mercredi 3 novembre 2021

Burning Casablanca d’Ismaël El Iraki




Rock star au bout du rouleau, Larsen Snake (Ahmed Hammoud) est de retour dans sa ville natale. C’est autour d’un accident de voiture que se noue une rencontre improbable…

C’est très probablement un hasard, mais en affublant le métrage du titre de « Burning Casablanca », l’équipe marketing du film a visé juste. En effet, débordé par son désir ardent de cinéma et son enthousiasme imprimant chaque millimètre de pellicule, Ismaël El Iraki, a fini par se brûler les doigts sur l’autel de sa créativité bouillonnante. Ne réussissant jamais à dépasser le postulat posé par ses influences encombrantes (Tarantino, Sergio Leone, « Sailor et Lula » de David Lynch) El Iraki livre un film bancal et brouillon, partant dans tous les sens, ponctué par des excès de violence injustifiés, pénibles à regarder qui plus est, et développant une obsession, lourdingue à la longue, pour les serpents. Et c’est bien dommage car, dès lors qu’il est question de musique, le réalisateur fait preuve d’un véritable talent pour retranscrire à l’écran la puissance charnelle du rock’n’roll, la magie de l’improvisation ou l’excitation provoquée par un concert, bien aidé en cela par la voix magnifique de son actrice Khansa Batma, comme autant d’éclairs de génie brillants au milieu du maelström. Alors que le récit s’éloigne peu à peu du rock, pour virer quelque part entre le film noir et le western spaghetti, livrant un rendu kitsch et cliché, limite embarrassant, le spectateur décroche peu à peu du film, des personnages et de ses enjeux dramatiques. Autre problème, souligné par l’amie bilingue qui m’a accompagné à l’avant-première, le film souffrirait d’une traduction approximative dans les sous-titres (« ma viande » plutôt que « ma chair » par exemple) conférant à l’ensemble une tonalité beaucoup plus vulgaire qu’elle ne le serait en réalité. Un rendez-vous loupé, mais il s’agît d’une œuvre inaugurale rappelons-le. Souhaitons toutefois au réalisateur de réunir le budget lui permettant de poursuivre son aventure cinématographique et de trouver enfin une voie qui lui soit propre. Il serait dommage en effet que les choses en restent là.




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