Tirant son nom d'un
classique du cinéma d'épouvante espagnol (Ceremonia Sangrienta,
1972) Blood Ceremony fête son dixième anniversaire avec ce
quatrième effort. Comme bien des signatures du catalogue Rise Above
(Electric Wizard, Uncle Acid and the Dead Beats), le combo Canadien
n'est pas sans rappeler un certain age d'or du métal « occulte »,
pré-gothique, genre dont la tête de pont serait l'indépassable
Black Sabbath. C'est donc avec un certain panache que le groupe prend
plaisir à tricoter des riffs énormes et millésimés. Les guitares
sont en effet bien grasses et semblent comme tombées dans une faille
temporelle (« The Devil's widow », « The Rogue's
lot »), coincées quelque part en 1971. C'est convenu, on a
déjà entendu ça mille fois, mais cette petite démangeaison rock
n'roll n'en reste pas moins très plaisante, surtout lorsqu'elle
exécutée avec une telle maestria (« Old Fires »). Blood
Ceremony se distingue néanmoins de ses confrères en diversifiant
ses sources d'inspiration, dégainant à l'occasion une flûte,
sortie d'on ne sait où, instrument incongru s'il en est et
relativement inédit dans le rock depuis les illustres Jethro Tull.
Adepte par ailleurs des formats longs (neuf titres seulement) et des
motifs répétitifs, Blood Ceremony n'est pas sans rappeler le rock
progressif et vire psyché (« Half moon street », « The
weird of Finistere »), au point de ressusciter Jefferson
Airplane, lorsque le guitariste Sean Kennedy débranche son
instrument pour privilégier l'acoustique (« Loreley »).
Placée en fin de programme la comptine pop 60's, deux minutes dignes
des Beatles, « Flower Phantoms » fait figure d'exception
prenant l'exact contre-pied de tout ce que l'on a décrit
auparavant ; comme une preuve ultime du savoir faire du groupe
et de la diversité de son inspiration. Reprenant les codes et la
durée d'un vinyle d'époque (45 minutes), voici un album propre à
satisfaire toutes les nostalgies. Conseillé.
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