe The Super Lounge
Orchestra se chargent de propulser les années 1960 dans le futur. Un
petit coup d’œil sur la pochette suffit pour s'en persuader, la
couleur de ce projet est définitivement rétro mais l'étiquette est
bien trop réductrice. En effet, le groupe excelle dans un entre-deux
unique en son genre. Les amateurs de musique latine seront aux anges.
Percussions folles, cuivres pêchus, orgue Hammond, guitares et
basse : tous les ingrédients sont ici réunis. Mais pas
uniquement. Grâce à l'aide précieuse du DJ Robert Passera, la
musique prend une tournure inattendue : quelques beats bien
sentis ici et là, quelques samples (des dialogues de films par
exemple cf. « Mamba Jazz ») suffisent à transformer ce
disque en objet sonore tout à fait inédit, sans en dénaturer la
nature intrinsèquement rétro, ancrée au cœur d'un triangle
latin/jazz/funk. Résultat : un cocktail festif et dansant, tout
à fait indiqué pour rentrer dans la nouvelle année avec
allégresse ! A noter, la jolie reprise du « Heroes »
de David Bowie.
Libellés :
Bebo Best And The Super Lounge Orchestra
lundi 26 décembre 2016
Jazz loves Disney
Quiconque à un jour
vu « Fantasia » (1940) connaît les liens étroits entre
la musique et l’œuvre de Walt Disney. La présente compilation
voit le producteur Jay Newland réunir une kyrielle de superstars du
jazz vocal (China Moses, Hugh Coltman, Stacey Kent, Anne Sila
etc...) se réapproprier le répertoire issu des bandes originales
des films Disney. Le résultat est assez harmonieux quoiqu'un peu
sage. Ce qui n'empêche pas les excellentes surprises. Gregory Porter
se révèle une fois de plus un vocaliste d'exception sur la reprise
de « When you wish upon a star » (Pinocchio), Jamie
Cullum réinvente le thème des « Aristochats »
(« Everybody wants to be a cat ») avec un petit grain de
folie rythmique bienvenu qui fait trop souvent défaut sur cet album.
Enfin seule (« He's a tramp » - La belle et le clochard)
ou accompagnée par la classe latine de Rafael Gualazzi (« The
Bare Necessities » - Le livre de la jungle) Melody Gardot
révèle une sensualité vocale digne d'une femme fatale. La seule à
pouvoir rivaliser dans le registre est, peut-être, China Moses
(« Why don't you do right » - Qui veut la peau de Roger
Rabbit). Pour finir, signalons la reprise, en français s'il vous
plaît, de « Un jour mon prince viendra » par Nikki Yanofsky. Classique, l'écoute de l'album se révèle néanmoins
agréable en dépit d'un manque d'éclat. La bande son idéale pour
les fêtes de fin d'année.
Libellés :
Christmas Album,
Jazz loves Disney
samedi 24 décembre 2016
Cirque LE ROUX, Bobino, 23 décembre 2016.
On est bluffés dès
le générique évoquant un film noir hollywoodien. L'action se
déroule dans les années 1930. Dans un décor rétro à souhait, les
quatre acrobates/danseurs rivalisent de folie, de dextérité,
faisant fi de la pesanteur, comme un défi lancé aux lois de
l'attraction terrestre. Même si l'intrigue reste un tantinet
absconse à nos yeux, les tableaux défilent et on est subjugué par
ces corps se mouvant avec grâce, dans cet entre-deux étonnant, là
où l'art rejoint la performance physique et sportive. Le final est
époustouflant, l'immense pole dressé au milieu de la scène en
tremble encore !
Cirque LE ROUX –
The Elephant in the room
A Bobino (19h00) du
mercredi au samedi jusqu'au 14 janvier 2017.
vendredi 23 décembre 2016
Scores : « The Gate to leave »
Alors que les
premières notes résonnent, il ne reste que peu de place pour le
doute : Scores vit pour le rock n'roll d'une époque qu'ils
n'ont pas connu : les années 1970. Riffs de guitares énormes,
batteries speedée : chez Scores le rock se vit les potards dans
le rouge et à fond la caisse (« Good night », « Leave
me now »). Ceci étant dit, un titre comme « That's the
girl » apporte un peu de recul dans cette ambiance rétro et
noisy, plus lent, plus mélodique, plus acoustique, une bonne
indication de ce que le groupe peut apporter dans un registre
différent. Sur la magnifique pochette, rappelant Black Sabbath, un
inquiétant personnage ouvre une porte vers l'inconnu. Serait-ce une
machine à remonter le temps ou bien, tout simplement, un passage
vers le nirvana du rock n'roll ? Ecoutez ces quatre titres et
vous le saurez…
jeudi 22 décembre 2016
Un nouveau clip pour Teleferik
De retour de Corée, Teleferik nous envoie un nouveau clip illustrant "Les lois de la physique" (extrait de "Lune Electric" le premier album du groupe) aux allures de film de vacances... Dépaysant !
http://teleferikband.comhttps://www.facebook.com/teleferikband
Cyril Adda Trio, Marché de Noël de Créteil, 20 décembre 2016
Mardi, en fin
d'après-midi, on a découvert le trio de Cyril Adda sous le
chapiteau du marché de Noël, dans une ambiance faîte de guirlandes
et de boules de sapin. Alors que ses doigts dévalent sur le clavier
du piano, Cyril nous explique son parcours. Pianiste de jazz, souvent
employé pour animer divers manifestations, Cyril a ressenti le
besoin de passer à autre chose, la chanson. La première partie du
concert voit le trio se produire en formation jazzy (piano,
contrebasse, batterie). Le répertoire est composé de chansons
originales dans lesquelles transpirent les influences jazzy des
musiciens, perceptibles notamment dans le swing imparable de la
section rythmique (Bertrand Beruard à la basse, Xavier Roumagnac à
la batterie). Sur des musiques évoquant les premiers Michel Jonasz
ou Claude Nougaro, Cyril chante les petits tracas de l'existence
(« Le club de gym »), des souvenirs liés à l'enfance
(« La baraque à frites » évoquant un déménagement
dans le sud de la France) ou des thèmes d'actualités plus sombres
(« Nafissatou Diallo », du nom de la femme de ménage du
Sofitel, cf. l'affaire DSK). Projet aux contours encore en gestation,
la deuxième partie se révèle plus pop/rock. Cyril passe du piano à
la guitare électrique et Bertrand troque sa contrebasse pour une
basse électrique à cinq cordes. Le chanteur semble moins virtuose
guitare en mains (au point de s'égarer dans une chanson). Toujours
aussi fine, la section rythmique quant à elle, impressionne
également dans ce contexte moins swing et plus puissant. Même en version pop/rock, la répertoire reste marqué par la chanson, dans un registre soft proche de la FM. Un trio frais et sympa, mais manquant encore un peu de personnalité dans son incarnation guitare.
mardi 20 décembre 2016
Nawel Ben Kraïem : « Navigue »
Un pied sur chaque
rive de la Méditerranée, la Franco-Tunisienne Nawel Ben Kraïem
mélange instrumentation acoustique traditionnelle et arrangements
électroniques (« Majnoune »). L'ensemble forme un
étrange ovni pop traversant les frontières aussi sûrement qu'il
mixe les cultures par le biais d'un chant en langues française et
arabe. L'écrin est idoine pour faire briller de mille feux la voix
éraillée, légèrement cassée façon soul de Nawel. Un chant qui
émeut, submerge et que l'on avait déjà entendu aux côtés
d'Orange Blossom. Ces quatre titres sont un avant-goût du premier
album de Nawel que l'on devrait découvrir l'année prochaine.
lundi 19 décembre 2016
Louis Arlette
Avec ce premier EP,
Louis Arlette signe de bien intriguants débuts. Contrairement à bon
nombre de ses contemporains, Louis n'a pas peur d'une part de chanter
en français, des textes sensibles (cf. « L'avalanche »)
ni, d'autre part, d'expérimenter avec la matière sonore, entraînant
la chanson française sur un terrain inattendu évoquant l'électro
voire l'industriel (« Les Etaux », « L'avalanche »).
Et puis il y a la voix de Louis, un timbre fragile, toujours sur le
point de flancher, renforçant l'aspect particulièrement émotionnel
de sa musique. Cet EP s'écoute comme une mise à nu, sombre mais
étrangement lumineux en même temps : c'est une révélation !
dimanche 18 décembre 2016
Louis-Jean Cormier : « Les Grandes Artères »
Ancien leader de
Karkwa, souvent décrit comme le Radiohead francophone, Louis-Jean
Cormier est une célébrité dans son Québec natal. A telle enseigne
qu'il est membre du jury de ce que nos cousins Québecois appellent
« La Voix », l'émission que nous désignons, en bon
français, « The Voice ». Son deuxième album en solo,
voit Louis-Jean débarquer en France. Comme souvent au Québec,
Louis-Jean Cormier est à cheval entre plusieurs cultures,
francophone en Amérique du Nord, au croisement des cultures. C'est
un peu un résumé, de l'album, étonnant par sa diversité, partant
parfois dans des directions étonnantes. De Karkwa, il reste un
certain sens de l'emphase, une sorte de grandeur musicale qui se fait
jour au travers d'arrangements ambitieux et alambiqués sans
toutefois tomber dans la surenchère maladroite (« Vol
plané »). Mais à côté de cela, « Les grandes
artères » est également un album de chansons aux textes
justes et émouvants (cf. « J'aime mieux rêver que de voir
sans y croire » in « La fanfare » ; la sublime
« Faire semblant » ; « Traverser les
travaux ») dont les contours acoustiques se parent d'atours
folk (« Le jour où elle m'a dit je pars » ; « Jouer
des tours ») et country, banjo à l'appui (« Tête
première », « Traverser les travaux »). Dans ce
contexte la reprise de « Complot d'enfants » (Félix
Leclerc) fait office de lien entre les différents univers et de
figure tutélaire. Un excellent disque qui sort enfin en France, ça
n'a l'air de rien dit comme ça, mais c'est une très bonne nouvelle.
En concert le 16
mars 2017 à Paris (La Maroquinerie)
samedi 17 décembre 2016
Left Lane Cruiser : « Beck in black »
Actif depuis une
dizaine d'années, le duo Left Lane Cruiser (originaire de Fort Wayne dans l'Indiana) fête le retour au
bercail (tout à fait provisoire) du batteur Brenn « Sausage
Paw » Beck (remplacé depuis par Pete Dio) qui a choisi les
titres, tous issus des premiers albums du groupe, que l'on retrouve
remasterisés sur cette nouvelle compilation. 14 plages qui
illustrent magnifiquement le savoir-faire de Left Lane Cruiser soit
une version âpre du blues, jamais très éloignée du garage rock,
animée par une fureur punk sans pareille (cf. « Heavy »),
perceptible dans la voix rauque du chanteur Frederick Evans (« Amy's
in the kitchen ») ; quelque-part entre Seasick Steve et
les premiers Black Keys. La chose prend une toute autre dimension
lorsque les titres s'étirent sur la durée, développant une sorte
de transe bruitiste (cf. « The Pusher »), les morceaux
plus acoustiques apportent une couleur supplémentaire hybride entre punk, blues et country (cf. "Juice to get loose"). Les fans du groupe trouveront de quoi patienter avec les six
inédits du tracklisting, les autres auront là la clef pour entrer
dans l'univers de cet excellent groupe.
jeudi 15 décembre 2016
Jesse Malin : « Outsiders »
Depuis qu'un soir de
décembre 2002, seul sur la scène du Bataclan avec sa guitare folk,
il nous avait séduit par son charisme et son sens de l'humour
ravageur, on a toujours gardé une affection particulière pour Jesse Malin. Jesse Malin, c'est un peu le dernier de son espèce. Un
songwriter inspiré, le genre de mec qui aurait été une superstar
en 1972 et qui aujourd'hui vivote dans un relatif anonymat. Un nouvel
album de Jesse Malin, c'est un de ces petits plaisirs de l'existence,
un bonheur toujours renouvelé, sans (mauvaises) surprises certes,
mais toujours égal de qualité ou de talent. Il exhale de sa musique
quelque chose de profondément New-Yorkais, intrinsèquement ancré
dans la côte est des Etats-Unis. Son sens du storytelling, sa
volonté de raconter en chansons le destin de ses contemporains,
proche du peuple et des « petites gens » le rapproche
d'un Bruce Springsteen (celui des débuts) dont il est le digne
descendant (cf. « All bets are off »). Ce nouvel effort
voit Jesse se partager entre chansons acoustiques mélancoliques ("Stay Free") et
rock n'roll enfiévré (« Here's the situation », « In
the summer », les excellentes « Outsiders » et "Whitestone city limits") dont le
côté baroque rappelle les Stooges (le saxophone de « The
Hustlers » ; « San Francisco »). Signalons
pour finir le groove ravageur de « Society Sally », le
petit bijou de cette nouvelle livraison. Un classique instantané,
gageons que l'album vieillira bien.
mercredi 14 décembre 2016
James Leg : « Blood on the keys »
Fils d'un pasteur
Texan (enfin d'après la légende), ancien membre des Black Diamond
Heavies, le pianiste James Leg effectue un retour tonitruant avec ce
troisième album solo monumental. James Leg, c'est un peu le punk
perdu en pleine americana. Un type qui mettrait son énergie, son
agressivité même, pour se réapproprier les traditions musicales
ancestrales du blues au gospel avec une impressionnante intensité.
L'originalité de la chose, vient de l'instrumentation. Claviériste
de formation, Leg met son instrument en avant, un clavier vintage,
Fender Rhodes le plus souvent, dont il tire des sonorités
inattendues. Tout aussi inattendu est le recours épisodique à la
guitare, un instrument pourtant indissociable des idiomes précités
et qui n'est utilisé ici que ponctuellement, une rareté sur la
scène punk. L'accompagnement musical est unique en son genre, groovy
mais puissant (cf. la batterie), toujours sur la marge, se jouant
avec maestria de la déglingue baroque (les violons de « St
Michel Shuffle »). L'écrin est parfait pour la voix grave
mâtinée au whisky et à la nicotine de Leg ; cet univers crade
lui va comme un gant. Même les morceaux les plus calmes à priori
(« I'll take it ») sont consumés par ce feu intérieur.
Ecouter cet album c'est comme sillonner les routes du Texas à bord
d'une voiture ivre. Un genre de trip halluciné dont on ne revient
pas tout à fait indemne.
En concert à Paris (Petit Bain) le 23 janvier 2017.
mardi 13 décembre 2016
The Haggis Horns : « What comes to mind »
Voici un album qui
ne manquera pas de ravir les fans de soul et de funk de tout bords.
Formés en 1999 à Leeds, The Haggis Horns s'est tout d'abord taillé
une belle réputation en tant que section de cuivres employés, sur
scène ou en studio, à tour de bras par toute une kyrielle de super
stars : Amy Winehouse, John Legend, Corinne Bailey Rae,
Jamiroquai, Morcheeba ou Finley Quaye. Une sorte de Tower of Power
british, pour résumer. A l'instar de ces derniers, si vous n'avez
jamais entendu parler d'eux, il y a de fortes chances que vous les
ayez écoutés sur un album des artistes sus-mentionnés. En
parallèle les Haggis Horns ont également réussi à mener leur
propre carrière, ce disque étant leur troisième album en nom
propre. Alors évidemment avec leur réputation cet effort est
particulièrement fort en cuivres et dépote assez sec (ah « It
ain't what you got »…) dans un registre soul/funk dansant
inspiré des années 1970 (« Keep it tight », assez
irrésistible dans le genre) auquel ils rajoutent, ça et là, une
pincée de jazz (« Return of the haggis », « Digging
in the dirt », « I can't stop the feeling »). Avec
une poignée de convives (le bassiste Pete Shand, le percussionniste
Snowboy) les Haggis Horns alternent instrumentaux et morceaux chantés
par de talentueux invités (John Mc Callum, Lucinda Slim et John
Turrell) avec un bonheur égal. Harmonieux et festif, dans un monde
parfait, cet album devrait tourner en boucle lors du prochain
réveillon du 31 décembre.
lundi 12 décembre 2016
Nick Pride & The Pimptones : « Go deep »
Avec ce nouvel
album, le guitariste anglais Nick Pride, une des valeurs sûres de la
soul anglaise, franchit une étape supplémentaire. L'arrivée à
temps plein de la spectaculaire chanteuse Beth Macari, après un
essai sur l'album précédent, a en effet changé la donne. Moins
diversifié que par le passé, le groupe se révèle, en revanche,
nettement plus consistant et plus constant sur la durée. Oubliant
les tentatives funk voire rap de l'album précédent, la formation se
recentre sur un son soul vintage tout en prenant soin de varier les
ambiances entre titres deep et morceaux plus enlevés. Autant de
registres dans lesquels Beth Macari se révèle excellente. L'album
ne dépareillerait pas sur le catalogue d'un de ces label hips de
Brooklyn et le sextet se révèle prêt à prendre la relève des
regrettés Dap-Kings. Rien de moins ! Un album excellent et
c'est un petit exploit tant le créneau se révèle encombré par
ailleurs. Conseillé.
vendredi 9 décembre 2016
Yasmine Kyd : « Privacy Settings »
Kabyle et Bretonne,
Yasmine Kyd poursuit son exploration musicale avec ce nouvel album,
se présentant comme une plongée au cœur de la « Great
American Black Music » au sens large du terme. Se jouant des
étiquettes et des genres, jonglant avec les influences et les
époques, ce nouvel album fait cohabiter jazz (« Is it time to
go home ? », « Personnal », « Poor
heart, poor thing ») et néo soul (« That one day »,
« Paris jam 69 »). Une variété d'influences qui n'a
rien du patchwork disgracieux, grâce à l'élégance naturelle de la
voix de Yasmine, caméléon vocal capable d'enfiler tous les costumes
sans pour autant perdre sa personnalité et son charme. Vintage sans
ostentation, audacieux dans ses arrangements apportant une note de
modernité dans son univers rétro, l'album irradie d'une belle
chaleur musicale. Sans temps mort ni remplissage, le disque renoue
avec la durée moyenne d'un vinyle, transformant l'écoute en un
moment à part, suspendu, une petite demi-heure d'introspection dans
cet univers classe et cosy.
jeudi 8 décembre 2016
Guillaume Perret : « Free »
Si le jazz est un
Atlas, alors Guillaume Perret est son infatigable voyageur. Un
explorateur solitaire dans le vaste continent du son. Saxophoniste de
son état, Guillaume s'est lancé dans l'enregistrement de son nouvel
effort seul. Sans assistance et sans filet, sans groupe pour
l'épauler mais avec une multitude d'effets sonores grâce auxquels
il donne naissance à des sons stupéfiants, distordus jusqu'à créer
l'illusion d'une guitare (cf. « Heavy Dance »). Chercher,
inventer et repousser les limites de l'instrument tels sont les
objectifs ambitieux fixés par le musicien pour ce nouveau disque. Le
saxophone devient une véritable matière sonore que le musicien
malaxe, transforme à sa guise, poussant le jazz dans ses derniers
retranchements flirtant avec le métal ou l'électro (« Pilgrim »),
redessinant ainsi les contours de l'idiome jusqu'à en réécrire
l'histoire en creux (le swing revisité et irrésistible de « En
good ») passant de l'ombre (« Inside song », "Cosmonaut") à la
lumière. En matière de jazz, le terme « free » n'est
jamais innocent et peut prêter à confusion. En l’occurrence, il
symbolise le parcours d'un musicien libre de créer. Fermez les yeux
et écoutez, le périple en vaut la peine.
mercredi 7 décembre 2016
Expo Losing My Stage jusqu'au 31/01/2017 chez Sunlee Howard
Le duo créatif parisien Restez Vivants, a imaginé une série de posters originaux pour illustrer certains concerts restés légendaires des années 1960 à nos jours. Le résultat est à la fois original et épuré, très différent des visuels psychédéliques auxquels on est habitués.
20 affiches, signées et numérotées, sont en vente en série limitée durant l'exposition.
L'exposition est visible jusqu'au 31 janvier 2017 chez Sunlee Howard au Bon Marché Rive Gauche.
mardi 6 décembre 2016
Janko Nilovic's Supra Hip Hop Impressions
Né en Turquie
(Istanbul) en 1941 et naturalisé français en 1973, Janko Nilovic
incarne à lui seul une belle idée, multiculturelle, qu'on aime se
faire de la France. Spécialiste de la musique à l'image, Janko a
sorti des albums instrumentaux par dizaines et à signé de nombreux
génériques pour des émissions. C'est également un arrangeur recherché parmi les chanteurs de variété, connu pour son travail avec Michel Jonasz et Gérard Lenorman. Ce nouvel effort, dont le titre est
un clin d’œil à son disque « Supra pop impressions »
de 1973, a vu le jour après une rencontre avec le deejay et beat
maker Dipiz lors d'une émission de radio. L'idée étant de
confronter le savoir-faire à l'ancienne du pianiste Janko aux
techniques contemporaines et à l'univers futuriste du deejay. Aidé
dans sa tâche par quelques musiciens remarquables (notamment le
bassiste/guitariste Kofi) le trio accouche d'un album étonnant,
comme un fil tiré entre le passé et le présent. Jamais indigeste,
le disque symbolise un point de rencontre où des univers différents
fusionnent avec grâce et élégance. Particulièrement
cinématographique, le programme débute avec « Vox of my
soul », titre puissant porté par une guitare à la limite du
rock. Un peu plus loin le saxophone jazzy de « Sunny Piece »
fait mouche et on avoue une affection particulière pour les funky
« This is how we do », « A spy always lie »
(la bande originale d'un James Bond oublié) et « My latin
thing » qui semble tout droit sorti d'un classique de la
blaxploitation remis au goût du jour. Enfin, « Hip hop
lullaby » donne à entendre toute la virtuosité de Janko au
piano et « No more sorrow » clôt l'affaire sur une note
romantique, tendre et rêveuse. L'ensemble affiche une variété
d'ambiances telle que l'on peut affirmer sans prendre trop de risques
que chacun trouvera son bonheur dans collection riche et variée.
dimanche 4 décembre 2016
Nada Surf, Le Bataclan, 02/12/2016.
Faire comme si de
rien était. Oublier la petite boule qui nous tourne discrètement
dans l'estomac depuis une semaine. Faire fi de l'émotion qui nous
saisit quand on passe devant la plaque hommage aux victimes, le petit
pincement au cœur au moment de passer la sécurité. Ce soir on va
au Bataclan. Ce soir on va voir Nada Surf. Et, chose impensable, on a
même songer à se décommander. Et puis on y est allé quand-même.
Parce que la Vie doit continuer, parce que les guitares résonnent
plus fort que les kalachnikovs, parce que le rock n'roll fait plus de
bruit que les bombes. A l'intérieur, l'endroit a finalement peu
changé exception des toilettes et du hall d'entrée, refaits à neuf
et du bar qui est semble aussi différent. Et puis dès que les
lumières se sont éteintes, on a retrouvé nos marques. Un concert
de rock, notre élément naturel. Sur scène, les quatre membres de
Nada Surf, se sont bien gardés d'évoquer les événements tragiques
survenus il y a un an. Mais on sent bien qu'il y a quelque chose de
différent. Que quelque chose à changé. Les applaudissements sont
plus appuyés, le groupe (surtout Daniel le bassiste parfaitement
francophone) semble ému. Entre les chansons, Matthew (le chanteur au
français parfait) évoque des anecdotes personnelles (chose assez
rare) et tient un discours profondément humaniste qui fait chaud au
cœur… Et ce sont des tonnes d'amour qui se sont déversés sur le
groupe via des applaudissements nourris…
Sur scène Nada Surf
a toujours été un groupe ultra-efficace, charismatique, emportant
littéralement le public et évoluant sur une ligne fine entre
mélancolie (« 80 windows », « Weightless »
et les chœurs assurés par le public, très émouvant) et puissance
brute (« Happy Kid », « Hi-speed soul », rare
incursion du groupe en territoire cold wave). Avec l'ajout d'une
deuxième guitare, assurée par l'excellent Doug Gillard, c'est un
véritable mur du son qui se dresse devant nos oreilles. Derrière sa
batterie, le puissant Ira Elliot est le ciment qui tient tout
l'édifice debout. Vêtu de son perfecto à paillettes, ce dernier
fait la fête dans son coin, danse avec ses baguettes. Cela
maintenant près de vingt-cinq ans que ce groupe joue ensemble. Et ce
que l'on entend est la résultante de toutes ces années passées
ensemble sur la route : une cohésion musicale irremplaçable,
une alchimie unique. Ces quatre là savent tout simplement se
trouver. Les lumières se rallument, la musique résonne et on pense
le concert terminé. Et puis surprise, les quatre sont revenus avec
des guitares acoustiques et ont entamé « Blizzard of '77 ».
Comme ça, sans amplis, sans micros, au plus près du public. Les
quatre voix se mélangent harmonieusement, les harmonies vocales sont
magnifiques. Comme un ultime cadeau avant de quitter la scène. Le
Bataclan, finalement, on est content d'y être retournés.
Inscription à :
Articles (Atom)