jeudi 11 avril 2024

The Reed Conservation Society + Natacha Tertone + Corde, Petit Bain, 10 avril 2024.

Quelques semaines après avoir sorti un premier album, chanté en entier dans la langue de Molière, The Reed Conservation Society continue sa révolution copernicienne en se présentant pour la première fois en quatuor, avec une vraie section rythmique, basse (Nicolas) et batterie (Cédric). Un changement loin d’être anodin et qui bouleverse la donne d’un groupe qui jusqu’à présent nous avait séduit par son atmosphère folk psyché délicate et ouatée. Un feeling qu’ils ont su garder intact sur certains morceaux (« Aux Rochers Rouges ») alors que d’autres (« Astronomy Divine ») ressortent transfigurés par ce véritable coup de fouet en forme de cure de jouvence. Cet aspect rock est hautement appréciable et la coda discoïde, le pied au plancher, du « Mont de piété » (en duo avec Natacha Tertone) restera longtemps dans la mémoire collective. Pour le reste Stéphane (guitare et voix) et Mathieu (guitare et trompette) font montre de leur virtuosité habituelle, entre arpèges délicats et trompette dégainée à l’occasion, chassant sur des terre mexicaines fantasmées. Un set de très haute tenue par un groupe en perpétuel mouvement.

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La scène du Petit Bain a été par la suite le lieu d’un petit événement, la renaissance scénique de Natacha Tertone pour son premier passage parisien depuis l’an 2000, année de la sortie de son premier, et pour le moment unique, album qui vient tout juste d’être réédité en digital, procédé balbutiant en 2000. Contrairement à l’époque, le groupe, autrefois un trio, se présente dorénavant en duo avec le batteur multi-instrumentiste Bruno Mathieu, l’unique rescapé de l’aventure. Une économie de moyens dopée par une instrumentation diverse, et parfois bricolée, flûte, glockenspiel, boite à musique et claviers divers. Les qualités vocales de Natacha sont intactes et transportent l’auditeur dans son univers entre candeur et brusques accès de fièvre électrique. Si le concert ne fut pas avare de bons moments (notre préféré restera ce rappel au débotté en allemand, joué en toute simplicité) on sent le projet encore en rodage, il ne s’agît après tout que de leur troisième concert après 24 ans de pause. Espérons pouvoir les retrouver, plus aguerris, très prochainement. Les occasions ne devraient pas manquer, un nouvel album étant annoncé pour l’an prochain.

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Avouons-le nous n’avions jamais écouté le trio lillois Corde avant ce soir, et la description qui nous en avait été faîte, évoquant à la fois le folk instrumental et le post-rock, nous laissait pour le moins perplexe. Aussi antinomique que puisse paraître la chose, c’est pourtant bien de cela qu’il s’agît, Corde symbolisant la rencontre de l’acoustique (le violon) et des claviers et autres boucles électro sur tempo flirtant avec un bpm techno. Accompagné d’un flot incessant d’images projetées sur le mur du fond, nous sommes proches d’un ciné-concert, le trio propose un véritable voyage, d’ailleurs le groupe utilise autant le mot « histoires » que « morceaux » pour décrire sa musique, en terra incognita musicale ; dans lequel on croit déceler quelques inspirations celtiques (le violon). Climats et atmosphères alternent du plus doux et éthéré, à de brusques accélérations dues à la batterie et à la basse électrique. Une proposition musicale ambitieuse, forte et très dense, qui nécessite du temps et une écoute répétée, au calme et posée, pour être pleinement digérée et appréciée. Rares sont les groupes à projeter une telle ambition, utilisant un instrument lead, le violon, assez inusité dans le post-rock, nous la saluons et l’apprécions à sa juste mesure.

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