samedi 26 décembre 2015

Seether



Formé en Afrique du Sud en 1999, le power trio métallique Seether fête son anniversaire avec cette roborative compilation de 27 titres répartis en deux cds à la jolie finition vinylique. En dépit d'une hideuse pochette (un chien en train de faire ses besoins), l'écoute se révèle une jolie promenade musicale au milieu de nos souvenirs des années néo-métal, genre dont Seether fût l'un des plus dignes représentants. Une gageure pour ce genre associé à l'adolescence du début des années 2000 et dont on ne garde pas toujours un bon souvenir (Limp Bizkit). L'influence du grunge 90s est omnisciente chez Seether qui a gardé de Nirvana cette alternance entre calme et tempête de guitares abrasives, une sorte de tension-détente servie avec le chant écorché de Shaun Morgan. Loin de se contenter du bruit brut, Seether était à l'aise avec les jolies mélodies arpégées (« Fire again », « Driven Under », « Hang on » issue de la BO de Dardevil) et même l'acoustique (« Broken » en duo avec Amy Lee, la chanteuse d'Evanescence). Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes si Seether n'avait pas tendance à trop polir leur son pour la FM, ce qui fait la (grosse) différence avec Nirvana. Signalons la reprise pour rire de « Careless Whisper » (George Michael) et la tentative de fusion country-metal « Country song » (pas mauvaise du tout). Le deuxième cd se concentre sur des titres plus rares, enregistré pour des bandes originales de films et autres démos. Notons toutefois la reprise de « Seether », le tube signé Veruca Salt (1994) qui a donné son nom au groupe.

vendredi 25 décembre 2015

Sharon Jones & The Dap-Kings : « It's a Holiday Soul Party »



C'est le grand classique de saison, l'indispensable exercice de style du show biz étasunien : l'album de Noël. Pas franchement rock dans l'esprit, le genre a pourtant donné naissance à quelques disques indispensables signés par Chris Isaak, The Fleshtones, The BellRays ou The Ventures et Phil Spector dans les sixties. Cette année, c'est la diva soul Sharon Jones qui s'y colle et lorsqu'on connaît le savoir-faire du label Daptone en matière de soul/funk à l'ancienne on ne peut qu'être impatient d'écouter le résultat. Première constatation, Miss Jones n'a pas absolument cherché à tout prix un disque de Noël avec des clochettes partout et autres clichés du genre. C'est plutôt l'inverse, de la même façon que l'on décore un sapin, les Dap-Kings ont subtilement intégré quelques références aux fêtes de fin d'année dans un album qui reste, essentiellement, un disque de soul vintage. Ainsi les quelques classiques intégrées au track-listing, « White Christmas », « Silent Night » (version blues) et autres « Silver Bells » sont méconnaissables. « Little drummer boy » devient de la sorte « funky ». Afin d'éviter les clichés, le groupe a cherché à intégrer l'esprit de Noël dans une sorte de réalisme ambiant : « 8 days of Hanukkah », « Ain't no chimneys in the projects », et oui, il n'y a pas de cheminées dans les cités. Et comme l'ambiance est malgré tout à la fête, Sharon Jones a injecté pour finir une note délirante à l'album cela donne la jazzy (on note au passage la diversité musicale de la chose) « Big Bulbs » (grosses boules, tda) ! Quasiment donnée pour morte il y a deux ans après une grave maladie et un disque médiocre (« Give the people what they want » le plus décevant de sa carrière), Sharon Jones effectue ici un spectaculaire retour au premier plan. Voilà au moins une excellente raison de se réjouir en ce jour particulier.

mercredi 23 décembre 2015

Drame




Le Drame se situe dans l'au-delà. Au-delà de toute idée de style ou de genre, Drame met en son une certaine idée de la musique. Et c'est sur la longueur que Drame s'exprime le mieux. Étirer au maximum l'espace le temps de compositions, instrumentales, fleuves sur la base de motifs répétitifs et entêtants. Le clavier joue le premier rôle et apporte cette note retro-futuriste, voire kitsch dans une certaine mesure mais toujours dans les limites du bon goût, et moderne en même temps ; intemporelle pour résumer en seul mot. Tout autour la basse (au son énorme), la batterie, les percussions et la guitare soutiennent le tout. Répéter encore et toujours la même note, la tête dans le guidon, jusqu'à la transe ("Amibes"). L'album tient sur un fil, un équilibre délicat quelque part entre krautrock, progressif, psychédélique et électro. Chez l'auditeur cela se traduit par une musique bourdonnante (cf. « Bugaboo ») et euphorisante (« Génuflexion ») lorsqu'on se donne la peine de véritablement écouter. Ce n'est en effet qu'après plusieurs écoute que, peu à peu, Drame révèle ses multiples facettes. Chaque détail sonore prends alors la forme d'un nouveau bijou que l'on découvre, ébahi.


mardi 22 décembre 2015

The Pullmen : « Going dark »



Going Dark. Quel titre particulièrement mal choisi pour ce nouvel album de The Pullmen. En effet, le groupe originaire de Ventura, nous offre un album profondément Californien. La base est garage rock soit des guitares, des guitares et encore des guitares, sales, crades qui transforme chaque morceau en petites pièces rock déglinguées. Mais plutôt que de pervertir des influences venues du blues, The Pullmen va chercher son inspiration du côté de la sunshine pop, courant typiquement Californien hérité des sixties. L'album n'est pas dark mais au contraire lumineux et pratique un songwriting entraînant (cf. « Photograph », « We'll never be a part of it », « New friends ») quitte à ressortir à l'occasion les guitares folk histoire de vitrioler la Country (« Insert heart here ») et le western (« Paramount »). La musique respire et voyage sur une sorte d'autoroute imaginaire entre ciel d'un bleu céruléen et poussière entraînant l'auditeur dans son sillage, la voix de gorge, profonde et éraillée du chanteur Shane Cohn dans le rôle du guide. C'est un bien beau voyage.
https://thepullmen.bandcamp.com/

lundi 21 décembre 2015

Kokomo




Derrière ces trois syllabes se cache un excellent duo en provenance des Pays de la Loire. Alors, certes la formule batterie/guitare, devenue un véritable cliché du rock des années 2000, nous a réservé quelques désillusions ces derniers temps. Mais grâce à sa vista et à son rock enlevé Kokomo emporte l'adhésion. La base est tout ce qu'il y a de plus classique et rappelle tout un pan de l'histoire du rock des années 70. Cependant grâce à une production moderne et quelques claviers injectés avec savoir faire et bon goût, Kokomo réussit la gageure de rester classique sans tomber dans le passéisme de bas étage (les accents légèrement électro de « Cherokee gal »). Mais le duo nous épate avec ses compositions à tiroirs pleines de surprises (le final de Killing », la poppy « Stole my soul ») et par la formidable alchimie entre ses deux membres ; le groove terrible de la batterie complétant le chant caméléon. A découvrir.
http://www.ko-ko-mo.com/
https://www.facebook.com/thisiskokomo/

samedi 19 décembre 2015

The Computers : «Want the news, here's the blues EP »




Découvert sur scène au Bataclan (souvenir ému) et à Rock en Seine, on place de grands espoirs dans les Computers. En effet, leur rock n'roll nerveux à base de piano 50s mâtiné d'énergie punk est porteur de mille plaisirs auditifs. Même si le tout semble dans la lignée de Jim Jones Revue, à l'heure où ces derniers ont décidé de raccrocher les gants, on compte sur les Computers pour nous dealer notre dose de rock n'roll échevelé à forte teneur en énergie. Las, ce nouvel EP, en attendant le troisième album, bouleverse totalement la donne. L'affaire part pourtant sur de bonnes bases avec les deux premiers titres « Want the news, here's the blues » et « Crucifixed on you ». La tonalité générale est certes moins marquée par le rock n'roll des origines, le piano a par exemple disparu, mais l'énergie du groupe semble intacte et cette nouvelle orientation plus garage leur va comme un gant. Hélas, les deux dernières plages sèment le doute. Comme pour faire honneur à son patronyme informatique, le groupe introduit une dose de synthés 80s dans sa musique. Quelle drôle d'idée ! Passe encore pour « Whip It », comptine pop rigolote chipée chez Devo, mais « It's over you », est trop mièvre pour remporter l'adhésion. Pire encore, la chanson réveille le pire de la pop FM des années 80. Ce nouvel album s'annonce pour le moins inquiétant...
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vendredi 18 décembre 2015

Cage The Elephant : « Tell me i'm pretty »



Longtemps, le groupe originaire du Kentucky avait été considéré comme un avatar, certes extrêmement talentueux, de Nirvana à l'époque de ses deux premiers albums. On garde ainsi un souvenir énamouré de « Always something » et autres « Back against the wall ». Mais tout ceci appartient au passé et ce quatrième effort va considérablement changer la donne. En effet, le groupe quitte le rivage post grunge et son lot d'influences nineties pour des nouveaux horizons et s'ancre encore un peu plus dans le domaine des musiques dites « terriennes » étasunienne. On en veut pour preuve le final marqué par le blues de « Mess Around ». Un peu plus loin « Sweetie little Jean » voit le groupe s'attaquer aux sonorités psychédéliques. Le résultat est tout simplement formidable. Plus mature, moins fou fou, l'accent est dorénavant mis sur la mélodie (les très sixties « Cold Cold Cold », « How are you true ») au point de sonner carrément pop (« Trouble »). Même si le disque compte, heureusement, son lot de guitares nerveuses (« Punching bag », "Portugese knife fight" qui sonne comme du Stooges ralenti), ces dernières sont dorénavant canalisées et la formidable énergie du quartet s'intègre dans un ensemble harmonieux. Prolongeant la mue entamée il y a deux ans avec « Melophobia », « Tell me i'm pretty » est le plus constituant, le meilleur album de Cage The Elephant à ce jour. Il n'est pas trop tard pour glisser le cd sous le sapin…
En concert à Paris (Trabendo) le 22 février 2016.


mercredi 16 décembre 2015

Fufanu : « Few more days to go »



C'est depuis la lointaine Islande que nous arrive Fufanu, un groupe de rock, comme une exception sur l'île de l'Atlantique Nord plus réputée pour sa scène folk ou ses expérimentations électroniques. Mais peut-être pas tant que ça dans le fond. Car, avant de plonger avec délices dans les joies de la guitare électrique et de la batterie, le quintet a œuvré sur la scène techno locale sous le nom de Captain Fufanu. C'était avant qu'un funeste cambriolage aux conséquences désastreuses, matériel volé, les fichiers contenant la musique également, ne les oblige à changer drastiquement d'orientation. Du passé technoïde du groupe il ne reste aujourd'hui plus rien ou si peu, quelques synthés discrets agrémentant les arrangements des chansons. Et c'est ainsi que Fufanu est devenu un groupe de rock et sacrément impressionnant qui plus est. Fufanu pratique une musique sombre et froide (« In the light of the night »), jamais totalement apaisée même dans les moments faussement calmes (cf. l'incroyable tension rentrée de « Wire Skulls »). Alternant les plages atmosphériques et les attaques forcenées de guitares décapantes quasiment post punk (« Blinking »), Fufanu entraîne l'auditeur dans un crescendo infernal comme sur « Now » le terrifiant morceau d'ouverture. L'ombre de la cold wave des années 80 plane sur ce disque (n'en déplaise au chanteur qui n'avait jamais entendu parler de Ian Curtis avant), genre qu'ils ont su faire évoluer et faire entrer de plein pied en 2015 au lieu de chercher à recréer un passé révolu quoi qu'il en soit. Fufanu, le nouveau groupe préféré des âmes damnées d'aujourd'hui.
https://www.facebook.com/fufanumusic

mardi 15 décembre 2015

Beach Youth : « Days »



Aux portes de l'hiver, les quatre Caennais de Beach Youth détonnent avec ce maxi estival. En effet, ces deux titres d'indie pop dansante, sautillante et primesautière, procurent ce genre de sentiment léger et insouciant propre aux tubes de l'été. Et un petit je ne sais quoi de The Smiths à la plage prolongé par des arpèges de guitares carillonnantes. On attends avec impatience de plonger la tête la première dans l'album.
https://www.facebook.com/beachyouthband

lundi 14 décembre 2015

Marietta : « Basement dreams are the bedroom cream »



Sur ce premier album en solo, Guillaume Marietta, revisite avec maestria les années 1960 aussi bien suivant un angle psychédélique entre folk et pop (« Somebody else is living your own life ») que sous un jour garage, beaucoup plus nerveux et précurseur du punk dans sa déclinaison scénique. Ce premier effort, l'ancien leader de The feeling of love l'a conçu seul dans sa chambre. Il en résulte un disque intimiste parfois frappé de dinguerie caractérisée (« The NBA Conspiracy »). En effet, Marietta n'a pas son pareil pour parer ses compositions d'étranges effets sonores. Ce disque a ceci de fascinant, on ne sait jamais dans quelle direction vont partir les compositions. En apparence tout va bien, se dit-on rassuré par le sens mélodique du musicien, juste avant que les chansons ne partent dans de spectaculaires vrilles à base de guitares distordues au possible (« Father ») ou de claviers baroques (« Falconer girl »). En ce sens, Marietta déborde très largement du cadre des sixties et se distingue de la cohorte des suiveurs revivalistes. L'artiste se servirait plutôt du passé comme d'une base de départ avant d'entraîner l'auditeur dans un monde bigarré et fou, chanté de sa voix éraillée et comme étrangement trafiquée. « Never Smile » donne à écouter quelque chose de différent et beaucoup plus proche de la cold wave des années années 80. Mais qu'importe les décennies, car la démarche de fond ne change pas. Marietta n'imite pas les années 60, mais en perpétue l'esprit frondeur et novateur. La surprise rock psyché de l'année !
https://www.facebook.com/guillaumemarietta/

vendredi 11 décembre 2015

John Mitchell Fleet : « Head On »



Tout a commencé, un soir, à la Boule Noire, pendant un concert de l'Australienne Nadéah. Sur scène, assurant la première partie, se trouvait une vieille connaissance, John Mitchell, l'ancien leader des excellents Bad Mama Dog, que l'on avait perdu de vue depuis, au bas mot, cinq ans. Une éternité… Un échange de mails plus tard et John nous proposait de nous faire écouter son deuxième album (enregistré en 2012), sous l'alias de John Mitchell Fleet, un disque jamais sorti, jamais écouté, jamais chroniqué. Un projet avorté et un album perdu, autrement dit un culte en puissance et en devenir. Et c'est ainsi que quelques jours plus tard se trouvait dans la boîte aux lettres, une enveloppe qui nous faisait bien plaisir et que l'on ouvrait avec fébrilité. Première (bonne) surprise alors que l'on s'attendait à recevoir un lien d'écoute (au pire) ou (au mieux) un CD-R, c'est un produit fini, un joli digipack avec livret qui se trouvait dans la divine enveloppe (dans le jargon on appelle cela un « def » soit un album définitif, le même que dans le commerce).

C'est alors que venait le moment d'insérer le cd dans le lecteur, que le nouveau nom du groupe (Fleet, la flotte) prenait tout son sens. Avec ce deuxième disque, John Mitchell a acquis un nouveau sens de l'ampleur et de l'espace. La musique respire et évoque dorénavant un certain courant planant des années 1970 (« Women like a Braid », l'enchaînement « No more tears/Baby »). Le genre lui va à ravir et sa voix trouve ainsi un nouveau terrain d'expression qui plus que jamais évoque le regretté Jeff Buckley. John chante comme on plane au dessus des mélodies, en apesanteur (cf. le graphisme de la pochette). En conservant, intelligemment, ses influences venue du rock n'roll (la décapante « Bad Blood ») du jazz, cuivres à l'appui (« Bad a boom ») et du blues (« Window Blues ») qu'il teinte parfois de sonorités légèrement country (« RIP »), John évite l'écueil languissant souvent associé au rock progressif, les soli interminables et les chansons de vingt minutes. Point de tout cela ici, John a réussi a condenser ses aspirations progressives dans des morceaux de quatre minutes, juste ce qu'il faut pour éviter à ce disque de devenir la bande son accompagnant la sieste. Bien au contraire, si les guitares ont globalement baissées en volume, on a affaire à vrai disque de rock, ancré dans les racines étasuniennes de son auteur, et à l'assise rythmique solide comme sur la groovy « Mr. Ree ». A noter également la participation de la chanteuse Brisa Roché invitée sur trois titres. Un petit mot final pour saluer les excellents musiciens du groupe, Mathias Durand à la guitare, Quentin Durand à la basse et Thibault Lecoq à la batterie. Il serait vraiment dommage de laisser ces dix titres dormir sur une étagère…


mercredi 9 décembre 2015

Gabby Young & Other Animals : « One foot in front of the other »


Après un passage par le divan du monde l'an dernier, la Britannique Gabby Young, une superstar remplissant des salles dans le monde entier, débarque en France, un pied devant l'autre. Ce troisième album est en effet le premier bénéficier d'une distribution décente chez nous. Gabby Young c'est avant tout une personnalité excentrique, toujours un atout au moment de passer sur scène, comme le prouve sa chevelure sauvage et colorée, et un univers entre cabaret steampunk et swing jazzy. Toute petite, Gabby se destinait à l'opéra avant que les découvertes simultanées du regretté Jeff Buckley et du jazz la fasse radicalement changer d'orientation. C'est peu dire que notre impétrante possède de sacrées qualités vocales et un coffre impressionnant. Cette puissance vocale est mise au service de compositions faisant la part belle au swing, « Sur la Lune » qui ouvre le disque, lorgnant parfois vers des sonorités manouches/klezmer (« I've improved ») sortant à l'occasion les violons et autres accordéons. Véritable caméléon vocal, Gabby laisse une large part d'émotion affleurer dans son chant sur les titres folk (une autre de ses spécialités) délicatement arpégées (« Fear of flying », « Another ship », « Saviour »). Enfin dans cet univers extrêmement codifié et nostalgique, Gabby n'oublie jamais d'instaurer une dose de modernité dans la production et une dynamique inspirée du punk. Chouette découverte !
En concert à Paris (Alhambra) le 5 février 2016.
http://www.gabbyyoung.com/

mardi 8 décembre 2015

DD'S Brothers : « We got the law »



Derrière le double D de son patronyme se cache en fait les initiales de Dora Kuvuna et Dorien Smith, les deux voix de ce groupe dont les origines multiples se situent des deux côtés de l'Atlantique. Formation foisonnante, les DD'S Brothers compte pas moins de huit membres, un véritable big band riche en cuivres, guitares et percussions. Côté inspiration, le groupe lorgne du côté de la soul mâtiné d'un soupçon de pop motown dans l'écriture ("No Breaks"), dans une veine classique mais intemporelle. La grande originalité vient du chant partagé entre les deux voix citées plus avant, un chanteur et une chanteuse, qui se répondent et dont le mariage vocal marche à merveille (« Help me »). Sur de sa géographie, le groupe alterne ainsi entre le nord, les ballades émouvantes typées Motown (« Setting you free », « Passions and light ») et le funk sudiste enlevé respirant le tube en puissance (« We got the law »). Le groupe alterne les climats et les ambiances mais toujours avec classe et élégance. Une bonne surprise !
https://www.facebook.com/DDs-brothers-421758801262254/

lundi 7 décembre 2015

The Cult : « Choice of weapon »




Apparu au début des années 1980, The Cult a d'abord été adopté par la communauté gothique. Puis, après maintes circonvolutions psychédéliques, le groupe a évolué et est devenu un des fers de lance du rock des années 1980 avec un chef d’œuvre à la clé, l'album « Electric » sorti en 1987. De cette époque il ne reste plus que le chanteur Ian Astbury et le guitariste Billy Duffy. Le présent album « Choice of weapon », le dernier en date de La Secte, avant le prochain prévu pour 2016, reprend le flambeau là où « Electric » l'avait laissé, loin là-bas dans les eighties, produisant un rock puissant et racé (« For the Animals », "Amnesia"). On insiste sur le mot « Rock », pas thrash, métal black quelque chose. Non, du rock tout simplement. Il y a en effet quelque chose d'intemporel et d'immédiat dans ce disque. Les guitares sont puissantes et enlevées, les gammes venues du blues sont parfaitement ingérées pour muter en quelque chose de différent et terriblement excitant (« The Wolf »). Oui, excitant, comme un bon vieux rock n'roll qui d'un coup d'un seul redonne à l'existence tout son sel. Quant à Ian Astbury, la patine du temps a profondément marqué sa voix. Son timbre est désormais grave et profond, plein de nuances gutturales dont il use à merveille tel un vieux bluesman fatigué (« Life > Death »). Ce n'est pas pour rien que ce type a, un temps, accompagné feu Ray Manzarek et Robby Krieger sur scène lors d'une tentative de reformation des ex-Doors. Ian Astbury méritait de toute façon bien mieux que de jouer les Jim Morrisson de remplacement et cet album remarquable vient le rappeler à point nommé.

dimanche 6 décembre 2015

Gregg Allman : « Live back to Macon, Ga »




De retour sur ses terres, Greg Allman s'éloigne, un peu, du rock sudiste qui a fait la réputation de son groupe fétiche, le Allman Brothers Band, dans les années 1970. En effet, ce copieux double album live (16 titres) a été enregistré avec un seul guitariste. La deuxième guitare a été abandonnée au profit d'une excellente section de cuivres et des percussions complètent la scansion de la batterie. Le tout s'articule autour des claviers (piano et orgue) de Gregg Allman, de quoi rappeler que véritable bluesman de l'ABB, c'est lui ! De fait, l'album regorge de musicalité et évolue dans une tonalité blues/soul/jazz/rock voire folk réjouissante (cf. la formidable « Queens of hearts »). Les compositions, extraites de la discographie de l'ABB comme de la sienne en solo, retrouvent une nouvelle jeunesse et ménagent de l'espace pour les démonstrations de virtuosité des différents participants. Le résultat est ainsi beaucoup plus terrien qu'attendu. Serein et apaisé, à l'image de ce vétéran du rock qui a survécu à tout, ce double album constitue un bon résumé de sa carrière, un ajout intéressant à sa discographie ainsi qu'un excellent point de départ pour les béotiens en la matière.

samedi 5 décembre 2015

Billy Gibbons and The BFG's : « Perfectamundo »




En rupture (provisoire?) avec ZZ Top, Billy Gibbons s'amuse en solo. Dans une tentative de renouvellement, Gibbons s'approprie des sons latins, avec force percussions et un piano cubain (« Treat her right »), et pousse même le vice jusqu'à chanter une bonne moitié du disque en espagnol. L'affaire commence plutôt bien et les deux premiers titres « Got love if you want it » et « Treat her right » prouvent que Billy s'y entends toujours lorsqu'il s'agit de trousser un bon vieux boogie de derrière les fagots aux guitares graisseuses à souhait. Hélas, ailleurs, le mariage paraît moins harmonieux et le résultat assez ampoulé (« You're what's happening Baby », "Hombre sin nombre"). La présence d'un flow rap n'arrange rien et ne fait qu'ajouter à la confusion générale. L'ensemble manque cruellement de cohésion et de direction. La démarche nous rappelle les années 1980 lorsque ZZ Top tentait maladroitement de se renouveler, empilant un nombre incalculable de synthés et accouchant d'un album aujourd'hui terriblement daté (« Afterburner »). Notons tout de même qu'avec "Q-Vo" l'album se termine comme il avait commencé, sur une excellente note. Pour le reste, tout ce petit monde à l'air de s'amuser comme des fous (cf. la reprise pour rire de « Baby please don't go »). C'est déjà ça...

vendredi 4 décembre 2015

Manu : « La vérité »



Presque vingt années se sont écoulées depuis la sortie du premier album de Dolly (1997) et Manu, son ancienne chanteuse, n'est toujours pas sage… La preuve, ce nouvel album solo, le quatrième, intitulé « La Vérité », voit la musicienne renouer avec ses influences premières, Sonic Youth, Pixies, la scène indé/grunge des années 1990. Cela va sans dire, l'album est riche en guitares abrasives (« Juste une chance ») et en refrain power pop, très efficaces, que l'on retient dès la première écoute (« Un baiser dans le cou »). Comme l'indique la mention sur la pochette : « To be played at maximum volume » ! Un album frais et enlevé, qui respire l'envie de jouer du rock (la reprise de "Teenage Kicks") et qu'il est pourtant impossible de résumer à son aspect primesautier. Comme une sorte de contrepoint, au milieu de ce déluge de guitares, « Je pense à toi » fait, en effet, figure d'exception. Composée avec Nicolas Bonnière, un autre ex de Dolly, la chanson repose sur un arrangement de harpe et de violoncelle, potentiellement impossible à reproduire sur scène, et qui transforme le titre en moment suspendu, à part, que l'on imagine (simple supposition de notre part) dédié à Micka, l'ancien compagnon de route de Dolly, tragiquement décédé dans un accident de la route, un drame qui a scellé la séparation du quatuor en 2005. Un peu plus loin, l'album se termine sur une autre note dramatique intitulée « Des larmes »…
En concert le 4/12 à Paris (le Gibus), le 10/12 à Vannes (Le Jam Session), le 11/12 à Nantes (Le Ferrailleur) et le 12/12 à La Roche Sur Yon (Le Roll'in).
Www.manu-friends.com

jeudi 3 décembre 2015

Kurt Cobain : « Montage of Heck »




Attendu avec plus ou moins de curiosité, voici « Montage of Heck », un album solo de Kurt Cobain qui sort 21 ans après le décès du chanteur de Nirvana. On pourrait déjà commencer par préciser que « Montage of Heck » constitue la bande originale du controversé documentaire du même nom et qu'il s'agit d'une collection de démos, brutes de décoffrage, absolument pas retouchées, présentant Kurt seul à la guitare. 13 titres, pour la version standard, que l'on pourrait classifier en quatre catégories. Il y a d'une part ce qui relève du purement anecdotique tel ce « Reverb Experiment », qui n'offre pas grand-chose en dehors d'un son de guitare assez cool par ailleurs. On trouve ensuite des versions demos de titres déjà connus des fans (« Been a son », « Something in the way ») et d'autres choses assez surprenantes tel « The Yodel song » qui ouvre l'album sur une note country, pas vraiment le registre dans lequel on attendait Kurt. Enfin, il y a le dernier quart de l'album, le véritable trésor, des ébauches de titres jamais terminées. Un corpus qui aurait constitué d'excellentes chansons pour Nirvana, « Clean up before she comes », « Desire », « She only lies », et qui, vu l'issue tragique de l'histoire, font naître plus de regrets qu'autre chose. Une touchante reprise des Beatles, « And i love her », complète cette collection intime et bouleversante.

mercredi 2 décembre 2015

Candide : « Au pays du ralenti »



Quelques semaines avant la sortie de son troisième album (prévue pour fin janvier), retour sur le second album du chanteur qui vient de ressortir en version deluxe agrémenté de deux remixes.

Faisant fi des modes, Candide continue de faire de la musique avec cœur et passion et reste fidèle à ses passions d'enfance pour le rock, le blues, le folk ou la chanson française. Une position iconoclaste qu'il assume pleinement sur « J'aurais voulu », avec ce constat doux-amer : « Aujourd'hui pour faire de la musique, il faut surtout s'y connaître en informatique...». De fait, avec son album « Au pays du ralenti », Candide ravive une époque que l'on croyait révolue. Enregistré en petit comité, en binôme avec son ami Laurent Combes, dans la maison familiale sise sur la côte d'Opale, pile en face de la Perfide Albion soit dit en passant, Candide accouche d'un album particulièrement organique, vivant et débordant de charme. Le disque débute avec un blues débonnaire « La cour des grands » et on sent de suite que l'on affaire à ce genre de classique instantané que l'on aime dès la première écoute. En effet à écouter Candide, on pourrait facilement l'imaginer ce fameux pays du ralenti, une terre imaginaire bercée par les effluves du rock sixties, des Kinks ou des Beatles en particulier. S'articulant autour d'une base classique, guitare, basse et batterie, Candide y ajoute des apports aussi discrets qu'importants. Le banjo, l'harmonica, le ukulélé ainsi que l'omniprésence de la guitare acoustique apportent une note folk et beaucoup de chaleur à la musique. Après on pourra toujours argumenter sur le fait que l'album ne soit pas « à la mode » ou sur le classicisme absolu de la chose qui, en soi, n'apporte rien de neuf. En attendant on rêve que d'autres artistes fassent rocker la langue française avec autant de classe héritée des sixties (cf. « l'homme parfait »)…

lundi 30 novembre 2015

Jacko with Bambool



Premier album pour le jeune chanteur Jacko accompagné de son groupe Bambool. Personnage charismatique, excellent chanteur doté d'une belle voix dont le timbre chaud dépasse très largement le cadre du reggae pour rentrer dans le cercle fermé des grands soulmen, Jacko est aussi un être conscient dont les textes débordent d'humanité. Ainsi ce premier album le voit s'interroger sur ce qui peut bien pousser les gens à dormir dans les rues (cf. « Sleeping in the streets ») d'une « City so shitty », tout comme s'inquiéter du sort de la communauté des gens du voyage (« Gypsies »). Mais le chanteur est loin d'être le seul atout de cet album attachant. Accompagner une telle voix demande une bonne dose de talent et d'imagination. En cela, l'association avec Bambool s'avère parfaite. Loin de se cantonner au roots reggae old school, Bambool prouve qu'il est avant tout un groupe de talentueux musiciens n'ayant pas peur de sortir de son pré carré pour s'attaquer à des rivages funky (« Sleeping in the street », « City so shitty ») voire même jazzy manouche le temps de l'excellente (« Gypsies »). Ailleurs, le groupe parsème son reggae d'arrangements soul ou d'effets de guitare rock ("No one"). Plus qu'un simple album, le groupe nous sert sur un plateau tout un assortiment de musiques ensoleillées dont on ne demande qu'à se repaître. Cool ! Un seul regret, l'album est un peu long (16 titres) et les remixes dub clôturant l'affaire semblent dispensables à nos oreilles. Un bien moindre défaut au regard des qualités déployées plus avant.
http://jackowithbambool.com/

dimanche 29 novembre 2015

The Slow Show : « White water »



Venu tout droit de Manchester, The Slow Show fait figure d'extra terrestre sur notre planète rock. Le disque débute par un étonnant cérémonial, comme un chœur épiscopal. L'ambiance est sérieuse voire grave. Et puis la voix du chanteur Rob Goodwin résonne et c'est le choc. Tel un Tom Waits ténébreux, un incroyable crooner d'outre tombe, Rob Goodwin possède un timbre rare. Grave, profond, absolument hypnotisant. Autour de cette voix unique en son genre, le quintet tisse une toile indie pop à la fois mélodique, planante, nocturne et légèrement sombre avec piano, cordes et guitares délicatement arpégées (« Testing », magnifique). Écouter The Slow Show, c'est une expérience mélancolique quasi-sensorielle. On n'avait pas été autant chamboulé depuis l'album « No Song, no spell, no madrigal » de The Apartments.
En concert le 1er décembre à Paris (Le Point Ephémère).
https://twitter.com/theslowshow

samedi 28 novembre 2015

Leela James : « Fall for you »



Sur la scène soul actuelle, Leela James se distingue de ses collègues par son approche contemporaine. Son quatrième album, « Fall for you » ne se limite pas à la catégorie vintage type Daptone (par exemple). Pourtant tous les éléments classiques du songwriting soul sont là mais adaptés, dopés par une production bien de notre temps. L'album évoque ainsi pèle-mêle le son des années 1970 (« Do me right »), mais aussi un soupçon de hip-hop ou de RnB à la mode des années 1990 (« Set me free »). C'est ainsi, en faisant le grand écart entre les époques et mélangeant le tout dans une sorte de grand mix géant que Leela James trouve son identité artistique, cette dernière étant, par définition, toujours en perpétuel renouvellement. On peut apprécier, ou non, l'approche. La variété ainsi pratiquée fait que tout le monde peut y trouver, plus ou moins, son compte. Quoiqu'il en soit, les impressionnantes prestations vocales de Leela devraient (dans un monde parfait) remporter l'adhésion générale. On ne prendra pas beaucoup de risques en affirmant que cette dernière est bien l'une des chanteuses les plus marquantes de notre époque. Du feulement sexy de « Do me right » à l'incroyable puissance d'exécution (presque rock dans l'esprit) du « Who's gonna love you more » d'ouverture, Leela s'accapare les chansons à la manière d'un acteur changeant de peau à chaque nouveau rôle. Les émotions affluent ainsi à l'écoute du disque. Entre autres réussites citons « Say That » (en duo avec Anthony Hamilton) ou la jolie ballade intimiste au piano « Fall for you». Un disque fort agréable.
En concert le 30 novembre à Paris (Le Bizz'art)
https://twitter.com/leelajames

vendredi 27 novembre 2015

Clara Néville : « Après-minuit »



Deuxième EP solo pour la jeune artiste Clara Néville. Entièrement chanté en français, le disque laisse paradoxalement apparaître de nombreuses influences anglo-saxonnes. En effet, l'univers de Clara est pop, gentiment rock, et plutôt d'obédience FM. Quoiqu'il en soit, ces cinq titres ont été produits avec le plus grand soin. Les chansons débordent de détails, des sirènes en intro (« La fuite »), des touches de claviers aussi discrètes qu'indispensables et des sons de guitares choisis avec soin. Le tout constitue un écrin élégant sur lequel l'ex chanteuse de l'herbe rouge pose sa voix avec assurance. Les fans de rock pur et dur auront certainement un peu de mal à trouver leur compte dans cet univers. Tout est question de goût, pour notre part, on apprécie particulièrement « Black Star », le morceau le plus rock de cette nouvelle livrée qui n'est pas sans rappeler les regrettés Daisybox.


jeudi 26 novembre 2015

Nothing But Thieves



Rien que des voleurs. Ce n'est pas nous qui l'affirmons mais le groupe lui-même qui a choisi ce drôle d'aveu en guise de patronyme. Nothing but thieves, donc, un jeune quintet anglais qui sort ces jours-ci son très copieux premier album (16 titres) aux emprunts divers. Ce qui frappe en premier lieu chez Nothing but thieves c'est l'ambition dont fait montre le quintet pour un premier disque, conçu tel un diamant longuement poli. La production est claire et nette, les ambiances variées. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y a du monde qui se bouscule au portillon et on pourrait citer les influences par wagons entiers (Arcade Fire, Muse, Radiohead, Jeff Buckley et même un soupçon de Led Zeppelin dans les guitares) mais à quoi bon... La chose est à la fois complexe et épique. Les guitares partent dans des envolées, savamment contrôlées, allant de l'agressivité (« Painkiller ») aux digressions dark et planantes, fouettées par une section rythmique précise (« Drawing pins ») et même funky (« Ban all the music »). Et puis il y a la voix pleine d'allant, revisitant des cimes autrefois fréquentées par le regretté Jeff Buckley (« Lover please stay », « Tempt you »). Les claviers enrobent le tout et apportent une légère touche électro planante. Il n'y a pas à dire, l'album séduit au fil de l'écoute et on en arrive à la conclusion que le groupe a réussi ses débuts. On ne se plaint même pas de sa longueur (16 titres rappelons-le) ! Et puis on se rappelle qu'en leurs temps, Muse et Radiohead (deux influences prégnantes en l'espèce) avaient été considérées comme des révélations majeures avant de constituer de sévères déceptions. On se gardera donc bien d'affirmer que l'avenir appartient à Nothing but thieves. Espérons que, à la différence des deux aînés précédemment cités, le groupe saura digérer la réussite de ce premier effort pour mieux inventer l'avenir.
https://www.facebook.com/NothingButThieves/

mercredi 25 novembre 2015

Luke : « Pornographie »



Intitulé « Pornographie », le cinquième album de Luke n'a absolument rien à voir avec le classique (1982) des Cure du même titre. Si Pornographie il y a, c'est celle qui émane du narcissisme indécent qui, de selfie en selfie, se propage sur la toile. Car Thomas Boulard, chanteur de Luke de son état, est en colère. Contre la société actuelle et l'évolution du monde. Comme il le chante lui-même : « C'est la guerre » (prophétique) ! Ce n'est plus un album, c'est un uppercut. Les guitares sont urgentes donnant aux chansons des allures de déflagrations (« Warrior ») sur batteries martiales. Les mots pèsent lourds, l'album se révèle autant engagé qu'enragé. Et tant pis si il faut une fois de plus assumer les comparaisons (totalement justifiées par ailleurs) avec Noir Désir. « Rêver tue » et c'est bien triste tout ça.
En concert le 9 décembre prochain à Paris (La Cigale)
https://www.luke.com.fr/

mardi 24 novembre 2015

Bantam Lyons



Jeune quatuor Breton exilé dans la belle ville de Nantes, Bantam Lyons acouche d'un EP que l'on écoute comme on feuillette un vieil album photo. S'inspirant du passé sans pour autant être passéiste, Bantam Lyons revisite, avec bonheur le plus souvent, tout un pan de la musique mélancolique, à cheval entre les années 1980 et 1990. On y entends un tiers de cold wave, « Mamad » qui évoque Joy Division, un tiers de pop rêveuse (cf le « Glow » d'ouverture) et un dernier tiers pour finir de post rock noise (« Wednesdays »). Autant de choses qui nous parlent et réveille l'ado solitaire qui sommeille en nous. Un disque de circonstance, à écouter un jour de pluie…


lundi 23 novembre 2015

Bruit Noir I / III



Après cinq albums et plus de quinze ans de fidélité absolue à Mendelson, Pascal Bouaziz se lance dans le premier projet parallèle de sa carrière (ce qui ne signifie en rien la fin de Mendelson). Bruit Noir est né de deux contraintes. Les textes ont été improvisé, face au micro, par Bouaziz dans une sorte de poésie intime, instantanée, comme un monologue. Concernant les musiques, Jean-Michel Pires, le batteur de Mendelson à l'origine du projet, s'est imposé une contrainte : n'utiliser que des percussions et des cuivres. D'où ce disque étrange ne ressemblant à rien de vraiment connu. L'album commence sur une note bizarrement malsaine : « Requiem » soit le requiem de Pascal Bouaziz, écrit et récité par ses propres soins (« c'était un requiem comme il les aimait avec beaucoup de batterie »…) suggérant un suicide. Ambiance... Au fil de l'écoute Bruit Noir s'impose comme une masse sonore sombre et oppressante, plus vraiment des chansons, du bruit… Noir… (comme quoi tout est dans le titre). Véritable brûlot, Bruit Noir s'impose comme un exutoire pour Pascal Bouaziz qui n'a de cesse d'exprimer ses sentiments ambivalents envers l'humanité, comme autant de vérités cruelles : « Tu veux détester ton prochain, voyage avec easy jet » cf. « Low Cost » ! Mais ce n'est rien à côté de la « Sécurité sociale » : « C'est fait exprès si tout est compliqué, c'est fait exprès si le questionnaire est incompréhensible ». Au delà de la musique, le titre s'impose comme une expérience sensorielle, la véritable mise en son du cauchemar administratif. Kafkaïen. Seule « Joy Division » dévoile un semblant de sentiment positif dévoilant un amour sincère pour la musique des Mancuniens. L'album se termine sur une note émouvante avec "Adieu", évocation sensible de l'enfance qui se termine et qu'il faut quitter. Âmes sensibles, s'abstenir…
https://www.facebook.com/bruitnoirgroupe/



dimanche 22 novembre 2015

Fredrika Stahl : « Demain »



Autrefois chanteuse de jazz, Fredrika Stahl continue sa mue entamée depuis deux albums. Cette nouvelle mini livrée de six titres, composant la bande originale du film « Demain », réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, voit la Suédoise naviguer vers de nouveaux rivages musicaux. Cette dernière n'en n'oublie cependant pas le jazz, qu'elle revisite sur un mode pop le temps d'un « Tomorrow » assez réjouissant. Et elle est loin de s'arrêter là. Chaque titre, où presque, lui donne l'occasion de toucher un nouveau genre. « The World to come », placé en ouverture, évoque la bande originale d'un film (normal!) richement orchestrée. Mais notre préférence va plutôt au folk mélancolique (« Everything ») ou à la pop primesautière servie sur un clavier sautillant (« Make a change »). Cet agrégat de musique aurait pu donner un disque bancal, passant du coq à l'âne sans raison. Il n'en est rien ici, petit exploit rendu possible grâce au grain de voix unique de Fredrika. Les paroles s'inspirent directement du film, prônant un message positif et exhortant au changement (« Pull up your sleeves »). La suite est à découvrir dans les salles obscures à partir du 2 décembre prochain.
Sortie le 27 novembre.
Sortie du film demain le 2 décembre.


samedi 21 novembre 2015

Léopoldine : « Adieu Canopée »



Deuxième EP pour cette jeune pianiste formée à l'école classique. Entre acoustique et électronique, Léopoldine a choisi de ne pas choisir, mélangeant les notes de son instrument de prédilection à moult boucles, synthés et autres boîtes à rythmes. Dotée d'une plume élégante et féminine, Léopoldine chante, en français, c'est devenu (hélas) assez rare pour être souligné, d'une voix diaphane, à fleur de peau. A la fois classique et pourtant contemporaine, n'hésitant pas à prendre des chemins de traverse expérimentaux à l'occasion, la pop, particulièrement ouvragée, de Léopoldine emporte l'auditeur dans un entre-deux à la fois moelleux et confortable où les émotions affluent (cf. la très belle « Demain dès l'aube »).
Sortie le 25 novembre.
https://www.facebook.com/Leopoldine-273440219374613/

vendredi 20 novembre 2015

Cannibales & Vahinés : « Songs for a free body »



Originaire de Toulouse, Cannibales & Vahinés, sort son troisième album. Quel étrange objet que voici, situé au croisement de différentes cultures. Le son est brut, sans fioritures, entre batterie pulsant au millimètre et guitares abrasives. Si la base n'est pas sans rappeler de nombreux groupes, Cannibales & Vahinés a décidé d'épicer la recette à sa façon ajoutant d'autres ingrédients aussi originaux qu'excitants. Il y a tout d'abord le saxophone qui régulièrement déchire l'air de notes exsangues, autant crachées que soufflées. Et puis il y a la voix. Pas n'importe laquelle, celle, mythique, de G.W Sok, qui a été pendant plus de trente ans le chanteur des Hollandais de The Ex. Ceci étant posé, le chroniqueur se retrouve devant un dilemme. Est-ce du rock ? Du punk ? Du free jazz ? Le groupe ne rentre dans aucun critère particulier. Trop facile. C'est bien plus amusant d'en remplir plusieurs à lui tout seul. La forme est expérimentale. La bande des quatre aime prendre son temps, étirer ses titres dans la longueur, tricotant des thèmes aussi répétitifs qu'envoûtants (« Old oak tree ») et inventant en cours de route un curieux mélange de psychédélisme/noise/jazzy, passant d'un état contemplatif apaisant (cf. la très belle « Goghsuckers ») à un déluge de notes. Sok, qui déclame plus qu'il ne chante, apporte une note poétique à l'ensemble et se retrouve parfaitement à son aise dans ce contexte, lui dont l' « ex » groupe a souvent collaboré avec Tortoise. Si il fallait chercher un cousinage à ce disque il se situerait certainement vers le groupe Chicagoan mâtiné avec un soupçon de Sonic Youth. Une réussite.


lundi 16 novembre 2015

Dilly Dally : « Sore »



Il est de ces groupes, dont l'aura résiste au temps et se transmet de génération en génération. A l'écoute du premier effort de Dilly Dally, impossible de ne pas penser aux années 1990 aux Pixies, Hole et Nirvana en particulier. Avec ce premier disque, le quatuor de Toronto tente de remettre au goût du jour la dynamique calme/agressivité et le mélange pop/noise, typique des années 1990 en y ajoutant une touche féminine, par le biais de la chanteuse Katie Monks et de la guitare de Liz Ball (un duo de Courtney Love modernes), et un soupçon d'ambiance dark (la torch song au piano « Burned by the cold »). Sur certains titres la formule fonctionne comme à la belle époque (cf. la très chargée sexuellement « Desire » qui exhale un fort parfum de « Where is my mind »). Dans l'instant, le groupe offre un petit voyage dans le temps sympathique entre guitares nostalgiques et production moderne. Reste à voir comment tout cela va vieillir.


vendredi 13 novembre 2015

Parkway Drive : « Ire »



Lorsqu'ils ne sont pas occupés à maltraiter guitares, basse et batterie, les membres de Parkway Drive tuent le temps en faisant du saut en parachute, du skate ou du surf. Une bande de casse-cous, donc. En conséquence, il est normal que les trompe la mort Australiens nous ponde un disque kamikaze poussant l'implication physique assez loin (cf. « Dying to believe »). Riche de refrains fédérateurs (« Vice Grip », « Fractures ») et d'ambiances flirtant avec le dark (l'excellente « Crushed ») ou le psyché (« Vicious » et sa sitar), la déclinaison live de l'album s'annonce particulièrement excitante. Et pourtant tout n'est pas que violence à plein volume chez Parkway Drive. Élevant le niveau de ses ambitions musicales, le groupe convoque des cordes, sort la guitare folk et tente un audacieux mélange entre heavy métal et acoustique qui fonctionne plutôt bien (« Writings on the wall », « A deathless song »). Un album particulièrement abouti.
En concert à Paris (Bataclan) 11 février 2016.
https://twitter.com/parkwayofficial

jeudi 12 novembre 2015

Sound sweet sound : « Sinner songs on movie scenes »



Dans le panorama psychédélique actuel, les français de Sound sweet sound occupent un place particulière et bien à eux. Déjà, il y a la présence d'une flûte, instrument qui fait figure d'incongruité dans un groupe de rock, mais dont l'utilisation apporte une note originale et orientalisante. Ensuite, ce n'est pas parce que leur patronyme contient le mot « sweet » que tout est doux et délicat chez eux. Les guitares sont lancinantes et lourdes, comme du heavy metal adouci (« Death on the way », « Justice »). L'écoute de l'album procure une drôle de sensation chez l'auditeur. Les titres sont très longs (l'album ne contient que six plages) comme si le groupe se souciait autant de dépeindre un climat, une ambiance, allant du calme à la tempête, que d'écrire des chansons. Et il traîne comme un fond de noirceur dans le psychédélisme hypnotique dégagé par le sextet. Dans ce contexte, la voix apparaît comme incantatrice (cf. « Grace »). L'album entretient une sorte de cousinage lointain avec Wall of Death, ce qui n'est pas si étonnant puisque les deux formations ont utilisé le même studio d'enregistrement. Excellent.
https://fr-fr.facebook.com/soundsweetsound

mercredi 11 novembre 2015

TRAAMS : « Modern Dancing »



Longtemps, l'Angleterre du rock fut placée sous le joug des années 1960, et plus particulièrement des Beatles, une influence aussi encombrante qu'indépassable. Déplaçant le curseur de ses influences vers les Etats-Unis des années 1990, Traams ouvre ainsi une brèche dans la scène rock Britannique. Chez Traams, la musique repose sur un équilibre précaire du trio, où tout est affaire de dynamique. Celle de la batterie tout d'abord, précise, d'une régularité métronomique mais aussi rapide qu'un chronomètre détraqué tournant à toute allure (cf. « Succulent Thunder Anthem »). La basse, énorme, soutient le tout sur un rythme sautillant (cf. « AnB », « Silver Lining »). Le terrain est ainsi pleinement dégagé pour la guitare qui explore à l'envie entre garage rock, dépouillé de ses influences venues du blues, et le rock noise (cf. « Sister »). La voix, comme maltraitée et poussée dans ses ultimes retranchements évoque également cette influence typique des années 90. On trouve même une dimension expérimentale chez Traams. Car le trio aime se taire pour mieux laisser parler ses instruments, entraînant la musique dans une longue spirale de guitares au larsen bruyamment psychédélique (« Modern Dancing »). Régulièrement, les chansons sont ainsi parsemées de ces dérives instrumentales (« Silver Lining ») contrôlées afin d'éviter les dérapages. Quand cette démarche est appliquée à une écriture pop soignée (« Neck Brace ») Traams touche du bout des doigts le nirvana musical. Comme quoi, le DIY a toujours de beaux jours devant lui…


mardi 10 novembre 2015

Iron Bastards : « Boogie Woogie violence »



Cela commence avec un cri. Suivi d'un riff de guitare, façon Chuck Berry survolté, complètement déglingué. Puis viens la voix, gutturale, au-dessus de laquelle plane le sceptre de Lemmy. Bienvenue chez Iron Bastards ! Speedé, agressif, brutal, le rock façon Iron Bastards est placé sous le patronnage des années 1970 parfois mâtiné de métal contemporain, un écart temporel notamment perceptible dans les patterns de batterie à la double pédale (« I am the lizard »). C'est peu dire que le power trio Strasbourgeois joue vite et fort, à s'en crever les tympans (écoutez l'intro de « Breaking the past »). Même les plus endurcis risquent de plier sous les coups de boutoir répétés du groupe, véritables fils illégitimes et mal élevés de Motörhead. Un seul bémol, la longueur du disque, 18 titres (15 chansons et 3 titres live en bonus), c'est long et parfois un peu répétitif. Hautement appréciable néanmoins pour qui n'a pas froid ni aux yeux ni aux oreilles...
http://ironbastards.com/fr/

dimanche 8 novembre 2015

Arielle Dombasle & The Hillbilly Moon Explosion, La Cigale, 04/11/2015


(c) Patrick Swirc



C'est une soirée particulière pour les Hillbilly Moon Explosion. L'excellent groupe rockabilly (renforcé pour l'occasion par un pianiste) se retrouve ce soir sur la magnifique scène de La Cigale, une salle beaucoup plus grande que les petits clubs où ils jouent habituellement, en backing band d'Arielle Dombasle, inattendue dans le rôle de la rockeuse. Au programme du rock n'roll et des murders ballades (la superbe "My love for Evermore" en duo avec Nicolas Ker), le tout évoquant la nostalgie des années 1950. Après les deux premiers titres assurés par le groupe, Arielle Dombasle fait son entrée en scène sous les vivas de son public. Même si son chant ne semble pas toujours naturel, Arielle Dombasle possède une voix pleine de possibilités intéressantes, pouvant monter très haut dans les aigus dans d'impressionnantes vocalises. Le groupe quant à lui assure avec sa classe habituelle entre swing élastique de la section rythmique, ah cette contrebasse excellemment soutenue par la batterie, et la guitare d'inspiration western. Compte tenu du statut d'icône tenu par Arielle Dombasle au sein de la communauté gay, de nombreux couples de garçons sont dans la salle, « Johnny are you gay ? », titre de circonstance, a résonné de façon particulière auprès du public, attirant de nombreux « Yes he is ! ». Après quelques titres Arielle s'est éclipsée laissant les Hillbilly Moon seuls pour assurer le show. La dernière partie du concert a été consacrée au répertoire des albums précédents d'Arielle Dombasle. D'humeur généreuse toute la troupe est revenue à plusieurs reprises pour les rappels et, à court de chansons, s'est lancée dans des reprises de « Chick Habit » et de l'excellente « Ouh la la » (un inédit composé spécialement pour l'album) déjà jouées précédemment.

samedi 7 novembre 2015

Les Soucoupes Violentes : « Fort Intérieur »



Leader historique des Soucoupes Violentes depuis les fort lointaines années 1980, Stéphane Guichard garde toujours la foi. Récemment, on le croisait encore devant le new morning, avant un concert de Little Bob, tractant vaillamment, le sourire aux lèvres, pour promouvoir le nouvel album de son groupe, relancé il y a quelques temps. Après des années de pause prolongée, les soucoupes reviennent survoler notre paysage rock. Et leur garage rock, chanté en anglais ou en français, n'a pas pris une ride ! Le nouvel album a ce petit quelque chose de rare, comme une allure de classique instantané. Pas uniquement grâce à des compositions de haute volée où la guitare se taille la part du lion (cf. « Lost weekend », « Ta légende », nerveuse et tendue) mais aussi grâce à des apports extérieurs bien trouvés et complétant idéalement l'univers musical du groupe. Désertant l'électricité rageuse, les Soucoupes Violentes explorent ainsi, avec succès, des territoires acoustiques. « Always Up » et « Johnny Tonnerre » (que l'on imagine dédiée à qui vous savez) sont deux magnifiques ballades folk agrémentées d'une lap-steel country, faisant voyager le trio et l'auditeur par la même occasion. Ailleurs, c'est un ukulélé qui fait une apparition inattendue (« le mec le plus cool de la terre ») ou des percussions fofolles qui donnent une nouvelle orientation à la musique, loin de se cantonner à un énième revival garage. Tout ceci n'empêchant cependant pas le trio de faire un petit clin d’œil discret au passé (cf. « I won't survive », « Ma tête sur un plateau »). Enfin impossible de terminer cette chronique sans souligner le succulent « Trop méchante » en duo avec un Didier Wampas en pleine forme. Une belle réussite.
https://fr-fr.facebook.com/Les.Soucoupes.Violentes/