jeudi 26 février 2015

Black Strobe + Sarah McCoy, Les nuits de l'Alligator, La Maroquinerie, 25 février 2015.

Black Strobe


Festival attachant, les nuits de l'alligator fête cette année son dixième anniversaire avec une programmation tournant autour des musiques terriennes, souvent étasuniennes, de la country au rock n'roll. Et bien sur le blues, la musique du diable, qui apparaît en filigramme, le genre étant abordé de manière transversale suivant une ligne éditoriale pointue réservant de nombreuses surprises et autres découvertes.

Et puisque on parle de découvertes, on en a fait une belle en ce mercredi soir avec Sarah McCoy. En provenance directe de la Nouvelle-Orléans, elle se produit au piano, majoritairement en solo, la deuxième musicienne, préposée au xylophone, passant le plus clair de son temps à souffler des bulles de savon. D'apparence pour le moins classique, la musique de Sarah McCoy est cependant loin d'être lisse. Sarah McCoy s'est tout d'abord une présence imposante derrière le piano droit et une voix puissante, un coffre digne d'un blues shooter, dont le charme réside dans les aspérités. C'est aussi une sacrée personnalité, qui planque sa bouteille de vin au pied du piano, dont elle s'abreuve directement au goulot. Avec beaucoup d'humour et de charisme, Sarah distille ses histoires entre deux morceaux, on imagine une vie de bohème derrière les accords plaqués au piano avec virtuosité. Jamais la Maroquinerie n'avait autant ressemblé à un rade de Bourbon Street. La performance du soir, un peu courte, se termine par une chanson à la guitare folk jouée en accrobate, Sarah sur le dos soutenant avec ses jambes la deuxième musicienne, en équilibre précaire avec son xylophone. Un exploit vain et inutile, puisque de toute manière la majorité des spectateur ne voit absolument rien...

On change radicalement d'ambiance par la suite avec Black Strobe, le groupe électro/rock/blues mené par le géant Arnaud Rebotini. Le quatuor a redécoré la maroquinerie avec un grand rideau sombre dans le fond de la scène et un miroir en pied au milieu. Un projecteur placé au plafond, diffusant une lumière blanche et verticale complète le dispositif. Tournant le dos au public et placé devant le miroir, l'éclairage âpre donne une allure christique à Rebotini, jamais avare d'une métaphore religieuse (« Burn your own church », « Godforsaken roads », « Someone gave me religion »...), au milieu de « Folsom prison », la reprise de Johnny Cash. Situé au confluent de plusieurs influences, on détecte chez Black Strobe un peu de métal (le terrifiant instrumental « Black Metal »), du blues (« House of good lovin' », « Boogie in zero gravity ») et de l'électro grâce aux synthés vintage (« Shining bright star »). Le groupe innove terminant son set dans une version rock classique (guitare, basse, batterie) avec « I'm a man », la reprise de Bo Diddley enquillée avec « Baby please don't go ». Même en version « rock », les rythmes restent marqués par un martèlement techno/discoïde trahissant le passé électronique de Rebotini. Le batteur, au son très mat, se révèle fin et inventif, grâce à l'utilisation de nombreuses cloches, assurant le swing (« House of good lovin ») avec beaucoup de souplesse mais aussi une force de frappe brute impressionnante dès que nécessaire (« Shining bright star »). Pour finir, signalons dans les rappels l'assez rare « Girl from the bayou »). Une prestation solide grâce au charisme de Rebotini.


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