(Re)découvrez la vie et la musique du pianiste jazzman Michel Petrucciani le temps de cet excellent documentaire. Disponible en dvd.
mercredi 29 février 2012
Michel Petrucciani
(Re)découvrez la vie et la musique du pianiste jazzman Michel Petrucciani le temps de cet excellent documentaire. Disponible en dvd.
The Artist
Je n’ai pas pu me priver de ce petit plaisir coupable, celui
d’évoquer le temps de ce billet le film « The Artist » l’un de mes
coups de cœur de l’année cinématographique. Ce film m’a beaucoup touché et
voici pourquoi.
A moins d’être sourd, muet et aveugle il est impossible
d’avoir échappé à la tornade médiatique qui s’est développée autour du film de
Michel Hazanavicius, The Artist, ces derniers jours. Parmi la kyrielle de
récompenses obtenues par le film au quatre coins du globe il en est une qui me
semble particulièrement pertinente et sur laquelle j’aimerais revenir, l’Oscar
de la meilleure musique remportée par le compositeur Ludovic Bource. Car pour
une fois, l’Académie a eu le bon goût de récompenser un projet particulièrement
musical. Cela n’aura échappé à personne, The Artist est un film muet.
Conséquence directe, il y a beaucoup plus de musique dans ce film que dans une
production parlante « classique ». Le score n’est pas uniquement
présent dans le fond pour souligner l’intensité dramatique ou les scènes
d’actions comme une sorte de fond sonore. Non, la partition de Ludovic Bource,
fait partie intégrante de film et de son scénario et est présente quasiment du
début à la fin. En outre la musique fait partie des astuces, au même titre que
les cartons, dénichées par Michel Hazanavicius pour compenser l’absence de
dialogues. De plus cet Oscar vient récompenser un travail fait à l’ancienne,
avec grand orchestre, celui philharmonique de Flandres à Bruxelles, de 80
musiciens et puisant sa source dans la musique classique et le jazz swing.
Hélas, hélas, hélas, de la grande bande originale au grand disque il y a
parfois une marche considérable. Ce qui fait la force de The Artist, le film
est aussi ce qui tue The Artist, le disque comme un couteau à double tranchant.
Comme on l’a évoqué plus haut, la musique est présente quasiment du début à la
fin, autre conséquence, malheureuse pour le coup, les thèmes, aussi excellents
soient-ils par ailleurs (notamment « George Valentin » plein de swing),
sont longs, très longs voir trop longs. On sent parfois une pointe de lassitude
poindre le bout du nez. The Artist, tombe alors dans le travers classique des
bandes originales de film qui perdent de leur impact dès lors qu’elles sont
écoutées sans les images qu’elles sont supposées soutenir. Même si en l’espèce
The Artist tient largement la route. Mais quoi qu’il en soit que tout cela ne
vous empêche pas de (re)découvrir ce petit bijou lors de sa
(troisième !!!!) ressortie en salles ce mercredi.
lundi 27 février 2012
Candy Flesh, Les Combustibles, 25 février 2012.
Il n’y a pas à dire mais une bonne petite explosion de rock
n’roll, il n’y a rien de mieux pour égayer un week end. Et en matière
d’explosion on a été plutôt bien servis en ce samedi soir avec Candy Flesh sur
la scène des Combustibles, sympathique bar/salle de concert/restaurant situé à
côté de la gare de Lyon. Candy Flesh donc nous avait laissé sur une excellente
impression avec son premier album « Psychotic tales » (chronique
ici), habile mélange entre rock garage et grunge. L’impression se confirme donc
en live où les frontières entre styles et époques s’effacent au profit de
l’énergie. Le socle rythmique (Goul à la basse et Laurent Léonard à la
batterie) est solide et donne l’assise au guitariste dandy Stéphane Dalle pour
parsemer son gros son d’un swing salutaire. Il ne s’agit pas seulement de faire
du bruit, il faut le faire avec classe. Quant à la chanteuse Clara Dalle, c’est
une petite riot girl en puissance qui chante, qui crie et fait le spectacle en montant
sur l’ampli de basse. Un petit regret toutefois, sa voix n’est pas toujours
bien mise en valeur et est parfois noyée dans le déluge de décibels. En tout
cas, la formule a plutôt bien marchée auprès du public à tel point que Stéphane
le guitariste a joué le dernier titre depuis la fosse au milieu du public en
faisant face aux autres membres du groupe restés sur scène. Le public était
tellement chaud, qu’il a refusé de les laisser partir et à exigé d’eux un
rappel alors que rien n’avait été répété. Pas grave il en faut plus pour
arrêter les Candy Flesh qui se sont alors lancé dans un long titre hypnotique
et psychédélique en hommage à Jim Morrisson, dévoilant là une autre facette de
leur talent. Le groupe a fini à genoux, la tête baissée vers le sol au bout
d’une longue dérive psyché noisy. Fort !!!
Kitty, Daisy and Lewis + Lindi Ortega + Possessed by Paul James, La Maroquinerie, 24 février 2012.
Possessed by Paul James |
Pour cette dernière soirée des nuits de L’Alligator on
commence par le Texan Possessed by Paul James qui se produit en solo alternant
entre guitare, banjo et violon. Six titres, deux à chaque instruments,
fortement teintés de country. Un peu court pour se faire une idée, surtout si
on ne connaît pas le répertoire au préalable, mais pas désagréable car joué
avec conviction. Un beau succès en tout cas auprès du public et une première
partie assez dépaysante.
Lindi Ortega |
Vint ensuite un gros coup de cœur pour la toute mimi Lindi
Ortega. Une jeune artiste canadienne originaire de Toronto qui, mine de rien,
enregistre depuis 2001 dans un relatif anonymat. En tout cas son répertoire
entre folk, country et rock n’roll possède un charme fou et met en valeur ses
grandes capacités vocales. Beaucoup d’humour aussi sur scène. Et une méthode de
vente imparable pour écouler des cds à la fin du set : offrir un
« free hug » à chaque cd acheté.
Kitty Daisy and Lewis |
On termine par le groupe familial britannique Kitty, Daisy
and Lewis dans lequel on avait placé beaucoup d’espoirs un peu déçus par un
deuxième album pas mauvais mais surproduit et beaucoup moins roots que leur
premier effort. En tout cas sur scène Kitty Daisy and Lewis restent un groupe
rockabilly féroce et plein de swing. La fratrie s’échange régulièrement les
instruments et chacun passe à son tour derrière la batterie et/ou le piano et
le micro Lewis et Daisy se chargeant des guitares à tour de rôle. Daisy
soufflant également dans l’harmonica alors que Kitty préfère jouer du piano
comme s’il s’agissait d’un djembé. Sur scène ils sont également encadré par
leurs parents, le père assure la rythmique à la guitare folk, la maman jouant
pour sa part de la contrebasse. Ils ont également un invité spécial en la
personne du Jamaïcain Tah Tah venu jouer de la trompette sur quatre titres
apportant un note exotique. Le répertoire oscille entre country et rockabilly
même si on peut déceler ça et là quelques tentatives plus funky mais jouer à
l’ancienne. Un concert remarquable en forme d’explosion de joie.
Libellés :
Kitty Daisy and Lewis,
Lindi Ortega,
Possessed by Paul James
dimanche 26 février 2012
Portrait Black Minou
C’est un Yarol Poupaud, souriant et détendu que l’on a retrouvé une fin d’après-midi pour évoquer ses nombreux projets…
Les trois frères Poupaud Black Minou |
Depuis la fin de F.F.F. dont il fût le guitariste, Yarol Poupaud s’est démené tant sur scène qu’en studio pour faire vivre une scène rock en France. Même si il est loin d’être le seul, son nom a été associé à des dizaines de projets ces dernières années comme musicien au sein d’Heartbreak Hotel (avec le regretté Nikola Acin) ou dans le duo blues The Hub ou comme producteur, pour Bad Mama Dog, les Parisians (publiés sur son propre label Bonus Tracks Records) et plus récemment avec Hooka Hey et Marshmallow. Un emploi du temps bien rempli que le principal intéressé nous conte par le menu entre deux gorgées de thé, « en ce moment on termine la tournée avec Winston McAnuff (il officie en temps que bassiste et guitariste au sein du Bazbaz Orchestra qui accompagne Winston). Aujourd’hui, je suis allé tester le matos pour la future tournée avec Johnny Hallyday et maintenant j’assure la promo de mon nouveau groupe Black Minou » qui est son premier projet vraiment personnel depuis longtemps. Après ces longues séances de studio, Yarol a éprouvé le besoin de revenir sur scène car comme il le dit lui-même : « Ce n’est pas avec un concert par mois que j’ai ma dose. Et puis je suis plus à ma place sur scène avec ma guitare qu’en studio ». Pour se faire Yarol a rameuté ses deux frères Melvil à la basse et César à la guitare, le groupe étant complété par le batteur Thibault Lecoq et le guitariste Aurélien Turbant : « Avec Melvil on fait de la musique ensemble depuis toujours. Il y a eu Mud dans les années 90 et on a fait son album solo au début des années 2000 ». Dans les faits, environ une dizaine de musiciens gravitent dans la sphère Black Minou (notamment l’ancien As Dragon Fred Jimenez ou les membres de Gush) : « Moi je suis là tout le temps, après on fait en fonction des disponibilités de chacun. Melvil tourne beaucoup de films et César va bientôt être papa ». Il n’empêche, trois guitaristes pour un seul groupe ça fait quand même beaucoup : « Moi j’ai fait beaucoup de trio, d’avoir d’autres guitaristes avec moi, ça me soulage, surtout quand je dois chanter. J’aime bien cette formule. En général les deux autres guitares font la même chose, ils assurent la rythmique ». Le projet Black Minou est né sur scène, plus précisément au Lautrec, ce petit café/bar de Pigalle doté d’une mini salle de concert dans sa cave. C’est là que la bande a pris l’habitude de jouer tous les jeudis soir, en prenant soin de renouveler régulièrement son répertoire : « Toutes les semaines je rajoutait de nouvelles chansons, d’abord des reprises puis des compos personnelles. Les gens qui venaient nous voir étaient souvent des connaisseurs, c’est devenu un jeu entre le groupe et le public pour deviner les titres. Le but ce n’était pas de refaire encore une fois « Satisfaction », je suis allé chercher des choses plus obscures ». Le premier ep de Black Minou est composé de quatre titres mélange savant de grosses guitares et de rythmiques funky. Une recette qui rappelle les groupes garages américains ce que confirme Yarol : « J’aime bien faire danser les gens, et puis tant qu’à mettre de la batterie, autant qu’il y ait du groove » affirme-t-il comme si il s’agissait là de l’évidence même (évidence pourtant loin d'être partagée par tous, ndlr). L’ep de Black Minou est prévu pour une sortie en vinyle et en digital : « Faire un cd pour un ep de quatre titres ne sert à rien. Quitte à sortir un disque qui ne se vendra pas autant faire un bel objet en vinyle. Et puis cela colle bien avec le côté back to the basics du projet ». L’aventure Black Minou devrait se prolonger avec un album même si rien ne semble être calé pour le moment. Finalement au cours de sa carrière Yarol aura tout connu, les scènes immenses et les majors du temps de FFF ; les concerts en bars et le label indé maintenant : « La différence c’est quand tu joue sur une petite scène tu ne peux pas trop faire le show par manque de place. Mais j’aime jouer dans les bars pour la proximité avec le public. 50 personnes au Lautrec et la salle est blindée. Jouer devant 100 personnes dans une salle qui peut en contenir le triple c’est déprimant ». Quand on lui rappelle qu’il faut quand même un sacré amour de la musique pour ça, Yarol tombe des nues : « Bah oui, on ne fait pas ça pour le blé quand même ». Dans le même ordre d’idée, Yarol ne comprends pas ces musiciens qui rechignent à reprendre le chemin des bars après avoir goûté aux grandes scènes : « La musique c’est mon métier, moi je prends ce qu’on me donne». Parmi les autres activités de Yarol on pourrait également citer The Dharma Project : « Un groupe de hard rock avec trois guitares que l’on a fondé avec Philippe Manœuvre pour jouer au bol d’or. On a fait deux fois le bol d’or, les ambiances de motards cela m’éclate ! » et puis il y a aussi la tournée avec Johnny Hallyday qui se profile à l’horizon et pour laquelle Yarol assure la direction musicale « J’en suis très content » affirme-t-il. Les amateurs de blues seront heureux d’apprendre que l’excellent harmoniciste Greg Zlap sera aussi de la partie. Seule ombre au tableau le label Bonus Tracks Records dont l’activité semble être mise entre parenthèses. Le guitariste s’emporte un peu et griffonne nerveusement sur un papier : « Moi j’ai d’autres choses à faire qu’à remplir des formulaires pour obtenir des aides. Ca c’est un truc de bureaucrates. J’ai préféré arrêter avant que l’administratif me coupe complètement du côté créatif. En fait on voudrait embaucher quelqu’un pour gérer l’administration du label mais on n’a pas les moyens de le payer. On avait plusieurs albums de prévus que l’on a finalement pas fait ». Espérons toutefois que cet arrêt ne sera que provisoire tant les réussites de Bonus Tracks Records on été nombreuses ces dernières années (du moins sur le plan musical). Car comme Yarol le dit lui-même « après la tournée avec Johnny, j’aurais très certainement envie de refaire du studio ».
Propos recueillis le 21 février 2012.
En concert le 15 mars à la boule noire.
Libellés :
Black Minou,
Interview,
Portrait
vendredi 24 février 2012
Pamela Hute : « Bandit EP »
En attendant son deuxième effort, Pamela Hute nous offre en
guise d’apéritif un tout nouvel EP, « Bandit », composé de cinq
titres. Ces nouvelles compositions, dans la droite lignée de son premier album,
nous dévoilent une compositrice dont l’inspiration ne tarit pas. On retrouve
donc ce mélange fait de guitares vintages et de synthés. Ces nouvelles chansons
vont de la pop un peu typée 80s « The radio » voire new wave
« Mad Words » avec des contrepoints rocks à haute teneur en guitares,
« Vectorial Boy » qui rappelle le « My dear » des premières
années. « Just like this » avec son intro au piano dévoile une
facette plus mélancolique et forcément très attachante. Une nouvelle mini
livraison qui passe trop vite, vivement la suite…
jeudi 23 février 2012
Boulbar : « Motor Hotel »
Voici le genre de disque qui en général fait le bonheur du
chroniqueur tout simplement par ce que le projet à une histoire. En septembre
2010, Bertrand Boulbar embarque seul pour les Etats-Unis avec sa guitare sous
le parrainage d’une vénérable marque d’appareils photos. C’est le début d’un
périple de plus de 8000 kilomètres entre New York City et San Francisco au
volant d’une voiture de location. En route Bertrand prend des photos mais aussi
compose et enregistre son nouvel album (qui sera toutefois finalisé lors de son
retour en France) dans des chambres de motels. Un peu dans les pas de Robert
Johnson. Au final il y a ce disque où se mêlent influences venues du blues, de la country et du folk mais aussi de la pop
indé. Indéniablement un album fait d’ambiances désertiques, de route et de
poussière composé de petites vignettes comme autant d’histoires, de destins
souvent brisés. L’Amérique décrite ici est bien loin du luxe et de l’opulence
de Beverly Hills ou de Manhattan. Il y est plus question de motels miteux et de
survie à la va comme je te pousse. Et puis il y a la voix de Boulbar qui a
trouvé dans cette expérience l’inspiration pour conter ses histoires à la manière
d’un Tom Waits français (car le disque est enregistré dans la langue de
Molière). Après la BD/disque « Requiem pour un champion » (chronique ici), Bertrand Boulbar poursuit une œuvre ou se mélange images et musiques.
Plus qu’un album, un véritable compagnon de voyage.
Sortie le 27 février. En concert le 8 mars 2012 au trois
baudets.
NB : En concert Bertrand Boulbar sera accompagné du
dessinateur Vincent Gravé (son binôme de « Requiem pour un champion ») pour une performance mélangeant musique live, dessins, peinture,
photos, vidéos… Vincent Gravé illustrant en direct les chansons de Bertrand
Boulbar.
mercredi 22 février 2012
Cool Soul 2
Après une première édition très réussie (live report ici) la deuxième édition du Cool Soul Festival se tiendra à la flèche d'or le 4 avril prochain avec The Dustaphonics, Wraygunn et Barrence Whitfield and the savages.
Jeu concours Ginkgoa
Ginkgoa sera sur la scène du divan du monde le 7 mars prochain. A cette occasion Caravelle et My head is a jukebox ont le plaisir de vous faire gagner 3 invitations pour deux personnes. Pour participer rien de plus simple envoyez un email à l'adresse suivante myheadisajukebox@gmail.com en précisant dans l'objet concours Ginkgoa avant le dimanche 4 mars. Les gagnants seront tirés au sort.
dimanche 19 février 2012
Archie Shepp et Joachim Kühn + Defunkt Millenium feat. Joe Bowie, Maison des Arts de Créteil, festival sons d’hiver, 18 février 2012.
Nouvelle édition du festival sons d’hiver et nouvelle soirée de prestige dans le cadre de la belle salle de la maisons de arts de Créteil.
On commence avec un duo de légende, à savoir le saxophoniste
Archie Shepp, un pilier de la scène free jazz et qui a joué entre autre avec
John Coltrane accompagné du pianiste Joachim Kühn. Pour cette nouvelle visite à
sons d’hiver, Archie Shepp a donc choisi une formule simple où l’intimité
domine, comme pour mieux faire résonner son saxophone solitaire dans la nuit
francilienne. De fait le concert prend des allures de récital où tout un chacun
écoute la musique religieusement. Il est question ici de musicalité et d’un
dialogue touchant entre les deux virtuoses. Le pianiste Joachim Kühn aux doigts
habiles alternent les changements de rythmes, poussant des accélérations folles
allant jusqu’à frapper le clavier avant de ralentir considérablement le rythme
alors que hurle la douleur du saxophone. Chaque composition est minutieusement
fouillée dans les moindres recoins, ce qui donne lieu à de nombreux soli de
chacun des deux intervenants. Malheureusement la prestation fut un peu gâchée
par de petits soucis techniques et de fort malencontreuses saturations dès que
Künh frappe son clavier un peu trop fort. Si la musicalité de la chose fût en
tout point absolument passionnante, la prestation du duo a parfois manqué d’un
peu de piquant. Un batteur aurait probablement été trop intrusif et aurait
modifié la nature profonde du projet en brisant son intimité. Cependant une
contrebasse aurait été la bienvenue et aurait apporté surtout du liant entre
les deux intervenants. Une prestation remarquable malgré tout. On n’en
attendait pas moins vu le CV des deux musiciens.
Joe Bowie, accompagné de son projet Defunkt Millenium a
apporté un contrepoint après cette délicate première partie. On avait déjà pu
admirer les talents de tromboniste sur la scène de la maison des arts à
l’époque où il accompagnait Anthony Joseph. Il revient maintenant à la tête de
son propre groupe, Defunkt, formation qu’il a crée au début des années 80
mélangeant funk, jazz et free jazz. Une prestation très rythmée donc, dansante
même où se mélangent différentes sortes de jazz, parfois classiquement
« swing » et parfois très free. Un peu à l’image de l’organiste qui
alterne entre hammond B3 (on adore) et synthé 80s (là on adore beaucoup moins).
Pour le reste un bon duo de souffleurs, saxophone et trombone et une section
rythmique (batterie et basse électrique) qui va le pied au plancher. Le batteur
est excellent mais me paraît tout de même un peu raide, crispé derrière son
kit, probablement un effet collatéral du tempo parfois délirant du groupe. Le
groupe aura néanmoins réussi à faire danser quelques grappes de spectateurs
réunis dans les coins de la scène, pas forcément évident, vu la configuration
de la salle, sans fosse, qui ressemble plus à un théâtre. C’est donc sur cette
note festive que c’est terminée cette nouvelle édition du festival.
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Archie Shepp,
Defunkt,
Festival sons d'hiver,
Joachim Künh
samedi 18 février 2012
Black Minou
Attention, ça va chauffer ! 15 ans après Mud, les frères
Poupaud (Melvil à la basse, Yarol et César aux guitares) sont de retour unis
comme au premier jour sous la bannière Black Minou (avec en musiciens
additionnels Thibault Lecoq à la batterie et Aurélien Turbant à la troisième
guitare). Black Minou, c’est un groupe comme on en rêve tous les jours, une
formation qui plaque son groove sur un mur de guitares sales et hurlantes.
Comme un bon vieux garage band étasunien. Black Minou fait du bruit, « Boogie
with you », du funk « Bad Habit », du blues, de la soul, du rock
n’roll en prenant toujours ses racines dans les années 60 et 70, et en plaçant
le plaisir de jouer au dessus de tout. Ces quatre titres passent bien trop
vite, vivement un album…
Sortie le 15 mars en digital et en vinyle. En concert le 15
mars à la boule noire.
Interview ALB
C’est un ALB (Clément de son vrai prénom) complètement
surbooké et en instance de départ pour une tournée en Chine qui a débarqué, son
petit carton de pâtes sous le bras, pendant la pause déjeuner. Entre deux
bouchées, Clément a trouvé le temps de répondre à quelques questions et
d’évoquer la bouillonnante scène de Reims dont il est originaire…
Comment as-tu commencé la musique ?
Alb : J’ai commencé la musique assez tard dans ma
chambre d’internat. A 17/18 ans, j’ai récupéré une guitare de ma Tata. Une
guitare d’Eglise. Une vieille guitare acoustique qu’elle utilisait quand elle
était jeune pour accompagner à l’Eglise.
Une guitare d’Eglise ?
Alb : Oui une vieille guitare qui avait plus habituée à
jouer les « Jesus reviens » que du Nirvana. Mais je l’ai détournée
assez vite (sourire). J’ai appris à faire de la musique tout seul dans ma
chambre d’internat. La première fois que j’étais interne, j’avais beaucoup de
temps tout seul. J’ai commencé à ne faire que ça. A jouer par-dessus ce qui passait
à la radio. A l’époque NRJ c’était plus Weezer et Nirvana. C’était une autre
époque… Jouer de la guitare par-dessus les Black Eyed Peas, c’est un peu plus
compliqué (sourire)…
Ton nom, Alb, vient d’où ?
Alb : C’est un
peu compliqué. C’est parti d’une erreur. J’ai sorti un premier maxi en
2002/2003 sur le label indépendant d’un ami. Je n’avais pas vraiment de projet
bien défini, juste quelques chansons. La veille de sortir le disque, je me suis
fait une nuit brainstorming à chercher des mots dans le dictionnaire. Je
voulais que le nom commence par un A en ayant qu’une seule syllabe. J’ai
répertorié tous les mots. Et parmi ma
liste il y avait Aube, je me suis dit c’est super pour moi qui passe mes nuits
à bosser dans mon studio. Je vois souvent l’aube quand je vais me coucher,
c’est poétique, c’est joli… Et puis deux jours après je me suis dit que c’était
complètement con, l’aube de quoi ? C’est devenu l’aube du prêtre (alba en
latin, ndlr). Puis c’est resté.
Pourquoi A ?
Alb : Une forme de mystique, que le nom commence par la
première lettre de l’alphabet. Une syllabe c’était dans un souci de simplicité,
que ce soit facile à retenir.
L’aube du prêtre, la guitare d’Eglise, il y a une forme de
continuité…
Alb : Oui il y a aussi « I beg for a
summer », je prie pour un été (rires)… Il y a quelque chose d’assez
ecclésiastique dans tout ça. Je vais peut-être finir par jouer en aube sur
scène (rires)… Mais Justice m’a piqué le logo (rires) !
Quand j’ai écouté l’ep (chronique ici), j’ai été surpris par sa richesse.
Toujours dans une veine pop, mais j’ai eu grosso modo, l’impression d’un disque
qui allait des années 60 aux années 80. Quelles sont tes influences ?
Alb : En termes de références, c’est à peu près ça. J’ai
deux marottes, les sonorités électroniques du début des années 80 et tout ce
qui est guitare, sixties, batteries un peu pop etc... Quand je parle des années
80 ce n’est pas la new wave ou Depeche Mode, mais plutôt les sonorités un peu
chaudes, synthétiques, que l’on retrouve dans la pop ou les génériques de dessins
animés. C’est un mélange entre ces deux directions. Parfois la balance va plus
d’un côté que de l’autre mais c’est toujours un mélange des deux. Sur l’album
il y aura des titres beaucoup plus électroniques et plus sombres et quelques
chansons qui resteront très pop sixties.
Il y a aussi des petits bruitages comme sur « Golden
chains » qui font penser à des musiques de jeux vidéo…
Alb : C’est complètement ça. Ca vient de la nintendo.
En fait, je collectionne les consoles de jeux vidéo. C’est un autre délire dans
la continuité des dessins animés des années 80, le côté madeleine de Proust de
l’enfance. Toutes les sonorités électroniques que j’utilise ne viennent pas de
la new wave, c’est plus quelque chose de l’ordre de mon vécu personnel. C’est
plus les sonorités qui me rappellent mon enfance qu’un truc cool des années 80
catchy pop. Mon premier album était classé dans l’électro, on me dit souvent
que je fais de la musique électronique mais moi je n’ai pas du tout cette
impression là. Je fais des chansons que ce soit avec des synthés ou avec ma
guitare, quoi qu’il se passe, pour moi ça reste des chansons. Dans les années
80, on ne se posait pas trop ce genre de questions. Il y a eu cette grosse
vague de synthés qui est arrivée et on ne se disait pas que c’était de
l’électro, ça restait de la pop, l’électro ça n’existait pas... Les sonorités
de console que j’utilise, c’est dans cet état d’esprit.
Et comment tu fais ?
Alb : Je modifie les consoles, j’ai des cartouches un
peu spéciales, que j’ai commandé à un chinois, qui me permettent de les piloter
en midi et de faire ressortir les sons sur un clavier. J’ai bricolé de nouvelles
sorties audio pour les planter directement à l’intérieur sur les circuits. En
fait je me sers de la nintendo comme d’un synthétiseur. Et je fais pareil avec
mon commodore 64 ou ma vieille dictée magique (rires)… Je bricole pas mal
aussi. Ca s’appelle du « circuit bending », de modifier les vieux
jeux.
Ca fait un peu geek…
Alb : Un petit peu. Mais j’assume complètement !
Et musicalement, tu n’as pas eu peur que ça fasse un peu cheap, cheesy ou kitsch ?
Alb : Non, honnêtement je ne me pose pas trop la
question. Ca fait partie de moi. Certains vont trouver ça touchant et ça va
leur rappeler des souvenirs, d’autres vont trouver ça cheap et cheesy… Ca fait
partie de mon univers, j’avais envie de le mettre. C’est conscient en tout cas.
Je ne vais pas m’empêcher, comme c’est le cas dans un de mes nouveaux morceaux,
de mettre à la fin un petit solo de flûte d’écolier à la fin par ce que moi ça
me fait quelque chose. Même si on va me dire, toi avec tes flûtes… Bah non, moi
j’ai envie !
Quand les Beatles enregistraient dans les années 60, ils ne
se posaient pas plus de questions que ça non plus…
Alb : Ouais, c’est ça. Mais il n’y avait pas la
nintendo !
Comment c’est passé la rencontre avec The Shoes ?
Alb : Ca c’est passé tout simplement. Je dois manger
avec Guillaume environ trois fois par semaine dans notre boui boui local (à
Reims, ndlr). On se connaît depuis des années, il habite à 100 mètres de chez
moi, on fait de la musique régulièrement ensemble, on se croise dans des
projets divers et variés… Ce n’est pas comme si on m’avait appelé pour me
proposer de faire un featuring. Je bossais avec eux en studio sur quelque chose
de radicalement différent et on a déliré et ça a donné un morceau, comme ça
arrive régulièrement entre nous. Comme je peux faire des morceaux avec Pierre
(Yuksek), avec qui je partage mon studio… Ce n’est pas une rencontre marketing
du tout. C’est un morceau fait avec les copains. On fait vraiment partie de la
même bande de potes. Tout ça se décide autour d’un barbecue…
La production de l’EP est très soignée sans être aseptisée.
Est-ce que tu es maniaque en studio ?
Alb : Je suis maniaque tout court en règle générale et je
pense que cela transparaît dans ma musique. Je suis assez ordonné et carré. Ca
se sent dans mes arrangements qui sont très précis. Mais c’est quelque chose
que j’essaye de combattre, c’est aussi un inconvénient parfois d’avoir tendance
à trop chercher la perfection. On se perd en route, on perd la fraîcheur de la
première maquette. C’est un juste équilibre à trouver. Là sur l’EP il y a des
morceaux qui ont deux ou trois ans et que j’ai réenregistré plusieurs fois
depuis sans jamais être satisfait. Et finalement les versions qui me plaisent
le plus, en termes d’émotions et de sensations, sont celles qui se rapprochent
le plus des premières maquettes. C’est presque une quête pour retrouver la
fraîcheur du premier jet mais bien arrangé. En général, le premier jet, les
paroles ne sont pas finies, la guitare n’est pas jouée correctement etc… Donc
il y a cette fraîcheur que l’on veut retrouver mais le son doit être terminé,
arrangé, bon je suis assez maniaque. L’idéal c’est un son léché mais frais
comme au premier jour.
Tu as ton propre studio pour procéder de la sorte ?
Alb : Oui mais c’est à double tranchant. L’avantage
c’est que je ne suis jamais dans l’urgence, enfin si par ce que je suis dans
plein de projets différents et j’ai un emploi du temps de taré. Mais pour mon
projet personnel j’ai toujours le temps. Je suis chez moi, si je veux passer
deux jours à peaufiner une idée, ce n’est pas un problème. Il n’y a pas un mec
derrière pour me dire : « Coco, c’est 500 euros la journée, il va
falloir que tu te dépêche un peu ». L’inconvénient, c’est que tu peux
facilement te perdre dans les méandres du studio et y passer des jours et des
nuits et ne finir qu’un seul morceau en un mois. Enfin j’exagère, cela n’a
jamais pris de telles proportions.
Et tu n’aurais pas envie d’aller en studio pour retrouver un
peu ce sentiment d’urgence ?
Alb : Si, si bien sûr mais cela demande un budget. Je
suis plutôt parti dans l’autoproduction du début à la fin. Au début c’était
très minimal. Et puis les années passant… Je collectionne les synthétiseurs
depuis 10 ans, mon pote Pierre (Yuksek) fait la même chose. On partage le même
studio et le matériel, maintenant on a un outil professionnel : 70 m2, une
trentaine de synthés, des cabines, des micros, des tables de mixage… On est un
vrai studio d’enregistrement et de production. C’est un régal pour ça.
Tu collectionnes les instruments vintage donc ?
Alb : Oui, beaucoup. C’est un peu notre passion en
commun avec Pierre (Yuksek). Il y a une espèce de compétition entre nous à qui
aura LE synthé ou LA boîte à rythmes, le truc cool, que l’autre n’a pas… Ca
fait sept ans que l’on travaille ensemble et qu’on fait ça. On n’a quasiment
rien en double, sauf quelques synthés. On sépare le matériel pour la scène et
celui qu’on laisse au studio. C’est plutôt pas mal.
Comment tu trouves les instruments ?
Alb : Le son et l’état d’esprit d’Alb, sont un peu
tournés vers le passé. Surtout en ce qui concerne les émotions. En fait tout ça
c’est défini autour des brocantes. J’ai commencé à faire les brocantes vers
2000. Je suis tombé dedans. J’ai commencé à fouiller à récupérer des trucs,
j’ai trouvé ça génial. C’est comme ça que j’ai récupéré ma première nintendo,
maintenant j’en ai 150. Et pas loin de 4000 cartouches de jeux aussi. Une belle
collection. Les orgues Bontempi, les synthés, mon son s’est construit comme ça,
au fur et à mesure. J’ai fait aussi beaucoup d’Ebay aussi. A un moment donné,
ce que tu cherches, tu ne le trouves plus en brocante. J’ai aussi revendu
beaucoup de choses, des consoles, ce qui ensuite me permettait d’acheter des
instruments de musique. Mon studio je l’ai beaucoup constitué comme ça à une
époque. Ca et les amis et les connexions chez les musiciens qui revendent des
machines. Je pense que l’on a rien au studio qui dépasse 1984. Et notre plus
vieux matériel date des années 50. En fait, je déteste tout ce qui est
numérique. Tout ce qui se fait maintenant, je ne peux pas, j’ai un blocage.
C’est physique. Pourtant y’a des trucs qui marchent super bien et dont je me
sers parfois quand je dois aller vite. Mais moi j’ai besoin de ce contact avec
des vieux boutons. T’appuis et ça fait un son bizarre. Et puis après ça fait un
morceau. J’aime bien me laisser emporter comme ça. Alors qu’avoir une souris au
bout du doigt, ce n’est pas très funky…
Parles nous un peu de « Show me your love », titre
que j’ai trouvé assez étonnant. Ca commence un peu comme un vieux Beatles des
années 60 et puis après sur le refrain, il y a ces fameux bruitages de jeu
vidéo… A la fin j’en suis arrivé à la conclusion qu’il y avait presque 30 ans
de pop music concentrée en une seule chanson…
Alb : Ouais c’est un peu ça. En général j’ai un thème
et des paroles, de vraies paroles. Et l’instrumentation vient accompagner le
tout. « Show me your love » il y a vraiment trois parties distinctes.
Le contraste et les changements d’ambiance entre les parties viennent de
l’instrumentation. C’est un peu un morceau « yin et yang », le côté
gentillet des couplets et une personnalité une peu noire qui ressort sur les
refrains et la voix de la moralité entre les deux qui fait la transition. Il y
a deux univers différents qui se rencontrent. C’est docteur Jekyll et Mr Hyde.
Pour finir est-ce que tu peux nous dire quelques mots sur la
scène musicale de Reims ?
Alb : Ca va être long. Il se passe pas mal de choses.
Depuis quelques années on est dans une bonne dynamique avec un bon groupe de
personnes, d’amis. C’est pour ça que j’ai un peu bloqué tout à l’heure quand on
a parlé des Shoes, comme si je les avais rencontré hier. Même si vu de
l’extérieur ça donne un peu cette impression là. On est une bande de potes, on
a une manière assez saine de travailler les uns avec les autres. Ce qui est
bien dans notre scène à Reims c’est qu’on est tous dans un registre différent.
Alors qu’à Paris, par exemple, on se regroupe par scène, par type de musique.
Pierre (Yuksek) est dans l’électro pure et dure, Shoes, c’est un autre
registre, une espèce de pop tropicale, les Bewitched hands, qui sont dans la
folk song hippie mais qui sont très ouverts, Brodinski fait le dj dancefloor et
puis moi qui suis dans une pop à synthés… On ne se marche pas dessus en fait.
C’est super sain, ça permet de travailler vraiment ensemble et de s’apporter
des choses les uns avec les autres. On est une bonne bande bien unie. La ville
est plus petite aussi, on se regroupe plus facilement par musiciens et non par
genre. Et puis il y a énormément d’autres groupes à Reims, qui arrivent tout
doucement et qui naissent de ce qu’on a apporté ces dernières années. Les John
Grape qui jouent avec moi sur scène, c’est vraiment bien. Un trio pop lyrique
avec un chant typé Buckley qui monte assez haut. La boucle continue… On arrive
à faire 15 projets différents avec 10 personnes, c’est assez fou…
Propos recueillis le 7 juin 2011.
vendredi 17 février 2012
The Dustaphonics : « Party Girl »
Etonnant destin que celui de Yvan Serrano, français de
naissance, exilé sur la très compétitive scène londonienne où il est devenu un
dj superstar sous le nom d’Healer Selecta et dont les soirées « raison
d’être » « réinventent le swinging London » (dixit Mojo). Sa
connaissance vinylique encyclopédique, Yvan la met au service aujourd’hui de
son propre groupe les Dustaphonics, au sein duquel il tient la guitare. Alors
que hurle le moteur qui sert d’intro à « Eat my dust-a-phonic »,
l’auditeur réalise qu’il est parti pour une sacrée virée en compagnie du
groupe. Bien que basés à Londres, les Dustaphonics font irrémédiablement penser à cette
scène garage typiquement américaine (Dirtbombs, Love me nots) et en
particuliers à nos Bellrays adorés pour cet alliange savant entre rock et soul,
ces voix de chanteuses soulful (Kay Elizabeth et Aina Westlye cousines de Lisa
Kekaula des Bellrays) sur fond de guitares. Loin d’être des concepts abscons,
le swing et le groove, sont au contraire érigés en valeurs cardinales par le
groupe. Entre surf music (« Showman Twang tiki gods »), blues
(« Burlesque queen » ; "You gonna wreck my life"), rockabilly (« Party girl ») et même
jazz («Catwoman’s strut » ) les Dustaphonics proposent une
hallucinante plongée au cœur des sixties. Profondément attachant.
mercredi 15 février 2012
Vote on the rocks
Encourager au vote en cette année présidentielle, sans prendre parti pour aucun candidat, tel est le but de la soirée Vote on the rocks qui aura lieu le 11 mars prochain à la Cigale. Avec la participation des Têtes Raides, No one is innocent, Les fatals picards, Eiffel, Deportivo, The Hyènes et Dj Moule.
dimanche 12 février 2012
Klink Clock + France de Griessen, Salle de la Chapelle, 10 février 2012.
Un petit mot pour commencer sur l’endroit à la beauté
irréelle où s’est tenu la soirée, la salle de la Chapelle qui se trouve juste à
côté du centre des Recollets. Comme son nom l’indique, la salle est une
ancienne chapelle aux murs décrépits juste comme il faut, suffisamment pour
donner une âme à l’endroit. La hauteur sous plafond est immense et laisse
apparaître la vieille charpente en bois. Il y a également une scène démontable
dont les groupes du soir ont préféré se passer pour jouer à hauteur du public
favorisant ainsi la proximité avec ce dernier. On s’attend à un concert de
musique classique ou de chant lyrique dans un endroit pareil, pas forcément à
du rock…
Klink Clock (c) David Krüger |
On a ensuite retrouvé France de Griessen. France est accompagné
d’un groupe complet avec section rythmique (Steven Galtera à la basse et Nicolas Lepin à la batterie), le fidèle François "Shanka" Maigret et Tof (du groupe Bagdad Rodéo) aux guitares. France a ainsi pu jouer un set complet avec de nombreux
invités (les chanteuses Ysé et Laura du groupe Puss in Boots). On le dit assez souvent mais France de Griessen est une artiste
pluridisciplinaire et a offert une prestation à son image mélangeant poésie,
musique, danse et performances artistiques. Les poèmes alternent ainsi avec les
chansons. La soirée est également marquée par de nombreux happenings, notamment
ceux des lapins de l’artiste Paul Toupet où une dizaine de personnes portant
des masques créés par l’artiste débarquent en lançant des petits cœurs en
papier sur le public et portant une traîne semblable à celle d’une robe de
mariée. Musicalement, France est fondamentalement punk même lors des chansons
acoustiques d’inspiration country où lorsqu’il s’agit de reprendre Marie
Laforêt en compagnie d’Alain Chennevière. C’était une bien belle soirée en
compagnie d’une artiste généreuse et attachante.
Libellés :
France de Griessen,
Klink Clock
Pamela Hute + Lussi in the sky + Ales Rock, Le divan du monde, 9 février 2012.
La soirée commence avec Ales Rock. Ales propose un hybride
rock/funk assez efficace qui rappelle par moment Rage Against The Machine en
plus groove. Le groupe bénéficie grandement de la présence de cuivres qui
apportent une note funky contrebalançant la dureté des guitares. Ales a un jeu
de scène assez spectaculaire, les chorégraphies sont inspirées à la fois du
kung fu et de la boxe et le chanteur dessine de grandes arabesques à l’aide de
ses cheveux, qu’il porte très longs. Les textes, en français, chanté par Ales
sont empreints d’humanisme et on sent un véritable empathie du chanteur pour le
public (la jeune fille en marinière au premier rang pourra en parler). En
résumé, puissance sonore, groove et plein de bonnes vibes pour cette soirée qui
débute de la meilleure des façons.
C’est ensuite une petite tornade qui déboule sur scène en la
personne de Lussi in the sky dont votre serviteur avait chroniqué le premier EP
l’an dernier (voir ici). Accompagnée par deux musiciens, Lussi s’amuse avec
différentes formules (guitare/basse/batterie ; guitare/batterie ;
batterie/claviers) qu’elle décline à l’envie sur scène. Une chose ne change pas
cependant, son énergie communicative. La musique de Lussi est résolument pop
avec des arrangements allant du rock à l’électro, créant ainsi une sorte de
pont entre passé et futur. Le set se termine avec sa reprise de « Whole
lotta love », rien ne vaut une bonne vieille reprise d’un classique pour
s’attirer les vivas de la foule qui hurle dès les premières notes du célèbre
riff. Excellente reprise cependant mettant en valeur l’élasticité vocale de la
chanteuse et la scansion démentielle du batteur.
En matière de batteur, Pamela Hute, de retour sur les
planches après une année 2011 consacrée à l’enregistrement de son deuxième
album, en a un excellent en la personne d’Ernest qui drive l’ensemble d’une
main de maître mettant la pédale douce sur la puissance brute pour privilégier
le feeling. Une bonne petite force de frappe cependant et un excellent soutien.
Derrière ses claviers Igor assure les lignes de basses et ses sonorités parfois
étonnantes apportent une touche futuriste à la musique de Pamela par ailleurs
très portée sur les guitares vintage. L’ensemble produit un son assez étonnant
et que l’on entend assez peu souvent dans le rock parfaitement équilibré entre
énergie et compositions plus atmosphériques. Beaucoup de nouvelles compositions
furent jouées, notamment le dernier single « Radio » à fort potentiel
tubesque. On a eu le plaisir de réentendre certains « vieux »
morceaux comme « Pink Safari », « Umbrella »,
« Hysterical » qui tiennent toujours aussi bien la route. Le concert
va crescendo et se termine avec une véritable explosion de guitares avec
l’enchaînement « My dear » / « Lovely ». Ce dernier titre
donnant envie de découvrir enfin ce deuxième disque qui comme l’a promis Pam
devrait sortir « un jour ». Espérons que l’attente ne sera pas trop
longue…
Libellés :
Ales Rock,
Lussi In The Sky,
Pamela Hute
samedi 11 février 2012
Marshmallow
Au rayon des souvenirs de notre enfance, le Marshmallow
s’impose comme la confiserie moelleuse à la saveur douce et sucrée. Doux et
sucré, c’est aussi comme ça que l’on pourrait décrire la musique du groupe du
même nom. Basé à Clermont-Ferrand, Marshmallow est un tout jeune quatuor qui
sort son premier EP de quatre titres ces jours-ci. Enregistré en une seule
journée dans les conditions du live, ce premier effort a un son des plus
homogène. Toutes les rythmiques sont assurées à la guitare acoustique, ce qui
donne un petit air folk à l’ensemble, avec des chorus de guitare électrique
rappelant les sonorités surf. Fortement influencés par la pop des années 60,
Beatles en tête, Marshmallow s’y entend pour enchaîner les perles pop qui font
« whou whou ». Pour les paroles, dans la langue de Molière,
Marshmallow s’inspire de l’été et décrit des images de cartes postales
ensoleillées, seul le dernier titre « La réalité », repris d’Amadou
et Mariam tranche un peu par son côté plus sombre et réaliste, mais le groupe
s’est tellement approprié la chanson que musicalement le titre sonne comme
l’une de leur propres compositions. Une bien jolie surprise, espérons que
l’album sera du même niveau…
mercredi 8 février 2012
Anneke Van Giersbergen : « Everything is changing »
Nouvel album en solo pour la magnifique ancienne chanteuse
de The Gathering, Anneke Van Giersbergen, l’une des voix les plus belles de
tout le continent européen. L’album marque un retour vers des sonorités métal
pour la chanteuse tout en privilégiant une approche plus pop le temps d’un «You
want to be free » qui dans un monde parfait ne laisserait pas les stations
de radio insensibles. C’est cependant sur les morceaux plus lents
« Everything is changing » et dépouillés, la superbe «Circles »
avec le piano pour seul accompagnement, que le chant mélodique et la voix
superbe d’Anneke prend toute son ampleur. Le reste du disque est marqué par des
guitares métal (« Stay ») mais, personnalité de la chanteuse oblige,
lorgnant vers des climats atmosphériques. Et oui, on n’oublie pas facilement
son passé. L’album bénéficie par ailleurs d’une production très moderne et
d’arrangements lorgnant vers l’électro, mais suffisamment discrets (encore
que…) pour ne pas dénaturer l’ensemble (exception faite du moment faible
« I wake up »). Un album assez réussi auquel on pourrait toutefois
reprocher une production trop clean.
www.annekevangiersbergen.com
Maxi Monster Music Show, Le Palace, 6 février 2012
Un petit mot pour commencer sur le Palace où se tient le
spectacle du soir. Ancien night club, lieu mythique de la nuit parisienne des
années 70/80 encore hanté par les ombres de Serge Gainsbourg et d’Alain
Pacadis, Le Palace a été fermé pendant une bonne dizaine d’années. Racheté
« à la bougie » le lieu est depuis devenu un théâtre, ce dont on ne
peut que se féliciter, tant il était péché qu’un endroit pareil soit fermé au
public…
Nous avons la chance de nous y rendre ce soir pour assister
à la représentation du « Maxi Monster Music Show », mélange délirant
entre « Freaks » de Tod Browning et le « Rocky Horror picture
show ». Le spectacle est musical, les sept musiciens présents sur scène
jouent aussi la comédie et les chansons alternent avec les sketches à l’humour
parfois macabre, une pensée particulière pour la pauvre contrebassiste qui se
fera tirer dessus puis perdra un bras ce qui fait beaucoup en une seule soirée
pour la même personne. Menée par Gina, chanteuse et « poupée
barbue », le groupe tourne de manière très carrée et pioche dans des
registres plutôt roots, piano bastringue, un peu de jazz, de blues, de country,
de rock. Le transformisme est de mise, homme côté pile et femme côté face, on
ne sait plus trop qui est derrière le piano. Quant à la chanteuse tronc, qui a
galéré en vain toute la soirée pour caser « son plus grand tube nuit
d’amour à Monte Carlo », elle se rattrapera avec une interprétation
magnifique, la guitare pour seul accompagnement, du classique « Bang
bang ». Une soirée entre swing et franche rigolade.
dimanche 5 février 2012
Blind Guardian : « Memories of a time to come »
Héros allemands du hair métal des années 80, Blind Guardian
fête ses vingt-cinq printemps avec la sortie de « Memories of a time to
come », luxueux digipack de trois cds contenant la bagatelle de 31 titres
dépassant allégrement les deux heures de musique. Bien plus qu’un simple
best-of le groupe a réarrangés certains titres et est même retourner en studio
pour réenregistrer complètement d’anciens morceaux. La méthode a pour avantage
de gommer les ravages du temps et une production datée, et Dieu sait si les
années 80 ont parfois mal vieillies… De fait, Blind Guardian s’impose comme une
plutôt bonne surprise pas franchement désagréable. Car le groupe avait de
l’ambition. Les arrangements sont travaillés, des cordes, des vents et les
compositions sont particulièrement étudiées entre 7 et 14 minutes pour le tour
de force « And then there was Silence », ce qui donne un petit côté
progressif à la chose. Egalement, mais c’est une habitude dans ce style, les
musiciens sont tous virtuoses. Et le chanteur sait chanter et parfois mettre la
pédale douce sur les accents gutturaux, ce qui ne peut pas faire de mal. Tout
comme le fait de mettre de côté le son saturé pour ressortir les guitares
acoustique comme sur le superbe final de « Valhalla » où guitares
folk et électrique s’entrecroisent. Comme quoi le métal n’oublie pas la
mélodie. Le troisième cd compile des démos et témoigne d’une démarche plus
brute axée sur les guitares, la voix et la batterie. Pas désagréable donc à condition
toutefois de tolérer les soli de guitare à rallonge et l’imagerie heroïc
fantasy inhérente au style…
In Volt
In volt, avec un nom pareil, on ne peut que s’attendre à se
prendre la foudre rock n’roll au coin de l’oreille… Et on n’est pas déçu… Formé
en 2007 et placé sous le patronage de la fratrie Genius, Enton au chant et Rony
à la guitare, In volt a publié un premier album (« In volt and
friends ») il y a deux ans mais avec un line-up complètement différent
(Rony assurait le chant à l’époque). Ce deuxième opus marque donc les vrais
débuts d’In Volt. Avec ce disque éponyme, le quatuor vient apporter une pierre
de plus à une scène blues française décidément bien fournie et qui, hélas, ne
rencontre pas l’écho médiatique qu’elle mérite. A l’instar d’un Blues Power Band, In Volt pratique un blues électrique riche en guitares particulièrement
bien senties. A l’écoute on sent l’influence que le (hard) rock a du avoir sur
nos bluesmen. Au chant, Enton (le type au chapeau à la déguaine de Captain
Beefheart sur la pochette, c’est lui) fait rivaliser ses cordes avec celles de
la guitare du frangin, l’exploit n’est pas mince. Enton a de plus un chant
particulièrement expressif, et cela s’entend. La section rythmique est composée
de Sylvain d’Almeida (qui depuis a quitté le groupe remplacé par Micha Sanchez)
à la basse et de Jeff Panss à la batterie. Le duo joue serré, ça frappe, ça
cogne, c’est du lourd mais pas dénué de passages groove (« Boogie
man »). Le groupe s’entend pour délivrer des compositions simples mais aux
effets ravageurs qui devraient clouer l’auditeur sur place :
« Today », « Bang Elvis », le groupe fonctionne aux riffs
et au gros son qui imprime durablement la mémoire. Par contre, In volt peut
aussi jouer débranché, « Save my soul », « House of
Silence » et toucher ainsi la corde sensible avec ou sans ampli. Enfin les
titres « Maybe » et « Shoot gun blues » prouvent qu’en
mettant de côté les décibels et autres effets de manche, In Volt peut aussi
jouer le blues avec précision et efficacité. Un disque aux racines ancrées dans
les années 60/70, pas révolutionnaire certes, mais foncièrement attachant.
SORTIE LE 10 FEVRIER 2012
En concert (avec Blues Power Band) au New Morning le 16
février 2012.
samedi 4 février 2012
Blues Power Band : « Dark Room »
mercredi 1 février 2012
Rhum for Pauline : « Can Reach the top »
Jusqu’ici, on ne connaissait de Rhum for Pauline qu’une
seule chanson, la superbe Walker’s Lament, déclinée en plusieurs remixes sur
l’EP précédent (chronique ici). Le groupe Nantais nous avait alors laissé sur
une note à la fois encourageant mais terriblement frustrante. Ce nouvel EP, qui
contient cette fois cinq originaux, permet de ce faire une idée plus précise du
groupe. Et la donne change. A grands renforts de claviers vintage, Rhum for
Pauline nous ramène en plein territoire pop sixties/seventies évoquant les
groupes psychédéliques « west coast » avec en plus un solide sens du
groove grâce à une section rythmique pleine de swing (cf. la basse de
« Japan & China » et de « Private Island »). On rentre
dans cet EP comme dans un labyrinthe plein de surprises cachées au détour de
chaque composition : breaks, changements rythmiques, envolées inattendues
des claviers ("Thee Unforgettable me"), voix et chœurs aériens. Le groupe bénéficie à plein d’une
production aux petits oignons. Une formation attachante à laquelle il ne reste
plus qu’une seule marche à franchir, celle de l’album.
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