samedi 23 septembre 2023

Denis Agenet & Nolapsters : « Peace Of Land »

 


Ancien membre des Bad Mules, Denis Agenet possède la particularité d’être à la fois batteur et chanteur, une rareté dont il a su tirer profit pour ce premier album en bien belle compagnie (Sax Gordon Beagle, Arnaud Fradin, Nico Wayne Toussaint…) Conçu comme un hommage au label NOLA et au rhythm’n’blues néo-orléanais des années 1960, le groupe a tout d’abord sorti un EP de reprises en 2018 avant de passer à la vitesse supérieure, de manière assez spectaculaire, avec cet effort de tout premier plan, composé de chansons originales. Ce que l’on retiendra avant tout de ce disque c’est la virtuosité du geste de Denis, au grain de voix légèrement éraillé, la petite cassure soul au fond de la gorge, propre à faire chavirer l’auditeur, mais aussi son habilité derrière la batterie aussi à l’aise dans le groove soul que le swing jazz. Car on aime aussi l’album pour sa variété de climats, d’ambiance de l’intimité acoustique (« The Beautiful Sad Song ») au jazz en grande formation (« My First Christmas Alone »), le feeling blues habitant l’ensemble, d’un petit lick d’harmonica ici ou d’une guitare slidée là, finissant d’emporter l’adhésion générale.

En concert le 23/09 au Triton

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dimanche 3 septembre 2023

Grace Potter : « Mother Road »

 


Le constat est forcément désespérant. Après une vingtaine d’années de carrière, Grace Potter, une des plus grandes chanteuses rock en activité à l’heure actuelle, reste cantonnée à l’anonymat. Le postulat n’est pas exagéré, Grace Potter, également organiste B3 de haute volée, possède cette petite cassure irrésistiblement soul dans le fond de la gorge et une énergie débordante, autant de caractéristiques qui la rapprochent de Janis Joplin. Certes, nouvelle Janis, l’argument est éculé, mais, en l’espèce, ce nouvel effort voit la chanteuse en forme olympique prête à tout casser, et à faire succomber à son charme vocal n’importe quelle oreille qui aura la bonne idée de se poser sur son album. Un disque où folk-rock, soul et blues côtoie le funk, le tout dans une ambiance road-movie, guitares débridées à l’appui, qui fleure bon l’Amérique, le groove sur les autoroutes poussiéreuses et les cactus. Dans le genre, il n’y a guère que les Black Crowes qui aient fait mieux ces trente dernières années.

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samedi 2 septembre 2023

Kendra Morris : « I am What I am Waiting For »

 


Apparue sur la scène soul new-yorkaise des années 2000, Kendra Morris aurait pu se glisser sans mal dans l’esthétique vintage prônée par les labels Daptone et consorts. Un rapport au temps, comme le suggère la pochette où la chanteuse pose avec une pendule géante, qui domine la scène musicale où le modèle des années 60/70 est reproduit à l’infini. Il y a certes un peu de cela dans la démarche de la chanteuse mais ce nouvel effort la voit sortir de sa zone de confort avec un bonheur certain. A première vue le disque se présente sous la forme d’un album soul classique gorgé de groove (« Dominoes ») et de feeling. Mais en s’acoquinant avec Torbitt Schwartz (moitié du groupe hip-hop Run The Jewels) qui coproduit l’album et a participé à son écriture, la chanteuse est décidée à faire passer sa musique à un niveau supérieur. Car derrière l’écrin soul classique, se cache des arrangements judicieux, beaucoup plus contemporains, qui voient cohabiter tradition et modernité (« Special » ; « Still Spinning »). D’autant plus que l’album se révèle au final très varié entre pop rock (« The Door »), exotica 21ème siècle (« All Your Jokes ») et reggae/dub. Un ensemble varié rendu cohérent par le chant charmeur et une production au cordeau.

En concert le 4/10 au Pop Up

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vendredi 1 septembre 2023

Scott Hepple and The Sun Band : « Ashes to Wildflowers »

 


Faisant fi, du temps, des modes et même de sa localisation géographique (Newcastle, UK), Scott Hepple and The Sun Band sort son premier album au psychédélisme bon teint. En effet, peu de choses dans ce premier effort évoquent Newcastle et son ciel gris. Par la grâce de ses mélodies, Scott Hepple nous embarque dans un trip psychédélique californien fantasmé dans le San Francisco des années 1960 ou, du moins, dans l’idée que s’en fait le chanteur, comme le souligne le titre de l’album en forme d’éternel recommencement. Ainsi, l’album se révèle un hommage à cette scène où se bousculent les références aux cavalcades électriques de Neil Young en compagnie du Crazy Horse (« Nobody Else (Is Gonna Do It For You) » ; « Leisure Cruise ») ou au Brian Jonestown Massacre (« Letting Go », « Warm Night »). Alors que quelques pistes à l’électricité plus abrasives (« Caligula ») sont à rapprocher du rock garage. C’est donc entre ces extrêmes, formant une sorte d’arc partant du folk psyché (« Spirit Animal » ; « Hair of The Dog ») pour arriver au rock déglingué, que Scott Hepple réussit à trouver une voix personnelle, inspirée mais sans être vampirisée pour autant par des ombres tutélaires envahissantes. Les chouettes mélodies et le timbre agréable et haut perché du chanteur font que c’est un excellent moment qui est passé à l’écoute de l’album, une sorte de classique immédiat intemporel qui enlumine l’automne 2023 comme il aurait pu illuminer celui de 1973.

Sortie le 22 Septembre.

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mercredi 30 août 2023

Rock en Seine, 25, 26 et 27 Août 2023.


The Big Idea (c) Victor Picon

Bertrand Belin (c) Louis Comar

Viagra Boys (c) Louis Comar


Pogo Car Crash Control (c) Victor Picon
Vendredi 25 Août.

The Big Idea, contrairement à ce que son patronyme laisse supposer, n’a pas eu une bonne idée mais plusieurs ! Déjà pour commencer, celle d’enregistrer son nouvel album, en mer, sur un bateau. Ensuite, les Rochelais sont sont tous d’excellents musiciens s’échangeant les instruments. Il en résulte une prestation inclassable commencée sans guitare (hélas nous avons raté les premiers titres) mais avec trompette, harmonica, clavier, percussions latines et batterie et terminée par un chaos de quatre guitares en plus de la section rythmique, de la pop psyché au rock brut de décoffrage. Inclassable, intriguant mais surtout brillant ! Un petit tour pour apprécier la chanson pop de Bertrand Belin sur la grande scène, qui de loin ressemble un peu au Bowie cheveux longs des années 90, qui a quelque peu musclé son jeu pour le festival, un festival de synthés hypnotiques, quelques guitares et une rythmique solide (xylophone compris). Place ensuite à un sacré poids lourd venu de Suède, les Viagra Boys (endeuillés par la disparition récente de leur guitariste) et toujours mené par le charismatique Sebastian Murphy, un américain exilé, qui monopolise l’attention par son corps intégralement tatoué (enfin presque) et qui assume sans complexe aucun sa bedaine naissante. Mais musicalement parlant c’est du punk, lourd, très lourd, aux guitares dévastatrices sur une rythmique en béton armé. La basse saturé galvanise (cf. « Sports ») le saxophone (parfois baryton comme chez Morphine) et les synthés analogiques apportent fraîcheur et originalité aux compositions. Bref en un mot c’est une claque monumentale que les Viagra Boys ont donné au festival. Dans le même ordre d’idée, on termine avec les Pogo Car Crash Control, dont le son a évolué progressivement du punk au métal pour atteindre une sorte d’hybride parfait aux paroles particulièrement bien senties et, au passage, on, suivant les conseils du groupe, « fait des doigts » (ça fait du bien comme ils disent). Energiques et sulfureux. En sus, le guitariste du groupe a réalisé une première, celle de surfer dans le Parc National de Saint-Cloud, sur une authentique planche de surf porté à bout de bras par le public chaud patate.


Parlor Snakes (c) Olivier Hoffschir

Samedi 26 Août.

On suit les Parlor Snakes depuis longtemps et on a souvent pensé que le groupe se jouait, avec maestria, de la retenue faisant longtemps monter la pression ce qui finissait par créer cet hypnotisme particulier au groupe. Un caractéristique que le batteur du groupe, contrairement à son prédécesseur, semble décider à bousculer dynamitant les compositions de breaks ravageurs qui, mis bout à bout, finissent par créer un sacré tour de grand huit. Peter, le guitariste, semble quant à lui décidé à changer d’approche, à travailler le son plus que d’habitude et exhibe, sur un titre, une sublime Vox Phantom orange. Au chant et aux claviers, Eugénie, égale à elle-même, charismatique et émotive, charme le public de sa voix particulière, un peu aiguë. Une prestation solide et un peu isolée de la part d’un groupe sans actualité immédiate, en compensation de l’annulation du passage prévu l’an dernier qui devait clôturer la précédente tournée du groupe, mais qui a permis de découvrir de nouvelles compositions en prévision de l’album prévu pour l’an prochain. Nous devrions donc les retrouver bientôt.


Altin Gün (c) Victor Picon

Place ensuite au psychédélisme débridé des Hollandais/Turcs d’Altin Gün où les giclées de guitares acides cohabitent avec cet orientalisme propre au groupe et ces sons disco kitch venu des synthés analogiques. Le groove entre percussions, batterie, et une basse particulièrement bien tenue est irrésistible et il ne faut pas très longtemps avant que la fosse ne se transforme en discothèque à ciel ouvert, propulsant le public dans l’Istanbul des années 70. Ça danse un peu partout ! Festif, psyché et ensoleillé.


Tamino (c) Olivier Hoffschir

Lui aussi venu du Nord, la Belgique, et d’origine Égyptienne, Tamino fait preuve d’un magnétisme rare. Depuis le début de sa carrière les comparaisons avec Léonard Cohen ou Jeff Buckley abondent et font sens selon qu’il joue d’une guitare classique ou électrique. Mais il serait trop réducteur de placer le chanteur sous l’ombre tutélaire, et envahissante, de ces deux géants. Car Tamino possède un univers bien à lui, un peu mélancolique, souligné par le violoncelle, et aussi teinté d’orientalisme (cf. l’oud dont il joue très bien) même s’il a choisi de chanter en anglais. Autre particularité, cet instrument bizarre, une basse à deux cordes jouée à l’archet, qui teinte la musique d’un onirisme unique. Un artiste habité.

Un peu à part dans le grand cirque de Rock en Seine, la Scène Île-de-France, la seule sous chapiteau et présentant une jauge réduite, visant à recréer l’ambiance d’une petite salle, est réservée aux groupes débutants de la région. C’est aussi l’endroit où il fait bon traîner pour multiplier les découvertes et cette année ne fera entorse à la tradition avec le formidable trio Ditter. Jeune et frais, le groupe, charismatique et enthousiaste, pratique une électro fortement teinté de rock’n’roll et joue parfaitement d’une complémentarité avec une basse énorme, teinté cold wave et d’une guitare débridée. Boite à rythme et sonorités électro apportent une dynamique festive, là aussi ça danse et saute beaucoup, alors qu’un titre joué en configuration basse et deux voix (un truc rarement vu avant) démontre qu’avant toute chose, un songwriting solide est à la base de tout. On attends un premier EP bientôt.

Dimanche 27 Août




Gaz Coombes (c) Louis Comar

Snail Mail (c) Louis Comar

On commence avec une prestation très solide de Gaz Coombes, qui sur scène s’est donné les moyens de ses ambitions. Saxophone, choriste, batteur jouant volontiers aux balais, la prestation de l’ex-leader de Supergrass est marqué d’un sceau à la fois classe et intemporel. Le répertoire est à l’avenant entre songwriting classieux et giclées acides psychédéliques. Petite déception ensuite avec la chanteuse Snail Mail, précédée d’une réputation élogieuse, dont le post grunge manque de variété donnant cette impression lancinante d’une même chanson jouée en boucle. Place ensuite à une énorme claque, celle des Irlandais de The Murder Capital (découverts ici même il y a quelques années) qui ont évolués depuis le post punk des débuts vers un son plus atmosphérique mais toujours marqué par ces attaques d’une violence inouïe et des pattern de batteries proches de Killing Joke. Coup de cœur du week-end à égalité avec les Viagra Boys. La prestation des Australiens Amyl & The Sniffers sur la grande scène commençait plutôt bien, charisme de la chanteuse, une énergie de tous les diables. Hélas, notre Iggy en bikini s’agite plutôt en vain, problème d’écriture, manque de variété dans les compositions, une fois encore le concert tourne en rond. Le gang Australien, pourtant fort d’un excellent album ne tient pas la distance, hélas. Une averse plus tard, on retrouve les portés disparus depuis 15 ans, Be Your Own Pet, qui reviennent avec un troisième album tout juste sorti sur Third Man Records, le label de Jack White. Une excellente prestation, énergisante, excitante, sulfureuse, du groupe garage qui, certes, fait beaucoup de bruit mais, surtout, fait honneur à des compositions d’excellente facture. De quoi bien terminer le week-end.


The Murder Capital (c) Louis Comar

Amyl & The Sniffers (c) Louis Comar

Be Your Own Pet (c) Victor Picon

mardi 29 août 2023

Osees + Guadal Tejaz, Le Cabaret Sauvage, 20 Août 2023.




C’est à la schizophrénique formation française Guadal Tejaz a qui revient l’honneur d’ouvrir les festivités. Pratiquant un rock garage, classique mais de haute tenue, toutes guitares dehors, le groupe ne s’interdit pas quelques extras. Comme d’échanger les guitares contre des synthés hypnotiques tout en gardant cette section rythmique basse/batterie hyper carrée et ultimement rock’n’roll. Tantôt robotique, tantôt déchaînés, les Français nous ont charmés.

Place ensuite au grand nom de la soirée, les Osees, de Los Angeles, mené par John Dwyer. Le groupe a perdu son « Thee » il y a quelques années mais a gagné un batteur supplémentaire et un son totalement revivifié. Mené par les deux batteries, c’est une déferlante rock’n’roll totalement dingue qui s’abat sur la foule. Le rythme est insensé et qu’il est bon de se prendre une telle avalanche de décibels en pleine poire ! Mais l’essentiel est ailleurs et se trouve peut-être dans ces discrets synthés vintage et tous ces sons obliques et barrés qui en découlent et apportent fraîcheur et originalité, un plus incontestable à mettre au crédit et qui fait d’eux une des formations les plus attachantes de cette scène garage/psyché rock californienne. Et en plus, John Dwyer fait montre d’une classe absolue, décapsulant les bières à la baguette de batterie ! Inoubliable !

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lundi 14 août 2023

PÆRISH : « You’re In Both Dreams (And You’re Scared) »

 


Si l’on considère que, d’une certaine façon, l’écoute d’un album s’avère être, également, une formidable machine à voyager dans le temps, alors, ce nouvel effort des Parisiens se révèle être un ticket de première classe. Mû par des préoccupations actuelles, le quartet n’en a pas moins gardé les oreilles dans les années 1990, pour ce qu’elles ont eu de meilleur : un soupçon d’agressivité grunge dans les guitares contrebalancée par une l’ambiance atmosphérique et vaporeuse du shoegaze. C’est une fois passée la très cérémonieuse « Sequoia » qui ouvre l’album que le festival électrique commence. Une sorte de spirale, portée par la voix Mathias Court, qui enrobe l’auditeur de guitares tourbillonnantes et d’une section rythmique aussi lourde que du plomb. C’est alors que la vérité se fait jour, et on aurait tort de considérer le groupe comme une simple resucée des années 1990. Une esthétique qui ne tient en vérité qu’à quelques choix de production et à l’aide de certaines pédales aux effets bien sentis sur les guitares. Non, en vérité Pærish est un groupe solide, intemporel, au songwriting consistant.

Sortie le vendredi 18 Août.

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vendredi 11 août 2023

The Supersoul Brothers : « The Road To Sound Live »

 


Derrière son titre en forme de clin d’œil à la salle (La Route du Son à Billère) où il a été enregistré, se cache une petite pépite d’album. Emporté par la fougue et le charisme de son chanteur David Noël, qui s’arrache les cordes vocales sur quasiment tous les titres, The Supersoul Brothers réussit un petit miracle : celui de restituer fidèlement, sur disque, toute l’exaltation ressentie lors d’un concert réussi. Une sorte d’énergie, autant miraculeuse que contagieuse, qui sort des enceintes pour contaminer les oreilles. Le message positif en sus délivré par le chanteur entre chaque titre. Et c’est donc parti pour une démonstration de deep soul à faire pâlir, partagée entre Feeling, émotion à fleur de peau (« Only Love ») et groove bulldozer (« Don’t "lockdown" your heart ») faisant honneur aux nombreuses reprises (« Ain’t that a lot of love » ; « Jerkin’ the dog » ou la mémorable « Heroes » de David Bowie!) Voilà un disque qui nous aurait été bien utile pendant le confinement !

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jeudi 10 août 2023

Automatic City : « Hum Drum »

 


Un nouvel album d’Automatic City est toujours une excellente nouvelle ! Et cette quatrième livrée des Lyonnais ne trahira pas la tradition tant, depuis son apparition sur nos platines en 2017, le groupe a su se créer une place unique dans la scène blues qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs. Ainsi Automatic City, s’est fait une spécialité totalement improbable, celle de respecter autant la tradition que de la trahir. On en veut pour preuve le premier titre « Lament », une reprise de Mamie Perry, ou cohabitent dans un joyeux bordel savamment contrôlé, une contrebasse (classique) et une boîte à rythmes Roland CR78, nettement plus rare sur la scène blues. L’autre marotte de quatuor (quelque peu remanié depuis le dernier album datant de 2019) c’est le psychédélisme, à grande lampées de sitar, assez peu usité dans le blues (cf. « No Dice ») et des percussions latinos hypnotiques et répétitives. Choisissant ses reprises avec soin et un goût assez sûr chez Chuck Berry ou Curtis Mayfield, Automatic n’a pas son pareil pour les personnaliser : un peu de synthé Moog, de l’orgue Farfisa et voici le groupe parti dans une expédition sauvage dans l’arrière bayou du blues, un territoire inconnu où l’électronique a rarement sonnée aussi sexy. A la fois inventif et truffé de bricolages sonores qui donnent le tournis, ce nouvel effort chauffe les oreilles et monte à la tête. Une réussite de plus, comme d’habitude.

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dimanche 6 août 2023

Robin McKelle : « Impressions of Ella »



C’est pendant le confinement, et le besoin de se reconnecter à l’essentiel en période de crise angoissante, qu’est née l’idée de cet album de reprises d’Ella Fitzgerald. Pour la chanteuse Robin McKelle, entrée dans la carrière comme une chanteuse de jazz, c’est également un retour aux sources, après des détours vers la country ou le rhythm’n’blues. Un retour d’un classicisme absolu, enregistré en petit comité, accompagnée d’un trio de virtuoses aux CVs longs comme le bras, le pianiste Kenny Barron (cinq décennies de carrière au compteur) et la section rythmique composée de Peter (contrebasse) et Kenny Washington (batterie). Un contexte intime donc (à noter la participation vocale de Kurt Elling sur un titre) qui sied particulièrement bien à la chanteuse. Le sentiment d’intimité qui se dégage du disque est ainsi très puissant et la virtuosité des uns et des autres éclate à plein au fil des titres. C’est finalement le swing qu’il soit entraînant, « Old Devil Moon », « I Won’t Dance » ou langoureux et caressant (« Embraceable You », les sept minutes dantesques de « Do Nothing Til You Hear from Me ») qui est au centre de toute cette affaire. C’est aussi un point d’étape important dans le parcours de la chanteuse qui dispose, après quinze ans de carrière, du coffre et du vécu nécessaire pour donner sa pleine mesure à ce répertoire, terriblement évocateur. Charmeuse ou féline, la chanteuse s’en donne à cœur joie et envoûte l’auditeur, convoquant les images mentales à foison (New York City, la nuit, les néons, la pluie etc...) Un classique à la séduction immédiate.

En concert le 7 novembre à Paris (New Morning)

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samedi 5 août 2023

Kaz Hawkins : « Until we meet again »

 


Ayant changé de dizaine en début d’année, Kaz Hawkins a fêté l’événement à sa façon, en musique avec un nouvel album de compositions originales, elle qui a longtemps pratiqué l’art de la reprise. L’occasion nous est ainsi donnée de nous replonger dans l’univers de la chanteuse que l’on aime tant, précisément parce qu’il se situe au confluent des musiques qui nous tiennent à cœur. Un souffle gospel ("Pray to") voire soul (« Hold on for home » ; le funk séduisant de "Until we meet again") anime l’ensemble, qui sied à ravir à sa voix puissante et évocatrice, qui est également teinté de guitares rock, ces dernières symbolisant la limite du disque et le côté trop FM 80 de certains solos (cf. « Get up and go »). Ce qui n’empêche nullement la chanteuse d’atteindre des sommets d’émotions sur les ballades acoustiques (« The river that sings ») dont les arrangements rappellent les origines irlandaises de Kaz (cf. « Lonely Boy »). Au final un chouette album, très réussi et agréable à écouter, classique dans sa forme mais dont la qualité se situe ailleurs : dans l’investissement et l’expression profondément honnête et sincère de la chanteuse, découlant de sa voix rauque et puissante. Une force de la nature indéboulonnable.

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jeudi 3 août 2023

April March Meets Staplin

 


Depuis ses collaborations avec nos Bertrand Burgalat ou Aquaserge nationaux, l’Américaine April March s’est depuis longtemps taillé une place de choix dans tous les petits cœurs des amateurs de pop d’ici. Avec le duo Staplin, April s’est trouvé de nouveaux compagnons, traçant un sillon plus ou moins parallèle à celui entamé avec Burgalat tout réussissant à faire évoluer la chanteuse vers de nouveaux horizons. Il y a tout d’abord ces influences sixties qui ne sont jamais très loin de la chanteuse, rappelons-nous le siècle dernier quand April reprenait, dans la langue de Voltaire svp, « Laisse-tomber les filles ». Si elle n’a pas tout à fait disparue, fort heureusement cf. le merveilleux bonbon gainsbourgien « Les Fleurs Invisibles », April quitte peu à peu les yéyés au profit d’un psychédélisme abstrait de bon aloi (cf. « Ton Rayon Vert » qui ouvre le disque ; « Ombres ») lorgnant les sixties avec moins d’assistance. Son grain de voix mélodieux, toujours aussi à l’aise en français comme en anglais, se marie merveilleusement bien au giclées de guitares fuzz, à la basse ronde imprimant un rythme implacable et aux autres nappes synthétiques vintage barrées, et cela constitue une surprise agréable quoi qu’attendue. Consistant mais varié voici un album plus que réussi et qui passe comme une lettre à la poste. Vivement conseillé.

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mercredi 2 août 2023

John Trap et Delgado Jones : The Eye(s)

 


Puisqu’il s’agît du premier album en commun des deux amis musiciens et qu’il y règne en l’occurrence une ambiance particulièrement cinématographique, nous parlerons donc en l’espèce d’une association de malfaiteurs. Et quelle association ! Et quels malfaiteurs ! Qui n’en veulent point à votre porte monnaie mais qui ont plutôt vos oreilles dans le viseur. Lorgnant vers le côté obscur des années 1980, naviguant à vue quelque part entre Depeche Mode et les BO de John Carpenter, le duo conçoit cet album comme la bande originale d’un film noir oublié des années 1980 où l’hémoglobine coule à flot, contenant son lot de synthés obliques et bancals (« The Empire(s) »). Une tension lancinante s’empare du disque (« The Candie(s) ») faisant monter la pression sans occulter non plus un certain héritage punk (« The Son(s) ») et des guitares discrètes (« The Beast(s) ») mais judicieuses qui font du bien. La sublime pochette, se jouant des codes des séries B gores et horrifiques, traduit bien l’intention finale. La recette fonctionne, au-delà même de toutes les espérances, le duo ayant le bon goût d’ajouter une note de répétition hypnotique à toute cette affaire. Une réussite !

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mardi 1 août 2023

Magon : « Did you hear the kids ? »

 


Il est de ces disques qui s’imposent comme une évidence imparable. Ainsi en va-t-il de ce nouvel album de Magon, qui dès ses premiers arpèges de guitare folk nous transporte totalement. Où va-t-on ? Nul ne le sait au juste. Ce que l’on sait en revanche, c’est que l’album nous fait du bien dans cette façon unique de nous plonger dans un cocon réconfortant, doux et confortable. Une manière de petite merveille pop folk, à la psychédélie douce, lysergique et alanguie. Sans doute l’ombre du Laurel Canyon des seventies plane sur ce disque (« Another City », « Back in the day ») sans pour autant jouer trop ouvertement la carte nostalgique. On parlerait plutôt de classique immédiat et intemporel. Une question de son mais aussi, surtout, de songwriting pop aux arrangements discrètement aventureux à la brièveté bienvenue. Une fois l’écoute terminée, nous n’avons qu’une seule envie, celle de tout reprendre depuis le début.

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mardi 25 juillet 2023

La Maison Tellier and Friends : « Harvest : Trilogie 72 », Opéra du Grand Avignon, 24 juillet 2023.

En s’attaquant à l’immense chef d’œuvre de Neil Young, les Normands ont réussi une prouesse rare, celle de s’infiltrer dans un mince interstice séparant le profond respect porté aux chansons tout en réussissant à s’approprier totalement les compositions. Ainsi tout en reprenant respectueusement les musiques, l’excellent guitariste Raoul Tellier s’en est donné à cœur joie, secondé par Arman Méliès, le groupe a réussi à trouver quelques excentricités personnelles pour donner sa patte personnelle aux chansons. Si la présence de la trompette reprenant le rôle normalement dévolu à l’harmonica (en même temps, on n’allait pas mettre ce brave Léopold Tellier au chômage, hein!) fait partie desdites excentricités, le plus étonnant, surtout pour ceux qui ont l’habitude d’écouter le grand Neil, reste le chant. Car aucun des chanteurs (Helmut Tellier, Baptiste W. Hamon) et chanteuses invités (Pauline Denize, Mélissa Laveaux, Emily Loizeau, Lonny et Ysé) ne cherche particulièrement à l’imiter. Le résultat surprend et étonne, déstabilise, mais se révèle payant. L’imitation improbable, véritable mission impossible, aurait conduit droit au fiasco. Par ailleurs, reprendre l’intégralité de l’album, y compris les deux titres symphoniques (« A man needs a maid » et « There’s A World » dont les originaux ont été enregistrés en compagnie du London Symphony Orchestra) relève d’une gageure scénique. C’est également un autre point intéressant, celui de découvrir sur scène toutes ces chansons (« Out on the weekend », « Are you ready for the country ? » etc...) le répertoire de cet album ayant rarement jouées sur scène par Young (exception » faite » de « The Needle and the damage done » et de « Heart of Gold »). A ce moment précis il est important de préciser que l’intitulé exact du projet est La Maison Tellier and Friends. Et si le point le plus important résidait dans le « Friends » ? Tant ce concert a été vécu, des deux côtés de la scène, comme une célébration, un partage autour d’un amour commun (tant sur scène que dans la salle) pour la musique de Neil Young. Les nombreux sourires barrant les visages des spectateurs à la sortie, les applaudissements nourris et « Down by the river » repris en cœur (oui le groupe a rajouté quelques « apéritifs » et « digestifs », l’album original étant relativement court) par tout le monde en sont la preuve. C’était beau, c’était émouvant et on a bien fait d’en profiter, de l’aveu même du chanteur Helmut Tellier : « On ne le refera pas de si tôt ». Chapeau bas !

Christina Rosmini, Théâtre du Chêne Noir, Avignon, 23 juillet 2023.

Inti, le titre du nouveau spectacle (et également de son dernier effort en date) de la chanteuse, signifie le Dieu du soleil chez les Incas. Un nom qui lui sied à ravir tant Christina est lumineuse sur scène. Son spectacle est un voyage entre son Sud chérie et l’Amérique Latine, les langues affluent, les influences du folk et de la chanson se croisent, avec force percussions diverses et variées, en un rendu unique à la fois humain, chaleureux et convivial. C’est le sourire aux lèvres que l’on quitte la salle !

En concert au Théâtre du Chêne Noir (Festival Off Avignon) jusqu’au 27 juillet puis au Théâtre des Déchargeurs (Paris) les 18 octobre, 22 et 27 novembre, 13 et 20 décembre. Théâtre de l’œuvre (Marseille) le 12 octobre, 9 novembre et 7 décembre.

https://www.christinarosmini.com/

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Sébastien Troendlé : « Rag n’Boogie » Théâtre La Luna, Avignon, 24 juillet 2023.

Pianiste surdoué, Sébastien Troendlé à trois passions dans la vie : le Ragtime, le Boogie Woogie et le piano Stride. Passeur plus qu’acteur, Sébastien partage ses passions avec enthousiasme le temps de ce spectacle didactique où, souvent, il illustre son propos au piano avec une virtuosité rare. Un écran accompagne le musicien diffusant des extraits de films d’époque et autres documents historiques. Il est passionnant de redécouvrir l’histoire de Scott Joplin, Jelly Roll Morton et autres Fats Waller (pour ne citer que quelques noms) héros méconnus et pionniers des idiomes qui deviendront par la suite le jazz et le rock’n’roll (Jerry Lee Lewis)…

Jusqu’au 27 juillet au Théâtre La Luna (Festival Off Avignon).


samedi 22 juillet 2023

Christina Rosmini : « Inti »

 


Objet de tous les fantasmes pour quiconque n’a pas eu la chance (ou non, c’est selon) d’y grandir, le Sud est au centre de l’inspiration de la Marseillaise Christina Rosmini. Son nouvel album est un voyage au cœur de sa région natale, où les langues se bousculent, où la chaleur se transmet depuis les cordes de la guitare sèche, de la contrebasse ou de l’accordéon, dans des tons rouges orangées évoquant la couleur musicale du disque. Mais la chaleur n’est pas ici seulement imagée, elle est aussi, et surtout, humaine et présente dans les textes. Emportée dans un grand élan humaniste, bienveillant et fraternel, la chanteuse évoque le climat (« Something in the air »), le sort des migrant (« Sous nos pieds ») ou des femmes (« La Fea », « La Louve ») sans nostalgie aucune (« Le Konnakol du bon vieux temps ») et sans jamais se départir non plus de son sourire ni de ses mélodies ensoleillées. Au contraire, même si les temps sont durs, l’album se veut un remède, un baume réconfortant et, surtout, un voyage musical le long de la Méditerranée et au-delà. Un message positif qui fait du bien : « J’aurais voulu enchanter le monde, Ensoleiller le quotidien » chante-t-elle. C’est réussi, au moins le temps de l’écoute...

En concert au Théâtre du Chêne Noir (Festival Off Avignon) jusqu’au 27 juillet puis au Théâtre des Déchargeurs (Paris) les 18 octobre, 22 et 27 novembre, 13 et 20 décembre et à Marseille (Théâtre de l'Oeuvre) les 12 octobre, 9 novembre et 7 décembre.

https://www.christinarosmini.com/

https://www.facebook.com/christinarosminiofficiel




vendredi 21 juillet 2023

Vin de Sprite : « Vin de Charleroi / MIMA »

 


Amateurs des chemins balisés, de chansons calibrées pour la radio, facilement écoutées et aussitôt oubliées, passez votre chemin ! Et pour tous les autres préparez-vous à accueillir les Belges de Vin de Sprite dans votre petit univers musical. Vin de Sprite, donc, collectif atypique et à géométrie variable, est issu du Créahmbxl (Création et Handicap Mental, Bruxelles), un pendant outre-Quiévrain du Collectif Astéréotypie qui sévit par chez nous, moins axé sur le rock à guitare et plus proche d’une conception unique en son genre de la chanson francophone. Décalé, bricolé et bancal dans une certaine mesure, titre après titre, Vin de Sprite développe un univers poétique, obsédant et fascinant, pour peu que l’on prenne la peine d’y jeter une oreille. Certes, plusieurs écoutes sont nécessaires pour pleinement saisir toute la finesse de cette proposition musicale atypique et loin, très très loin, des sentiers battus. Cette cassette audio, une autre preuve matérielle, que ce groupe pas comme les autres vit en constant décalage, est la première sortie physique du groupe. La face A regroupe cinq titres écrits et enregistrés au cours d’une résidence à l’Eden Charleroi en décembre 2021. La face B, la plus émouvante, est un live au MIMA, un musée d’art urbain situé dans le tristement célèbre quartier de Molenbeek, qui trouve ici une raison positive de briller.

https://vindesprite.bandcamp.com/album/vin-de-charleroi-mima

https://glucklabel.hotglue.me/?VIN+DE+SPRITE/




dimanche 16 juillet 2023

Shaun Ferguson : « La lumière de l’Ombre – L’Ombre de la Lumière »

 





Si d’aucuns aiment à cliquer sur un lien pour écouter de la musique, nous sommes pour notre part particulièrement heureux de recevoir le nouvel album du Canadien. Avec sa double pochette réversible absolument sublime, l’objet semble ne cesser de exhorter, en substance : « écoute moi ! » Et le ravissement commence dès le disque inséré dans le lecteur. Le talent de guitariste de Shaun Ferguson est tel que le qualificatif de musicien semble trop étroit pour lui. De fait, avec cet album Ferguson réussit une prouesse rare, celle d’un album quasiment solo (violon et violoncelle en soutien sur quelques titres tout de même) et presque entièrement instrumental. Usant d’une diversité de techniques autour de sa guitare classique, jouée avec ou sans archet, Ferguson réussit à dépeindre un univers entier et mélodieux avec ses six cordes usant de la tension sous-jacente (la première plage « Flying Black Crow ») ou de sonorités hispanisantes/orientalisantes (l’homme joue aussi de la darbouka) plus apaisées. Le seul titre chanté « Heal » nous ramène à une approche folk plus classique où le fantôme de Nick Drake semble venir hanter la platine. Un album de très haute tenue, aux vertus curatrices, faisant voyager et rêver. A écouter allongé les yeux fermés.






samedi 15 juillet 2023

The Lords of Altamont : « To hell with tomorrow, the Lords are now ! »

 


Voilà un titre qui résume bien toute l’affaire. L’orgue Farfisa brandi tel un étendard, les guitares abrasives et saturées et un look motard 100 % cuir, si il y a bien un truc dont se fout totalement Jake Cavaliere et sa bande c’est bien l’avenir. Certes, on pourrait dégoiser des heures durant sur le passé, les décennies 1960 et 1970, dans lesquelles le groupe enracine sa musique et ses influences, mais, dans le fond, pour tout fan de rock’n’roll ce qui compte vraiment, c’est l’instant T, cette adrénaline rock qu’elle provienne d’une salle de concert ou qu’elle sorte des enceintes. Alors certes, après 20 ans à arpenter la route et les studios, la formule des Lords of Altamont est bien rodée, présente bien peu de surprises et frôle la redite (« Action » qui était déjà présente sur leur deuxième album en 2005). Comme ils le disent eux-même : « Going nowhere fast ». Le groupe ne va donc nulle part mais en vitesse. Ce qui ne les empêche nullement de sortir un nouvel effort d’excellente facture, dopé à l’adrénaline et qui fait notre bonheur d’écoute du jour. Et pour ça, on est prêts à les suivre jusque dans le mur !

https://lordsofaltamont.com/

https://www.facebook.com/LordsOfAltamont

vendredi 14 juillet 2023

Dalton : « Soleil Orange »

 


S’engouffrant dans une faille temporelle aux contours indéfinis, Dalton ouvre une brèche dans le rock français. Un soupçon de candeur héritée des années 1980 habite les paroles du groupe (« Pull sans manches ») à laquelle répondent les guitares, elles aussi perdues dans le temps entre les groupes garage des années 1960 (« Abandonne » ; "Cours de poterie") et une basse qui mène l’affaire tambour battant avec un grondement (« Des éblouissements »), mêlé à celui d’une boîte à rythme utilisé intelligemment (« Laure »), rappelant la cold wave. Mais l’abondance de références ne doit pas faire oublier l’essentiel, le ton résolument personnel de l’album, grâce au chant dans la langue de Molière, tel qu’on n’en avait plus entendu depuis longtemps. Quelques mois après le sublime album de Marc O, c’est un souffle nouveau qui emporte le rock français.

https://www.facebook.com/legroupedalton/

https://daltonlegroupe.bandcamp.com/album/soleil-orange




jeudi 13 juillet 2023

Von Der Val : « Relentless »

 


Bien qu’il s’agisse de leur premier EP, le duo originaire d’Angers n’est pas inconnu, loin s’en faut, et s’est bâti sur les ruines de leur précédent groupe, Match. Von der val signifiant en néerlandais « à partir de la chute », il est heureux que les musiciens Tom Lecomte et Lucas Manchette aient pu rebondir avec un tel allant. Sur ce premier EP (six titres) le duo guitare/batterie se distingue par une sorte de mur du son infranchissable qui n’est pas sans rappeler un autre duo, Royal Blood, bien que ce dernier soit exempt de guitare. Sauvage et intrinsèquement rock’n’roll, bien que produit au millimètre avec un soin maniaque, le duo est du genre à sauter sur l’auditeur et à le faire succomber sous ses coups de butoir saturés d’électricité (« Lev »). Batterie qui tabasse, guitares saturées au son particulièrement travaillé, la dynamique est au cœur du projet, quitte à flirter avec un BPM proche de celui des musiques électroniques (« Jungle » qui file sur un train d’enfer). Pour le reste ce n’est que de la déglingue rock’n’roll mais avec classe et un soupçon d’audace électro/psyché dans les arrangements qui fait toute la différence.

https://www.facebook.com/vonderval





jeudi 6 juillet 2023

Jon Muq, Studio GDP, 5 juillet 2023.

 

(c) Marshallmoonphoto

Bien que fortement ancré dans le rock garage et le blues downhome, Dan Auerbach n’en garde pas moins les oreilles ouvertes sur les musiques du monde et avait aidé, il y a dix ans, le fabuleux guitariste nigerian Bombino à se lancer sur le marché international. Dans la même lignée, l’occasion nous a été donnée cette semaine de découvrir le songwriter ougandais Jon Muq, installé à Austin depuis 5 ans, la nouvelle pépite découverte par Auerbach ; de passage express dans le flambant neuf Studio GDP (une pièce magnifique, toute ronde et au mur du fond tapissé de cymbales). Une prestation trop courte (seulement quatre chansons soit à peine plus d’un quart d’heure) pour se faire une idée réellement précise. Ce qui n’empêche nullement de tomber sous le charme de voix sublime du chanteur et de son jeu de guitare incisif, très carré d’un point de vue rythmique, et à la fois si mélodique, dans la lignée du Ben Harper des débuts ou de Tracy Chapman. Le premier album de Jon Muq, produit par Auerbach, est en cours d’enregistrement et sortira sur le label de ce dernier, Easy Eye Sound. S’il est pour l’instant difficile d’augurer des choix de production qui seront opérés par le leader des Black Keys, la courte prestation du jour constitue néanmoins une véritable promesse pour l’avenir.

https://www.jonmuqmusic.com/

https://www.facebook.com/Jonmuq/




lundi 3 juillet 2023

Sandor : « La médaille »

 


Adepte d’une électro pop très axée sur les synthés surdimensionnés et les sons vintage, la Suissesse Sandor voit plus loin que la simple madeleine nostalgique. Ainsi aux sonorités très années 1980 de son nouvel album, l’artiste oppose des textes aux préoccupations on ne peut plus actuelles. Ainsi « La Médaille » du titre fait référence au cyberharcèlement autant qu’un appel à l’apaisement général : « Plus de guerre, plus de médaille, plus de revers » (écrit avant la guerre en Ukraine). Il en va ainsi de cet album, coloré à l’extérieur, noir à l’intérieur, assez radical dans son approche et dans le chant (« Les Limites De Ton Intelligence ») à la tonalité volontiers envoûtante.

https://www.sandormusic.com/

https://www.facebook.com/mynameissandor




jeudi 29 juin 2023

Binic Folks-Blues Festival, du 29 au 30 juillet

 


En vérité, les raisons d'aller assister au Festival de Binic sont nombreuses : les tarifs tout doux (le pass trois jours est à 25 euros), l'excellence de la programmation dans une veine allant du blues au rock garage/psyché, le site sur le port en bord de mer et enfin le fait que les groupes jouent plusieurs fois tout au long du week-end !

https://lanefdfous.fr/

https://www.facebook.com/BinicFolksBluesFestival/


lundi 26 juin 2023

La Trilogie 72, les 15, 16 et 24 juillet au Festival d'Avignon

La Maison Tellier (c) Mathieu Foucher

Silly Boy Blue (c) Jean-Adrien Morandeau

Léonie Pernet (c) Antoine Mongier du Sorbier


C'est un magnifique enchaînement de trois concerts hommages, issus d'un partenariat avec le Printemps de Bourges, que présentera le Festival d'Avignon. Trois albums majeurs, tous sortis en 1972, seront remis au goût du jour par la fine fleur du folk et de l'électro pop française à Avignon. "Transformer" de Lou Reed (décédé en 2013) par Silly Boy Blue (le 15 juillet - Cour du Lycée Saint-Joseph) ; "Ziggy Stardust" de David Bowie (décédé en 2016) par la magnétique Léonie Pernet (le 16 juillet - Cour du Lycée Saint-Joseph) et, pour finir en fanfare, l'inusable "Harvest", le chef d'oeuvre de Neil Young (qui a déclaré récemment renoncer à l'avion et aux concerts en Europe) par La Maison Tellier (le 24 juillet à l'Opéra Grand Avignon). Que de belles soirées en perspectives !

jeudi 22 juin 2023

Lux Montes : « La Traversée »

 


Depuis son installation en Belgique, il y a quelques années de cela, Lux Montes a totalement revu son projet artistique. Autrefois guitariste, la chanteuse préfère dorénavant s’exprimer au piano, même si la guitare reste présente, et dans un registre à la fois vaporeux et mélodique, folk et intimiste. Une traversée intime dont le présent album est le résumé entre poésie (« Crossing the water » d’après le poème de Sylvia Plath) et reprises méconnaissables (cf. la relecture mélancolique d’« Où sont les femmes » de Patrick Juvet) où l’espagnol fait une apparition en hommage à ses origines. Ainsi, au-delà des chansons, c’est aussi un climat, une ambiance, qu’instaure Lux Montes (cf. la touchante « Vision ») où tout est affaire de texture sonore. N’ayant pas peur d’exposer failles et fêlures, la chanteuse évolue sur un fil, la voix trahissant les émotions à fleur de peau. Un album touchant et terriblement humain qui fait du bien en contrepoint de toutes ces intelligences artificielles tentant de ressusciter les rock stars du passé.

https://luxmontes.com/

https://www.facebook.com/luxmontesmusic/






mardi 20 juin 2023

Fredda : « Phosphène »

 


Si l’on en croit le dictionnaire, le phosphène, qui donne son titre à l’album, désigne la sensation de voir une lumière ou des corps flottants. Un titre heureux donc, particulièrement bien trouvé, tant on ne saurait trouver mieux pour décrire la sensation qui s’empare de l’auditeur à l’écoute de ce nouvel effort de la chanteuse. Lumineux, cet album l’est assurément, du moins sur un plan strictement mélodique. C’est une sorte de ligne claire que trace la chanteuse au-dessus de laquelle plane sa voix dégagée des contingences, à cheval entre le folk qui constitue la base des compositions et les arrangements pop qui agrémentent ces dernières, comme autant de petites notes électro ou cuivrées, chargées de pimenter le tout. Ainsi Fredda nous transporte et nous ravit avec ce disque, pourtant assez sombre quant aux thématiques abordées dans les textes, entretenant une savante dichotomie avec la sérénité musicale qui habite l’ensemble.

En concert le 23 juin au Zèbre de Belleville

https://www.fredda-music.com/

https://www.facebook.com/officiellepageFreddamusic