samedi 27 février 2016

Dirty Deep+Daddy Longlegs+Jim Jones and The Righteous Mind, Festival les nuits de l'Alligator, La Maroquinerie, 26 février 2016.



Circonscrit autour d'un périmètre entre rockabilly, blues, rock garage, soul, folk et country, les nuits de l'alligator sont un de nos festivals préférés. L'assurance de chaudes nuits en plein hiver et des découvertes chaque année, dans le superbe écrin de la maroquinerie…

« Vous êtes arrivés un peu en avance pour voir un vrai groupe de rock n'roll ? Nous sommes Dirty Deep et on vient de Strasbourg... » lance l'excellent batteur installé derrière son kit. Au moins les intentions sont clairement énoncées dès le départ. Après des débuts en one man band, puis en duo guitare/batterie, Dirty Deep est désormais un power trio. La formule est considérablement enrichie, le gain est certain : plus de groove, de swing, le trio est redoutable. Si l'énergie est incontestablement rock garage, Dirty Deep possède ce petit plus, le petit détail qui, prenant la forme d'un subtil glissé de guitare ou d'un harmonica bien senti, nous ramène immanquablement au blues. Mais une forme blues crade et déglinguée héritée du Delta et proche dans l'esprit des production Fat Possum. Sur scène, les trois musiciens se donnent à fond, finissent en nage et le chanteur termine le concert le visage aussi rouge écarlate que son tee-shirt. Les cordes de guitare ne résisteront d'ailleurs pas à une telle débauche d'énergie. Un excellent set pour commencer la soirée, à peine gâché par une fin abrupte, le groupe, victime d'un timing impitoyable, ne peut jouer son dernier titre. Les aléas de l'organisation d'un festival… En tout cas, on attend impatiemment des nouvelles de Dirty Deep dont le nouvel album sortira le 29 avril prochain…

On continue dans une veine similaire, mais moins réussie à mon sens, avec le trio hyper looké Daddy Longlegs, groupe qui, sur le papier, a tout pour nous plaire. Pourtant on n'accroche que très moyennement. Le trio se singularise par une approche rythmique particulière, une batterie réduite à sa plus simple expression, un tome basse, une grosse caisse et une caisse claire. Aucune cymbale. Pour compenser le batteur cogne sur ses tome à l'aide d'une maracas. Ce qui donne un son très mat, et un manque de groove certain (c'est peut être de là que vient le problème). Un harmonica au son sale et une guitare complètent la formule. Si on accroche dans un premier temps, l'ennui nous gagne, trop répétitif… Le public a néanmoins l'air d'accrocher…

On termine enfin avec un gros morceau, l'Anglais Jim Jones accompagné de son nouveau groupe, The Righteous Mind dans lequel on retrouve Gavin Jay déjà bassiste à l'époque bénie de la Revue. Dans un premier temps, Jim Jones et ses acolytes restent fidèles à ce qu'ils savent faire de mieux, un rock n'roll survolté, hérité des années 50, foudroyé par une énergie digne du punk. Ainsi les deux premiers titres du soir, servis avec un piano au boogie woogie ravageur, n'auraient pas dépareillés dans le répertoire de Jim Jones Revue. C'est lorsque le piano s'efface au profit d'un orgue, lorsque la contrebasse et la guitare lap-steel font leur entrée en scène, que Jim Jones sort de son pré-carré, délaissant la composante roll de sa musique pour des paysages plus sombres et torturés (une nouvelle orientation également perceptible dans l'artwork du groupe) qui rappellent parfois Nick Cave. Les instruments en sourdine, avec un squelette rythmique pour seul accompagnement, Jones expérimente autour du gospel, le résultat nous rappelle le « 7 times around the sun » de son ancien groupe. Si l'on reste inconsolable après la séparation de la Jim Jones Revue, on adore ce nouveau groupe et on est ravi d'avoir une nouvelle formation à se mettre entre les oreilles…




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