Une programmation circonscrite aux musiques que l’on aime, entre blues, country, rock garage voire psychédélique et un soupçon de soul, dans le cadre roots, briques rouges apparentes, de La Maroquinerie, c’est toujours un plaisir éternellement renouvelé de retrouver le Festival des Nuits de l’Alligator pour bien commencer l’année (il s’agît quasiment des premiers concerts de l’année).
On commence l’année donc en bonne compagnie avec Matt Van T. Guitare folk en mains, harmonica autour du cou, et grosse caisse de batterie aux pieds, assis derrière son micro, Matt excelle dans l’exercice du one-man band, d’obédience country-folk. Accent sudiste fort prononcé plus vrai que nature, phrasé si typique de la country reproduit à l’identique, on en vient à se demander dans quel village paumé au fin fond des États-Unis l’équipe du festival est allé le débusquer. Il suffit pourtant d’écouter Matt parler au public, dans un français parfait sans le moindre accent, entre deux chansons pour comprendre que ledit chanteur est bien de chez nous. Illusion parfaite donc. Arrivé à mi-parcours de son set Matt empoigne une guitare électrique : Vous n’avez rien contre un peu de rock’n’roll ? Bah non, pardi ! C’est donc en mode électrique, garage, que le musicien a fini son court set de trente minute de haute facture.
Vient ensuite une vieille connaissance que l’on a plaisir à retrouver dans le lieu même où il a débuté sur notre sol, et dans le cadre du même festival,
Bror Gunnar Jansson, toujours aussi élégant et apprêté. C’est que le Suédois en a des choses à fêter, dix ans de carrière professionnelle à plein temps, et le dixième anniversaire de son album «
Moan Snake Moan » qui ressort pour l’occasion en vinyle dans une édition deluxe agrémentée d’un deuxième disque (ce qui double la durée de l’album initiale) sur lequel on retrouve, entre autre, un EP sorti la même année (qui avait échappé à nos radars à l’époque et dont on ignorait jusqu’à l’existence même). Toutes ces raisons sont bonnes pour donner à l’artiste l’occasion de renouer avec un exercice qu’il avait abandonné depuis des années : celui du one-man band, la guitare en mains et la batterie aux pieds. Celle petite nouveauté, le Suédois a récemment découvert l’usage du médiator (l’accessoire pour gratter les cordes de la guitare, pas le médicament à scandale) ! Pour le reste on retrouve l’univers du Suédois, soit une interprétation assez dark du blues, à la guitare nimbée d’effets sonores fantomatiques et au chant assez plaintif. Un univers plutôt lent contrebalancé d’accélérations soniques fulgurantes, le Suédois s’étant fait une spécialité de détourner les instruments de leur usage initial. Un set de très haute tenue.
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