A la fois solaire et intense, c’est seul sur une chaise et armé de sa guitare que Théo Charaf se présente sur scène. Paradoxal pour un artiste à l’univers assez sombre mettant son malaise en chanson (cf. « Vampire »), triturant sa voix pour en faire ressortir de vibrantes émotions caressant délicatement et avec feeling ses cordes. Une force se dégage du musicien qui impose le silence parmi le public, c’est assez impressionnant, totalement hypnotisé par la performance hiératique. Comme sur son remarquable premier album solo, c’est en toute fin de set que l’électricité fait son apparition, très certainement une porte ouverte pour le futur. C’est dans ce genre de moment que l’on réalise à quel point l’expérience du concert nous avait manqué. Ainsi, il est difficile de contredire Théo lorsque ce dernier affirme, avec force et justesse : « Aux chiottes les streams » !
Théo Charaf nous avait prévenus en quittant la scène, « vous n’êtes absolument pas prêts pour ce qui va se passer » et encore il était en-dessous de la vérité. Le Louisianais Jerron Paxton, relativement méconnu, est la grande révélation de la soirée ! Seul sur scène, mais multi-instrumentiste surdoué (guitare, banjo, piano, harmonica, violon) Jarron Paxton assure tout à lui tout seul ! Il lui suffit de souffler dans son harmonica pour simuler le passage d’un train et faire voyager le spectateur à travers le sud des Etats-Unis. Voix soulful, chaque geste, chaque note jouée par le musicien est empreint d’un énorme feeling et d’une musicalité sans pareille, entre folk, blues et country. A découvrir absolument !
Enfin, au regard de tout ce qui a précédé sur scène, la présence du duo Left Lane Cruiser a quelque chose de quelque peu décalée. Apparu au début des années 2000 dans la foulée des duos aux patronymes noirs (Black Keys) ou blancs (The White Stripes) prétendant remettre le blues au goût du jour sous couvert de rock garage, Left Lane Cruiser a inversé la problématique mettant la note bleue au cœur de ses préoccupations. On en veut pour preuve le fait que le duo débute son set en reprenant R.L Burnside mais aussi que le batteur, debout derrière un kit minimaliste, soit également équipé d’un frottoir. Déglingué, cradingue, fort en notes saturées, Left Lane Cruiser reprends avec brio l’esthétique du label Fat Possum et, plus généralement, du Hill Country Blues. Aussi excellent soit-il, on peine un peu à rentrer dans l’univers du duo tout penaud que nous sommes après les chocs musicaux précédents.
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