Troisième album
pour ce jeune auteur-compositeur (23 ans) au patronyme « bien
de chez nous » trompeur puisque originaire de Muscle Shoals
(Alabama) ville où était sis les mythiques studios Fame. Alors que
les premières notes s'échappent des enceintes, LeBlanc s'inscrit
dans la grande tradition des songwriters, on parle là de Neil Young
(cf. « Easy way out »), de Bob Dylan, des artistes de ce
calibre. Acoustique chatoyante, LeBlanc nous transporte au
« crossroad » de plusieurs cultures ancrées dans le
terroir étasunien. La guitare sèche délicatement arpégée, nous
ramène immédiatement au folk légèrement teinté d'arrangements
country (cf « Man like me »). La voix, elle possède ce
charme rare, délicate, mélodique mais transpirant le vécu, il y a
quelque chose de soul dans le chant de LeBlanc qui, en dépit de son
jeune âge, a déjà dû surmonter ses démons et son mal être.
Pourtant, la note soul chez LeBlanc est sophistiquée et assez
éloignée du style survolté généralement pratiqué dans sa ville
natale (cf. Candi Staton). Un bel album, représentant dignement le
sud des Etats-Unis, ce terroir où les styles s'entrecroisent et se
mélangent. A découvrir…
https://www.facebook.com/dylanleblancmusic/lundi 29 février 2016
dimanche 28 février 2016
Raphaël Imbert : « Music is my home Act 1 »
A l'origine de cet
album il y a un voyage. Un long périple initiatique dans le « deep
south » des Etats-Unis, entre Louisiane et Mississippi,
effectué par Raphaël Imbert, saxophoniste et homme de terrain de
son état. L'objectif pour le musicien venu du jazz est de se
confronter aux musiques terriennes, notamment le blues et la country.
La démarche est profondément humaine, se base sur les rencontres,
le partage et l'échange. Ainsi tout au long de ces treize pistes,
Imbert questionne la créolité (une partie de l'enregistrement s'est
effectué à la Nouvelle-Orléans) et la façon dont les musiques,
autant que les musiciens, dialoguent ensemble. Il en résulte un
certain éclatement des structures qui démontre in fine que le blues
reste une musique vivante, loin d'être figée dans un carcan à
douze mesures. L'originalité vient d'abord du saxophone, un
instrument que l'on entend assez rarement dans le blues, et qui
apporte une touche free trahissant les origines jazz du musicien (cf.
« Black Atlantic »). L'album est l'occasion de découvrir
de magnifiques musiciens et vocalistes parmi le casting des invités.
On pense à Alabama Slim et Big Ron Hunter, les deux figures
tutélaires, débonnaires (« Going for myself », « Please
don't leave me », « Make that guitar talk ») même
lorsqu'il s'agit d'évoquer le dramatique ouragan Katrina (« The
mighty flood »), ignominie dans laquelle Alabama Slim a tout
perdu. Leyla McCalla est une autre découverte marquante de cet album
dont le violoncelle ou le banjo irradie la musique d'une touche
créole (« La coulée Rodair »). La chanteuse française
Marion Rampal possède un coffre impressionnant que l'on jurerait
étasunien, elle est bluffante ! Enfin, invitée de dernière
heure, la chanteuse Sarah Quintana est une figure de la
Nouvelle-Orléans et une camarade de longue date de la compagnie Nine
Spirit qui fournit l'accompagnement musical du disque. Un album
magnifique qui nous prouve, à l'image de son titre, que grâce à la
musique on se sent partout chez soi. Comme l'affirme le
saxophoniste : « Jazz is the rule, blues is the tool and
swing is the obvious thing ».
https://twitter.com/Raphaelimbertsamedi 27 février 2016
Dirty Deep+Daddy Longlegs+Jim Jones and The Righteous Mind, Festival les nuits de l'Alligator, La Maroquinerie, 26 février 2016.
Circonscrit autour
d'un périmètre entre rockabilly, blues, rock garage, soul, folk et
country, les nuits de l'alligator sont un de nos festivals préférés.
L'assurance de chaudes nuits en plein hiver et des découvertes
chaque année, dans le superbe écrin de la maroquinerie…
« Vous êtes
arrivés un peu en avance pour voir un vrai groupe de rock n'roll ?
Nous sommes Dirty Deep et on vient de Strasbourg... » lance
l'excellent batteur installé derrière son kit. Au moins les
intentions sont clairement énoncées dès le départ. Après des
débuts en one man band, puis en duo guitare/batterie, Dirty Deep est
désormais un power trio. La formule est considérablement enrichie,
le gain est certain : plus de groove, de swing, le trio est
redoutable. Si l'énergie est incontestablement rock garage, Dirty
Deep possède ce petit plus, le petit détail qui, prenant la forme
d'un subtil glissé de guitare ou d'un harmonica bien senti, nous
ramène immanquablement au blues. Mais une forme blues crade et
déglinguée héritée du Delta et proche dans l'esprit des
production Fat Possum. Sur scène, les trois musiciens se donnent à
fond, finissent en nage et le chanteur termine le concert le visage
aussi rouge écarlate que son tee-shirt. Les cordes de guitare ne
résisteront d'ailleurs pas à une telle débauche d'énergie. Un
excellent set pour commencer la soirée, à peine gâché par une fin
abrupte, le groupe, victime d'un timing impitoyable, ne peut jouer
son dernier titre. Les aléas de l'organisation d'un festival… En
tout cas, on attend impatiemment des nouvelles de Dirty Deep dont le
nouvel album sortira le 29 avril prochain…
On continue dans une
veine similaire, mais moins réussie à mon sens, avec le trio hyper
looké Daddy Longlegs, groupe qui, sur le papier, a tout pour nous
plaire. Pourtant on n'accroche que très moyennement. Le trio se
singularise par une approche rythmique particulière, une batterie
réduite à sa plus simple expression, un tome basse, une grosse
caisse et une caisse claire. Aucune cymbale. Pour compenser le
batteur cogne sur ses tome à l'aide d'une maracas. Ce qui donne un
son très mat, et un manque de groove certain (c'est peut être de là
que vient le problème). Un harmonica au son sale et une guitare
complètent la formule. Si on accroche dans un premier temps, l'ennui
nous gagne, trop répétitif… Le public a néanmoins l'air
d'accrocher…
On termine enfin
avec un gros morceau, l'Anglais Jim Jones accompagné de son nouveau
groupe, The Righteous Mind dans lequel on retrouve Gavin Jay déjà
bassiste à l'époque bénie de la Revue. Dans un premier temps, Jim
Jones et ses acolytes restent fidèles à ce qu'ils savent faire de
mieux, un rock n'roll survolté, hérité des années 50, foudroyé
par une énergie digne du punk. Ainsi les deux premiers titres du
soir, servis avec un piano au boogie woogie ravageur, n'auraient pas
dépareillés dans le répertoire de Jim Jones Revue. C'est lorsque
le piano s'efface au profit d'un orgue, lorsque la contrebasse et la
guitare lap-steel font leur entrée en scène, que Jim Jones sort de
son pré-carré, délaissant la composante roll de sa musique pour
des paysages plus sombres et torturés (une nouvelle orientation
également perceptible dans l'artwork du groupe) qui rappellent
parfois Nick Cave. Les instruments en sourdine, avec un squelette
rythmique pour seul accompagnement, Jones expérimente autour du
gospel, le résultat nous rappelle le « 7 times around the
sun » de son ancien groupe. Si l'on reste inconsolable après
la séparation de la Jim Jones Revue, on adore ce nouveau groupe et
on est ravi d'avoir une nouvelle formation à se mettre entre les
oreilles…
vendredi 26 février 2016
Traces, Bobino, 25 février 2016.
Dans une ambiance
urbaine et apocalyptique, sept artistes (six garçons et une fille)
cherchent à laisser une dernière trace… Et c'est parti pour une
heure et demie d'acrobaties étourdissantes. Sur un rythme frénétique
et rock n'roll (ah ce numéro d'arceau sur l'air du « I'm
shipping up to Boston » des Dropkick Murphys) les sept
acrobates enchaînent les sauts et les pirouettes, mettant toujours
l'accent sur l'aspect humain et émotif de la performance physique,
repoussant les limites de la gravité et de l'attraction terrestre.
Les sept acrobates sont tous des artistes accomplis, tous savent
jouer du piano, chanter, danser et même jouer au basket et faire du
skateboard. Électrisant !
Du mercredi au
vendredi à 21 heures. Le samedi à 16h30 et à 21h00.
Jusqu'au 23 avril
2016.
http://7doigts.com/frjeudi 25 février 2016
Nada Surf : « You know who you are »
Ce nouvel album
marque une petite révolution pour le groupe New-Yorkais qui devient
un quartet avec l'arrivée du guitariste Doug Gillard. Pourtant, à
l'écoute, l'ajout d'une deuxième guitare ne change pas grand-chose
à l'affaire, car comme l'indique le titre de ce nouvel effort, les
membres du groupe savent très bien qui ils sont. C'est donc avec un
plaisir non feint que l'on retrouve alors la power pop ourlée du
groupe qui reste fidèle aux recettes qui ont fait son succès. Point
de revirement brutal vers le dubstep (par exemple) ici (ouf), les
contempteurs en seront pour leur frais. Il convient donc d'apprécier
cet album pour ce qu'il est, à savoir une magnifique collection de
chansons, finement écrites (« Believe you're mine »,
« Out of the dark ») et délicatement produites (« Friend
Hospital », « Victory's yours »). Derrière
l'énergie brute (« New Bird », « You know who you
are », « Gold Sounds ») développé par le
désormais quatuor pointe toujours une mélancolie diffuse
perceptible dans la voix du chanteur Matthew Caws. Comme un clash
entre une guitare aux lignes puissantes et un chant mélodique et
délicat. A l'image du sport dont il tire son nom, Nada Surf, tient
en équilibre, sur le fil de plusieurs influences pop rock et folk
(« Animal ») et provoque des émotions parfois contraires
entre espoir, joie et mélancolie. Tout est affaire de dynamique. Et
même si cette nouvelle livrée semble légèrement inférieure aux
chefs d’œuvres passés du groupe (« The Proximity effect »,
1997 ; « Let go », 2002), le tout est d'une tenue
suffisamment haute pour pérenniser encore un peu plus Nada Surf, le
nom du groupe étant déjà un gage de qualité en soi.
mercredi 24 février 2016
Trixie Whitley : « Porta Bohemica »
Trixie Whitley est
la fille du regretté bluesman Chris (décédé en 2005). De son
enfance passée entre la Belgique et les États-Unis, Trixie a gardé
le goût du voyage et son nouvel album, « Porta Bohemica »,
fait référence à une ancienne ligne ferroviaire qui sillonnait
l'Europe. Sa musique semble ainsi toujours en mouvement. Les racines
venues du blues, du jazz ou de la soul ne sont jamais très loin
mais, à la recherche de sa propre identité musicale, et refusant un
atavisme trop évident, Trixie évite l'écueil de la tradition pour
parsemer sa musique d'influences plus contemporaines la parsemant
d'arrangements électro (« Soft spoken words ») sur
lesquels se posent sa voix chaude et profondément soulful
(« Closer », « New Frontiers »). Ainsi,
l'écoute de ce nouvel effort prend la forme d'un long périple au
pays de la musique avec ce que cela comporte de panoramas magnifiques
(« Hourglass », « Eliza's Smile ») et de
paysages plus anodins. Préférant emprunter les petits sentiers
plutôt que les grands axes trop évidents, Trixie tâtonne à la
recherche de la bonne formule. Parfois, elle met le doigt sur le bon
dosage lorsque la guitare blues se mélange harmonieusement aux sons
électroniques (« Hourglass », « Soft spoken
words »). Encore en rodage, Trixie porte en elle de grands
disques qu'elle n'a pas encore réussi à totalement coucher sur
bande. Cela devrait arriver bientôt.
mardi 23 février 2016
Cage The Elephant + Chrome Pony, le Trabendo, 22 février 2016
On commence par une
bonne surprise venue de Nashville, Tennessee en la personne de Chrome
Pony, excellent groupe chargé d'assurer la première partie. Entre
blues, rock psyché et garage, Chrome Pony assure un très bon set
avec ce qu'il faut de nerfs mais aussi de passages plus
atmosphériques par la grâce d'un clavier toujours de bon aloi et
d'une guitare aux interventions judicieuses. Un très bon groupe pour
débuter cette soirée.
C'est ensuite Cage
The Elephant qui débarque sur scène, sur la foi d'un excellent
album, probablement le meilleur à ce jour, « Tell me i'm
pretty », et c'est un vent de folie qui s'empare d'un coup du
Trabendo. Cage The Elephant, c'est une tornade et l'une des
meilleures formations sur scène à l'heure actuelle. La sécurité
est rapidement débordée lorsque le guitariste Brad Shultz invite un
jeune slammeur à les rejoindre sur scène avant de présenter ses
excuses au vigile en question (de fait, en dix de rock et
d'interviews, les deux frangins Shultz comptent parmi les personnes
les plus gentilles qu'on a eu la chance de croiser). Le concert
ressemble à un meeting d'athlétisme : saut en hauteur, sprint
le long de la scène et plongeon dans le public ; le tout en
gardant toujours le souffle nécessaire pour chanter, il est fortiche
Matt ! Porté par le public, debout au dessus de la foule, pieds
et torse nus, le chanteur Matthew Shultz est le performer le plus
marquant depuis Iggy Pop ! En formation augmentée ce soir (une
guitare et un clavier supplémentaire) Cage The Elephant poursuit la
mue entamée avec l'album précédent, « Melophobia »,
délaissant peu à peu le grunge des débuts au profit de sonorités
marquées par le blues (le « Cry Baby » d'ouverture), la
pop 60s (« Sweetie Little Jean ») ou le rock psyché
(« Cold cold cold »). Malgré tout, et c'est heureux, le
groupe n'a absolument rien perdu de son feu intérieur,
« Punchin'bag » ou « Portuguese knife fight »
dans une veine marquée par les Stooges sont délivrées avec une
puissance d'exécution qui laisse rêveur. La greffe prend assez bien
avec le public même si les titres les plus acclamés sont ceux des
deux premiers disques (« In one ear », « Back
against the wall », « Aberdeen ») qui, étonnamment,
ne sont jamais sortis officiellement en France, ce qui en dit long
sur la façon dont la musique est consommée de nos jours. Une
tonalité plus acoustique (« Ain't no rest for the wicked »,
« Trouble ») voire mélancolique (« Cigarette
Daydreams ») vient compléter la palette, particulièrement
complète, du groupe. Sur scène Matthew parle peu, ou se contente
entre chaque titre, de répéter la même phrase : « This
song is about love ». En sortant sous la pluie, à la fin du
concert, on se dit qu'on a passé une bonne soirée et on a plutôt
le moral…
Libellés :
Cage The Elephant,
Chrome Pony
dimanche 21 février 2016
Telegram
Telegram. Voilà un
nom de groupe particulièrement nostalgique. De fait à l'écoute du
premier album de ce quatuor Londonien, il y a effectivement un peu de
ça. Comme bien souvent dans le rock, le groupe se réfère aux
années 1970, cette époque glorieuse unanimement considérée comme
l'âge d'or du rock. Mais plutôt que de repomper le passé, Telegram
préfère picorer à droite, à gauche, piquer ses éléments
préférés et faire sa cuisine bien à lui pour finalement proposer
un cocktail original et détonnant. On pense immédiatement au rock
psychédélique (« Under the night time », « Follow »,
« Telegramme »), mais un soupçon de dinguerie
expérimentale (ils sont tous fans de Brian Eno apparemment)
pousserait la chose du côté progressif de l'affaire (« Aeons »,
« Telegramme »). Histoire de corser un peu la recette,
Telegram pimente la sauce de guitares puissantes évoquant le glam
rock. Certains morceaux prennent ainsi la forme d'un assaut sonique
que n'aurait pas renié T Rex (« Taffy come home ») ou
Roxy Music (le guitariste Matt Wood et le bassiste Oli Paget-Moon ont
fait partie de Proxy Music, groupe tribute au combo de Bryan Ferry).
Finalement le disque s'avère plus intemporel que simplement
nostalgique, le groupe dégageant une puissance tout à fait moderne.
Bien écrit, fort en refrains fédérateurs (« Regatta »)
et suffisamment riche en guitares, Telegram a tout pour attirer une
adhésion immédiate. A découvrir.
http://telegram-band.com/samedi 20 février 2016
Birth of Joy : « Get Well »
Album après album,
Birth of Joy affine son identité musicale. D'abord classé comme un
ersatz du rock psychédélique retro, sous influence sixties et
seventies, le trio franchit une nouvelle étape avec ce nouveau
disque, un peu comme si les Hollandais quittaient la sphère
nostalgique pour inventer la psychédélie du 21ème siècle. Les
amateurs de rock ne seront pas déçus, le disque est rempli de
guitares du sol au plafond. Mais le trio innove en incorporant de
nouvelles sonorités à sa palette intégrant des éléments venus du
punk ou du métal stoner tout en gardant intact ses intentions
planantes : une gageure ! Ainsi le trio se fait une
spécialité du coup de chaud musical. Les compositions sont pleines
de surprises, partent dans des directions inattendues, pratiquant un
art consommé de la tension/détente (« Blisters »,
« Meet me at the bottom ») passant d'un couplet planant à
un déluge de guitares sur le refrain. Un petit tour de force qui se
situe quelque part entre Pink Floyd et Nirvana, le trio évoquant
pêle-mêle Hawkwind (de regretté Lemmy) pour le psychédélisme
sonique (« Carabiner ») ou, plus près de nous, les
Comets on Fire pour le mélange punk/psyché. La recette repose sur
deux ingrédients essentiels : d'une part la guitare, bien sûr,
urgente et crade, les lignes sont étonnantes et c'est un véritable
délice pour qui aime la six-cordes. A l'autre bout du spectre, les
claviers et autres orgues incarnent la face planante et délicate
(cf. « Numb ») de Birth of Joy. Située au milieu, la
batterie se charge de dynamiter le tout d'une imparable scansion.
Tellurique (« Midnight Cruise ») et dionysiaque.
vendredi 19 février 2016
The Cult : « Hidden City »
The Cult, survivants
héroïques des années 1980, est de retour avec un nouvel album, le
dixième de leur carrière, et le point final d'une trilogie entamée
en 2007 avec « Born into this » et poursuivie en 2012
avec « Weapon of choice ». Du groupe original, il ne
reste plus que le chanteur Ian Astbury et le guitariste Billy Duffy
et la formule musicale de « La Secte » se résume
aujourd'hui à ces deux ingrédients. La voix de baryton d'Astbury
d'un côté, les guitares grasses et urgentes de Duffy de l'autre
(« Dark energy »). Le reste, la section rythmique et
quelques claviers aussi éparses et discrets, ne sont là que pour
soutenir le duo. En 1987, grâce au fabuleux album « Electric »,
The Cult était apparu comme les sauveurs du rock n'roll, dur et
indomptable. Presque trente années se sont écoulées, et on peut
affirmer sans peine, à l'écoute de ce nouvel effort, qu'il en est
toujours de même aujourd'hui (cf. « Hinterland »). Les
années aidant, le duo a appris le recul et la distanciation (« In
Blood », « Birds of paradise ») ajoutant ainsi de
nouvelles couleurs à sa palette. Quelques influences bluesy
(« GOAT ») viennent ainsi s'ajouter au psychédélisme
(l'album « Love » de 1985) et au hard rock, marottes
habituelles du groupe. Le timbre d'Astbury, désormais grave et
rocailleux, respire le vécu et ses textes en quête de spiritualité,
participent de cette évolution. Un album solide et consistant, une
valeur sûre…
https://twitter.com/officialcultjeudi 18 février 2016
Nathaniel Rateliff & The Night Sweats
Il n'y a pas à dire
mais il y a parfois des petits signes qui nous font bien plaisir et
même chaud au cœur. Il y a quelques jours on a trouvé une raison
toute simple de réjouir en découvrant dans la boîte aux lettre un
cd avec un fameux logo, représentant un claquement de doigts,
« stax » dans le coin en bas à droite qui a fait naître
un sourire sur notre visage. Ainsi donc, la Stax renaît de ses
cendres avec, qui plus est, un excellent album, quoique plus rock
n'roll (ce n'est pas spécialement fait pour nous déplaire) que ceux
sortis naguère par le label, signé Nathaniel Rateliff. D'emblée,
Rateliff se place dans la lignée des grands vocalistes, sa voix,
grave, profonde ou rocailleuse au besoin, est à elle seule le
vecteur de mille émotions. Si le chant est le reflet de l'âme,
alors Rateliff se met littéralement à nu le long de ces onze
plages. De fait, l'écriture de Rateliff trouve sa source dans des
émotions brutes qu'il retranscrit en musique, laquelle prend la
forme d'un exutoire moite et funky (« Shake »). Et c'est
peu dire que l'album est intense, on jurerait que les enceintes
transpirent lorsqu'on écoute le disque. Musicalement la chose se
situe à la croisée des chemins entre soul, gospel (la merveilleuse
« S.O.B. »), teinté de rock n'roll garage au détour
d'une guitare bien sentie (« Thank you »). C'est le genre
d'album, qu'on écoute les pieds dans la boue, où des cuivres
surchauffés croisent le fer avec un piano bastringue (« I've
been failing »), une lap-steel échappée d'un album country
(« Wasting time ») ou une guitare rock au son cradingue
et déglingué (« Look it here », « Shake »).
Et que dire de cet orgue hammond, instrument omniprésent, dont le
souffle chaud nous caresse les oreilles ? L'écoute provoque les
émotions chez l'auditeur, on imagine un pick up poussiéreux,
l'album sent la caillasse, les champs et le soleil de plomb. En dépit
de l'angle éminemment roots, on se gardera bien de parler d'un
quelconque revivalisme ou d'évoquer en l'espèce un énième retour
de seventies, Nathaniel Rateliff se plaçant dans la catégorie des
artistes aux inspirations intemporelles. Quel changement pour un
artiste ayant débuté dans la scène folk ! Notre coup de cœur
de ce début d'année.
En concert dans le
cadre du festival les nuits de l'alligator, le 18/02 à Paris, le
20/02 à Nantes, le 21/02 à Mérignac et le 22/02 à Rouen.
https://twitter.com/nrateliff
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Nathaniel Rateliff & The Night Sweats
mardi 16 février 2016
Beat Mark : « Contemporary is temporary »
Intriguant Julien
Perez ! Dans les derniers mois de 2015 paraissait « Saltos »,
son premier album solo, d'obédience pop, hautement synthétique,
chanté dans la langue de Molière. Le voici de retour au sein de son
groupe Beat Mark, toutes guitares dehors, fougueux et sauvage, soit
l'exact antithèse de son œuvre en solo. De fait, Beat Mark, n'est
pas le genre à s'encombrer d'arrangements alambiqués et
d'instruments exotiques. Non, ici il n'est question que d'énergie et
de saturation, mené tambour battant, quelque part entre le garage
rock étasunien (cf. « Never ending fun ») et le beat
anglais, « Teenage Fever » ; le tout pratiqué avec
un art consommé la déglingue mélodique (« Contemporary is
temporary »). Ce qui n'empêche nullement l'ambition musicale
et les détours vers la pop comme « Together » qui
clôture cet effort sur une note mélodique et planante. Enfin,
placée pile en milieu de programme, « I'm looking forward »
fait figure d’îlot isolé au cœur du disque. Les sept minutes du
morceau en font le titre le plus ambitieux de ce nouvel effort,
s'aventurant sur des terres psychédéliques et hypnotiques à force
de répétition dans une sorte de cavalcade échevelée. Une
excellente formation malheureusement encore trop méconnue.
https://www.facebook.com/beat.mark.1
https://soundcloud.com/beatmark
lundi 15 février 2016
Dirty Deep : « Shotgun Wedding »
A l'époque de ce
premier album, Dirty Deep était ce que l'on appelle un « One
man band », un projet solo où un seul musicien s'occupait de
tout, la guitare sur les genoux, l'harmonica autour du cou et une
grosse caisse de batterie aux pieds pour marquer le tempo. Un peu
comme le Legendary Tiger Man (il semblerait toutefois depuis que
Dirty Deep soit depuis devenu un véritable groupe). Écouter ce
premier album de Dirty Deep, c'est un peu comme se transposer dans le
bayou profond. Il est bien évidemment question de blues, un blues
rêche et pêchu où les guitares crades se taillent la part du lion,
un harmonica bien senti venant agrémenter la chose («Junky green
truck »). Lorsque les décibels sont en sourdine, « Middle
of nowhere », le blues de Dirty Deep devient fantomatique
accompagné d'arpèges acoustiques délicats, de bottelneck et d'un
harmonica aussi fuyant qu'un courant d'air. Un bel album en vérité,
aussi intense et punk dans l'esprit que ceux fomentés dans les
années 1990 par le label Fat Possum (T Model Ford, Junior Kimbrough,
RL Burnside). Ou comment délocaliser en Alsace (oui Dirty Deep est
français) le Delta du Mississippi…
En concert le 26
février à Paris (La Maroquinerie, festival les nuits de
l'Alligator)
dimanche 14 février 2016
George Fest
C'est grâce à
l'impulsion de son fils, Dhani guitariste de grand talent et sosie
vocal de son père, qu'a été organisé ce concert hommage à George
Harrison un soir de septembre 2014 au Fonda Theater de Los Angeles,
la ville où l'ex-Beatles est décédé il y a déjà 15 ans. Avec sa
pléthore d'invités, au CV prestigieux, ce grand raout rappelle le
« Concert for Bangladesh » ordonnancé par le paternel
George en 1971. Compositeur frustré au sein des Beatles,
systématiquement barré par la paire Lennon/McCartney, il était
difficile pour George d'exister au côté de ces deux légendes du
songwriting. Signe de sa frustration, son premier effort en solo, le
magnifique « All things must pass », était un triple
album (du moins en vinyle), vendu dans un coffret ! Et dont,
pour la petite histoire, le morceau titre avait refusé par les Fab
four. Copieux, deux cds et un dvd, George Fest se propose de
réhabiliter le compositeur, trop facilement réduit à « My
guitar gently weeps », qui tournait en boucle sur toutes les
radios au moment de son décès, et qui est d'ailleurs judicieusement
absent de la présente sélection. A la place, Dhani et ses copains
élargissent le spectre à l'ensemble de la carrière de George, des
Beatles (« Something », « Taxman ») à sa
carrière solo (« Wah wah », « Give me love »,
extrait du magnifique « Living in the material world » de
1973 ;« Got my mind set on you » issu du sublime
« Cloud Nine » de 1987) en passant par son autre groupe,
les Traveling Wilburys (« Handle with care »), alliage de
superstars (Bob Dylan, George, Tom Petty, Roy Orbison) essayant de
survivre au cœur des années 1980. Pour rendre hommage à George
point d'ex-Beatles ou d'autres fils d'ex mais un savant alliage entre
légendes vivantes, Brian Wilson (The Beach Boys), Ian Astbury (The Cult), Perry Farrell (Jane's Addiction) et quelques valeurs sûres du
rock US : Britt Daniel (des merveilleux Spoon), Nick Valensi
(The Strokes), Ben Harper. Quelques groupes se sont également
déplacés en formation complète comme les Heartless Basterds, BRMC,
Jamestown Revival ou les Cold war kids. Également présentes, Karen
Elson et Norah Jones assurent, avec beaucoup de talent, la note
féminine et sexy de la soirée. Soulignons enfin pour finir la
prestation pour rire de l'animateur télé Conan O'Brien, qui se sort
d' « Old brown shoe » avec les honneurs et du
comique parodique Weird Al Yankovic, pour une fois sérieux. Le dvd
apporte un bonus conséquent à la bande son, les images permettant
d'apercevoir Brian Bell (Weezer) et Elvis Perkins parmi les musiciens
accompagnateurs ainsi qu'Al Jardine assurant les chœurs auprès de
son Brian Wilson, son ancien compère des Beach Boys. C'est avec
beaucoup de plaisir que l'on redécouvre le répertoire de George à
l'écoute de ces deux cds.
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Dhani Harrison,
George Fest,
George Harrison
samedi 13 février 2016
Milos : « Blackbird – The Beatles album »
Originaire du Monténégro, Milos est un guitariste classique, genre qu'il a revisité lors de ses trois derniers albums. Aujourd'hui, Milos change de genre s'attaquant au répertoire des Beatles, un autre genre de classique, qu'il revisite de ses six cordes en nylon. Comme il l'explique dans le communiqué de presse, c'est en arrivant en Angleterre pour ses études à l'age de 17 ans qu'on lui a demandé d'apprendre l'arrangement de « Yesterday » (que l'on retrouve d'ailleurs sur ce disque). Un nouveau monde venait de s'ouvrir à lui. En compagnie de quelques invités en charge des parties vocales, Tori Amos, le soulman jazz Gregory Porter dans un genre très différent de ce qu'il a fait auparavant, Milos s'est enfermé à Abbey Road afin d'enregistrer sur les micros d'origine. Le musicien rend ainsi hommage au fab four sur un mode acoustique, intimiste et majoritairement instrumental. Cela marche particulièrement bien sur « Fool on the hill » qui se pare d'un arrangement de cordes apportant une note mélancolique alors que « While my guitar gently weeps » se retrouve radicalement métamorphosée. Notons également la participation d'Anoushka Shankar dont le sitar transforme « Lucy in the sky » en mantra indien. Un bel album, mélodique et délicat, à écouter au coin du feu les longues soirées d'hiver.
mercredi 10 février 2016
Secret Lie : « Beautiful wild rose »
Originaire du
Portugal, Secret Lie débarque avec un album de rock gothique
délicatement ourlé. Les guitares sont savamment muselées au profit
d'arrangements de cordes plongeant l'auditeur dans une douce
mélancolie (« Beautiful wild rose »). L'écrin est idéal
pour les impressionnantes vocalises de la chanteuse Sara Madeira,
seulement 18 ans et déjà une voix profonde et assurée. En
choisissant un angle d'écriture délibérément pop et mélodique,
richement arrangé, au détriment de l'assaut sonique généralement
pratiqué ailleurs, et mettant en avant des instruments autres que la
guitare (le piano de « Black Butterflies », magnifique,
les cordes, les nappes synthétiques), Secret Lie nous propose un
album, comme on n'en fait plus depuis au moins 25 ans, propice aux
rêveries automnales. Le disque contient son quota de rock nécessaire
grâce à quelques titres plus musclés en guitares (« Filling
Spaces », « Blackout »), plus proches du métal, à
l'agressivité maîtrisée, et toujours avec cet aspect mélodique
mis en avant ; un peu comme Lacuna Coil savait le faire naguère.
La référence avec le combo Italien n'est pas innocente, le groupe
jouant, sans ostentation heureusement, avec les codes du néo-métal
et les duos masculins/féminins (« Blackout »). Avec ce
bel album sous le bras, Secret Lie s'est déjà taillé un joli
succès d'estime au Portugal.
https://twitter.com/1SecretLiemardi 9 février 2016
Lonely Walk : « Teen »
Originaire de
Bordeaux, Lonely Walk débarque avec un deuxième album dont on n'a
pas fini de faire le tour. « Teen », c'est le genre de
disque qui vous prend à la gorge. Comme ça, sans prévenir, ni coup
férir. Sombre, oppressant, « Teen » aurait fait bonne
figure au milieu de la scène blafarde des années 1980, entre
guitare post punk, beat obsédant (« Burial Tomb ») et
synthés trempés dans l'acide lysergique (« Rosie »). Et
puis il y a la voix, blanche, étrangement (dés)incarnée, détachée,
sur un ton a déclamer la fin du monde. Avec cette album, Lonely Walk
se place au croisement de plusieurs styles, pratiquant un songwriting
pop oblique et vicieux (« Pretty good thing ») mâtiné
de guitares garage (« Licked by the flames ») dans une
ambiance apocalyptique post-industrielle. Incarnant l'envers du
psychédélisme, son négatif noir, Lonely Walk nous livre un grand
disque, au flash aussi puissant qu'un néon blanc.
https://www.facebook.com/LonelyWalkband/lundi 8 février 2016
Martin Courtney : « Many Moons »
Martin Courtney,
leader de Real Estate, fait un petit pas de côté dans sa carrière
avec ce premier effort en solo. « Many moons » est un
album comme il en tombe un par décennie, un disque qui, tel un
poison insidieux, s'installe dans les oreilles de l'auditeur pour ne
plus le quitter. Alors, certes, il n'y a rien de révolutionnaire
ici, des guitares, folk ou électriques, doucement arpégées, une
section rythmique, quelques claviers pour enrober la chose, évoquer
le fantôme des Beatles (« Northern Highway ») ou la
scène psyché (« Asleep »). Mais on oublie là l'essentiel :
les chansons. Des petites merveilles pop acoustiques, doucement
électrifiées, avec un savoir faire mélodique évident, dont on
s'étonne encore de les découvrir pour la première fois tant elles
nous semblent familières (« Focus »). Derrière ses
atours simples et modestes, « Many moons » est un disque
tortueux qui réussit l'exploit de ne jamais se perdre en route. La
balance parfaite entre immédiateté et couloirs mélodiques
labyrinthiques (« Airport Bar »). Avec sa jolie pochette
automnale, Martin Courtney nous offre un disque hors-saison, que l'on
prend plaisir à écouter, quelle que soit la lune, et vers lequel on
revient toujours en quête d'apaisement. Le natif du New Jersey
s'inscrit ici dans une lignée qui partirait de Nick Drake, pour la
mélancolie (l'instrumental « Many Moons »), à Big Star
pour le sens mélodique. Contrairement à d'autres, Martin Courtney
ne cherche pas particulièrement la caution vintage, cette dernière
vient toute seule, la qualité des compositions inscrivant derechef
ces dernières dans la catégorie des classiques instantanés.
https://fr-fr.facebook.com/iammciv/dimanche 7 février 2016
Kula Shaker : « K 2.0 »
Silencieux depuis
2010, Kula Shaker est de retour avec un nouvel effort, « K
2.0 », vingt ans après un premier album déjà intitulé
« K ». Dans les années 1990, le groupe avait cassé la
baraque ouvrant une brèche psychédélique béante au beau milieu de
la vague britpop à laquelle ils n'ont jamais vraiment appartenu.
Toujours marqué par le son des années 1960 (« Holy flame »,
fantastique) la clique de Crispian Mills n'évite pas un certain
nombre de clichés, le sitar d' « Infinite Sun » qui
ouvre le disque, comme pour mieux solder le passé avant de s'ouvrir
à de nouveaux horizons marqué par le blues, le folk (« 33
Crows ») ou des sonorités baroques inspirées des Doors
reprenant Brecht (« Death of democracy ») ou Bowie
(« Here come my demons »). Plaisant.
samedi 6 février 2016
Festival au fil des voix : Matt Elliott+Gabby Young and Other Animals, l'Alhambra, 5 février 2016.
Pour sa deuxième
soirée, le festival au fil des voix nous offre une programmation so
british. On commence avec Matt Elliott, un pionnier de la drum&bass
sous le nom de Third Eye Foundation, méconnaissable depuis sa
transformation en chanteur folk il y a une douzaine d'années.
Sagement assis derrière son instrument à cordes de nylon, Matt, tel
un artiste, peint une impressionnante toile sonore. Orfèvre de
l'arpège, ses cordes délicatement pincées, partent dans
d'impressionnantes arabesques sonores avant-gardistes et
expérimentales, convoquant à l'occasion Leonard Cohen. La flûte
apporte une note étrangement surannée. Le musicien n'est absolument
pas effrayé par la durée, régulièrement ses titres dépassent les
dix minutes. La transposition sur scène de ce genre de musique
atmosphérique n'est jamais évidente. Cependant, le résultat sonne
absolument fascinant à nos oreilles, pour peu que l'on soit disposé
à lui accorder l'attention qu'il mérite.
Changement radical
d'ambiance par la suite avec l'arrivée, telle une tornade, du
cabaret / swing /art déco / steampunk de Gabby Young et de son
groupe Other Animals. Le batteur se présente seul sur scène pour un
long solo de batterie en guise d'introduction. On se croirait dans
Whiplash ! Puis le reste de la troupe arrive contrebasse,
guitare acoustique et accordéon. Et c'est parti pour un grand moment
festif à base de jazz swing, les années folles ne sont jamais bien
loin, mâtiné d'influences balkanique et de western spaghetti. La
troupe de saltimbanques n'a pas son pareil pour mettre le public dans
l'ambiance, la grande farandole autour des fauteuils en plein « I've
improved » restera dans nos mémoires ! La charmante
Gabby, ses cheveux rouges et son kazoo en plastique nous ont offert
un grand moment de partage collectif, bonne humeur assurée !
Mais la belle sait aussi atteindre une corde sensible lorsque le
swing se calme. Elle est déjà une grande star en Grande Bretagne,
espérons qu'elle rencontrera le même succès en France où vit son
frère, présent dans la salle et d'ailleurs mis à contribution au
cours du spectacle. C'était chouette.
http://www.aufildesvoix.com/paris2016/https://fr-fr.facebook.com/GabbyYoungandOtherAnimals/
http://www.gabbyyoung.com/
http://www.thirdeyefoundation.com/
https://www.facebook.com/mattelliottmusic
vendredi 5 février 2016
Shoefiti : "From dusk till dawn"
Le nouveau clip magnifique, dessiné par l'artiste Elodie Boutry, illustre à merveille le rock indé aux effluves 90s de Shoefiti. Poétique, nostalgique, le clip de From dusk till dawn (qui ouvrira Coriolis, le futur album du groupe) a la saveur de nos cahiers d'écoliers de naguère...
mercredi 3 février 2016
Classique Relaxant
On le tient acquis
depuis ce fameux jour où notre ancien moniteur de conduite a, dès
potron-minet, eu la riche idée de brancher l'autoradio du véhicule
sur radio classique afin de détendre l'auteur de ces lignes, peu
habitué à l'époque à être installé derrière un volant. On le
tient donc pour acquis : la musique adoucit les mœurs. L'effet
a été immédiat et c'est une véritable sensation physique de paix
intérieure que l'on a ressenti sous la cascade des descentes de
cordes de l'orchestre. Mettre en avant les vertus curatives et
apaisantes de la musique, c'est la ligne éditoriale choisi par les
responsables de cette nouvelle compilation. La chose est roborative
et on ne compte pas moins de quarante pistes reparties sur deux cds.
Quelque grands noms incontournables du répertoire classique sont
bien évidemment au programme : Beethoven, Debussy, Vivaldi,
Bach, Ravel ou bien encore Erik Satie. Mais le disque ne se contente
pas de compiler les compositions classiques, quitte à faire mentir
son titre, pour également aller piocher dans la musique de film
orchestrale. C'est ainsi que l'on retrouve différents compositeurs
hollywoodiens tels qu'Ennio Morricone, Alan Silvestri ou Hans Zimmer.
Plus étonnant encore, le spectre est même élargi au domaine de la
pop et on retrouve des chansons de John Lennon, Massive Attack ou
London Grammar, réarrangés dans des versions instrumentales,
souvent au piano. Enfin, pour compléter l'expérience, le livret
propose plusieurs pages à colorier soi-même prolongeant ainsi sur
un nouveau médium cette mini art thérapie.
mardi 2 février 2016
Her Magic Wand : « Everything at once »
Everything at once,
tout en une seule fois. Tel pourrait être le credo de Her Magic Wand
(a.k.a Charles Braud) tant la diversité est au cœur de sa musique.
Commençons par préciser que Charles est un geek des années 1990
qui a utilisé la même boîte à rythmes que les Smashing Pumpkins
(celle de « 1979 »), ou le module de sons orchestraux des
Flaming Lips (celle de « The Soft Bulletin ») pour
enregistrer son premier album. Voyez le genre ? Et bien,
oubliez ! Car toutes les madeleines de Proust rock qui parsème
son album, Charles les transforme, modifie, pour obtenir un résultat
singulier bien éloigné d'un quelconque (et énième) revivalisme
nostalgique. En effet, « Everything at once » n'est pas
vraiment un album rock. Cela y ressemble parfois au détour d'un
éclair de guitare aussi inspiré que fulgurant (« Mistakes »,
« Drowned into it », « DQ01 ») mais
l'essentiel de la partition se joue ailleurs. Nostalgique mais
l'esprit tourné vers le présent (voire l'avenir) Charles conjugue
les musiques électroniques sur un mode dream pop ("Blank memory track"). On parlerait
plutôt de dynamisme rock, réduit à une pulsation, celle qui anime
sa musique bien loin de tomber dans des clichés planants. Le
résultat étonne, désarçonne et bouscule à l'occasion les
oreilles de l'auditeur. Mais l'album est tellement riche qu'il mérite
bien que l'on s'y arrête un peu. Tout au long de ces onze plages, Her Magic Wand invente une nouvelle saison musicale où les feuilles seraient bleues comme sur la pochette...
http://www.hermagicwand.com/lundi 1 février 2016
Candide : « Refrains étranges »
De retour sur ses
terres nordistes, Candide nous revient avec un nouvel effort,
enregistré pour la première fois en compagnie d'un groupe et non
plus en duo avec un batteur. En conséquence l'artiste élargit
considérablement sa palette tout en restant fidèle à ce qui fait
dorénavant sa « patte ». On retrouve ainsi avec plaisir
cet univers unique entre rock anglo-saxon et chanson française,
Serge Gainsbourg ou William Sheller qu'il reprend d'ailleurs sur ce
nouveau disque, mais agrémenté de nouvelles nuances. Et c'est
peut-être là finalement que se cachent ces fameux refrains
étranges, dans la multitude de couleurs ici déployées, du folk
teinté de country (« Le chat et la souris »), au blues
en français au texte malin (« Manon ») en passant par le
rock psychédélique (l'instrumental « L'homme imparfait »,
« Say hello to the trees » aux accents velvetiens, « Fier
et fou de vous », "Ou monde s'en va"). Une autre nouveauté, peut-être un peu
moins heureuse, est l'adoption de l'anglais sur deux titres (« Say
hello to the trees », la Beatles « Little dog »).
Si l'artiste s'en sort honorablement, il perd son originalité au
passage. C'est un peu dommage, Candide écrivant des textes de grande
qualité dans sa langue maternelle, « La plage de l'éléphant »,
évocation nostalgique des vacances enfantines, touchant ainsi une
corde sensible qu'il est très compliqué d'atteindre dans une autre
langue. Ces petites réserves mises à part, c'est avec grand plaisir
que l'on écoute ce nouveau disque qui ravira les nostalgiques du
rock des années 60/70.
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