samedi 30 novembre 2019

Seratones, Pop-up du Label, 29/11/2019.


La claque du vendredi soir ! Sur la petite scène exiguë du Pop-Up du Label, à deux pas de la Gare de Lyon, les Seratones, groupe venu de Louisiane, ont explosé de toute leur classe dans un exercice périlleux, entre soul et rock garage, à la fois intemporel et respectueux de la tradition mais aussi novateur lorsqu'il s'agît de la trahir pour faire prendre une autre tournure à la musique. Ainsi on oscille entre les genres, quand les claviers prennent plus d'espace, le groupe se retrouve dans un entre-deux soul et suffisamment synthétique pour être original. Mais les Seratones ont aussi les deux pieds bien ancrés dans la terre de leur état natal (La Louisiane) et s'entendent aussi bien en matière de soul sexy et langoureuse que de rock garage gorgé d'électricité. Quelque soit le contexte la chanteuse AJ Haynes irradie de son charisme se mélangeant sans vergogne avec les premiers rangs des spectateurs et voix, dans la lignée de Lisa des BellRays, charme quelque soit le contexte. Magnifique soirée. 

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vendredi 29 novembre 2019

Deadly Shakes



Une ligne de basse énorme, un riff de guitare gras, une batterie carrée et efficace, mais que se passe-t-il ? Il se passe que nous sommes en train d'écouter le nouvel EP de Deadly Shakes, un trio originaire de l'Est de la France. En quatre titres d'équerre, le groupe nous prouve que le rock'n'roll lorsqu'il est joué avec autant de passion reste d'une force de persuasion redoutable ! Car s'il est peu dire que le groupe est efficace (cf. « Reap what you sow ») il ne s'agît là que de la partie visible de l'iceberg. Car c'est sous la couche, épaisse, d'électricité que tout se joue. Là ou le groupe laisse s'infiltrer des manipulations sonores à visée psychédélique (« Living by the river ») qui donnent toute leur substance à la musique du trio. Ne surtout pas se fier à l'aspect brut de décoffrage du disque qui constitue la facette la plus abordable de la chose. Cette dernière n'obère ni la sensibilité (« Left behind » ; « Never Return ») ni l'ambition affichée de ces quatre titres produits avec le plus grand soin. Une belle découverte, en attendant la suite sur long format. 



jeudi 28 novembre 2019

Matthis Pascaud : « Clap Clap »



Guitariste talentueux et collaborateur recherché, on avait pour notre part pu apprécier sa présence aux côtés de Moonlight Benjamin, Matthis Pascaud continue son escapade en solitaire avec ce deuxième album solo. Entièrement instrumental, l'album se situe aux confins du jazz, là où la musique mute sous les coups de boutoirs électriques de sa six cordes inspiré par le contact avec d'autres musiques. Il n'est plus question dès lors de jurer fidélité absolue à un idiome mais de laisser la créativité voguer librement, le swing en ligne de mire (« Bayou »). Afin d'incarner la musique et de palier à l'absence de chant, ce sont les instrumentistes qui récupèrent la mise à force soli, sans jamais abasourdir l'auditeur de virtuosité déplacée. Au contraire, les instruments dialoguent, improvisent renouant ainsi avec une dimension progressive et labyrinthique à la limite de l'expérimentation (les interludes « Clap » qui parsèment le disque). Puissance rock et feeling jazz sont ainsi les deux pôles guidant la musique, transformant cette dernière en matière libre et mouvante. C'est beau. 

En concert le 02/12 à Paris (Studio de l'Ermitage)
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mercredi 27 novembre 2019

Soleil Vert : « Amour Orange »



L'amour est orange, le soleil est vert, la pochette de l'EP est quant à elle résolument jaune ! Pas une mauvaise chose d'ailleurs quand on se rappelle des augures funestes du film de Richard Fleisher du même titre (« Soleil Vert », 1973). Ah les fameuses années 1970, nous y voilà une fois encore ! Il en est vaguement question dans le premier EP du trio qui mélange cette inspiration originelle entre pop (« Amour Orange », « Mirage ») et chanson (« Beirut ») à une dynamique résolument contemporaine et quelques claviers plutôt échappés de la new wave années 80 (« La Préfecture »). En l'espèce cela donne de très belles choses. Un feeling pop intemporel, soigné, ouvragé sur lequel se greffe une basse groove sexy en diable (« Souvenir ») sans se départir tout à fait de ce sentiment doux-amer où la mélancolie côtoie l'allégresse. 

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mardi 26 novembre 2019

Embrasse Moi : « La Marche des morts »



Une pochette aussi sublime et un nom générique, en forme d’intrigante injonction, ne peuvent qu'augurer de bonnes choses ! Dès que résonnent les premières notes de « Tout me parait », qui ouvre ce nouvel EP, la formation enivre l'auditeur l'entraînant sur un chemin escarpé, loin des itinéraires sûrs et bien balisés. Gauche et malhabile, la composition semble comme en suspension ne sachant plus très bien où aller… D'abord perplexe, l'auditeur est finalement séduit, car le charme de la chose réside précisément dans cette démarche claudicante et l'aspect volontairement frugal et minimal de la musique. Réduite autour de l'os sans enluminures, quelques claviers forts en basse, chant éthéré, un peu de guitare et une ossature rythmique réduite au minimum sont les seuls ingrédients. Mais il n'en faut guère plus à ce disque tenant de l'alchimie rare et précieuse. Une véritable proposition artistique, intrigante et mystérieuse… 

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lundi 25 novembre 2019

Lovataraxx : « Hébéphrénie »



Alors que le grondement sourd de la basse s'élève, comme d'outre-tombe, difficile de ne pas penser aux différents artefacts synthétiques de la cold-wave des années 1980. Titre après titre, il semble évident que le duo maîtrise sur le bout des doigts son petit dico eighities/dark de Depeche Mode à Clan of Xymox (« Subjugué », « Prostration ») en passant par The Cure (le riff tournant de « Angst »). Influences largement digérées par le duo qui, sans se départir d'une unité de son synthétique, tente et expérimente, en matière d'arrangements, pour mettre au point une proposition musicale finalement bien plus variée que l'on ne l'imaginait à première vue. Ainsi l'album ressemble à une madeleine de Proust, évoquant de lointains souvenirs de nos premiers émois musicaux, tout en dépassant ces derniers pour un rendu addictif et hypnotique, pop dans son écriture, mais ripoliné d'une couche de noir profond. 

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jeudi 21 novembre 2019

Alexandr : « Surrender »



Si on ignore d'où sort exactement Alexandr, on devine néanmoins où ils ont la tête : dans le son de l'Angleterre de la fin du 20ème siècle entre la fin des années 1980 et le début des années 1990. L'histoire est bien connue, il s'agît d'un éternel recommencement, c'est pourtant le propre des projets personnels d'instaurer un souffle nouveau dans un monticule d'influences connues par ailleurs. Pour l'heure, la chose se dénomme « Post brit-pop » et, dans les faits, ces quatre titres oscillant entre guitares, boîte à rythmes et couches synthétiques, n'ont de cesse de prendre l'auditeur par surprise, un croche pied par l'arrière bousculant l'auditeur dans ses certitudes. Pop/rock à guitare égarée sur le dancefloor : le groupe a choisi de ne pas choisir. Hédonisme béat (« Neon ») et attaque frontale (« Surrender ») sont les deux mamelles du trio, mené par une basse au groove madchester plus vrai que nature. 
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mercredi 20 novembre 2019

Grèn Sémé : « Poussière »



Trois titres et un remix constituent cet EP, en forme de porte d’entrée, vers le nouvel album du groupe à venir. Et c'est à un étrange mélange auquel on assiste, entre chanson française et musique métissée entre maloya et pop électronique. Une rencontre entre deux mondes, l'Europe et l'Afrique, qui n'oublie cependant pas ses racines le temps d'un « Zénès » à l'acoustique chatoyante. 

En concert le 21/11 à Paris (FGO Barbara)
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mardi 19 novembre 2019

Tio Manuel, Péniche Antipode, 17/11/2019

Tio Manuel, Péniche Antipode, 17/11/2019 (c) RG

A lui seul, le nom de l'endroit, la Péniche Antipode, sonne comme la promesse exotique d'un ailleurs… Quoi de plus indiqué pour la musique de Tio Manuel qui se joue des langues (l'espagnol, l'anglais) ? A défaut de partir pour les Antipodes, c'est donc posé sur l'eau (le bassin de la Villette) que nous assisterons au concert de Tio Manuel. Et pour le coup, la musique de Manuel déborde d'influences plus terriennes (folk, blues, rock'n'roll) que fluviales. Son univers sonore est marqué par le désert, celui qui a vu naître sa famille (l'Andalousie) et qu'il s'amuse à comparer avec celui situé au sud-ouest des Etats-Unis délimitant la frontière avec le Mexique. Ainsi, la musique de Manuel, transpirant la poussière hostile et les cactus, est également la promesse d'un ailleurs pas forcément reluisant. Pour fêter la sortie du nouveau disque, l'artiste a mis les petits plats dans les grands et réuni une formation tip-top pour l'accompagner dans sa ballade sonore. La section rythmique est solide comme le roc, et propose un groove solide et puissant, sans fioriture. Une locomotive parfaite pour les deux guitaristes, Manuel et Gilles, ce dernier pratique de long solos comme autant d'explorations des limites de la pédale wha-wha ; une divagation presque psyché débordante de feeling, qui mélangée avec le bottelneck donnent un résultat pour le moins étonnant. Petit bonhomme râble et empathique, Manuel trouve ainsi l'accompagnement idoine, du stoner au rockabilly, pour son grain de voix rocailleux. L'ailleurs n'est peut-être pas aussi loin que l'on se l'imagine. 



samedi 16 novembre 2019

Bordelophone, Bateau El Alamein, 15/11/2019.


Il faut bien l'avouer, en cette saison les quais de la Seine sont assez ternes, bien moins animés qu'il y a quelques semaines encore alors que l'été brillait de ses derniers feux, voire franchement tristounets, désertiques dans la nuit balayée par la pluie et le vent glacial. Fort heureusement les joyeux drilles de Bordelophone vont, instruments en mains, se charger d'insuffler un peu de vie dans cette morne plaine, sur la scène du bateau El Alamein, une enclave au charme rétro et exotique, posée sur la Seine. A l'avenant du cadre sans âge qui les entoure, les quatre musiciens de Bordelophone nous transportent dans un voyage au cœur du son où se télescopent les genres (pèle mêle le métal, le funk, le reggae, le jazz-fusion) dans un joyeux bordel de façade mais mené de mains de maître, avec un sérieux sens du swing, par la section rythmique (Olivier Michel à la basse, l'extraordinaire batteur Francesco Marzetti). Car il faut un solide sens de la composition, et de la virtuosité, pour se faire cohabiter autant d'influences différentes dans des morceaux aux long cours, complexes, dépassant les dix minutes, empruntant de nombreuses passerelles entre les styles ; incarnés par la guitare (l'excellent Jonathan Baron) passant du gros son aux arpèges délicats. Le tout en gardant un esprit fun et enjoué qui ne prends jamais le pas sur la maîtrise affichée. En résumé, Bordelophone c'est un vent de fraîcheur qui souffle sur le rock. Un groupe créatif et original où les instruments traditionnels du rock (guitare, basse et batterie) cohabitent avec un trombone (tenu ce soir par Axel, un petit nouveau) ; un peu incongru dans le contexte mais qui amène définitivement le groupe vers de nouveaux rivages. Et avec tout ça, nous on a passé une excellente soirée. 



vendredi 15 novembre 2019

Pritchard & Lo : « Rendez-vous Streets »



Comme une lueur dans le noir, l'album scellant la collaboration entre Bill Pritchard et Frédéric Lo fait partie des projets les plus excitants de l'année. Un disque fantasmé dès son annonce et que l'on était impatient de découvrir ! Il faut dire que loin d'arriver de nulle part, la collaboration entre les deux musiciens clôt un cycle entamé il y a trente ans, en 1988, alors que le même Bill Pritchard sortait « Parce que », un album devenu culte enregistré avec Daniel Darc. Une quinzaine d'année plus tard, en 2004, c'est Frédéric Lo qui enregistrait le come-back, triomphal, du même Daniel Darc avec son album, devenu également un classique, « Crève cœur ». Daniel, hélas disparu, la démarche de ses deux anciens amis, apparemment prise sur un coup de tête, prenait soudainement un tour pour le moins émouvant. Et ce n'est pas peu dire que ledit album prend l'auditeur à la gorge dès les premiers accords de la magnifique « Digging for diamonds » qui ouvre les débats. Oscillant entre mélancolie (« Magic Mountain ») et électricité rock savamment dosée (« In Shibuya », la petite bombe abrasive du lot ; « Always » sous influence Velvet Underground) l'album revêt, avec classe et élégance, un costume classique à la fois pop et immédiat. Il souffle un air intemporel sur ce disque, richement arrangé, nourri d'une audace typiquement sixties (« Palace of dreams » ; « Hey Mimsey » ; « Rendez-vous Streets ») mettant particulièrement bien en lumière les qualités de crooner de Bill Pritchard jamais aussi à l'aise que dans un contexte acoustique (« Arts and Crafts»). A noter enfin la participation d'Etienne Daho (qui a également bien connu Bill et Daniel) aux agapes qui illumine « Luck » de sa voix moins basse qu'à l'accoutumée. Un album magnifique qui n'a pas fini de nous réchauffer le cœur alors que pointent les premiers frimas de l'hiver. 

https://www.facebook.com/frederic.lo.official/
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jeudi 14 novembre 2019

Tio Manuel : « The 7th road »



La « septième route » empruntée par l'artiste n'est autre que le chemin qui mène à ce nouvel album. Une route à ciel ouvert, martelée par le soleil, poussiéreuse, bordée de cactus sous un bleu céruléen. Le décor est posé. Le guitariste y vagabonde en compagnie de ses partenaires dans le crime, se plaisant à redessiner à sa guise le fameux crossroad, le point de croisement entre blues, folk et rock'n'roll. Du pain béni pour Tio Manuel et sa voix rocailleuse dont le vécu fait résonner les cordes vocales. Entre anglais et espagnol, les deux langues utilisées sur le disque symbolisant le point de rencontre de deux cultures que l'on se plaît à opposer, l'illusion est parfaite ; quand bien même l'album fût conçu en plein Paris ! Alors qu'il renoue avec l'électricité, la musique de Tio Manuel, gagne une épaisseur supplémentaire. Hypnotique et captivant, le groupe déroule le tapis de sons, laissant le temps nécessaire (souvent autour des cinq minutes) aux compositions de s'épanouir pleinement, entraînant l'auditeur dans la spirale tournoyante tout en prenant, à l'occasion, la tangente inverse (le rockabilly tenace de « Skinny Girl », « San Jose Junction ») vers un rock vivifiant. C'est un véritable plaisir que de vagabonder, en musique, en compagnie de l'artiste le temps de l'écoute. 

En concert le 17/11 à Paris (Péniche Antipode - 18h30)
http://tio-manuel.com/
https://tiomanuel.bandcamp.com/


mardi 12 novembre 2019

James Eleganz : « The only one »



Le Breton, ancien leader de Success, revient du mythique studio Rancho de la Luna, perdu en plein désert californien, un nouvel effort en solo sous le bras. Un exil pour le moins fructueux tant il n'est pas exagéré d'affirmer que ledit album est sublime. Sur place, le chanteur a croisé quelques musiciens et autant de CVS prestigieux, Toby Dammit (ancien batteur d'Iggy Pop et de Jessie Evans) qui a produit le disque, Mike Watt (ex bassiste des Minutemen qui a également frayé avec les Stooges) et Larry Mullins ; tous partie prenante de l'enregistrement, qui ont su faire passer un cap à l'artiste et donner un irréfutable cachet aux chansons. Frappées du sceau de l'authenticité, de ballades crépusculaires (« Lasso the moon ») aux échos fantomatiques et baroques (« Forgive me, forget me ») au rock'n'roll tendu et mordant (« Consolation ») ; le souffle chaud du désert souffle à travers les enceintes, dans la moindre note de piano, à chaque corde de guitare slidée ou dans le rythme délicat de la batterie (« Better man » ; « Every time I'm with you »). A l'unisson des musiciens, et comme possédé par la magie des lieux et des sons, les qualités de crooner d'Eleganz sont particulièrement bien mises en exergue quelque soit le contexte. De la haute voltige dans le ciel céruléen californien. 

lundi 11 novembre 2019

KO KO MO : « Lemon Twins »



On appelle cela le changement dans la continuité. Pour son deuxième album, les Nantais de KO KO MO ne révolutionnent pas la donne, restant dans la continuité de leurs influences heavy rock seventies, mais ajoutent de nouvelles couleurs (le jaune!) à leur palette enrichissant considérablement leur univers. Ainsi la première piste de l'album, « The Lemon Twins », en déstabilisera probablement plus d'un, intégrant, harmonieusement, des sonorités électroniques (en lieu et place de la basse) à leur gros son enivrant et son lot de guitares déchaînées et de break de batteries dévastateurs (« So down » au pont presque hip hop). Car, de tout ce carambolage de sons, une évidence ressort : KO KO MO est un formidable groupe rythmique, prêt à toutes les expériences pour faire se déhancher le public (« White House blues »). Un disque exaltant bousculant les sens de l'auditeur au milieu duquel la très douce « Ready for the storm » apparaît comme une pause bienvenue. Signalons enfin pour finir la magnifique participation de Leila Bounous dont le chant en langue arabe apporte une effluve supplémentaire et différente, rappelant les expérimentations arabisantes de Page & Plant dans les années 1990 alors que le reste de l'album évoque plutôt Led Zeppelin ("Shake off your fear"). Recommandé. 





dimanche 10 novembre 2019

(ThisIs) Redeye : « Desert Eyes »



Musicien français ayant grandi au Texas, Guillaume Fresneau, aka (ThisIs) Redeye et anciennement Redeye, revisite son passé le temps de ce nouvel album. Un disque en forme de passerelle vers un désert fantasmé prenant une forme musicale inattendue. Point de rock stoner ici, ni de guitares grasses revisitant le blues sur un mode rock heavy seventies. Petite perle mélodique, entre pop et folk, ce nouvel effort est comme le miroir déformant du musicien porté sur son passé. Nourrie d'influences américaines (cf. « Faded ! ») où les guitares acoustiques se taillent la part du lion, la proposition musicale est pourtant d'une élégance toute européenne, pop ourlée et délicate, se teintant parfois d'une pointe d'expérimentation à base de claviers psychédéliques sans artifices vintages (cf. « Under the waterline » ; « Pounding Heart » ; "Sons & Daughters"). Le tout sied particulièrement bien à la voix et au chant de gorge, grave, qui sonne, pour le coup, comme burinée par le vent chaud et le sable du désert (« Desert Eyes »). Intemporel, classique et immédiat. 





mardi 5 novembre 2019

SBRBS : « By lust and gold »



C'est un sentiment finalement assez rare qui nous habite à la découverte du premier EP du trio rennais. Celui de tomber sur une pépite qui transforme l'écoute en expérience addictive faisant frissonner l'échine. Car si le groupe ne propose rien de bien expérimental ou d'inédit, ce dernier a le bon goût de le faire avec force persuasion rendue en un geste musical précis, pointu et exigeant. Des mélodies pop traitées sur un mode stoner, cela donne des guitares lourdes et traînantes, dont les ruades n'ont de cesse de trimballer dans la poussière de gentilles mélodies. Il se dégage quelque chose de lancinant et d'hypnotique de cette première livrée qui accroche immédiatement l'oreille dans le juste milieu, ni trop agressif, ni trop peu. C'est une réussite ! 
https://fr-fr.facebook.com/sbrbstheband/



lundi 4 novembre 2019

Seratones en concert le 29/11


Le quintet louisianais sera sur la scène du Pop up du label le 29 novembre prochain pour présenter son deuxième album, "Power", aux accents soul traditionnels traversé d'éclairs expérimentaux et synthétiques.

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dimanche 3 novembre 2019

Virginie Seghers : « Echos d'ateliers »



Auteur, compositrice et interprète, fille de l'éditeur et poète Pierre Seghers, Virginie Seghers à découvert l'imprimerie Mourlot, sise à Paris, Montparnasse, en compagnie de ses parents. Toujours active, l'imprimerie Mourlot est devenue l'atelier d'art IDEM dans le courant des années 1990. C'est après une visite dudit atelier qu'est né ce livre-disque, qui constitue son troisième album, nourri par les nombreux souvenirs d'enfance de Virginie ; une enfance bercée par l'amour de l'art, des lettres et du beau papier, soit les ingrédients de ce nouvel effort. Les pages de ce magnifique ouvrage et les chansons composant le disque se répondent ainsi dans un dialogue nostalgique entre les arts qui sied particulièrement bien à l'orchestration acoustique un tantinet jazzy, tantinet tzigane, choisie par l'auteure. Il s'échappe ainsi de l'acoustique un sentiment d'intimité prégnant avec la musique qui se prolonge au contact des pages de l'ouvrage magnifiquement illustré de photos et de lithographies signées Jean-Michel Alberola, Titouan Lamazou (l'ancien navigateur devenu peintre), David Lynch (le cinéaste) ou Nicolas Vial ; autant d'artistes habitués de l'IDEM. Echos d'Atelier est le genre d’œuvre avec laquelle le contact est charnel. Le doux contact du papier sous les doigts, alors que tournent les pages, permettent de renouer avec cette dimension tactile qui nous fait tant défaut en ces temps numériques. Le temps d'écoute et de lecture offre ainsi une pause bienvenue dans cette marche forcée généralisée vers le digital. Et cela fait un bien fou ! 
Editions Idem Paris - 35 €
https://virginiesegherschante.fr/

vendredi 1 novembre 2019

Hannah Williams and The Affirmations : « 50 foot woman »



Ce deuxième album de la chanteuse britannique s'impose, par sa qualité et sa facture, comme l'événement soul, un véritable coup de cœur, de l'automne et c'est une divine surprise. Toujours entourée d'une large formation (guitare, basse, batterie, claviers, cuivres et chœurs) la chanteuse est passée sous les fourches caudines du producteur étasunien Shawn Lee qui s'est évertué par tous les moyens possibles de retrouver le goût, la touche magique des années 1960, sous influence Stax et Motown, bien que mû par une dynamique tout à fait moderne. Et le résultat est à la hauteur des espérances les plus folles et l'égal des productions des labels de Brooklyn Daptone ou Big Crown (Lee Fields). Des les premières mesures du groove puissant, à l'esprit assez rock, du morceau titre, l'auditeur est emporté dans la faille temporelle et qu'est-ce que c'est bon ! Du songwriting malin et efficace (le hook de « I can't let this slip away » est irrésistible) à défaut d'être foncièrement original Un petit détour par le blues (« Tablecloth »), puis le jazz (la formidable "I feel it") et un virage deep soul plus tard (« Sinner ») et l'affaire est dans le sac ! La chanteuse module sa voix à l'envi en fonction des ambiances, assez variées mine de rien, faisant montre de ressources insoupçonnées nichées dans le fond de la gorge. Le tout est efficace et entraînant. On doute qu'Hannah Williams mesure effectivement 50 pieds (environ 15 mètres), mais cela ne change rien à la stature géante que la chanteuse est en train de se bâtir. La formation devrait faire des ravages sur scène. 

En concert le 26 novembre à Paris (New Morning)
https://hannahsoulwilliams.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/HWAffirmations/