Au début était notre bon vieux rock. Puis, au gré de mutations diverses est arrivé l’électro. Logiquement, les deux en sont venus à s’accoupler ce qui a donné naissance à l’électro-rock. Et sur ces entrefaites est arrivé I am un chien. Et là on se retrouve sans voix, sans mot pour décrire l’ampleur de l’onde de choc. Un groupe qui se réclame à la fois d’At the drive-in et The Prodigy forcément ça fait du bruit. C’est même encore plus que cela, I am un chien porte le boucan à un étage supérieur. A ce niveau là, ça devient un art. Tout est énorme, les beats, les guitares… Le meilleur titre est probablement « Pain of a broken glass » qui ne lorgne pas du côté du rock qui tâche mais plutôt en direction du hip-hop flow et breakbeat à l’appui. C’est surtout le morceau au tempo le plus lent. Les oreilles averties et les cœurs bien accrochés vont adorer…
dimanche 28 novembre 2010
Dagoba : Poséidon
Avec leur quatrième album, intitulé Poséidon, les marseillais de Dagoba renouent avec un métal au souffle épique présent tout au long du disque, de l’intro instrumentale aux (rares) soli de guitares en passant par les nappes synthétiques qui enveloppent certaines de leurs compositions. Cet effort porté au son leur permet de retrouver un peu des productions des années 80 qu’ils mélangent avec des éléments plus modernes, dans les rythmiques et les arrangements qui lorgnent, légèrement il est vrai, du côté de l’électro. Ca leur permet également d’apporter un peu de mélodie et de distanciation avec l’agressivité inhérente au genre d’autant que certains passages sont réellement chantés. Agressivité qu’ils n’ont cependant pas quittée, présente dans la voix gutturale du chanteur, dans le martèlement des rythmiques et enfin dans les guitares bien sur au son énorme. Notons également le très exotique et amusant instrumental de mi-album aux sonorités asiatiques qui sonne comme la bande originale d’un vieux film en costumes. Pour résumer, un album ambitieux et très bien produit, les amateurs du genre seront ravis.
samedi 27 novembre 2010
CAUSE
Quatuor venu de Lyon, Cause sort son deuxième album. Un opus, plutôt sombre, éponyme d’un groupe engagé comme en témoigne le titre « pétrodollar ». Le groupe a indéniablement des qualités musicales, les guitares de Thierry Chadebec se font soit énormes soit mélodiques (les arpèges de « Météore »). Les rythmiques sont dynamiques grâce à l’excellente section composée du batteur Vincent Nizet et du bassiste Raoul. L’utilisation d’un oscillateur analogique par le chanteur Jérôme Nizet leur donne une touche originale à la fois électro et désuète. L’album compte son lot de petites bombes et de titres accrocheurs (« Interférence » tour de force rythmique). Malheureusement, le groupe a du mal à se débarrasser de l’ombre envahissante de Noir Désir, auquel on pense régulièrement à l’écoute de l’album, dans la voix du chanteur et dans l’écriture. Mais en même temps, c’est tout le rock en français qui ferait bien de se débarrasser de l’ombre envahissante de Noir Désir… Mais le plus gros problème de ce disque c’est sa longueur et ce dernier aurait franchement gagné à être plus court. Le dernier titre « Revivre » s’étend sur plus de 18 minutes dont un final interminable sur fond électro qui fait bip bip sans que l’on comprenne très bien l’intérêt musical de la chose… Enfin le groupe s’engage d’un point de vue politique et dénonce. Très bien, parfait, c’est absolument respectable (voire salutaire) et il n’est pas possible de critiquer cela. Mais en même temps c’est toute l’ambiance de l’album qui se retrouve sérieusement plombée. « Nous ne sommes plus dans l’insouciance » clame la bio du groupe. Cela s’entend et même un petit peu trop et c’est franchement dommage. On ne pourrait que leur conseiller d’essayer, au moins une fois, une chanson qui donne envie de sourire… Mais il est vrai que notre monde ne nous donne pas toujours l’occasion de sourire...
vendredi 26 novembre 2010
LOVE AMONGST RUIN
Steve Hewitt ne sera finalement pas resté inactif très longtemps. Batteur de Placebo depuis 1996, Hewitt a quitté le groupe le 21 septembre 2007 afin de se réinventer totalement sous un jour inédit. Son nouveau projet, un groupe nommé LOVE AMONGST RUIN, le voit batteur, bien sur, mais également chanteur et auteur-compositeur. Hewitt a également joué de la basse, de la guitare et du piano sur l’album formant (presque) un groupe à lui tout seul. Sur ce premier opus, Hewitt donne l’impression de se chercher un peu, de son propre aveu, il n’avait jamais écrit, composé ou chanté quoi que ce soit avant. De fait l’album varie, avec bonheur, les influences et les climats. Si les guitares de la première plage « So Sad » laissent augurer d’un opus pop-rock musclé, tendance Foo Fighters, les titres « Heaven & Hell », « Away from me » et « Come on say it » apportent un contrepoint intéressant. Plus atmosphériques, ces dernières délaissent un peu les guitares au profit des nappes synthétiques et hypnotiques qui rappellent plutôt les Cure ou Depeche Mode (« Truth »). « Blood and Earth » le voit se frotter au métal et la ballade au piano « Love Song » le montre sous un jour plus romantique. La voix de Hewitt constitue une autre surprise. Mélodique, il parvient à susurrer ses textes mais est également capable de forcer le ton sur les titres les plus durs. Un album assez équilibré donc, entre hard-rock et new wave. Pour une première c’est une réussite, attendue vu le CV du principal intéressé, nettement plus convaincante que le dernier album en date de Placebo auquel cet effort ne manquera pas d’être comparé.
www.myspace.com/loveamongstruin
jeudi 25 novembre 2010
Charles Pasi, Le China, 24 novembre 2010.
Affluence des grands soirs au China qui accueille Charles Pasi en ce mercredi soir. D’après les échos recueillis, ce sympathique petit club n’avait jamais vu une telle foule. Aussi, la légende qui veut que l’on passe nos vies en carré VIP en prend un petit coup dans l’aile. En effet, c’est assis sur une marche minuscule et aux premières loges pour assister au ballet des allées et venus dans la salle que l’on a assisté au spectacle. Tout ceci est de bonne augure pour Charles Pasi qui est à l’orée de sa carrière. Et il le mérite bien. Car bien qu’un peu intimidé, « c’est plus difficile que d’habitude, la famille et les amis sont là, ça me fait drôle qu’ils viennent me voir au boulot », Mister Pasi et sa bande s’y entendent comme pas deux pour faire monter l’ambiance et se mettre le public dans la poche, grâce au charisme ravageur du leader. Le groupe est composé de quatre membres, un bassiste le pied sur le tambourin, la batterie, la guitare et Charles au chant et à l’harmonica. Ils sont à l’aise dans tous les styles où presque. Le blues bien sur, qu’ils pratiquent de manière énergique. Une sorte de blues gai et joyeux qui donne irrésistiblement l’envie de bouger (ou du moins de balancer la tête en rythme quand on est tassés comme ce soir). Cette vague d’optimisme sait aussi ménager des plages pour l’émotion, comme sur « Farewell my love » ou « Dream a little dream of me » toutes deux découvertes sur l’EP. Car Charles excelle aussi dans le registre du crooner jazzy. Grâce à une pédale wha-wha branchée sur son micro, Charles tire des sonorités funky de son harmonica (« Better with butter »). Enfin, soutenu par une section rythmique pleine de swing, le batteur est aussi à l’aise baguettes en mains que derrière une calebasse (une percussion africaine fabriquée à partir d’une coquille de fruit vide), et un guitariste au solis imaginatifs, le groupe est capable de tenir des tempos délirants quasiment rocks. Emotion et rythme, tous les ingrédients sont finalement réunis pour une soirée réussie.
lundi 22 novembre 2010
Aaron Thomas : « Made of wood »
Grand voyageur devant l’éternel, Aaron Thomas est né en Australie avant de mettre le cap vers l’Ukraine, Los Angeles et finalement Madrid où il a élu domicile. Après un premier effort, « Made of Wood » est son nouvel et deuxième album. « Made of wood », fait de bois, est un titre particulièrement bien trouvé pour cet opus où les pop songs d’Aaron sentent les effluves boisées des guitares sèches, pianos et violons chères à la folk music. Un album entre folk et pop donc évoquant tantôt l’intimité d’un Nick Drake, tantôt des aspirations à la Beatles. Preuve de sa parfaite adaptation à son nouvel environnement, les compositions d’Aaron se parent ça et là d’atours latins, que ce soit les cuivres « Ghosts in your appartement » où les guitares acoustiques pleines de swing de «The family tree ». Car le jazz fait aussi parti de l’univers sonore d’Aaron, une contrebasse ici, une ligne de piano où un break de batterie là nous le rappelle avec beaucoup d’à-propos. A l’image de l’oiseau représenté sur la pochette, Aaron Thomas est doté d’une voix de tête légère, on pense parfois au regretté Jeff Buckley (le petit bijou « Icking & Tocking »), qui donne l’impression de pouvoir s’envoler à tout moment. Seule « Black Umbrella », à la guitare électrique et au tempo enlevé, laisse également apercevoir le potentiel rock d’Aaron. Sinon pour le reste tout est soyeux dans cet album soigné et délicat, dont l’écoute est particulièrement agréable en début de soirée.
www.myspace.com/aaronthomasband
dimanche 21 novembre 2010
Detroit 7 + The Bellrays, La Machine du Moulin Rouge, 19 novembre 2010.
Dans la foulée de leur nouvel, et excellent, album Black Lightning, les Bellrays étaient de retour sur une scène parisienne vendredi dernier.
On commence avec les japonais de Detroit 7 qui ont assuré la première partie. Un bassiste, une batteuse et une chanteuse guitariste qui ont plongé La Machine dans le chaos. Moi qui d’ordinaire suis plutôt amateur de ce genre de groupe foutraque, je dois avouer que sur ce coup là je suis tombé sur plus fort que moi. Les batteries partent à fond la caisse et la guitare, une jolie jazzmaster au demeurant, est à l’avenant. La charmante guitariste gauchère, qui fait beaucoup d’efforts pour parler français, possède un poignet hyper véloce et hurle plus qu’elle ne chante. Il y a des moments ou la formule passe bien, comme sur la reprise de « Louie, Louie » ou sur quelques morceaux chantés en japonais mais sinon c’est vraiment trop le bordel et, surtout, cela manque de compositions. De la fougue, certes, mais à quel service ???
On aura pas vraiment le temps de trouver une réponse que les Bellrays, nouvelle formule, font leur entrée sur scène avec un « You’re sorry now » fracassant. Un groupe au line-up rénové par une toute nouvelle section rythmique autour de la, toujours sublime, voix de Lisa Kekaula et du guitariste Robert Vennum, qui a passé la soirée à réinterpréter de façon personnelle le duck walk cher à Chuck Berry. Exit donc le, pourtant exceptionnel, batteur Craig Waters et le bassiste Billy Mohler, qui ne sera resté que le temps de l’album « Hard Sweet and Sticky », partis rejoindre Tony Fate, Eric Allgood et Ray Chin dans le grand cercle des Bellrays disparus… Concernant le bassiste, je dois avouer être saisi d’un doute car ce nouveau bassiste, Justin Andres, ressemble comme deux gouttes d’eau à son prédécesseur. Est-ce les Bellrays qui ont un nouveau bassiste ou ce bassiste qui a un nouveau nom ? (ceux qui ont un quelconque indice peuvent m’écrire). Le nouveau batteur, Stefan Litrownik est très bon, voire excellent, mais n’a pas la petite étincelle de Craig Waters qui était capable de groover, de swinguer tout en gardant une force de frappe exceptionnelle de vélocité. Le nouveau accompagne le groupe sans fausse note, tout en puissance. Toute la différence entre un musicien compétent et un instrumentiste de génie se trouve là... A mon sens, les Bellrays ont perdu au change… Ce qui toutefois ne les a pas empêché de livrer un concert de folie parti le pied au plancher et n’a jamais ralenti. A peine une pause entre deux titres, le tout s’enchaîne sans temps mort. Pratiquement tout le nouvel album a été joué, y compris la sublime ballade soul « Sun comes down » avec une longue intro à la guitare wha-wha. A ces nouveaux titres s’ajoutent quelques inédits et des classiques tels que « Infection », « One big party », « Fire next time » et « Blues for Godzilla » en guise de bouquet final. Hélas pas de « Tell a lie » ce coup-ci, dommage. Au final une belle soirée entre soul et rock furieux.
jeudi 18 novembre 2010
Slow Joe & The Ginger Accident
mercredi 17 novembre 2010
Spoon, L’Elysée-Montmartre, 15 novembre 2010.
Alors que je gravis les marches vers l’Elysée-Montmartre une étrange impression de nostalgie m’étreint. Je n’étais pas revenu dans cette salle depuis un concert d’Allen Toussaint il y a deux ans et c’est seulement ma troisième visite dans ces lieux en quatre ans. Je repense alors à tous les concerts vu ici depuis les années 90, à ces musiciens vu ici et décédés depuis à l’instar de Mark Sandman, feu leader de Morphine. J’ai soudainement conscience du temps qui passe. Je repense aux débuts de ce blog, à l’époque où je ne chroniquais que ce qui me plaisait et ce que moi j’avais envie d’écouter. Attention, je ne me plains pas, mais j’ai l’impression d’avoir le doigt dans un engrenage, sollicitations après sollicitations, j’en suis arrivé à produire de la copie sur les disques qu’on a la gentillesse de bien vouloir me confier et pas forcément sur ce que moi j’ai envie d’écrire. Ainsi en presque quatre ans d’existence (en janvier prochain) je réalise que je n’ai jamais fait un post sur Spoon, pourtant l’un de mes groupes préférés, tout simplement par ce que l’occasion ne s’est jamais vraiment présentée. A peine ai-je eu le temps d’évoquer au détour d’une ligne ici où là l’admiration que je leur porte. Même pas eu le temps d’écouter le dernier album, « Transference », c’est dire… Alors autant profiter de leur, très rare et souvent en première partie de quelqu’un d’autre, passage parisien. D’autant que, sauf erreur de ma part, il s’agit de leur premier concert en tête d’affiche par chez nous. Spoon donc, quartet originaire d’Austin, Texas, formé en 1994 et dans lequel on retrouve le chanteur et guitariste Britt Daniel, le batteur Jim Eno, le pianiste Eric Harvey et le bassiste Rob Pope. Spoon joue peu ou, plus exactement, toujours à bon escient. Leurs compositions reposent sur une basse énorme sur laquelle se greffe une batterie au son mat et feutré. Des titres entiers sont joués sans que Jim Eno n’effleure ses cymbales, alors que lorsqu’il se décide à les utiliser, cela clashe ! En revanche, ils aiment beaucoup les maracas dont ils sont assez friands. La-dessus, le guitariste Britt Daniel développe un style particulièrement sec. Les mélodies sont composées de lignes de guitares ou de claviers simples, répétitives, hypnotiques et envoûtantes. Chose à la limite incroyable, le groupe réussit à produire une espèce de groove improbable, vu le contexte, peut-être l’héritage des beats disco et du reggae que l’on perçoit de temps en temps, comme en filigrane, chez eux. En résumé un groupe essentiellement rythmique. D’une certaine manière étrangement dansant. Et qui par conséquent fait un carton sur scène.
mardi 16 novembre 2010
dimanche 14 novembre 2010
James Vincent McMorrow
Composé d’extraits d’un album qui sortira le 28 février 2011, ce premier EP éponyme nous fait découvrir le jeune songwriter James Vincent McMorrow qui est déjà une star (n°1 au top album) dans son Irlande natale. Quatre titres mélodiques teintés d’arpèges folk, peut-être l’héritage de Van Morrisson… Cet effort est marqué par un certain cérémonial, les tempos sont en général assez lents, la surprenante voix de tête est par moment chargée d’écho, le tout baigne dans une ambiance délicate et fragile. Les nappes d’orgues participent aussi à ce climat intime. A écouter le soir au coin du feu…
http://jamesvincentmcmorrow.believeband.com/
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Slide on Venus
Les amateurs de power pop vont avoir de quoi se réjouir à l’écoute du maxi de Slide On Venus, quatuor originaire de Besançon. Musclé, carré et puissant, ces derniers se posent dans la droite lignée de groupes tels que Weezer ou les Foo Fighters. Un groupe qui place l’énergie et les guitares au premier plan donc mais n’en oublie pas autant les mélodies comme le prouve les jolis arpèges au milieu de « House of Cards » et au début d’ « Aurora ». Ce n’est rien de le dire, mais la dépense d’énergie est maximale du début à la fin (ce qui promet des concerts explosifs) de ces cinq titres, bien servis par une section rythmique en béton armé et la voix d’Alban qui scande avec conviction. Que ces quatre là glissent à toute allure, cela ne fait aucun doute, en direction de Venus, peut-être, mais plus certainement vers le paradis des oreilles…
Interview Kaolin
Quand j’ai su que j’allais vous avoir en interview, j’ai fouillé dans ma discothèque et j’ai retrouvé votre tout premier maxi « Bienvenue dans les Criques », sorti en 1999…
Kaolin (les yeux ronds comme des soucoupes) : Ouuhhh !!! Aahhhh !!! Yeah !!! Bien !!!! Tu sais qu’il est collector celui-là maintenant ! (le cd passe de mains en mains) Nous on ne doit même plus en avoir ! Mais tu sais j’ai vu deux trois sites sur internet qui le vendent. Ca vaut plus de 1000 euros sur ebay ! Euh non c’est des roubles, 2000 roubles !
Je l’ai acheté à l’Elysée-Montmartre après la première partie d’Eiffel…
Kaolin : Ah ouais !!!! Ca ne nous rajeunit pas !!!!
Il y a un détail qui m’a frappé. Sur la pochette il est indiqué : « enregistré et mixé en une seule journée »…
Kaolin : Oui c’est vrai. Mais bon c’était sport ! De toute façon on a investi tout l’argent dont on disposait. Soit on finissait à la fin de la journée, soit… (la fin de la phrase reste en suspension). Et puis il n’y avait pas pro-tools. Nous on n’avait que des cassettes avec des petites bandes pour enregistrer chez nous. Rien que pour revenir au début de la bande tu as cramé ta journée. On osait quand même, la police en jaune et tout (sifflements). Et deux instrumentaux à la suite en plus ! On n’avait pas peur de la mort !!! Et t’as vu l’adresse internet de l’époque (www.multimania.com/weezerandco). C’était un gars, Olivier, qui avait bien voulu faire ça. On s’était rencontré sur un forum, on était fans des weezer. Et je lui avais fait écouter nos morceaux et on lui avait proposé de s’occuper de nous sur le net. C’était très rare les sites internet à l’époque. Très, très rare. C’était vachement bien, on était très content !
Vous avez parcouru pas mal de chemin depuis…
Kaolin : Oh oui…
Vous êtes fiers du groupe que vous êtes devenu ?
Kaolin : Très ! On est encore là ! Ca fait pas mal d’interview qu’on fait et on se rend compte qu’il n’y a pas beaucoup de groupes de 1999 qui existent encore. Il y a un écrémage… On est des dinosaures… Jurassic rock !
Et justement puisqu’on en parle, il y a quelques années Daisybox s’est séparé, simplement en disant : « Aujourd’hui on est fatigués ». Est-ce que c’est quelque chose que vous comprenez ? Est-ce que cela vous fait peur ?
Kaolin : On les connaissait un petit peu. On a joué avec eux. Ils ont essayé beaucoup de choses pour faire passer leur musique et sans aucune reconnaissance et ça les a décimés. C’était un groupe qui mettait beaucoup d’énergie pour se promouvoir eux-mêmes sans avoir rencontré le succès qu’ils auraient du avoir. Et comme ils ont eux-mêmes tout mis dans la bataille, c’était encore plus fatiguant. Ils avaient plein d’idées, les clés USB par exemple. Plein de petits trucs pour essayer de passer par la fenêtre quand on n’arrive pas à ouvrir la porte… Et malheureusement… De batailler, toujours batailler comme ça, ça fatigue. A un moment donné ça devient de la survie...
Est-ce pour cela qu’il y a eu quatre ans entre les deux derniers albums ?
Kaolin : Il y a plein d’explications. Déjà l’album précédent a bien marché (« mélanger les couleurs », nda). On a eu une tournée très longue ensuite. On a tourné vraiment très longtemps, pendant quasiment deux ans. Déjà ça raccourci beaucoup les quatre ans. Les gens ne se rendent pas vraiment compte. On a joué à l’étranger, dans d’autres pays, cela a pris pas mal de temps. Et puis on en a tous profité pour s’atteler à des projets divers et variés, de vie comme professionnels. Et Guillaume a fait son album solo. Pour nous cela n’a pas été long…
Et quand la tournée s’achève, il n’y a pas comme un vide ?
Kaolin : Quand tu as passé deux ans sur la route et que tu te retrouves à la maison, cela fait comme un vide. Tu n’as plus tes repères, le rythme de la tournée. Nous on tourne beaucoup donc il y a comme un paradoxe entre un manque et un besoin d’arrêter aussi. T’es jamais chez toi… Et il y a ce sentiment bizarre, quelques mois après revient l’envie inverse de repartir sur les planches.
Souvent les groupes me parlent de la musique comme de la quête d’un idéal, d’un Graal inaccessible. Quel est votre idéal ?
Kaolin : D’albums en albums, tu cours toujours après quelque chose. Et si jamais tu trouves, t’arrêtes de faire de la musique direct ! T’es à la recherche de la « compo absolue », c’est un Graal. Du frisson !!! Des fois on arrive à l’atteindre… C’est une quête effectivement... De faire de la musique c’est une expérience… Il y a un côté ludique aussi, comme un môme avec un nouveau jouet. Au bon d’un moment t’es sur d’avoir trouvé le bon jouet puis l’année d’après « aargghhh » !!!! Il y a encore autre chose à faire, à tenter !!!!
Et ce nouvel album, il vous plaît ?
Kaolin : Non (fou rire général) !!!! Je crois que l’on ne pourrait pas vivre avec un album qui ne nous plaît pas. Sortir un album comme ça, je crois que cela serait la pire des choses à faire.
Il y a une chanson qui s’appelle « tu m’emmerdes », est-ce que vous pouvez nous en parler un peu ?
Kaolin : C’est un grand sujet « tu m’emmerdes »… C’est une sorte de fantasme en fait. Une relation que l’on peut avoir avec une femme où un homme peu importe. Cette espèce de franchise brute que l’on pourrait avoir avec quelqu’un et que finalement on fait rarement voire jamais. De dire calmement à quelqu’un (le ton s’affermit) : «et bien tu me fais chier, tu m’emmerdes » tout simplement. C’était assez jouissif de le faire en chanson, par ce qu’en chanson tu peux pratiquement tout te permettre. Il y a un second degré dans l’album qui est très présent et un des traits forts de cet album c’est ce titre là, « tu m’emmerdes », « petite peste » toutes ces choses là qui prêtent à sourire. D’habitude on a toujours tendance à tourner autour, à ne pas dire les choses franchement. Et là « tu m’emmerdes » ! (rires) Quelle violence ! (rires) Ca fait du bien d’aller directement à l’essentiel !
Kaolin : Le côté un peu disco, dansant. La rythmique basse/batterie est dans l’esprit de Blur.
C’est une direction vers laquelle vous voulez allez vers quelque chose de plus dansant ?
Kaolin : Oui, s’occuper un petit peu des hanches et des jambes de nos auditeurs, c’est quelque chose qui nous intéresse. Le swing aussi. Ce n’est pas « Saturday night fever » non plus. Mais vraiment on recherchait cette science du groove que l’on trouve dans les musiques « blacks ». D’où la présence de cuivres sur l’album.
Parlez-nous un peu du nouvel album…
Kaolin : C’est un disque très « Kaolinien » j’en veux pour preuve que c’est un album éponyme, ce qui est somme toute assez symbolique. C’est un mélange de toutes les influences des cinq membres du groupe. On y a mis beaucoup de choses. C’est un album pop comme on l’aime. On va passer d’une chanson très rock à une chanson très pop, très fraîche sur laquelle tu vas danser à une autre beaucoup plus dark etc... On passe vraiment par toutes les figures et les émotions dans les albums pop et c’est dans cet esprit qu’on a construit le notre. Comme finalement tout nos albums, on fait ça à chaque fois depuis le début. On parlait tout à l’heure de « bienvenue dans les criques » où tu as « Histoire de dire » qui est une chanson très pop folk et à côté tu as un instrumental « #A-bis » qui est un peu plus rock avec des guitares électriques. Je pense qu’on a toujours été dans ce sens là même à nos débuts. On est un peu comme des cuisiniers on a horreur de toujours faire le même plat. Il faut toujours qu’on assaisonne différemment, qu’on change d’ingrédients. C’est un peu de la cuisine et le menu sur cet album est assez épicé finalement.
Le groupe à une base de fans assez importante, est-il facile de se renouveler d’un côté et de l’autre de rester fidèle à ce que l’on représente ?
Kaolin : On ne se pose vraiment pas la question par ce que quand on fait de la musique à cinq, on se regroupe par ce que l’on aime faire cela ensemble. Mais on le fait pour nous d’abord. On ne pense pas ni à notre fan base ni à n’importe qui d’autre pour savoir ce qu’ils ont envie ou besoin d’écouter. C’est un truc un peu égoïste mais finalement je pense que c’est comme ça que l’on ne fait pas de redite non plus. C’est une réalisation personnelle, c’est quelque chose qui sort de là (il se tape le ventre), des tripes. Il y a une chanson ou deux qui ressemblent beaucoup à « Partons-vite » par ce que c’est notre truc et on aime ça. Mais c’est essentiellement nous sans penser aux autres. Désolé (rires). C’est aussi pour cela que l’on est un vrai groupe avec quatre albums et deux EP. Et j’imagine que c’est pour ça aussi que l’on est encore là.
L’album est éponyme alors qu’il s’agit de votre quatrième et d’ordinaire les premiers albums sont éponymes. Cela a été un cheminement pour arriver jusqu’à la ?
Kaolin : On ne fait rien comme les autres. C’est le premier d’une nouvelle ère ! C’est très symbolique, c’est un concentré de ce que l’on sait faire. Cela nous paraissait très naturel de le nommer tout simplement « Kaolin ». Aussi une façon d’assumer tout ce que l’on est et de le dire. Il y a tout et rien de plus ni de moins que Kaolin dans cet album.
Le disque est sorti le 18 octobre, vous avez eu des premiers retours ?
Kaolin : Cela se présente plutôt pas mal. On est très content.
Et la tournée ?
Kaolin : On vient de finir la résidence, qui sont les répétitions d’avant tournée.
Vous êtes impatients d’y être ?
Kaolin : Super impatients, remontés comme des pendules ! C’est souvent sur les tournées que se forge la suite. T’emmagasines de l’expérience et d’autres choses.
Vous composez sur la route ?
Kaolin : En tout cas on engrange de quoi faire pour plus tard. T’as toujours des riffs qui arrivent en faisant un petit bœuf au milieu d’une balance. Et on est des professionnels pour les oublier (rires) !!! On en a quand même gardé quelques uns. Mais combien en on a perdu…
Et vous aimez entre en tournée, voyager ?
Kaolin : Oui, voyager quoi qu’il arrive c’est un bonheur. Voyager en plus avec ta musique c’est la cerise sur le gâteau. On s’attelle aussi à aller le plus possible à l’étranger. Amener ta musique dans un autre monde que le tien c’est encore plus intéressant. T’as un choc.
Ce n’est pas trop compliqué quand on chante en français ?
Kaolin : On aurait pu le penser. On a eu la chance de se balader dans des pays exotiques comme la Syrie et on n’a pas eu l’impression d’être des extra-terrestres. Les gens écoutent. Chanter en français c’est une de nos particularités et on y tient vraiment. Ca a l’air de disparaître, beaucoup de groupes chantent en anglais maintenant. On tient à souligner cet attachement que l’on a à la langue.
Souvent on m’a parlé d’un blocage avec le rock chanté en français…
Kaolin : Mon cul sur la commode (rires) ! Le cerveau a une façon particulière de fonctionner. Tu as une langue natale. Si tu veux raconter quelque chose cela vient dans cette langue natale. Qu’on ne vienne pas me raconter n’importe quoi… Après c’est une question de culture. On est vraiment d’obédience anglo-saxonne. Mais si on veut aller au bout et vraiment raconter quelque chose qui vient d’ici (il désigne son estomac), pour nous, ces choses là, elles sortent en français. Et effectivement cela peut devenir très compliqué par ce que si tu ne fait pas attention tu peux avoir un texte qui va sonner bizarrement. Il suffit d’allumer la radio. C’est un challenge, un exercice de style, assez jouissif quand il est réussi. Quand tu chante en français tu ne tapes pas au même endroit. On parlait tout à l’heure de « Tu m’emmerdes » et si elle avait été en anglais, cela n’aurait pas fait autant de bruit. Et on parlerait plus du côté musical de la chose et pas du texte. Par ce que quand la première chose que tu entends c’est « tu m’emmerdes »… Le texte a plus de poids. Et il y a aussi une vieille habitude française, les gens aiment écouter des textes chantés en anglais, cela leur repose le cerveau. Ils ne cherchent pas à comprendre ce que l’on raconte. C’est même devenu une envie.
Shanana est pourtant chantée en anglais…
Kaolin : C’est le paradoxe. C’est un vrai un exercice de style mais c’est très agréable. Tu prends la langue différemment, c’est un autre point de vue. Et cela sonne très musical. Tu es directement dans le côté mélodique d’abord. Et ensuite tu peux t’intéresser au texte…
Comment est-ce que vous travaillez ensemble, chacun emmène son petit bout de chanson ?
Kaolin : C’est exactement ça. La fameuse marmite ! La cuisine… Quelqu’un emmène une compo et on la met dans la marmite. Chaque membre du groupe à ses ingrédients. Et après on tourne jusqu’à temps que le goût nous plaise à tout les cinq (ils font mine de touiller). Et pour finir on dresse la table. Et on sert…
Propos recueillis le 3 novembre 2011.
samedi 13 novembre 2010
Slow Joe meets The Ginger Accident
Les grandes choses naissent parfois d’une accumulation de petits riens, qui semblent sans importance mais qui une fois additionnés permettent de faire la différence. Et si un jour Cédric de la Chapelle, jeune guitariste lyonnais, n’avait pas rencontré Joe Rocha (a.k.a Slow Joe) sur une plage en Inde alors qu’il était en vacances, alors nous n’aurions pas aujourd’hui entre nos mains ce premier EP. Et cela aurait été bien dommage. Et oui un EP, après le 45 tours sorti un peu plus tôt cette année et en attendant le premier album prévu pour l’an prochain. Sur ce premier cd on retrouve, dans des nouveaux mixes, « When are you coming home » et « One more time » que l’on a déjà découvert sur le vinyle. A ces deux titres s’ajoutent quatre nouvelle compos, cinq si l’on compte « caution » l’intro parlé de Joe au tout début du cd. Tout au long de ce nouvel EP, Joe et le Ginger Accident continuent de faire revivre le son des années 50 et 60 ce rock n’roll teinté de blues, de soul et d’influences psychédéliques (« One More time », « Inside of me »). « Introduction » est comme son titre l’indique une présentation du personnage de Joe, et c’est rien de dire qu’il a un sacré destin (cf. l’interview) qu’il présente dans les paroles. Il est difficile de résister à « Inside of me » et son orgue chaud et séduisant. Un des meilleurs titre de l’EP est, à mon sens, « Just one touch », composition efficace mélangeant blues, boogie et rockabilly avec un excellent touché picking d’Alexis Morel, d’ordinaire bassiste du groupe. Enfin l’EP s’achève sur la très émouvante « Go Slow Joe », collage entre la voix de Joe, dissertant sur la vie et une ballade folk chantée par Cédric. Emouvante car elle laisse à penser, compte tenu de l’age de Joe (67 ans) que l’aventure ne sera pas forcément très longue (ce que l’on ne souhaite pas bien évidemment). Mais d’ici là, réjouissons-nous de la sortie de ce maxi et profitons de la présence sur disque comme sur scène de ce chanteur magnifique et de son, très efficace, groupe qui, bien que leurs premiers disques datent de 2010, s’intègrent parfaitement bien au paysage musical des années 60. Vivement l’album !
www.myspace.com/slowjoethegingeraccident
vendredi 12 novembre 2010
Manatine
Grande affaire des années 90, le trip-hop est un genre peu à peu tombé dans l’oubli. C’est ce style que le nouveau venu quintet Manatine tente de remettre au goût du jour tout au long de ce premier EP composé de cinq titres. Entre autre atout Manatine dispose en la personne de Frédérika Alésina d’une chanteuse à la voix chaude et au timbre soul. La voix de cette dernière est mise au service des compositions oscillant entre swing jazzy et envolées pop planantes. Avec parfois une pointe d’électricité pas déplaisante (« So Fresh ») et des arrangements flirtant avec l’électro mélodique (« Apocalyptus », seul titre chanté en français). Tour à tour hypnotique, groovy ou bien agressive, encore que cette dernière soit particulièrement bien maîtrisée, la musique de Manatine mène par le bout du nez son auditeur qui n’est jamais au bout de ses surprises. Ce premier EP est assurément une découverte mais surtout une promesse pour l’avenir.
jeudi 11 novembre 2010
Toma : « Non non non »
En prélude à son nouvel album « Les Bâtisseurs de France », Toma présente son nouveau single « Non non non ». Sur ce titre Toma tente de renouer avec une chanson française engagée, style peu à peu délaissé au profit du rap. Sur fond de guitares acoustiques, avec quelques influences reggae à peine perceptibles (cf. l’orgue), Toma le rebelle crie « non non non ». Une belle énergie éclaire le morceau sur un tempo assez élevé mené de main de maître par le batteur Régis Ceccarelli. Prometteur en attendant l’album…
Les Blaireaux, L’Alhambra, 10 novembre 2010.
Les Blaireaux, voir mes posts des 8 et 24 mai 2010, sont de retour avec un nouveau spectacle dans la foulée de leur excellent dernier album « Bouquet d’orties ». Nouveau spectacle, nouvelles chansons, nouveaux sketches, en gros un nouveau délire pour résumer. Car les Blaireaux sont un cas unique et leurs concerts sont bien loin de ressembler à ce qui se fait d’ordinaire sur scène. Le groupe, qui travaille depuis plusieurs années avec un metteur en scène de théâtre, met a profit cette collaboration pour proposer un véritable spectacle vivant mélangeant chansons, chorégraphies et sketches ce qui sied à merveille avec l’humour ravageur de leurs paroles (pour les paraphraser en trois mots : la paranoïa du chanteur). Et le tout sans avoir besoin de beaucoup d’éléments de décor. Un tabouret suffit pour évoquer les strip-teases de « Lena la Berlinoise », une corde utilisée astucieusement nous fait vivre les affres de la gémellité quant aux hallucinations propres aux « deux petits ballons », elles nous apparaissent en ombres chinoises. Et ce pauvre musicien de se faire croquer la tête (on restera discret sur les circonstances du drame et l’identité de la victime pour ménager un peu de suspense)… Mais le clou du spectacle vient tout à la fin où pendant « pom pom pom frites » chaque membre du groupe se déguise et imite quelque grands noms de la chanson française : Brassens, Brel, Trenet, Barbara, Gainsbourg et Brigitte Bardot. Et le groupe de plagier à chaque fois un titre emblématique de chaque interprète. Car les Blaireaux sont aussi d’excellents musiciens et de sacrés clients, avec notamment une section rythmique pleine de swing. L’humour, la bonne humeur contagieuse, la créativité et les qualités musicales de la chose imposent Les Blaireaux comme une attraction majeure à découvrir absolument sur scène.
http://www.lesblaireaux.free.fr
samedi 6 novembre 2010
Caitlin Rose : « Own side now »
Originaire de Nashville, Tennessee, la jeune songwriter Caitlin Rose sort son premier effort intitulé « Own side now ». Un premier album entre folk et country qui n’est pas sans rappeler les grandes heures du folk-rock californien des années 60 et 70. Le délicat tapis de guitare acoustiques, parfois rehaussé de cordes, de lap-steel ou de piano, convient à ravir à la voix diaphane de Caitlin. Quelques guitares légèrement électrifiées donnent également une couleur plus rock à l’ensemble. On est surtout frappé par la qualité d’écriture présente du début à la fin de l’opus. Agée de 23 ans, Caitlin Rose fait pourtant montre d’une maturité étonnante digne des grands anciens tout en gardant la fraîcheur de ses 20 ans. Il suffit alors de fermer les yeux, alors que les chansons défilent, pour entamer un voyage mental sous le soleil de son sud natal, en compagnie de la jeune et belle Caitlin Rose et de son excellent album.
www.myspace.com/caitlinrosesongs
vendredi 5 novembre 2010
KAOLIN
Le nouvel album du quintet de Montluçon, il s’agit du quatrième, est éponyme. Un album éponyme comme une définition des capacités du groupe. Et Dieu sait si Kaolin est capable de grandes choses ! Depuis 1999, le groupe s’est toujours inscrit dans une continuité pop rock d’obédience anglo-saxonne, mais chantée en français, faisant la part belle aux qualités d’écriture des cinq garçons. Aujourd’hui, ce nouvel opus marque une ouverture, intéressante, vers la « great black music ». Le groupe ne s’est pas contenté d’ajouter des arrangements de cuivres mais les a fait sien au point que le tout s’imbrique le plus naturellement du monde l’un dans l’autre. « On s’en va », « Tu m’emmerdes » et « Petite Peste » sont ainsi teintées de soul Stax. Le single « Crois-moi » adopte un beat plus discoïde dont le résultat se rapproche de Blur, époque « Boys & Girls ». « Cody » est l’instrumental de rigueur, une habitude du groupe, et « Shanana » voit ces éternels défenseurs de la langue de Molière s’essayer à l’anglais. Au niveau des paroles, « Petite Peste » et « Tu m’emmerdes », tout est dit dans les titres, les voit flirter avec une approche canaille. Musicalement le tout baigne dans un climat « ambient » impeccablement produit. Vraiment, de la belle ouvrage.
KAOLIN - CROIS-MOI
envoyé par CInq7. - Regardez la dernière sélection musicale.
jeudi 4 novembre 2010
Fin du concours Slow Joe And The Ginger Accident
mercredi 3 novembre 2010
Hurts : « Happiness »
Deux silhouettes côte à côte, en noir et blanc, impeccablement peignées et ultra-lookées, l’air sévère et un titre qui résonne, vu le contexte, comme un boutade : « Happiness » (joie). Cette pochette sépulcrale, c’est celle du premier album du duo mancunien Hurts (voir mon post du 22 septembre 2010). Le duo, composé de Theo Hutchcraft et d’Adam Anderson, cartonne déjà un peu partout en Europe, et fait revivre, avec un certain panache avouons-le, quelques mois après Lonelady, une certaine idée de la new-wave. Après tout ils ne sont pas originaires de Manchester, la ville de Joy Division, des Smiths et des Stone Roses pour rien. Ici point de riff de guitare ni même de break de batterie. De fait, Hurts baigne dans les années 80 et l’accompagnement est majoritairement synthétique. Le rapprochement est facile, mais on pense d’emblée beaucoup à Depeche Mode (c’est flagrant sur « Silver Lining » et « Wonderful Life »), un petit peu trop même et c’est un peu la limite de Hurts. Cependant le groupe réussi néanmoins à développer, tout au long de ces onze titres, une approche qui leur est propre, comme les velléités dance-floor de « Sunday » ou « Better than love » qui apportent un peu de couleur dans un univers plutôt sombre. Impeccablement produit, le son est ample et les compositions sont particulièrement ouvragées, avec beaucoup d’arrangements et de couches qui se superposent les unes aux autres. Enfin, l’album se termine avec « The Water », titre au piano plutôt sobre contrastant avec le reste du disque, où la (belle) voix de Theo Hutchcraft résonne sur un tapis de cordes. Peut-être bien la plus belle réussite de cet effort.
Sortie le 15 novembre 2010.
Jeu-Concours Slow Joe And The Ginger Accident
Interview Minitel Rose
lundi 1 novembre 2010
Starfucker
Voici un groupe au nom provocateur qui n’a pas fini de déclencher la polémique, si jamais celui-ci arrive à trouver son chemin vers le haut des charts. Ce qui ne devrait pas trop poser de problème. Entre électro et rock progressif, Starfucker trouve en effet un compromis assez séduisant. Les compositions sont à base de nappes synthétiques typées eighties, les voix trafiquées rappellent plutôt Electric Light Orchestra. Le son est aussi ample que chez Depeche Mode, on oserait même le mot symphonique. Un peu kitsch mais un charme planant indéniable.
http://www.myspace.com/strfkrmusic
Japandroids
A deux, un guitariste et un batteur, le duo Japandroids réussi à tisser une toile sonore assez impressionnante. Surfant sur des nappes de guitares hypnotiques, My Bloody Valentine n’est jamais bien loin, les Japandroïds naviguent entre rock progressif, psychédélique et noisy. Le martèlement de la batterie est assez martial, les vocaux sont mi-hurlés, mi-éthérés. Le résultat est certes assez singulier, mais suffisamment expérimental pour attiser la curiosité.
www.myspace.com/japandroids
www.japandroids.com
Deerhoof : « The Merry Barracks »
Formé à San Francisco en 1994, Deerhoof sera de retour en janvier prochain avec un nouvel effort intitulé « Deerhoof vs evil ». En attendant de savoir qui gagnera ce match particulièrement prometteur le lien suivant permet d’écouter le premier single intitulé « The Merry Barracks ». On y retrouve un groupe au son particulièrement original, la composition commençant comme un rock tendance dure avant de dériver vers une sorte de pop psychédélique. Le traitement des batteries et des guitares est également assez inhabituel. Enfin le tout est parsemé de petits bruitages pour le moins étonnants. Affaire à suivre…
Ray Davies, L’Olympia, 31 octobre 2010.
Le retour d’une légende, en cette soirée d’Halloween, sur la scène de l’Olympia. Premier passage dans la capitale depuis des lustres pour Ray Davies, l’ex-leader des Kinks, qui sort également un nouvel album dans les jours à venir. Le concert commence plutôt calmement en duo acoustique. Ils sont deux sur scène assis sur des tabourets, Ray ayant à ses pieds un cube avec ses initiales. Son acolyte, un coup à la guitare folk, un coup à la Gretsh rouge demi-caisse, se trouve être un excellent accompagnateur. Ambiance calme et détendue donc, le dépouillement mettant en valeur le talent de songwriter de Mr Davies. Le public applaudit à tout rompre à chaque classique des Kinks, reprenant les refrains en cœur comme sur « Dedicated follower of fashion ». Les choses sérieuses commencent vraiment alors que le groupe au grand complet rejoint le duo sur scène. Un bassiste, un pianiste et un batteur, qui s’en donne à cœur joie, complètent le line-up, Mr Davies assurant les parties rythmiques à la guitare acoustique. En plus des éternels classiques des Kinks on a droit à quelques raretés extraites de ses albums en solo ou de la BO de l’ami américain, film réalisé par Wim Wenders. Le groupe se révèle excellent mais dominé par deux individualités le batteur et le guitariste. C’est un grand plaisir d’entendre en live les classiques tels que « I’m not like everybody else » ; « Lola », avec une partie de guitare wha-wha très réussie, l’acoustique « Sunny afternoon ». Bien évidemment, l’applaudimètre a explosé avec « You really got me », c’était prévisible, ce qui l’était moins par contre c’est l’intro très bluesy du morceau, très réussie au demeurant. Pour ma part mon grand plaisir est venu pendant les rappels avec « All day and all of the night », titre par lequel j’ai découvert les Kinks durant mon adolescence.