lundi 6 janvier 2014

Interview Kadebostany

(c) Yannick Maron et Arthur Lehmann


Véritable ovni venu de Suisse, Kadebostany ne ressemble à rien de vraiment connu. Rencontre avec le producteur Kadebostan et sa chanteuse Amina pour parler de leur groupe entre fanfare, rap et électro...
 
Un petit mot sur la République (fictive) de Kadebostany pour commencer ?
Kadebostan (Très sérieux): La République de Kadebostany est située au nord de l'Italie, à l'est de la Suisse et à l'ouest de la Turquie. Ce pays a été crée en 2007. C'est moi qui en suis le Président. J'ai décidé de monter un groupe pour promouvoir la culture kadesbotanienne autour du groupe. On a commencé à tourner en 2008 un peu partout dans le monde. On a beaucoup joué un peu partout en Europe, en Pologne, en Biélorussie, un peu en France, beaucoup en Allemagne et en Belgique et au Mexique aussi.

Musicalement, tu viens de l'électro, c'était une envie particulière d'ajouter des cuivres à ta musique ?
K. : C'est assez dur pour moi de me coller une étiquette électronique. J'étais déjà assez à part dans ce milieu. On ne peut pas vraiment dire que je faisais de l'électro, j'aime sortir des sentiers battus. Le fait d'avoir crée le groupe me permet d'avoir une totale liberté et de m'exprimer pleinement sans limite de genre ou de style.

Justement le premier single « walking with a ghost » est une chanson en plusieurs temps, ça vire au rap en plein milieu. C'est un peu comme un résumé du projet finalement, sans limite de genre...
K. : Tout à fait, c'est une belle introduction à l'univers kadebostanien. Il y a trois tableaux, assez distincts et reliés par une ligne directrice.

Personnellement mon titre préféré, c'est le dernier « goodbye » qui est le plus organique. Un petit mot sur cette chanson...
K. : C'est le titre le plus acoustique.
Amina (chant) : C'est un morceau c'est un morceau qui n'a pas de structure traditionnelle, sans refrain qui revient. C'est comme une poésie, une déclaration faite d'une traite. Il n'y a pas de rimes, j'ai juste déclamé ce que je ressentais à ce moment là. Il y a aussi une improvisation avec Jafar, un des musiciens (guitare/saxophone) du groupe. Après le Président a arrangé tout ça, rajouter les cuivres etc...

Il y a aussi un aspect fanfare assez marqué sur le projet qui rappelle les musiques d'Europe de l'Est...
K. : Je trouve que c'est assez réducteur de parler de musique Balkanique ou d'Europe de l'Est. On a vraiment rien à voir avec ça. La fanfare se retrouve dans le monde entier. Chaque pays à une fanfare. Nos inspirations sont variées. Sur « Walking with a ghost », ça emprunte plutôt l'esthétique d'une fanfare mexicaine. La fanfare c'est quelque chose d'universel et ça représente bien l'aspect direct et immédiat. Les cuivres me touchent énormément.

Et comment ça se présente sur scène ?
A. : On est cinq sur scène. Mais on a aussi des gens dans la salle. Il y a un collectif qui s'occupe de l'aspect visuel de notre show. Il y a deux drapeaux sur scène avec du mapping dessus. On a un ingénieur du son aussi. On est neuf en tout, c'est une bonne équipe.
K. : En tournée Kadebostany c'est quelque chose qui va beaucoup plus loin qu'un groupe qui joue devant son public. On arrive avec toute une installation faîte de néons. On retrouve l'esthétique du clip. Pour nous c'est super important de transporter notre univers et de le mettre en scène. On a des projections. C'est un show hyper immersif.

L'aspect visuel est très travaillé, vos costumes de scène ressemblent à des uniformes militaires...
K. : C'est par rapport au Pays. Chez vous en France il y a la garde républicaine qui représente la France quand le Président est en déplacement à l'étranger. Naturellement quand le Président Kadebostanien fait un déplacement tout le monde est en costume... Pour être plus sérieux, l'uniforme c'est un moyen d'aller chercher plein d'artistes et de musiciens différents et de les mettre sous le même toit. Dès qu'ils enfilent l'uniforme, ils défendent le pays, il y a quelque chose... Ca devient une équipe. L'idée de l'uniforme c'est ça. Représenter le pays le mieux possible, avec une certaine rigueur, une ligne directrice homogène.

Et ça te plaît ?
K. : J'adore. Je trouve ça super intéressant. L'uniforme je trouve ça très beau. C'est toujours très bien coupé, taillé...

Ils sont faits sur mesure ?
K. : Exactement.

Amina, est-ce qu'on pourrait parler de ton travail dans le projet, qui est assez intéressant entre les parties chantées et rapées. C'est assez varié...
A. : C'est un grand écart artistique. Le rap c'est un autre moyen de s'exprimer. Comme j'aurai pu faire du slam par exemple, le rap c'est une métrique bien plus rapide. C'est aussi un moyen d'offrir une nuance. Dans le chant il y a quelque chose d'assez doux. Enfin pas toujours mais c'est quelque chose de très mélodique. Le rap est plus métrique et plus agressif. Ca me permet d'exprimer les deux. Il y a quelque chose d'assez schizophrénique dans « Walking with a ghost » par exemple. On s'est retrouvé dans des festivals où les gens pensaient qu'il y a deux chanteurs. En tant qu'artiste avoir cette liberté là, c'est très intéressant.

Et tu fais passer des choses différentes ?
A. : Complètement. Le rap demande aussi une écriture différente, il faut écrire beaucoup plus, il faut penser à la métrique des mots, aux consonnes, aux voyelles, au flow... Les deux m'intéressent énormément et c'est pour ça qu'il y a cette alternance entre les deux. Je ne pourrais jamais choisir entre le rap et le chant. Pour moi c'est complémentaire et ça fait partie de l'univers.

Kadebostan, quand vous vous êtes rencontrés, tu cherchais quelqu'un qui pouvait alterner le chant et le rap ?
K . : Moi à la base, il ne me fallait rien du tout. Je n'ai pas passé une annonce. On s'est rencontrés une semaine avant d'entrer en studio pour le deuxième album. J'ai écouté et on a commencé à travailler ensemble. Le premier morceau qu'on a fait c'est « Walking with a ghost » et à la fin ça a donné l'album « Pop collection ». C'est vraiment une super rencontre.

Donc Amina, c'est toi qui a vraiment apporté cette couleur particulière à la musique ?
A. : « Walking with a ghost » c'est une improvisation. Cette structure un peu étrange à tiroirs. Moi j'avais envoyé la chanson au Président où j'avais fait déjà fait le rap et un peu de chant. Il l'a trouvé intéressante mais il ne m'a jamais imposé de chanter, de rapper ou d'écrire d'une certaine façon.
K. : C'est vraiment un échange, une belle rencontre qui a aboutit à un album. Ca s'est passé hyper naturellement.

Le disque s'appelle « pop collection », comme une collection de chansons ?
K. : Oui c'est ça. Le concept c'est tout les hits joués par la radio kadebostanienne. Il y a un petit clin d’œil aux années 70. On a écouté l'album une fois terminé et on s'est dit que c'était comme une collection de pépites pop.

Et le plus gros hit de la radio kadebostanienne c'est lequel ?
K. : C'est tous des hits mais en ce moment « Jolan » cartonne beaucoup.

Un mot pour finir ?
K. : Allez sur notre site facebook. Si vous likez la page vous aurez accès à la nationalité kadebostanienne. C'est très intéressant fiscalement, il y a moins d'impôts chez nous (rires).

Propos recueillis le 15/10/2013.
www.kadebostany.com

Aucun commentaire: