mercredi 6 juillet 2022

Eurockéennes de Belfort, 2 et 3 juillet 2022.


Pour un retour après deux ans de pandémie, difficile d’imaginer pire déveine que celle-ci. Jeudi 30 juin, le site du festival était à peine ouvert depuis 30 minutes quand, à 16h30, s’est abattu un orage (pluie, vent, grêle) apocalyptique d’à peine 10 minutes mais d’une telle violence que les infrastructures du site, sérieusement endommagées, ont dû être revues par la commission de sécurité le lendemain avant de pouvoir, enfin, accueillir le public. C’est donc à un festival réduit à la portion congrue, une seule vraie journée le samedi (le dimanche ressemblant plus à un gros concert de Muse), et à la programmation minée par les annulations de dernière minute dues au Covid (Wet Leg) ou non (Foals) ; à laquelle nous avons assisté. On se console comme on peut avec les toutes jeunes (entre 11 et 19 ans) musiciennes de Star Feminine Band qui ont enflammé la scène de la plage (quel plaisir tout de même de retrouver ce site magnifique !) et leur savant mélange de musique traditionnelle du Bénin, avec beaucoup de percussions, traversée d’éclairs rock sauvage de la guitare. Mention particulière à la bassiste dont le jeu, l’instrument sur la tête, ravive l’écho de Jimi Hendrix. C’était chouette ! On peut bien l’avouer mais à eux seuls, Frustration a sauvé notre week-end ! Fonctionnant sur une improbable dynamique entre synthés cold 80s et guitares garage 60s, c’est sur scène que Frustration développe toute sa puissance. Concert euphorique, quel groupe ! On reste perplexe en revanche devant le concert de Muse en se demandant comment des musiciens aussi virtuoses ont pu aussi mal tourner. C’est après deux ou trois albums d’excellente facture que les envies de grandeur de Matthew Bellamy, à la recherche maladroite d’une légitimité de compositeur, se sont fait jour pour un résultat de plus en plus pompier, grandiloquent, voire même prétentieux. Ainsi va le set de Muse alternant le meilleur (« Plug in Baby », quel riff!) au pire. Sans parler de cette insupportable manie voulant à tout prix coller à la mode, un faux renouvellement artistique déguisé en quête désespérée de hits et de passages radios, confinant à la schizophrénie : comment un groupe aussi bon peut-il devenir aussi mauvais, d’un titre à l’autre, en quelques minutes ? Bref, peu importe, le festival est déjà fini et il est temps pour nous de rentrer. A l’année prochaine dans de meilleurs conditions espérons-le.

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