mardi 31 janvier 2023

Ha The Unclear : « Handprint Negatives »

 


Fraîchement débarqué de Nouvelle-Zélande, le quatuor au look hippie assez improbable, se singularise particulièrement par son évidence mélodique. Une sorte de signature sonore, faite de guitares à la ligne claire, un agrégat de pop et de folk (la tendre « Cave Paintings ») et de chant à l’accent assez marqué, finalement assez rêche et sans fioriture excessive. Sec et autour de l’os, un peu dans l’esprit des La’s, le quatuor réussit à dépasser le simple postulat nostalgique, les sixties constituent certes leur fond culturel (les charmantes « Growing Mould », « Mannequins », « Paperboarts »), cette influence est transcendée en un rendu contemporain et intemporel. Plutôt chouette et bien troussé.

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lundi 30 janvier 2023

Jesse Malin : « Glitter in the Gutter »

 


Cette copieuse (14 titres) réédition, remastérisée, du troisième album de l’attachant Jesse Malin (sorti en 2007 alors que ce blog en était à ses premiers balbutiements) permet de revenir sur un passage méconnu de la carrière du chanteur : son, bref, exil californien (« California seems so cold » chante-t-il in « Lucinda »). Car, palmiers ou non, c’est le subway new-yorkais qui coule dans les veines du chanteur et lui donne son énergie. Qu’importe que la guitare soit acoustique, Malin s’en empare, frotte les cordes avec la même énergie, et chante dans le micro, comme si sa voix devait passer par-dessus un mur d’amplis (« Don’t let them take you down » ; « Lucinda » ; « Love Streams »). C’est donc à une attaque tout à fait personnelle de l’idiome folk à laquelle s’adonne le chanteur ici. Troubadour punk, on ne saurait trouver une plus juste définition pour la musique de Jesse Malin, qui ne se prive pas non plus de rendre hommage au genre qui a bercé sa jeunesse (la rageuse « Prisoners of Paradise »). Enregistré avec une poignée de potes, Ryan Adams, Jakob Dylan, Josh Homme (Queens of the Stone Age) ou Chris Shiflett (Foo Fighters) et agrémenté d’une touchante ballade en duo avec Bruce Springsteen (« Broken Radio »), voici une pépite méconnue à (re)découvrir.

En concert le 18 février (La Boule Noire)

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Les Nuits de l'Alligator #17

 


Nous sommes particulièrement heureux du retour de l'un de nos festivals préférés à la programmation pointue du rock garage à la soul en passant par le blues et la country. A ne pas manquer cette année, la renaissance inattendue de The Staples Jr Singers, l'hommage à Dr John par Matthis Pascaud et Hugh Coltman, la diva turque Gaye Su Akyol, ainsi que nos talents locaux, Cory Seznec, Des Lions pour des Lions et Vicious Steel... Que de belles soirées en perspective !

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Billetterie


Sarah McCoy : « High Priestess »

 


On l’avait découverte, en 2015, fraîchement débarquée de la Nouvelle-Orléans, sur la scène de la Maroquinerie, où, le temps d’un set, très roots, piano, au boogie redoutable, elle avait mis le feu au festival des Nuits de l’Alligator. Une époque lointaine et qui semble révolue tant la chanteuse a évolué, musicalement, depuis son installation en France. Alors que les comparaisons avec Janis Joplin abondaient à l’époque, Sarah McCoy, passée entre-temps sous les fourches caudines du producteur Renaud Letang, s’est muée en artiste électro. Une évolution pas aussi contre nature qu’une écoute superficielle pourrait le laisser le penser. Car une oreille attentive révèle la nature intrinsèquement blues de ce nouvel effort (ce que le premier album de Sarah « Blood Siren » n’avait réussi que de manière imparfaite). Les synthés évoluent sur un mode ternaire, le vécu découle de ses toujours aussi impressionnantes capacités vocales, débordantes de feeling. Le tout incarne une sorte de blues électro 2.0, tenant du psychédélisme 21ème siècle (« Oracle »). On aurait pu attendre de Sarah McCoy qu’elle singe ad vitam æternam les divas du passé. Cette dernière a préféré choisir une voie plus personnelle, pas exempte non plus d’un clin d’œil au passé (cf. le piano de « Take it all » ; « La Fenêtre »). Petit à petit, Sarah McCoy trouve sa place. Et son cheminement se révèle particulièrement émouvant.

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mardi 24 janvier 2023

BlauBird, Fontenay-aux-Roses, 22 janvier 2023.

 




Et si, faisant honneur à son patronyme, BlauBird était finalement un oiseau bleu, dont la voix en apesanteur et dégagées des contingences terrestres, survole les plaines désolées de l’Europe centrale et de l’Est, balayées d’un vent glacial (le chant en allemand et en yiddish), pour atteindre les rives ensoleillées de la Méditerranée (l’espagnol et l’arabe). C’est en tout cas à une magnifique odyssée à laquelle la chanteuse nous a convié en ce dimanche après-midi gris et froid. Silhouette gracile derrière son piano, accompagné de son fidèle compagnon Michel Schick (clarinette, ukulélé et autres instruments à vent), touchée par la grâce, BlauBird nous a bouleversé. La tête en arrière, acrobate en équilibre sur le fil de l’émotion, toujours sur la brèche et sur le point de chavirer sous le poids de l’émotion, alors que ses mains effleurent délicatement les touches du piano, BlauBird, sa voix et son chant passionné, dégage quelque chose d’extrêmement fort. Sa fragilité, l’émotion palpable à fleur de peau et toute l’humanité qui se dégage de ses chansons, dont l’expression polyglotte représente la plus belle incarnation d’un élan fraternel de paix et d’amour, nous a serré le cœur, noué la gorge et humidifié les yeux. Il faut avoir un cœur de pierre, voir être totalement dépourvu de l’organe palpitant, pour ne pas succomber de tout notre être. C’était sublime.

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samedi 21 janvier 2023

François Premiers : "Space Time"

 


Quiquonque à eu la chance un jour de vivre, en direct, la frénésie rock et psychédélique qui habite leurs concerts ne peut que regretter que le groupe mené par les deux François (ex-Roadrunners et Fixed Up) soit aussi rare sur scène par chez nous. Enfin, voilà une petite vidéo live au Tetris dans leur ville natale du Havre pour se consoler en attendant...


vendredi 20 janvier 2023

Cancre : « Tout s’efface »

 


La ligne de basse bourdonnante qui ouvre l’album laisse poindre une menace sourde, qui durera tout le disque pour ne s’effacer finalement que sur la dernière piste. Dans l’intervalle, c’est à un voyage temporel que le trio mené par les frères Robin et Mathias Millasseau nous invite. Car tout à la base du projet, se trouve un carnet de poèmes, rédigé par Marcel Millasseau (arrière-grand-oncle des principaux intéressés) depuis les tranchées de la Première Guerre mondiale et qui fournit la matière première de 7 titres de l’album (notons également la participation de David Sander aux autres compositions du groupe). Le rapport au temps est donc au centre de toutes choses. Les textes rédigés il y a 110 ans, mais aux résonances, hélas, si actuelles, sont accompagnés de compositions rock contemporaines, sans nostalgie aucune. Textes et musiques se fondent dans un ensemble cohérent en dépit de l’écart crée par le passage des aiguilles du temps. Poignant et émouvant, plus souvent qu’à son tour (en pense en particulier à « Survivants » dont la cruauté des paroles ressort de façon plus prégnante en version acoustique), porté par l’évidence mélodique des guitares à la ligne claire, Cancre s’ouvre ainsi une voix unique dans le microcosme du rock français.

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mardi 17 janvier 2023

Miraculous Mule : « Old bones, new fire »

 


Par son simple patronyme, ultra référencé, Miraculous Mule, s’impose comme une incongruité sur la scène britannique, portant son amour immodéré du blues et du gospel tel un étendard. Une sorte du british boom nouvelle génération à eux seuls. Silencieux depuis 2017, le groupe effectue un retour surprise avec ce nouvel effort, construit de manière assez curieuse, et regroupant des titres enregistrés sur une décennie entre 2011 (ce qui est la cas par exemple du single « O Death »), soit avant même la sortie officielle de leur premier album, et 2021. Comme si la pandémie avait remis tous les compteurs à zéro et que ce disque, plus qu’un nouvel album, se présentait comme un nouveau départ pour le groupe. Uniquement composé de reprises de traditionnels de l’idiome bleu, auxquels le groupe impose un traitement minimaliste et en sourdine, pour un rendu particulièrement homogène et cohérent en dépit du temps espaçant les séances. Et au fil des titres, une sorte de fascination se met en place chez l’auditeur, emporté dans une spirale hypnotique à force percussions, clochettes et guitares acoustiques, dans la lignée d’un BJM. Une réussite de plus à mettre au crédit de Miraculous Mule.

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vendredi 13 janvier 2023

The Courettes : « Back in mono »

 


Alors évidemment, avec un album intitulé « Back in mono », difficile en l’espèce de ne pas voir l’ombre de Phil Spector planer sur le disque. De fait, embrassant le concept dans les grandes largeurs, le duo composé de Flavia et Martin Couri ne lésine pas sur les moyens afin de renouer avec le « Wall of Sound » cher au producteur. C’est donc avec force clochettes, percussions et autres orgues que le duo enlumine ses compositions, sans grand orchestre et avec un seul intervenant extérieur (le pianiste Soren Christensen). Saluons la performance ! Ensuite, une formule aussi ambitieuse ne peut fonctionner que si le répertoire est à l’avenant, ce qui est le cas ici. C’est donc à de grandes agapes, entre pop et soul, auxquelles l’auditeur est convié. Mais aussi de rock’n’roll (une petite différence avec Phil Spector, du moins lorsque ce dernier ne travaillait pas avec les Ramones) par le biais d’une guitare garage, souvent fuzz, de bon aloi (« Until you’re mine » ; « Trash Can Honey » ; « Hop the twig ») dynamitant l’ensemble et apportant la note finale à cet album aussi rétro que charmant.

https://www.thecourettes.com/

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lundi 9 janvier 2023

SUN : « Brutal Pop II »

 


Entre pop et brutal, il est difficile de savoir de quel côté penche le cœur de la musicienne. Ce que l’on retiendra avant tout c’est le soin apporté à chaque détail, de l’écriture à la production, qui fait que le grand écart global réalisé par le disque tient aussi bien la route. Car s’il est avant tout question de chansons, pop il va sans dire, c’est l’ombre du métal qui plane un peu partout, double pédale de la batterie, et scream inclus, faisant foi des bluffantes qualités vocales de la chanteuse. Sans contestation possible, ce nouvel EP fait partie de cette catégorie de disques qui vous prennent à la gorge, par surprise et sans coup férir. La bascule se fait d’une seconde à l’autre, la tension monte crescendo et c’est l’attaque métal des guitares en règle. Difficile donc de mettre une étiquette sur sa musique et c’est plutôt heureux, Sun déteste ça, les étiquettes…

Sortie le 13 janvier.

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samedi 7 janvier 2023

BlauBird : « Le ciel est partout »

 


Dans la vie de Laure Slabiak (a.k.a BlauBird), il y a eu, avant la chanson, une première existence, celle d’une chanteuse lyrique élevée aux répertoires de Malher et de Schubert. Elle a en gardé un goût certain pour ces ambiances vaporeuses, hiératiques, où sa voix, si particulière à la tonalité grave et tellement fragile pourtant, s’envole au-dessus des contingences. Ce nouvel album s’écoute comme on nous conte une histoire : un prologue, l’intermède, puis l’épilogue. Entre chaque étape, un voyage. Au sens physique puisque le disque a été enregistré entre Paris et Montréal avec autant de musiciens français, certains venant du classique, que québécois (dont François Lalonde et Yves Desrosiers, accompagnateurs de la regrettée Lhasa, avec qui les comparaisons abondent). Puis, un autre voyage, intérieur, celui-ci. Un périple multilingue, du yiddish à l’arabe, de l’anglais à l’allemand, du français à l’espagnol. Autant de ponts, reliant les cultures et au final, un album d’une remarquable constance. Envoûtant et mélancolique, émouvant au possible tant BlauBird touche au cœur par la grâce de ses cordes vocales. C’est finalement un tourbillon vénéneux qui emporte l’auditeur. Si le ciel est partout, c’est surtout la beauté qui irradie de ce disque.

Www.blaubird.com

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https://blaubird.bandcamp.com/album/album-le-ciel-est-partout-2022




vendredi 6 janvier 2023

Claire Veritti : « Seule »

 


Qu’elle à l’air esseulée et pensive, Claire Veritti, sur la pochette de son EP, aussi belle qu’un tableau de Rembrandt. Il serait facile dès lors de s’apitoyer, attendu que le disque s’intitule, gravement, « Seule ». Les mots y sont lourds de sens et parfois durs. Mais les mots y sont aussi à double sens et tout n’est pas aussi sombre qu’il n’y paraît : « C’est si facile de se morfondre ». La voix de Claire Veritti enlumine l’ensemble et réussit à y faire passer la lumière. Un parfum des années 1980, vénéneux, habite la musique de l’artiste, habillée de synthés analogiques aux accents hypnotiques, dont le sens de l’ampleur impressionne.

Sortie le 27 janvier 2023

https://www.facebook.com/claireveritti/





mercredi 4 janvier 2023

A Forest Man and The Elements : "Lost Control"

 


C'est une formation survoltée, toute en guitares abrasives et entêtantes, qui nous entraîne dans sa spirale hypnotique et électrique. A Forest Man & The Elements est de retour avec ce nouveau titre évoquant un sujet difficile et sensible.

https://www.facebook.com/aforestmanandtheelements/

mardi 3 janvier 2023

Sum'one : "Crazy"

 


Après plus de vingt ans de carrière, JustMike, que l'on avait déjà à l'époque croisé au sein des excellents Otis Stacks, se lance dans son premier projet solo. Assez entêtant, le titre met en valeur les deux passions de l'artiste qui constituent son ambiance musicale : le beatmaking hip-hop et les synthés analogiques, l'électro vintage. Le tout sans jamais réellement perdre de vue la soul à laquelle Sum'One apporte une touche contemporaine et électronique. Le clip en animation est magnifique, évoquant tout autant Metropolis que le retour à la nature.

https://www.facebook.com/sumoneofficial