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The Big Idea (c) Victor Picon |
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Bertrand Belin (c) Louis Comar |
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Viagra Boys (c) Louis Comar |
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Pogo Car Crash Control (c) Victor Picon |
Vendredi 25 Août.
The Big Idea,
contrairement à ce que son patronyme laisse supposer, n’a pas eu
une bonne idée mais plusieurs ! Déjà pour commencer, celle
d’enregistrer son nouvel album, en mer, sur un bateau. Ensuite, les
Rochelais sont sont tous d’excellents musiciens s’échangeant les
instruments. Il en résulte une prestation inclassable commencée
sans guitare (hélas nous avons raté les premiers titres) mais avec
trompette, harmonica, clavier, percussions latines et batterie et
terminée par un chaos de quatre guitares en plus de la section
rythmique, de la pop psyché au rock brut de décoffrage.
Inclassable, intriguant mais surtout brillant ! Un petit tour
pour apprécier la chanson pop de Bertrand Belin sur la grande scène,
qui de loin ressemble un peu au Bowie cheveux longs des années 90,
qui a quelque peu musclé son jeu pour le festival, un festival de
synthés hypnotiques, quelques guitares et une rythmique solide
(xylophone compris). Place ensuite à un sacré poids lourd venu de
Suède, les Viagra Boys (endeuillés par la disparition récente de
leur guitariste) et toujours mené par le charismatique Sebastian
Murphy, un américain exilé, qui monopolise l’attention par son
corps intégralement tatoué (enfin presque) et qui assume sans
complexe aucun sa bedaine naissante. Mais musicalement parlant c’est
du punk, lourd, très lourd, aux guitares dévastatrices sur une
rythmique en béton armé. La basse saturé galvanise (cf.
« Sports ») le saxophone (parfois baryton comme chez
Morphine) et les synthés analogiques apportent fraîcheur et
originalité aux compositions. Bref en un mot c’est une claque
monumentale que les Viagra Boys ont donné au festival. Dans le même
ordre d’idée, on termine avec les Pogo Car Crash Control, dont le
son a évolué progressivement du punk au métal pour atteindre une
sorte d’hybride parfait aux paroles particulièrement bien senties
et, au passage, on, suivant les conseils du groupe, « fait des
doigts » (ça fait du bien comme ils disent). Energiques et
sulfureux. En sus, le guitariste du groupe a réalisé une première,
celle de surfer dans le Parc National de Saint-Cloud, sur une
authentique planche de surf porté à bout de bras par le public
chaud patate.
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Parlor Snakes (c) Olivier Hoffschir |
Samedi 26 Août.
On suit les Parlor
Snakes depuis longtemps et on a souvent pensé que le groupe se
jouait, avec maestria, de la retenue faisant longtemps monter la
pression ce qui finissait par créer cet hypnotisme particulier au
groupe. Un caractéristique que le batteur du groupe, contrairement à
son prédécesseur, semble décider à bousculer dynamitant les
compositions de breaks ravageurs qui, mis bout à bout, finissent par
créer un sacré tour de grand huit. Peter, le guitariste, semble
quant à lui décidé à changer d’approche, à travailler le son
plus que d’habitude et exhibe, sur un titre, une sublime Vox
Phantom orange. Au chant et aux claviers, Eugénie, égale à
elle-même, charismatique et émotive, charme le public de sa voix
particulière, un peu aiguë. Une prestation solide et un peu isolée
de la part d’un groupe sans actualité immédiate, en compensation
de l’annulation du passage prévu l’an dernier qui devait
clôturer la précédente tournée du groupe, mais qui a permis de
découvrir de nouvelles compositions en prévision de l’album prévu
pour l’an prochain. Nous devrions donc les retrouver bientôt.
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Altin Gün (c) Victor Picon |
Place ensuite au
psychédélisme débridé des Hollandais/Turcs d’Altin Gün où les
giclées de guitares acides cohabitent avec cet orientalisme propre
au groupe et ces sons disco kitch venu des synthés analogiques. Le
groove entre percussions, batterie, et une basse particulièrement
bien tenue est irrésistible et il ne faut pas très longtemps avant
que la fosse ne se transforme en discothèque à ciel ouvert,
propulsant le public dans l’Istanbul des années 70. Ça danse un
peu partout ! Festif, psyché et ensoleillé.
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Tamino (c) Olivier Hoffschir |
Lui aussi venu du
Nord, la Belgique, et d’origine Égyptienne, Tamino fait preuve
d’un magnétisme rare. Depuis le début de sa carrière les
comparaisons avec Léonard Cohen ou Jeff Buckley abondent et font
sens selon qu’il joue d’une guitare classique ou électrique.
Mais il serait trop réducteur de placer le chanteur sous l’ombre
tutélaire, et envahissante, de ces deux géants. Car Tamino possède
un univers bien à lui, un peu mélancolique, souligné par le
violoncelle, et aussi teinté d’orientalisme (cf. l’oud dont il
joue très bien) même s’il a choisi de chanter en anglais. Autre
particularité, cet instrument bizarre, une basse à deux cordes
jouée à l’archet, qui teinte la musique d’un onirisme unique.
Un artiste habité.
Un peu à part dans
le grand cirque de Rock en Seine, la Scène Île-de-France, la seule
sous chapiteau et présentant une jauge réduite, visant à recréer
l’ambiance d’une petite salle, est réservée aux groupes
débutants de la région. C’est aussi l’endroit où il fait bon
traîner pour multiplier les découvertes et cette année ne fera
entorse à la tradition avec le formidable trio Ditter. Jeune et
frais, le groupe, charismatique et enthousiaste, pratique une électro
fortement teinté de rock’n’roll et joue parfaitement d’une
complémentarité avec une basse énorme, teinté cold wave et d’une
guitare débridée. Boite à rythme et sonorités électro apportent
une dynamique festive, là aussi ça danse et saute beaucoup, alors
qu’un titre joué en configuration basse et deux voix (un truc
rarement vu avant) démontre qu’avant toute chose, un songwriting
solide est à la base de tout. On attends un premier EP bientôt.
Dimanche 27 Août
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Gaz Coombes (c) Louis Comar |
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Snail Mail (c) Louis Comar |
On commence avec une
prestation très solide de Gaz Coombes, qui sur scène s’est donné
les moyens de ses ambitions. Saxophone, choriste, batteur jouant
volontiers aux balais, la prestation de l’ex-leader de Supergrass
est marqué d’un sceau à la fois classe et intemporel. Le
répertoire est à l’avenant entre songwriting classieux et giclées
acides psychédéliques. Petite déception ensuite avec la chanteuse
Snail Mail, précédée d’une réputation élogieuse, dont le post
grunge manque de variété donnant cette impression lancinante d’une
même chanson jouée en boucle. Place ensuite à une énorme claque,
celle des Irlandais de The Murder Capital (découverts ici même il y
a quelques années) qui ont évolués depuis le post punk des débuts
vers un son plus atmosphérique mais toujours marqué par ces
attaques d’une violence inouïe et des pattern de batteries proches
de Killing Joke. Coup de cœur du week-end à égalité avec les
Viagra Boys. La prestation des Australiens Amyl & The Sniffers
sur la grande scène commençait plutôt bien, charisme de la
chanteuse, une énergie de tous les diables. Hélas, notre Iggy en
bikini s’agite plutôt en vain, problème d’écriture, manque de
variété dans les compositions, une fois encore le concert tourne en
rond. Le gang Australien, pourtant fort d’un excellent album ne
tient pas la distance, hélas. Une averse plus tard, on retrouve les
portés disparus depuis 15 ans, Be Your Own Pet, qui reviennent avec
un troisième album tout juste sorti sur Third Man Records, le label
de Jack White. Une excellente prestation, énergisante, excitante,
sulfureuse, du groupe garage qui, certes, fait beaucoup de bruit
mais, surtout, fait honneur à des compositions d’excellente
facture. De quoi bien terminer le week-end.
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The Murder Capital (c) Louis Comar |
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Amyl & The Sniffers (c) Louis Comar |
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Be Your Own Pet (c) Victor Picon |