lundi 24 décembre 2018

Elisapie : « The ballad of the runaway girl »



Trois minutes et vingt-cinq secondes. C'est la durée d' « Arnaq » le titre qui ouvre ce troisième album, mais le premier à être distribué de ce côté-ci de l'Atlantique, de la chanteuse inuit Elisapie Isaac. Trois minutes et vingt-cinq secondes d'un blues aride, d'un garage rock fiévreux et, déjà, la chanteuse est prise en flagrant délit d'excellence. Trois minutes divines, certes, mais trompeuses. Car, ailleurs, sur la majorité des titres à vrai dire, l'album développe des climats acoustiques rêveurs et délicats, inspirés par les paysages de neige à perte de vue de son grand nord canadien natal (« Wolves don't play by the rules »). En ce sens, l'album est intrinsèquement américain (le continent, pas le pays) c'est à dire ancré dans les idiomes, le blues, le folk (« Ikajunga », « Call of the moose », "The ballad of the runaway girl"), traditionnels du continent. Mais avec une perspective inuit, chanté (trop peu à notre goût) en langue vernaculaire (« Una »), passé au tamis de la dream pop (cf. « Don't make me blue »), oscillant entre luminosité et noir profond (« Rodeo ») à l'image de sa région natale, froide, aride et dure à vivre au quotidien. Enfin, placée en clôture, la magnifique et bouleversante « Darkness bring the light », incarne le tour de force du disque, son morceau le plus long (six minutes et treize secondes) et son climax émotionnel dont on ne ressort pas indemne. Un voyage sublime. 

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