vendredi 29 décembre 2023

Tell Everybody !

 


Au fil des années, Dan Auerbach (la moitié des Black Keys) se sent de plus en plus à l’aise dans le rôle du passeur. Producteur de quelques légendes dont il perpétue la mémoire (Dr John, Son House), découvreur de talents, des juvéniles Ceramic Animal au vétéran Robert Finley, au sein de son label Easy Eye Sound, Auerbach s’est trouvé un nouveau rôle : sauveur du juke joint blues (attention, Jack White va être jaloux). C’est donc Dan Auerbach qui est le grand ordonnateur de la présente compilation, regroupant 12 titres, destinée à poser un regard sur la scène contemporaine. De RL Boyce qui ouvre le débat à Glenn Schwartz qui le ponctue (en solo acoustique), l’excellence est au rendez-vous. Et nous donne à retrouver quelques figures connues, Robert Finley, sublime comme d’habitude, le regretté Leo Bud Welch (décédé en 2017) qui fait une apparition d’outre-tombe, ou Auerbach lui-même, surpris en flagrant délit d’excellence par deux fois en solo (l’hypnotique « Every Chance I get ») et avec les Black Keys (« No Lovin’ » parfaitement exécuté dans la droite lignée de leur magnifique album « Delta Kream »). Au rayon des découvertes signalons les hypnotiques Moonrisers ou le grain de voix cabossé de Gabe Carter que l’on retrouve par deux fois. Et tant d’autres qu’on vous laisse le soin de découvrir car, non, le blues n’est pas mort, tenez-vous le pour dit, et dites le à tout le monde !

https://store.easyeyesound.com/




jeudi 28 décembre 2023

Pacôme Rotondo : « World of Confusion »

 


La pochette nous dit finalement tout. Un jeune homme assis sur un fauteuil sa guitare dans les mains. Dans le petit monde de Pacôme, tout tourne autour dudit instrument qu’il manie avec maestria. Trempé dans des influences très marquées, autour du blues et du gros son rock, Pacôme n’a pas son pareil pour tirer de son instrument des riffs qui tournent et vrillent l’oreille de l’auditeur (« Burning Winds » ; « You’re A Liar ») ou au contraire étirer les compositions pour leur conférer cet aspect planant, quand il ne décide pas de faire les deux en même dans un écart stylistique dont lui seul à le secret (« Love Means Life »). Misant sur la puissance brute de décoffrage, typique du power-trio, aidé dans sa tâche par une section rythmique aussi solide que du béton, il n’y a pas grand-chose à reprocher sur le strict plan musical à cet album. Un flirt un peu poussé vers le métal de temps en temps, qu’une jolie maîtrise acoustique (« Dancing Queen ») et mélodique (« Interlude ») compense amplement. La limite viendrait plutôt du chant, des coups de gorge pas très bien maîtrisés surjouant le côté guttural et graveleux. La voix se révèle finalement assez clivante, tellement spécifique qu’elle marque les esprits, en bien comme en mal. Une maladresse que le temps corrigera probablement. Un album qui, quoi qu’il en soit, respire la passion et le travail bien fait.

https://pacomerotondo.com/

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mardi 26 décembre 2023

Robert Finley : « Black Bayou »

 


Et dire que si sa route n’avait croisé un jour celle de Dan Auerbach (la moitié des Black Keys et patron du label Easy Eye Sound), nous serions passé à côté d’un sacré talent ! Robert Finley donc, nous le disait dès son premier album : « Age don’t mean a thing » (sorti en 2016 sur Big Legal Mess), il avait à l’époque 62 ans. Sept ans plus tard Finley sort son quatrième album (le troisième pour le label d’Auerbach) et il temps d’apporter une petite correction à son assertion initiale. L’age change quelque chose, il permet de se bonifier ! Ainsi ce nouvel effort tient à la fois du miracle et du petit bonheur d’écoute. Il est bien évidemment question de blues, aussi poisseux que les marais de sa Louisiane natale (« Sneakin’around ») aux cuivres funky du plus bel effet (« Waste of time »). Remarquablement produit, groove à tous les étages, diversifié mais parfaitement cohérent, le son a fait l’objet d’un soin tout particulier (une constante chez Auerbach) les guitares et la section rythmique sonnent swampy à souhait. En résumé, l’écrin est à la hauteur de la singularité vocale de Robert Finley, une voix rocailleuse, trahissant le vécu, cabossé avec une petite cassure soul dans le fond de la gorge. Profitons-en tant qu’il est encore là !

En tournée française dans le cadre du festival des Nuits de l’Alligator du 23/01 au 11/02

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dimanche 24 décembre 2023

Dr Sugar : « These words »

 


Après plusieurs aventures en compagnie de groupes (Marvelous Pig Noise, Hush, Sugarcane) le temps était venu pour Pierre Citerne de se lancer en solo. Et aussi de renouer avec sa passion première, la Nouvelle-Orléans dont l’ombre plane sur la totalité du disque, enregistré dans la région de Montpellier en compagnie de l’excellent batteur Niko Sarran (Red Beans & Pepper Sauce). De très haute tenue, le résultat est plus vrai que nature et plonge l’auditeur en plein bayou à peine le cd (à la très belle finition vinyle) inséré dans le lecteur. Les doigts de notre docteur Sugar dévalent sur le piano avec groove et agilité rappelant au passage un autre illustre docteur nommé John (« Ready to give love again »), le sens de l’humour en plus (« Drinking muddy water »!) L’orgue, les cuivres et les chœurs gospel permettent de prolonger l’expérience mené par le groove expert de la section rythmique. Il y est donc question de soul option funk sans oublier un nécessaire détour par le blues soulful (« Half-hearted lovin’ »). Comme Pierre le chante si bien, « I want to go to New-Orleans », rappelant en cela la démarche de Jon Cleary, fameux Anglais expatrié dans la cité du croissant. Et à défaut d’embarquer dans le premier avion venu, écouter ce merveilleux album c’est voyager un petit peu.

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samedi 23 décembre 2023

Christina Rosmini, Studio de l’Ermitage, 21 décembre 2023.

Alors que les rues sont humides et balayées du vent mauvais de décembre, c’est un véritable plaisir de retrouver, sur scène, l’univers aussi réconfortant qu’un doudou de Christina Rosmini. Installée à Marseille, Christina ramène partout où elle chante, du soleil et de la chaleur. Chaleur humaine tout d’abord tant ses textes sont empreints d’humanisme et de considérations écologiques, délivrées sans donner de leçons mais avec toujours un état d’esprit positif. Chaleur musicale ensuite grâce à son accent chantant mis au service de nombreuses langues, du français à l’espagnol en passant par les dialectes vernaculaires mexicains. La musique chante le sud, des guitares (souvent acoustiques mais uniquement) au cajon, instruments qui à eux seuls exhalent le soleil, sous oublier le piano et la basse et les nombreuses « petites percussions » utilisées par Christina qui apportent cette note chaude et voyageuse. Sur scène, Christina Rosmini est charismatique et incarne une présence solaire, son prestation est mise en scène comme une pièce de théâtre, changement de costume et tour de magie lumineux à l’appui. Tous les ingrédients sont réunis pour une magnifique soirée.

https://www.christinarosmini.com/

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vendredi 22 décembre 2023

Songs For Eloa

 


Alors que l'année s'achève, rendons un dernier hommage à notre amie attachée de presse Eloa Mionzé qui nous a quittés, de manière totalement inattendue, en avril dernier. La présente compilation regroupe des artistes amis avec lesquelles elle a travaillé (Bender, Archi Deep, Daniel Jea, L'Ambulancier, Myosis, Glenn Over) ainsi que le groupe Les Iguanes, formé pour l'occasion, qui reprennent "The Passenger" d'Iggy Pop en français. Tous les bénéfices de la compilation iront aux enfants d'Eloa.




jeudi 21 décembre 2023

Delphine : « Hyperrêve »

 




Derrière l’étonnant pseudonyme se cache Samuel Lequette, dont le nouvel EP (cinq titres) a été produit par l’excellent, le légendaire Bill Pritchard ! Dépouillé, on y entends guère que des arpèges de guitare et quelques notes éparses de clavier, Delphine se niche dans une enclave entre folk, pop et chanson française de haute facture. Vaporeux et mélancolique, l’accompagnement minimaliste convient à merveille au timbre de voix de Samuel. L’ambiance y est ainsi particulière, mi-figue/mi-raisin, évoquant la souffrance et le deuil amoureux (« Je vous vois encore ») mais aussi la magie de la rencontre (« Mon plus intime confident »). Superbe, doux et délicat, c’est peut-être ça l’hyper rêve...




mardi 19 décembre 2023

Geese : « 4D Country »

 


Rock’n’roll band from New York City. Depuis combien de temps n’avions pas eu l’occasion d’utiliser cette phrase ? Autant dire, que l’apparition de Geese, il y a deux ans, avait particulièrement fait plaisir, ne serait-ce que pour perpétuer cette tradition (Velvet Underground, Television, Sonic Youth, New York Dolls, Kiss etc.) en totale perdition ces dernières années. Mais au-delà du cliché, les qualités musicales propres à Geese suffisent à faire l’unanimité. Il s’agît, en l’espèce, de prendre des gants pour être sûrs de ne rien oublier, car Geese propose un sacré et détonnant cocktail. Il y a tout d’abord le post-rock/punk adage de l’époque que le groupe a su faire sien. Mais pas que. Au fil des titres de ce nouvel EP Geese se fait tour à tour psychédélique, progressif ou classic-rock. Un peu pour tous les goûts en fait sans que la remarquable cohérence de l’ensemble n’en souffre. Et enfin pour finir, Geese possède cet élément incontrôlable, aussi rare qu’indéfinissable, qui fait vriller les chansons suivant les coups de folie des musiciens. Ainsi, le groupe affiche une capacité à partir dans n’importe quelle direction, et d’emporter l’auditeur avec eux, un espèce de grand délire qui n’est pas sans rappeler Frank Zappa. Mais il convient de ne pas se laisser abuser par l’aspect volontairement (mais faussement) foutraque de l’ensemble, joyeusement affiché ici. La musique de Geese est, dans le fond, pensée dans ses moindres détails. L’avantage est que l’on ne risque pas de se lasser, tant chaque nouvelle écoute révèle de nouveaux détails. Bref, voici une affaire à prendre très au sérieux. Tant mieux !

https://geeseband.com/

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lundi 18 décembre 2023

Lisa Oribasi : « Red Earth Live Session »

 


Inconnue au bataillon jusqu’alors, la jeune Suissesse vient de nous gratifier d’une session live de toute beauté. La guitare acoustique posée sur les genoux, il serait facile de classer la chanteuse dans la rubrique folk, ce qu’elle n’est que partiellement. Car, si la guitare acoustique fait totalement partie de son univers, ce dernier est constitué de pistes multiples cochant autant de cases au passage. Il y a tout d’abord son grain de voix, charmant, et toutes les intonations que la chanteuse peut apporter à son chant, qui rappelle la soul music. A ces influences classiques, Lisa rajoute une note plus contemporaine, par la grâce de sa voix toujours. Ainsi c’est un flow hip-hop qui s’ajoute à la table ainsi que quelques intonations reggae. Le songwriting enfin rapproche l’artiste de la pop. Pop, soul et folk constitue le triangle sur lequel s’appuie la chanteuse. Mélodique, doux, entraînant et ensoleillé, c’est toujours bon à prendre.

https://www.lisaoribasi.com/

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samedi 16 décembre 2023

Batlik, La Maroquinerie, 15 décembre 2023.

En dépit de ses propres termes, l’artiste se décrit comme « confidentiel », la Maroquinerie est bien pleine, si ce n’est complète, en ce vendredi soir pour sa dernière prestation parisienne ; après l’annonce de l’arrêt de sa carrière musicale, programmée après la sortie d’un magnifique dernier album. L’émotion est donc forte et parcourt la salle, mais pas forcément la scène, Batlik affichant un certain détachement et aucune peur du vide. Le public quant à lui semble prêt à chavirer à chaque instant. Le fait est que Stéphane Batlik a mis les petits plats dans les grands pour cette dernière, accompagné d’un clavier, d’une batterie et de deux cuivres. C’est aussi une nouvelle ère pour le chanteur, l’absence d’Alice Animal à la deuxième guitare a incontestablement une influence et le rendu global est nettement moins rock. Cependant, la présence des deux cuivres apporte une touche envoûtante et hypnotique à la musique. Le jeu de guitare, si particulier, et son son très travaillé et assez bas dans les basses y joue pour beaucoup également. Est-ce parce que la fin est proche, mais sur scène, Batlik affiche un sens de l’humour imparable, notamment lorsque la guitare tombe en panne décrivant, en rigolant, une scène digne d’un cauchemar. Un tabac récompensé par deux rappels et un tonnerre d’applaudissement très émouvant. Il reste encore quelques occasions de le voir sur scène un peu partout en France d’ici le printemps, et vous seriez bien avisés de ne pas les louper !

https://www.abrulepourpoint.com/

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jeudi 14 décembre 2023

Lux The Band : « Before Night Falls – The Black Box Sessions »

 


Lux the band profite des fêtes de fin d’année pour sortir un nouvel EP de cinq titres qui s’annonce comme le parfait complément de l’album « Gravity », qui fête par ailleurs son premier anniversaire. L’EP retranscrit une session enregistrée live au Studio Black Box et se compose de trois titres extraits de l’album et, chose relativement rare pour le groupe, de deux reprises piochées avec goût chez Neil Young (« Cinnamon Girl », dans une version survoltée et efficace) et PJ Harvey (« You said something » en version duo acoustique). Et avouons-le, c’est un plaisir de retrouver la puissance de la formation en live, real to reel, parfaitement restituée en l’espèce, la section rythmique pulse dans une euphorie contagieuse et Sylvain manie sa guitare avec sa virtuosité habituelle, délivrant quelques soli d’anthologie au passage (« Chemical Love », « Lullaby »). Voici donc un EP qui ravira les nostalgiques du classic-rock ou du rock des années 60, 70 de manière générale, dont ils s’approprient les codes avec talent. De plus, les recettes de l’EP seront reversées durant la fin de l’année à la World Central Kitchen qui lutte contre la faim dans le monde. A écouter pour se faire plaisir tout en faisant une bonne action.

mardi 12 décembre 2023

BlauBird, La Manufacture Chanson, 11 décembre 2023.

Une présence solaire et lumineuse qui fait oublier, une petite heure et demie durant, les tracas du quotidien, c’est un peu ça BlauBird. Il y a plusieurs raisons à cela, son sourire et son charisme et puis, surtout, la musique et les textes. Il y a, dans le creuset des émotions qui constitue le corpus de BlauBird, quelque chose qui nous ramène à l’essentiel. La vie, la mort, l’absence de nos chers disparu(e)s. Ainsi la voix du grand-père de la chanteuse, enregistrée et sauvegardée comme par miracle, chantant le mythe de « La Lorelei », utilisée comme un sample pendant le concert sonne comme un rappel urgent du côté éphémère de toute chose (ou presque) ici bas. Ainsi, alors que sa voix s’élève au-dessus des notes mélancoliques du piano, les émotions se bousculent dans le cerveau de l’auditeur alors que les gorges se nouent et les yeux se gonflent. Au fil du concert, BlauBird nous conte une histoire, un fil qui relie les chansons les unes aux autres, un récit appuyé par de nombreux dialogues extraits de films samplés, comme autant d’interludes. Et puis il y a les musiciens invités, le merveilleux Nicolas Beck, un habitué désormais, dont le tarhu aux cordes pincées ou frottées procurent une sensation mélancolique prégnante. Le saxophone de Rémi Fox aux effluves orientalisantes colorant une improvisation jazzy d’allure quasi-psychédélique. Et la sublime chanteuse Siân Pottok dont le n’goni (sublime reprise de « Donna » en anglais et en yiddish) rajoute de nouvelles notes inédites dans le dialogue entre les cultures (« Fairuz » en yiddish, arabe et français) établie par la chanteuse, et qui constitue une de ses marques de fabrique.

En concert le 22 janvier à La Manufacture Chanson.

https://blaubird.com/

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dimanche 10 décembre 2023

Joy Denalane : « Willpower »

 


Bien décidée à relancer sa carrière internationale (comprendre chantée en anglais) après le magnifique « Let Yourself Be Loved », sorti en 2020, dont les ailes furent coupées net par la pandémie, Joy est de retour avec un nouvel album marqué par le décès de son père, entre résilience et mélancolie (« Revolutions »). Une manière pour l’artiste de reprendre le fil de sa carrière après un intermède soul rétro sorti sur le label Motown. Aujourd’hui, la chanteuse ne s’inscrit plus exclusivement dans cette veine nostalgique (toujours très présente néanmoins) et ce nouvel effort la voit collaborer avec un rappeur (« Happy » avec Ghostface Killah) pour la première fois depuis le « Born & Raised » de 2006. Langoureux, l’album est marqué du sceau de l’élégance, le groove déployé y est soyeux avec force claviers vintage assurés de Roberto Di Gioia (également co-producteur de l’album). En ce sens, l’album prend avec panache la relève des productions de la Motown 70s, un peu de jazz et un peu de psychédélisme à la clé (sublimes « Far Cry » et « Hideaway »). Un registre qui convient parfaitement à la chanteuse et à la sensualité de son chant. Une éclatante réussite.

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Et en bonus une toute nouvelle chanson de Noël inédite qui ne figure pas sur l'album :




samedi 9 décembre 2023

Stacey Kent : « Summer me, Winter me »

 


Un nouvel album de la chanteuse américaine est la promesse de retrouvailles chaleureuses, un cocon musical doux et délicat où l’élégance le dispute au raffinement, un disque à écouter pour se laisser bercer quand dehors il fait gris, il pleut et il fait froid. Mais qu’importe puisque avec ce nouvel effort, la chanteuse fait briller le soleil par les enceintes (cf. la reprise de « Corcovado » ; « Happy Talk »). Ce nouvel album ne faillit pas à la tradition, le grain de voix de la chanteuse s’y fait aussi charmant qu’à l’accoutumée et, une fois encore, l’accent mis sur la France est parfaitement assumée par la chanteuse, bilingue francophone (« La Valse des Lilas » de Michel Legrand, « Ne me quitte pas » de Jacques Brel repris par deux fois en français et en anglais) à la diction parfaite. Ainsi c’est à un voyage transatlantique musical où nous sommes conviés bercés par le chaloupement de la contrebasse, le swing délicatement ourlé de la batterie, les cuivres discrets et les touches du piano effleurées. On aurait tort de refuser.

En concert le 13 mai 2024 au Théâtre de l'Odéon (Paris - Festival Jazz à St-Germain-des-Prés) et le 16 mai 2024 à l’espace Marcel Carné (St-Michel-Sur-Orge)

https://staceykent.com/

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vendredi 8 décembre 2023

Brigitte Calls Me Baby : « This House is Made of Corners »

 


Le groupe chicagoan sort son premier EP et pose, immédiatement, un énorme cas de conscience au chroniqueur. Posons les choses en ces termes. Puisque tous les groupes rappellent systématiquement quelque autre formation plus ancienne, il n’est pas interdit de penser que le rock tourne en rond. Mais on peut également réfléchir à revers et penser qu’à force d’associations improbables associations d’influences, on finit par écouter quelque chose de nouveau. Et, niveau grand écart, Brigitte Calls Me Baby se pose là. Et avouons-le tout net, le principal point d’attraction du groupe et de ces cinq titres inauguraux réside en la personne de Wes Leavins, son chanteur. Une voix classe et maniérée, maniant le trémolo comme on ne l’entendait plus depuis des années. Il y a du Morrissey en lui (« Impressively Average »), du Roy Orbison voire du Elvis également (« Eddie My Love », la meilleure plage de cette première livrée). La musique ? Une somme d’influences trop évidentes (pour l’instant) allant des Strokes (« You Are Only Made of Dreams ») aux Smiths. Un défaut qui devrait normalement s’effacer avec le temps, à supposer qu’ils n’explosent pas en vol d’ici là. Un EP de très bonne facture cependant mais dans le fond un peu vain.

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jeudi 7 décembre 2023

Bordelophone : « Noir Fluo »

 


Déjà repéré sur la foi d’un excellent premier album, Bordelophone fait une fois de plus honneur à son patronyme avec ce nouvel EP (en attendant le deuxième album), musicalement aussi paradoxal que son titre. En effet, Bordel (pour les intimes) synthétise à merveille l’art de sauter du coq à l’âne et, se faisant, d’abolir les frontières entre les genres. Aussi étonnant que cela puisse paraître la formation instrumentale vient du jazz et cela s’entend, notamment grâce à la trompette (cf. « Noir Fluo »), avant que les guitares ne viennent mettre le proverbial bordel sous-entendu semant le chaos en passant du gros rock (« Keep it hot ») au reggae où à la surf music (« Surfin in Bordelotown »). Le tout sans jamais se départir de leur virtuosité, normal attendu que la moitié du groupe enseigne au conservatoire. Excellent !

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dimanche 3 décembre 2023

Popincourt : « We were bound to meet »

 


Dandy à l’allure toute britannique, Olivier Popincourt agite le Landerneau pop d’ici depuis une dizaine d’années. Posant énamouré à côté de sa guitare, « Nous étions faits pour nous rencontrer » nous assure-t-il. Connaissant ses goûts (Paul Weller, Elvis Costello) et, au-vu de la qualité mélodique de son dernier effort (le troisième), il semble qu’effectivement cela soit le cas. Pas revivaliste pour un sou, mais peut-être bien nostalgique (cf. « Song for Yeu » nommée d’après l’île du même nom en Vendée), Olivier est passé directement à l’étage supérieur : celui d’un album intemporel. Superbe écrin pop en vérité que celui-ci : langoureux, passé au filtre de la soul, et richement arrangé avec force claviers autant vintage (piano, orgue) qu’élégants, des cordes soyeuses et de délicats arpèges de guitare mélancoliques (« Little Rainfall, intense sunshine »). Soulignons également la modestie de son auteur qui n’hésite pas à se mettre en retrait, laissant le chant lead aux amies de passage, Gabriela Giacoman (la chanteuse de French Boutik) ou Susanne Shields, simplement dans le but de rendre la chanson meilleure. Une réussite éclatante.

https://www.popincourtmusic.com/

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samedi 2 décembre 2023

They Call Me Rico : « Wheel of Love »

 


Cela fait quelques années que Frédéric Pellerin, le Québecois installé à Lyon, n’avait plus donné signe de vie discographique. Un hiatus qui préparait en fait le retour en grandes pompes de l’ex-one man band (si le travail en studio reste solitaire, il est accompagné d’un groupe pour les concerts). Un retour méticuleux, soigné et ouvert à de nouveaux horizons musicaux. Si la base en reste le blues et le rock (le rageur « Wheel of Love »), le premier titre de cette nouvelle livrée pour le moins ramassée (huit chansons), « You Done Me Wrong » surprend par son utilisation judicieuse de synthés pour créer une toile hypnotique tenant l’auditeur en haleine sur une durée assez longue (6 minutes). La première surprise d’une longue série proposée par l’album et autant de détour vers le folk (« Sorry if I kept you waiting » ; « Please don’t go »), la pop (« Ease my mind ») ou la soul qui parsèment le disque en autant d’arrangements audacieux, sans jamais perdre de vue l’électricité. Jouant ainsi avec les contraires They Call Me Rico accouche d’un album à la fois éclectique et cohérent. Un retour aussi surprenant que réussi.

https://www.theycallmerico.com/

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vendredi 1 décembre 2023

Jimmy Diamond : « You Radiate »

 


Ah les mystères de la création ! Est-ce pour échapper à la morne plaine grise hollandaise (Lemele, à proximité de la frontière allemande) dont ils sont originaires que Jim Zwinselman (guitare, pedal-steel, chant), Ruud Gielen (batterie) et Floris Poessé (basse) ont formé Jimmy Diamond, transformant un trio batave en groupe étasunien plus vrai que nature ? Dans la lignée de leurs compatriotes Alamo Race Track, Jimmy Diamond a rêvé, en grand, d’Amérique, d’un couché de soleil dans le désert entre deux cactus (cf. la pochette), d’autoroutes à perte de vue traversant le désert sous un ciel au bleu céruléen. Avant d’y poser le pied pour de vrai, à Los Angeles dans le studio de Kevin Ratterman, pour enregistrer leur premier album en deux semaines tout pile et d’y faire voyager ensuite quiconque aura la chance de poser une oreille sur ce merveilleux disque. De fait, Jimmy Diamond s’inscrit dans une esthétique assez originale. Un grand tout fantasmé où indie rock, roots et americana se côtoient harmonieusement. D’un côté il y a cette lap-steel cotonneuse et de l’autre ces guitares indie avec force écho. Le chant éthéré de Jim Zwinselman rajoute une couche au rêve éveillé des compositions à l’avenant (cf. « Let’s not get used to this »). Remarquablement cohérent d’un bout à l’autre l’album plonge l’auditeur dans un entre-deux à la fois planant (cf. la coda de « Chase the moon ») mais pas totalement dénué d’aspérités rock’n’roll (« In the dark » ; « You Radiate »). Superbe disque !

En concert le 27 janvier 2024 (La Maroquinerie – 1ère partie d’Israel Nash)

https://www.jimmydiamondofficial.com/

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