Depuis qu’il a « osé » consacrer un album à la poésie de Philippe Muray (un poète anarchiste de droite), Bertrand Louis incarne une voix unique dans la chanson française, celle d’un franc-tireur aux textes corrosifs, un hussard de la chanson jugé infréquentable par certains ce qui lui vaut encore aujourd’hui un statut à « demi-compatible » avec certains médias qui rechignent à chroniquer ses disques. Le chanteur semble s’amuser de ce statut de trouble-fête et ne fait rien pour arrondir les angles, n’ayant de cesse d’épingler les travers de l’époque (le téléphone portable, les réseaux sociaux etc.), avec des mots choisis et un sens de l’humour incomparable, tel un improbable trait d’union entre Serge Gainsbourg et Didier Super. « A part la droite, il n’y a rien que je méprise autant que la gauche » chante Bertrand, mettant en musique l’effacement des repères actuels et balayant d’un coup ses supposées affinités politiques. Seul sur la minuscule scène de La Manufacture Chanson, entouré de sa guitare, d’un piano et de quelques claviers, Bertrand égrène les titres de son nouvel album dans un registre électro-pop, compensant l’absence de musiciens additionnels avec une énergie incomparable, incarnant, au sens premier du terme, tel un comédien, les personnages de ses chansons. « Un jour je serais lassé d’ironiser sur ce monde de merde » avoue le chanteur. De fait, c’est lorsqu’il se retrouve seul au piano avec pour compagnon la poésie de Baudelaire ou de Verlaine, que le chanteur émeut le plus. Musicien remarquable, pouvant passer de la tendresse à des éclairs aussi violents que la foudre, Bertrand Louis possède également les atouts pour s’imposer dans ce registre intimiste.
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