vendredi 29 septembre 2023

BlauBird, Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, 28 septembre 2023.

Alors que son dernier album, « Le Ciel est Partout » fêtera bientôt (le 18 novembre) son premier anniversaire, Laure Slabiak, BlauBird, défend inlassablement le répertoire de l’album sur scène. Nous la retrouvons donc ce soir, une date de prestige dans le cadre du sublime Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, et, une fois n’est pas coutume, accompagnée d’un groupe au complet dans lequel on retrouve le fidèle Michel Schick (clarinette, clarinette basse), son mari Olivier Slabiak (violon) et le saxophoniste Rémi Fox (on a au passage une chaleureuse pensée pour l’accordéoniste Ivica Bogdanic, rentrée en catastrophe en Serbie pour urgence familiale). Les concerts au sein des musées ont toujours quelque chose d’un peu impressionnant, ce n’est pas rien de traverser cette immense cour absolument sublime dans le soir couchant, puis de pénétrer au sein du musée et de cheminer au sein de ses murs en vieilles pierres blanches où sont accrochées œuvres et photos avant de finalement atteindre l’auditorium, savant alliage de murs en pierres blanches et de bois. Un cadre peu habituel et prestigieux qui semble avoir inspiré la chanteuse et ses musiciens. Le répertoire est ainsi revisité pour l’occasion, du Kaddish d’ouverture, une prière pour les défunts dans la religion juive, seule pièce chantée en hébreu, aux chansons de l’album aux envolées Klezmer appuyées par les clarinettes et le violon. Ce dernier instrument apporte une réelle plus-value, déjà parce que BlauBird est rarement accompagnée du violon sur scène et ensuite grâce à la sensibilité d’Olivier et à l’émotion procurée par son jeu. Au piano ou derrière son magnifique micro vintage, Laure est égale à elle-même, théâtrale et lyrique, toujours sur le point de chavirer sous l’émotion de ses textes. Elle bouge suivant le rythme de la musique avec grâce et élégance, le mouvement de ses bras évoquant les ailes d’un oiseau sur le point de s’envoler. Sa voix plane, traversant les langues : français, yiddish, arabe, allemand, espagnol et anglais, dans un voyage imaginaire en musiques. Enfin, la date aura également été atypique du point de vue du répertoire, revisitant le premier album (« Blue Bird ») ou dévoilant des titres pour la première fois sur scène (« Reste »). Pour ceux qui vont la découvrir sur scène ces prochaines semaines, de nombreux concerts sont prévus cet automne, soyez prévenus : on ne ressort jamais tout à fait indemne d’un concert de BlauBird.

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https://blaubird.bandcamp.com/album/album-le-ciel-est-partout-2022





jeudi 28 septembre 2023

Demian Dorelli, Sunset Sunside Jazz Club, 26 septembre 2023.

Après plusieurs tentatives en groupe, le pianiste mi-Italien/mi-Anglais, Demian Dorelli était apparu sur nos platines, il y a environ deux ans, avec un premier album solo consacré au répertoire de « Pink Moon », le classique signé Nick Drake. Le voici de retour, et pour la première fois sur scène à Paris, avec son nouvel effort, « My Window », regroupant cette fois-ci des compositions originales. Il y a, dans la présence de ce pianiste à la virtuosité douce, quelque chose relevant du sacré. Les gestes sont calculés, ses mains se déplacent le long des 88 touches avec un sens du déplacement et du débit très précis. La musique laisse de la place au silence et de l’espace entre les notes. Tout le contraire d’un déferlement, la musique respire et le temps s’arrête. L’émotion bat son plein. En fin de set, Demian Dorelli nous a réservé un véritable cadeau, pas moins de cinq pièces reprises chez Nick Drake, en version instrumentales. Un don tant il est rare de voire le regretté chanteur/guitariste repris sur scène. Une bien belle soirée.

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Grant Haua, Jazz Club Etoile Le Méridien, 23 septembre 2023

Guitariste à la virtuosité unique en son genre, le Néo-Zélandais Grant Haua était sur la scène du Jazz Club Etoile en ce samedi soir. Le set débute par quelques titres acoustiques joués en solo. Le musicien se distingue par un jeu très rapide, sur un tempo élevé, et une battue des cordes uniques où les arpèges s’entremêlent aux accords. Le tout donne quelque chose d’assez funky, relativement impossible à reproduire à la guitare pour le commun des mortels. Aussi, même s’il s’exprime assez souvent de la sorte, en solo acoustique, on ne peut le confondre avec un chanteur folk tant son style est loin de la ballade. Plutôt une randonnée en terrain hostile et électrique comme le prouve le reste de la soirée où Grant et rejoint par Neal Black et son groupe qui jouent à la perfection le rôle du backing band. Une occasion unique de voir l’artiste s’exprimer en groupe tant l’éloignement géographique fait qu’il est difficile de le faire voyager avec ses musiciens. L’occasion également d’exhiber sa magnifique guitare Gibson SG aux couleurs psychédéliques. Grant semble galvanisé par la présence de ses acolytes et le set au fort goût électrique penche définitivement plus du côté rock, que blues, de l’équation. Une patate qui se sent particulièrement dans le chant où la débauche d’énergie est conséquente et qui ne s’arrêtera pas, même après l’entracte entre les deux sets, débuté également en solo. Une belle occasion enfin de découvrir son répertoire d’avant la signature avec Dixiefrog, assez méconnu par chez nous.

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samedi 23 septembre 2023

Denis Agenet & Nolapsters : « Peace Of Land »

 


Ancien membre des Bad Mules, Denis Agenet possède la particularité d’être à la fois batteur et chanteur, une rareté dont il a su tirer profit pour ce premier album en bien belle compagnie (Sax Gordon Beagle, Arnaud Fradin, Nico Wayne Toussaint…) Conçu comme un hommage au label NOLA et au rhythm’n’blues néo-orléanais des années 1960, le groupe a tout d’abord sorti un EP de reprises en 2018 avant de passer à la vitesse supérieure, de manière assez spectaculaire, avec cet effort de tout premier plan, composé de chansons originales. Ce que l’on retiendra avant tout de ce disque c’est la virtuosité du geste de Denis, au grain de voix légèrement éraillé, la petite cassure soul au fond de la gorge, propre à faire chavirer l’auditeur, mais aussi son habilité derrière la batterie aussi à l’aise dans le groove soul que le swing jazz. Car on aime aussi l’album pour sa variété de climats, d’ambiance de l’intimité acoustique (« The Beautiful Sad Song ») au jazz en grande formation (« My First Christmas Alone »), le feeling blues habitant l’ensemble, d’un petit lick d’harmonica ici ou d’une guitare slidée là, finissant d’emporter l’adhésion générale.

En concert le 23/09 au Triton

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dimanche 3 septembre 2023

Grace Potter : « Mother Road »

 


Le constat est forcément désespérant. Après une vingtaine d’années de carrière, Grace Potter, une des plus grandes chanteuses rock en activité à l’heure actuelle, reste cantonnée à l’anonymat. Le postulat n’est pas exagéré, Grace Potter, également organiste B3 de haute volée, possède cette petite cassure irrésistiblement soul dans le fond de la gorge et une énergie débordante, autant de caractéristiques qui la rapprochent de Janis Joplin. Certes, nouvelle Janis, l’argument est éculé, mais, en l’espèce, ce nouvel effort voit la chanteuse en forme olympique prête à tout casser, et à faire succomber à son charme vocal n’importe quelle oreille qui aura la bonne idée de se poser sur son album. Un disque où folk-rock, soul et blues côtoie le funk, le tout dans une ambiance road-movie, guitares débridées à l’appui, qui fleure bon l’Amérique, le groove sur les autoroutes poussiéreuses et les cactus. Dans le genre, il n’y a guère que les Black Crowes qui aient fait mieux ces trente dernières années.

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samedi 2 septembre 2023

Kendra Morris : « I am What I am Waiting For »

 


Apparue sur la scène soul new-yorkaise des années 2000, Kendra Morris aurait pu se glisser sans mal dans l’esthétique vintage prônée par les labels Daptone et consorts. Un rapport au temps, comme le suggère la pochette où la chanteuse pose avec une pendule géante, qui domine la scène musicale où le modèle des années 60/70 est reproduit à l’infini. Il y a certes un peu de cela dans la démarche de la chanteuse mais ce nouvel effort la voit sortir de sa zone de confort avec un bonheur certain. A première vue le disque se présente sous la forme d’un album soul classique gorgé de groove (« Dominoes ») et de feeling. Mais en s’acoquinant avec Torbitt Schwartz (moitié du groupe hip-hop Run The Jewels) qui coproduit l’album et a participé à son écriture, la chanteuse est décidée à faire passer sa musique à un niveau supérieur. Car derrière l’écrin soul classique, se cache des arrangements judicieux, beaucoup plus contemporains, qui voient cohabiter tradition et modernité (« Special » ; « Still Spinning »). D’autant plus que l’album se révèle au final très varié entre pop rock (« The Door »), exotica 21ème siècle (« All Your Jokes ») et reggae/dub. Un ensemble varié rendu cohérent par le chant charmeur et une production au cordeau.

En concert le 4/10 au Pop Up

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vendredi 1 septembre 2023

Scott Hepple and The Sun Band : « Ashes to Wildflowers »

 


Faisant fi, du temps, des modes et même de sa localisation géographique (Newcastle, UK), Scott Hepple and The Sun Band sort son premier album au psychédélisme bon teint. En effet, peu de choses dans ce premier effort évoquent Newcastle et son ciel gris. Par la grâce de ses mélodies, Scott Hepple nous embarque dans un trip psychédélique californien fantasmé dans le San Francisco des années 1960 ou, du moins, dans l’idée que s’en fait le chanteur, comme le souligne le titre de l’album en forme d’éternel recommencement. Ainsi, l’album se révèle un hommage à cette scène où se bousculent les références aux cavalcades électriques de Neil Young en compagnie du Crazy Horse (« Nobody Else (Is Gonna Do It For You) » ; « Leisure Cruise ») ou au Brian Jonestown Massacre (« Letting Go », « Warm Night »). Alors que quelques pistes à l’électricité plus abrasives (« Caligula ») sont à rapprocher du rock garage. C’est donc entre ces extrêmes, formant une sorte d’arc partant du folk psyché (« Spirit Animal » ; « Hair of The Dog ») pour arriver au rock déglingué, que Scott Hepple réussit à trouver une voix personnelle, inspirée mais sans être vampirisée pour autant par des ombres tutélaires envahissantes. Les chouettes mélodies et le timbre agréable et haut perché du chanteur font que c’est un excellent moment qui est passé à l’écoute de l’album, une sorte de classique immédiat intemporel qui enlumine l’automne 2023 comme il aurait pu illuminer celui de 1973.

Sortie le 22 Septembre.

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