samedi 11 septembre 2010

Interview Cours Lapin (version française)


Originaire du Danemark, Cours Lapin sort son premier album, finalement intitulé « un, deux, trois », ce mois-ci. Un premier effort doux et délicat qui place le groupe dans le haut du panier de la pop francophone. Oui, oui francophone car Cours Lapin a fait le choix de chanter dans la langue de Molière. Mais comment est-il possible qu’un des meilleurs groupe francophone soit finalement danois ?

1) Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Peder : Producteur et Compositeur

Jonas Struck : Producteur et guitariste

Asger Baden : Compositeur et clavier

Louise Alenius : Chanteuse. J’aime écrire des chansons sur des choses étranges que je ne comprends pas, ce qui me donne beaucoup de matière

2) Comment avez-vous trouvé le nom du groupe ?

Louise : Cours lapin est également le titre d’une chanson de l’album. J’avais en tête cette image d’un lapin complètement immobile. Le lapin sait que dès qu’il va bouger, il va se faire tirer dessus par un chasseur assis derrière une fenêtre, son fusil pointé sur lui. Le chasseur ne tirera pas avant, cela serait trop simple. Je trouve cette relation entre le lapin et le chasseur intéressante. L’homme a le pouvoir de tirer. Mais le lapin peut tout gâcher en ne bougeant pas du tout. Les deux peuvent rester immobile pendant très longtemps…

3) Comment avez-vous appris le français ?

Louise : J’ai habité Paris pendant huit ans. Aujourd’hui je vis entre Paris et Copenhague. Je parle français tous les jours, mon copain est français. Quand je vivais en France, je n’avais pas envie d’apprendre le français. J’aimais écouter les conversations autour de moi sans en comprendre un traître mot. C’était amusant d’inventer mes propres histoires en me basant sur les intonations et le langage corporel. Et les français sont très physiques quand ils parlent. Ils font des têtes rigolotes et lèvent les épaules jusqu’aux oreilles. J’aime beaucoup. C’était un peu comme regarder un film chinois sans les sous-titres. Je parlais en anglais et on me répondait en français ou en anglais ou bien en mélangeant les deux. Un jour je n’en pouvais plus alors j’ai appris le français et je continue d’apprendre auprès des parisiens.

4) Comment avez-vous découvert la pop française ?

Peder : J’ai découvert la France enfant. Je passais tous mes étés à Perpignan. Je suis tombé amoureux de la nourriture et de vos femmes magnifiques. Plus tard je suis devenu DJ hip-hop et j’étais à la recherche de beats. Je suis tombé de nouveau en amour avec la vision glamour, cinématographique et mélancolique de Gainsbourg, d’Aznavour et des bandes originales de film.

Jonas : J’ai découvert la musique grâce aux films : Jules et Jim, Les Parapluies de Cherbourg, 37°2 le matin…

Asger : Les sources d’inspirations sont multiples. La musique, les films… Le premier nom qui me vient à l’esprit est Serge Gainsbourg, l’histoire de Melody Nelson. La texture, les sons, la production de cet album sont uniques. Et l’ingénieux arrangeur Jean-Claude Vannier y est pour beaucoup. Et bien qu’il ne soit pas français, je dois absolument parler de Jacques Brel. J’adore son chant dramatique dans « Ne me quitte pas » et « Dans le port d’Amsterdam ». Cette façon qu’il a de jouer un rôle tout en chantant.

5) Quels sont vos artistes où albums préférés ?

Peder : On ne peut pas oublier Serge Gainsbourg et Jean-Claude Vannier. Jacques Brel, Charles Aznavour. Récemment j’ai beaucoup aimé le dernier album de Charlotte Gainsbourg produit par Beck.

Jonas : Mon artiste préféré de tous les temps est Serge Gainsbourg et particulièrement l’histoire de Melody Nelson.

6) Comment vous situez-vous sur la scène musicale danoise ?

Peder : Nous sommes des outsiders. Notre style n’est pas forcément attirant pour le grand public. Et nos paroles sont en français. Mais on espère mettre le grappin les gens qui peuvent potentiellement nous apprécier partout sur Terre.

Jonas : A part le festival de Roskilde l’année dernière, on n’a jamais tourné au Danemark. Nos paroles sont en français et la radio danoise ne joue pratiquement pas nos chansons. Mais tout peut changer et je pense que notre musique peut plaire au plus grand nombre.

Asger : Pour moi, la place qu’occupe Cours Lapin sur la scène musicale danoise n’est pas vraiment pertinente. Et je doute même qu’il y ait une scène musicale danoise par les temps qui courent. Et je dis cela de manière positive. A mon avis les meilleurs groupes font leur truc sans tenir compte du style ou de la façon dont ils vont être catégorisés ou classés. En tout cas, c’est ce que nous nous faisons.

Propos recueillis par email le 11 septembre 2010.

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