vendredi 31 mai 2013

The Hub + John Fairhurst + Heymoonshaker, le divan du monde, 29 mai 2013.

Dave Crowe (à gauche) et Andy Balcon (à droite) : Heymoonshaker
Quelle divine surprise en ce mercredi soir, en découvrant la longue file des spectateurs faisant la queue sur le trottoir longeant le divan du monde !!! Les Heymoonshaker ont réussi à remplir la salle, plus une place disponible, et tant pis si on est tassé comme des sardines, c’est avant tout un formidable message d’espoir ! Mais avant de s’étendre plus avant sur ce formidable duo, un petit mot sur les deux premières
parties…

On commence avec une vieille connaissance, le duo blues TheHub, qui se trouve être un projet en pleine mutation. Adepte de la formule en duo, Hubert#06 est maintenant accompagné par un batteur (là où avant Yarol tenait la basse et un semblant de batterie). La musique s’en retrouve transformée en prends du coup un aspect plus tribal. La rythmique s’en retrouve solidifiée et pleine de groove. Toujours aussi efficace à la guitare, Hubert égrène ses rythmiques en ternaire avec brio. Petite (et excellente) surprise en découvrant que notre homme du sud chante maintenant principalement en français, ce qui à l’énorme avantage de lui donner une originalité. D’autant que l’homme est totalement crédible dans ce rôle de bluesman francophone. The Hub est en pleine préparation de son nouvel album, on attend la suite impatiemment…

Place ensuite à la grande découverte de la soirée, le John Fairhurst band. C’est à l’occasion d’une interview avec les Heymoonshaker que l’on a entendu parler de John Fairhurst pour la première fois : quoi, tu ne le connais pas ? Tu devrais ! Et après l’avoir découvert en live pour la première fois, je comprends mieux pourquoi. En effet, John Fairhurst, guitariste de son état, fait montre d’un talent naturel peu commun. Guitariste virtuose, l’homme est de plus doté d’une voix de gorge marquante, grave limite graveleuse, parfaite pour le blues, évoquant des émotions directement de ses cordes vocales. Son acolyte harmoniciste, complète la formation et souligne la guitare de manière judicieuse. La musique du John Fairhurst band est un véritable voyage en soi, si les matières premières restent le blues et le folk, des inspirations psychédéliques et world (le dernier titre plutôt oriental) se chargent de transporter l’auditeur vers un ailleurs radieux. Tout juste si on pourrait lui reprocher un petit manque de concision, ce qui est malheureusement souvent le cas avec les solistes trop doués… C’est quoi qu’il en soit une belle découverte.

Et on termine enfin avec la grosse affaire de la soirée, le duo beatbox blues anglais, Heymoonshaker et plutôt qu’un long discours stérile, on va résumer la chose le plus simplement du monde : c’est LA CLAQUE ! Le duo est parfaitement complémentaire, à droite de la scène Andy Balcon, guitariste et chanteur à la voix gutturale, il incarne la facette la plus classique du duo. Le grain de folie, c’est le (génial) beatboxer Dave Crowe. Le beatbox est une technique plutôt assimilée au hip-hop, l’entendre mélangé à une guitare blues est déjà assez surprenant en soi. Mais quand on a affaire à un beatboxer d’exception, comme Dave Crowe, le concert devient une expérience unique. Dave Crowe ne se contente pas seulement d’assurer à lui seul le travail d’une section rythmique, non, il interprète littéralement le rythme, l’accompagnant de grands gestes, de mouvements amples des bras. Se contorsionnant dans tous les sens possibles et imaginables, Dave semble sans cesse être au bord de l’implosion. Les sons qu’il tire de sa bouche sont tout simplement bluffants et apportent au blues des couleurs inédites évoquant l’électro ou le dubstep, alors que le groupe n’utilise aucune machine et replace (et c’est d’ailleurs tout à son honneur) l’humain au centre des débats. On frôle l’expérience sensorielle lorsque Dave demande au public de l’écouter les yeux fermés lors de son hallucinant solo. Le dernier tiers du concert au moment où le duo est rejoint par trois invités (John Fairhurst, son harmoniciste et un clarinettiste) est exceptionnel. Le rendu musical, entre blues et free jazz, est digne d’un jam band psyché des années 1960. Chaque musicien trouve sa place avec une fluidité étonnante. Fairhurst en particulier est excellent dans ce contexte. C’est tellement bon, que le quintet ainsi constitué mériterait d’enregistrer un album. Il ne fait aucun doute que ces musiciens font partie de cette troupe rare des bêtes de scène qui se donnent à fond. Ils ont fait péter le plafond, le public est en délire, les mains en l’air. C’est beau. Dave Crowe et Andy Balcon sont deux hommes droits et honnêtes, des artistes plaçant les relations humaines au dessus de tout. Le succès ne pouvait pas mieux tomber que sur ces deux là. Ils le méritent amplement.

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