vendredi 31 janvier 2025

Paul Galiana : « De la vie »

 


Paul Galiana a tout de l’artisan, honnête et travailleur, dont les chansons, aux atours classiques, accompagnent discrètement le quotidien. Paul lance ses chansons en l’air, modestement, avec l’espoir fou que lesdites chansons trouveront une oreille bienveillante pour les accueillir. Après avoir chanté le monde, ses vicissitudes et la vie des autres avec beaucoup d’empathie, Paul s’est penché sur son existence et son passé. Ses rêves d’enfant et de ballons ronds (« Genghini Blues ») ou son ascendance (« Ta Place ») pour, en élargissant la focale, atteindre l’universalisme. La démarche tient en trois mots, universels : « De la vie ». Avec toute l’humanité qui le caractérise, Paul nous la raconte cette vie quotidienne et la ville qui l’accompagne à l’image de l’illustration de la pochette. Pour l’occasion Paul à fait rugir les guitares, l’album s’ouvre sur « De la vie » ravageur, guitares qui savent aussi se faire câlines, acoustique ou slidée, entre pop, rock, folk et blues. Enregistré en power trio (avec Guillaume Glain à la batterie et Alain Gibert à la basse) et quelques invités triés sur le volet (Clément Verzi et Lembe Lokk), ce nouvel album fait remonter les souvenirs des grandes heures du rock chanté en français, avec poésie, modestie et amour.

En concert à la Mécanique Ondulatoire le 6 février 2025.

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jeudi 30 janvier 2025

Lisa Portelli : « Absens »

 


La musique, chez Lisa Portelli, se veut une matière vivante, en perpétuelle évolution, au gré du temps et de ses états d’âme. Toujours en mouvement l’artiste n’est pas avare d’expériences. Après avoir respecté un vœu de silence, au sein d’un couvent, juste avant d’enregistrer son troisième album, Lisa Portelli s’est, cette fois, retiré sur l’île de Molène, au large du Finistère, où ce nouvel album a été conçu. Seule pendant quatre mois, isolée et fouettée par le vent, Lisa Portelli s’est de nouveau réinventée, prenant encore un peu plus ses distances avec sa guitare (l’instrument fétiche de ses premiers disques très rock) pour plonger dans le grand bain électronique en compagnie du producteur Guillaume Jaoul qui connaît très bien la question en tant que collaborateur régulier de Quentin Dupieux (Mr Oizo). En compagnie de ce dernier, Lisa a réussi à trouver la note juste, en allégeant les sons électro, pour trouver un juste compromis où l’organique a également sa place. Ainsi l’album réserve quelques très belles parties de guitare, des arpèges (« A Sec »), un piano mélancolique, mais aussi une électro brute et frontale (« Passe des chimères », « Lointain, tu t’approches »). Ce nouvel album se révèle être une odyssée dans les pas d’Ondine où l’océan, la mer, fait totalement partie du paysage. La dernière plage fait office de retour brutal à la terre (« La mer m’a recrachée ») avant d’envisager la suite du voyage.

En concert le 4 février à La Marbrerie (Montreuil)

https://www.facebook.com/lisa.portelli.officiel







mardi 28 janvier 2025

Quinn DeVeaux + Jon Muq, La Maroquinerie, 25 janvier 2024.

Enfin venu le temps des Nuits de l’Alligator dans l’écrin de la Maroquinerie, ce grand bain d’Americana où se mélange folk, country, soul, blues et rock’n’roll.



On commence les agapes avec un jeune artiste que l’on suit depuis quelques temps, Jon Muq mais que l’on a la chance de découvrir pour la première fois accompagné d’un groupe au complet ! Si Jon est un guitariste folk très accompli et possède un joli grain de voix, fragile et émouvant, la présence d’un groupe à ses côtés change totalement la donne et ouvre en grand le champ des possibles pour le chanteur. Sa musique revêt de nouveaux atours, pop ou rock, alors que la voix se fait toujours aussi soulful. Le chanteur possède énormément de charisme, et ses interventions entre les titres relèvent autant de sa découverte de l’occident (originaire d’Ouganda il est désormais installé aux Etats-Unis) que celle de la musique (il a vu une guitare pour la première fois à l’age de 15 ans). Il se révèle également touchant de modestie, introduisant chaque nouveau titre par sa phrase rituelle : « hope you guys will enjoy it » (j’espère que cela vous plaira). Le chanteur profite de l’occasion pour dévoiler de nouveaux titres, qui ont l’air tout à fait prometteurs, on attends un nouvel album avec impatience.



Un pied dans le rock, l’autre solidement ancré dans la soul, Quinn DeVeaux avait été une belle découverte l’an dernier, son album « Leisure » ayant tout du squatteur de platine ! Chanteur (également guitariste) au timbre tout à fait charmant, Quinn DeVeaux pratique une soul de haute volée, groove impeccable de la section rythmique et grandes lampées soulful servies à l’orgue vintage (un vrai orgue et non un succédané numérique récent) dans laquelle résonne par intermittence les échos du bayou. Mais la présence à ses côtés d’un guitariste possédé par l’esprit de Jimi Hendrix change la donne et ce dernier transperce les compositions de grands éclairs d’électricité saturée. Nous ne sommes plus très loin de ce mélange soul/rock distillé par des formations telles que les BellRays, Vintage Trouble ou The Heavy. C’est absolument fantastique, la clé d’une soirée réussie.



lundi 27 janvier 2025

Le Noise, Salle Pleyel, 23 janvier 2025.

 


Nommé d’après un album de Neil Young, produit par Daniel Lanois, Le Noise est un groupe belge à géométrie variable, spécialisé dans la reprise de Neil Young, que l’on a pu admirer pour la première fois sur la scène de la Salle Pleyel, la semaine dernière. Ce dernier, bien qu’absent physiquement, est présent dans toutes les têtes, et s’affiche, en toile de fond, derrière la scène, sur une photo géante. Le fameux cliché, extrait de la pochette de « Tonight the Night », représente le Canadien, le doigt en l’air, surplombant le groupe, une manière de dire : « Je vous surveille les gars, déconnez-pas avec mes chansons ! » Soyons honnête, pour quiconque a eu la chance d’admirer, en personne, Neil Young sur scène, un groupe de reprise a tout du succédané un peu fade. Mais le fan y trouvera son compte. D’abord, et il s’agît là d’un point essentiel, parce que le groupe est plus que compétent, musicalement parlant (« A man need a maid » totalement réarrangée à la lap-steel alors que l’originale a été enregistrée avec orchestre symphonique), le rendu est impeccable (seule la voix, bien que ressemblante, diffère de l’originale). Ensuite parce que Le Noise n’hésite pas à s’aventurer dans des coins peu visités, sur scène, de sa discographie par le Loner lui-même (« Revolution Blues » extraite d’« On the beach » par exemple). Mettant à profit sa géométrie variable, la formation varie les plaisirs, imite Crazy Horse à l’occasion ou joue sur une note plus acoustique et s’offre même deux petits pas de côté chez David Crosby reprenant « Almost cut my hair ». Il y aurait cependant beaucoup à dire sur ces groupes spécialisés dans la reprise d’un seul artiste, à prix fort prohibitif, alors que tant d’artistes en développement, disposant d’un répertoire original, triment à attirer le public. Mais ne boudons pas notre plaisir, le répertoire est de qualité (on parle de Neil Young là!) impeccablement restitué par un groupe qui n’est même pas professionnel à temps plein (comme l’avouera le chanteur qui serait bien content de quitter son « day job »). A part quelque cafouillages techniques en début de set, c’était une soirée nickel !

lundi 20 janvier 2025

Les nuits de l'alligator 2025

Rendez-vous incontournable de l'hiver, les Nuits de l'Alligator commencent dès demain et à partir de samedi à la Maroquinerie ! Pour la billetterie cliquez ici

https://www.nuitsdelalligator.com/

 









samedi 18 janvier 2025

Karen Lano, Café de la danse, 17 janvier 2025.

De retour avec un nouvel album, sorti à l’automne dernier, Karen Lano fête la sortie de ce dernier sur la scène du Café de la danse. Un retour plus rock qu’à l’accoutumée qui voit la chanteuse marier cette influence nouvelle avec celles, plus habituelles, de la pop et de la chanson. Un retour en petit comité, entouré d’une section rythmique et d’une guitare omniprésente qui voit la chanteuse, surfeuse dorée, glisser avec grâce sur la vague électrique déclenchée par Olivier Legall, son guitariste. Un nouvel habit que la chanteuse enfile avec élégance, et dans lequel elle retrouve sa poésie habituelle qu’elle marie aux riffs hypnotiques et autres arpèges délicats. Deux invitées de marque ponctuent la soirée avec charme, Brisa Roché, qui retrouve un univers folk-rock auquel elle est habituée, et BlauBird le temps d’un duo suspendu sur « Le Bal des Laze » de Michel Polnareff, où la phrase « supprimer celui-là » est prononcée avec le sourire, dénuée de la violence de l’originale. En fin de concert un trio de cordes magiques fait son apparition (dans lequel on retrouve la fidèle Marie Lesnik) renouant avec la mélopée onirique des albums précédents de la chanteuse. « Pas assez belle, pas assez brillante » chante-t-elle, une affirmation que fait démentir Karen Lano, le temps d’un rêve, le temps d’un concert, justement beau et brillant.

https://www.karenlano.com/

https://www.facebook.com/karenlanomusic




vendredi 17 janvier 2025

Resto Basket : « Le Seum »

 


Expression bien connue de nous jeunes amis, « Le Seum » désigne cet état de dégoût, semi-dépressif dans lequel on se retrouve lorsque l’on a « les boules » comme on disait autrefois. Le seum les cinq membres de Resto Basket le connaisse bien, l’ont probablement assez souvent, et ont en fait leur source principale d’inspiration qu’ils transforment en bombinettes punk et pop, voir ska (« Kérosène »), survitaminées, où le dynamisme de la musique contraste avec la noirceur des paroles (« Mauvaises décisions », « Kérosène », « Boulevard »). Ca déménage !

https://www.facebook.com/restobasket38




jeudi 16 janvier 2025

The Heavy Heavy : « One of a kind »

 


D’une profondeur insondable, la scène britannique ne cesse de surprendre, et de ravir, l’amateur de rock’n’roll. Dernier exemple en date, le duo Heavy Heavy, venu de Brighton (ne pas confondre avec The Heavy), qui vient de sortir un premier album comme on aimerait en écouter tous les jours. Réussissant, avec bonheur, à ressusciter une classe sixties intemporelle, par la grâce d’un mélange entre le crunch typique du mersey beat et le psychédélisme, voici le genre de disque qui nous fait revivre nos premiers émois, ces moments d’écoute qui nous ont fait tomber en amour avec le rock’n’roll ! Le mariage des voix entre le chant féminin de Georgie Fuller et celui, masculin, de William Turner, évoque quelque chose des Mama’s and Papa’s, faisant de ce disque une synthèse idéale entre cultures rock britannique et américaine. Outre le fait qu’il soit produit à la perfection, avec un son à se damner, l’album regorge de petites perles procurant une envie irrépressible de bouger. On en aura bientôt l’occasion puisque le groupe débarque sur nos scènes le mois prochain !

En concert le 10/02 aux Etoiles

https://www.theheavyheavy.com/

https://www.facebook.com/theheavyheavymusic

https://theheavyheavy.bandcamp.com/





lundi 13 janvier 2025

Ramon Pipin : « Chants Electriques »

 


Ancien membre d’Au bonheur des dames, dans les lointaines années 1970, puis d’Odeurs lors de la décennie suivante, Ramon Pipin est de retour avec son septième album en solo. Dans le fond, Ramon Pipin, est resté fidèle à sa passion d’adolescent pour le rock’n’roll et c’est en cela qu’il est un artiste profondément attachant. En ce sens, ce nouvel effort peur s’envisager comme une suite de son travail au sein des Excellents, ce groupe parodique dans lequel il s’amuse à « massacrer avec amour » les classiques du rock. Ainsi, ce nouvel album n’a de cesse de citer quelques classiques chers à son cœur mélomane. D’un riff de guitare chipé chez The Nice (« Obsolète »), à une boucle de synthé digne des Who époque « Won’t get fooled again » (« Dans la ville où que je vis » ; « Fais de beaux rêves »), en passant par un « Gaba-gaba-hey » clamé en forme de clin d’œil aux Ramones (« Les comédies pas drôles »). Un riff stonien syncopé (« Je joue de la guitare ») par ici, quelques ambiances évoquant Devo ou Procol Harum, par là, Ramon embrasse totalement ses influences, mais toujours dans une volonté de les dépasser, à la recherche d’une voie personnelle. Plutôt que la lettre, c’est bien à l’esprit des années 60 que le musicien est fidèle. Les sixties sont pour lui une question cruciale, et en particulier la créativité débridée, qui fut l’apanage des grands de ces années là, Brian Wilson et autres Paul McCartney, dans les pas desquels il tente de s’inscrire. Maîtrisant le grand écart, ce nouvel album propose quelques-uns des assauts les plus métalliques de sa carrière (« Daisy Belle », « Je suis très content »), servis par une brochette de merveilleux guitaristes (Brice Delage, Stéphane Daireaux, JM Kajdan, Michaël Ohayon, soit autant de virtuoses méconnus de la six cordes) et des titres acoustiques, d’une tendresse infinie (« Dans le tiroir du bas » dans laquelle il est difficile de ne pas voir le fantôme du deuil ubuesque qui l’a frappé l’an dernier ; « Une chanson émouvante » qui ponctue le disque sur une note bouleversante). Coup de gueule contre l’absurdité de l’époque, pratiquant avec bonheur l’humour crétin et trash, ce nouvel album prouve que, contrairement à ce qu’il chante dans le titre inaugural, Ramon Pipin est loin d’être obsolète !

https://www.facebook.com/RamonPipinOfficiel

https://www.ramonpipin.fr/




https://ramonpipin.bandcamp.com/album/chants-lectriques


jeudi 9 janvier 2025

The Cactus Blossoms : « Everytime I think about you »

 


Scandaleusement méconnu dans nos contrées, le duo formé de Jack Torrey et Page Burkum sort son quatrième album, le premier a bénéficier d’une sortie en France après 14 ans de carrière ! Et il s’agît là d’une révélation et quelle révélation ! En effet, le duo a le chic pour créer cette atmosphère rêveuse, vaporeuse, qui transporte immédiatement quiconque aura la chance de poser une oreille sur cet album. Mélodies lumineuses et arrangements soignés constituent une véritable carte postale musicale évoquant le grand ouest américain, le désert infini, dans lequel la poussière se soulève, sous un ciel d’un bleu céruléen, au soleil couchant. Il y a dans ces dix pistes quelque chose de l’Amérique éternelle celle qui a vu naître la country et le rock’n’roll, qui constituent, avec le folk, les sources nourricières du groupe. Le tout servi avec un groove lancinant et magnifiquement incarné vocalement, par un chant évoquant un feeling aux nuances multiples. Chaque riff de guitare fait frissonner, et sonne comme le résultat d’une jam impromptue rassemblant la coolitude de JJ Cale, le charme de Roy Orbison et la sophistication des Byrds. Qui d’autre joue cette musique de nos jours et avec un tel bonheur ???

En concert le 12/02 à La Marbrerie (Montreuil)

https://thecactusblossoms.bandcamp.com/

http://thecactusblossoms.com/

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dimanche 5 janvier 2025

Emma Sand Group + In My Head, Pop Up du Label, 4 janvier 2025.

Cette nouvelle année de concerts commence tôt et en fort belle compagnie ! Dans l’enceinte du Pop Up du Label le trio In My Head, déjà auteur d’un EP et d’un album, nous a gratifié d’un set indie de très belle facture débordant d’influences britanniques de toutes sortes et de différentes époques avec une énergie bienvenue et communicative. Une belle découverte pour bien commencer l’année.

Place ensuite à une vieille connaissance, Emma Sand, toujours entourée de son « Group » dans lequel on retrouve un nouveau batteur, Guillaume Lebel. Le set commence d’une très belle manière avec un « Beautiful Boy » absolument envoûtant, par la grâce des arpèges bouleversants échappés de la guitare du Frank Joannès, ce génie méconnu de la six cordes. La section rythmique n’est pas en reste, le nouveau batteur révèle un sens du groove inspiré, l’association avec le bassiste Cyrille Latour fonctionne merveille dans cette succession de tensions/détentes qui emporte le spectateur, loin, très loin (jusqu’au désert du Mojave en Arizona), comme emporté par une vague dans laquelle les émotions se succèdent. Emma Sand joue le rôle à la perfection, forçant sa voix ou jouant la retenue suivant ce que la musique réclame, au point de finir les cordes vocales bien enrouées. Enfin, le quatuor nous réserve quelques surprises, de nouveaux titres laissant échapper d’étonnantes syncopes reggae et une reprise de Johnny Cash pour conclure cette belle soirée.

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