jeudi 11 mai 2017

Jim Jones & The Righteous Mind + Suzie Stapleton, Petit Bain, 10 mai 2017.



La soirée commence avec la superbe Suzie Stapleton. Toute de noir vêtue, Suzie Stapleton dispense un charme vénéneux par le biais de compositions hantées. Sa voix tout d'abord, grave et profonde, son timbre est absolument inoubliable. Sa guitare ensuite, fantomatique, évolue dans un contexte assez dark et électrique où des relents de blues et d'americana se télescopent. Même si la formule guitare/voix ne semble pas la meilleure pour rendre justice à ses compositions, nous sommes happés une grosse demi-heure durant par le charme de Suzie. Une artiste à suivre.

A la veille de sortir leur premier album sous ce nom, Jim Jones & The Righteous Mind, est revenu nous rendre une petite visite, l'occasion de revisiter ce paysage rock n'roll et viscéral. Bien évidemment personne n'a oublié le groupe précédent The Jim Jones Revue, désormais dissolu mais the Righteous Mind relève le gant avec classe et un son furieux. Le lien entre les deux formations existe, les influences venues à la fois du punk et du rock n'roll des années 50, le piano, et certains compositions de The Righteous Mind auraient facilement pu trouver leur place dans le répertoire de la Revue. Mais ce nouveau groupe se distingue par une approche, toujours aussi déglinguée mais dérangée par quelques sons venus d'ailleurs, la pedal-steel tout d'abord, saturé, trituré, le son de cette dernière n'évoque en rien la country (style dont cet instrument est l'emblème) mais un truc un peu bizarre et inédit rarement entendu auparavant. Les claviers ensuite, car dans ce nouveau groupe, le piano n'est plus exclusif mais laisse parfois la place à des sonorités indéfinissables. Pour le reste on retrouve la rage et l'intensité qui est la marque de Jim Jones à travers un cocktail détonnant de six cordes, demi-caisse, Gretsch et Gibson. Gavin Jay, le bassiste, a, pour sa part abandonné la contrebasse, avec laquelle il expérimentait lors des premiers concerts du groupe, pour se recentrer sur son instrument de prédilection, la basse électrique, dont il use avec une intensité peu commune, occupant l'espace de ses lignes saturées et bourdonnante. Derrière sa batterie, Phil Martini tient la baraque avec autorité, alors que ses comparses sombrent à tour de rôle dans l'expérimentation bruitiste, à genoux ou la guitare brandie en l'air. Certains titres reposent uniquement sur lui quand les autres instruments se taisent, réduisant les chansons à un squelette rythmique, inédit et intéressant. L'influence des années 50 s'efface dans ce nouveau groupe au profit d'un climat plus dark mais reste assez présente, on aura par exemple pu se régaler d'un boogie façon Jim Jones, c'est à dire déglingué mais transpercé par le punk. Une très belle soirée, l'album s'annonce prometteur !


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