Depuis 2009 et son album « Full Moon Rising », on restait sans nouvelle de Pura Fe, la
chanteuse de blues Indienne Tuscarora. Ce nouvel effort, le septième,
marque un nouveau départ pour l'artiste, un changement de label et
le début d'une collaboration avec le bluesman Allemand, vivant en
France, Mathis Haug qui prend en charge la production du disque. Un
nouveau départ donc mais aussi une nouvelle approche. Cette fois,
Pura Fe laisse de côté sa guitare lap-steel acoustique, sa marque
de fabrique musicale, pour se consacrer uniquement au chant.
L'évolution est significative et il nous semble que le chant, d'une
grande puissance émotionelle, gagne en ampleur et en profondeur. Les
chants traditionnels indiens, l'autre signature de Pura Fe,
s'amalgament ainsi beaucoup plus aisément dans la musique pour
former un ensemble harmonieux (« Mahomeneh », « Pigeon
Dance », « River People »). Mathis Haug amène
également de nouvelles couleurs, un banjo ici, un arrangement aux
effluves jazzy par là (« Hiyo Stireh »), du piano, du
violoncelle et une pointe d'électricité (superbe touché de guitare
sur « Spirit in the sky » et un autre très belle ligne
sur « Sacred Seed »). L'univers musical de Pura Fe, bien
que toujours très marqué par le folk et le blues acoustique,
n'avait jamais été aussi riche. Présent en guest sur quelques
titres Jean-Jacques Milteau signe également quelques magnifiques
soli d'harmonica (« Idle no more », « In a
sentimental mood »). Signalons pour finir le superbe travail du
graphiste Ben Hito sur la pochette et on obtient au final le meilleur
album de Pura Fe, dans la lignée de son « Hold the rain »
de 2007. Et si Pura Fé nous avait planté la fameuse « graine
sacrée » du titre dans nos cœurs ?
mardi 31 mars 2015
lundi 30 mars 2015
Maya Kamaty : « Santié Papang »
Et si nous prenions, le temps d'un
disque, la poudre d'escampette histoire d'échapper à cette saison
qui n'a de printanière que le nom ? Je vous propose donc de
prendre la direction l'île de la Réunion à la découverte de la
jeune artiste Maya Kamaty et de son premier effort « Santié
Papang » (Sentier Papang). Chanteuse à la voix charmeuse (« Ti
Brine », la brume), Maya Kamaty chante le Maloya, sorte de
pendant réunionnais du blues et de la soul music dont le rythme
chaloupé résonnait autrefois dans les champs de canne à sucre. Chanté
majoritairement en créole, le disque scintille d'une acoustique
chaleureuse à base de guitare, de ukulélé et de percussions
traditionnelles entretenant un swing tropical chaud comme un rayon de
soleil (« Ti kok », frérot, « Mazine »,
Imagine). Quelques titres en français apportent un nouvel éclairage,
en particulier sur le très beau premier single « Ecris-moi »
au rythme jazzy. Parfois Maya semble comme envoûtée par un
sortilège mi-progressif, mi-psychédélique comme sur « Mové
Rev » (Mauvais rêve) ou sur le tryptique
« Interlude/Veli/Dernié viraz » qui, placé en fin de
programme, apporte une note étrange et magnétique à l'album. Un
disque escarpé comme l'île natale de Maya, faîte de roche et de
forêts luxuriantes. Un album exotique pour nos oreilles
métropolitaines, propice à la rêverie en pensant aux sables
lointains. Du soleil sur cd.
Anastasia + Lux Montes, CRD Marcel Dadi Créteil, 27/03/2015
Crée en 2011, le dispositif Créteil
en Scène repère et accompagne groupes et artistes dans leur
découverte du professionnalisme musical. Parmi les lauréats de
cette année la chanteuse Anastasia et le groupe Lux Montes que l'on
a pu écouter vendredi soir dernier dans le superbe cadre boisé de
l'auditorium du Conservatoire à rayonnement départemental Marcel
Dadi de Créteil.
On commence donc avec la chanteuse
Anastasia qui ce soir se produit seule à la guitare électrique. On
tombe rapidement sous le charme rétro et gouailleur de la chanteuse
au swing inné quelque part entre soul music et chanson française
sous haute influence jazzy. Derrière des textes non dénués
d'humour et touchants Anastasia dévoile une voix forte et le coffre
digne d'une chanteuse de jazz ; impeccable de maîtrise
rythmique. Si Anastasia tient la scène avec beaucoup de charisme, la
formule solo est un peu trop restrictive pour une artiste à
l'univers aussi riche, gageons qu'un contexte plus arrangé lui irait
très bien aussi. Les tentatives soul/swing restant relativement
rares dans la chanson française, on ne peut qu'encourager ce projet
en tout point prometteur.
Changement d'ambiance ensuite avec le
duo Lux Montes. Projet aux contours expérimentaux, Lux Montes
brouille les pistes pour mieux rebondir là où on ne l'attends pas.
La base semble électronique, faîte de nappes assez sombres où
parfois la guitare et la batterie semble d'un coup prises d'une
poussée de fièvre rock, basculant dans la violence sonore, le
volume dans le rouge. La voix fait aussi l'objet d'une attention
toute particulière, Lux chantant autant qu'elle vocalise, samplant
sa propre voix pour mieux expérimenter par la suite. Le duo produit
une musique intime où tout est affaire de climat et de nuances
sombres. A suivre...
dimanche 29 mars 2015
Slug : « Ripe »
Field Music serait-il en pause ?
Il y a quelques semaines on découvrait le projet parallèle de PeterBrewis (en duo avec Paul Smith) et c'est maintenant au tour de Ian
Black (le bassiste de Field Music) de dévoiler son projet solo sous
le nom de Slug. Et la surprise est de taille ! Passée un
premier morceau assez abstraite, « Grimacing Mask », Slug
tombe le masque et fourbit ses armes au grand jour. Croisant riffs de
guitares à l'efficacité redoutable (« Cockeyed Rabbit Wrapped
in Plastic ») et rythmes funky (« Eggs and Eyes »)
Mr Black met dans le mille. Le Led Zeppelin circa « Houses of
the holy » n'est pas très loin, et on dit cela le plus
sérieusement du monde. Et c'est d'ailleurs bien de rythmes et de
funk, sous différentes formes, dont il est question sur la majorité
des 11 plages de ce disque. « Greasy mind » abat une
carte plus eighties proche de Prince alors que « Running to get
pas your Heart » déboule à toute allure menée par une
entêtante ligne de basse. Et que dire de « Kill your
darlings » (peut être bien la meilleure du lot, mais le choix
est difficile) sinon que le succès est garanti ! « Weight
of Violence » voit le bassiste renouer avec son goût de
l'expériementation livrant un titre savamment planant évoquant la
musique de film. Dans le même ordre d'idée l'instrumental « Peng
peng » est une élégante ballade au piano et à la guitare
slidée assez cinématographique. Pour ce qui est des arrangements,
Slug privilégie les claviers, apportant une note kitsch légèrement
eighties pour un résultat hors du temps. Une belle réussite.
samedi 28 mars 2015
Interview with Cage the Elephant.
(c) Victor Picon |
Freshly stepped out of
the stage, Cage The Elephant singer Matthew Shultz, seems to be a
different person. Quiet, focussed, staring at yours truly before
delivering the right answer. Interview from the backstage of a big
outdoors rock festival, under a sky about to rain.
(c) Victor Picon |
How was it on the big
stage today ?
Matthew Shultz :
It was incredible, perfect. The crowd was bigger than i expected and
it was a great one. I had a terrific time !
Last time you were
here, three years ago, security had an hard time handling you...
Matthew : I calm
down a little more. I'd like to think i'm a little more focussed and
intentional.
Is it a little weird
that your first two records were not released in France ?
Matthew : It is a
little weird, i didn't know. We just moved record labels to sony so
our records are going to be released here.
In France, Press drew
comparisons with Nirvana because of songs like « Aberdeen »
or « Sell yourself », how do you feel about it ?
Matthew : I love
Nirvana. I don't think we are musically inspired by them. Maybe
subconciously. Maybe it is because at some point i had hair like Kurt
Cobain. « Aberdeen » is actually about the Scottish town.
We actually did a tour with the Foo Fighters. Our drummer got ill and
had to go to the hospital and Dave Grohl played drums for us.
How cool is that !
Matthew : That was
incredible !
Is he powerful on
stage ?
Matthew : He's
incredible. The funny thing is we had an hard time giving a
performance to the crowd because we just wanted to look at Dave Grohl
drumming (laughs).
(c) Victor Picon |
Being from Kentucky
have you been exposed to country music ?
Matthew : How
yeah, definitively !
I'm asking that
question because of your song « No rest for the wicked »...
Matthew : I think
maybe the slide guitar in that song was inspired by country music or
late Bob Dylan, Allman Brothers kind of stuff. I was working in
construction and a guy worked with me and he also dealt drugs as
well. But he was always complaining about dealing drugs. Just about
all the troubles it created in his life... And i asked him why he
kept doing this if he was always complaining. And his reply was :
« Man, there is no rest for the wicked » ! I wrote
it down on a paper plate and that's how the song came about.
Back in Bowling Green,
Kentucky, how did it felt being in a band ?
Matthew : It was
incredible. It was kind of a way to break out from a life that was
expected. I mean high school football and that kind of stuff. I quit
the football team and start doing the band. And then it's a college
town when students where there we played parties. There is a lot of
kids, music, great bands. There are a couple of bands from Bowling
Green that are doing well. It's a very cool place.
Is goofiness an
important part in Cage The Elephant ?
Matthew : I think
a certain level of freedom is important for sure. To allow yourself
to enjoy it. Like Iggy Pop. If you take yourself too seriously you're
in trouble. Do you know what i mean ? There is an old sayin
« Don't take yourself too seriously no one is getting out of
alive ». A lot of artists that i love allowed themselves to be
themselves.
You and your brother
had a religious upbringing. You've discovered rock n'roll quite late.
Was it liberating ?
Matthew : I was
exposed to rock n'roll younger but i didn't really dig in until my
parents got divorced. And so i had my first job at a pizza restaurant
and my first paycheck was like 300 dollars it was the most money i
have ever seen in my entire life ! I went to the record store
and i bought a stack of records that big ! Have you seen the
movie « Almost famous » ? When he lights the candle
and plays the records ? That exactly what happened (laughs) !
I was sitting there and i was like « Oh my God » !
(laughs). Discovering rock n'roll ! I was listenning to the
records every single night as i went to sleep. It was incredible !
Really great time in my life !
The new album is called
melophobia, which basically means « fear of music ». It's
an odd title !
Matthew : Yeah
(laughs) ! First it wasn't so much about an actual fear of
music. As it was a fear of music in context of modern society. Like
to create music, project images rather than communicate. Like to
write a song that will be percieved as intellectual or artistic or
the worst : genius. Any of these words these are the lead titles
that separates the few from the many. Historically music has always
been a thing that brings people together.
Tell me about your song
« It's just forever » with Alison Mosshart on the new
album. The ending with the piano is very different from everything
you did so far. Do you think the band has reach a new step with this
album ?
Matthew : Yeah
(laughs). I think we are way better musicians than we've ever been
and we've allowed ourselves to be more transparent and more free. And
i think, at the same time, we are more intentional as well. I don't
think « Melophobia » is our sound be it's definitively
the path we'll take to create records in the future. It is the first
step in allowing ourself to be more free.
And so, Alison
Mosshart ?
Matthew : Oh my
God, incredible ! She is very beautiful and she's also an
incredible person. Very sweet, humble, genuine. When she came in,
over sickness, her voice was hurting and she was concerned it wasn't
going to be good. In two takes it was perfect. Ok i think we're done
(laughs) ! And then we spent hours talking. It was very nice.
Is there more people
you'd like to play music with ?
Matthew : Oh
yeah ! Neil Young, Julian Casablancas, Dan Auerbach, Jack White,
Tom Waits would be cool and Iggy Pop !
Iggy Pop ! I'd like to see that on
stage (laughs) !
Matthew (laughs) :
I would be incredible !
(c) Nicolas Brunet |
A little word about
« Cigarette Daydreams », in the lyrics you spoke about
driving and listenning music...
Matthew : I used
to get obsessed with the records and i had this really horrible car
that was falling apart. And i would drive around until 3 o'clock in
the morning listenning to the music. I drove very far out in the
country side, just listenning. That song is actually about my now
wife who is from Rennes. I met her at the Transmusicales and we got
married couple weeks ago in Paimpol.
Is the band a little
less angry ?
Matthew : Angry ?
I'm angry than i've ever been before (laughs).
I mean on a music
level...
Matthew : It
depends on how we are at the time and how we feel like saying. There
is a lot of things i can be angry or happy about. We'll see how it
goes...
I have found Melophobia
more complex...
Matthew : We tried
to make sure that everything worked together. Construct and
deconstruct until everything felt right.
Was it a longer to
make ?
Matthew :
Absolutely. I think we spent about 4 or 5 months writing. And then we
spent 2 or 3 more months in the studio. It was a lot more longer than
everything we've done before. We drove our producer crazy (laughs).
You have reached huge
success in the UK ?
Matthew : Yeah.
Things have been good in the UK in the past. Right now everything is
very DJ orientated in the UK. Which is fine. We haven't been able to
spent a lot of time in the uk on this tour. We've stayed 2 or 3
months in the past which was incredible. We've always loved it there.
I hope to stay more time in the future.
http://www.cagetheelephant.com/
Libellés :
Cage The Elephant,
English,
Interview
vendredi 27 mars 2015
Lieutenant : « If I kill this thing we're all going to eat for a week »
Bon petit soldat du rock n'roll, Nate
Mendel (Foo Fighters, Sunny Day Real Estate) prends du galon au
commande de son projet solo intitulé Lieutenant. En effet le
jusqu'ici bassiste était plutôt discret et ce premier effort solo
nous donne l'occasion de découvrir Mendel dans un rôle différent
celui d'auteur-compositeur et de chanteur. Et le résultat étonne.
Vu le pedigree du musicien mais aussi celui de ses accompagnateurs,
Page Hamilton (guitariste d'Helmet), Chris Shiflett (Foo Fighters) et
Jeremy Enigk (Sunny Day Real Estate), l'auditeur peut logiquement
s'attendre à un déluge de décibels une fois le cd mis en route. Et
à notre grande surprise, il n'en n'est rien. L'album se situerait
même à l'opposé, comme un long travelling sur des paysages pop,
apaisés, aériens (la magnifique « Believe The Squalor »,
« Some Remove »). Le grain de voix placide de Nate Mendel
se prête plutôt bien à l'exercice et le disque montre par ailleurs
de belles qualités d'écriture bien mises en valeur grâce à un
solide sens du détail et une production soignée (cf. « Prepared
Remarks ») assurée par Toshi Kasai (un autre habitué du
boucan utilisé à contre emploi Melvins, Helmet). La musique respire
et on apprécie ce sens de l'espace. Plus enlevée « Rattled »
évoque plus la power pop, comme du Weezer en sourdine, que les
assauts punk/métal dont les protagonistes sont habituellement
friands. Une découverte.
Www.lieutenantmusic.comjeudi 26 mars 2015
Sallie Ford + Courtney Barnett, festival les femmes s'en mêlent, le divan du monde, 25 mars 2015.
Joli plateau rock et féminin pour le
festival Les Femmes s'en mêlent qui prend possession du divan du
monde en ce mercredi soir.
Courtney Barnett (c) Florie Berger |
On commence par la révélation
australienne de la soirée, Courtney Barnett. Dans la foulée de la
sortie de son premier véritable album qui suit un double EP la
chanteuse/guitariste accompagnée d'une excellente section rythmique
foule la scène. On est d'emblée pris par l'étrange mélange entre
titres punchy d'inspiration grunge et longue divagations
psychédéliques à la guitare. La section rythmique excelle grâce à
un impeccable sens du swing mais capable aussi de coups de force. Un
peu timide et empruntée, il ne fait point de doute que c'est guitare
en mains que Courtney Barnett s'exprime le mieux. Le public a répondu
en masse et la salle est pleine comme un œuf. Certainement un signe
pour cette jeune artiste à suivre. Superbe prestation quoi qu'il en
soit.
Sallie Ford (c) Florie Berger |
mercredi 25 mars 2015
Cool Cool Cool : « Ad Song »
Nouveau venu le quatuor parisien a une
approche décomplexée du rock bien en adéquation avec son patronyme
triplement cool. La formule est simple, à base de guitares abrasives
menées sur un tempo infernal. Une seule recette : le fun et le
plaisir avant tout ! Rondement menée l'affaire se révèle
addictive à souhait grâce à un solide sens de l'accroche (« Ad
song ») dans la droite lignée de la power pop des années
1990. Placée en face B, « Poetics » montre le groupe
sous une facette légèrement différente, plus lente et sensible,
dans laquelle on décèle une légère trace bluesy au milieu du solo
de guitare prouvant que ces quatre là sont loin de tout miser sur
l'énergie mais sont aussi à l'aise avec la mélodie.
La sortie de ce 45 T s'accompagne d'un
clip téméraire mettant en scène la star du X Anna Polina,
« débauchée » par le quatuor pour l'occasion, utilisant
différents sextoys siglés des membres du groupe (basse, batterie
etc...). L'histoire ne précise pas, par contre, quel instrument a eu
la préférence d'Anna...
https://fr-fr.facebook.com/coolcoolcoolbandmardi 24 mars 2015
Interview avec Cage the Elephant
Rock en seine, 28 Août
2014. Quelques minutes après avoir mis le feu lors d'une prestation particulièrement énergique on retrouve le chanteur Matthew Shultz
dans la coulisse, entre un groupe en pleine répétition et un ciel
qui vire à l'orage. Dans le privé, le chanteur se révèle aussi
calme qu'il est exubérant sur scène et fixe intensément son
interlocuteur (habitude un peu perturbante soit dit en passant)
prenant son temps pour répondre. Concentré. Matthew Shultz comme
vous ne l'avez jamais vu ! L'occasion de discuter de son rapport
au grunge car qui n'a pas cru revivre les années 1990 à l'écoute
des « Aberdeen », « Back against the wall »
et autres « In one ear » nous jette la première
pierre...
Alors c'était comment
sur la grande scène aujourd'hui ?
Matthew Shultz (chant)
: C'était incroyable, parfait ! La foule était plus nombreuse
qu'espérée et c'était un super public. Je me suis éclaté.
La dernière fois que
le groupe est venu, il y a trois ans, la sécurité a eu du mal à te
tenir...
Matthew : Je me
suis un peu calmé. J'aime penser que je suis plus concentré et
volontaire.
C'est un peu bizarre
que les premiers albums du groupe n'ont pas été distribué
officiellement en France...
Matthew : C'est un
peu bizarre en effet, je ne savais pas. On vient juste de changer de
label en faveur de Sony. Nos disques sortent ici maintenant.
En France, la presse a
beaucoup comparé le groupe à Nirvana à cause de chansons comme
« Aberdeen » ou « Sell Yourself ». Qu'en
penses-tu ?
Matthew : J'adore
Nirvana mais je ne pense pas que l'on ait été inspirés
musicalement par eux. Ou alors inconsciemment. A une époque j'avais
la même coupe de cheveux que Kurt Cobain. C'est peut-être à cause
de ça. « Aberdeen » c'est une chanson à propos de la
ville du même nom en Ecosse. On a fait une tournée avec les Foo
Fighters. Notre batteur est tombé malade et a dû être hospitalisé.
Dave Grohl a joué avec nous à la batterie.
C'est classe !
Matthew : C'était
incroyable !
Il est puissant
derrière la batterie ?
Matthew : Il est
incroyable. Le truc rigolo, c'est qu'on a du mal à assurer le
concert pour le public. On n'avait qu'une envie : regarder Dave
Grohl jouer de la batterie (rires) !
Tu viens du Kentucky,
tu as écouté beaucoup de country étant plus jeune ?
Matthew : De la
country ? Oui bien sur !
Je pose cette question
à cause de la chanson « No rest for the wicked »...
Matthew : Oui il y
a un petit truc country dans cette chanson à cause de la guitare
slide. Mais ça vient aussi de Bob Dylan dernière période ou des
Allman Brothers. En fait, je travaillais sur les chantiers et j'avais
un collègue qui était également dealer. Il était tout le temps en
train de se plaindre. De la drogue, de tous les soucis que cela
créait dans sa vie. Je lui ai demandé pourquoi il continuait à
faire le dealer puisqu'il était tout le temps en train de se
plaindre. Et il m'a dit : « Mec, y'a pas de repos pour les
méchants » (No rest for the wicked, ndlr) ! Je l'ai noté
sur une assiette en carton et c'est comme ça que la chanson est née.
C'était comment d'être
dans un groupe à Bowling Green, Kentucky ?
Matthew : C'était
un moyen de se libérer d'un destin tout tracé. Je veux dire
l'équipe de foot du lycée, tout ça. J'ai arrêté le football
quand on a commencé le groupe. Bowling Green, c'est une ville
étudiante, on a beaucoup joué dans des fêtes lorsque les étudiants
étaient là. Il y a beaucoup de kids, de musique, quelques
excellents groupes. Il y a quelques groupes de Bowling Green qui se
débrouillent pas mal d'ailleurs. C'est un endroit cool.
L'humour, le second
degré, c'est important dans Cage The Elephant ?
Matthew : Ce qui
est important, surtout, c'est d'avoir un certain niveau de liberté.
Ca c'est sur. On doit s'autoriser à profiter. Comme Iggy Pop. Les
problèmes commencent quand tu te prends trop au sérieux. Tu vois ce
que je veux dire ? Il y a un adage qui dit « Ne te prends
pas trop au sérieux, personne ne s'en sort vivant ». Beaucoup
d'artistes que j'adore s'autorisent à être eux-mêmes.
Toi et ton frère Brad
(guitariste du groupe) avez reçu une éducation religieuse. Tu as
découvert le rock n'roll assez tard. C'était libérateur ?
Matthew : J'ai été
exposé au rock n'roll assez tôt mais je ne me suis vraiment plongé
dedans qu'après le divorce de mes parents. Mon premier boulot,
c'était dans une pizzeria et mon premier salaire c'était quelque
chose comme 300 dollars. Je n'avais jamais vu autant d'argent avant !
Je suis allé chez le disquaire du coin et j'ai acheté un paquet de
disques comme ça ! Tu as vu le film « Presque Célèbre »
(réalisé par Cameron Crowe en 2000, ndlr) ? Quand il allume la
bougie et commence à écouter les disques ? C'est exactement
comme ça que ça c'est passé (rires) ! J'étais assis et
j'étais là : « Oh mon Dieu » ! Je découvrais
le rock n'roll ! J'écoutais mes disques tous les soirs avant de
me coucher ! C'était incroyable, une période vraiment heureuse
dans ma vie.
Le nouvel album
s'intitule « Melophobia » que l'on pourrait traduire par
« peur de la musique » ou « mélodie phobique ».
C'est un peu bizarre comme titre, non ?
Matthew : Oui
(rires) ! Bon en fait il ne s'agit pas d'une véritable peur de
la musique. Il s'agit plutôt d'une peur de la musique dans le
contexte de nos sociétés modernes. Faire de la musique comme on
projette des images au lieu de communiquer. Ecrire une chanson qui va
être perçue comme « artistique », « intellectuelle »
ou pire que tout « comme tenant du génie ». Tous ces
mots sont des titres qui séparent une élite de la masse.
Historiquement, la musique a toujours rassemblé les gens.
Un petit mot sur la
chanson « It's just forever » avec Alison Mosshart. Le
final au piano est très différent de ce que vous avez fait
jusqu'ici.Tu penses que le groupe a franchi une nouvelle étape avec
ce disque ?
Matthew : Oui. Je
pense que nous sommes de bien meilleurs musiciens qu'avant. On s'est
permis d'être plus transparents, plus libres. En même temps on est
aussi beaucoup plus volontaires. Je ne crois pas que « Melophobia »
va définir notre son mais c'est certainement le chemin que l'on va
prendre dorénavant pour faire de la musique. C'est une première
étape dans notre quête de liberté.
Et alors, Alison
Mosshart ?
Matthew : Oh mon
Dieu, incroyable ! Elle est très belle mais c'est aussi une
personne très intéressante. Très douce, humble, authentique. Quand
elle est venue, elle était un peu malade, avait mal à la gorge.
Elle avait peur de ne pas être à la hauteur. En deux prises c'était
réglé ! Ok c'est bon je crois qu'on a fini (rires) !
Ensuite on a passé des heures à discuter. C'était génial.
Il y a d'autres gens
avec qui tu aimerais faire de la musique ?
Matthew : Oh oui,
Neil Young, Julian Casablancas, Dan Auerbach, Jack White. Tom Waits
ça serait génial. Et Iggy Pop !
Iggy Pop !
J'aimerais bien voir ça sur scène (rires) !
Matthew (rires) :
Oh yeah ! Ca serait incroyable !
Un petit mot sur
« Cigarette daydream » dans laquelle tu parles de la conduite ?
Matthew : J'étais
obsédé par les albums et j'avais cette voiture horrible qui tombait
en ruines. Je conduisait jusqu'à trois heures du matin en écoutant
de la musique. J'allais assez loin dans la campagne. Et j'écoutais
la musique. Mais cette chanson parle de ma femme. Elle est Rennaise,
je l'ai rencontré aux Transmusicales. On s'est marié il y a
quelques semaines à Paimpol.
Est-ce que le groupe
est moins en colère ?
Matthew : En
colère ? Je n'ai jamais été autant en colère (rires) !
Et d'un point de vue
musical ?
Matthew : Ca
dépend de notre état d'esprit du moment et de ce que l'on a envie
d'exprimer. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles je pourrais
m'énerver. On verra comment ça se passe.
J'ai trouvé que
Melophobia était un album plus complexe...
Matthew : On a
essayé de faire en sorte que tout fonctionne ensemble. On a
construit et déconstruit, construit et déconstruit encore et encore
jusqu'à ce que cela sonne bien. Il fallait qu'on le sente bien
aussi.
Ca a été long ?
Matthew :
Absolument. On a passé quatre à cinq mois à écrire. Et après
encore deux ou trois mois en studio. Ca a été beaucoup plus long
que d'habitude. Le groupe n'a jamais passé autant de temps en
studio. On a rendu notre producteur dingue (rires) !
Vous avez eu un succès
énorme au Royaume-Uni...
Matthew : Oui ça
s'est bien passé pour nous là-bas par le passé. Mais maintenant la
scène britannique est très orienté sur les Djs ce qui est ok
aussi. On n'a pas pu passer autant de temps que l'on aurait voulu au
Royaume-Uni sur cette tournée. Par le passé on restait deux ou
trois mois, ce qui était incroyable. On a toujours adoré aller en
Grande-Bretagne. J'espère que l'on pourra rester plus longtemps dans
le futur.
Propos recueillis le
28/08/2014.
lundi 23 mars 2015
Aron Ottignon : « Starfish EP »
Pianiste exceptionnel,
le Néo-Zélandais Aron Ottignon est le cosignataire du tube
« Papaoutai » de Stromae et a fait le tour du monde en
compagnie de Woodkid qu'il a accompagné sur les scènes du monde
entier. Ce premier EP de six titres marque ses premiers pas en solo.
Situé au croisement de plusieurs cultures cette livraison inaugurale
joue avec plaisir sur les contrastes. Entièrement instrumental, le
disque met en avant la virtuosité naturelle du musicien entre jazz,
sens du swing imparable (« Watefalls in Tanzania »), et
classique (« Rivers »). Une base sur laquelle se greffe
des beats électro et autres arrangements plutôt orientés world
(« Starfish »). Un cocktail détonnant et peu commun,
finalement bien à l'image de cet artiste décalé et spécialiste de
la bizarrerie. L'album à venir s'annonce comme une curiosité...
dimanche 22 mars 2015
James Bay : « Hold back the river EP »
Jeune songwriter dont on fait des
gorges chaudes, James Bay déçoit pourtant avec son titre « Hold
back the river » trop propre, policé, la chanson semble avoir
été calibrée pour la radio et le succès grand public. Alors,
James Bay, artiste formaté ? N'allons pas si vite en besogne,
car les titres placés en face B donnent quelques raisons d'y croire.
« Sparks » et ses effluves blues sur le fil d'une ligne
de guitare particulièrement inspirée nous réconcilie avec
l'artiste. « Wait in line » nous démontre que
l'acoustique sied particulièrement bien au songwriter et à son
grain de voix émotif. Enfin, l'ep se termine avec une version live
et acoustique de « Hold back the river », nettement plus
convaincante que la version studio où l'on sent réellement battre
le cœur de l'artiste qui se sort les tripes seul sur scène. On
attend l'album avec curiosité.
samedi 21 mars 2015
Falone : « Joseph »
On retrouve chez Falone ce que l'on
avait tant aimé naguère dans le premier album des Noisettes, chez
Tamar-Kali ou chez les BellRays, à savoir, une chanteuse au
magnifique timbre soul (l'acoustique « Break my chains »,
magnifique) projeté dans un univers rock (« Long road to
heaven »). Ce premier EP, intitulé « Joseph » en
hommage à son Père, commence de façon assez drastique avec « Happy
end » (étonnant choix de titre pour commencer un disque soit
dit en passant), morceau ravageur à base de guitares saignantes
menées tambour battant. Rapidement, Falone se distingue de ses
consoeurs citées en début de chronique par une appétance
particulière pour des sonorités plus anglaises. Ainsi son falsetto
fait des ravages le temps d'un « Mind Control » assez pop
ou d'un « Help » en apesanteur rappelant The Cure. Ces
cinq titres constituent un chouette début, espérons une
confirmation sur long format bientôt.
vendredi 20 mars 2015
Sofia Bolt : « Strange Reactions »
Deuxième EP pour cette formation
parisienne menée par la chanteuse Franco-Américaine Amélie
Rousseaux, la nièce de Jérôme Rousseaux (Les Objets, Ignatus) qui
lui a offert sa première guitare. Cette deuxième livrée a été
enregistrée dans des conditions peu communes, en live au studio CBE,
en compagnie de musiciens rencontrés lors des soirées Open Mic du
Pop In (un bar rock de la capitale qui ouvre sa scène aux musiciens
de passage). Il en résulte un disque nerveux et tendu, fleurant bon
les effluves du rock indé des années 1990. Pratiquant un art
consommé de la tension/détente, de l'accélération mais aussi de
la dissonnance, l'ep ressemble à un château de carte tenant debout
par on ne sait quel miracle... A lui seul, le titre d'ouverture
« Fight me off » réserve son lot de surprises
multipliant les fausses pistes et autres raccourcis. Ce n'est
finalement pas une surprise que cette nouvelle livrée ait été
intitulée « Strange Reactions », tellement ces cinq
titres nous rappelent, à bon escient, que l'urgence reste une des
vertues cardinales du rock n'roll. Que dire de plus si ce n'est qu'on
espère un futur radieux pour cette formation sous la forme d'une
album en bonne et due forme.
En concert le 26 mars à l'Eglise Saint
Eustache (20h précises).
jeudi 19 mars 2015
Joe Bel : « Hit the roads »
« Hit the roads », le
deuxième EP de la jeune Grenobloise Joe Bel, est le genre de disque
qui s'impose de suite comme une évidence dès la première écoute.
Suivant une ligne mélodique claire, entre folk et soul, Joe crée le
parfait écrin, délicat et confortable, pour sa voix de velours,
terriblement sexy. Nappé d'influences américaines au sens large du
folk hippie à la soul Noire (« Stronger »), la musique
de Joe évoque des paysages immenses, des déserts et des routes en
ligne droite. L'émotion qui transparaît au fil de sa voix est
toujours présente, intacte, de la première à la dernière note,
aussi bien sur les titres très arrangés (« Hit the roads »)
que plus dépouillés à la guitare (« A while (Free) »).
Une livraison certes courte, quatre titres seulement, mais
extrêmement prometteuse. Vivement la suite, tiens !
Www.joe-bel.commercredi 18 mars 2015
Véronique Vincent & Aksak Maboul + Shopping, LFSM, Le divan du monde, 16 mars 2015.
Shopping (c) Florie Berger |
Shopping (c) Florie Berger |
Shopping (c) Florie Berger |
Shopping (c) Florie Berger |
Et c'est parti pour une nouvelle
édition du festival les femmes s'en mêlent avec une soirée
d'ouverture au divan du monde fortement teintée 1980s.
On commence tout d'abord avec le trio
Shopping qui nous arrive de Londres. Le trio (basse, batterie,
guitare) pratique un rock minimal qui n'est pas sans rappeler la no
wave du début des années 1980, on pense notamment à The Cure à
l'époque du premier album. D'autant que la chanteuse, black, Rachel
Aggs entretient une troublante proximité vocale avec Robert Smith.
Ascétique, rudimentaire, sans artifice de gros son ni autre,
Shopping emporte pourtant l'adhésion générale grâce à des mini
pop songs bien foutues et accrocheuses. La formule fonctionne à
merveille, en particulier sur le single « In other words » :
riff de guitare entêtant, batterie carrée en mode automatique qui
sonne comme une boîte à rythme et basse à l'avenant sur un tempo
d'enfer. Franchement pas mal. D'autant plus que le trio se donne sur
scène et joue avec un enthousiasme communicatif. Les spectateurs,
vétérans, du premier rang semble revivre leur jeunesse dansant
comme des possédés. Belle découverte pour débuter la soirée.
Aksak Maboul (c) Florie Berger |
Véronique Vincent (c) Florie Berger |
Véronique Vincent & Aksak Maboul (c) Florie Berger |
Véronique Vincent & Aksak Maboul (c) Florie Berger |
On retrouve ensuite Véronique Vincent
et Aksak Maboul un « tout jeune groupe qui ne joue que son
sixième concert » en trente ans ! On vous avait conté
(par ici) l'invraisemblable aventure de l' « Ex futur
album » qui a dormi sur une étagère, inachevé, pendant plus
de trente ans avant de connaître une sortie officielle dans le
commerce en fin d'année dernière. Après quelques dates dans leur
Belgique natale, le duo Véronique Vincent (chant) / Marc Hollander
(claviers) remonte sur scène pour la première fois depuis les
années 1980 ! Pour l'occasion ils sont accompagnés par leur
propre fille Faustine Hollander (basse, guitare, xylophone) et par la
cheville ouvrière du groupe Amartoski : Sebastiaan Van den
Branden (batterie) et Christophe Claeys (guitare, basse, claviers).
Trois musiciens qui n'étaient même pas nés lorsque l' « ex
futur album » a été enregistré au début des années 80 !
Un concert exceptionnel ! Disposant d'un nombre limité de
chansons à leur répertoire, le groupe se trouve contraint de jouer
les prolongations, étirant les compositions dans une sorte de transe
psyché/tropicale instrumentale (« Chez les aborigènes »,
« Réveillons nous », magnifique) pleine de groove grâce
à un jeu de batterie teinté de jazz (« Je pleure tout le
temps » qui ressucite la classe Gainsbourienne) faisant la part
belle aux synthés vintage de Marc Hollander. Excellent concert,
hélas trop court.
http://www.lfsm.net/fr/
Libellés :
Aksak Maboul,
Les Femmes s'en Mêlent,
Shopping,
Véronique Vincent
lundi 16 mars 2015
Ali Campbell : « Silhouette »
Dans les années 1980, il fut une star
en qualité de chanteur de UB40, groupe de reggae britannique qui a
tiré son patronyme du nom d'un formulaire d'inscription au chômage.
Ali Campbell, a comme bien d'autres vétérans (Marilyn Manson, Gary
Numan, Ocean Colour Scene) rejoint le label Cooking Vinyl. Ali
Campbell évolue en solo depuis 20 ans et « Silhouette »
est son sixième effort en solitaire. Enfin presque puisque ce
nouveau disque voit le chanteur se rabobicher avec Astro et Mickey,
deux autres membres de UB40. Du coup l'écoute procure une étrange
sensation comme si l'horloge s'était arrêtée dans les années
1980, pour un résultat très proche du son UB40. Même approche pop
du reggae, comme à l'époque de « Red red wine » avec
basse chewing gum. Les cuivres, probablement joués au synthé,
sonnent par contre un peu cheap. Quelques reprises sont au programme
dont « I want you » (Bob Dylan), « Anytime at all »
(Beatles) ou « Sha la la », la plus réussie de cette
nouvelle livrée. Roots mais léger en dépit de quelques
commentaires sociaux glissés subrepticement dans les paroles.
dimanche 15 mars 2015
Motobunny
Et de trois ! Après les
excellents The Love Me Nots et Zero Zero, le couple terrible du rock
US Nicole Laurenne/Michael Johnny Walker est de retour avec un
nouveau projet, dont le nom évoque l'univers motocycliste. Et dans
les faits il y a un peu de cela puisque ce nouveau groupe, nommé
Motobunny et composé avec la moitié de The Woolly Bandits (Christa
et Rik Collins), entend rendre hommage à une frange dure du
rock à cuir noir. Quelle différence avec The Love Me Nots me
diriez-vous ? Un peu moins d'orgue, des guitares encore plus
énormes et grasses (« Apocalypse Twist ») et surtout la
présence de deux chanteuses qui harmonisent, fort bien au demeurant
(« Thinking about me »), dans ce déferlement de
testostérone apportant ainsi recul et distanciation au milieu du
déluge de décibels. On pense, encore plus qu'avec The Love Me Nots,
au Detroit des années 1970, The Stooges, MC5 (« Red Rover »
avec un chouette arrangement de cuivres) avec toujours un angle
d'attaque pop (le très sixties morceau titre « Motobunny »).
Mais comme il est difficile de se renier totalement, certains titres
rappellent les groupes précédents « Let's go out »
n'aurait pas dépareillé dans le répertoire de Zero Zero et « The
Other Side » aurait pu être une chanson des Love Me Nots ou des Woolly Bandits. Avec
la très réussie « Drown », le groupe s'attaque à un
nouveau style, inventant la bande son d'un western moderne, à fond
le bitume, le gros cube et les cheveux aux vents dans la poussière.
Fans des Love Me Nots, nostalgiques du rock n'roll 70s, vous ne
pouvez que tomber sous le charme de cet album très fun.
https://www.facebook.com/motobunnymusicvendredi 13 mars 2015
Matthew E. White, Le New Morning, 09/03/2015
(c) Shawn Brackbill |
C'est dans la petite salle du New
Morning que l'on a retrouvé Matthew E. White dans un cadre
particulier pour lui puisqu'il s'agit de présenter les chansons de
son nouvel album (le superbe Fresh Blood) le jour même de sa sortie
et en solo intégral. La prestation revêt ainsi un caractère
exclusif, puisque ainsi que l'affirme Matthew c'est la première fois
qu'il joue du piano sur scène. Et c'est une autre surprise puisqu'on
a plutôt l'habitude de voir le songwriter de Richmond (Virginie) se
produire à la guitare folk. C'est aussi l'occasion de découvrir ces
nouvelles compositions dans leurs versions originelles puisque de son
propre aveu, Matthew écrit principalement au piano. On a
l'impression par là-même de partager un moment privilégié et
d'assister à la naissance d'une œuvre. Après une grosse demi-heure
derrière le clavier, le musicien opte pour la guitare électrique
(son clair) et, toujours en solo, présente une version électrifiée
de quelques anciennes chansons (« Big Love », « Will
you love me »). On pense alors à Jeff Buckley ou Elliott Smith
qui avaient l'habitude de cette configuration folk électrique. Le
résultat est étonnant et les notes de guitares résonnent avec
force et insistance. A noter également une reprise de « Sail
Away » (Randy Newman) qui va comme un gant à cet artiste qui
se situe plutôt dans la lignée de songwriters (Neil Young version
folk, James Taylor, J.J Cale) que des jeunes groupes de rock tenant
d'un revival rock 70s. Malgré la méconnaissance de ces nouveaux
titres par le public, ce dernier lui réserve une chaude ovation.
Difficile il est vrai de résister au charme de sa voix douce et à
son répertoire très solide malgré l'absence des arragements de
vents et de cordes, prépondérants sur disque. Après deux albums
seulement, Matthew E. White s'impose comme un artiste à suivre de
près, impressionnant de maturité.
jeudi 12 mars 2015
Robi : « La Cavale »
Ce nouvel album, le deuxième, Robi l'a
conçu différement. Pour la première fois, la jeune artiste a
entièrement pris en charge l'écriture du disque, tant pour les
paroles que pour la musique. Entre chanson française aux textes
acérés et abstraits et musique aux accents new/cold wave (on pense
parfois à Joy Division, The Cure) Robi se trace un chemin personnel
sur la scène musicale hexagonale. Minimaliste et dense l'album se
joue des contrastes et cultive les paradoxes. Ainsi, « Danser »
n'est pas particulièrement dansante et « Nuit de fête »
ressemble plus à la bande son d'un petit matin blafard qu'à celle
d'une « nuit de folie » passée sur le dancefloor. Sur
des mélodies compactes, hypnotiques et resserées autour de quelques
instruments (lignes de basse prédominantes, synthés analogiques et
quelques guitares), très rythmées (une réminiscence de son enfance
passée entre La Réunion et l'Afrique ?) Robi dépeint un univers
personnel, assez sombre, usant parfois d'un vocabulaire relativement
violent (colère, rage, cage in « La Cavale »). Etonnant
de la part de ce petit bout de femme aussi frêle et timide dans la
vie que survoltée une fois le pied posé sur scène. Avec ce nouvel
effort Robi lance un pavé dans la morne plaine de la chanson d'ici.
Un disque qui sonne comme une cavale éperdue, le résumé d'une vie.
En concert le 26/03 à Paris (le divan
du monde)
mercredi 11 mars 2015
Pierpoljak : « Général Indigo »
Après vingt ans de carrière, « Pierre
Paul Jacques » pose un constat lucide, et donc pas forcément
réjouissant, sur le monde qui nous entoure. Ses textes sont
empreints de réalité sociale : « Puta vida loca »
contant la vie d'un sdf, « Papas du week end » évoquant
le divorce et la garde partagée, « Un homme malheureux »
sur la violence découlant de la précarisation sociale. Quant à
« Pour moi c'est déjà légalisé » elle reprend un
thème récurrent du reggae dans la lignée du « Legalize it »
de Peter Tosh (1976). Dans cet océan de noirceur, (Sérieux merdier
comme il le chante) « Keep on dada » apporte un peu de
lumière : « Changer le monde c'est possible » !
Agé de cinquante ans, Pierpoljak est dorénavant un artiste mature,
son nouvel album est particulièrement roots, reggae
(« Amusons-nous ») parfois teinté de sonorités latines.
Fini pour lui la quête du tube, Pierpoljak fait désormais ce qu'il
lui plait, « Pas de télé pour me dicter ma pensée »
(in « Une épée suspendue ») et cela lui sied plutôt
bien. C'est surtout un artiste particulièrement humain que l'on
découvre au fil des titres prêt à prendre fait et cause pour les
petites gens. Toujours pas prêt au combat Pierpoljak et c'est tant
mieux !
http://pierpoljak.fr/
En concert le 13 mars à Paris (Divan du monde)
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