jeudi 30 avril 2020

Soul Return



Le moins que l'on puisse dire à l'écoute de l'album est que le hasard fait parfois bien, et même rudement bien, les choses. Car sans hasard, cet album, voire même ce groupe n'aurait probablement jamais existé. Soul Return a donc donné naissance à un album par hasard. D'un côté on retrouve le guitariste J.J. Holiday qui, profitant d'une pause de son groupe fétiche les Imperial Crowns, s'est retrouvé à jammer avec le batteur Michael Barsimento et la chanteuse/harmoniciste Kellie Rucker. Cette dernière, enthousiasmée par le résultat, a proposer aux deux compadres d'enregistrer un album mais, seule condition mais vitale, la chose doit se faire vite car cette dernière n'a qu'un trou de dix jours dans son planning de tournées ! Il n'a donc fallu que dix jours pour concevoir cet album, mais quel album ! Certes, on n'affirmera pas ici qu'il s'agît d'une pièce révolutionnaire dans l'histoire du blues mais ce disque propose un autre plaisir celui de l'inattendu, de la surprise. Un disque somme toute assez simple, brut, mais porté par l'enthousiasme et le plaisir de jouer de la musique ! La batterie groove tranquille, la guitare est à l'avenant, sans effets superfétatoires, et le tout fonctionne particulièrement bien avec la chanteuse Kellie dont le timbre rauque semble avoir orienté la session vers un résultat brut de décoffrage. « Less is more », c'est tout simple mais quand l'amalgame fonctionne, et c'est le cas ici, le résultat est dévastateur ! Débordant de soul, dans le sens où le feeling prime au-delà de toute considération. La bande son idéale pour une virée dans un vieux pick up rouillé le long d'une route poussiéreuse… 

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mercredi 29 avril 2020

Lucidvox : "Knife"

Le quatuor féminin basé à Moscou est de retour avec ce clip anxiogène, aux allures de court métrage d'horreur, en prélude de leur troisième album dont la sortie est prévue pour le 9 octobre prochain. Une tornade sonore psychédélique et heavy...

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mardi 28 avril 2020

Bertrand Burgalat : "Vous êtes ici'



En plein confinement, Bertrand Burgalat nous offre un nouveau clip fort à propos (et on ne parle pas de la tignasse arborée par le chanteur !), sous la forme d'une invite à l'évasion, réalisée avec Google Earth. Nous sommes ici, physiquement, et ailleurs en pensée...

LE SILENCE ET L'EAU par Jean-Baptiste Soulard



Le silence et l'eau. Existe-t-il plus belle promesse à l'heure actuelle, un grand bol d'air au contact de la nature, que la proposition musicale de Jean-Baptiste Soulard, par ailleurs membre de Palatine ? Album introspectif, voyage solitaire, l'album se construit tel un périple en pleine forêt hivernale, en compagnie de compagnons rencontrés au hasard du fil de la route (Bessa, Blick Bassy, JP Nataf etc.) et embarqués dans l'aventure. Seul quatre titres ont été réalisés sans invités. Théâtral (cf. « Asile » conté par le comédien Raphaël Personnaz) et d'obédience plutôt britannique l'album convoque tantôt les climats acoustiques de Nick Drake ; tantôt la pop grandiloquente de Scott Walker (« Omble chevalier »). Adapté de l’œuvre de Sylvain Tesson, « Dans les forêts de Sibérie », il se dégage de ce disque quelque chose d'apaisant, de relaxant, qu'il convient de réellement écouter pour en saisir la substantifique moelle avant de se laisser bercer au son des violons et autres délicats arpèges de guitare acoustique. Voici la plus belle redéfinition des contours d'une chanson française raffinée et élégante, respectueuse d'un modèle anglo-saxons dont elle a su s'inspirer sans le singer pour autant. Magnifique ! 

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lundi 27 avril 2020

HENRY : « Noka Paradise »



Henry, Audrey de son prénom, a beaucoup traîné ses guêtres dans le monde la musique comme chanteuse/bassiste au sein des Naïve New Beaters, ou comme accompagnatrice, aux claviers, de Jeanne Added. Un parcours, bercés de nappes électro-synthétiques, qui forcement laisse des traces au moment de lancer son projet solo, intrinsèquement rock mais sans guitare (du moins nous semble-t-il). Ainsi, le rock façon HENRY est plus une affaire d'attitude, de rythme, un état d'esprit plutôt qu'une allégeance esthétique définitive à l'idiome. La musique d'HENRY se pare d'atours dansant et cold, rappelant les deux trois trucs cools que nous ont laissé les années 1980. Il se dégage une véritable ferveur, une fièvre rock'n'roll de ces cinq titres, addictifs dès la première écoute. Vivement la suite ! 

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dimanche 26 avril 2020

Eldad Zitrin : « Three old words »



Sur la ligne fine séparant l'électronique de l'organique, Eldad Zitrin, fait l'éloge de ces fameux trois mots bien connus des romantiques, en anglais comme en français. Entouré de ses claviers, entre indie-pop et électro (« Walking in my sleep ») mâtinée de soul (« Brown Piano ») voire de jazz (cf. « Three old words »), l'Israélien installe des climats langoureux et des tempi éthérés propices à la rêverie ou, pourquoi pas, telle une caresse musicale, aux câlins ; procurant une sensation de flottement, un temps suspendu, pendant lequel il faut se laisser aller alors que les doigts du musicien caressent délicatement son « Brown Piano ». L'écrin est idéal pour son chant soyeux. Un coup de cœur pour finir ? La reprise de « Halo » de Beyoncé (pas impossible que ce nom soit évoqué sur ce blog pour la dernière fois) exhalant un fort parfum oriental rendant hommage aux origines de l'artiste. 

https://www.eldadzitrin.com/
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samedi 25 avril 2020

Moonwise



Pratiquant une savante dichotomie entre claviers vintage et dynamique tout à fait contemporaine, le quatuor breton tente un grand écart visant à moderniser la soul music. Mais s'agît-il encore vraiment de soul quand l'écriture est à ce point imprégnée de genres autres, de la pop au reggae (« This Chain ») en passant par le funk et l'afrobeat (« September »), et que son incarnation première, le chant, pratique cette distanciation affectée typique de la pop ? Aussi louables soient-elles, les ambitions élevées de la formation n'ont pas encore trouvé la balance parfaite dans l'écrin que constitue ce premier EP de quatre titres. Une question de temps, d'expérience mais aussi de moyens tant la production semble trop étriquée pour un groupe visant aussi haut. Mais, une fois toutes les pièces de puzzle assemblées correctement, la recette devrait faire des ravages… 

www.moonwise.fr
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jeudi 23 avril 2020

TV PARTY : « Dark Heart »



Alors qu'il quitte sa bonne ville de Portland (Oregon) pour la France, Joshua Spacek, chanteur de TV PARTY (un patronyme parfaitement dans l'air du temps, soit dit en passant) s'inscrit dans cette longue lignée de musiciens venus chercher la bonne fortune de notre côté de l'Atlantique. Il va également de même pour son approche musicale. Ainsi, la proposition musicale de ce nouveau trio est assez européenne dans la mesure où la pop à guitares se teinte d'électro, le tout dans l'optique de créer une atmosphère dansante et festive (« Longdays »). Acéré et vitaminé à grands grooves de basse énormes (cf. « Stay Alive » ; « Stuff ») voici la bande son idoine pour se rêver un avenir optimiste… 

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mercredi 22 avril 2020

Slim and The Beast



De « Pasadena » à « Lisbon », pour en reprendre quelques titres, voici le genre de disque dont tout le monde a bien besoin ces temps-ci… En six titres, Aurélien Amzallag et les frères jumeaux Aaron et Samuel Lopez-Barrantes nous offrent, au choix, une bouffée d'air pur ou une jolie ballade rythmée par les arpèges de guitare folk. Pas passéiste pour deux sous, le trio préfère garder les meilleur des années 60 et 70 (des Beatles à CSNY en passant par les harmonies vocales chères aux Beach Boys) pour lui attribuer des atours bien dans l'air du temps des années 2020 (au niveau de la dynamique rythmique notamment). Point question de dénaturer les influences premières, folk et pop, du groupe pour autant. On appréhende cet EP donc comme on reçoit un rayon de soleil. Coloré, lumineux et enjoué, il se dégage de cette courte collection de chanson un charme addictif immédiat et une dose de bonheur en sons pour la journée. Excellent, pourvu que l'album soit du même tonneau ! 

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mardi 21 avril 2020

Love Fame Tragedy : « I don't want to play the victim, but I'm really good at it »



Derrière le patronyme à rallonge se cache le projet solo de Matthew Murphy, chanteur et guitariste des Wombats de son état, dont cet EP de quatre titres est la première sortie. Un projet dont le présent EP définit de manière relativement imparfaite les contours. La chose commence plutôt bien avec « My Cheating Heart », le premier single, morceau efficace construit autour d'un riff de guitare assez catchy. « Backflip » continue sur, peu ou prou, la même veine, la construction est assez audacieuse, mid-tempo, et marche sur le fil entre guitare électrique et électronique, la balance est assez fragile mais réussie. Une dichotomie entre électricité et électronique d'un côté ou si on veut entre pop-rock et électro qui est le cœur de la proposition musicale de Love Fame Tragedy ; un équilibre assez fragile qui menace constamment de basculer du mauvais côté comme le prouvent, hélas, les deux dernières plages « Brand New Brain » et « Pills », définitivement trop variété, pop mollassonne au sonorités électroniques. Que va nous réserver l'album ? 

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lundi 20 avril 2020

Tazieff : « Is this natural ? »



Alors que la guitare roucoule et que les nappes synthétiques grondent dans un bruissement sourd et inquiétant, Tazieff pose les jalons de son univers sur ce nouvel EP. Sombre, mais pas tout à fait exempt de lumière, le trio fait cohabiter climats post punk et mélodies pop dans une ambiance tenant autant des années 1980 que du rock électro d'aujourd'hui. A la manière des sables mouvants qui se dérobent sous les pieds des marcheurs imprudents, L'EP entraîne l'auditeur dans une spirale composée de lignes de synthés envoûtantes (« Natural » ; « Wroclaw ») sur un rythme aussi précis que galvanisant (« Hurry »). C'est encore mieux que la nostalgie, c'est intemporel. 





dimanche 19 avril 2020

Finger Lick : « One Way Ride »



Finalement, contrairement à ce qu'indique le titre, ce nouvel EP du groupe belge est loin d'être à sens unique. Tout commence à l'été 2013 lorsque le chanteur/guitariste Dave Dash rencontre le bassiste Benny Lust. Les deux hommes ont envie de rock'n'roll. Du vrai, du gros son, sans pour autant tomber dans une dérive métallique. Les musiciens ont aussi envie de chanter et des ambitions élevées conciliant mélodies et guitares abrasives. C'est finalement dans le rock stoner, dans ce subtil mélange de blues et de hard-rock seventies né dans le désert californien, que les deux musiciens trouvent bonheur et inspiration. Ainsi est né cet EP relativement copieux, 6 titres, conforme aux ambitions initiales, qui arrache, voire même assomme l'auditeur, mais dans une juste mesure (« One way ride », « The Blur », « Little Witch ») avec un léger voile sombre surplombant le tout. Du rock'n'roll en somme, maintenant en vie la flamme d'un rock'n'roll jouissif et aussi excitant qu'au premier jour (« Payback Time »). Excellent et orné, qui plus est, d'une magnifique pochette.

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samedi 18 avril 2020

Prohibition Dead : « Unless you're afraid to change »



C'est loin le désert ? A l'écoute de cet EP il semblerait bien que non, tant le trio de Bourg Saint Maurice a réussi à s'approprier les codes de ce style bien particulier qu'est le stoner/desert rock. Néanmoins, pour autant que leur musique soit codifiée, le groupe trouve néanmoins le moyen de personnaliser son approche de l'idiome par le biais d'un son original, caractérisé par l'absence de basse. Un gros son étonnant où les guitares se taillent la part du lion sur une assise rythmique de la batterie aussi solide qu'un bloc de béton. Les compositions s'évadent également vers des horizons marqués par le blues (« Bad Man ») ou le psychédélisme envoûtant, néanmoins heavy, de « Staying Around ». Une constante sur l'EP, chaque titre mettant plus ou moins en valeur cet aspect hypnotique et tournoyant de la musique faisant tourner la tête de l'auditeur (cf. « Again »). La coïncidence est trop grosse pour ne pas être soulignée, mais une plage s'intitule « Corona Girl » (sic) ; un titre particulièrement de circonstance par le fait du hazard… « The best kept secret » est le titre du dernier morceau, espérons qu'il ne s'agît pas là d'une prophétie, ce groupe mérite mieux. 

https://www.facebook.com/ProhibitionDead/
https://prohibitiondead.bandcamp.com/

vendredi 17 avril 2020

Appel à Candidature, Créteil en Scène, 10ème édition



Si vivre de la musique reste un rêve pour nombre de musiciens amateurs et passionnés, l'accompagnement reste vital sur ce long chemin de croix semés d'embûches. Depuis dix ans, par le biais d'un dispositif dédié, ayant déjà révélé Cyril Adda ou Lux Montes, la Mairie de Créteil aide les musiciens (en groupe ou en solo sans distinction de genre musical) des communes de Créteil, Alfortville ou Limeil-Brevannes. L'accompagnement s'étale sur environ une année et se porte sur les axes de travail suivants :

  • Gestion sonore sur scène,
  • Ecriture et arrangements,
  • Communication (blog, internet),
  • Enregistrement en studio professionnel,
  • Accompagnement artistique et scénique.
La sélection se fera après entretien et audition devant jury. Plusieurs concerts sont prévus dans les équipements de la ville (Conservatoire Marcel Dadi, Médiathèque de l'Abbaye Nelson Mandela, Muzik Club).

Le formulaire est à télécharger sur le lien suivant :

Et à renvoyer, accompagné d'une maquette audio, avant le 30 juin :
Booky Salihi - Chargé des musiques actuelles
Direction de la Culture - Hôtel de Ville
Place Salvador Allende - 94000 CRETEIL
booky.salihi@ville-creteil.fr

jeudi 16 avril 2020

Spain : « Night Crawling »



Parmi les nombreux bouleversement induits par le digital et la dématérialisation de la musique qui en découle, il y a pour les groupes l'obligation de multiplier les sorties sous risque de tomber dans l'oubli. Parmi les rescapés des années 1990, Spain, le groupe mené par le chanteur bassiste Josh Haden, se plie tant bien que mal à la règle en rendant disponible au téléchargement nombre d'archives et de concerts. De ce flot émarge ce titre étrange, « Night Crawling », morceau fleuve au long cours, 15 minutes, presque un EP à lui seul qui permet au groupe de renouer avec un exercice (cf. « World of blue ») déjà pratiqué au temps de leur premier album (« The Blue Moods of Spain », 1995). Marquée par une manière de psychédélisme lent, cette longue mélopée atmosphérique et hypnotique est bercée par les accents mélancoliques du violon (joué par Petra Haden). Le chant n'intervient qu'à mi-parcours après une longue introduction. Un morceau long par lequel il convient de se laisser bercer avant de succomber à son charme vénéneux. Une réussite. 


mercredi 15 avril 2020

The Rebels of Tijuana : « La Dominicaine »



Avouons-le tout de go, après écoute, le mystère concernant le titre « La Dominicaine » reste en entier. Mais d'après le râle suggestif du chanteur Alexis sur le premier titre de ce nouvel EP, il y a fort à parier que la chose est « immense » et probablement super efficace. Car, c'est un groupe en pleine forme, à fond la fuzz, qui nous revient avec cette nouvelle livraison de quatre titres ! Toujours confiné dans le garage du rock, le quintet est en pleine montée psychédélique, guitares lysergiques (« Chameau » ; « Joué d'avance ») et motifs de clavier entêtants à l'appui (« Elle triomphe »). Et toujours en français dans la lignée inaugurée par Jacques Dutronc et autres Ronnie Bird, là-bas dans les sixties, à laquelle ils sont toujours restés fidèles. Intemporel et excellent. 

https://lepopclubrecords.bandcamp.com/album/pcr034-la-dominicaine-ep

mardi 14 avril 2020

BT 93 : "Références"

Une étrange notule, rescapée du siècle dernier, nous est parvenue la semaine dernière. Réédition au mois de juin prochain (si tout va bien)...

lundi 13 avril 2020

Rosedale : « Wide Awake »



Rien, absolument rien, ne trahit la jeunesse du duo dans ce deuxième effort, tant celui semble maîtrisé du début à la fin. Partners in crime, Charlie Fabert (à la guitare) et Amandyn Roses (chant) forment Rosedale. L'association entre les deux semble parfaite. Aux soli de guitare déliés de l'un répond le chant, grave et profond, de l'autre. Entre les deux, des compositions où le blues tient le haut du pavé même si le timbre si soulful d'Amandyn se prête également bien au jazz ou la soul music, genres dont l'influence se fait sentir dans les arrangements (« The Sun won't rise today »). Jamais assommant mais débordant de feeling grâce à sens du touché rare, le guitariste enlumine les compositions sur un groove discret et solide de la section rythmique composée du bassiste Phil Sisler et du batteur Denis Palatin. Saxophone, harmonica et orgue apportent une luxuriance bienvenue qui sied si bien au genre. Elégant et produit au millimètre, voilà un album qui transpire l'amour du travail bien fait. Suffisamment évocateur pour transporter l'auditeur au-delà des contingences matérielles. 

https://www.facebook.com/rosedalebluesrock
https://www.rosedale-music.com/

dimanche 12 avril 2020

Corridor : « Junior »



La sortie du troisième effort de la formation montréalaise est un petit événement pour la francophonie. Avec ce disque, Corridor devient la première signature francophone du mythique label américain Sub Pop, le même label que Nirvana. Voire sa pochette ornée du légendaire logo en noir et blanc, il n'y a pas à dire, c'est la grande classe, voilà qui a de la gueule ! Et c'est entièrement mérité ! Pour fêter la chose comme il se doit le groupe a mis les petits plats dans les grands avec cet album maîtrisé et excellemment produit de bout en bout. Les compositions sont aérés, menés par une basse ronde et ample, composé d'entrelacs de guitares hypnotiques et entêtantes (« Junior » ; « Microscopie » ; « Grand Cheval ») à la saturation maîtrisée (« Domino »). Une justesse qui semble caractériser cet enregistrement ; tous les éléments sont ainsi en place sans débordement qui pourrait pencher la balance du mauvais côté. Les arrangements électroniques sont discrets et élégants, les guitares se gardent d'un trop plein d’agressivité assourdissant, le chant plane au-dessus de l'ensemble entouré d'une aura fantomatique et mystérieuse. Autant d'éléments qui convergent dans le but de magnifier des compositions audacieuses ménageant des passages expérimentaux, progressifs et planants, aussitôt contrecarrés par une section rythmique véloce et une guitare mordante. Une réussite ! 

https://corridormtl.bandcamp.com/
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samedi 11 avril 2020

Carotté : « Dansons donc un quadrille avant de passer au cash »



A la tête de cette atypique formation québécoise on retrouve un personnage haut en couleurs, Médé Langlois, agriculteur le jour, chanteur le soir et punk à temps complet. Un parcours étonnant évoqué dans l’irrésistible chanson « L'agro punk ». Le Québécois résume son style musical en un mot, le « punktrad », une savante balance où l'attaque punk (guitare, batterie) est contrebalancée par des instruments traditionnels, violon et accordéon, ces derniers accentuant la coloration country de l'album. Les chansons fonctionnent suivant la dynamique du call and response, où les chœurs et le chant se répondent, renouant ainsi avec la grande tradition de la chanson québécoise. Une approche hautement festive et chaleureuse qui colle particulièrement bien à l'univers décalé et à l'humour au second degré du groupe (« Chant de pot »). Un humour qui, aussi ravageur soit-il, n'est pas dénoué de fond et ne manque pas de moquer la marche du monde moderne et le style de vie occidental. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'album gomme les frontières et la dynamique rythmique générale ainsi que son approche traditionnelle, entre acoustique chaleureuse (le banjo) et attaques abrasives de guitares saturées, rappelle le punk celtique. Appelons cela l'universalité musicale dont une belle preuve nous est donné le long des 13 plages de cet album revigorant. Et c'est ben l'fun ! 

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vendredi 10 avril 2020

Raoul Petite : « Ni vieux ni maître »



Dans le vaste paysage du rock français, s'il ne reste qu'un sur lequel on peut compter pour mettre l'ambiance, c'est bien Raoul Petite, « Encore et toujours », comme le claironne le premier titre de cet album festif et aventureux, leur onzième effort depuis leurs débuts en 1984. De l'époque il ne reste plus qu'un seul membre d'origine, le chanteur, Christian « Carton » Picard, le Robert Smith de cette affaire. Contrairement à ce que leur patronyme peut laisser imaginer, Raoul Petite est bel et bien un groupe, dont le nom est inspiré par Frank Zappa. De son inspirateur, le groupe a gardé la créativité débridée qui les voit sauter d'une case à l'autre, du rock au ska/reggae ("Va pas bien") au dancefloor (« King of the néant ») en passant par les volutes gainsbourgienne (« Volutes Kamikazes ») le tout avec un sacré sens de l'humour caustique (« Comme tes parents ») mais loin d'être dénué de fond, voire de nostalgie (« Houlgate »). Une multitude de genres et d'ambiances que le groupe a réussi à fondre dans un ensemble cohérent duquel se dégage une identité artistique forte, qui se tient du début à la fin, grâce à la virtuosité, discrètement affichée ici. Car, si en mettre plein la vue à l'auditeur ne fait visiblement pas partie du genre de la maison, l'album est produit avec une précision maniaque, riche et varié musicalement où les guitares enfoncent le clou de la rythmique groove et funky. Enlevé et festif, l'album affiche une légèreté de façade ; « Légers et insouciants » ainsi que l'affirme une des plages les plus réussies. Album parfait pour époque confinée, l'écouter c'est le meilleur truc qui peut vous arriver aujourd'hui. 

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jeudi 9 avril 2020

Louis-Jean Cormier : « Quand la nuit tombe »



Voix, hélas, confidentielle de ce côté-ci de l'Atlantique mais immense star dans son Québec natal (il a été juré de La Voix version québécoise de The Voice c'est dire le niveau de notoriété du bonhomme) Louis-Jean Cormier a été le leader de Karkwa, un groupe un peu vite catalogué comme le « Radiohead francophone ». De fait, Louis-Jean (en groupe ou en solo) a, surtout, toujours cherché à recréer une sorte d'emphase qui emporte sa musique vers des hauteurs progressives, sans pour autant développer une obsession particulière pour les années 1970. C'est toujours le cas avec ce nouvel album qui se distingue par l'absence totale de guitare, instrument qui caractérisait sa musique jusqu'ici et particulièrement durant sa période « folk » en solo. Car on a fini par l'oublier mais le piano est bel et bien l'instrument qui a vu Louis-Jean entrer en musique, 88 touches avec lesquels il renoue sur ce nouvel effort. Le résultat est à la fois plus intime, personnel (le magnifique blues « Croire en rien ») et engagé, marqué à la fois par le décès de son Père ou le racisme touchant sa compagne (« Les poings ouverts » incartade au bonheur incertain en territoire slam/rap). Cependant l'artiste n'a cependant pas abandonné son ambition progressive (cf. « Je me moi » ; « Ravin ») remplaçant les six cordes par des synthés (tenus par François Lafontaine, son ancien compère de Karkwa) à l'étrange stridence électro (« Face au vent »). Un album de très haute tenue évoquant la vie comme un parcours semé d’embûches, à l'instar de son titre d'ouverture « 100 mètres haies ». 

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mercredi 8 avril 2020

Julien Belliard : « Le mirage de Zo »



Si le temps des « pébroques » semble bel et bien révolu pour Julien Belliard (ex-ZO, pseudonyme sous lequel il a signé deux albums) ce dernier n'a en rien renoncé à son ambition initiale, celle de fondre ses influences folk/pop-classic rock (cf. « Lady Lilith » ; « Rio Lobo ») dans un modèle de chanson française élégante. Tâche donc il s'acquitte avec une certaine réussite sur ce magnifique album, tenant d'une esthétique ligne claire convenant parfaitement bien à son grain de voix mélodieux. Ainsi, Julien aime les voyages et ça tombe bien, confinés que nous sommes, nous sommes demandeur de ces paysages brossés en musique, de cette ligne d'horizon, rêvée, fantasmée, lointaine dessinée avec de délicats accords de guitare acoustique (cf. « L'autre hemisphère » ; « Le mirage » ; « L'exil »). C'est à un long périple que nous invite ce nouvel album contemplatif, doux, mélodique et finalement intemporel. Un album qui fait du bien aujourd'hui, demain et encore après... 

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mardi 7 avril 2020

Bryan's Magic Tears : « 4AM »



Rappelez-vous l'adolescence, l'époque des chagrins et des larmes fussent-elles magiques ou non… Une époque que ces musiciens, issus de diverses formations parisiennes constituant une sorte de super groupe local, tente avec brio de faire revivre. Derrière ses atours datant de la fin du siècle dernier, entre grunge et shoegaze, il convient de ne pas se tromper, Bryan's Magic Tears est une formation de haut vol portant haut ses ambitions pop planquées derrière le mur de guitares saturées de pédales d'effets hypnotiques. Lister des groupes prestigieux des trente dernières années est tentant mais vain. Le groupe vaut bien mieux que cela tant lesdites influences ont été intégrées dans un rendu frais, excitant, dépassant de la tête et des épaules le simple sentiment nostalgique. Oui, toute la proposition musicale de la formation est fortement ancrée dans les années 1990, voire les années 1980. Mais plutôt que de remonter le temps, Bryan's Magic Tears se fait fort de l'arrêter, en privilégiant l'esprit, l'inventivité, l'énergie, plutôt que la forme (cf. "Change"). Pari tenu et résultat au-dessus des espérances en l'espèce.


lundi 6 avril 2020

Katie Melua : « Ultimate Collection »



Apparue en 2003, Katie Melua fut une des voix féminines qui a (re)popularisé le jazz vocal. Sortie en 2018 cette double compilation, qui reste la dernière sortie officielle de la chanteuse, à l'exception d'un album live, donne l'occasion de faire un petit point sur son parcours jusqu'ici. Producteur de ses débuts, Mike Batt a beaucoup œuvré pour inscrire la chanteuse dans la continuité de la scène du jazz vocal et faire une place à sa protégée dans un contexte pour le moins concurrentiel. Il en ressort une lecture de l'idiome cosy et confortable bien servie par un joli brin de voix sexy, de jolies chansons et de belles mélodies richement arrangées à écouter confortablement installé dans son canapé, au coin du feu. Rien de franchement dangereux, ni même d'intense, mais loin d'être dénué de qualités cependant. Sur la scène jazz vocal, Katie à une particularité : celle de jouer, et plutôt bien, de la guitare acoustique là où le piano est l'instrument le plus commun. Un petit détail mais qui lui ouvre bien des perspectives vers le blues (cf. « The one I love is gone », « Crawling up a hill ») ou le folk teinté des influences celtiques de sa terre d'exil irlandaise (« What a wonderful world » ; « Thank you Stars ») ; elle qui est née en Georgie en pleine guerre froide. Si on note une propension à flirter d'un peu trop près avec la variété internationale (les abominables « The love I'm frightened of » ; « The Closest thing to crazy ») Katie Melua n'hésite pas à sortir de sa zone de confort en compagnie du producteur William Orbit qui saura la faire évoluer subtilement vers des sons électroniques (« Red Balloons »). Ce panorama de trente trois titres donne une vision assez globale de son art, et de l'évolution de son chant, et comporte son lot de pépites (la reprise inattendue des Cure « Just like heaven »), et autant petites merveilles de douceur acoustique (« Plane Song », « A time to buy ») ou sa voix se fond délicatement dans les arpèges folk dans un délice absolu. Enfin, trois reprises inédites complètent cette fort belle collection (« Fields of gold » de Sting, « Diamonds are forever » extraite de la bo du James Bond) dont « Bridge over troubled water » de Simon & Garfunkel en compagnie du choeur féminin Gori, un hommage à ses origines slaves, qui représente la nouvelle étape de sa carrière. 

En concert à Paris (Olympia) le 25 septembre.
http://katiemelua.com/
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dimanche 5 avril 2020

Marie Mifsud : « Récif »



Tel le récif dont il emprunte le titre, ce nouvel effort de Marie Mifsud se conçoit tel une digue sur laquelle se fracasse se fracasse le jazz et la chanson française. Une cavalcade effrénée, échevelée, où les mots, à bout de souffle, swinguent autant que les notes (cf. le diptyque « Ça / Mais qu'est c'est que ça ? »). Tout est ici une affaire de rythme (Adrien Leconte, batterie / Victor Aubert, basse) et, dans ses meilleurs moments, le disque recrée, de manière tout à faire organique, l'excitation du beat propre à l'électro (« Au fur et à mesure ») voire du rock'n'roll grandiloquent (« Attitude »). Dans ce contexte survolté, la chanteuse fait montre d'un talent exceptionnel. Outre sa diction impeccable, rendant justice aux mots, son sens du rythme, le grain de folie affiché et le charme vénéneux se dégageant de son timbre dans un contexte plus posé (cf. « Passager » / « Je ne sais pas » / « Ballade ») font d'elle une interprète de tout premier ordre. Les musiciens sont à l'unisson de la chanteuse, emportés dans le tourbillon des compositions, du piano frappadingue (Tom Georgel) au souffle impressionnant de la flûte (Quentin Coppalle) rejoint sur deux titres par le saxophoniste Pierrick Pédron ; tout concourt à faire de ce disque un moment d'excitation rare qui annonce des prestations scéniques ravageuses. La tornade est annoncée…

En concert le 16 septembre à Paris (Studio de l'Ermitage)
https://www.mariemifsud.com/
https://www.facebook.com/mifsudmarie/

samedi 4 avril 2020

Sarah Amsellem : « Hidden Echoes »



Qu'on se le dise, aucun confinement au monde n'arrêtera ni la musique, ni la créativité des musiciens ! Ainsi, en plein confinement, Sarah Amsellem nous gratifie d'un album surprise, et nous offre beaucoup de réconfort en plein milieu de cette période étrange. Entièrement fait à la maison entre février et mars de cette année, mis en ligne dans la foulée, ce deuxième effort de la chanteuse ne souffre absolument pas de cette économie de moyen forcée. C'est même absolument l'inverse. Concentrée sur l'essentiel, Sarah creuse le trait un peu plus profondément, soulignant avec force ce que son premier album, "Miracles", ne faisait qu'esquisser. Des accents gainsbourien qui ouvrent les agapes (« Brooklyn Mars ») aux panoramiques cinématographiques (« Spirit of the sea » ; « Better Before »), il ne suffit à la chanteuse que de quelques notes de piano, de basse ou de ukulélé et de percussions éparses pour dessiner un tapis volant de notes rêveuses. Atmosphérique, la voix de Sarah glisse sur les mélodies telle un goutte d'eau sur les plumes d'un canard (« Going Under ») et enrobe l'auditeur dans une étreinte musicale d'une grande douceur. Apaisant. 

A noter enfin pour finir, ce nouvel album sera illustré d'un nouvelle vidéo mise en ligne tous les dimanches soir.
https://sarahamsellem.com/

vendredi 3 avril 2020

Sari Schorr : « Live in Europe »



Après deux albums studio, ce premier disque live de la New-Yorkaise permet de se poser et de faire le point. Longtemps choriste de Popa Chubby, Sari Schorr a gardé deux trois trucs de son ancien patron. Et, notamment, une vision assez rock'n'roll du blues où il est surtout question de guitares saturées, et soli à l'avenant (à ce titre la reprise dantesque, 10 minutes, de « I just want to make love to you » est assez éloquente), d'une section rythmique métronomique aussi lourde que la fonte ; le tout mené de la tête et les épaules, par le chant, félin, puissant, de la chanteuse. Carré et professionnel. Pourtant l'orgue soulful, lui non plus pas avare en matière de solo, permet de contrebalancer le tout avec un soupçon de feeling bienvenu. Placées en bonus, les deux derniers titres enregistrés en version acoustique pour la BBC (« Ready to love » ; « King of rock and roll ») apportent un éclairage différent, plus intime, sur le talent singulier de la chanteuse qui se révèle également à l'aise dans le registre émotionnel. Une goutte d'eau dans cet océan de saturation, lequel se révèle par ailleurs délectable pour qui aime son blues aussi corsé qu'un café noir. 

https://www.sarischorr.com/
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https://twitter.com/SariSchorr

jeudi 2 avril 2020

Robin McKelle : « Alterations »



Redonnant tout son sens à son titre, altération qui signifie la modification d'une note, Robin McKelle prend de la hauteur de vue sur son nouveau disque, offrant une vision panoramique des chanteuses qui l'on influencé, de Janis Joplin à Amy Winehouse en passant par, aussi surprenant que cela puisse paraître, Lana Del Rey. La collection de reprises est certes une démarche classique dans le jazz, mais cette nouvelle livrée se distingue par l'unité que l'artiste a réussi à donner à ces titres venus d'horizons divers. Une fine équipe de musiciens, entretenant savamment un sentiment d'intimité prégnant (cf. "No ordinary love"), entoure la chanteuse qui renoue ici avec les cuivres et autres orgues, proscrits sur son précédent album, l'acoustique « Melodic Canvas ». La prise de risque caractérise également ce disque, Robin McKelle n'ayant pas hésité à modifier à l'envi les compositions pour les faire coller à son univers. On notera ainsi une reprise très étonnante de « Mercedes Benz », très orchestrée, à l'opposé de l'original, a cappella de Janis Joplin. La chanteuse joue ainsi sur du velours : du tapis de notes composé de soli enlevés au groove délicat (cf. « Jolene »), tout est sur mesure pour son chant élastique, entre puissance et émotion. Les planètes sont alignées faire de ce disque un excellent moment d'écoute pour l'auditeur, transporté dans le confort cosy d'un club New-yorkais, cher aux origines de la chanteuse. Pas de mauvaise surprise donc, mais un disque solide tel que Robin McKelle a l'habitude d'en proposer depuis le début de sa carrière. 

https://robinmckelle.com/
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mercredi 1 avril 2020

Joulik : « Envol »



L'envol. Existe-t-il plus belle promesse, à l'heure actuelle, que celle d'un envol ? Cet ailleurs, pour l'instant inaccessible, le trio Joulik se fait fort de nous le faire atteindre. Le parti est pris d'une sonorité acoustique ; celui de l'orchestration, atypique, est assumé : accordéon, violoncelle, guitare, oud et mandole. Les cordes sont délicatement frottées, arpégées, le souffle chaud de l'accordéon se fait sentir ; les voix et les langues se mélangent alors. Français, italien, portugais, wolof ou ladino (langue vernaculaire tombée en désuétude mélange d'hébreu et d'espagnol). En sons et en mélodies, en rythmes et en pulsations, Joulik efface les frontières et les différences. De l'Afrique au Moyen-Orient, en passant par l'Amérique Latine et les Balkans, Joulik trace la route d'un voyage imaginaire et fantasmé. Tout juste manque-t-il la silhouette sombre de Corto Maltese scrutant l'horizon d'un air pensif. Les adjectifs affluent alors : délicat, mélodique, doux et apaisant, dépaysant et exotique. Autant de mots jetés dans cet océan de notes, autant de tentatives dérisoires pour tenter une description. La promesse était belle, le plus beau restant qu'elle ait été tenue. Un album apaisant. 
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