mardi 26 avril 2022

Pagan Poetry : « The Unseen / L’Autre Rive » (2021)

 


Sa voix s’est envolée pour l’éternité. C’était le 15 février 2020, un lendemain de Saint-Valentin et quelques semaines à peine avant que le monde ne tombe dans l’ubuesque, la chanteuse Nathalie Réaux nous quittait, après un long combat perdu contre la maladie. Comédienne voix-off, musicienne et choriste dans des projets de grande ampleur, tels que Miossec ou Yael Naim par exemple, Nathalie était également à la tête de son projet personnel, Pagan Poetry (d’après une chanson de Björk). Sorti en 2013 et devenu introuvable, l’EP « The Unseen », la seule trace discographique de Pagan Poetry, a été réédité en vinyle en début d’année. Un bien bel et émouvant objet ! Un magma (mot utilisé à dessein) complexe de mélodies, baroque et lyrique, ésotérique et progressif, mystique et psychédélique. Les moyens mis en œuvre impressionnent, une ampleur sonore dont on mesure encore mieux la magnitude sur le support vinyle. Travaillé dans les moindres détails, produit avec un soin maniaque, l’écrin est parfait pour les envolées vocales de la chanteuse, dont la fascination pour la nuit éternelle de l’espace (on retrouve les paroles prononcées par Neil Armstrong lorsqu’il posa le pied sur la lune en 1969 samplées sur le disque) donne le tournis, une impressionnante sensation de vertige, comme une descente le long d’une spirale. Mais peut-être que le véritable trésor se trouve sur la face B, intitulée « L’autre rive », totalement inédite. On y retrouve l’inédit « From the Dusk till Dawn », une version live acoustique de « The Dark Side of The moon » procurant une étonnante forme d’intimité avec la chanteuse dont on a l’impression qu’elle nous susurre directement dans le creux et de l’oreille et, surtout, deux versions françaises, « Des Siècles Encore » et « L’Autre Rive ». La barrière imposée par la langue anglaise tombée, redécouvrir Nathalie dans ce contexte se révèle encore plus bouleversant. Toutes les aiguilles de la nostalgie dans le rouge, cette dernière ne nous a jamais semblé aussi proche. L’EP original de 2013 se terminait avec ce titre « Wonderworld ». Peu importe l’endroit où se trouve dorénavant Nathalie, nous nous plaisons à croire qu’elle finalement trouvé son « Wonderworld », son monde merveilleux.

Concert hommage le 7 mai au Trois Baudets.






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