dimanche 24 février 2013

Tortoise, Festival sons d’hiver, Maison des arts et de la culture, Créteil, 24 février 2013.




Mélangeant les influences, électro, free jazz ou bien encore la musique de film, les chicagoans de Tortoise jetaient, au milieu des années 1990, les bases de ce que l’on appelle aujourd’hui, au gré des modes, le post rock ou le math rock. Et il faut bien comprendre que dans ces dénominations ce sont bien les termes de « post » ou de « math » qui sont les plus importants… Il en résulte une musique complexe, intellectuelle dont le format (10, 20 minutes par titre) déborde très largement de ce qui passe habituellement en radio. Cela peut-être selon les cas passionnant (l’album « TNT » de 1998 est une petite merveille) ou disons le franchement un peu rasoir. La remarque vaut également pour les compositions tantôt mélodiques, tantôt partant dans tous les sens possibles. Tortoise donc est ce soir sur la scène de la maison des arts et de la culture dans le cadre du festival sons d’hiver. Le concert est présenté sous l’égide d’une toute nouvelle association transatlantique, The Bridge, visant à favoriser les échanges entre musiciens français et étasuniens. La formation est donc complétée ce soir par des musiciens français invités, soit une petite dizaine de personnes installées sur scène dans une disposition rectangulaire : cuivres, deux batteries, autant de guitares, basse, piano et manipulations sonores diverses sont au programme de cette création totalement originale. Dernière précision avant d’entrer dans le vif du sujet, Tortoise, mené par le sorcier du son John McEntire, est un groupe exclusivement instrumental. Les débats commencent dans la confusion, chacun donnant l’impression de ferrailler dans son coin sans grande cohérence puis, après quelques minutes de maelström, le miracle survint et d’un coût l’ensemble prend toute sa logique. La musique est très fouillée et le moindre petit feulement de guitare à son importance. Le groupe part en général d’un gimmick de basse ou de guitare efficace puis extrapole ensuite autour pendant de longues minutes chacun y allant de son petit solo. Ruptures brutales, changements d’ambiances, de rythmes, instruments devenant d’un coup muet pour laisser plus d’espace aux autres… Les possibilités sont multiples et infinies. On passe ainsi du jazz à l’électro dans une sorte de déconstruction étudiée pour mieux reconstruire ensuite. Parfois déroutant et imprévisible, le résultat n’en est pas moins poignant. Et pourquoi me direz-vous ? Parce que c’est le jazz reste la clef ouvrant toutes les portes…

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