Derrière le patronyme intriguant de dDamage, se cache la fratrie Hanak. Deux frères, Frédéric et Jean-Baptiste, unis dans une passion commune pour la musique mais aux aspirations artistiques divergentes. En effet, Frédéric ne jure que par le hip-hop, alors que Jean-Baptiste, guitariste, ne rêve que de rock. En dépit de leur différence, les deux frères restent unis dans une communauté de destins, dont une des premières réalisations sera ce troisième album, sorti en 2004, et réédité cette année. Le résultat intrigue, forcément, et, unique en son genre, ne ressemble à rien de connu. Tout juste peut on imaginer le chaînon manquant entre Autechre et Sonic Youth à supposer qu’une telle chose ne puisse qu’exister. Tout en aspérités ("On Precinct 13"), farouchement noise, entre guitares furieuses, breakbeats en pagaille, bourdonnement électro et voix trafiquées (« Keedz »), l’album n’est pourtant pas dénué d’aspirations mélodiques voire planantes (« Liquid Words » ; « Aeroplanes »). Et c’est précisément là, dans ce calme au milieu de la tempête, que réside l’étrange et fascinant pouvoir d’attraction de cette musique qui distille son venin lentement, tel un poison retors, dans les oreilles de l’auditeur. Dix huit ans après sa sortie, « Radio Ape » n’a rien perdu de son aura mysterieuse. La disparition prématurée de Frédéric en 2018 mettra, hélas, brutalement fin à l’aventure du groupe. JB a depuis consigné ses souvenirs de tournées dans un roman à vocation biographique (« Sales Chiens », éditions Léo Scheer). Cette magnifique réédition agrémentée de sept bonus (trois inédits et les quatre titres de l’EP « Pressure ») constitue le plus bel hommage rendu à Frédéric.
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