Ils sont cinq, disposés en arc-de-cercle, contrebasse, guitare et les fameux violons du monde, que des instruments à cordes incarnant une disposition qui, dans l'esprit, rappelle le bluegrass. Guitariste intrépide et infatigable voyageur en musique(s), Mathias Duplessy s'est donc entouré d'un string band, composé d'instruments dérivés de la vielle ou du violon venus de destinations aussi lointaines et exotiques (du moins vu d'ici) que la Chine ou la Mongolie. Au menu donc une épopée musicale aux lointaines ramifications jazz manouche, folk ou country/western, rendant hommage à ces idiomes et à la musique de films d'Ennio Morricone. C'est ainsi un souffle tantôt chaud, tantôt froid qui traverse le public en équilibre entre la mélancolie qui émane des « violons du monde » et le guitariste survolté, possédé par le rythme et la musique, aux éclairs véloces et autres accents virtuoses, dégageant une énergie folle et ce sans le moindre ampli à l'horizon. Magnifique.
samedi 29 février 2020
lundi 24 février 2020
City Woodpeckers : « Some days »
A en juger par la photo qui orne l'intérieur de la pochette, nous dirons pudiquement des membres des City Woodpeckers qu'ils ont de de la bouteille et non pas parce que ladite photo est prise dans un bar (ah ah!) En musiciens d'expérience le quatuor a donc décidé de se faire plaisir en célébrant ses musiques préférées, probablement à l'origine de la passion du groupe, du gros rock seventies teinté de blues, de reggae et, croit-on déceler, un je ne sais quoi vaguement punk dans le chant (une affaire d'intonations probablement). Autant d'idiomes fantasmés sur la pochette, une skyline épurée évoquant une Amérique chimérique de New York à Chicago. Et tant pis si le chant se heurte parfois sur la barrière de la langue, l'énergie déployée ici et l'enthousiasme contagieux du groupe se chargera bien de faire plier les grincheux. Pas foncièrement original, mais pas banal non plus, voici le prototype du feel good record et cela nous fera bien la journée, le soir aussi, été comme hiver. Merci les gars !
https://citywoodpeckers.com/
https://www.facebook.com/citywoodpeckers/
dimanche 23 février 2020
Nada Surf : « Never Not Together »
C'est suffisamment rare pour être souligné mais depuis leurs débuts, en 1996, les New-yorkais n'ont finalement que très peu déçu et, en cela, le quatuor fait hommage au titre de ce nouvel effort « Never not together » qui résume un peu l'état de notre relation avec eux, qui nous accompagnent en sons et en chansons depuis tant d'années. Et pourtant, que d'évolutions depuis les attaques soniques de « Popular » (1996) ou de l'album « Proximity Effect » (1998) produit par Fred Maher (du groupe Massacre). Depuis quelques années Nada Surf, à l'origine groupe de power-pop sorti d'un garage, a mis au point sa formule misant sur les mélodies rehaussées subtilement d'attaque de guitare subtilement dosées (la folk/grunge "Mathilda" ; « Something I should do », un titre rappelant leurs débuts orné de spoken word comme un clin d'œil au tube « Popular »). Rien de bien révolutionnaire au final mais une formule bien rodée permettant de produire des albums d'excellente facture voire mieux (cf. le chef-d’œuvre « Let Go » de 2002) ; des disques que l'on retrouve avec un plaisir à chaque fois renouvelé, l'ensemble formant un corpus des plus respectables et faisant du quatuor un des rares survivants des nineties. Ceci étant posé, ce nouvel album voit le groupe sortir de ses sentiers battus, point de virage électro mais quelques prises des risques au niveau des arrangements ambitieux (une grande place accordée aux claviers, des violons, du saxophones, et un chœur de voix enfantines) ; de quoi enluminer avec originalité des compositions toujours écrites avec grand soin (« Crowded Star ») et marquées par les paroles bienveillantes du chanteur Matthew Caws. Sur la magnifique photo ornant l'intérieur de l'album, le groupe pose au pied d'un arbre, dans un sublime paysage de collines dans la magnifique lumière du soleil couchant comme un parfait résumé de cet album apaisé et réconfortant.
En concert à Paris (La Cigale) le 11/03 https://fr-fr.facebook.com/NadaSurf/Moonlight Benjamin au Hasard Ludique, le 19/03
Moonlight Benjamin, la magnifique prêtresse vaudou blues/garage rock haïtienne sera en concert le 19 mars prochain dans le cadre étonnant et magnifique du Hasard Ludique (une ancienne gare réhabilitée). Immanquable !
Tony Allen : The Source
Batteur de légende, compagnon de route de Fela Kuti (l'inventeur de l'afrobeat), le Nigérian Tony Allen revient sur cet album à la source de son inspiration : le jazz (et soyons chauvins, nous sommes heureux qu'il ait fait appel à des musiciens français pour enregistrer!) Ces onze nouvelles compositions, instrumentales et situées au confins du jazz et du funk (« Wolf eats wolf » ; « Cool Cats ») sont toutes bâties autour de la batterie de Tony, son sens unique de la syncope swing et de son jeu à la fois fin, félin et musclé. Ce qui confère à ces sessions un feeling jam, improvisé, composé de long solo dilués et de brusques éclairs be-bop et afrobeat (cf. « Tony's Blues », on ne se refait pas!) Tapi dans le coin, tel une petite souris, temoin privilégie et passager clandestin, l'auditeur déguste (dans le meilleur sens du terme) pendant plus d'une heure de la grande musique ! Un album à la coule, au groove alangui, à l'image de sa magnifique pochette.
http://tonyallenafrobeat.com/
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https://twitter.com/t_allenafrobeat
mardi 18 février 2020
Lee-Ann Curren : « Shapes, Colors »
Découverte l'été dernier à Rock-en-Seine, l'ex-Betty The Shark peaufine son projet solo avec cet EP inaugural de quatre titres. Le disque s'intitule, en français, couleurs et formes et convient assez bien à cette musique hybride évoluant à cheval entre plusieurs courants. Justement dosé entre électricité (les guitares de « Two », notre préférée, sont assez incisives) et pop électronique (la progressive « Conversations ») l'EP dégage un feeling profond, électro/psychédélique (« White Lies », teinté d'influences eighties) à la mélancolie prégnante, bercé par un rythme aussi lancinant que les vaguelettes d'un océan calme. Cette mélancolie dévastatrice, parfaitement servi par le grain de voix grave et profond de la chanteuse, accroche le cœur de l'auditeur au point de rendre la musique particulièrement attachante. Le blues de la surfeuse restée trop longtemps à terre ?
En concert le 18/03 à Paris (le pop-up du label)
https://fr-fr.facebook.com/LeeAnnCurren/
lundi 17 février 2020
The Mystery Lights + King Biscuit + Rod Hamdallah, Les Nuits de l'Alligator, La Maroquinerie, 16/02/2020
Une guitare, une basse et une batterie, Rod Hamdallah n'a finalement pas besoin de grand-chose pour faire revivre cette flamme, ce frisson rock'n'roll. Mélange habile de blues et de rock garage, un soupçon de soul, le cocktail est classique mais solide ; délivré avec classe et, surtout, de l'énergie à revendre ! Un saxophone invité sur quelques titres et quelques reprises, chipées chez Junior Kimbrough ou dans le répertoire classique de la Nouvelle-Orleans, renforcent l'ancrage blues de la musique. Le set est court mais ô combien vivifiant ! Superbe découverte.
On avait bien aimé le premier album des Normands de King Biscuit, aussi attendait-on la suite avec une curiosité certaine. Et on est au final un peu circonspects devant la déclinaison scénique de la chose. D'abord puisqu'il n'y a plus trace de violon, un instrument qui avait l'avantage d'ouvrir le champ des possibles. Ensuite si la basse jouée au clavier apporte un groove intéressant, le clavier flirte parfois dangereusement avec le kitsch. Le groupe a, par-contre, gardé un impeccable sens du foutraque qui fait des ravages, par intermittence hélas, sur certains titres au groove dévastateur.
Attendus comme le loup blanc, les New-Yorkais de The Mystery Lights sont la première signature du label Wick, la sous-division rock de Daptone Records. De quoi faire saliver tant les roublards de Brooklyn appliquent au rock garage/psyché les mêmes recettes que celles qui ont tant marchés dans le domaine de la soul. Soit un son plus vintage que nature et instruments d'époque garantis. Dans les faits la chose ressemble peu ou prou à ce que propose les Black Lips, énergie punk revigorante et, hélas, même propension à sombrer dans le chaos voire le ridicule (non mais quelle idée de jammer sur « Californication » en plein milieu du set!) Brillants lorsqu'ils sont concentrés sur leur sujet mais un peu trop brouillon par moments, le quintet a brillé par intermittence, dommage.
https://fr-fr.facebook.com/rodhamdallah/
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dimanche 16 février 2020
Boucan : « Déborder »
Porté par une instrumentation originale (contrebasse, guitare ou banjo et trompette), le trio Boucan fait souffler un vent de fraîcheur sur la scène hexagonale aux confins de différents genres musicaux à priori antinomiques. L'album s'appelle « Déborder » et si débordement il y a, c'est bien celui de la créativité du groupe. Jugez plutôt. La contrebasse et la trompette nous ramènent immanquablement au jazz, dont l'ombre plane sur le disque. Mais pas le jazz classique que l'on écoute confortablement installé dans un canapé. Plutôt celui des outsiders, celui des musiciens s'attaquant au genre sans en être des étudiants virtuoses, on pense à Tom Waits ou à Morphine, ce groupe fabuleux des années 1990 disparu trop tôt (cf. « Ca va déborder »). En cela, Boucan est punk (cf. « Ha ha ha »). C'est à dire enthousiaste, plein d'un swing festif n'excluant pas une certaine forme d'engagement. Celui qui donne envie de sauter à pieds joints et de gueuler dans le micro. Faire du boucan à partir d'une instrumentation majoritairement acoustique n'est pas le moindre tour de force de cet album réjouissant ! Sorti l'été dernier, fin août, ce premier album est peut-être déjà le chant du cygne pour le groupe après le décès tragique du trompettiste Piero Pépin au début du mois. Hommage lui soit ici rendu.
https://www.boucan.org/
https://groupeboucan.bandcamp.com/releases
samedi 15 février 2020
Daddy Long Legs : « Lowdown Ways »
Découvert sur scène, aux Nuits de l'Alligator, il y a quelques années, le charme de Daddy Long Legs, un trio qui a pourtant tout pour plaire, n'avait, à l'époque, pas agi sur l'auteur de ces lignes. La donne pourrait cependant changer avec ce nouvel album, le cinquième du trio new-yorkais, tant ce dernier aligne les perles. Fonctionnant sur courant alternatif, le trio est à la fois un groupe de folk/blues ou de rock garage suivant que la guitare soit branchée ou non. Nul besoin d'artifice, seul compte l'engagement des musiciens, total et perceptible, dans le moindre geste, ce qui se révèle assez impressionnant. Ainsi, l'instrumentation est pour le moins réduite, une guitare, une batterie rudimentaire (une grosse caisse, un tome basse, une caisse claire, aucune cymbale) et un chanteur soufflant avec rage dans l'harmonica. Le son circule ainsi suivant des fréquences très basses qui confèrent son caractère, crasseux et bricolé, au disque, entretenant l'illusion d'un album enregistré avec trois bouts de ficelle entre une grange et une cave. Le tout sied à merveille au chant grave et puissant, de gorge et éraillé. Une flaque sonore de boue rurale dans laquelle il fait bon sauter à pieds joints.
https://www.facebook.com/officialdaddylonglegs/
vendredi 14 février 2020
Bernard Adamus + Kelly Finnigan, Les Nuits de l'Alligator, La Maroquinerie, 13/02/2020
Du lourd à La Maroquinerie ! Pour sa quatorzième édition, le festival des Nuits de l'Alligator nous a concocté un plateau au petits oignons, dont ils ont le secret, à la fois éclectique et cohérent couvrant un spectre large allant du folk blues à la soul music, autant de genres qui nous tiennent à cœur…
On commence avec le Québécois Bernard Adamus, grande vedette dans son pays natal, en dix ans de carrière, encore un peu méconnu dans nos contrées. Possédant ce petit grain de folie décalée, typique des artistes québécois, Adamus met son humour ravageur et corrosif (cf. « T'es aussi conne que ta pauvre mère ! ») au service de compositions situées à l'exact croisement du blues, du jazz (cf. la contrebasse), du folk et de la country (cf. le banjo) ; le tout chanté de son timbre de gorge et en français, langage fleuri québécois à la clef, hostie ! Entre deux démonstrations virtuoses sans l'air d'y toucher et sans se prendre au sérieux, Bernard nous emmène en virée au milieu de son obsession habituelle pour l'hiver (le vrai, le québécois!) Une belle découverte saluée par des applaudissements nourris de l'audience, sous le charme du charismatique duo !
Armé de son savoir-faire acquis au fil de collaborations prestigieuses, le CV long comme un jour sans pain (George Clinton, Monophonics), Kelly Finnigan déboule, son premier album en solo sous le bras. Un exercice soul de haute volée, festif et enjoué dans un registre moins dramatique que celui de son ancien boss, le regretté Charles Bradley. Alors que les cuivres roulent des mécaniques et que le groove s'active sous le rythme aux doigts de fées de notre homme Kelly à l'orgue, le public hurle, pète un câble et on en est qu'à la première chanson ! Voilà qui promet ! Le groupe est d'ampleur, deux guitares, basse, batterie, deux cuivres et deux choristes (dont la magnifique Britannique Gizelle Smith, chanteuse des Mighty Mocambos) ; les grands moyens sont de mises pour donner du corps aux compositions classieuses de Finnigan, à sa voix puissante, où se mêlent la joie et les peines donnant matière à exorciser son blues dans la danse. Magnifique !
mercredi 12 février 2020
Magon : « Out in the dark »
Pour son premier album solo, en pause du duo formé avec Charlotte, l'Israélien, résident français de longue date, s'attaque au rock psychédélique par son versant le plus pop. Dans les faits, cela donne un album court, concentré, avec des titres dépassant rarement les trois minutes, comme si Weezer ou les Pixies (cf. « Same House » ; « Third dimensional love ») étaient tombés dans un bain acide (« Landslide » ; « Song for Nimrod » ; « In the streets » ; « In the library »). En l'espèce, Magon réussit un petit tour de force : faire du DIY acharné la force créatrice de sa musique. Car, ici, c'est bien le minimalisme qui fait office de moteur et fait scintiller les mélodies ("Out in the dark"). Ni effets de manche, ni d'artifice de production : chapeau bas aux musiciens ! Que l'on parle de power pop, de punk ou de psychédélisme, l'immense énergie déployée ici prend différentes formes qui servent toutes à merveille le grain de voix éraillé du chanteur. Marier les contraires en un tout cohérent, ce n'est pas le moindre exploit de cet album délectable en tous points.
https://fr-fr.facebook.com/magonmusic/
mardi 11 février 2020
Ceylon : « Où ça en est »
Avec son titre en forme de question, le duo composé de Louise et Tristan (on suppose que c'est eux sur la pochette) nous pose une interrogation fondamentale derrière son aspect tout bête. Où ça en est ? On est en droit de se poser la question et pour un bon petit moment encore alors que l'on part à la découverte de l'univers singulier du duo. D'obédience psychédélique, un genre en vogue dans nos contrées à l'heure actuelle, la musique de Ceylon aime les détours plutôt que les chemins sagement balisés. Inspirée par la musique de film, le duo aime à étirer ses compositions sur la longueur (seulement 6 titres sur ce premier effort) le temps de trouver les fameux détours évoquer plus avant. Et autant d'occasion d'alterner plages contemplatives et planantes (« Où le mal II », formidable) et brusques accélérations (des guitares, de la batterie), les potards flirtant dangereusement, intensément, avec la zone rouge (« Le Cinq » ; "Hamlet Roi") ; il nous semble même entendre un bout de jazz içi (« Où le mal I ») et là (« Le Cinq »). Loin d’éclaircir le mystère, les textes cryptiques, majoritairement en français svp, rajoutent une couche supplémentaire. Et avec ça on en est où mon ami ? Toujours dans la merde très cher, oui, dans la merde, mais avec un super album à écouter !
https://www.facebook.com/ceylonlatranse/
lundi 10 février 2020
Pierre Daven-Keller : « Kino Music »
C'est une catégorie à part, celle des sorciers du son. Collectionneurs invétérés de vinyles et autres instruments d'époque, non pas par snobisme mais bel et bien dans le but de tirer de ces derniers la substantifique moelle de leur inspiration. En nommant son dernier album « Kino Music » (musique de film en allemand), Pierre Daven-Keller nous donne un sérieux indice. Il ne fait nul doute que les racines dudit album se trouvent dans les BO des années 1960 et 1970, celles signées des immenses François de Roubaix, Francis Lai ou Philippe Sarde de ce côté-ci des Alpes ou d'Ennio Morricone, ces dernières une fois traversées (« Cuore Selvaggio ») voire d'Alain Goraguer lorsque ce dernier s'acoquinait, composant les scores de productions à caractère pornographique (cf. « La fiancée de l'atome » hantée par les spectaculaires vocalises d’Héléna Noguerra). Exalant de puissantes effluves latines venues de la bossa-nova (« Intermezzo Retro »), les compositions quasiment toutes instrumentales (les invitées Héléna Noguerra, Claire Tillier, Arielle Dombasle ou Mareva Galanter vocalisent autant qu'elles chantent) brillent d'une évidence mélodique rare, aux arrangements touffus et fouillés, exécutés à la perfection et menés par une basse ronde et puissante toute droit sorti des sixties (« Dakota Jim » manière de BO d'un polar imaginaire) ; le tout entre en résonance avec le travail de Benjamin Schoos ou de Bertrand Burgalat voire avec le rock psychédélique de Forever Pavot. Grand album ni plus ni moins.
dimanche 9 février 2020
Pleasure Principle
C'est une histoire finalement assez classique. Parce qu'il ne s'est jamais complètement retrouvé dans la musique des différents groupes dans lesquels il a été impliqué (Skategang, Marietta, La Secte du Futur, Bryan's Magic Tears), Paul Speedy Ramon a accumulé des heures d'enregistrements nocturnes et solitaires, qui composent l'ossature de ce premier album. Et le résultat est pour le moins intriguant, composé à partir de délires insomniaques (« Dernier homme ») et qui participent de l'ambiance surréaliste de l'album. Enregistré avec les moyens du bord (claviers cheap, boîtes à rythmes rudimentaires et quelques instruments) avec le coup de main de quelques potes (Paula de JC Satan qui pose sa voix sur deux titres), Paul transforme chaque composition en petite merveille hypnotique et lancinante, perdue quelque part entre krautrock et rythmes africains (« The Pleasure Principle », « Venera 16 », « Mariposa »). Tour à tour glacé puis brûlant, l'album, qui n'est pas à un paradoxe près, se retrouve remarquablement cohérent et assez surprenant. Curieux…
Facebooksamedi 8 février 2020
Le Villejuif Underground : « When will the flies in Deauville drop? »
Depuis le temps qu'on les suit, il ne nous était jamais apparu auparavant que Le Villejuif Underground partageait ses initiales (VU) avec un autre underground, de velours celui-ci, devenu culte. Et pourtant à l'écoute du premier album de la bande du Val-de-Marne, le parallèle semble évident, dans le son débrouillard et bordélique mais non dénué de mélodie, avec les aînés new-yorkais à l'époque de « Loaded » (1970). Un rapprochement dans l'esprit avant toute chose tant il est évident que nous ne sommes pas ici en présence d'un énième revival même si l'esprit de débrouille des sixties plane sur cet album. Boîtes à rythmes basiques et synthés cheap viennent ainsi agrémenter les artefacts de tout groupe de garage qui se respecte guitare, basse et batterie. Ainsi, au fil des titres, l'auditeur est emporté par l'étrange beauté hypnotique des compositions du groupe, faîtes de bric et de broc, donnant l'impression que tout cela tient de l'accident heureux, bercé par la voix peu ordinaire du chanteur australien Nathan Roche. Recommandé.
https://www.facebook.com/levillejuifunderground/
mardi 4 février 2020
Dirty Bootz : « Broken Toy »
Lors de la session MTV Unplugged, enregistrée en 1993, Kurt Cobain, leader de Nirvana, reprenait, yeux exorbités, « Where did you sleep last night ? », antique blues de Leadbelly. Le moment avait marqué une génération entière et convaincu l'auteur de ces lignes de partir à la recherche d'un 33 tours de Leadbelly dans la collection de ses parents. Comme quoi le mélange entre blues et grunge n'est pas si antinomique que l'on pourrait le croire de prime abord. Ce détonnant cocktail blues/grunge Geoffrey Aznar (guitare/voix) et Samuel Devauchelle (batterie) la reprennent à leur compte sur le premier album de leur groupe Dirty Bootz (cf. l'intro de « End is a start » qui retrouve les accents de Nirvana). Concrètement, la formule se rapproche de toute la vague blues garage et des duos du début des années 2000, mais, si le groupe franchit un pas supplémentaire dans la rage et la saturation des guitares ("Washing Machine" ; "Burnt my home"), le disque n'est pas exempt de finesse, de feeling, acoustique (« Welcome to the sun » ; « Never say goodbye ») ou ternaire (« Broken toy »). Très réussi !
https://fr-fr.facebook.com/dirty.bootz.mtp/
lundi 3 février 2020
Sunflowers : « Endless Voyage »
Attention danger ! Un objet sonore non identifié s'apprête à atterrir sur vos platines ! Deux ans après « Castle Spell », un album de fort belle facture, le groupe portugais, est de retour et pousse le bouchon encore plus loin. Ce qui semblait déjà impensable à l'époque, les Sunflowers l'ont fait ! Plus électronique, plus expérimental, plus kitsch, plus punk, plus garage et plus psyché ; ce nouvel effort est hors-sol ! Plus de tout, cela en devient tourneboulant, de quoi faire tourner l'auditeur en bourrique. Un titre à lui seul résume l'esprit animant la chose « Defective Machine », la machine est défectueuse, en effet, si l'on aime à caser les groupes par catégories ce qui se révèle totalement impossible en l'espèce. Car, avouons-le, il ne faut pas avoir froid aux yeux, ni aux oreilles, pour s'attaquer à ce genre de disque. Spirales de guitares furieuses, synthés venus d'ailleurs tellement kitschs qu'ils en deviennent touchants, comme autant de petites madeleines de Proust musicales, les Sunflowers soufflent le chaud et le carrément brûlant sur les enceintes. La musique file pleine balle dans un fracas infernal de guitares et claviers, passe du coq à l'âne, coupes abruptes à la clef. Un passionnant grand huit musical, frissons et émotions fortes garanties ! Comme quoi, la création musicale est un voyage sans fin…
https://www.facebook.com/thesunflowersmusic
dimanche 2 février 2020
Johann, Médiathèque Nelson Mandela, Créteil, 02/02/2020
Autre recrue du dispositif Créteil en scène (visant à l'aide à la professionnalisation d'artistes en développement), Johann a également eu droit à son showcase à la médiathèque en cette date palindromique faîte de zéro et de deux (assez rare pour être soulignée). Johann donc, jeune chanteuse, entourée de quatre musiciens évoluant dans un genre hybride entre pop et chanson. Entre rêve (Quentin, le guitariste est visiblement un grand amateur de pédales d'effets) et brusques accents funky et dansants, l'accompagnement musical de l'artiste est tip-top (la jam improvisée en fin de set en fait foi) sans appartenir à un genre musical en particulier. Plutôt un joyeux télescopage festif fait de pop, de rock voire d'électro (cf. les claviers) et de hip-hop (le flot qui parfois emballe le chant) entretenant une étrange dichotomie avec le propos introspectif et émouvant de la chanteuse qui puise dans son vécu et ses émotions la substantifique moelle nourrissant ses textes. Une belle découverte alliant le fond et la forme.
samedi 1 février 2020
The Wash : "Just Enough Pleasure to Remember"
Lorsqu'ils unissent leurs forces en 2017, créant une sorte d'alliance transatlantique, le chanteur/claviériste étasunien David Quattrini et le guitariste Jérôme Plasseraud avaient-ils une idée dernière la tête ? Avec son nom évocateur, The Wash, et la quantité de genres qui constituent leur musique, le duo convoque immédiatement l'image d'une machine à laver, d'un tambour turbinant à toute berzingue dans lequel les genres se télescopent dans un joyeux bordel créatif. Futur casse-tête annoncé pour tous ceux aimant catégoriser la musique en genre et styles, The Wash n'est ni pop, ni folk psychédélique, ni électro/new wave ravivant souvenir énamouré des années 1980, mais un peu tout cela à la fois. Et au milieu de ce fatras surnage l'évidence selon laquelle la guitare mélangée au synthés analogiques fonctionne, du moins en l'espèce, rudement bien (cf. « Holden » ; « Japanese Genius »). ! Mixé, magnifiée même par le légendaire producteur anglais Dave Bascombe (Tears for Fears, « Music for the masses » de Depeche Mode, Suede ou The Verve, c'était déjà lui!) la musique de The Wash, aux effluves déjà bien prononcées, prend encore un relief supplémentaire. Du tube évident, « Natasha », au psychédélisme baroque de « Get on by », en passant par les accents dansants et funky (« Hart », « Caesar »), l'album aligne les temps forts tout en respectant une forme de cohérence et évitant avec brio l'écueil du patchwork sans âme. Ah oui, la pochette est superbe aussi !
En concert à Paris (La Boule Noire) le 25 février.
https://www.facebook.com/wearethewash/
http://thewash.band/music/
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