dimanche 21 avril 2019

Teleferik + Bafang Ibabemba, Black Star, 11/04/2019.


Il arrive de temps en temps, mais cela est suffisamment rare pour être souligné, qu'une soirée à la programmation particulièrement bien pensée nous emmène littéralement ailleurs. Tel fut le cas au Black Star, lieu que l'on découvre par la même occasion, où le plateau a réuni le blues africain de Bafang Ibabemba et Teleferik

Bafang Ibabemba se présente comme un duo rock/blues, guitare et batterie, tel que l'on en connaît pléthore depuis le début du millénaire. Mais le duo affiche une véritable originalité en lorgnant plus vers l'Afrique (on pense à Tinariwen) que vers le delta du Mississippi. Un véritable choc entre l'énergie garage qui anime la chose (cf. le groove puissant du batteur déguisé en Touareg) et la guitare évoluant dans des gammes évoquant le désert. Un duo charismatique et festif. 

Changement de décor avec le groupe suivant, Teleferik, encore un duo, même si ce soir il se présente en formation complète à quatre, et direction l'Orient, le Liban, pays de cœur et terres des origines de la chanteuse Eliz. Après trois longues années d'attente Teleferik sort son deuxième album et semble heureux et impatients de partager ses nouvelles compositions sur scène. Alors que la voix majestueuse d'Eliz s'élève et emplit l'air diffusant des effluves orientales dans la petite salle. Les longs regards et les sourires échangés entre Eliz et Arno (le guitariste) en disent long, et bien plus que n'importe quel discours, sur la complicité musicale qui unit ces deux là. Teleferik évolue sur un ligne fine, comme un téléphérique imaginaire reliant un monde musical à l'autre. Le groupe carbure à la batterie d'Olivier (par ailleurs batteur de Jesus Volt) dont la force de frappe n'altère en rien le groove et qui trouve un complément parfait en la guitare d'Arno aux lignes saturées, et pleines de feeling, entre blues, garage et psyché. Derrière son air stoïque de ne pas y toucher, le clavier Sami déboîte les compositions d'un groove oriental dévastateur, entamant un dialogue avec la guitare, questions et réponses, en tous points passionnant. Et puis il y a le chant en arabe libanais (le français et l'anglais étant les autres langues utilisées) qui a lui seul incarne les valeurs d'acceptation et de tolérance défendues par la formation. Un chant doux, passionné et surtout précieux, durant cette époque troublée et donnant une image de la langue arabe autre que ce discours nihiliste semant la mort et la destruction. Un chant qu'il est urgent de faire résonner entre les murs du Bataclan. 

En concert (avec Lux) le 13/06 à la Boule Noire
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