lundi 29 janvier 2024

Marc Verwaerde : « A better man »

 


Résolument pop, le nouvel EP de Marc Verwaerde (5 titres) parle de renaissance. Un sentiment de nouveau départ bien connu de l’artiste, né à Lyon et ayant vécu en Angleterre, Espagne et au Brésil, et a du, à chaque fois, repartir de zéro dans un nouveau pays. Cette renaissance que l’artiste appelle de ses vœux prends ici la forme de mélodies pop lumineuses agrémentées de subtiles touches synthétiques (« If I were you »), de guitares délicatement arpégées (« I love you » ; « Words ») voire de cuivres doux (« The Long Shot »). Si l’artiste a beaucoup voyagé, son cœur musical reste attaché à la pop anglaise voire au folk étasunien typé James Taylor (« Words »). Autant d’idiomes qu’il a su faire sien le long de cet EP produit et arrangé avec le plus grand soin. La pochette urbex est également superbe.

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dimanche 28 janvier 2024

Israel Nash + Jimmy Diamond, Festival Les Nuits de l’Alligator, La Maroquinerie, 27 janvier 2024.



Parti sur des bases élevées avec une première soirée consacrée aux one-man bands, l’édition 2024 des Nuits de l’Alligator continue en élevant toujours la barre avec une deuxième soirée plus rock. On commence avec le power-trio hollandais Jimmy Diamond et c’est un petit évènement en soi, car il s’agît de leur tout premier concert français ! On s’était extasiés sur leur album et le passage en live confirme cette excellent première impression. Nous sommes d’entrée assommés par la puissance dégagée, et l’excellence de la section rythmique (une autre première puisqu’ils sont accompagnés d’un nouveau batteur). En effet la basse et la batterie tiennent la baraque, laissant ainsi le champ libre à la guitare pour explorer d’autres terrains plus psychédélique. Ainsi la puissance qui nous avait mis KO dès les premières notes s’efface peu à peu, surtout lorsque la lap-steel remplace la guitare et la musique devient roots et planante à la fois. Une première partie de très haute tenue !

Le dernier album d’Israel Nash (« Ozarker ») en revanche nous avait laissé un goût un peu amer. Non que le talent soit remis en question mais plutôt les choix de production effectués, trop proche des années 80 avec des synthés un tantinet envahissant. Et c’est d’ailleurs comme cela que le concert commence, avec un clavier solo, avant que l’excellent batteur ne remette les pendules à l’heure. Ainsi le set du soir nous réconcilie totalement avec l’artiste à mi-chemin du rock et de l’americana. Mur de trois guitares, option lap-steel, la rythmique solide permet des batailles de guitares entre autres dérives sonores. Grand gaillard, par la taille, habitant l’espace de la scène, Israel Nash est aussi un chanteur de talent aux intonations parfois proches de Neil Young. Un excellent set, généreux, dépassant l’heure et demie qui lui avait été accordée.

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samedi 27 janvier 2024

Bror Gunnar Jansson + Matt Van T., Festival des Nuits de l’Alligator, La Maroquinerie, 26 janvier 2024.

Une programmation circonscrite aux musiques que l’on aime, entre blues, country, rock garage voire psychédélique et un soupçon de soul, dans le cadre roots, briques rouges apparentes, de La Maroquinerie, c’est toujours un plaisir éternellement renouvelé de retrouver le Festival des Nuits de l’Alligator pour bien commencer l’année (il s’agît quasiment des premiers concerts de l’année).

On commence l’année donc en bonne compagnie avec Matt Van T. Guitare folk en mains, harmonica autour du cou, et grosse caisse de batterie aux pieds, assis derrière son micro, Matt excelle dans l’exercice du one-man band, d’obédience country-folk. Accent sudiste fort prononcé plus vrai que nature, phrasé si typique de la country reproduit à l’identique, on en vient à se demander dans quel village paumé au fin fond des États-Unis l’équipe du festival est allé le débusquer. Il suffit pourtant d’écouter Matt parler au public, dans un français parfait sans le moindre accent, entre deux chansons pour comprendre que ledit chanteur est bien de chez nous. Illusion parfaite donc. Arrivé à mi-parcours de son set Matt empoigne une guitare électrique : Vous n’avez rien contre un peu de rock’n’roll ? Bah non, pardi ! C’est donc en mode électrique, garage, que le musicien a fini son court set de trente minute de haute facture.

Vient ensuite une vieille connaissance que l’on a plaisir à retrouver dans le lieu même où il a débuté sur notre sol, et dans le cadre du même festival, Bror Gunnar Jansson, toujours aussi élégant et apprêté. C’est que le Suédois en a des choses à fêter, dix ans de carrière professionnelle à plein temps, et le dixième anniversaire de son album « Moan Snake Moan » qui ressort pour l’occasion en vinyle dans une édition deluxe agrémentée d’un deuxième disque (ce qui double la durée de l’album initiale) sur lequel on retrouve, entre autre, un EP sorti la même année (qui avait échappé à nos radars à l’époque et dont on ignorait jusqu’à l’existence même). Toutes ces raisons sont bonnes pour donner à l’artiste l’occasion de renouer avec un exercice qu’il avait abandonné depuis des années : celui du one-man band, la guitare en mains et la batterie aux pieds. Celle petite nouveauté, le Suédois a récemment découvert l’usage du médiator (l’accessoire pour gratter les cordes de la guitare, pas le médicament à scandale) ! Pour le reste on retrouve l’univers du Suédois, soit une interprétation assez dark du blues, à la guitare nimbée d’effets sonores fantomatiques et au chant assez plaintif. Un univers plutôt lent contrebalancé d’accélérations soniques fulgurantes, le Suédois s’étant fait une spécialité de détourner les instruments de leur usage initial. Un set de très haute tenue.

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samedi 20 janvier 2024

Cobi : « Sugar Man »

 


Débarqué dans nos contrées depuis son Minnesota natal, et signé sur le label français Zamora, Cobi présente son nouvel EP de cinq titres. De son pays de naissance, Cobi a gardé une appétence particulière pour la musique roots, blues ou la soul et le rhythm and blues (« Where we belong »), qu’il combine a de nombreux effets psychédéliques de bon aloi (« Another Lover »). Mais pas question pour l’artiste, excellent guitariste par ailleurs (cf. le solo de « Good Morning » ou les envolées de guitare de « Sugar Man »), de se contenter de reproduire à l’identique. Ainsi ces influences anciennes sont propulsées par une dynamique, et une production, contemporaines (« Good Morning »). Le talent vocal de l’artiste et la qualité d’écriture de l’ensemble maintiennent l’ep à flot et assure à l’auditeur une écoute agréable de bout en bout. Un talent en devenir à confirmer toutefois sur la longueur d’un album.

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jeudi 18 janvier 2024

Sophie Darly : « Slow Down Fast »

 


Ecouter ce troisième album de la chanteuse franco-suisse, c’est un peu comme plonger dans une bulle de douceur. Festina lente, hâte-toi lentement, semble nous clamer la chanteuse, consciente qu’il est urgent de ralentir le rythme, de lever le pied. Au-delà de la musique, c’est une philosophie de vie qui a procédé à la création de cet album. Entre soul et jazz, un petit éclair blues de temps en temps (cf. « Miracle » ; « Monster B »), entouré par un excellent groupe virtuose et soudé, Sophie nous entraîne avec elle dans sa recherche de la sérénité. Et en l’espèce ralentir le tempo ne signifie en aucun cas de s’ennuyer, on y trouve même, le temps de « Love is a twist » une guitare rock. Mais, de façon beaucoup plus significative, l’album regorge de détails et de trouvailles sonores qui le distingue du tout-venant nostalgique. C’est un véritable vocabulaire que mets au point Sophie, à la fois respectueux de la tradition mais animé d’une dynamique contemporaine, l’écrin est idéal pour sa voix magnifique et élastique.

En concert le 19/01 au Studio de l’Ermitage

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mercredi 17 janvier 2024

Electric Spanish : « Obstacles »

 


Composé de Carlos Alfonso (originaire de Porto Rico) et Emmanuel Medioni, Electric Spanish sort son copieux premier EP (6 titres tout de même). Un disque pour le moins étonnant. Par sa diversité d’une part, passant du psyché surf sixties au post punk (« Strangers »), parfois en une seule chanson, pour finir sur une ballade bluesy (« Different Song ») ; un drôle de cheminement donc mais d’une cohérence surprenante jamais tomber dans le pastiche ou le revivalisme un tantinet vain. C’est une belle dynamique qui habite l’ensemble et donne un coup de fouet à l’auditeur (cf. « Electric Spanish »). Un moyen pour le groupe de faire honneur à son patronyme (Electric Spanish signifie guitare électrique chez les luthiers américain) tout comme de parsemer ses compositions de discrètes effluves latines. Vous rêviez de passer de la Californie à l’Angleterre en une chanson ? Electric Spanish l’a fait ! Un premier EP de haute tenue.

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dimanche 14 janvier 2024

The Menzingers : « Some of it was true »

 


Ah la fuite du temps ! Apparu au mitan des années 2000, le groupe de Pennsylvanie a débuté comme du punk pur sucre toutes guitares dehors. Sur les photos ornant ce nouvel effort, les musiciens ont largement entamé la trentaine, certains n’ont plus beaucoup de cheveux. La rage si elle est toujours là, présente au cœur, s’exprime différemment. La saturation des guitares est savamment dosée, l’accent est mis sur l’écriture. Au final un disque de punk-rock à la visée large. Un souffle épique habite les compositions, quelque chose qui tiendrait du heartland rock des années 80 (cf. « Ultraviolet ») aux influences celtiques sans les oripeaux inhérents au genre (cornemuse et violon). Ce nouvel effort vaut le détour ne serait-ce que pour « Take it to the heart », « Hope is a dangerous little thing » ou « There’s no place in the world for me », autant de signes d’une maturation réussie.

En concert le 31/01 (O’Sullivans backstage by the mill)

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samedi 13 janvier 2024

Togo All Stars : « Spirits »

 


Le collectif togolais, formé à Lomé, s’inscrit dans une dynamique particulière : gardien de traditions ancestrales, mais remises au goût du jour, afin de produire une musique moderne et dynamique. Mission remplie haut la main avec ce nouvel effort, le troisième du groupe, où le chant en langue vernaculaire côtoie des éclairs de guitare fuzz (« Afidemanyo »). Une rare incursion dans le rock pour ce groupe très axé sur les percussions vitaminées où l’Afrique se mélange au jazz et au funk, dans le but d’élever les consciences (« Wake up your spirit »). Ou comment délivrer un message aussi profond qu’enjoué et positif. Chaud et rythmé, du soleil pour les oreilles gravé sur disque à écouter toute l’année.

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jeudi 11 janvier 2024

Boney Fields : « Just give me some mo’ »

 


Indiscutablement voici un musicien que l’on retrouve avec un plaisir renouvelé à chaque fois. Né à Chicago, Boney Fields a traîné ses guêtres dans les scènes jazz et blues, multipliant les collaborations prestigieuses aux Etats-Unis (Buddy Guy, Luther Allison, James Cotton et on en oublie une pelletée) mais aussi en France où il est installé. Doté d’un CV long comme le bras, Boney connaît indubitablement son affaire et n’a pas son pareil pour sortir un nouvel album d’où les bonnes vibrations émanent comme par magie. Du funk survitaminé (cf. « Just give me some mo’ ») aux élans soul, nostalgiques et émouvants (« Back in the day ») en passant par le blues (« Still Together ») ou le jazz élégant (« Crazy ‘bout you ») Boney Fields ne se met aucune barrière, le cap maintenu vers le groove en toute circonstance. Give me some more Boney !

En concert le 24/01 au New Morning.

https://boneyfields.com/

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mercredi 10 janvier 2024

18ème édition des Nuits de l'Alligator




Notre festival préféré de l'hiver fête sa majorité (18ème édition !) et se tiendra du 23 janvier au 10 février dans 12 villes françaises. Quelques retrouvailles sont au programme (Bror Gunnar Jansson, Theo Lawrence, The Courettes) et quelques découvertes excitantes (Robert Finley, Jimmy Diamond, Gyasi, Muddy Gurdy, Israel Nash) tous connus des lecteurs de cette page. Ce sont au total 11 artistes qui sont programmés.

Infos et réservations :

https://www.nuitsdelalligator.com/

Pour découvrir la playlist du festival, cliquez ici

samedi 6 janvier 2024

Laudanum : « 4 : 2 as red as your lips / 4 : 3 as blue as my veins »

 




Suite et fin de l’ambitieux quatrième album de Laudanum (Matthieu Malon) divisé en trois parties. Nous avions pu découvrir le premier volume « as black as my heart » en septembre, « as red as your lips » en novembre et maintenant « as blue as my veins » en ce mois de janvier. Un projet d’ampleur dont l’enregistrement s’est étalé sur quatre années, entre 2018 et 2022, et dont le soin porté à la production se ressent dans la moindre note jouée. Creusant toujours le même sillon électronique, inspirée de la cold voire dark wave des années 80 (« The so-called past » ; « To the lighthouse »), Laudanum hypnotise l’auditeur pris dans la toile de ses nappes synthétiques (« someone » ; « as red as your lips »). Un fort sentiment de continuum qui n’empêche nullement l’artiste de se permettre quelques pas de côté s’adaptant à la personnalité des nombreux invités au chant, collant parfaitement au timbre graveleux d’Aidan Moffat (Arab Strap) sur « Midlife crisis in m&s » (sur l’album rouge) ou profitant de la présence de la merveilleuse Eliz Murad (l’ex-chanteuse et bassiste de Teleferik) pour colorer « naHar » d’effluves orientales. Toujours sur le troisième volume (le bleu) « Beauty of a shadow » surprend par son approche pop psyché quasiment sixties (superbe au passage) qui ouvre les débats, disque sur lequel on retrouve également le légendaire Pete Astor (« Ghosts of the king’s road »). Ce trio d’albums de très haute tenue constitue un des sommets de l’automne dernier et de cet hiver aussi.

https://www.facebook.com/welovelaudanum/