dimanche 18 août 2013

Rencontre avec Nadéah.


C'est à l'occasion de la sortie de son dernier EP en date, « Whatever lovers say », que nous avons rencontré Nadéah, la plus française des australiennes. L'occasion pour cette dernière d'évoquer son pays natal, son rapport à la musique et ses influences, sur lesquelles elle s'exprime avec passion et érudition.


Tu viens de loin, l'Australie !
Nadéah : Ouais, c'est un long voyage.

Pourquoi la France ?
- Je crois que ma mère est partie quand j'avais sept ans. Elle est venue en France pour trois mois, et elle est tombée amoureuse du pays. Elle m'envoyait des cartes postales, des sachets de chocolat chaud... Je crois que grâce à elle, je suis aussi tombée amoureuse d'un pays que je connaissais pas. J'imaginais les Français comme des gens très sophistiqués, très cultivés. Et puis j'aimais bien la langue. Et les croissants ! Petite, j'adorais la cuisine française, le pâté et tous ces trucs là.

Tu habites en France depuis longtemps, quelle est ta maison maintenant ?
- Je me sens bien ici maintenant. L'Australie c'est toujours chez moi, mais je n'ai pas envie d'y habiter. L'Australie, je peux y aller pour me reposer. Mais la France c'est beaucoup mieux pour travailler, rencontrer des gens. Pour être au cœur de l'action.

Tu as entretien toujours une attitude positive, tu essaye toujours de profite au maximum des choses...
- J'ai longtemps été très déprimée. Je voyais tout le temps ce que je n'avais pas, ce qu'il y avait chez les autres. Au bout d'un moment j'ai commencé à faire des exercices. Toutes les nuits j'écrivais une liste, je disais merci à la vie pour telle ou telle chose. Le bonheur, c'est comme un muscle il faut le faire travailler pour le faire grandir. Un jour tu attends le bus, tu es de mauvaise humeur, tu peux toujours faire une liste de ce qu'il y a de positif dans ton existence. En fait cela change les synapses dans ton cerveau. Tu as un nouveau cerveau, littéralement.

Ta musique sonne de manière très américaine, avec beaucoup d'influences venues du folk et du jazz. Quel est ton background musical ?
- Il y a effectivement un mariage entre folk et jazz. Mais moi mon instrument préféré c'est la contrebasse. C'est un instrument magnifique, depuis toute petite j'adore ça ! C'est le meilleur du monde. J'ai toujours su que je voulais une contrebasse dans le groupe. Alors évidemment cela donne un côté parfois jazz parfois country. L'Australie, c'est un pays très rock AC/DC et tous ces trucs là. Moi je suis plutôt folk, c'est un style dont j'aime aussi les paroles. Moi j'aimais les Beatles, Bob Dylan et Pink Floyd. Mais le groupe que je préférais au dessus de tout c'était le Velvet Underground. Ce n'était peut-être pas un groupe bluffant d'un strict point de vue technique, mais les paroles et la musique étaient d'une grande sincérité. De la pure expression. Et c'est exactement cela que je recherche dans la musique. Je n'ai aucun désir d'inventer quelque chose parce que pour inventer il faut utiliser des ordinateurs. Moi je veux une expression authentique dans tout ce que je fais. Maintenant tout le monde écoute des ipod et passe d'un truc à l'autre. C'est une mauvaise habitude.

Le Velvet c'était un groupe très sombre...
- Oui mais Lou Reed est toujours vivant et fait encore de la musique. Et ce malgré le fait que le Velvet, à l'époque n'a pas marché du tout. Lou Reed cela lui à pris une décennie avant d'avoir du succès après « Transformer ». Et moi je sais ce que c'est de continuer à avoir la foi même si ton projet ne marche pas, de t'accrocher. C'est un beau parcours. D'ailleurs je ne pense pas que Lou Reed était un grand dépressif, il décrivait simplement son époque et ce qu'il a vécu.

Mon titre préféré sur le nouvel EP c'est « Humdrum », j'ai trouvé le passage instrumental final assez impressionnant, cela m'a un peu rappelé Tom Waits...
- J'adore Tom Waits, son univers. L'EP, on l'a enregistré entièrement en live, ce qui nous laisse de la place pour l'improvisation, comme sur le final de « Humdrum ». L'album était très orchestré et n'avait pas été enregistré en direct, c'était une autre approche. Là on pouvait vraiment laisser les musiciens partir et improviser sur le thème. J'adore ça !



Ta façon de chanter est assez particulière, le chant c'est quelque chose que tu travailles beaucoup ?
- Non, je ne suis vraiment pas assez sérieuse. Il y a tellement de choses à faire, la musique, les concerts, les vidéos... Et tout ce bordel d'internet, c'est génial mais ça prends vraiment beaucoup de temps. Donc je ne pratique pas beaucoup mais j'ai un bon prof qui vit en Angleterre. Je l'appelle beaucoup, dès que j'ai besoin d'échauffement.

Tu chantes au téléphone ?
- On skype. Une ou deux fois par an, je vais lui rendre visite à Londres. Ca fait plus de dix ans que je travaille avec lui.

Et ta voix de chant, tu as eu du mal à la trouver ?
- En fait, je ne suis pas sure de l'avoir trouvée. Je suis toujours en recherche. Moi j'aime bien suivre le feeling de la composition. Cela m'ennuie d'avoir à chanter d'une façon bien précise. C'est pour ça que j'aime bien chanter mes propres compositions.

Tu as un nouvel album qui sort bientôt ?
- Non pas vraiment. Pour faire cet EP, on a déjà utilisé trois chansons qui étaient prévues pour le deuxième disque. Ca fait un tiers d'album (rires) ! Je suis actuellement en phase d'écriture. On a treize ou quatorze titres pour le moment. Après on doit trouver un producteur, travailler sur la pochette etc... Ca prend beaucoup de temps. C'est un des mystères de la musique, pourquoi ça prend autant de temps... Enfin c'est comme ça dans la vie en général (soupir)...

Propos recueillis le 20 novembre 2012.
www.nadeah.com 
 
 



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