dimanche 18 février 2024

Leyla McCalla + Rihannon Giddens, Festival Sons d’Hiver, Maisons des Arts de Créteil, 10 février 2024.


Cette dernière soirée du festival s’inscrit sous le signe des retrouvailles au sommet, celles de Leyla McCalla et de Rihannon Giddens, toutes deux ex-membres Carolina Chocolate Drops et réunies le temps de ce plateau superbement pensé par l’équipe, de quoi nous consoler de la suppression (provisoire?) de l’habituel concert du vendredi en ce même lieu. Une seule soirée au lieu de deux, les temps sont durs…

Leyla McCalla, donc. Née à New-York, d’origine haïtienne et installée depuis quelques années à la Nouvelle-Orléans, la chanteuse a depuis entamé une exploration de la créolité sous toutes ses formes et tente de trouver des points de convergences entre la tradition musicale cajun (typique de New Orleans) et la musique haïtienne. En creux, c’est aussi une éloge de la francophonie, tous les participants faisant l’effort de s’exprimer dans la langue de Molière. En l’espèce, la violoncelliste et banjoïste s’est entouré de quatre musiciens, Louis Michot (chant, violon), l’immense accordéoniste Cory Ledet (spécialiste du zydeco) et deux percussionnistes haïtiens : Claude Saturne et Kebyesou. Une sorte de grand écart s’effectue alors devant nos yeux ébahis entre le violon (fiddle) et l’accordéon, tenants d’une tradition proche de la country et les percussions d’obédience plutôt africaine, pas très éloignées de la transe. Tout ce beau petit monde ainsi réuni réussit à jouer ensemble, confortant l’adage selon lequel la musique n’a pas de frontière. Un très beau moment.

La venue de Rihannon Giddens quant à elle fait figure d’événement immanquable tant la chanteuse (elle aussi également banjoïste) se fait rare sur scène de ce côté-ce de l’Atlantique. Un changement d’ambiance se fait immédiatement sentir dès les premières notes de la contrebasse, la puissance du groupe au grand complet (dans lequel on reconnaît Attis Clopton, l’ancien batteur d’Eli « Paperboy » Reed and The True Loves), guitares électriques et claviers, enveloppe immédiatement l’auditeur, en opposition à l’intimité ressentie lors de la première partie. Pieds nus sur son petit tapis de sol, la chanteuse dégage une puissance vocale phénoménale débordant d’émotions, idoine pour incarner ce subtile mélange de blues, soul et jazz teinté de folk traditionnel, incarné par le banjo. Enfin, nous avons vécu un grand moment d’émotion lorsque Leyla McCalla a rejoint sur scène (par deux fois) son ancienne compagne de jeu, comme le dit Rhiannon Giddens : « We go way back » (nous deux, ça remonte à loin). Une très très belle soirée. A l’année prochaine !



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