jeudi 30 mai 2024

The Legendary Tigerman + The Blue Butter Pot, La Maroquinerie, 29 mai 2024.

La soirée commence avec le duo The Blue Butter Pot pratiquant un rock garage teinté de blues, tirant parfois vers le métal (double pédale de batterie à l’appui) de haute facture avec une remarquable efficacité scénique. L’accent anglais impeccable ainsi que l’imposante barbe arborée par le chanteur nous délocalisent en plein désert, pour un peu on s’y croirait !

Jusqu’à présent The Legendary Tigerman (aka Paulo Furtado, également leader de Wraygunn, groupe jamais officiellement séparé mais n’ayant plus aucun activité depuis des années) s’était toujours présenté à nous, sur scène, en formation one-man band. Malgré tout le talent du musicien, jouer de la batterie et de la guitare, tout en chantant, en même temps impose de sérieuses limites. Les concerts étaient alors bruts, directs, jusqu’à atteindre une forme de transe. Toutes ces limites ont sautées depuis que Paulo a totalement revu sa formule. The Legendary Tigerman se présente dorénavant sous la forme d’un trio, accompagné d’un batteur (Mike) et d’une remarquable chanteuse, Sarah, également aux claviers. La présence d’un vrai batteur, excellent musicien qui plus est, change radicalement la donne. Les breaks et autres descentes, apportent plus de profondeur à la musique, mettent en relief les aspérités des compositions. Paulo semble comme galvanisé par la batterie, qui impulse une dynamique implacable. La présence d’une chanteuse, Sarah, se justifie pleinement tant notre homme Paulo apprécie l’exercice du duo avec des chanteuses au profil aussi varié qu’Asia Argento, Rita Redshoes ou Lisa Kekaula (The BellRays). Et se glisser dans les pénates de Lisa n’est point chose aisée, une tâche dont Sarah s’acquitte avec talent, charme et brio. Enfin la présence de synthés constitue en soi une petite révolution pour un artiste plutôt catalogué rock garage. Deux titres seront joués avec deux synthés sans la moindre note de guitare. Mais, grâce à la dynamique impulsée par la batterie, la musique tabasse de manière égale avec ou sans guitare, ajoutant une légère coloration cold wave loin d’être désagréable. Le Tigerman reste foncièrement sauvage et rock’n’roll en toute circonstance ! Pourtant, le concert s’achèvera par un rappel tout en douceur, Paulo et Sarah, au milieu de la fosse. Superbe soirée.

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mardi 28 mai 2024

TYGER TYGER, La Manufacture Chanson, 27 mai 2024.

 

Foncièrement original, ce nouveau duo composé de la chanteuse BlauBird et du bassiste, également chanteur, François Puyalto nous entraîne sur un chemin malicieux et peu visité : celui de la chanson baroque. Un répertoire aux mots surannés, auquel le duo offre de nouvelles couleurs, plus électriques, venus de la basse de François Puyalto. L’instrument est atypique dans ce contexte. L’utilisation qu’en fait François l’est plus encore. Jouée en accords, en arpège ou à l’aide d’un capodastre, sous les doigts experts de François la basse devient un instrument lead, retrouvant les intonations de la théorbe (instrument dérivé du luth) ! Remarquablement mis en scène, le spectacle fonctionne suivant la théorie de l’attraction des pôles. A la voix céleste de BlauBird, François Puyalto oppose un ton beaucoup plus terre à terre et une voix de gorge, légèrement éraillée. Un grand écart poursuivi dans le choix du répertoire où Alain Bashung côtoie les chansons du 15ème siècle ; où le français et l’anglais vernaculaire (accent à la clef) cohabitent. Toujours aussi touchante, émouvante, BlauBird brille également par son humour (« On a beaucoup travaillé la mise en scène pour me rendre drôle » nous glisse-t-elle après coup). C’est une facette inédite de la chanteuse que l’on découvre ainsi et c’est une sacrée surprise. Le concert est ainsi parsemé de petites saynètes hilarantes, de regards complices et de sourires en coin de la part des deux protagonistes. Voici une relecture originale et ludique de la chanson baroque, une belle façon de (re)découvrir ce répertoire, surtout connu des oreilles érudites. Un spectacle attendrissant.

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samedi 25 mai 2024

The Black Crowes + Jim Jones All Stars, Olympia, 24 mai 2024

C’est une double affiche de rêve, rock’n’roll en diable, qui s’offre à nous sur la scène de l’Olympia, en forme de retrouvailles. On commence avec Jim Jones All Stars (« A proper rock’n’roll outfit » dixit Chris Robinson) qui débute la soirée en fanfare. Bien décidés à mettre à profit la grosse demi-heure qui s’offre à eux, les Anglais enchaînent les titres pied au plancher et semblent encore plus exaltés qu’à l’ordinaire si tant est que cela soit possible. Un set le pied sur l’accélérateur, où les guitares sont contrebalancées par le swing du piano, pour le groupe qui ne s’interdit plus de revisiter le répertoire de la défunte Jim Jones Revue (« Burning your house down »). Seul regret, le son un peu moyen qui peine à faire justice au groupe, on entends trop peu le duo de saxophones par exemple. De « true brothers » comme les qualifient Chris Robinson qui, pour la petite histoire, avait produit en 1994 « The Very Crystal Speed Machine » des Thee Hypnotics, une des formations précédentes de Jim Jones.

Tentures, miroirs, lampes et effigie de Chuck Berry en carton sur le côté, c’est un décor barnum digne du « Rock’n’Roll Circus » des Rolling Stones, et au son d’AC/DC, que débarquent les Black Crowes qui, si ils ont pris un petit coup de vieux, restent en grande forme. La scénographie est assez étonnante, la batterie, ainsi que le piano et les choristes, sont installés très haut sur une estrade dominant les frères Robinson, ainsi que le basse et la deuxième guitare, installés sur scène. Un impressionnant mur d’amplis est installé derrière le chanteur et les guitaristes, dont on doute fortement qu’ils soient tous en état de fonctionner. Les Black Crowes donc, en hiatus depuis une bonne dizaine d’années, ont décidé de remettre le couvert avec un line-up fortement remanié, et restent sur un album « Happiness Bastards » de rock’n’roll de haute facture. De nombreux extraits en seront joués ainsi que des classiques du groupe, principalement issus des trois premiers disques (« Twice as hard », « My Morning Song », « Sting Me », « Thorn in my pride », « Remedy », « Jealous Again » etc.) C’est avec une joie non dissimulée que l’on retrouve ce classic-rock à mi-chemin du rock’n’roll et de la soul, et un soupçon d’acoustique sur la merveilleuse « She Talks To Angels ». La voix de Chris Robinson n’a pas bougé malgré les années et nous sommes surpris de voir son frère Rich Robinson régulièrement laisser les soli à son nouvel (et excellent) acolyte. Le concert se termine dans l’euphorie générale, Rich Robinson fête son anniversaire en ce jour même, un gâteau lui est apporté sur scène et des danseuses de French Cancan viennent sur scène fêter l’anniversaire du guitariste en grandes pompes. Enfin, si le groupe nous a habitué depuis des années à l’art de la reprise (« Hard to Handle » d’Otis Redding -extraite du premier disque- et « Carol » de Chuck Berry ont été jouées un peu plus tôt), la formation nous surprend en reprenant, de manière assez inattendue, « White Light/White Heat » du Velvet Underground en guise d’unique rappel. La soirée se termine par de nombreuses embrassades entre musiciens sur scène, un geste font les précédents line-up du groupe n’avaient pas l’habitude…

jeudi 23 mai 2024

Peter Deaves, L’Archipel, 22 mai 2024.

Avant même de débuter le concert, Peter Deaves demande au public de lui réserver « une vraie entrée de scène », puis, le chanteur de descendre de l’estrade et le public de crier son prénom à corps et à cri. Pas une seule note de jouée et déjà un accueil triomphal et le public dans sa poche. Quel métier ce Peter ! Et la musique commence, en solo pour le premier titre et avec le groupe au complet ensuite et c’est un ravissement continu pendant une heure et demie. La musique de Peter voyage beaucoup, reste nostalgique de Liverpool tout en rêvant des Etats-Unis. Ce qui se ressent fortement dans l’instrumentation choisie : mandoline, violon, contrebasse, guitare et piano. Enlevez le clavier et vous avez affaire à une formation bluegrass. Ainsi, le petit miracle de son premier album continue sur scène où la diversité des influences s’amalgame dans un ensemble cohérent. Le tout est incarné à la perfection par Peter, charmant, drôle, d’une blondeur charismatique, et parfaitement en voix. Le chanteur est capable de stupéfiantes mutations, aussi grave d’un stentor mais également d’une grande douceur dans le chant. Le concert se termine dans l’euphorie générale, Peter, une pinte à la main, chantant « Bury me under the Mersey » au milieu du public dans une chaude ambiance n’ayant rien à envier à celle d’un pub irlandais. Une soirée à graver dans le marbre !

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samedi 18 mai 2024

Peter Deaves : « Ceol Agus Grá »

 




Surtout ne pas se fier aux apparences. Avec son titre en gaélique (« Ceol Agus Grá », soit « Musique et Amour », un titre bienvenu en cette époque troublée) et sa photo de pochette prise de vue à la chambre, il serait aisé de croire que le premier album du chanteur britannique est un disque de ballades irlandaises. Il n’en est rien et, si la guitare folk constitue bien le cœur battant de l’album, ce dernier est surprenant de diversité. Tout s’articule autour des six cordes acoustiques, un instrument dont Peter joue avec virtuosité, et qu’il enlumine suivant ses envies. L’orchestration se révèle luxuriante : mandoline, banjo, cordes, lap-steel, piano, contrebasse, accordéon, bugle, flûte irlandaise… Et le disque de passer de la country (« The Long Green River », manière de Johnny Cash cajun) aux ballades (le fantôme de Leonard Cohen plane sur « Quarter Past » alors que « My Oh My » évoque plutôt Nick Drake), au point d’offrir un véritable panorama des musiques folk à lui tout seul. Dans ce contexte seule « Gasoline », aux accents britpop (les influences conjuguées de Radiohead et de Coldplay sont un peu trop présentes pour notre goût personnel) fait figure d’exception. Enfin, même s’il est éloigné de sa terre natale depuis bien longtemps (il est actuellement installé du côté de Fontainebleau), le cœur de Peter Deaves bat toujours suivant le rythme des flots de la Mersey et le dyptique, niché au milieu de l’album, « Liverpool »/ « Bury me under the Mersey » (aux sonorités irlandaises pour le coup), vient le rappeler avec émotion. « Liverpool i’m missing you » chante-t-il dans un hommage déchirant à sa ville natale digne de Nick Drake. De très haute facture mélodique, un tel assemblage de musiques aussi diverses ne peut tenir debout que grâce au chant ample et émouvant. Aussi, il est impossible de terminer cette chronique sans souligner que Peter Deaves, en plus d’être un songwriter fin et raffiné, est aussi un immense chanteur.

En concert le 22 mai à l’Archipel.

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vendredi 10 mai 2024

Nicolas Paugam : « La Balade Sauvage »

 


Son album précédent s’intitulait « La délicatesse » et dans un subtil contre-pied dont lui seul à le secret, Nicolas Paugam nous entraîne maintenant dans une fameuse « Balade Sauvage ». Comme le résume le chanteur dès le titre d’ouverture : « Je m’amusais ». Ainsi Nicolas Paugam s’amuse. Et plus qu’une référence au chef d’œuvre signé Terrence Malick, la balade sauvage en question s’avère surtout être une virée (sauvage, donc) sur les sentiers escarpés de la chanson française aux confins du rock’n’roll (Thibault Brandalise, le batteur d’Iggy Pop est de la partie). Pyromane des mots (la photo intérieure le montre bidon d’essence en mains devant le brasier) Nicolas Paugam marie son amour des mots, des textes un tantinet abscons, aux guitares abrasives ; le tout dans une juste mesure, c’est à dire suffisamment pour pimenter les chansons sans pour autant les faire entrer dans un costume qui ne leur sied guère. L’album relève par ailleurs une ambition musicale élevée trompettes et clavier Rhodes contrebalançant la puissance de la batterie, l’instrument par lequel l’étincelle s’allume. Dans ce contexte reprendre Georges Brassens (« Bécassine ») relève de l’idée de génie, l’impertinence des mots du grand Georges étant à l’avenant du traitement musical assez bluesy. Un album sauvage certes, mais surtout très attachant.





jeudi 9 mai 2024

Najoi Bel Hadj : « Wavering »

 


A l’image de sa sublime pochette, la chanteuse tourangelle nous gratifie d’un premier album tout en nuances et contrastes, aussi calme que tempétueux, en un mot chancelant (wavering en français). C’est ainsi une forme de grand écart qu’effectue l’album des accords de guitares délicats (sublimes « Liline », « Aminata ») ou de l’ambiance intimiste qui habite la magnifique « Si jamais », aux orchestrations électroniques des premières plages (un aspect auquel on adhère un peu moins, question de goûts personnels). Une chose ne change jamais en revanche, l’extrême sensibilité de la chanteuse palpable à son grain de voix et à ses capacités vocales hors du commun. Nichée au cœur de l’album, une piste fait ainsi figure de pépite cachée, « Here Below », propulsée de plus par un petit groove qui sied particulièrement bien à la chanteuse (un feeling que l’on retrouve également sur « Sometimes »). Qu’elle s’exprime en anglais (sur la majorité du disque), en français ou en arabe, fait preuve d’une grande délicatesse et bouleverse lorsqu’elle explore ses racines (« A Vava Inouva »). Un premier effort imparfait mais de haute facture dans sa deuxième moitié.

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mercredi 8 mai 2024

Phanee de Pool : « Algorythme »


Il n’y a pas à dire, mais s’il y a bien une chose qui nous redonne le sourire en ce bas monde, c’est bien les disques de Phanee de Pool ! Une assertion qui ne sera pas démentie par le dernier album en date de la Suissesse ! A mi-chemin de la chanson et du slam (voire du rap), cette dernière n’a pas son pareil pour saisir l’esprit de l’époque ou les petites aventures, heureuses ou non, du quotidien en irrésistibles chansons à la bonne humeur ravageuse. C’est ainsi tout un univers espiègle, ludique et décalé, pas très éloigné de celui de Rachel des Bois, que découvre l’auditeur à l’écoute de cet album, brocardant l’addiction au téléphone portable (« Algorithme ») ou déclarant sa flamme à son chien (« Le chien de Pool »), avec Léone, le propre chien de la chanteuse en guest. Un autre invité fameux sur cet album est son compatriote Henri Dès, immense bonhomme de la chanson française, le temps d’un choc des générations particulièrement savoureux (« Dites Henri »). Enfin, l’album est porté par une véritable ambition musicale, grand orchestre et citation de Chopin ou Debussy à la clef, l’écrin parfait pour le chant expressif et élastique de la chanteuse, également très à l’aise dans un contexte plus scandé. De la belle ouvrage.

En concert le 15 mai et le 12 juin à l’Archipel.

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dimanche 5 mai 2024

Howlin’Jaws + Bad Juice, Le Trabendo, 4 mai 2024.



Venue de Strasbourg, c’est au duo guitare/batterie Bad Juice (une fratrie) qu’il revient d’ouvrir la soirée. Un court set d’environ une demi-heure ouvertement rock’n’roll, guitare saturée au son vintage et batterie survoltée. A noter une petite originalité, c’est le batteur qui chante. Le rendu en concert est plus brut, en ce sens plus proche des Black Keys et autres White Stripes, que sur disque où le groupe réussit à s’émanciper de ces clichés. Son nickel et compositions solides, avec autant de répétition hypnotique que d’amplis dans le rouge, on passe un très bon quoique court moment en leur compagnie.

S’ils ne sont pas frères dans la vraie vie, les trois membres des Howlin’ Jaws se comportent comme tels sur scène. Débutée au lycée, leur aventure continue encore à ce jour et, alors qu’ils sont encore dans la vingtaine, les trois musiciens ont passé au moins dix ans, la moitié de leur vie, à faire de la musique ensemble. Autant dire que, lorsqu’il se présente sur scène, le trio constitue un bloc de béton inattaquable aussi robuste qu’un granit breton. La connivence entre eux propulse la musique et leur sauve la face en cas de pain forcément inattendu. Se jouant avec maestria de la tension/détente, de l’accalmie après le chaos électrique (on inversement) le trio traverse la contrée psychédélique tout en transportant le spectateur. Ainsi la soirée débute par un son de boite à musique enregistré avant un « Half awake, half asleep » dantesque à la coda en forme de solo de batterie signée Baptiste Léon (costard bleu Las Vegas et lunettes de soleil façon Elvis) ravageur. Même les titres du premier album sont passés au filtre psyché, gagnent en longueur et sont totalement re-imaginés (cf. « Heartbreaker ») solo de guitare (Lucas Humbert) tout en maestria à la clé. Derrière sa basse le chanteur Djivan Abkarian n’est pas en reste et saute comme un cabri. Le trio profite de l’occasion, la date est d’importance pour le groupe dans une salle à la jauge importante, pour revisiter les coins peu utilisés sur scène de leur discographie à l’instar de l’excellente « The Sting ». Enfin, les harmonies vocales du groupe sont très travaillées et passent très bien la barrière du live. Attention, le groupe (que l’on retrouvera dans une semaine en première partie des Black Keys au Zénith) grossit à vue d’œil, est déjà énorme et ce n’est que le début !

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samedi 4 mai 2024

Oisín Leech + Malo Texier, L’Archipel, 3 mai 2024.



Commençons par saluer la première partie assurée par la jeune chanteuse Malo Texier. S’accompagnant seule à la guitare, électrique son clair ou folk, cette dernière fait preuve d’une certaine maîtrise vocale grâce à son chant élastique et expressif, tout en français, une rareté chez les chanteuses inspirées par la soul. Son jeu, tout au doigt sans médiator est fin, tantôt empreint de swing jazzy, tantôt fait d’arpèges délicats. Le rendu scénique est assez chouette.

Alors que sur l’écran dans le fond (rappelons que l’Archipel est également une salle de cinéma, l’artiste saura s’en souvenir au moment de reprendre « Pat Garrett et Billy le kid » de Bob Dylan) défilent un montage représentant les peintures de l’artiste Sinéad Smyth, qui a également illustré la pochette de l’album, le duo Oisín Leech (chant, guitare, harmonica) et Tony Garnier (contrebasse) prennent position sur la petite scène. Nous sommes instantanément saisis par la beauté mélodique du concert. Les cordes des instruments sont délicatement arpégées, il se dégage de la musique un sentiment double à la fois mélancolique (Nick Drake n’est jamais bien loin cf. « October Sun ») et d’une grande sérénité. A l’opposé de ce que laisse supposer ses mélodies, Oisín Leech se révèle assez drôle sur scène, parsemant le concert de nombreuses anecdotes datant de l’époque où il gérait un club folk en Irlande (le bougre est bavard!) Le spectateur, bercé par l’évidence mélodique des accords échappés de la guitare, aura voyagé, en musique, jusqu’à la pointe nord de l’Irlande, vue sur l’océan, où l’album a été enregistré.

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mercredi 1 mai 2024

Thee Sinseers : « Sinseerly Yours »

 


Premier album pour le groupe, très étendu, comprenant neuf musiciens, mené par Joey Quinones. Disque à la beauté intemporelle, enregistré dans les conditions du live, « Sinseerly Yours » transporte l’auditeur à son écoute. Avoir enregistré au préalable une poignée de single pour Penrose, la sous-division californienne de Daptone, a donné de solides bases à Joey Quinones, qui a transporté tout son savoir faire vintage dans l’enregistrement de ce premier album. On y retrouve le feeling qui nous avait subjugué à la découverte des albums de Sharon Jones ou Charles Bradley. Cette patte solidement ancrée dans les meilleurs sources du passé tout en renouvelant un genre éternel. Les conditions d’enregistrement du live apportent un supplément d’âme, un bout de fragilité capté sur bandes, une émotion débordante. L’album se révèle à la fois cohérent dans son esthétique et varié à la fois. Le chant choral et haut perché ancre le disque dans une esthétique soul/pop à la Motown à laquelle Quinones ajoute son propre background culturel latino. Doux, délicat, mélodique et romantique (« Don’t call me baby ») l’album brille aussi par ses poussées de fièvre latine aux sons des percussions ("Talking Back"). Bien plus que des nouveaux Dap-Kings, un groupe superbe, un superbe album.

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