Formation attachante que l'on suit
depuis quelques années, Rhum For Pauline passe à la vitesse
supérieure avec la sortie de ce premier album en bonne et due forme.
Etiquetée, à tort ou à raison, comme revival 70s à ses débuts,
la musique de Rhum For Pauline prend une toute autre ampleur avec la
sortie de ce premier effort. Certes, les influences premières du
groupe, la soul et le rock sont toujours présentes (« Coochie »).
L'album commence d'ailleurs avec un « When endless ends »
subtil et au chant délicatement soul. Mais bien vite, le groupe
s'extirpe du peloton pour s'offrir à de nouvelles influences,
indie-pop ou psyché/shoegaze (« No hugs »), dépassant
en cela le stade de simples revivalistes, pour atteindre finalement
ce stade fragile, respectueux du passé mais le regard tourné vers
l'avenir. Soigneusement produit, peu d'effets mais des sonorités de
claviers et de guitares choisies avec precision, Rhum for Pauline
livre un album à l'image de sa (superbe) pochette : coloré,
ensoleillé, lumineux.
https://twitter.com/rhumforpaulinesamedi 31 octobre 2015
vendredi 30 octobre 2015
Nadéah + John Ulysses Mitchell, La Boule Noire, 29/10/2015.
Commençons par saluer une vieille
connaissance, John Ulysses Mitchell, ex-leader des Bad Mama Dog,
auteur d'un excellent album, « Love gone bad » en 2009 et
que l'on retrouve en solo ce soir. On avait un peu perdu de vue le
Franco-Américain ces derniers temps et l'on est particulièrement
heureux de le retrouver. Personnage lunaire, Mitchell est franchement
désarmant au point d'oublier le titre des ses propres chansons :
« Cette chanson s'appelle (blanc, silence)... Euh, toutes les
chansons sont nouvelles, elles ont un titre (re-silence).... »
Des années qu'on écume les salles de concert, on n'avait encore
jamais vu ça ! Un peu plus tard, alors que le set touche à sa
fin, Mitchell refait encore des siennes : « Je n'ai
pas bosser d'autres titres alors on va faire une reprise. Bob Dylan
ça vous dit ? »... En dépit de ses errements (ou grâce
à) le grand gaillard attire la sympathie. Son jeu de guitare sèche
est précis et ses arpèges assez fins, mais la chose prend une toute
ampleur lorsque Mitchell attaque les cordes, tout de suite le son
remplit l'espace. Lorsqu'il chante à propos « d'une ex »
il empoigne sa guitare électrique (bah quoi, t'es en colère John?)
convoquant de suite l'ombre de Jeff Buckley. Il résulte de
l'ensemble un fort parfum folk 60s et de blues, cette petite
demi-heure en sa compagnie fût fort agréable.
Alors que la basse ronfle d'un groove
énorme, signe que les hostilités vont bientôt commencer, une autre
Anglo-Saxonne exilée dans notre Hexagone, Nadéah, fait son entrée
en scène. « Met a man », est décidément un tube en
puissance ! Ce soir l'Australienne dévoile en avant première
les titres de son futur album dont la sortie est prévue pour début
2016. Et ça déménage ! Mettant de côté le swing jazzy
acoustique qui était sa signature (exit la contrebasse), Nadéah
fait dorénavant le grand écart entre rock noisy, le guitariste est
déchaîné, et groove disco. La section rythmique est remarquable,
la frappe de la batterie dégage un swing lourd et puissant alors que
les lignes de basses sont énormes, au point de chiper toutes les
fréquences. Une prestation plutôt électrique donc même si Nadéah
nous a réservé quelques beaux moments intimes et remplis d'émotions
seule à la guitare folk ou au piano. Même les anciens titres
retrouvent des nouvelles couleurs « Ain't got time » est
ralentie à l'extrême alors qu' « Odile » est
tranfigurée. Ce n'est que lorsqu'une section de vents (clarinette et
trombone) débarque que Nadéah renoue avec le style cabaret jazzy
caractéristique du premier disque. Il n'y a finalement que la boîte
à rythme, surnommée « Roland », qui n'était pas
contente. Ses siennes ont contrarié l'artiste toute la soirée
« comme un bébé chat qui pisse sur tes vêtements ». Le
set se termine avec une version absolument démentielle de « Nobody
but you » aussi fulgurante que l'éclair. Si le nouvel album
est de ce niveau, ça s'annonce plutôt bien !
jeudi 29 octobre 2015
My Name is Doug Hream Blunt
Décidément, les pontes du label Luaka
Bop sont d'indécrottables têtes chercheuses. Après avoir exhumé
William Onyeabor il y a deux ans, ces derniers ont décidé de s'attaquer au cas Doug
Hream Blunt, notre curiosité du jour... Doug Hream Blunt, donc.
Infirmier le jour dans un hôpital de San Francisco, Blunt a débuté
dans la musique à l'age canonique de 35 ans en suivant des cours du
soir. Nous sommes à la fin des années 1980 et Blunt fait vivre son
projet artistique comme il peut, à la va comme je te pousse, donnant
des concerts acoustiques pour les malades de l'hôpital où il est
employé et casant son album « Gentle persuasion », chez
les disquaires locaux. Disque qui est, comme par miracle, en notre
possession aujourd'hui. Avec un parcours aussi atypique que le sien,
il est presque normal que Blunt propose une musique assez peu
orthodoxe. Enregistré dans un garage en compagnie de « non
musiciens », l'album sonne comme du bricolage rafistolé. Mais
avec un certain charme. Celui des synthés cheap (« Fly guy »)
et des soli de guitares sauvages et erratiques comme sur l'intro de
« Ride the tiger » ; voir complètements faux, cf.
« Gentle Persuasion », « Whiskey man ».
Cependant la pop ultra lo-fi, parsemée de funk de Blunt a du
panache. Lorsqu'il se concentre sur des rythmiques fortes (cf.
« Whiskey Man », « Break free ») Blunt
accroche l'oreille et séduit. Crooner égaré au fond du garage,
Blunt possède par ailleurs une voix charmeuse, et le falsetto d'un
Curtis Mayfield du pauvre. Les dix plages ici compilées nous font
partir à la découverte d'un univers frappadingue, marqué par les années 1990, attirant
immédiatement la sympathie. De là à crier au génie égaré...
Pour les amateurs de curiosités...
Des jeunes gens modernes
Réalisé par Jean-François Sanz, Des jeunes gens modernes est un documentaire revenant sur la scène post punk et cold wave qui a agité la scène rock française entre la fin des années 1970 et le début des années 1980. D'une durée de 83 minutes, le film comporte de nombreux témoignages notamment d'Etienne Daho, Marie-France, Elli Medeiros et des regrettés Daniel Darc, Jacno et Edwige Belmore. Un grand moment d'émotion en perspective...
Sortie du DVD digipack le 17/11 (14,90 €)
Précommande possible au tarif préférentiel de 12,90 € à l'adresse suivante : paul@ufo-distribution.com
mercredi 28 octobre 2015
Bony King : « Wild Flowers »
Auteur de trois albums sous le nom de
Bony King of Nowhere, Bram Vanparys a réduit son nom et s'est envolé
pour Los Angeles où a été enregistré ce nouvel effort. « Wild
Flowers », c'est un petit air de Californie qui s'échappe par
les enceintes. Inspiré autant pas ses maîtres Neil Young et Gram
Parsons que par la lumière des lieux, Bony King revient avec un
album calme et ensoleillé à l'écriture enchanteresse. L'acoustique
châtoyante évoque aussi bien le folk que la country, mettant en
valeur les cordes acoustiques délicatement pincées et les notes
slidées, typiquement étasuniennes, de la lap-steel. Les
contre-chants ne sont pas sans évoquer Emmylou Harris lorsque cette
dernière vocalisait en compagnie de Parsons. Mine de rien, c'est un
petit exploit qu'a réussi içi Bram Vamparys, de nationalité Belge,
celui de réussir un album plus américain que nature. Un album comme
on en fait plus, même de l'autre côté de l'Océan Atlantique. Un
disque à classer près des classiques des années 1970 les « GP »,
« Grevious Angel » et autres « Harvest » que
Bony King a réussi à égaler. Précieux, forcément.
https://www.facebook.com/BonyKingOfficialmardi 27 octobre 2015
Tommy Guerrero : « Perpetual »
Personnage mystérieux possédant plus
d'une corde à son arc, Tommy Guerrero a d'abord été skater
professionnel avant de se lancer dans la musique vers la fin des
années 1990. Son nouvel album « Perpetual », se pare
d'atours expérimentaux. Entièrement instrumental, le disque, riche
de seize pistes, met en son la guitare lancinante et
cinématographique de Guerrero convoquant un certain nombre d'images
mentales chez l'auditeur. On pense au désert, aux cactus, à la
poussière qui s'envole le long d'une route, une ligne droite
infinie. Guerrero s'empare ainsi de styles musicaux typiquement
étasunien pour mieux les transformer en matière sonore inédite
parfois accompagné d'une simple boîte à rythme ou d'un groupe
complet. A ce niveau là, on ne parle même plus de chansons. D'un
premier abord ronronnant, la musique de Guerrero prend ainsi de
l'ampleur, révélant ses aplats et ses déliés au fil des écoutes
et composant la bande originale d'un western rêvé.
lundi 26 octobre 2015
Arielle Dombasle and The Hillbilly Moon Explosion
En quête de crédibilité rock,
Arielle Dombasle s'est acoquiné avec nos bien aimés Hillbilly Moon
Explosion, pour rappel un des meilleurs groupe de rockabilly
actuellement en activité en Europe (ils sont basés à Zurich). Le
projet semble un peu accessoire pour le quatuor, réduit ici au rôle
d'accompagnateur (de luxe) de l'actrice. Le track listing, composé
de nombreux titres déjà connus des fans du groupe (« Walk
Italian », « Johnny are you gay ? », « Chick
habit » etc...), peut également être considéré comme un peu
décevant. Par contre, pour ce nouveau projet, soutenu par une major,
Hillbilly Moon Explosion dispose de moyens considérables, comme ils
n'en ont probablement jamais eu auparavant. Le groupe ayant réussi à
garder un certain contrôle musical sur la chose (le contrebassiste
et habituel chanteur Oliver Baroni est crédité comme coproducteur)
l'album ne peut qu'être réussi. Le groupe s'est, en effet, lâché
sur les arrangements. Enrobées de somptueuses cordes, cuivres et
autres harmonicas, les chansons retrouvent une nouvelle jeunesse. Le
rendu est peut-être un peu moins rock qu'habituellement, mais
l'album joue à fond la carte du charme rétro et cela va comme un
gant à la voix d'Arielle Dombasle, assez à l'aise dans le rôle de
la crooneuse. Ce disque à au moins le mérite de nous ramener, avec
classe et élégance, dans les années 1950. La notoriété d'Arielle
Dombasle rejaillit de manière assez inédite sur les Hillbilly Moon
Explosion, des affiches font leur apparition dans les couloirs du
métro et un concert est annoncé à la Cigale (une salle bien plus
grande que les Nouveau Casino, Réservoir et autres Batofar où on a
l'habitude de les voir). Puissent-ils faire bonne usage de cette
exposition nouvelle...
En concert à Paris (la Cigale), le 4 novembre.
www.arielle-dombasle.com
https://fr-fr.facebook.com/hillbillymoonexplosion
https://fr-fr.facebook.com/hillbillymoonexplosion
Libellés :
Arielle Dombasle,
The Hillbilly Moon Explosion
samedi 24 octobre 2015
The Fratellis : « Eyes wide, tongue tide »
En 2006, les murs du métro parisien
étaient couverts d'affiches annonçant la sortie de « Costello
Music ». Le premier album des Fratellis était ainsi lancé en
grandes pompes. C'était il y a neuf ans... De nos jours, rares sont
les groupes de rock a bénéficier d'une telle promotion. Et les
Fratellis, eux, ont continué leur chemin assez discrètement. Du
moins de ce côté-ci de l'Atlantique, car les Ecossais ont connu un
grand succès sur l'autre rive de l'Océan. Et c'est d'ailleurs
là-bas, en Californie, que le trio a enregistré ce quatrième
effort. Comme inspiré par les lieux, le groupe accouche d'un disque
de rock classique. Passé le titre d'ouverture, « Me and the
devil » un peu décevant, les choses sérieuses commencent.
Avec « Impostors », aux couleurs rockabilly, et « Baby
don't lie to me », un classic rock 70s bien envoyé, le groupe
retrouve du tonus. Certes rien de bien original mais l'efficacité
est au rendez-vous. Un peu à l'image de l'album qui passe par un
certain nombre de passages obligés : la ballade, « Desperate
guy », le piano, « Slow » (trop larmoyant pour être
honnête), la pop funky, « Dogtown » ou non, « Thief ».
Alors que les titres défilent, le disque nous apparaît comme plutôt
agréable mais rien ne retient vraiment l'attention de l'auditeur. Un
album, de bonne facture sans être renversant, qui contentera les
moins exigeants.
En concert le 27 octobre (Paris,
Trabendo)
https://www.facebook.com/thefratellisjeudi 22 octobre 2015
Lux Montes : « Tu m'as manqué mon amour »
« Tu m'as manqué mon amour »,
a lui seul le titre sonne comme la promesse passionnelle d'un
romantisme échevelé. Le premier disque de Lux Montes demande du
temps. Celui de l'écoute. Souvent les compositions de Lux débutent
à cappella, comme pour mieux instaurer un climat, dépeindre une
ambiance. Ensuite, Lux nous prend par la main et nous entraîne dans
un dédale intranquille et faussement enfantin (« Huggy Girl »)
pour mieux nous perdre. Expérimentale Lux Montes ? Oui
certainement mais surtout pleine de surprises. Les compositions sont
autant de matières informes partant dans une direction pour mieux
rebondir ailleurs, laissant l'auditeur dans le doute n'étant jamais
trop sûr de ce qu'il a entendu. Brute lorsque la batterie ou la
guitare sont subitement prise de folie (« Cry and smile »),
baroque lorsqu'une fanfare inattendue débarque sans crier gare, la
musique de Lux Montes n'a de cesse de nous déstabiliser jusqu'à
l'abstraction (« La nuit est noire », « Piano »).
Et pourtant tout au long de ces six plages Lux Montes instaure un
climat cohérent, un univers sombre comme une nuit sans fin au bout
duquel pointe la lueur de l'espoir.
En concert le 24/10 au Bus Palladium
(20h00, 7 €)
http://luxmontes.blogspot.fr/mercredi 21 octobre 2015
RavenEye : « Breaking out »
Avec ce premier EP, RavenEye, remet au
goût du jour la formule du power trio, comme une sorte de Cream ou
d'Experience des temps modernes. La grande révélation du disque
c'est le guitariste Oli Brown qui avait mystérieusement échappé à
nos radars en dépit de ses quatre albums en solo. Sa science du riff
et du gros son, en descendance directe des grands classiques du hard
rock des années 1960/1970, lui a déjà valu les louanges de Slash
entre autres. A l'écoute du disque on retrouve le frisson rock
n'roll celui qui nous fait sauter au plafond et grimper aux rideaux.
Outre le fait d'être menée par des riffs surpuissants « Get
it started » ou « Hey Hey Yeah » sont des petites
merveilles de rock, bien écrites et enlevées. L'ep diffuse comme
une sorte de joie primale, celle d'un rock n'roll puissant et
contagieux qui ne néglige pas la mélodie (« Run Away »).
Sympa !
https://www.facebook.com/ItsRavenEyemardi 20 octobre 2015
Valparaiso with Phoebe Killdeer : « Winter Sessions »
Valparaiso, derrière ce nom fleurant
bon le mystère et l'exotisme se cache une nouvelle formation dont
les membres sont issus de la scène folk hexagonale (Fitzcarraldo
Sessions, Jack The Ripper etc...). Valparaiso pratique une musique
élégante, multipliant les climats et les contrastes. On pense tour
à tour à la bande originale d'un western fantomatique
(« Valparaiso », l'instrumental d'ouverture) ou à une
jam session de jazzmen perdus en plein désert (« Wild
Birds »). Riche en climats la musique de Valparaiso évoque les
grands espaces, le cinéma ou les travellings sur d'infinis espaces.
Une musique essentiellement calme et acoustique et pourtant parfois
malmenée par une guitare noise rock (« Flowers falling
down »). Pour incarner l'univers, finalement pas si tranquille
que ça, tout en tension sousjacente, de Valparaiso, le quintet a
fait appel sur cette première livrée à l'australienne Phoebe
Killdeer, une des chanteuses du projet Nouvelle Vague de Marc Collin.
Son magnifique timbre, grave, éraillé et un tantinet sombre
convient à merveille à l'ambiance nocturne de l'EP et lui apporte
un surplus d'élégance et de féminité. « Winter Sessions »
signe les débuts particulièrement convaincants de Valparaiso,
produisant une musique propice à la rêverie. Le premier album du
groupe, produit par John Parish, sortira dans le courant de l'hiver
avec de nouvelles voix invitées. Vivement la suite.
https://www.facebook.com/ValparaisoMusicOfficiellundi 19 octobre 2015
Wilco : « Star Wars »
Les nouvelles en provenance de Wilco
étaient plutôt rares ces dernières années. Pris par ses activités
annexes, Jeff Tweedy, le leader du groupe avait un peu délaissé sa
formation fétiche. Il est vrai que ce dernier s'est beaucoup
multiplié ses derniers temps, comme producteur auprès de Mavis
Staples et avec le duo Tweedy formé avec Spencer, son batteur de
fils. Quatre années se sont ainsi écoulées avant cette nouvelle
livraison. D'entrée de jeu, le groupe nous désarçonne avec un
curieux instrumental « Ekg », tout en guitares
dissonnantes, comme si la bande de Chicago cherchait à se
réapproprier l'héritage d'un Sonic Youth démissionnaire. Et c'est
précisement là que se cache toute la réussite de cet album. Dans
ce délicat équilibre entre tradition et expérimentation, bruit et
mélodie. Car Jeff Tweedy est avant tout un songwriter à la culture
solide, le genre de type qui n'a pas produit Mavis Staples (oul'album posthume de son regretté père Pops) pour rien. « Star
Wars » est une solide collection de chansons rudement bien
troussées (« Random name generator », « Cold
Slope », l'acoustique bienvenue de « Taste the ceiling »
et « Where do i begin »), et savamment vitriolé par la
suite à grands coups de guitares distordues. Ainsi, « You
satellite » réveille le fantôme du Velvet Underground alors
que « Pickled Ginger » rappelle plutôt T Rex (et on
apprécie la régularité du batteur au passage). Ca n'a l'air de
rien dit comme ça, mais c'est du grand art.
dimanche 18 octobre 2015
The Sonics + Chrome Reverse, La machine du moulin rouge, 17/10/2015.
(c) Merri L. Sutton |
(c) Merri L. Sutton |
En ce samedi soir nous prenons la direction de la machine du moulin rouge, située juste à côté du cabaret du même nom, un (des rares) haut lieu du rock parisien depuis l'époque où l'endroit se nommait la locomotive. Pour commencer, direction la petite salle de la chaufferie où nous attend Chrome Reverse et sa puissante (et jolie) chanteuse. Le quatuor revisite un passé glorieux entre twist, rockabilly et surf music, avec une remarquable efficacité et un swing du tonnerre, rendant au passage un hommage touchant et appuyé à Johnny Kidd and The Pirates. Costume, cravate, pochette et mains couvertes de tatouages, le bassiste est ultra classe et on ne parle même pas de son antique instrument, garanti d'époque, sur lequel il délivre des lignes puissantes, habiles, toujours sur le fil et pleines d'à propos. Le personnage nous semble familier, ça ne serait pas le disquaire de chez Born Bad par hasard ? Le guitariste, coiffé comme Brian Jones, fait aussi son petit effet, totalement possédé par le démon du rock ! Bien drivé par un batteur plein de swing, le groupe assure le show, avec un soupçon de folie bienvenue. Belle découverte pour démarrer la soirée.
Une volée d'escalier plus loin et nous
voilà dans la grande salle (le central) pour la grosse affaire de la
soirée le retour des Sonics dans la foulée d'un excellent album.
Toujours ensemble, le chanteur/clavier Gerry Roslie, le guitariste
Larry Parypa et le saxophoniste/harmoniciste Rob Lind sont rejoints
par une toute nouvelle section rythmique composée de Dusty Watson
(batterie) et le bassiste Freddie Dennis, qui est également un
excellent chanteur au growl puissant. Comme si le temps n'avait pas
de prise sur eux, les cinq musiciens, qui ont tous l'air de papys en
goguette une fois sortis de scène, nous gratifient d'une performance
sonique (ah ah!) comme au plus beau jour. On regrette toutefois que
le mixage noie un peu le piano et le saxophone (ou l'harmonica), bref
tous les éléments qui font la musicalité des Sonics. Le tout est
emporté dans un déluge de guitare. Le quintet est mené le pied au
plancher par un batteur en constant survoltage. Son entente avec la
basse est admirable, le son est énorme, la section rythmique fait
groover l'ensemble. L'écran géant, dans le fond de la scène,
diffuse en boucle des images en noir et blanc de vieux films de
bagnoles et de bécanes des années 50/60, ce qui semble tout indiqué
pour un concert mené à fond la caisse. Le répertoire mélange
harmonieusement vieux classiques et nouveaux titres (« Be a
woman », « Bad Betty », « Sugaree »)
dans un ensemble cohérent, comme quoi le groupe est devenu
intomporel. Quel plaisir d'entendre pour la première fois en live
les « Have love will travel », « Psycho » et
autres « Louie, Louie ». On ne vit que pour ces moments
là, ces quelques minutes d'abandon arrachées à un morne quotidien.
samedi 17 octobre 2015
Ponctuation : « La réalité nous suffit »
Composé des frères Guillaume et
Maxime Chiasson, le duo Québecois Ponctuation sort son deuxième
effort. A l'instar du Nombre naguère, Ponctuation sort un album
(hélas) totalement improbable de ce côté-ci de l'Atlantique :
du rock garage, aussi furieux que n'importe quel groupe étasunien,
mais chanté en français. En résumé, l'album sent bon la
débrouille, un disque autant enregistré que bricolé avec les
moyens du bord. On imagine sans mal la fratrie se débattre au milieu
des câbles au fond d'une cave improbable ! Les influences
américaines de Ponctuation affluent tout au long de ce disque. D'un
côté un garage rock, speedé, furieux, d'obédience plus pop que
blues et mené tambour battant (« Météo », « Morts
et vivants », « La réalité me suffit)) à grands coups
de guitares déglinguées. De l'autre, un pyschédélisme ascétique
qui se distingue par un son assez sale (« L'idole »)
comme si le groupe prenait un malin plaisir à faire planer
l'auditeur en pleine zone de turbulences (l'instrumental « Peyotl
dominical »). Au niveau des paroles, le duo entretien le
mystère collant des mots surréalistes (« Mon corps est une
planète »), sur lesquels on n'a pas fini de s'interroger, aux
mélodies. Le tout forme un univers unique en son genre. C'est sur,
lorsqu'elle prend la forme d'un album aussi réussi, la réalité
nous suffit amplement à nous aussi.
https://www.facebook.com/ponctuationvendredi 16 octobre 2015
Archi Deep & The Monkeyshakers : #3
Classés parmi les plus surs espoirs du
rock d'ici, Archi Deep est de retour de Memphis avec un EP tout frais
dans sa valise. Enregistrée au mythiques studios Ardent (Big Star),
cette collection de six titres fait la part belle à un son enraciné
dans les années 1970, comme si le trio était possédé par le passé
glorieux de l'endroit. Guitares grasses, scansion imparable de la
batterie et chant possédé, le blues n'est jamais très loin. Mais
un blues trituré finalement assez peu éloigné de la scène metal
stoner actuelle (« Nowhere Man », « I'm on the
run », « I can see »). Cette aspect pêchu domine
la musique d'Archi Deep même lorsque le groupe joue en acoustique
(« High Minds » tourmentée sans guitares saturées) ou
lorsqu'il se glisse dans un entre deux psychédélique (« Real »
accalmie entre deux coups de feu guitaristiques). Revigorant !
Libellés :
Archi Deep and The Monkeyshakers
mercredi 14 octobre 2015
Teleferik : « Lune Electric »
Formé en 2011, le duo Teleferik,
composé du guitariste Arno Vincendeau et de la chanteuse/bassiste
Eliz Mourad, sort son premier effort après une série de trois EPs.
Dans le crossroad universel de la musique, Teleferik occupe un
carrefour bien à lui et tire son originalité de la multiplicité de
ses influences. Eliz a baigné dans la soul et le rock depuis sa plus
tendre enfance alors que le guitariste Arno se fait une spécialité
des riffs sales et heavy, typiquement garage. Le ravissement est
total à l'écoute de ces dix plages qui nous ramènent
immanquablement à des musiques que l'on adore par ici. Du rock et de
la soul (cf. « Money value », un tube en puissance), bien
sur, mais aussi un soupçon de blues (« Les lois de la
physique ») parsemé de délires psychés (« Bombs and
rockets ») lorsque le duo se décide à partir en vrille.
Particulièrement inspirée, la guitare d'Arno n'est pas sans
rappeler les Black Keys ("Hero", imparable !) des premiers albums (les meilleurs). Ajoutez
à ce cocktail déjà explosif, la voix aérienne mais puissant
d'Eliz qui chante en trois langues. L'anglais est certes convenu, le
garage rock chanté en français est déjà plus rare mais
l'utilisation de la langue arabe (« Belham fik »,
« Mara ») est totalement inédite et pare la musique
d'influences orientales aussi surprenantes que fraîches et
exotiques. Un dernier mot pour vous préciser que le groupe a eu la
riche idée d'embaucher les fantastiques batteurs Lawrence Clais
(Hindi Zhara) et Olivier Hurtu (Jesus Volt) sur quelques titres,
c'est dire si ça groove ! La bonne surprise de la rentrée !
https://www.facebook.com/teleferikbandmardi 13 octobre 2015
Saun and Starr + Charlène, La Maroquinerie, 12 octobre 2015.
La Maroquinerie prend
des allures de club new yorkais en ce lundi soir avec un superbe
plateau soulful à souhait. On commence avec la jeune Charlène, la
dernière signature en date du label Q Sounds Recordings, basé en
Seine Saint Denis et spécialisé dans la soul, une belle voix en
devenir. L'accompagnement musical, de haut vol, prend racine dans les
années 1960 et 1970, lorgnant vers les productions « à
l'ancienne » du label Daptone. On apprécie la dextérité des
musiciens, du clavier véloce et des lignes de basses monstrueuses de
groove. Hélas, la basse mixée trop en avant prend beaucoup de place
et tend à couvrir les autres instruments. On doit tendre l'oreille
pour entendre la guitare et fixer son attention pour profiter du
chant de Charlène, un comble ! Néanmoins cette jeune chanteuse
constitue une belle promesse d'avenir dans le créneau de la soul à
la française. Une jeune artiste que l'on prendra plaisir à suivre
dans les mois à venir.
Place ensuite à la
grande affaire de la soirée, le duo Saun and Starr. Avant de se
lancer en duo, Miss Starr Duncan Lowe et Saundra Williams se sont
fait connaître comme les choristes des Dap-Kings (les Dapettes), le
groupe accompagnant Sharon Jones. En 2014, le duo enregistre son
premier 45 tours « Hot Shot » (que l'on retrouve
également sur leur premier album) signant au passage la plus grosse
vente (concernant les singles) de l'histoire du label Daptone. Après
la sortie de leur premier album il y a quelques semaines, le duo
prend la route et se retrouve ainsi sur la scène de la Maroquinerie
en tête d'affiche. Cinq musiciens accompagnent le duo de chanteuses,
aux habituelles basse, batterie et guitare s'ajoutent deux cuivres,
trompette et saxophone. C'est beaucoup et peu à la fois, le label
Daptone nous ayant habitué à de fastueuses représentations à base
de percussions et d'orgues. Comme d'ordinaire avec Daptone,
l'accompagnement est au top, le groupe se trouvant à son aise dans
tous les contextes, soul nerveuse et échevelée ou dramatiquement
émouvante (« If only » digne de Charles Bradley). Les
musiciens déploient un groove jazzy ou, au contraire, se tiennent
sur la réserve jouant en sourdine. Sur scène le duo est rodé et
sait se jouer du public, le faire rire grâce à de mini sketches ou
tirer sur la corde sensible, les émotions à fleur de peau donnant
tout son sens au mot soul, une musique s'adressant directement à
l'âme. Le groupe s'eclipse le temps d'un intervalle gospel (« On
a grandi dans le Bronx, mais nos racines sont à l'Eglise ») à
cappela, le public est transporté. Saun et Starr sont visiblement
heureuses et leur bonheur est contagieux. Alors qu'une ovation
nourrie vient saluer cette prestation de haute volée, on quitte la
Maroquinerie un peu triste que cela soit déjà fini.
http://www.saunandstarr.com/
https://www.facebook.com/SaunAndStarr
https://www.facebook.com/charlenealinesoul
https://www.facebook.com/charlenealinesoul
lundi 12 octobre 2015
The Sonics : « This is the Sonics »
Attention, événement ! The Sonics, formation culte du rock garage formée au début des années
1960 à Tacoma, Washington, à quelques encablures de Seattle, les
connaisseurs apprécieront, est de retour ! Si le retour des
vieilles gloires peut s'avérer déprimant, voire même plus, rien de
tel içi. Pour leur deuxième album en trente deux ans, le quintet
est dans une forme resplendissante. Retrouvant une deuxième
jeunesse, comme si temps n'avait pas de prise, The Sonics livre un
album en tout point remarquable. Aussi féroces qu'à la grande
époque, les Sonics balancent les titres, aucun au-dessus de trois
minutes, toutes guitares dehors et à fond les watts (« The
hard way », « I don't need no doctor »,
« Sugaree », on arrête avant de lister tout le
track-listing...). C'est même encore mieux qu'avant, les musiciens
ayant gagné en expérience. Et puis il y a tout ces petits
ingrédients exotiques qui font toute la saveur des Sonics, le piano
matraqué comme pas possible, le saxophone hurlant à en perdre
haleine, jetant un pont intelligent entre rock n'roll et rhythm
n'blues (« Leaving here »). Comme tous les gens de goût,
le groupe n'oublie pas de payer son tribut au musiques noires
reprenant « You can't judge a book by the cover » avec
une classe déglinguée inégalable. Classique, intemporel, mortel !
En concert le 17 octobre à la machine
du moulin rouge (Paris).
http://thesonicsboom.com/
dimanche 11 octobre 2015
Little Bob Blues Bastards, New Morning, 9 octobre 2015.
Une soirée en
compagnie de Little Bob... En guise de première partie nous avons eu
la chance d'assister à la première parisienne de « Little Bob
Rockin' class hero », un documentaire cosigné par Laurent
Jézéquel et Gibert Carsoux. Manière de « Dig ! »
ou d' « Anvil » à la française, « Little Bob
Rockin' class hero » revient, en 52 minutes, sur l'itinéraire
du rockeur. Des débuts modestes, dès les années 1960, au Havre à
la renommé en Angleterre (un fait rarissime pour un groupe français)
dans les seventies, le film nous dresse un portrait boulversant du
chanteur s'appuyant sur des images d'archives, forcément assez
touchantes, une interview fleuve du chanteur et des témoignages
prestigieux (Eric Burdon, Wilko Johnson, Les Pretty Things, Manu
Chao, Serge Teyssot-Gay etc...). La ville du Havre, portuaire et
ouvrière, apparaît comme un élément fondateur dans le parcours de
Bob, lui-même assez boulversant d'humanité. Un excellent film. Même
si le New Morning est loin les mêmes conditions de confort qu'une
salle de cinéma pour ce genre d'événement (un écran géant a été
installé dans le fond de la scène), c'est une chance d'avoir pu
visionner ce film dont l'exploitation future reste encore incertaine
(Sortie en salle ? Diffusion télé ? Sortie dvd ?)...
C'est finalement vers
22 heures que Little Bob et son groupe, les Blues Bastards, montent
sur scène. Et c'est avec grand plaisir qu'on les retrouve, trois ans
(et oui déjà) après leur dernier passage dans la Capitale. Le
groupe a beau s'appeler Blues Bastards, quarante années de Story
laissent des traces, et l'approche de la note bleue par Little Bob
s'avère très rock. La contrebasse de Bertrand (parfois jouée à
l'archet pour la note dramatique) et l'harmonica de ce bon vieux
Mickey Blow, apportent un contrepoint « bleu » à la
guitare très rock de Gilles et la scansion incroyable du batteur
Jérémie (le neveu de Bob). On reste fasciné par la cohésion du
groupe. Ces musiciens jouent réellement ENSEMBLE, multipliant les
rires et les regards complices et cette entente rejaillit forcément
sur la musique lui conférant ce supplément d'âme nécessaire pour
jouer le blues avec conviction (« Sleeping in a car »,
« Howlin' »). Sur scène, Bob, charismatique, soigne la
relation avec son public, assurant le show et parlant au public entre
les chansons. Plus d'une fois, son discours rempli d'humanité fait
mouche et Dieu sait si on en a besoin en ce moment... Swinguants à
souhait, merci la contrebasse, entre poussée de fièvre rock n'roll
et intimité blues délicate, les Blues Bastards creusent l'écrin
idéal pour mettre en valeur la voix de Bob qui est un sacré
chanteur ! Quelle voix ! Une excellente soirée...
Libellés :
Cinéma,
Little Bob Blues Bastards
vendredi 9 octobre 2015
Shaggy Dogs : « Bababoomba »
Héritiers désignés de la scène pub
rock des seventies, du Dr Feelgood de Wilko Johnson, les Shaggy Dogs sont de retour avec un nouvel effort. Sur la pochette dudit album la
mention « Another trip with the fabulous » apparaît
au-dessus du nom du groupe. Un petit détail certes mais qui claque,
comme la promesse d'un futur bon moment passé en compagnie de ce
disque, et un supplément de classe pour le groupe : on dit les
fabulous Shaggy Dogs comme on parlait naguère des Fabulous
Thunderbirds. Et de ce fait, la première piste « Fiesta blues
and roll » nous met tout de suite dans l'ambiance : ça
chauffe ! Les guitares sont comme toujours très acérées
(« Inmates ») et c'est un véritable plaisir pour les
oreilles des amateurs. Mais les Chiens Hirsutes ont ce petit truc en
plus, dispensé au détour d'un break de batterie au swing bien senti
(« Move on down the line »), d'une ligne d'harmonica bien
envoyée (« Fairy Queen ») ou d'une partie de piano au
boogie ravageur. Appelons cela un supplément de musicalité qui fait
toute la différence et finit par rendre cette formation
particulièrement attachante. Car c'est bien là tout le paradoxe de
la chose, avec « Bababoomba », les Shaggy Dogs nous ont
pondu un disque qui rend heureux en dépit de thèmes pas forcément
faciles, les addictions (« Higher ») ou la difficulté de
ce monde un peu plus déshumanisé chaque jour (« Inmates »,
« Move on down the line », « Don't turn back »).
Entre puissance rock n'roll et blues soulful (« Simulation
Blues ») les Shaggy Dogs ont réussi à se créer un univers
plutôt sympa qui se prolonge au niveau visuel grâce à des
pochettes d'inspiration BD toujours magnifiques. Une réussite de
plus à mettre au crédit de ce groupe qui se renouvelle en douceur,
sans jamais oublier de respecter les fondamentaux du genre.
En concert à Paris (New Morning) le 28
janvier 2016
jeudi 8 octobre 2015
Nadéah : « Met a man »
Après une longue période de mutation,
les choses se précisent quant au retour prochain de Nadéah. En
attendant le deuxième album de l'Australienne, prévu pour début
2016, un EP de trois titres sera disponible le 16 octobre prochain.
Autrefois marqué par les sons rétros (du rockabilly au jazz des
années 1930), l'univers de Nadéah est en pleine mutation. L'EP
donne a entendre une nouvelle artiste, plus en connexion avec
l'époque. « Met a man » débute par un son de basse,
marqué par le disco, très funky et entraînant, puis dérive vers un
rock bruitiste faisant le lien avec les loveGods, le précédent
groupe de la chanteuse. Le mélange des genre fonctionne et le
résultat est assez plaisant à l'oreille. Suffisamment accrocheur, le tube absolu n'est pas très loin. La face B « Get out of your head »
est une ballade plus conventionnelle moins marquante mais qui met
bien en valeur le chant de Nadéah. Un remix de « Met a man »
complète cette nouvelle mini-livraison, on attend la suite avec
curiosité.
En concert à la boule noire (Paris) le
29 octobre.
https://fr-fr.facebook.com/nadeahmusicmercredi 7 octobre 2015
Rumble : « White Tuxedo & Black Moustache »
Chez Rumble ce n'est pas tellement le
retour aux sources du rockabilly qui prime mais plutôt
l'appropriation du genre. Ainsi, le disque commence de façon assez
étonnante avec « Frank the murderer », une composition
aux allures indés assez éloignée des codes du rockabilly
classique. Certes, le trio n'échappe pas à certains passages
obligés du genre, cf. les reprises de « Gonna get back home
somehow » (Elvis) ; « Death don't have no mercy »
(Reverend Gary Davis), et le groupe fait plutôt bien son affaire de
ces rites de passage. Au fil des écoutes l'album semble plus
consistant et direct que son prédecesseur. Sans s'éparpiller, le
groupe livre un disque carré et nerveux, au groove irresistible
(merci la contrebasse et la batterie) et incarné avec ferveur par la
voix du chanteur Julien Leclerc. Les guitares sont bien envoyées,
l'album coule de source sans temps morts ni baisse de tension, jouant
la carte de l'efficacité immédiate. Vive le rock !
lundi 5 octobre 2015
Guillaume Perret & The Electric Epic + Benjamin Flao, Festival d'Ile de France, Maison des Arts de Créteil, 2 octobre 2015.
Depuis le 6 septembre dernier et
jusqu'au 11 octobre prochain, le Festival d’île de France propose
trente et un concerts, de la musique classique au jazz, dans vingt
sept lieux différents disséminés dans l'ensemble de la région.
Nous avons donc rendez-vous ce soir à la Maison des Arts de Créteil
pour le concert, dessiné par Benjamin Flao, de Guillaume Perret et
de son groupe The Electric Epic.
D'obédience plutôt avant-gardiste, le
saxophoniste Guillaume Perret utilise une pléthore de pédales
d'effets, un peu à l'instar d'un guitariste de rock, tirant de son
instrument des sonorités peu communes. C'est peu dire que le
résultat est loin d'être conventionnel et convoque de multiples
influences aux limites du heavy metal expérimental parfois parsemé
de spasmes funky, produisant une musique aux contours élastiques
faisant le grand écart entre passages apaisés et explosions brutes.
Guillaume est accompagné dans sa démarche par The Electric Epic, un
trio survolté, batterie, basse et guitare électriques, aux allures
rock néanmoins capable d'une grande finesse musicale.
Le concert du soir a pour thème le
mythe de l'Atlantide. Installé derrière sa table, le dessinateur
Benjamin Flao, qui après avoir illustré de nombreuses pochettes
trouve ici un nouveau terrain d'expression pour sa passion de la
musique, illustre l'histoire alors que le groupe joue. Le résultat
est visible, en direct, sur un écran de cinéma installé dans le
fond de la scène. A côté de lui se trouve le vidéaste Cyril
Raymond en charge d'animer les images. L'oeil fait ainsi le va et
vient entre le groupe en pleine action et l'écran où l'on admire le
coup de pinceau vif et précis de Flao. Au delà des intervenants, ce
sont les arts qui se répondent l'un l'autre. Les dessins prennent
vie grâce à l'intervention de la vidéo, créant un tableau géant,
onirique et vivant, dans une sorte de performance totale prouvant,
une fois de plus si nécessaire, que l'image et le son fonctionnent
de pair. Une ravissante soirée pour les esprits curieux.
Libellés :
Benjamin Flao,
Electric Epic,
Festival d’île de France,
Guillaume Perret
jeudi 1 octobre 2015
Aldous Harding
Jeune artiste folk, ayant grandi à
Lyttleton en Nouvelle-Zélande, Aldous Harding sort un premier album
habité. Sans oser jusqu'à employer le terme de « gothique »,
il y a quelque chose de sombre et de mélancolique dans la musique
d'Aldous Harding. Le disque s'ouvre avec « Stop your tears »,
une pépite dépouillée où la voix traînante d'Aldous se mélange
harmonieusement avec les arpèges acoustiques. C'est à la fois
simple, direct mais d'une beauté contagieuse. La plus belle chanson
de ce premier disque est probablement « Two bitten hearts »,
le tempo est lent, les vocalises d'Aldous sont plus fragiles que
jamais et le theremin apporte une note fantomatique et mystérieuse.
Magnifique. Pourtant, jamais l'album ne sombre dans une noirceur
excessive, certains titres comme « Hunter » possèdent
une tonalité un peu plus celtique apportant une diversité
bienvenue. La musique d'Aldous possède ce rayonnement intime et
faible comme la flamme d'une bougie sur le point de s'éteindre
(« Beast »). On écoute cet album comme on admire une
plage ou une forêt en automne. Les beaux jours sont derrière nous,
les agapes estivales sont terminées depuis longtemps maintenant et
pourtant le paysage est toujours aussi beau.
https://www.facebook.com/AldousHarding
Inscription à :
Articles (Atom)